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vendredi 22 mai 2015

L’armée dans tous ses états. Armées, États, économies et sociétés en Afrique

La revue Afrique contemporaine publie un appel à communication sur les armées en Afrique. Vous trouverez ci-dessous l'annonce :
"L’objet de ce dossier est d’analyser les liens entre armées, États, économies et sociétés en Afrique aujourd’hui. Sur ces différents points, les armées jouent fréquemment un rôle de premier plan dans le parcours historique des pays africains depuis leur indépendance et dans la construction des États. La question alors posée est de savoir pourquoi et comment elles ont acquis une place aussi déterminante. Tel est l’objectif de ce dossier de la revue Afrique contemporaine.
Instruments du pouvoir, centre de/du pouvoir, mais aussi et souvent acteurs économiques et sociaux, les armées en Afrique sont des objets d’analyse incontournables pour comprendre la réalité africaine contemporaine. Il importe évidemment de prendre en compte la très grande hétérogénéité des armées selon les pays.
Dans de nombreux pays, la centralité de l’armée est incontestablement un legs de la période coloniale, elle-même fortement différenciée selon les « modèles » de colonisation, en ce qui concerne la continuité des acteurs, des structures administratives et institutionnelles, des registres d’action, des méthodes de gestion, mais, plus d’un demi-siècle après les indépendances, leur rôle et leur place dans les États, les sociétés et les économies ont évolué. 
 
 

Les armées en Afrique au cœur du politique

Dans le champ du politique et dans bien des pays africains, les forces armées sont souvent présentes sur le devant de la scène : soit pour s’emparer du pouvoir par les armes, et ce aux dépens des urnes (coups d’État, régimes militaires) ; soit pour apporter une réponse à des blocages politiques (Guinée, Mauritanie, Niger, Guinée Bissau) ou à des crises post-électorales ; soit pour jouer un rôle dans la neutralisation des affrontements entre des mouvements populaires et citoyens et les pouvoirs autoritaires en place (cas de la Tunisie ou de l’Égypte lors des « printemps arabes »). Et ce sans compter des régimes militaires ou des régimes politiques dominés, officiellement ou non, par des militaires, d’anciens militaires, des gardes présidentielles.
Il importe donc de contextualiser les différentes places des armées dans les pays africains. Certaines sont « faillies », « fragiles » ou « fragilisées », alors que d’autres dominent les champs social, politique et économique. En outre, elles sont de plus en plus concurrencées dans leurs fonctions régaliennes de détention du monopole de l’usage de la violence par des groupes armés de tous types (milices et groupes d’auto-défense villageoise, mouvements djihadistes, gangs, etc).
Dans les situations post-conflit, la réintégration des « rebelles » dans les forces armées et la construction d’une armée nationale (cas de la Côte d’Ivoire, du Mali) sont des enjeux centraux pour la construction de la stabilité des pays concernés. De plus, les armées nationales ont souvent des moyens limités, si bien que des forces étrangères, africaines ou non, régionales ou multilatérales, sont engagées pour pallier ces défaillances. Les conflits armés ont aujourd’hui changé de nature. Les guerres entre États, opposant des armées nationales, sont très rares et les affrontements armés relèvent actuellement d’enchevêtrement d’acteurs, si bien que les armées tendent à n’être que l’un d’entre eux.

Les armées : nouveaux acteurs économiques?

Beaucoup moins appréhendés par les sciences humaines et sociales, le rôle économique des armées ainsi que leur place souvent importante dans les économies de certains pays, en Afrique mais pas seulement, mérite de faire l’objet d’études scientifiques. Sur le continent africain en effet, les armées sont impliquées dans l’économie de rente ou de prédation, voire dans des activités illégales ou criminelles (la Guinée Bissau et le trafic de la cocaïne originaire d’Amérique Andine, etc.). De telles trajectoires résultent, dans certains cas, du fait que les forces armées sont soumises à de fortes contraintes budgétaires qui impactent notamment le paiement des salaires (RDC, RCA, etc.).
Mais, toujours dans le champ de l’économie, les armées sont aussi un régulateur d’activité et donc indirectement de l’emploi par le biais des entreprises qu’elles contrôlent. Cette implication dans l’économie peut aller jusqu’à la création de complexes militaro-industriels (il en est ainsi des oligarchies pétrolières en Angola ou en Algérie).

Les armées : catalyseur social?

Les armées jouent enfin un rôle social non négligeable comme lieu de formation, de socialisation et d’intégration des jeunes, de brassage de populations d’origines diverses, d’accès des femmes à des postes de responsabilité, voire de constitution d’une citoyenneté. Plusieurs pays ont par ailleurs institué des services civiques ou militaires à des fins de développement (Madagascar, etc.). Il en est plus ou moins de même par leur implication dans des programmes de désarmement, démobilisation et réintégration des combattants en fin de conflit, comme au Liberia, en Sierra Leone, en RDC ou en Côte d’Ivoire.
Souvent, seules institutions publiques structurées dans les pays au lendemain des indépendances, les armées ont développé des services publics. Elles ont souvent leurs propres dispositifs de protection sociale, conduisent des politiques familiales, gèrent des complexes hospitaliers (Égypte), font de la recherche. Plus largement, l’armée participe à la construction de représentations autour de la masculinité, de l’organisation familiale, de la division du travail et de la répartition des rôles sociaux, mais donne chair au monopole légitime de la violence (cf. les missions régaliennes de l’Etat selon Max Weber) versus la constitution de groupes d’autodéfense et la liberté (de jure ou de facto) de port d’armes.

Argumentaire

Diverses disciplines relevant des sciences humaines ont abordé, chacune avec leur approche et leur méthodologie, la question des armées en Afrique. Mais, elles l’ont généralement fait par le biais de chemins de traverse¬. Les relations internationales et la science politique, tout comme les War & Peace Studies anglo-saxonnes, privilégient traditionnellement dans l’étude des affaires militaires une approche que l’on pourrait qualifier de schizophrène. Dans le même ordre d’idée, le caractère belliqueux et violent des armées ou leur rôle dans les renversements de régimes politiques et les coups d’État sont mis en exergue. Inversement, telles un Janus bifrons, les armées peuvent être des acteurs clés de stabilisation, voire de « pacification » pour reprendre une nomenclature coloniale, du fait de leur implication dans les processus de construction de la paix (programmes de DDR mentionnés ci-dessus). Cette schizophrénie abolit la distinction entre temps de guerre et temps de paix et révèle de nouveau que les armées sont des acteurs incontournables de l’évolution politique des Etats.
L’abondante littérature sur les Réformes du Secteur de la Sécurité (RSS) et de la Défense ne s’est pas ou peu penchée sur ce qu’était véritablement l’armée dans les pays africains. Elle s’est davantage focalisée sur les échecs et les succès de cet outil, sous l’angle des composantes sécuritaires de l’aide au développement, sur les dysfonctionnements des forces armées et les moyens à mettre en œuvre pour les réformer. Ces RSS ont légitimé ainsi la communauté internationale pour intervenir dans un domaine qui relève de la souveraineté des États, ce qui, d’une certaine façon, renvoie aux programmes d’ajustement structurel, fort intrusifs, des années 1980 – 1990. Les approches « Sécurité et Développement » sont quant à elles devenues dans les années 1990 – 2000, tout comme la RSS, le parangon dans les pays du Sud d’une problématisation qui fait un large appel à la thématique de l’insécurité, et ce tant par la communauté internationale que par les agences de développement, qu’elles soient bi ou multilatérales. 
Sans nier l’apport de ces approches à la compréhension du fait militaire en Afrique et à la connaissance des armées, le grand absent est, paradoxalement, l’armée en tant que telle et ceux qui la composent, donc les militaires. 
Dans une optique pluridisciplinaire, à un carrefour entre sciences politiques, économie politique, sociologie, histoire sociale et anthropologie, ce dossier a pour ambition de repenser les armées en Afrique, leurs élites militaires tout comme les hommes de troupe. 
Ce numéro de la revue Afrique contemporaine sera donc centré sur le rôle social, politique et économique des armées en Afrique. Il visera à inscrire dans leurs parcours historiques et leurs contextes la place, dans différents domaines, des forces armées des pays africains et à analyser leur rôle spécifique dans l’histoire et les évolutions de ces pays . Il abordera également la différenciation au sein des armées et les possibles rivalités internes qui en découleraient : entre régiments, armes et corps, entre garde présidentielle et armée de terre, entre troupes d’élite (comme les régiments de parachutistes et l’infanterie). Et ce sans oublier la forte spécificité de la gendarmerie en Afrique. Il visera également à comprendre la place qu’occupent les forces armées nationales à côté des armées régionales ou multilatérales et des forces armées privées (mercenariats, sociétés privées de sécurité et de défense, milices, services de renseignement, etc.).
 Il accordera une attention particulière aux études de terrain (enquêtes, observations participantes, entretiens), mais également aux analyses comparatives et aux archives. Le travail quotidien, les relations de ces acteurs avec leur institution ou d’autres organismes de l’État, ainsi qu’avec les pouvoirs politiques et économiques, seront traités par les articles de ce dossier. Les trajectoires socioprofessionnelles pourront être mises en perspective afin de répondre aux questions : Que fait l’armée ? Qui sont ces hommes et ces femmes qui la composent ? Pourquoi ont-ils choisi d’embrasser les carrières militaires ou policières ? En quoi ont-ils le monopole de la violence légitime ? Comment se situent les gardes prétoriennes ou systèmes de sécurité présidentielle, proches des pouvoirs politiques, par rapport aux armées ? De quelle logistique disposent les forces armées en Afrique ? Quelle sont les sources de financements, les rémunérations et les équipements ? Comment les autorités nationales exercent-elles des arbitrages entre des dépenses militaires assurant la sécurité et les autres dépenses du budget de l’Etat, notamment sociales ?
L’objectif final étant de replacer ces réflexions dans le temps long de ce qu’est aujourd’hui l’armée en Afrique, mais également, par rapport aux ruptures liées à la nature des nouveaux conflits qui dominent en Afrique depuis la fin de la guerre froide (guerres asymétriques, emboîtements d’échelles, diversité des acteurs, etc.).
L’approche comparative s’attachera, ainsi de manière complémentaire, à décrypter les évolutions des armées, de leur organisation et de leur positionnement à la lumière des transformations de la conflictualité et l’émergence exponentielle de nouveaux acteurs, privés et publics, de la sécurité, qu’ils soient nationaux, régionaux ou internationaux et des rapports de pouvoir qui en découlent.
Il importera également d’expliquer pourquoi les armées ne sont plus exclusivement, ni souvent prioritairement, des institutions purement militaires et pourquoi elles investissent les champs social, politique et économique plus que ceux du sécuritaire et de la défense.

Conditions de soumission

Faire acte de candidature en envoyant une courte note d’une page (problématique du texte, exposé du déroulé de l’argumentaire, exposé des données, des sources et terrains mobilisés). 
Les articles devront avoir un format de 35 000 signes espaces compris (notes de bas de page et bibliographie comprises) dans leur version destinée à la publication, ainsi qu’un court résumé de 800 signes (espaces compris), des mots clés et la biographie de l’auteur (150 signes). Les auteurs pourront intégrer à leur article des iconographies (cartes, graphiques, photos, dessins, etc.)
Ils suivront la procédure d’évaluation scientifique auprès de deux référés anonymes et du comité de lecture d’Afrique contemporaine. La soumission des appels à propositions et des articles se fait sur la plateforme Editorial Manager à l’adresse suivante : http://www.editorialmanager.com/afriquecontemporaine/
Vous pouvez nous contacter pour toutes précisions aux adresses suivantes : ncnicolascourtin@gmail.com et fortuiti@afd.fr

Calendrier

Envoi de la proposition d’article : le 1er juillet 2015.
Réponse de la rédaction d’Afrique contemporaine aux auteurs : le 10 juillet 2015 au plus tard.
Envoi d’une première version des articles présélectionnés : le 1er septembre 2015.
Publication du numéro : mars 2016.

BIBLIOGRAPHIE 

Ouvrages:

  • Augé A., Kloursen, P. (dir.), Réformer les armées africaines. En quête d’une nouvelle stratégie, Paris, Karthala, 2010. Bangoura, D., Les armées africaines, 1960-1990, », CHEAM, Paris, 1992.
  • Bazenguira-Gonga, Makki S, (eds), Sociétés en guerre. Ethnographie des mobilisations violentes, Editions Maison des sciences de l’homme, Paris, 2013.
  • Belkaïd, A., Lehmici, H., Égypte, La toute-puissance de l’armée, …
  • Bourrat F (ed) La place et le rôle des armées dans le monde arabe contemporain, « Champ de Mars N°23, IRSEM, La documentation française, 2012.
  • Clapham, C., African Guerillas, Oxford: James Currey, 1998.
  • Courmont B, Ribrikar D, Les guerres asymétriques, IRIS, Paris, 2002.
  • Dawisha, A., Zartman, W., Beyond Coercicion: the Durability of the Arab State, Croom Helm, 1988 – 310 pages.
  • Daguzan, J.-F., Le dernier rempart ? Forces armées et politiques de défense au Maghreb, Publisud, Paris, 1998.
  • Daguzan J-F, « Armées et société dans le monde arabe :entre révoltes et conservatisme », Note N005/13 Fondation pour la recherche stratégique, pp1-14, Fev 2013.
  • Debos, M., Les armées au Tchad, Col (CERI) …
  • Decalo, S., Coups and Army Rune in Africa: Studies in Military Style, New Haven : Yale University Press, 1976.
  • Decalo, S., “The Morphology of Radical Military Rule in Africa”, Journal of Communist Studies, Volume 1, Issue 3-4, 1985.
  • Droz-Vincent, P., « Le militaire et le politique en Égypte », Maghreb-Machrek Monde Arabe, n°162, juillet-septembre 1999.
  • Dupont, H., « La nouvelle armée libanaise : instrument du pouvoir ou acteur politique », in Confluences Méditerranée, n° 29, printemps 1999 (sous le pseudonyme de Hubert Dupont).
  • Eboe Hutchful, Abdoulaye Bathily (dir.), The Military and Militarism in Africa, eds. Dakar : CODESRIA, 1998. – xiii-617 p. (CODESRIA Book Series).
  • Hamon, L. (ed), Le rôle extra militaire de l’armée dans le Tiers Monde, Entretiens de Dijon, PUF, 1966, in Vol 7 N°28 pp 795-798.
  • Hugon Ph, Géopolitique de l’Afrique et contributions dans Vettoglia J-P, Déterminants des conflits et nouvelles formes de prévention, Bruxelles, Bruylant, 2013.
  • Huntington S, The Soldier and the State, Cambridge Mass Press, 1957.
  • Janowitz, M., The Military in the Political Development of New Nations, University Chicago Press, 1964.
  • Marchal, R., « Les frontières de la guerre à la paix », Politix, N°58, 2002.
  • Messinga, E. C., Les forces armées camerounaises face aux enjeux militaires dans le golfe de Guinée: le cas du conflit de Bakassi, Master en science politique, Université de Yaoundé II-SOA, 2007.
  • Metogo, G., « Armées du Golfe de Guinée : Vers l’émergence de deux puissances sous-régionales », Revue africaine de défense, N°2, bureau d’étude et d’information, Yaoundé, 2000.
  • Moghira Mohammed Anouar, Les armées arabes et le pouvoir d’Etat. Militaires du peuple ou du régime? (XIXe-XXIe siècle), Karthala, 2015, 336 pages.
  • Mohamed Abde Elsalam, « The military and the developments in its role in the Arab World », in Carsten Jensen (ed.), Developments in Civil-Milatry Relations in the Middle East, Royal Danish Defence College, 2008.
  • Moncef, O., Militaires, élites et modernisation dans la Libye contemporaine, L’Harmattan, Paris, 2009.
  • Oren, B., The Lebanese Army: A National Institution in a Divided Society, State University of New York Press, 2009, 272 p.
  • Perlmuter, A., The Military and Politics in Modern Times, Yale University Press, 1977.
  • Perlmuter, A., Military and Politics in Israel: Nation Building and Expansion, Yale University Press, 1969.
  • Perlmuter, A., Egypt and the Praetorian State, Yale University Press, 1974.
  • Perlmutter A., Political Roles and Military Rulers, Franck Cass London, 1981.
  • Perouse de Montclos, M.-A., Les humanitaires dans la guerre, La Documentation française, Paris 2012.
  • Picard, E., « Arab Military in Politics : From Revolutionary Plot to Authoritarian State », in Giacomo Luciani (ed), The Arab State, Routledge, London, 1990.
  • Pichon,F « Les armées privées en Afrique », Géopolitique africaine, N° 28 oct-déc 2007 pp 153-184.
  • Rouquié, R., « Le rôle des forces armées en Amérique latine. Etat des travaux », Revue française de sciences politiques, 1969.
  • Rubin, B., Kennedy, T., Armed Forces in the Middle East : Politics and Strategy, Londion Franck Cass, 2002.
  • Seznec, J.-F., « Les forces militaires saoudiennes sous le règne de Fahd Abdelaziz », Maghreb-Machrek, n° 174, octobre-novembre 2001, pp. 38-51.
  • Sarkesian, S., The professional Army in a Changing society, Nelson-Hall Co, 1975. Paul R (ed), No Peace, no war. An Anthropology of Compares Armed Conflicts, Ohio University press 2005.
  • Siddiqa, A., Military Inc.: Inside Pakistan’s Military Economy, Pluto Press, London, 2007, 304 pages.
  • Sorensen, D. S., Civil-military relations in North Africa, Middle east Policy, décembre 2007, http://www.thefreelibrary.com/Civil-military+relations+in+North+Africa, p. 12.
  • Zartmann, W., Elites on the Middle East, 1966.

Dossier de revues :

  • « L’Etat militaire à l’épreuve des transitions », Revue internationale de politique comparée, vol 15, pp. 151-162, 2008.
  • « Military Marxist Regimes in Africa », Journal of Communist Studies, Volume 1, Issue 3-4, 1985.
  • « Militaires et pouvoirs au Moyen-Orient », Vingtième Siècle, Presse de Sciences Po, n° 124, 2014/4, 256 pages.
  • « Amérique latine : l’état militaire à l’épreuve des transitions », Revue internationale de politique comparée, vol. 15, n° 1, 2008, p. 153.

dimanche 1 juin 2014

Les relations entre la France et l’Afrique : la dialectique du maître et du valet

Après « Comment la France a perdu l’Afrique », « Sarko en Afrique », écrits avec Stephen Smith, et « Ces Messieurs Afrique : Des réseaux aux lobbies », Antoine Glaser revient une nouvelle fois sur les relations entre la France et son pré-carré dans son nouvel opus : AfricaFrance. Quand les dirigeants africains deviennent les maîtres du jeu.  L'auteur le dit lui-même « je suis devenu, à mon corps défendant, un spécialiste de la « Françafrique » (p.11) ». Nous vous proposons ici une recension de son ouvrage.
Dans AfricaFrance, l’ancien directeur de La Lettre du continent, souhaite déconstruire « l’histoire communément admise » d’un continent soumis à la France. Selon lui c’est « un leurre qui arrange autant Paris que les capitales africaines (…) loin d’être des pantins et des béni-oui-oui, les présidents africains ont su manœuvrer et instrumentaliser leurs « maîtres » à Paris » (p.12-13). Il va même plus loin, ça n’est pas qu’un simple retournement mais une situation qui préexistait déjà sous le Général de Gaulle. L’objectif d’Antoine Glaser est donc de mettre la lumière sur ces manipulations qui ne proviendraient pas toujours de ceux qu’on croit : « les dirigeants africains jonglent ainsi avec les non-dits pour que leurs interlocuteurs gaulois se sentent toujours responsables de leur avenir (…)[ils] se trouvent plus souvent qu’on ne le croit dans une position dominante vis-à-vis du pouvoir français (…) il considèrent [la France] avec la condescendance du « qui paie commande »» (p.17-18).
De l’influence essentielle de Jacques Foccart et de Felix Houphouët-Boigny, « le patron de la Françafrique », au financement des partis politiques, en passant par les réseaux d’influence parisiens (communicants, hommes d’affaires et politiques) activés par les président africains « pour asseoir leur pouvoir en Afrique » (p.41), ou encore le rôle de la franc-maçonnerie, des réseaux de « l’or noir » au Congo et ceux de l’or jaune au Niger, Antoine Glaser décrypte en dix chapitres le passage de la Françafrique à l’AfricaFrance. Chaque chapitre est consacré à l’une des anciennes colonies françaises. L’auteur revient ainsi sur l’arrivée au pouvoir de l’ivoirien Alassane Ouattara et son soutien à l’opération française au Mali, les relations parfois difficile entre François Hollande et Idriss Déby, le président tchadien, les initiatives du président burkinabé qui relèvent « plus souvent qu’on ne le pense de sa propre initiative » et ne sont pas « téléguidées par Paris ». En effet, pour Antoine Glaser « Blaise Compaoré  sait que la France a plus besoin de lui qu’il n’a besoin de la France. En termes d’aide financières, il compte bien plus sur Taïwan que sur l’Hexagone » (p.146). Antoine Glaser analyse aussi la politique du gabonais Ali Bongo plus tournée vers les Etats-Unis que celle de son père. On peut regretter que Djibouti ne soit que rapidement mentionné en conclusion alors même que ce petit Etat de la Corne de l’Afrique illustrerait parfaitement la thèse de l’auteur (p.213).
Les initiés apprécieront les nombreuses anecdotes et les coulisses des relations entre les présidents africains et le pouvoir français dans la période récente (et jusqu’à fin 2013). L’ouvrage est agrémenté d’entretiens des acteurs de ces relations, comme Anne Lauvergeon, Patricia Balme, André Bailleul, Jean-Marc Simon, Michel Roussin, Michel Katz, Georges Serre, Michel de Bonnecorse, Jean-Christophe Rufin, Pierre-André Wiltzer, Robert Bourgi, etc.
Ainsi, malgré les promesses rééditées de ruptures, tant François Hollande que son prédécesseur auraient été « marabouté[s] par l’Afrique et ses dirigeants » (p.209). Le président français serait parfois « l’obligé » de certains présidents africains car « celui qui paie commande ». Antoine Glaser conclue sur les perspectives économiques et les richesses du continent africain qui attirent déjà de nombreux Etats. Il finit par asséner: « Paris n’est plus le donneur d’ordres, mais il ne le sait pas encore. Il se croit encore aimé alors qu’il n’intéresse plus. L’Afrique a changé sans que son « papa » autoproclamé en soit informé » (p.215) or comme l’aimait à le rappeler l’ancien président gabonais Omar Bongo : « La France sans l’Afrique, c’est une voiture sans carburant » (p.42).
A lire d'une traite !

Quelques interviews de l'auteur : 

dimanche 19 janvier 2014

Café stratégique : Sur les champs de bataille

Alors qu'en ce début d'année 2014 près de 8450 militaires français sont engagées sur plusieurs théâtres d'opérations extérieures, l'Alliance géostratégique vous invite, pour son 31ème café stratégique, à venir discuter avec Jocelyn Truchet.


Le café se tiendra le jeudi 23 janvier à 19h au café Concorde. L'entrée est libre mais par courtoisie avec notre hôte vous êtes invité à consommer avant de monter.


Le site de l'intervenant : ICI

lundi 25 juin 2012

Top twitter du continent (MAJ1)

L'allié Florent de Saint Victor vient d'avoir la remarquable idée de créer un "top twitter" francophone à la suite de la publication par Foreign Policy d'un "Top100 Twitterati". Le journal américain faisait la part belle aux comptes anglophones, qu'à cela ne tienne AGS propose sa version francophone.

Tous les alliés y ont travaillé (enfin presque mais nous ne balancerons pas :-) ! ) et le résultat est disponible ICI.



Je vous propose la liste de quelques twittos africains francophones ci-dessous, complétée de quelques noms.

@Altesse77 : républicain convaincu. Les dessous de la politique en Côte d’Ivoire, les relations régionales… et en ce moment beaucoup (beaucoup) de football.
@Babahmed1 : journaliste malien basé à Bamako et fin connaisseur de la région sécessionniste de l’Azawad. Dans l’œil du cyclone, il nous informe sur la situation troublée de ce pays sahélien.
@CasePalabres : le compte d’Oliver Herviaux, journaliste au Monde (à suivre entre autres sur son blog), qui traite du Maghreb et de l’Afrique de l’Ouest. 
@JuliRengeval Journaliste de RFI basée également en Afrique du Sud
@JusticeJFK : jeune cadre africain, surveille la démocratie à la loupe. Ouvert d’esprit et ouvert sur le monde – sans oublier : un passionné de football, lui aussi.
@leonard_vincent : journaliste et écrivain. Auteur de "Les Erythréens". Il commence tout juste à tweeter mais a tellement chose à nous apprendre sur l'Erythrée qu'il sera vite un must pour les passionnés de la région.
@martinvogl : journaliste freelance à Bamako, se déplaçant au Mali pour recueillir l’avis des populations. Jongle habilement entre l’anglais et le français.
@Seb_Hervieu : lui aussi journaliste, Sébastien Hervieu est basé en Afrique du Sud. Analyses et anecdotes régulières sur ce géant africain et son environnement régional.
@SoloNiare : Solo Niaré, journaliste et écrivain Guinéo-Malien installé en France. Twitte sur la démocratie, la gouvernance, l’éducation… Sans oublier, actuellement, l’Euro 2012.
@soniarolley : Sonia Rolley poursuit depuis peu ses analyses du continent africain sur Twitter. Journaliste de RFI. À suivre.
@wirriyamu2011 : l’actualité togolaise et plus globalement ouest africaine, sur un ton très très caustique…

Et bien sur ce blog : @MorningAfrika !!(qui passe plus de temps à twitter qu'à bloguer dernièrement !)

Sans grande surprise de nombreux twittos francophones sont originaires d'Afrique de l'Ouest. Cette liste est bien entendu non exhaustive alors commentez-la, complétez-la, etc.

lundi 21 mai 2012

L'Afrique en blogs

Nouvelle sélection de blogs sur le continent :



- Géopolitique de la Corne de l'Afrique ICI de Said Ismael

- Afrique défense : ICI  par un historien Jean François Auran


 - Cahiers nomades : ICI 



- Les Echos du Bénin : ICI

- Abidjan sur le pouce : ICI

- Concerne about Africa : ICI

- Amadou Amath Blog sur le Sénégal ICI

Communiquez nous le nom de votre blog !

jeudi 29 mars 2012

Nouveaux blogs

Nous vous proposons une nouvelles fois une liste de nouveaux blogs :

- L'Afrique en face de Vincent Hugueux, l'auteur de "Les Sorciers Blancs, Enquête sur les faux amis français de l'Afrique", et "L'Afrique en face: dix clichés à l'épreuve des faits".



- Le blog d’Israël Yoroba Guebo, un ivoirien, dont le dernier billet décrivant un touriste est criant de vérité !

-Sénégal Médias qui indique être le premier blog des TIC au Sénégal

- Puisque qu'on parle beaucoup de Kony en ce moment, suivez Rosebell's Blog écrit par une journaliste ougandaise

 - Et un site, de recherches en relations internationales : Noria

Nous remercions Philippe Chapleau qui, sur son incontournable blog Lignes de défense, diffuse l'annonce pour la conférence organisée le 5 avril par l'ANAJ-IHEDN et l'Institut Choiseul sur la Corne de l'Afrique. Vous pouvez encore vous inscrire ICI

lundi 13 février 2012

Sortie du second numéro de Jambo

Le Comité "Afrique" de l'ANAJ-IHEDN est heureux de vous annoncer la sortie du numéro 2 de la revue Jambo

Rédigée par des étudiants, chercheurs ou jeunes professionnels membres du Comité Afrique de l’ANAJ-IHEDN, la lettre souhaite montrer à ses lecteurs que le continent africain est un acteur à part entière des enjeux géopolitiques mondiaux. Nos rédacteurs ont une expérience du continent, y ont vécu ou travaillé.
Il s’agit pour eux de faire partager leur intérêt commun pour un continent trop souvent marginalisé dans les médias et la pensée européenne.




Dans ce numéro, Jambo revient sur les racines culturelles du continent avec un article sur la Charte du Mandé alors qu'une autre contribution propose de revenir sur le concept d'identité nationale. Nous poursuivons également notre étude sur la place des acteurs émergents avec une présentation de la politique du Brésil au Mozambique. Sans oublier une interview de Christian Bouquet sur la crise ivoirienne.

Téléchargez gratuitement le numéro 2 de Jambo ICI

lundi 12 décembre 2011

Pluralisation religieuse entre éclatement et concurrence

A lire dans le dernier numéro de Politique Africaine coordonné par Maude LASSEUR et Cédric MAYRARGUE :




Résumé de l'éditeur : " Depuis une vingtaine d’années, l’Afrique connaît une explosion de la religiosité qui se traduit par une multiplication spectaculaire des manifestations de la foi : les nouvelles Églises chrétiennes fleurissent à tous les coins de rue, les grandes confréries islamiques se voient concurrencées par de puissants courants réformistes, de nouvelles croyances se développent en s’appuyant sur des cultes néotraditionnels ou des mouvements transnationaux. La concurrence peut parfois produire de violents conflits, comme au Nord-Nigeria. Comment interpréter cette explosion religieuse qui prend l’allure d’un véritable mouvement social ?
Ce dossier propose une analyse de ces dynamiques religieuses contemporaines sous l’angle de la pluralisation, analysée comme un double processus d’éclatement de l’offre et des pratiques cultuelles, mais aussi d’interactions renouvelées entre acteurs religieux. Il pointe les logiques d’emprunt et de mimétisme qui amènent des mouvements à s’inspirer de leurs concurrents, mais aussi les stratégies de distinction, nécessaires pour s’imposer dans un univers compétitif, qui peuvent parfois susciter des tensions. À partir d’études de cas portant sur des mouvements chrétiens, musulmans ou d’origine asiatique au Sénégal, au Bénin, en Côte d’Ivoire, au Nigeria et à Madagascar, ce volume éclaire ainsi d’un nouveau jour les fils complexes qui se nouent ou se dénouent entre forces religieuses en situation de pluralisme."


Sommaire : ICI

mercredi 16 novembre 2011

Quelles perspectives pour les opérations de maintien de la paix de l'ONU ?

Le Comité "Afrique" de l'ANAJ-IHEDN a le plaisir de vous inviter à sa conférence sur le thème :
QUELLES PERSPECTIVES POUR LES OPERATIONS DE MAINTIEN DE LA PAIX DE L'ONU ?

Autour d’Alain LE ROY,
Ancien Secrétaire général adjoint de l'ONU
chargé des opérations de maintien de la paix

Mardi 29 novembre 2011
19h15 à 21h00

École militaire
Amphithéâtre Desvallières


L’Organisation des Nations Unies reste toujours très présente sur le continent africain et partage aujourd’hui ses missions de paix et de sécurité avec de nouveaux acteurs (Union Africaine, Union Européenne…). Engagée dans des missions souvent longues, cet interventionnisme règle-t-il les problèmes ? Ne sont-elles pas des missions sans fin ?

Alain Leroy reviendra sur son expérience à l’ONU et nous apportera ses éclairages sur les missions qui l’ont mobilisées ces trois dernières années (côte d’Ivoire, Soudan).

INSCRIPTION OBLIGATOIRE AVANT LE 26 novembre

Inscription obligatoire avant le 26 novembre à l'adresse : http://tinyurl.com/anaj-

Informations : afrique@anaj-ihedn.org

mercredi 9 novembre 2011

La gestion française des expatriés en temps de crise

L'ANAJ-IHEDN est heureuse de vous inviter à sa prochaine conférence sur le thème :

La gestion française des expatriés en temps de crise
Mercredi 16 novembre 2011
19h30 à 21h30
École militaire Amphithéâtre Desvallières




Cette conférence a pour objectif de comprendre la méthode française d'évaluation du risque et de gestion de nos ressortissants en temps de crise. Les visions des autorités et des entreprises seront à cette occasion confrontées pour comprendre comment une coopération se met et place ainsi que les perspectives d'évolution.
Les intervenants :

- Monsieur Olivier DIDIO, Responsable des opérations de sûreté internationale pour le groupe GEOS

- Monsieur Charlie MARTIN, Responsable sûreté Europe-Moyen-Orient & Afrique de RIO TINTO

- Colonel Joëlle VACHTER, Ancienne responsable de la sécurité des représentations diplomatiques au ministère des Affaires étrangères et européennes; ancien commandant du dispositif de la gendarmerie nationale au sein de la Force Licorne (Côte d'Ivoire)

Télécharger le flyer

Inscription OBLIGATOIRE à l'adresse : http://tinyurl.com/anaj-international

Contact : conference-international@anaj-ihedn.org

dimanche 25 septembre 2011

Le rôle des Nations-Unies dans la gestion de la transition en Côte d'Ivoire

L'IFRI organise le 27 septembre de 17:00 à 19:00 une conférence autour de Choi Young-Jin, ancien représentant spécial et chef de l'Opération des Nations-Unies en Côte d'Ivoire (ONUCI), sur le rôle des Nations-Unies dans la gestion de la transition en Côte d'Ivoire


Résumé : "Autrefois pays modèle en Afrique de l'Ouest, la Côte d'Ivoire a connu ces dernières années une crise politico-militaire sans précédent qui a occasionné d'innombrables bouleversements. L'ONUCI, dont le déploiement en Côte d'Ivoire a débuté le 4 avril 2004, s'est vue confier par le Conseil de sécurité la mission de contribuer à la pacification du pays. L'organisation des élections devait être l'aboutissement de ce processus mais n'a pu empêcher une résurgence de la crise avant l'arrestation de Laurent Gbagbo et l'investiture de Alassane Ouattara le 21 mai 2011."
Inscription : ICI

mercredi 8 juin 2011

Blé Goudé, sauveur Ivoirien...?

Dans sa dernière édition, l'hebdomadaire Jeune Afrique nous offre une interview de Charles Blé Goudé (au passage cela confirme qu'il est bien vivant...). Celui qui fut accusé d'incitation à la haine raciale par l'ONU adopte un ton beaucoup plus mesuré quoique :
-"si quelqu'un doit être récompensé et félicité pour ses activités en faveur de la paix, c'est Blé Goudé Charles. Il faut le reconnaitre humblement. J'ai permis à la Côte d'Ivoire d'éviter la catastrophe à plusieurs reprises. Malheureusement, ce n'est pas reconnu "
-sur l'arrestation de Gbagbo : "Cela m'a rappelé Patrice Lumumba livré aux hommes de Mobutu et de Tshombe",
-des comparaisons très hazadeuses lorsqu'il répond sur ses éventuels regrets d'avoir émis des propos ultranationalistes : "Quand le général de Gaulle a appelé depuis Londres les Français à libérer la France, était-il un leader ultranationaliste ?"
-Et aux accusations d'incitations à la violence : "j'ai appelé à la résistance aux mains nues lors de mes meetings. C'est cela que vous appelz de la violence ! (...) Les Jeunes patriotes ont organisé des sit-in comme les jeunes espagnols en ce moment à Madrid. Mais puisqu'ils sont africains, on considère qu'ils sont violents. C'est du racisme".
Sans commentaire, la suite dans le numéro 2630 du 5 au 11 juin 2011 de Jeune Afrique (p.22-23)

Vidéo Charles Blé Goudé appelle à "libérer" le QG de Ouattara

mardi 12 avril 2011

Côte d’Ivoire : et maintenant ?

Alors que Laurent Gbagbo est tombé, que Human Rights Watch vient de publier un rapport révélant les exactions des troupes d’Alassane Ouatara (ICI), après les hostilités généralisées et les massacres à grande échelle, une page semble se tourner en Côte d’Ivoire.
Néanmoins le chemin sera encore long.
 

Le pays doit se reconstruire, économiquement bien sûr, mais surtout les Ivoiriens doivent trouver l’envie de vivre ensemble, de créer un cohésion nationale. Des dispositions devront être prises concernant le désarmement et la démobilisation, la réinsertion des militaires, la restructuration des forces de défense et de sécurité, la restauration de l’administration et des services publics… Il faudra aussi poursuivre les responsables et les auteurs de crimes graves. Bien sûr il devrait y avoir une solution pénale pour les politiques impliqués dans la crise mais surement aussi une solution réconciliatrice au niveau nationale pour résoudre les divisions au sein de la population.
Le Rwanda ou l’Afrique du Sud (South African Truth and Reconciliation Commission), l’Argentine, le Chili ont vécu ces périodes délicates de justice post conflictuelles.
Pour Stéphane Leman-Langlois : « Les commissions de vérité promettent de contourner les principaux écueils qui se dressent sur le chemin des pays nouvellement démocratiques : les demandes de justice des victimes, les appréhensions des responsables (dont certains sont toujours au pouvoir), les demandes de la communauté internationale et le fragile équilibre social qui s’est installé entre les différentes factions. » et de préciser les éléments communs à toutes ces commissions : « le premier est bien sûr que l’histoire récente du pays a été marquée par des actes auxquels on juge devoir donner une suite officielle. Le second est la fragilité perçue de l’administration de l’État. Généralement le fait d’une transition politique très récente et souvent inachevée, le gouvernement adoptant une telle institution en décide dans ce qu’on pourrait qualifier d’état de crise – même si la situation paraît tout de même relativement stable pour la population locale, qui peut, par exemple, sortir tout juste d’une guerre civile. »

samedi 5 février 2011

Colloques cette semaine

lundi 7 février (9h30) Conférence de presse de présentation du nouveau trimestriel : AFRICA24 Magazine autour d’un petit déjeuner - AFRICA24 Magazine est un trimestriel de 200 pages, haut de gamme, basé sur l’analyse et la vision d’experts et de leaders entièrement dédié à l’économie Africaine, aux enjeux géopolitique et aux défis du continent.
Lieu : Restaurant LADURÉE, 75 av des Champs Elysées, Paris 8è - Rens. Et inscription avant le 3 février 01 47 03 31 95 direction@etnium.com africa24mag@etnium.com

mercredi 9 février de 11h à 13h
: Conférence dans le cadre du séminaire Afrique australe : Etat, Sociétés et Problèmes sociaux. Le séminaire organisé sous la responsabilité de Jean Copans et Ingolf Diener, propose d’analyser la dynamique des relations sociales et politiques dans les pays d’Afrique australe et dans la région en tant que telle. L’accent sera mis sur les dynamiques des sociétés post-coloniales et post-apartheid. - Lieu : Centre d’Etudes Africaines, salle de réunion (Ceaf) , 2e étage, 96 bd. Raspail, Paris 6è - Rens. : diener.ingolf@neuf.fr www.ipt.univ-paris8.fr/cerasa/

mercredi 9 février de 17h45 à 19h45 rencontre-débat sur : « Diaspora et Panafricanisme »
Aujourd’hui, le panafricanisme anime les rêves et les réflexions d’une diaspora africaine dispersée dans le monde qui se vit comme porteur d’une vision et d’un humanisme dont on sent bien l’importance de sa contribution à la marche de notre planète. Avec Patrice Yengo, anthropologue, professeur à l’Ecole des Hautes Etudes en Sciences Sociales EHESS ; Lazare Ki-Zerbo, Burkinabé, philosophe de formation (doctorat à Poitiers en 1994), co-auteur du Recueil de textes sur le Mouvement panafricaniste au vingtième siècle (OIF, Paris), et Etudes africaines de géographie par le bas (CODESRIA). Chargé de projets droits de l’Homme à la rancophonie. http://fondationki-zerbo.org - dans le cadre du cycle I, 2010-2011, consacré au thème : « Que peuvent les productions littéraires africaines ? » - Lieu : Ecole Nationale d’Administration (ENA), amphithéâtre Parodi, 2 av de l'Observatoire, Paris 6ème, RER B : Luxembourg, Bus : 38 et 82 ) - Rens 01 43 48 14 67 cade@afrique-demain.org http://www.afrique-demain.org

vendredi 11 février de 9h30 à 12h30 Conférence-Débat :Les processus électoraux en Afrique, vecteur de démocratisation ou d'instabili
té ? Études de cas : Côte d'Ivoire, Guinée, Kenya autour de : Nicholas Cheeseman, Chercheur au Centre d'Études Africaines d'Oxford ; Mathieu Merino, Chercheur CREPAO-CEAN, Chargé de missions d'observation électorale; Gilles Yabi, Directeur du Bureau de Dakar de l'International Crisis Group; Alain Antil, Responsable du programme Afrique subsaharienne de l'Ifri; Vincent Darracq, Chercheur invité à l'Ifri (Programme TAPIR) - Lieu : Ifri, salle de conférence, 27 rue de la Procession, Paris 15è, M° Volontaires (12) ou Pasteur (6) - rens. Victor Magnani 01 40 61 60 88 , 01 40 61 60 00 magnani@ifri.org ifri@ifri.org

vendredi 28 janvier 2011

Badie sur la démocratie et les élections

Le jeudi 20 janvier dans un chat sur le MOnde.fr Bertrand Badie a donné son analyse des évènements en Côte d'Ivoire et en Tunisie, extraits :

" (...) Une élection n'a de sens que si elle est approuvée comme mode de régulation politique par tous ceux qui y participent. Autrement dit : pas d'élection sans démocratie instituée, pas de démocratie possible sans Etat installé, et pas d'Etat concevable sans nation construite autour d'un contrat social. On voit bien, par exemple dans le cas ivoirien, que le vrai défi d'une élection est de faire en sorte que la minorité battue tienne son échec pour légitime. (...)


En bref, l'organisation matérielle d'élections dans des pays qui ne sont pas arrivés à bout de leur guerre civile et où la puissance publique n'est pas parfaitement structurée et légalisée a peu de chances d'aboutir à des résultats probants. Maintenant, si les élections sont contestées et si, comme en Côte d'Ivoire, le candidat réputé défait refuse d'admettre son échec, la "communauté internationale" peut-elle le faire changer d'avis ? Et comment ? Un candidat qui obtient 47 % des suffrages ne peut pas être tenu pour un dictateur isolé. Il a une base sociale. Dans le cas ivoirien, il incarne presque la moitié du pays. Une opération de commando à la Noriega ne serait donc pas suffisante. La vraie question qui se pose est de savoir si une armée étrangère peut reconstituer par la force un contrat social déchiré.(...)

La principale erreur des Nations unies est d'avoir pensé un processus électoral dans un contexte de démilitarisation et de démobilisation inachevées : l'Onuci n'a pas su faire ce qu'avait réussi la Minul au Liberia ou la Minusil en Sierra Leone. Le principal rôle de l'acteur onusien est de créer les conditions d'une vraie compétition électorale. En Côte d'Ivoire, l'élection n'apparaissait que comme le prolongement de la guerre intestine amorcée en 2002 en mobilisant d'autres moyens.
On ne s'étonnera pas que les résultats électoraux soient eux aussi le prolongement de la guerre civile par d'autres moyens. (....)

On est en fait confronté, à travers cette expérience, au danger de vouloir mêler, voire confondre, le rôle du juge et celui du médiateur. Etre médiateur suppose d'occuper une position intermédiaire et équidistante entre deux protagonistes ; être juge consiste à donner raison à l'un contre l'autre. Il s'agit bien, donc, de deux rôles distincts. Les Nations unies ont, dans l'affaire ivoirienne, jugé. Nous n'avons pas les moyens d'établir ici si elles ont accompli cette tâche de manière correcte. Mais s'y étant installées, elles s'interdisent désormais de jouer le rôle de médiateur. D'où l'apparition de toute une série d'acteurs nouveaux qui s'efforcent de tenir ce rôle ainsi laissé vacant : des chefs d'Etat de la Cédéao, le premier ministre kényan, ou, tout au début, l'ancien président sud-africain.(...)"

Sur la Tunisie : " (...) D'abord, la dictature a fait oublier la culture démocratique, a rasé la vie politique, a cassé les forces d'opposition et a aboli le débat public. Une élection n'est pas possible ni légitime sans que tous ces éléments se trouvent préalablement restaurés. D'autre part, cette révolution a une particularité remarquable : c'est peut-être la vraie première révolution post-léniniste que nous connaissons. C'est-à-dire sans leader, sans organisation, sans interlocuteur, donc, qui puisse parler au nom du mouvement social ou le confisquer. Or, l'élection est fondamentalement une institution élitiste, qui suppose un personnel politique, des partis, bref, une oligarchie qui sera portée par les urnes. Un temps de latence devient indispensable pour que se constitue cet autre préalable nécessaire.(...)

Prenons-la [la démocratie] comme un idéal, c'est-à-dire faisons-en une valeur partagée par tous, c'est-à-dire reconstruite par ceux-là même auxquels elle est censée s'adresser. Sa faiblesse se trouve dans sa dérive procédurale, dans son universalisme naïf, dans son formalisme, dans la volonté de plaquer et d'imposer de l'extérieur des modèles tout faits auxquels on ne cherche même pas à faire adhérer ceux auxquels on veut l'adresser. Peut-être que le fond du problème est là ; nous avons oublié chez nous que la démocratie était un idéal, nous n'en retenons plus que l'aspect facile de technique de gouvernement : on l'exporte telle quelle et on veut en faire en plus une technique d'action diplomatique ; on a alors tout faux.

samedi 22 janvier 2011

Posture délicate pour la Chine en Côte d'Ivoire

Voici l'article de la lettre TTU du 5janvier 2011 intitulé "Double jeu chinois a Abidjan" il m'a semblé intéressant de le reprendre ici.

« Depuis qu’il avait offert du matériel à la commission électorale ivoirienne début sept, l’ambassadeur de Chine a Abidjan, Wei Wenhua, ne sait plus où donner de la tête pour faire apparaitre son pays comme intercesseur entre les 2 camps. Cet africaniste chevronné, ancien ambassadeur au Mali, a d’abord suivi la logique du PC chinois pro-Gbagbo, lequel dans sa jeunesse était militant pro-chinois. Pékin l’avait défendu quand il était tombé en disgrâce aux yeux de Paris, ce dont témoignera son voyage en Chine en avril 2002 et le soutien conséquent de Pékin contre Ouattara (soutenu par le Burkina Faso, principal relais de Taiwan). Des grands équipementiers chinois faisaient alors pression en ce sens, Ouattara apparaissant comme un poulain de Bouygues. Mais les Chinois continentaux veulent se maintenir en Côte d'Ivoire quoi qu’il arrive. Aussi, dès l’année passée, l’ambassadeur Wei avait consacré Ouattara comme « grand ami de la Chine ». A Pékin, on essaie de comptabiliser les éléments favorables dans les 2 camps. Les responsables de la commission militaire font valoir qu’ils ont d’excellents contacts avec l’armée régulière, tandis que les services spéciaux chinois ont réussi un coup de maître : installer, clés en main, l’intranet gouvernemental et le système téléphonique interministériel de Gbagbo l’année dernière, pouvant ainsi suivre en temps réel les mouvements de ce dernier. »

vendredi 3 décembre 2010

Le Conseil constitutionnel ivoirien acquis à Gbagbo


Vers 18 heures jeudi, la Commission électorale indépendante (CEI) a annoncé qu'Alassane Ouattara avait obtenu 54,1% des voix, contre 45,9 % des suffrages pour le président sortant Laurent Gbagbo.A peine une heure et demie plus tard, le Conseil constitutionnel ivoirien a invalidé les chiffres au prétexte que «la CEI a épuisé son délai pour donner des résultats provisoires» et n'est donc «plus à même de décider quoi que ce soit», a précisé son président, Paul Yao N'dré (photo), un proche de Laurent Gbagbo (ethnie dida, proche l'ethnie bété de Gbagbo).

La nouvelle n'est pas surprenante et au regard de la composition du conseil constitutionnel le scénario était prévisible. En effet, il y a quelques semaines la Lettre du Continent titrait l'un de ses articles "Un Conseil constitutionnel impartial ?" Pour en reprendre les grandes lignes :
- mi-octobre les locaux du Conseil ont été transférés du Plateau à Abidjan dans la commune de Cocody et placés sous haute surveillance;
- avant le lancement de la campagne, en août 2009, Laurent Gbagbo, avait nommé "pour la première fois un président non issu de la magistrature à la tête du Conseil.
- Les 6 autres conseillers appartiennent également au sérail, à l'instar de Timothée Ahoua N'Guetta." Ancien confident et ministre du président de Bédié qui s'est rapproché de Gbagbo. IL a même été en 2006 l'un des membres fondateurs du Congrès National de la résistance pour la démocratie dirigé par...Simone Gbagbo.
- L'avocat Jacques André Daligou Monoko a quant à lui été l'un des défenseur de Gbagbo lors du procès liés aux évènement du 18 février 1992.
- Bruno Epko Walé et Félix Kouakou Tano sont proches du président de l'Assemblée nationale Mamadou Koulibaly;
- la communication du Conseil est assurée par Dan OPeli et Paul Tayoro, deux anciens du journal Notre Voie fondée par Laurent Gbagbo....Un Conseil vraiment impartial vous dit on !
Il semble loin le temps où Laurent Gbagbo annonçait souhaiter « consacrer l’entrée dans la démocratie, pour bâtir la paix et construire la prospérité » (message de vœux à la Nation pour 2010).

Source : Lettre du COntinent

A lire : "Côte d'Ivoire : des manifestations pour réclamer les résultats des élections aux violences d'après-résultats ?" sur le site de l'alliée, Bénédicte Tratnjek, Géographie de la ville en guerre
ON lira également avec intérêt : "L'éligibilité d'un naturalisé : une création du COnseil constitutionnel" ICI

mardi 9 novembre 2010

Gbagbo et le PS : chabadabada...


En 2000 la France est en période de cohabitation et la Côte d'Ivoire organise un scrutin présidentiel. Ce scrutin est boycotté mais Gbagbo est élu avec 12% des voix. Légal mais non légitime c'est la France qui légitimera ensuite cette élection. La suite on la connait Gbagbo radicalisera le concept d'ivoirité (développé par Bédié après la mort d'Houphouet BOigny (1993) afin d'écarter des élections Ouattara et de fait les populations du Nord).
Ajourd'hui l'histoire se répèterait presque. Le 17 octobre Jack Lang a assisté à un meeting électoral du président/candidat ivoirien : "Merci, merci Laurent pour ton courage, pour ton action, pour ta fidélité à la gauche, pour ton engagement pour la démocratie (...)Merci cher Laurent pour le combat exemplaire que tu mènes, nous sommes fiers de toi (..)". La veille 2 émissaires de Dominique Strauss-Kahn suivaient Gbagbo à Daloa.
Rappelons que "le démocrate Gbagbo" a bénéficié d'un "mandat cadeau" de 5 ans à la tête de la Côte d'Ivoire après 5 reports de l'élection" ICI
L’ancien président ivoirien Henri Konan Bédié, arrivé troisième lors du premier tour de l’élection présidentielle du 31 octobre, a appelé avant hier ses partisans à appuyer l’ex-Premier ministre Alassane Ouattara durant le second tour du scrutin, prévu le 21 novembre.

Source : La lettre du continent

samedi 30 octobre 2010

La Côte d'Ivoire sous le feu des projecteurs

Les élections présidentielles auront (enfin...) lieu demain en Côte d'Ivoire. Sans grande surprise l'actuelle président, Laurent Gbgabo devrait être réélu. Ou plutôt devrait-on dire élu puisqu'il a bénéficié d'un "mandat cadeau" de 5 ans après 5 reports des élections. Les cartes d'électeurs et d'identité sont encore en cours de distribution (processus d'identification) or c'est ce problème qui est à l'origine de la crise qui divise le pays depuis 2002.
Selon Jeune Afrique, « le président a décrété la journée de vendredi fériée pour permettre la distribution effective aux retardataires des cartes électorales ».

J'avais déjà consacré un billet à cette question, j'en reprends ici l'essence : "Dès lors, depuis que le processus de paix est engagé, les Forces Nouvelles (ex-Rébellion) ont toujours exigé l'identification avant tout désarmement pour ainsi ouvrir la voie à des élections justes et ouvertes à tous les Ivoiriens alors que le président GBAGBO et ses partisans ont au contraire toujours soutenu que le désarmement et la réunification du pays devaient précéder l'identification" rappelle Webthemic. Dans son billet il modélise le processus électoral ainsi :

1. 2003-2004 : Montée en puissance de la visibilité médiatique de la thématique du "désarmement/réunification".
2. 2005-2006 : La visibilité médiatique de la thématique du "désarmement/réunification" atteint un sommet.
3. 2007-2009 : La thématique de l' "identification" est cette fois-ci nettement plus visible que la thématique du "désarmement/réunification", médiatiquement parlant.

Le président Gbgabo a déclaré aujourd’hui devant des milliers de ses partisans rassemblés dans un stade d’Abidjan « nous allons réhabiliter la politique et après, plus jamais aucun Ivoirien ne prendra les armes ». Le président du conseil d’administration de l’Agence des télécommunications de Côte d’Ivoire, Souleymane Coty Diakité, a affirmé que la diffusion de SMS sera suspendue de dimanche jusqu’à mardi.

Sources : Opérations de paix

samedi 23 octobre 2010

BBC : débat sur les élections en Côte d'Ivoire

Aujourd'hui la BBC propose un débat sur l'élection en Côte d'Ivoire du 31 octobre 2010

Quels sont les enjeux de ce scrutin ? Cette élection sera-t-elle libre et transparente ? Préfigure-t-elle un retour définitif de la paix en Côte d'Ivoire?

Participez à l'émission l'Afrique en direct en envoyant un SMS au : 00 44 77 86 20 50
Vous pouvez aussi les contacter par e-mail à l'adresse suivante : bbcafrique@bbc.co.uk