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mercredi 17 juin 2015

Colloque : l'Afrique émergente

L’Université Paris Descartes (Paris 5) organise demain un colloque qui a pour thème : l'Afrique émergente.
Vous trouverez ci dessous le programme


I – QUELLE EMERGENCE POUR L’AFRIQUE ? (9h30-12h30)
Présidence  de Pierre Pascallon, Président de Participation et Progrès,
9h 30 : Pascal Chaigneau, Professeur à l’Université Paris Descartes Sorbonne Paris Cité, Centre Maurice Hauriou.
« XXX »
9h50 : Thierry Garcin,  Maître de conférences à HEC, directeur de programmes à Radio France, Centre Maurice Hauriou.
« La notion d’émergence »
10h10 : Derek El Zein, Maître de conférences à l’Université Paris Descartes Sorbonne Paris Cité, Centre Maurice Hauriou, Avocat à la Cour.
« Investissements internationaux et émergence en Afrique»
10h30 : Michael Strauss, Journaliste, Expert en Géopolitique.
« La primo-spécialisation : un frein à l'émergence africaine ? » 
10h50 : débat
11h10 : pause
11h25 : Fouad Nohra, Maître de conférences à l’Université Paris Descartes Sorbonne Paris Cité, Centre Maurice Hauriou.
« Politiques éducatives et émergence en Afrique »
11h45 : Mustapha Benchenane, Politologue de l’Université Paris Descartes, Conférencier au Collège de l’OTAN
« Stabilité politique et développement économique dans l’Afrique sahélienne»
12h05  Débat
12h25 fin de la première partie
II- ETATS EMERGENTS ET ETATS PIVOTS EN AFRIQUE
 (14h00- 16h30)
Présidence de Pascal Chaigneau, Professeur à l’Université Paris Descartes, Centre Maurice Hauriou, EA 1515
14h00 : Delphine Lecoutre, Maître de conférences à l’EDHEC.
« L’Union africaine dans une Afrique émergente »
14h20 : Michel Raimbaud , Ambassadeur de France, Directeur Honoraire de l’Office Français de Protection des Réfugiés et Apatrides
«Nigéria, Afrique du sud : la compétition pour le leadership africain»
14h40 débat
14h50 pause
15h05 : Sonia Legouriellec, Chargé d’études à l’IRSEM
« Le cas de l’Ethiopie comme puissance émergente » 
15h25 : Reda Mezoui, Professeur à l’Université d’Alger, Directeur du Laboratoire des Politiques Publiques à Alger
 « Quelle place pour l’Algérie dans l’environnement économique africain ?»
15h45 : débat
16h00 : Conclusion : Pierre Pascallon, Président du Club Participation et Progrès
16h20 : clôture

jeudi 15 janvier 2015

Publication : Afrique du Sud, vocation continentale, moyens limités

La revue "Questions Internationales" de La Documentation française consacre son 71ème numéro à l'Afrique du Sud (sommaire ci-dessous). 
Nous y signons un article sur la politique étrangère de l'Afrique du Sud vers le continent africain. Nous vous proposons ci-dessous l’introduction et la conclusion de cette article.
Introduction : « L’Afrique du Sud ne peut échapper à son destin africain ». C’est en ces termes qu’à la fin de l’apartheid Nelson Mandela définit la mission première de la future politique étrangère de son pays. En 2001, le Département du commerce et de l’industrie sud-africain emploie, à ce sujet, une métaphore qui semble encore pertinente de nos jours, celle d’une stratégie dite du papillon. Le continent africain constituerait le corps du papillon sud-africain dont les ailes s’étendent vers l’Inde et la Chine à l’Est, et vers le Brésil à l’Ouest. Si, dans cette ambition, la coopération Sud-Sud apparaît comme une dimension essentielle de la diplomatie sud-africaine, le continent africain en reste cependant la priorité. 
 Conclusion : En dépit des contradictions et des ambivalences de sa politique étrangère, l’Afrique du Sud contribue à la construction de l’architecture de paix et de sécurité africaine. Elle participe dorénavant de plus en plus aux opérations de maintien de la paix des Nations Unies. En juin 2014, plus de 2 200 Sud-Africains, militaires et policiers, participaient à des opérations telles que la MINUSS (Mission des Nations Unies au Soudan du Sud), à la MINUAD Soudan (Opération hybride de l’Union africaine et des Nations Unies au Darfour) et à la MONUSCO (Mission de l'Organisation des Nations Unies pour la stabilisation en République démocratique du Congo). Ses ambitions pourraient néanmoins rapidement être contrariées par « l’état de déclin critique » des Forces de défense nationales d’Afrique du Sud (South African National Defence Force, SANDF), comme l’a révélé la Defence Review 2014 (DR14) sud-africaine publiée en mars 2014 par le gouvernement. Les défaillances et dysfonctionnements de l’armée, dus notamment à un budget de défense insuffisant, ont été dramatiquement mis en évidence en 2013 en Centrafrique, lorsque les forces sud-africaines perdirent 13 soldats et durent se retirer précipitamment. Les ambitions du pays sont alors apparues bien supérieures à ses capacités opérationnelles. Au Lesotho, en Côte d’Ivoire, au Kenya, en Centrafrique, au Zimbabwe, au Darfour, le bilan de son action en matière de résolution des conflits est loin de faire l’unanimité. L’Afrique du Sud a même été qualifiée par certains États africains de pays « sous-impérialiste ». L’affirmation de la diplomatie et de la puissance sud-africaine, régionale comme internationale, reste aussi pour l’heure compromise par de nombreux facteurs internes. La situation économique du pays est loin d’être florissante et la société est en proie à de vives tensions. Pourtant, plus que jamais, l’Afrique du Sud reste convaincue qu’une destinée africaine l’attend dans le nouveau système international en construction, qu’elle souhaite plus juste et égalitaire et davantage soucieux de la diversité des nations.


DOSSIER… Afrique du Sud : une émergence en question

 
Ouverture –  L’Afrique du Sud, entre métamorphose et banalisation                               Serge Sur
 
Une histoire à contretemps                                                                                       Laurent Fourchard
 
Une société fragmentée ?                                                                             Philippe Gervais-Lambony
 
Vingt ans après l’apartheid : une démocratie vers l’impasse                                 Raphaël Botiveau
 
État de droit, société tourmentée                                                             Entretien avec Georges Lory
 
Diplomatie : vocation continentale, moyens limités                                            Sonia Le Gouriellec
 
Un bilan économique décevant                                                                            Nicolas Pons-Vignon
 
Entre l’Occident et les BRICS, une posture diplomatique ambivalente                François Lafargue
 

Les encadrés du dossier

– Que reste-t-il de l’apartheid ?   Philippe Gervais-Lambony
– Le système institutionnel de la République d’Afrique du Sud Raphaël Botiveau
– Mémoire de la lutte antiapartheid et générations politiques Sophie Didier
– Le Cap, Durban, Johannesburg : trois métropoles face au défi de la mondialisation Céline Vacchiani-Marcuzzo
I love Soweto Pauline Guinard
– Le sida après la controverse : dépolitisation et nouveaux enjeux Frédéric Le Marcis
Aux origines de l’Afrique du Sud : Extraits de Vasco de Gama (v. 1469-1524), François Levaillant (1753-1824) et Émile de La Bédollière (1812-1883)
 

mercredi 22 janvier 2014

L’Afrique du Sud à l’heure des interrogations


"Nous devons nous rappeler que notre première tâche est d'éradiquer la pauvreté et d'assurer une meilleure vie à tous" disait en 2009, dans un message vidéo diffusé lors d'un meeting électoral de l'ANC, Nelson Mandela.
 
Son décès a permis de s’interroger sur le bilan de l’Afrique du Sud depuis vingt ans, alors que Jacob Zuma a lancé la campagne pour les élections générales entre avril et juillet 2014. Pour ces élections des nouveautés sont à noter : les Sud-Africains vivant à l’étranger pourront participer au scrutin (en 2009, seuls ceux inscrits sur une liste électorale en Afrique du Sud pouvaient voter), mais surtout ces élections seront les premières de la génération « born free »
L’enjeu n’est pas de savoir si l’ANC remportera les élections, cela fait peu de doute. Néanmoins, l’Afrique du Sud vit la fin du consensus nationaliste qui servait d’assise au parti historique. L’ANC lutte contre lui-même et contre le temps. Aussi le score de l’opposition sera à surveiller notamment dans la capitale Pretoria et la province de Gautang où ses chances de succès sont réelles.

De plus, en 2012, lorsque Jacob Zuma briguait la tête de l’ANC, il promettait des réformes profondes. La principale d’entre elle est la réforme foncière. La redistribution des terres et des bénéfices miniers sont des enjeux majeurs pour l’avenir économique du pays, et cette question a eu un écho considérable auprès de l’électorat populaire du parti. De fait, les personnalités populistes ont su se distinguer ces dernières années en se présentant comme une alternative au pouvoir actuel. Si Jacob Zuma lance ces réformes il risque de se heurter violemment avec la communauté afrikaner mais si les réformes réalisées sont trop modérées, alors qu’un tiers de la population vit avec moins de deux dollars par jour, il risque aussi de se couper de l’aile gauche de son parti et sera confronté à une vive contestation sociale. Bien sur, dans tous les scenarii, pour des raisons historiques et sociales, un scenario à la zimbabwéenne est très très peu probable. Autant de défis à relever alors que le modèle sud africain semble se gripper.

Pour une analyse plus poussée du déclin de l’ANC : ICI et ICI

mardi 31 décembre 2013

Agenda politique international 2014

Nous partageons avec vous ici les grands événements qui devraient marquer la vie politique internationale pour l’année 2014 (non exhaustif bien sûr).



Janvier 2014
-        La Grèce prend la présidence tournante de l'Union européenne et succède à la Lituanie.
-        La Russie prend la présidence tournante du G8.
-        La Lettonie adopte la monnaie unique européenne.
-        Mayotte entrera dans l'Union européenne en tant que neuvième région ultrapériphérique, mais restera hors de l'espace Schengen

Février
-        7 février : ouverture des XXIIe Jeux olympiques d'hiver à Sotchi en Russie (jusqu'au 23 février)

Mars
-        23-30 mars Elections municipales en France
-        RDC : élections "provinciales, urbaines, municipales et locales"
-        Turquie : élections locales (régionales, provinciales et communales)

Avril
-        Afrique du Sud : élections générales (présidentielles et législatives)
-        Algérie : présidentielles
-        Afghanistan : présidentielles
-        30 avril : législatives en Irak

Mai
-        25 mai Union européenne : élections parlementaires
-        31 mai Elections générales en Inde
-        25 mai Belgique : Élections législatives

Juin
-        Coupe du monde de la FIFA 2014 au Brésil
-        4-5 juin G8 à Sotchi
-        6 juin 70ème anniversaire du débarquement allié en Normandie

Juillet
-        L’Italie prend la présidence tournante de l’UE
-        Indonésie : présidentielles

Août
-        Centenaire du début de la première guerre mondiale (4 août)
-        Turquie Présidentielles

Septembre
-        4-5 septembre : Sommet de l’OTAN au Royaume-Uni sur la fin des opérations en Afghanistan  
-        18 septembre : Référendum sur l'indépendance de l'Écosse.
-        Elections sénatoriales en France

Octobre
-        États-Unis : élections sénatoriales et des représentants
-        Bolivie Présidentielles


Novembre
-        14 et 15 novembre / sommet du G20 à Brisbane, en Australie
-        XVe Sommet de la Francophonie à Dakar

Dates non fixées :
-        Syrie Présidentielles ( ?)
-        6ème sommets des BRICS au Brésil (mars-avril ?)
-       Nombreuses élections présidentielles en Amérique centrale et latine (Bolivie, Uruguay, Salvador, Colombie, Panama, Brésil)
-        Nigéria : élections générales
-        Centrafrique législatives (selon accord du 11 janvier 2013)





lundi 17 juin 2013

Les relations Afrique - Chine

Jusqu’au 4 juillet, vous pouvez accéder gratuitement aux articles du dernier numéro de la revue African Studies Review, consacrés aux relations entre la Chine et l’Afrique. Précipitez-vous pour télécharger ces articles ICI !



Sommaire :

-Introduction, Jamie Monson and Stephanie Rupp
-Remembering Work on the Tazara Railway in Africa and China, 1965-2011: When "New Men" Grow Old, Jamie Monson
-Chinese Devils, the Global Market, and the Declining Power of Togo's Nana-Benzes, Nina Sylvanus
-African Pentecostal Migrants in China: Marginalization and the Alternative Geography of a Mission Theology, Heidi Østbø Haugen
-Ghana, China, and the Politics of Energy, Stephanie Rupp
-Perceptions of Chinese in Southern Africa: Constructions of the "Other" and the Role of Memory, Yoon Jung Park

-China and Africa Rebooted: Globalization(s), Simplification(s), and Cross-Cutting Dynamics in "South-South" Relations, Julia C. Strauss

dimanche 12 mai 2013

Parution : Le déclin annoncé de l'ANC (Afrique du Sud)

Alors que l'archevêque et Prix Nobel de la paix, Desmond Tutu, vient d'annoncer (ICI) qu'il ne voterait plus pour l'ANC, l'auteure de ce blog vous annonce la sortie des Enjeux Diplomatiques et stratégiques 2013 où elle publie un article sur "Le déclin annoncé de l'ANC". 



L'article revient sur la trajectoire récente du parti historique d'Afrique du Sud et tente de mettre en évidence un paradoxe. Le magazine The Economist titrait fin 2011 "Cry the beloved country" et évoquait ce qu'il estimait être le "triste déclin" de l'Afrique du Sud". En 2012, l'ANC fêtait ses 100 ans, un événement rare pour un mouvement politique. Le parti reste aussi la force politique la plus puissante du pays. 

Paradoxalement, l'ANC vit une crise sans précédent dans son histoire. Ralentissement économique  émeutes xénophobes, crise sociale avec la retentissante grève de Marikana, incompétence d'une partie de la classe dirigeante, corruption au sein du parti et clientélisme semblent fermer les perspectives du pays. Pourtant Jacob Zuma, reconduit en décembre 2012 à la tête de l'ANC, est idéalement placé en vue d'une éventuelle réélection lors de l'élection présidentielle de 2014. 

Ainsi une question se pose :  la prédominance de l'ANC n'est pas encore remise en cause mais le parti amorce-il- un déclin ? Est-il toujours aussi puissant ou a-t-il entamé un processus de désintégration comme l'affirme Helen Zille, chef de l'Alliance démocratiques, l'un des principaux partis d'opposition ? La récente sortie de Desmon Tutu, que nous évoquions au début pose une autre question : les personnalités politiques de l'ANC sont-elles aujourd'hui au niveau de celles qui étaient aux affaires en 1994, comme Tutu, Nelson Mandela, Walter, Albertine Sisulu, Olivier Tambo et Joe Slovo ? Ceux d'aujourd'hui ont-ils un projet d'avenir pour l'Afrique du Sud ?

L'article propose quelques hypothèses que pouvez retrouver en commandant la revue  ICI

mardi 29 janvier 2013

Afrique du Sud : le bilan très contesté de Jacob Zuma (2/2)

Suite de nos billets sur le parti dominant de l'Afrique du Sud. 
 
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  L’usure du pouvoir semble aller de pair avec les scandales généralisés dans la classe politique, et Jacob Zuma n’y fait pas exception. Particulièrement décrié ces dernières années, il a été accusé de viol, avant d’être acquitté. Il a également passé de longues années à se défendre d’accusations de corruption et de racket. Sa réélection à la présidence de l’ANC est elle-même très critiquée. Les militants anti-Zuma dressent un bilan très négatif de sa présidence. En effet, il est arrivé au pouvoir en 2009 suscitant de nouveaux espoirs avec un programme ambitieux : promesse d’une meilleure gouvernance, réduction des inégalités sociales et du chômage par une réforme foncière et une redistribution des richesses renouvelée. Or, sur le plan social le bilan est mitigé et les inégalités restent fortes. « Président des pauvres », Jacob Zuma n’a pas su enrayer la sédimentation de la société. En parallèle, la lutte contre le chômage qui était la priorité du mandat de Jacob Zuma s’avère être également un échec. Dans un contexte d'augmentation de la population active un quart des Sud-Africains ne trouvent pas d’emploi. Les jeunes sont particulièrement touchés (50% pour les 20-24 ans) de même que les femmes, et les noirs. Plus inquiétant sur le plan politique, le milieu des affaires critique le manque de leadership économique de Jacob Zuma. Ce dernier tout comme son administration se défendent en invoquant un contexte économique et financier défavorable. Le candidat Zuma prônait des mesures populistes et radicales pour satisfaire à la fois la base de l’électorat de l’ANC et l’aile gauche du parti qui le soutenait contre son prédécesseur. Or, le candidat devenu président Zuma doit désormais composer avec un pays touché à la fois par la crise internationale et par la crise structurelle interne. L’Afrique du Sud possède pourtant de nombreux atouts : des industries de pointe dans certains secteurs d’excellence, des systèmes de télécommunications importants, des infrastructures développées et une terre riche en minerais (or, platine, diamants, etc). Tous ces avantages lui permettent de disposer d’une croissance stable autour de 3% mais ce potentiel est limité entre autres par des problèmes énergétiques qui entraînent coupures et restrictions, en particulier dans les grands centres urbains. Finalement, Jacob Zuma s’est inscrit dans la continuité de Thabo Mbeki alors qu’il avait initialement un discours de rupture basé sur un retour aux « vraies valeurs » de l’ANC. C’est tout le paradoxe de la politique économique de l’ANC : longtemps d’inspiration marxiste-léniniste cette direction a été officiellement abandonnée, notamment sous le mandat de Thabo Mbeki, bien que la question soit fréquemment relancée pour satisfaire la frange la plus à gauche du parti. L’ANC veuttransformer l’économie sud-africaine pour lutter contre le chômage et la pauvreté mais les changements annoncés semblent très mesurés. Le parti reste très prudent et conservateur. Prenons, par exemple, les questions foncières. Les terres appartiennent toujours à 80% aux blancs. L’exécutif de l’ANC reconnaît qu’il faut réformer le principe du vendeur volontaire - acheteur volontaire. Néanmoins, il doit toujours faire face au caractère constitutionnel du droit à la propriété. Cette réforme controversée est, et sera, dans les années à venir, le rocher de Sisyphe de l’ANC. D’autant plus que l’histoire sud-africaine a été marquée par de violentes dépossessions foncières. L’exemple zimbabwéen, cité par Julius Malema, n’est pas non plus pour rassurer les observateurs internationaux. Et les défis pour mettre en œuvre cette réforme sont considérables. Le manque de ressources budgétaires comme la durée des procédures judiciaires d’indemnisation sont aussi à souligner. En effet, la constitution autorise le droit d’expropriation au nom de l’intérêt public en échange d’une compensation susceptible d’être fixée par une cour de justice[i]. L'une des faiblesses actuelle de l’ANC reste donc son bilan gouvernemental et les problèmes internes à l'ANC qui ont tendance à devenir des problèmes étatiques. D’autant que le risque de confusion entre Etat et parti découle d’une particularité de la Constitution sud-africaine, qui fait qu’il n’existe pas de circonscriptions dans le système électoral. Comme l’explique Pierre-Paul Dika, les députés de la majorité sont responsables devant le parti et la Présidence avant de l’être devant leur électorat[ii]. Le pouvoir législatif est très discipliné. Simonneau note : « si ce poids des instances dirigeantes est moins fort dans les autres formations, la discipline est réelle et, de ce fait, le parlementarisme est atténué. »

[i] Ibid., pp. 744.
[ii] Pierre-Paul Dika, Les fondements de la politique étrangère de la nouvelle Afrique du Sud : acteurs, facteurs et instruments, Paris, L’Harmattan, 2008.

samedi 26 janvier 2013

Afrique du Sud : le déclin annoncé de l'ANC (1/2)

"Cry, the beloved country " titrait le magazine The Economist, fin 2011, évoquant ce qu’il estime être le "triste déclin" de l’Afrique du Sud. En 2012, le Congrès national africain (ANC) fêtait ses 100 ans, un évènement remarquable pour un mouvement politique. Le parti historique de l’Afrique du Sud est aussi au pouvoir depuis près de 20 ans et reste la force politique la plus puissante du pays, créant un monopartisme de fait. Paradoxalement, l’ANC vit une crise sans précédent dans son histoire. Pourtant, Jacob Zuma, reconduit en décembre 2012 à la tête du mouvement, est idéalement placé en vue d’une éventuelle réélection lors de l’élection présidentielle de 2014. La prédominance de l’ANC n’est pas encore remise en cause mais le parti amorce-t-il un déclin ? Est-il toujours aussi puissant ou a-t-il entamé un processus de désintégration comme l’affirme Helen Zille, chef de l’Alliance démocratique, l’un des principaux partis d’opposition ?
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UN PARTI DOMINANT MAIS DIVISÉ
 L’ANC est au pouvoir sans discontinuer depuis 1994, recueillant à chaque fois plus de 60% des suffrages aux élections nationales. Néanmoins les élections de 2009 ont été marquées par le premier recul du parti. Du côté de l’opposition, l’Alliance démocratique ne cesse de progresser depuis les dernières élections présidentielles de 2009. Certains pointaient alors une certaine usure du pouvoir. Quatre ans après le diagnostic reste le même bien que l’ANC reste le parti hégémonique d’Afrique du Sud sans réelle concurrence crédible de la part des autres mouvements. En effet, depuis 1994, ces derniers n’ont pas réussi à constituer une véritable force de proposition dans le pays et l’ANC a même su convaincre des élus de l’opposition de les rejoindre. Ainsi, une révision constitutionnelle de 2003 a permis aux parlementaires de changer de parti en cours de mandature et ce sans perdre son siège. Le déclin viendrait-il de l’intérieur du parti ? D’après un cadre de l’ANC, le déclin de la puissance électorale du parti: “is like an ocean wave rolling towards the coast… it will happen but we do not know the distance to the shore. ” La lente dégradation au sein du parti est donc inquiétante et certains observateurs s’interrogent aujourd’hui sur un possible éclatement du parti. Pourtant cette crainte de l’éclatement existait déjà à la fin du gouvernement de Thabo Mbeki avec une première scission menée par ce dernier. Mais le Congress of the People (COPE) a obtenu de mauvais résultats électoraux. Fin 2008, le COPE connaît aux élections un premier échec, mais il a surtout échoué à se construire une identité propre. En apparence, il semblait être un parti politique d’opposition comme les autres. Toutefois son histoire, directement liée à celle de l’ANC, le distinguait des autres partis. Il avait le potentiel pour catalyser un certain déclin de l’ANC. De fait, le COPE n’a pas concrétisé son projet de contestation du parti historique. Au contraire il lui a même donné l’occasion de renouer avec ses racines. Ainsi, l’administration de Jacob Zuma a répondu aux critiques du COPE, tant sur le respect de la primauté du droit que sur la responsabilité du gouvernement. L’ANC est sorti renforcé de l’échec de cette scission et y a vu la providence d’un « message de Dieu ». Notons à ce propos que la rhétorique religieuse trouve un écho important dans ce pays très croyant. Elle est souvent utilisée pour mobiliser l’électorat, ainsi Jacob Zuma professait qu’« en votant pour l’ANC vous choisissez d’aller au paradis». De manière plus générale toutes les scissions sont devenues minoritaires. Le paradoxe de l’ANC est qu’il fait des déçus mais continue de remporter les élections par fidélité.
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La question qui se pose alors est celle de la prise de pouvoir au sein de l’ANC entre des courants idéologiques internes et entre personnalités. Il existe de fortes tensions au centre du parti entre les soutiens de Jacob Zuma et ceux qui l’ont abandonné, comme le vaste mouvement des jeunesses de l’ANC. En effet, la montée en puissance de Julius Malema, le leader populiste de ce mouvement lié au parti revendiquant son autonomie dans les années 1940, est un signal fort.

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De plus, grâce au système du Black Economic Empowerment, des membres importants de l’ANC sont devenus également actionnaires de grandes entreprises. Ce phénomène et l’enrichissement d’une partie de la population noire créent des frustrations que les opposants de Jacob Zuma utilisent. Ainsi, l’opposition interne a su profiter de la tragédie de Marikana pour souligner ces contradictions. Julius Malema appelait à « mener la révolution minière » car le gouvernement, lié au capital, ne soutiendrait pas les mineurs. Pour Julius Malema, la nationalisation des mines est une nécessité alors que Jacob Zuma essaie d’adopter un discours intermédiaire en proposant d’imposer des taxes plus lourdes au secteur. De même sur la réforme foncière Julius Malema porte un discours extrémiste calqué sur le modèle zimbabwéen, alors que pour Jacob Zuma il faut imposer aux propriétaires terriens blancs de vendre leurs biens fonciers à un prix inférieur au marché. L’ex-dirigeant de la Ligue de la jeunesse du parti a été désavoué et exclu du parti en 2011 lors de ses déboires judiciaires pour incitation à la haine raciale . La redistribution des terres et des bénéfices miniers sont des enjeux majeurs pour l’avenir économique du pays, et cette question a eu un écho considérable auprès de l’électorat populaire du parti. De fait, les personnalités populistes ont su se distinguer ces dernières années en se présentant comme une alternative au pouvoir actuel. Ainsi plus que jamais les luttes intestines déchirent le parti. Les syndicats contestent la politique libérale du gouvernement et les groupes sociaux ont des intérêts opposés. Pourtant Jacob Zuma conserve le soutien de l’ANC et a su rallier les syndicats mais la situation est très confuse. En effet, la Cosatu, puissante fédération syndicale du pays, a choisi de soutenir Jacob Zuma pour un second mandat alors que Zwelinzima Vavi, le secrétaire général du Cosatu, très critique à l’égard du régime, a été réélu pour un sixième mandat, et que dans le même temps le président du Cosatu, fervent soutien du chef d'Etat, était aussi réélu. Pourtant, les grèves à répétition dans l’enseignement et dans les services municipaux ont mis en évidence les divergences avec cette centrale syndicale et le parti. Même le Numsa (National Union of Metalworkers of South Africa), pourtant très virulent contre Jacob Zuma, a surpris tout le monde en annonçant lui accorder son soutien. Les commentateurs ont alors fustigé ce revirement et dénoncé d’obscures négociations. Une nouvelle fois, la stratégie de conquête et de conservation du pouvoir de Jacob Zuma a été contestée.
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Aujourd’hui, les cadres de l’ANC ou leurs proches ont des intérêts économiques tels que leur engagement semble davantage motivé par l’argent que par l’idéologie. En parallèle, la corruption rampante expliquerait la disparition de 3 milliards d'euros d'argent public chaque année. Ainsi, la lutte semble polarisée sur l’obtention de postes au sein du parti. Ces hautes fonctions sont synonymes de pouvoir par l’accès aux marchés publics et aux ressources qu'elles impliquent. Cette tendance au copinage est renforcée par les tendances autoritaires du parti qui perdurent. L’Assemblée nationale a ainsi voté en novembre 2011 une loi controversée sur la "Protection des Informations d'Etat". Cette loi, portée par l’ANC, ferme l’espace à la liberté d’expression en rendant passible de sanctions la possession, la publication et la distribution d'informations d’Etat sensibles. Cette loi permet donc au gouvernement d’empêcher la publication d’informations nuisibles à l’Etat. Du fait d’une définition floue à l’extrême les détracteurs y voient un moyen de limiter la diffusion vers l’opinion publique des affaires de corruption dont ils auraient connaissance. En définitive, la crise actuelle était déjà en germe depuis plusieurs années. L’ANC est un parti très hétéroclite qui s’apparente parfois à un forum où les rivalités apparaissent plus fortes que jamais. Or le défi de l’ANC a toujours été de parvenir à rester uni autour d’une ligne politique équilibrée pour préserver le compromis politique qui le fonde. La stabilité du pays se base sur cette gouvernance d’union qui combine au discours populiste, une politique économique néolibérale et une redistribution aux accents sociaux-démocrates.

lundi 25 juin 2012

Top twitter du continent (MAJ1)

L'allié Florent de Saint Victor vient d'avoir la remarquable idée de créer un "top twitter" francophone à la suite de la publication par Foreign Policy d'un "Top100 Twitterati". Le journal américain faisait la part belle aux comptes anglophones, qu'à cela ne tienne AGS propose sa version francophone.

Tous les alliés y ont travaillé (enfin presque mais nous ne balancerons pas :-) ! ) et le résultat est disponible ICI.



Je vous propose la liste de quelques twittos africains francophones ci-dessous, complétée de quelques noms.

@Altesse77 : républicain convaincu. Les dessous de la politique en Côte d’Ivoire, les relations régionales… et en ce moment beaucoup (beaucoup) de football.
@Babahmed1 : journaliste malien basé à Bamako et fin connaisseur de la région sécessionniste de l’Azawad. Dans l’œil du cyclone, il nous informe sur la situation troublée de ce pays sahélien.
@CasePalabres : le compte d’Oliver Herviaux, journaliste au Monde (à suivre entre autres sur son blog), qui traite du Maghreb et de l’Afrique de l’Ouest. 
@JuliRengeval Journaliste de RFI basée également en Afrique du Sud
@JusticeJFK : jeune cadre africain, surveille la démocratie à la loupe. Ouvert d’esprit et ouvert sur le monde – sans oublier : un passionné de football, lui aussi.
@leonard_vincent : journaliste et écrivain. Auteur de "Les Erythréens". Il commence tout juste à tweeter mais a tellement chose à nous apprendre sur l'Erythrée qu'il sera vite un must pour les passionnés de la région.
@martinvogl : journaliste freelance à Bamako, se déplaçant au Mali pour recueillir l’avis des populations. Jongle habilement entre l’anglais et le français.
@Seb_Hervieu : lui aussi journaliste, Sébastien Hervieu est basé en Afrique du Sud. Analyses et anecdotes régulières sur ce géant africain et son environnement régional.
@SoloNiare : Solo Niaré, journaliste et écrivain Guinéo-Malien installé en France. Twitte sur la démocratie, la gouvernance, l’éducation… Sans oublier, actuellement, l’Euro 2012.
@soniarolley : Sonia Rolley poursuit depuis peu ses analyses du continent africain sur Twitter. Journaliste de RFI. À suivre.
@wirriyamu2011 : l’actualité togolaise et plus globalement ouest africaine, sur un ton très très caustique…

Et bien sur ce blog : @MorningAfrika !!(qui passe plus de temps à twitter qu'à bloguer dernièrement !)

Sans grande surprise de nombreux twittos francophones sont originaires d'Afrique de l'Ouest. Cette liste est bien entendu non exhaustive alors commentez-la, complétez-la, etc.

samedi 10 décembre 2011

Les lectures du week end

- KINSHASA, LA MÉGALOPOLE SANS CESSE RÉINVENTÉE  par Pierre Jacquemot, chercheur associé à l’IRIS / Novembre 2011
Résumé : "Beaucoup d’analyses sur la condition urbaine en Afrique soulignent la faillite de l’Etat aménageur d’espaces et pourvoyeur de services publics. A Kinshasa règne le non-planifié, le temporaire qui dure, le recyclé et la débrouille. Mais, malgré les vicissitudes de son histoire (ou à cause d’elles), la capitale de la RD Congo reste l’une des villes les plus inventives du monde."
- Laurent Gbagbo devant la CPI. Deux poids deux mesures ? par Pierre Jacquemot, chercheur associé à l’IRIS
- L’« exception marocaine » dans le contexte des soulèvements arabes par Khadija Mohsen-Finan, chercheure associée à l’IRIS
- Opérations de maintien de la paix : quels nouveaux enjeux ? Patrice Sartre, Général de l’Armée de Terre française, auteur de "Making UN Peacekeeping More Robust 
- L'Afrique en questions 9 : Elections législatives et présidentielles en RDC : quels enjeux ? John SMITH (pseudonyme d'un expert de la RDC)
Bonnes lectures !



mardi 14 juin 2011

Analyse comparée des phénomènes miliciens

Le CERI-Science Po organise le 22 juin 2011(9h00 - 18h00) et le 23 juin 2011 (9h00 -13h00) un colloque autour de l'"Analyse comparée des phénomènes miliciens. Débats, enjeux et nouvelles approches" qui ne manquera pas d'intéresser les lecteurs de ce blog.
Informations : ICI


Programme :
MERCREDI 22 JUIN 9h00 - 18h00

9h00 - 9h15 : Mot de bienvenue : Sandrine Perrot, Sciences Po-CERI, et Hervé Maupeu, LAM Pau
9h15 - 11h00 Historicité de l’économie de protection

Historicité de l’économie de protection : débats et enjeux
Sandrine Perrot, Sciences Po-CERI
Histoire du vigilantisme et politiques de protection dans les townships sud-africains
Laurent Fourchard, LAM, Bordeaux
Les partisans armés : émergence d'un corps "informel" de police à Madagascar au 19ème siècle
Nicolas Courtin, UVSQ, CESDIP- Centre de recherches sociologiques du droit et des institutions pénales, GEMPA - Groupe d'étude sur les mondes policiers africains

Discutante : Christine Deslaurier, IRD, Paris

11h00 - 13h00 Neo-traditionnalisme et (post)modernité des milices

Ce que le monde fait aux milices. Transnationalisation des pratiques et renforcement des identités
Jérôme Lafargue, IFRA Nairobi, LAM Pau
Néo-traditionalisme et modernité : les milices Maï-Maï congolaises
Luca Jourdan, Université de Bologne

Lire également "Les Maï Maï dans la guerre au Kivu" par Stéphane Mantoux

Discutant : Koen Vlassenroot, Université de Gand

14h00 - 16h00 Milices et Etat

Réformes constitutionnelles, droit et milices
Mutuma Ruteere, consultant, ancien directeur de la recherche à la Kenya Human Rights Commission, Nairobi
Les milices jihadistes au Pakistan: sous-traitance de la guerre et logiques de situation
Amélie Blom, Institut d'études de l'Islam et des Sociétés du Monde Musulman, Paris
Vigilantism, smuggling and state recuperation: the OPEC boys in north-western Uganda
Kristof Titeca, Université d’Anvers

Discutante : Elizabeth Picard, émérite CNRS-IREMAM, Aix-en-Provence

Pause café

16h00 - 18h00 Milices dans le temps électoral


Les milices sud-soudanaises en campagne référendaire
Mareike Schomerus, LSE (à confirmer)
L’affiliation partisane des jeunes au Burundi : une milicialisation souterraine et diffuse
Nicolas Hajayandi, Université de Bujumbura
Who is in control? Political leadership and militias in Kenya
Claire Médard, IRD, UMR 205 URMIS Université Paris Diderot-Université de Nice-IRD; Susan Mwangi, Kenyatta University
Sociologie des Chimères d'Aristide en Haïti
Jean Eddy Saint Paul, Université de Gunajuato, Mexique

Discutant : Richard Banégas, Université Paris I

JEUDI 23 JUIN 9h00 - 13h00

9h00 - 11h00 Transformations sociales, transformations de genre


Les rondas compesinas du Pérou : comment traiter du genre ?
Camille Boutron, CERIUM, Montréal
Les politiques libidinales de l'insurrection: 'amour-mariage-sexe' dans l'Armée de libération populaire du Népal
Laurent Gayer, CNRS-CURAPP, CSH Delhi
De la milice à l’engagement paramilitaire : Parcours de femmes républicaines nord-irlandaises au début des années 1970
Elise Féron, CARC, University of Kent

Discutante : Marielle Debos, Université de Paris-Ouest Nanterre

11h00 - 13h00 Représentations populaires des milices : chansons, littérature

Lire les milices dans le roman africain francophone: Les cas de Johnny Chien Méchant d'Emmanuel Dongala et Port Mélo d'Edem
Eric M. Midepani, Institut de Recherche en Sciences Humaines, Libreville
Mémoires et représentations populaires des milices touaregs
Frédéric Deycard, LAM Bordeaux
Mungiki au son du Benga. Débats idéologiques et recrutement des milices au Kenya
Hervé Maupeu, LAM Pau

Discutant : à confirmer