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samedi 11 octobre 2014

La Turquie en Somalie : un concurrent à l’approche globale de l’Union européenne ?

Le général Maurice de Langlois coordonne une nouvelle étude de l'IRSEM : "Approche globale et union européenne : Le cas de la corne de l'Afrique". Contrairement à ce que son titre indique, l'étude porte plus particulièrement sur la Somalie. Nous y proposons une contribution sur la Turquie. Nous vous proposons ici l'introduction :
« Notre destin est lié à celui du peuple somalien » [1], « la Turquie soutiendra toujours les dirigeants et le peuple somalien dans leur cause sacrée » [2], c’est en ces termes que le ministre des Affaires étrangères de la République de Turquie exprimait, à une année d’intervalle, le soutien inconditionnel de la Turquie à la Somalie. Cet activisme est récent. En août 2011, au plus fort de la famine, la visite officielle du Premier ministre Recep Tayyip Erdoğan, quelques jours seulement après le retrait du mouvement combattant djihadiste Al-Shabaab de Mogadiscio, marque le rapprochement des deux pays[3]. Contrairement aux autres visiteurs internationaux, cantonnés dans des bases militaires ou à l’aéroport, Recep Tayyip Erdoğan marqua sa visite par un tour de la ville et une visite des camps de réfugiés et des hôpitaux. Le Premier ministre turc, surtout,  annonça la réouverture de l’ambassade de Turquie, une première depuis la chute de Siyaad Barré et le cycle de conflits qui suivit. Dans ses discours, il inscrit la politique de son pays en rupture avec celle des autres acteurs internationaux marquée par leurs échecs[4].
La Turquie est un nouvel acteur sur le terrain somalien et son engagement semble conduire à des résultats positifs. Cet engagement, et la manière dont il a été reçu par la population somalienne, peuvent paraître étonnants, d’autant plus que les Somaliens accusent les interventions étrangères d’être la source de la crise que traverse le pays depuis plus de vingt ans. Le conflit somalien est ancien et de nombreux Etats et organisations ont tenté d’y apporter une solution. Les deux dernières décennies de conflits ont vu des clans s’affronter entre eux et des séparatismes s’affirmer (Somaliland et Puntland). Les interventions militaires onusiennes et américaines du début des années 1990 puis l’intervention d’acteurs régionaux (Ethiopie, Kenya) ont été des échecs complets pour les premiers et relatifs les seconds. Pourtant, la crainte d’une radicalisation graduelle de l’islam politique demeure et les liens avec des réseaux terroristes comme Al-Qaïda ainsi que le développement de la piraterie inquiètent. De processus successifs de réconciliation en interventions militaires, la résolution du conflit somalien n’en finit pas. La Somalie vit aujourd’hui une période clé de son histoire contemporaine : la situation sur le terrain se trouve radicalement modifiée depuis le mois d’août 2011 (intervention éthiopienne et recul des shebabs) et, politiquement, la période de transition a touché à sa fin. 
Néanmoins, l’intervention turque est perçue différemment par les Somaliens. Son engagement humanitaire ne fait pas de doute et sa stratégie n’effraie pas contrairement aux autres. Cette bonne image va parfois jusqu’à qualifier la Turquie de « Godsent country ». En fait, Ankara travaille son image d’allié politique mais aussi de soutien à la société civile et à la population. L’arrivée de ce nouvel acteur est perçue de manière contrastée, entre suspicion et étonnement, par les acteurs traditionnels (Union européenne, Etats-Unis, Italie, Royaume-Uni, France).
L’objet de cette communication est de comprendre les ressorts de l’engagement turc en Somalie et analyser s’il peut s’intégrer dans un processus plus global. Parvenir à construire un consensus entre les puissances émergentes et les acteurs plus traditionnels de la sécurité en Afrique sur la façon de travailler dans des Etats en conflit ou en reconstruction, est devenu un enjeu majeur. Depuis le début des années 2000, ces nouveaux acteurs, dont fait partie la Turquie, constituent un « challenge to the development paradigm »[5]. L’émergence de ce nouveau paradigme aura des implications majeures pour les acteurs traditionnels, comme l’Union européenne. Comment analyser le rôle de ce nouvel acteur qui impose son agenda dans le processus de paix ? Nous verrons que la Turquie tient sa légitimité de facteurs à la fois historiques et religieux. Les caractéristiques de l’approche globale qu’elle met en œuvre en Somalie en font un « modèle » qui pourrait concurrencer le modèle européen. Cette approche est aussi contestée pour son unilatéralisme tant dans son principe que par les autres acteurs et dans sa mise en œuvre par les Somaliens eux-mêmes.
La suite est à télécharger gratuitement : ICI
Le sommaire de l'étude

1/ La corne de l’Afrique, une région faillie  par le Général de division (2S) Maurice de LANGLOIS
2/ La mise a l’épreuve de l’approche globale: le cas de la Somalie par le Général de division (2S) Maurice de LANGLOIS
3/ Un concept d'approche globale diversement interprété et politisé  par Florence VU VAN
4/ L'UE et ses partenaires dans la mise en œuvre de l'approche globale : partenariat(s),
complémentarité et rivalité  par Clara EGGER
5/ Une « stratégie globale » ? Atouts et limites de la stratégie de l'UE pour la Corne de l'Afrique par Clara EGGER
6/ La Turquie en Somalie : un concurrent à l’approche globale de l’Union européenne ? par Sonia LE GOURIELLEC
7/ La Chine dans le golfe d’Aden : signe d’une coopération croissante ou prémices d’une politique  de grande puissance ? par Raphaël ROSSIGNOL
8/ Les Etats-Unis dans la Corne de l'Afrique : le rôle du militaire  par Stephen F. BURGESS
9/ Valeur ajoutée pour valeur réelle : combien coûte l’action multidimensionnelle de l’UE dans la Corne de l’Afrique? Par Chantal LAVALLEE
10/ Les enseignements et recommandations


[1] Ahmet Davutoğlu, « Opening Remarks », Somali Civil Society Gathering, Istambul, 27 mai 2012.
[2] Ahmet Davutoğlu, Conférence sur la Somalie, 7 mai 2013, Londres.
[3] En octobre 2013, le Premier ministre somalien Abdu Farah Shirdon a déclaré le 11 août « Turkey-Somalia Day ».
[4] Recep Tayyip Erdogan, « The tears of Somalia », in Foreign Policy, 10 octobre 2011.
[5] Clemens Six, « The Rise of Postcolonial States as Donors : A Challenge to the Development Paradigm ? », in Third World Quaterly, 30 (6), 2009, p.1109-1121.

vendredi 9 décembre 2011

L'Afrique dans le "Top 10" de Politique étrangère

La revue Politique étrangère (IFRI) vient de sortir son "top 10" des articles les plus téléchargés sur le portail CAIRN. On lira notamment avec attention :



1) “Afrique: l’intégration régionale face à la mondialisation” par Abdou Diouf

2) “La stratégie africaine de la Chine” par Valérie Niquet

3) “Les enjeux de l’aide publique au développement” par Pierre Jacquet

lundi 18 avril 2011

Coopération : priorités africaines


La semaine dernière, Henri de Raincourt, Ministre chargé de la Coopération auprès du ministre des Affaires étrangères et européennes, a présenté le document cadre "Coopération au développement : une vision française". Rien de nouveau.
4 enjeux : "une croissance durable et partagée, la lutte contre la pauvreté et les inégalités, la préservation des biens publics mondiaux, la stabilité et l’État de droit". La priorité reste aux zones méditerranéennes et africaines.
Pour 2011-2013 la répartition budgétaire (principalement en bilatéral) est la suivante :
1) Afrique subsaharienne ("en veillant à la soutenabilité de l'aide") :
• plus de 60 % de l’effort financier de l’État sur l’ensemble de la zone,
• plus de 50 % des subventions sur les 14 pays pauvres prioritaires,
2) Méditerranée ("un enjeu essentiel"): 20 % de l’effort financier de l’État ;
3)Pays en crise :
10 % des subventions (gestion des crises et postcrise, hors interventions relevant de la prévention)
4) Pays émergents : au maximum 10 % de l’effort financier de l’État.
Alors que l'Indonésie, la Turquie, la Chine, le Brésil et l'Irak étaient les 10 premiers bénéficiaires de l'aide bilatérale française entre 2007 et 2009, dans les prochaines années cette aide sera distribuée via le canal multilatéral.

vendredi 24 septembre 2010

Aide : des paroles, des paroles, des paroles....

Le président N. Sarkozy a annoncé lors de la session d'ouverture du 10ème anniversaire des Objectifs du millénaire pour le développement (OMD) que la France octroierait dans les 3 prochaines années 180 millions d'euros supplémentaires au Fonds mondial de lutte contre le sida, le paludisme et la tuberculose.
Cette annonce m'a rappelé un précédent billet (ICI). En effet, lors du dernier sommet Afrique -France, la France promettait 300 millions aux pays africains pour renforcer leurs capacités sécuritaires. Or cette somme n'était pas débloquée et ajoutée à la politique d'appropriation et d'européanisation que mène déjà la France, c'était la somme déjà consacrée pour ce type d'opération.
Même effet d'annonce semble-t-il cette fois dénoncé par l'ONG Oxfam : "La France nous a appris à nous méfier des annonces généreuses (...ce que le président Sarkozy ne précise pas, c'est que la moitié de cette somme promise au Fonds mondial peut être comptabilisée dans l'initiative du G8 en faveur de la santé maternelle et infantile annoncée en juin. En augmentant sa contribution au Fonds mondial, la France, avec les mêmes fonds, règle une partie de sa note du G8 et recycle sans le dire ses annonces".....ça c'est dit !
La vidéo du discours ICI