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dimanche 5 novembre 2023

Les dernières nouvelles du continent (17)

Presque trois ans sans article sur ce blog... le temps d'une expatriation. Trois ans également, pratiquement jour pour jour, que le conflit au Tigré a éclaté. Au cours de ces mois, les coups d’État se sont enchainés sur le continent, la France ne semble plus avoir de politique à proposer à ses partenaires et se montre souvent dépassée par la marche du monde. Les conflits systémiques en Europe et au Moyen Orient trouvent une chambre d'échos sur le continent africain mais l'attention s'en détache. 

 

Le métier de chercheur nous impose de faire un pas de côté, d'expliquer les évènements - sans les justifier - et de donner un sens au monde qui nous entoure. Alors que notre société du spectacle semble se transformer en spectacle de l’horreur, plus que jamais le chercheur doit faire entendre sa voix dans l'espace public. Dans le bouillonnement informationnel actuel, il est souvent difficile pour nos étudiants et pour le grand public de faire le tri et de trouver l'information pertinente. J'entends donc reprendre ici mes veilles d'internationalistes avec un focus sur les Afriques, en me concentrant sur les contributions francophones en complément de la formidable newsletter de Jeffrey Paller (en anglais).

 

Corne de l'Afrique

 

Le 2 novembre 2022, le gouvernement fédéral éthiopien et les rebelles du Tigré signaient à Prétoria un  accord mettant fin à deux ans de guerre. Pourtant, un après, le pays est toujours en guerre. Le Premier ministre et prix Nobel de la paix souhaite démanteler les milices, or se sont justement les milices amhara (Fano) qui ont combattu auprès des troupes fédérales au Tigré et qui refuse désormais de rendre leurs armes. Les anciens alliés érythréens refusent également de se retirer. Un diplomate interviewé par Noé Hochet-Bodin pour Le Monde tranche : « L’espoir est devenu cauchemar (...) Nous pensions assister à un tournant historique pour l’Ethiopie, mais en réalité cet accord avait un handicap dès sa signature : il n’incorpore pas les forces amhara ni l’Erythrée, deux acteurs de la guerre. » Avec au moins 371 971 combattants, le processus de démobilisation sera le plus important au monde et devrait coûter 849 millions de dollars sur une période de quatre à cinq ans. Et si pour souder les Éthiopiens et désenclaver le pays, il fallait créer un nouvelle guerre contre l'ErythréeKen Opalo estime crédible les arguments économiques avancées par Abiy Ahmed en faveur du désenclavement. Dans l'ensemble, les pays enclavés ont tendance à être 20 % moins développés qu'ils ne le seraient s'ils avaient accès à la mer. Cela s'explique en partie par le coût du commerce, les frais de transport étant de 50 à 262 % plus élevés pour les pays enclavés. Pour le moment le Tigré est exsangue.

 



Le désintérêts pour ce conflit fait dire à Gérard Prunier que "La mort d’un Noir vaut moins que celle d’un Blanc(*) et les cadavres éthiopiens d’une guerre qui a compté au moins quatre fois autant de pertes que la guerre en Ukraine en sont une preuve de plus." Esther Duflo revient sur cette invisibilisation dans sa chronique sur France culture.  

 

La Somalie annonce sa candidature à un siège non permanent au Conseil de sécurité des Nations unies pour une période de deux ans (2025-2026). Actuellement, le continent dispose de trois sièges non permanents occupés par le Mozambique, l'Algérie et la Sierra Leone.

 

Le Soudan est aujourd’hui l'une des pires catastrophes humanitaires au monde, avec plus de 5,6 millions de personnes déplacées, 9 000 morts dans les combats, 860,000 réfugiés et rapatriés qui pourraient fuir vers les pays voisins en raison de la violence au Soudan au cours des six prochains mois. On estime à 19 millions le nombre d'enfants non scolarisés. Laurent Larcher s'est rendu dans les camps de réfugiés soudanais au Tchad auprès des « anciens» réfugiés arrivés du Darfour en 2003 qui voient arriver les nouveaux réfugiés de la guerre d'avril 2023.

 


 

Israël/Palestine

 

Le 7 novembre, nous réfléchirons à l'ENS aux réactions mondiales à cette guerre.  Je propose ici quelques éléments de réponses pour les Afriques, complétés par Afrique XXI qui évoque une "indifférence" des pays africains dans leur ensemble. Al Shabaab pourrait intensifier ses attaques en Somalie et au Kenya alors que l'opération de maintien de la paix de l'Union africaine en Somalie se réduit. Al-Shabaab a publié une déclaration saluant la « bravoure » des combattants du Hamas et leur apportant son soutien total. Pour Alex de Waal, c'est toute l'architecture de sécurité de la mer Rouge qui est en jeu : "La mer Rouge est stratégique pour Israël. Un quart du commerce maritime israélien est traité dans le port d'Eilat, situé dans le golfe d'Aqaba, un bras de mer de la mer Rouge. Eilat est la porte arrière d'Israël, vitale au cas où la côte méditerranéenne serait menacée. Israël considère depuis longtemps les pays riverains de la mer Rouge - Jordanie, Égypte, Arabie saoudite, Yémen, Soudan, Érythrée, Djibouti et Somalie - comme des pièces du puzzle de sa frontière de sécurité élargie." Gilles Yabi explore les raisons pour lesquelles la réponse de l’Union africaine ne reflète pas celle de l’ensemble des pays africains.


Afrique de l'Ouest/Afrique centrale côtière


En Guinée, Dadis Camara a été exfiltré de prison par un commando armé puis réarrêté dans la même journée (lire ce livre sur les violences politiques dans le pays). Depuis un an, se déroule son procès ainsi que dix de ses co-accusés, soupçonnés d’être les responsables du massacre du 28 septembre 2009. Pour Catherine Maia "la démonstration est  faite que même un État tel que la Guinée, aux moyens limités et à la stabilité politique relative, peut organiser efficacement et équitablement des procès d’auteurs de graves violations des droits humains".

Le Centre d'études stratégiques de l'Afrique propose une analyse (avec carte et tableau) sur les limites constitutionnelles de la durée au pouvoir des dirigeants africains. On apprend que "sur les 54 pays d’Afrique, en comptant les huit pays supplémentaires qui ne sont pas dotés de restrictions de mandats, 30 pays (soit 56 %) fonctionnent sans limites sur l’échéance au pouvoir du président."

 



Afrobarometer propose un nouveau sondage sur les brutalités policières : pour 4 Africains sur 10 la police fait "souvent" ou "toujours" un usage excessif de la force sur les manifestants et les arrêtés.  Voir la dernière analyse de Afrobarometer dans The continent.  

 


 

Publications 

 

De nombreux travaux ont montré l'importance que peuvent avoir les artistes dans les mouvements de contestation notamment en Afrique ou la dénonciation des ingérences étrangères (Didier Awadi dans son dernier album par exemple). Néanmoins, "peu d’études ont adopté une perspective comparative pour établir une analyse macro-systémique des réseaux translocaux où ces artistes engagés se fréquentent, des types de mobilités et de ressources qu’ils mobilisent, et des contraintes différenciées qu’ils rencontrent", c'est ce que propose ici Alice Aterianus-Owanga pour la Revue internationale de politique comparée.

Moussa Bobbo présente dans cette étude de l'IFRI le bilan du Programme national de Désarmement, démobilisation et réinsertion (DDR) créé en 2018 au Cameroun. Il dépeint un bilan sombre faut de volonté politique et de financement.

Dans son étude " Centrafrique : la fabrique d'un autoritarisme" le sociologue Roland Marchal explore la construction du pouvoir du Président Faustin-Archange Touadéra. Selon l'auteur, le pays est "un État déliquescent (...) [qui] sait jouer de ses propres faiblesses et d'une configuration régionale et internationale particulière pour aujourd’hui contraindre le champ politique et terroriser sa propre population en construisant un ennemi forcément étranger et en instrumentalisant la Russie pour sa pérennisation".

A retrouver chez Karthala "L'Enchevêtrement des crises au Sahel Niger, Mali, Burkina Faso" de Jean-Pierre Olivier de Sardan.

J'ai hâte de lire cette BD sur Thomas Sankara (dès que mon chat me l'aura rendu...). On me dit également le plus grand bien du deuxième roman de Kayo Mpoyi, "L'echo des silences de Mère". Il est question de mémoire, d'exil, de silence et du Congo. Les fans ne manqueront pas la sortie du 8ème tome des aventures de Aya de Yopougon.


 


Dans ce tweet Elara Bertho nous présente quelques œuvres contemporaines actuellement exposées au Musée des civilisations noires de Dakar.

 



dimanche 3 novembre 2019

Dernières nouvelles du continent (9)


Passionnantes interviews sur E-International Relations. Six chercheurs répondent aux questions suivantes : pensez-vous que la discipline des Relations internationales est parvenue à intégrer les recherches, les idées et l'histoire des People of Color ? Qu'est-ce qui pourrait être amélioré ?
Sur la façon dont la musique de Fela permet de décoloniser les études de droit : lire ICI
Malgré de nombreuses publications démontrant l’échec du state-building, des millions restent investi pour la reconstruction étatique de certains pays sur un modèle wéberien d’Etat centralisé. Cet article montre les risques d’une telle approche : « For example, many highly centralized governments prey on their own citizens and are therefore prone to civil unrest, conflict, and collapse.(…) centralization may also alienate local elites, resulting in a return to conflict and violence in states subjected to foreign state-building. Another risk is that centralization undermines the quality of public administration by making it largely unresponsive to local demands.”
Je suis ravie de voir aboutir ce projet : la publication d’un ouvrage collectif Diplomacy and Borderlands. African Agency at the Intersections of Orders, dirigé par Katharina P. Coleman, Markus Kornprobst, Annette Seegers. La presentation du livre : “This book examines Africa’s internal and external relations by focusing on three core concepts: orders, diplomacy and borderlands. The contributors examine traditional and non-traditional diplomatic actors, and domestic, regional, continental, and global orders. They argue that African diplomats profoundly shape these orders by situating themselves within in-between-spaces of geographical and functional orders. It is in these borderlands that agency, despite all kinds of constraints, flourishes”. J’y rédige un chapitre sur …la Corne de l’Afrique : “Establishment of a New Regional Order in the Horn of Africa”.

J’ai hâte de lire la dernière publication de Nic Cheeseman et Jonathan Fisher : « Authoritarian Africa: Repression, Resistance, and the Power of Ideas”. Les deux chercheurs présentent l’ouvrage ICI. Ils proposent une évaluation de l’héritage colonial et son impact sur les systèmes politiques en Afrique.
Afrique centrale 
Le dernier bulletin FrancoPaix revient sur la situation au Cameroun où le Président Paul Biya subit de plus en plus les pressions nationales et internationales.
International Security publie un article sur le continent africain et en particulier sur le retour des réfugiés et de la violence au Burundi après le conflit. Et The Journal of Modern African Studies publie un article sur le nationalisme des survivants du génocide des Tutsis au Rwanda.
Corne de l’Afrique
Excellente émission où René Lefort explique la situation dans la région d’Oromia où près de 80 personnes ont trouvé la mort. J’ai hâte de lire le dernier rapport de l’Observatoire de l’Afrique de l’Est : « L’échec des politiques du Premier ministre Abiy Ahmed pour endiguer les conflits ‘ethniques’ en Éthiopie » par Jeanne Aisserge. On lira également cet article dans Third World Quaterly : « Politics of exclusion and institutional transformation in Ethiopia ».
Paul D. Williams vient de publier deux nouveaux articles sur la Somalie. Dans « Lessons for “Partnership Peacekeeping” from the African Union Mission in Somalia” il revient sur la spécificité du modèle de l’AMISOM, une mission basée sur de nombreux partenariats. Il y propose des recommandations pour reconduire ce modèle et le rendre plus effectif. Dans « Urban peacekeeping under siege: attacks on African Union peacekeepers in Mogadishu, 2007–2009” il revient sur les violences urbaines auxquelles la mission a dû faire face et les conséquences sur ses activités.
Depuis 2015 le conflit au Yémen a fait plus de 100 000 morts dont 20 000 en 2019 ce qui fait de cette année la plus meurtrière après 2018. ACLED’s Yemen, en partenariat avec Yemen Data Project , recense toutes les attaques.

Afrique de l’Ouest
Dans cet article sur les difficultés du Nigéria à lutter contre Boko Haram, les auteurs montrent que les analyses ont, jusqu’à présent, beaucoup insisté sur les difficultés de gouvernance au Nigéria et pas suffisamment sur sa politique étrangère. L’hypothèse de l’article est que le rôle de puissance régionale du Nigéria a empêché toute intervention internationale et réduit les pressions extérieures sur Abuja. Ainsi, les États dits «faibles» peuvent simultanément être puissants sur le plan international et faire face aux pressions.
Alors que l’EI a revendiqué l’attaque qui a coûté la vie à 54 Maliens, Critical Threats propose une analyse des mouvements djihadistes sur le continent africain.

Arts et littérature
120 ans après sa parution aux Etats-Unis, l’ouvrage « Les Noirs de Philadelphie » de W. E. B. Du Bois est traduit en français !
Visionnez cet entretien avec Souleymane Bachir Diagne. Il y présente son parcours et son œuvre.
Je viens de tourner la dernière page de « Kanzenchis se tait le dimanche », par le journaliste Vincent Defait, avec beaucoup de nostalgie. Salomon et Mitiku, deux amis d'enfance, se retrouvent pour la Pâques orthodoxe (Fassika). Le livre fait le récit de leur trajectoire et celle l'Ethiopie contemporaine. 

 « Pourquoi tu danses quand tu marches ? » le dernier roman d’Abdourahman Waberi reste en liste pour le Prix Renaudot !

 Conférences et appels à communications
Appel à contributions pour un prochain numéro de la revue Sources: Revue interdisciplinaire sur les matériaux et leurs usages dans les études africaines (UMIFRE Afrique et LAM Bordeaux):"Savoirs environnementaux et nature(s) en Afrique : Collecter, produire et analyser des matériaux de recherche" coordonné par Luisa Arango (Université de Strasbourg), Emilie Lavie (Université Paris Diderot, UMR Prodig) et Emilie Guitard (UMR prodig) La ligne éditoriale est axée sur les matériaux de recherche.
La deuxième séance du Séminaire sur les Approches Postcoloniales du CERI (Sciences Po) et du Ceped (Université Paris Descartes) se tiendra le mardi 5 novembre 2019 de 17h à 19h au Centre de recherches internationales (56 rue Jacob, Salle Jean Monnet) avec l’intervention d’Audrey Alejandro (LSE): "La critique (post-coloniale) est-elle eurocentrique ? Une sociologie politique internationale de la 'domination occidentale' dans la discipline des Relations internationales". La présentation s'inscrit dans les réflexions engagées par l’intervenante dans son récent ouvrage Western dominance in International Relations? The Internationalisation of IR in Brazil and India (Routledge, 2019). L'inscription à cet événement est obligatoire ICI.
Laurent Touchard avait publié, en autoédition, en 2017 Forces armées africaines : Organisation, équipements, état des lieux et capacités. Un véritable outil de recherche. Il vient de lancer une souscription dans le but de financer la mise à jour de son livre.

Pour recevoir cette lettre directement par mail rendez vous sur la colonne de droite : "Suivez l'actualité du blog par mail".

mercredi 18 mai 2011

Publication : la politique africaine de la France sous la présidence de Nicolas Sarkozy

L'accouchement aura été très long mais voici enfin le dernier numéro de Dynamiques internationales consacré à la politique africaine de la France sous la présidence de Nicolas Sarkozy. Vous pouvez consulter toutes les contributions de cette revue en ligne ICI

Le sommaire du quatrième numéro de Dynamiques Internationales :

- Introduction, par Amandine Gnanguênon

- La politique africaine de Nicolas Sarkozy au prisme des relations franco-tchadiennes, par Jean-Marie Chasles

- Djibouti et Abu Dhabi : rupture ou continuité de la stratégie nationale de sécurité, par Patrick Ferras

- La politique africaine de la France au Conseil de Sécurité de 2007 à 2010 : un virage multilatéral confirmé ?, par Hélène Gandois

- Le Président Sarkozy et les relations franco-camerounaises, par Larissa Kojoué-Kamga

- Un regard sur la politique africaine de Nicolas Sarkozy dans le pré carré francophone par Sonia Le Gouriellec


- France-Afrique, des Anciens aux Modernes, entretien avec Yves Gounin

- Compte-rendu de lecture critique de l'ouvrage de Jean-Pierre Chrétien "L'Afrique de Sarkozy : un déni d'histoire", par Francis Fogué-Kuaté.

Ce numéro sera par ailleurs publié en version anglaise dans les prochaines semaines, toujours sur le site de Dynamiques Internationales.

vendredi 5 novembre 2010

La problématique de l’alternance par les élections en Afrique: le cas du Cameroun


Demain de 9h à 13h : Séminaire sur les élections. La problématique de l’alternance par les élections en Afrique: le cas du Cameroun. Ce séminaire connaîtra la participation de représentants associatifs de plusieurs pays africains (Gabon, Congo, Togo, Côte d’ivoire, Mali, etc.) et Français et sera l’occasion d’échanger les expériences sur les processus électoraux de quelques pays africains afin d’en tirer tous les enseignements pour l’élection présidentielle de 2011 au Cameroun.
Lieu : Bourse du travail , 2 rue du Château d’eau, Paris 10ème, M° République - Lieu : Place du Trocadéro, M° Trocadéro - Contact et information: EMEH Elong 0663786227; tenesop@googlemail.com

jeudi 23 septembre 2010

Dernières publications

Viennent de paraitre :
- Atlas du Mali : La nouvelle édition de juillet 2010. Abondante cartographie : relief et hydrographie, géologie, ressources minières, climat, végétation, histoire, population, agriculture vivrière et de rente, énergie, industrie, commerce extérieur, tourisme, éducation, santé, urbanisation, régions…
Paris, Jaguar, 2010. 144 pages, 30 x 21 cm, broché.

Diplomatie hors-série n°13 Géopolitique et géostratégie des mers et des océans avec notamment : Sécurisation maritime : l’exemple du Cameroun et du Gabon, par Déflorine Grâce Manga Essama, chercheur au Centre de Recherche d’Études Politiques et Stratégiques (Yaoundé II, Cameroun).

- Le rapport "Eritrea: The Siege State" sur le site de l'International Crisis Group. A télécharger ICI

samedi 24 juillet 2010

Montagnes africaines

Entre le 28 juin et le 23 juillet, ARTE a diffusé une série documentaire consacrée aux « Montagnes du monde ». Vingt films pour vingt superbes voyages dont 4 se situaient en Afrique :
dont le 1 Ras Dashen (ci-dessous),








2 le Drakensberg en Afrique du Sud (à droite),




 3le Kilimandjaro en Tanzanie (à droite)

4 le mont Cameroun (ci-dessous).




Vous pouvez revoir les émissions ICI

vendredi 11 juin 2010

Dernières parutions

Viennent de paraitre :

"Our Common Strategic Interests: Africa's Role in the Post-G8 World" :
* African countries are playing a more strategic role in international affairs. Global players that understand this and develop greater diplomatic and trade relations with African states will be greatly advantaged.
* For many countries, particularly those that have framed their relations with Africa largely in humanitarian terms, this will require an uncomfortable shift in public and policy perceptions. Without this shift, many of Africa's traditional partners, especially in Europe and North America, will lose global influence and trade advantages to the emerging powers in Asia, Africa and South America.
* China's re-engagement is for the most part welcome, as is that of the increasing numbers of emerging powers such as Turkey, South Korea and Brazil that see Africa in terms of opportunities - as a place in which to invest, gain market share and win access to resources.
* Economic fortunes across Africa are now diverging, making it less meaningful to treat Africa as a single entity in international economic negotiations. Despite this, it is in the global interest that the African Union should be granted a permanent place at the G20. In turn, a more focused, sophisticated and strategic African leadership is needed.
TELECHARGEZ ICI

"Cameroun : Etat fragile ?"
(téléchargez ICI)
Synthèse de l'international Crisis Group : SYNTHESE

La stabilité apparente du Cameroun dans une région turbulente ne peut pas être considérée comme étant acquise. La cooptation des élites grâce à la distribution des ressources de l’Etat, et l’émigration de nombreux jeunes éduqués fournissent une soupape de sécurité contre les tensions, mais l’échec de la réforme et le maintien de pratiques caractéristiques de la mauvaise gouvernance ont amené beaucoup de Camerounais à ne plus croire en l’Etat de droit ou en la possibilité d’une transition politique pacifique. De multiples risques de conflit existent à l’approche des élections présidentielles de 2011 et au-delà. Ce rapport de fond, le premier de Crisis Group sur le Cameroun, analyse les racines historiques de l’impasse actuelle.

L’histoire du Cameroun révèle un schéma de périodes de stabilité apparente suivies de crises violentes. Au cours de longues périodes (début des années 1950, années 1970), les problèmes ont été masqués sans être résolus. A la fin des années 1950, des troubles généralisés ont accueilli l’interdiction du principal parti opposé à la domination française, et se sont transformés en une longue et sanglante guérilla. L’indépendance est accordée en 1960, mais dans un contexte de violences étendues. En 1961, alors que la partie Sud du Cameroun anglophone sous domination britannique vote pour rejoindre le Cameroun francophone, le Nord choisit de rester au sein de la fédération nigériane.

La fin des années 1960 et les années 1970 marquent une période de paix relative. Le régime nourrit une obsession pour l’unité et la stabilité après les traumatismes des années 1950, mais, après avoir combattu l’unique véritable mouvement de libération, il manque de légitimité historique. Il est autocratique, et le pluralisme et la diversité sont accusés de menacer de manière inacceptable le projet de construction de la nation. Néanmoins, l’économie croît, et un réel développement prend place.

La démission du président Ahidjo en novembre 1982 et la transmission du pouvoir à son Premier ministre, Paul Biya, se passe tout d’abord en douceur. Mais très vite, les tensions émergent, et aboutissent en avril 1984 à une tentative de coup d’Etat, dont on accuse les partisans d’Ahidjo. Elle est violemment réprimée et n’est suivie d’aucun processus de réconciliation, et le traumatisme de cette époque demeure une source d’amertume parmi beaucoup d’ha­bitants du Nord, la région d’origine d’Ahidjo. Parallèlement, certains Camerounais du Sud, y compris dans les forces de sécurité, ont un sentiment d’inachevé et craignent des actes de vengeance communautaire suite à la répression de 1984.

Au début des années 1990, des partis d’opposition voient le jour, et des élections multipartites sont organisées. Pendant deux ans et demi, le régime est sérieusement menacé dans les bureaux de vote et dans la rue, et les frustrations provoquent des violences généralisées en 1991. Mais après avoir survécu à ce nouveau défi, le président Biya et son parti parviennent à faire reculer les réformes et restaurent un régime autoritaire derrière une façade de pratiques démocratiques.

Aujourd’hui, le projet de construction nationale semble à bout, alors que l’économie stagne et que le chômage et les inégalités s’accroissent. L’économie est tirée en arrière par la corruption et l’inertie, et la population n’a vu que peu de la croissance économique principalement issue de l’exploitation des ressources naturelles du pays. Tandis que les forces de mobilisation potentielles sont faibles et dispersées, la colère populaire demeure forte.

Le régime a conservé ses vieux réflexes conservateurs, mais les expériences et attentes d’une population jeune ont évolué. L’opposition politique est affaiblie par des divisions internes et l’érosion de l’espace démocratique, ce qui limite les possibilités d’exprimer un mécontentement légitime. L’explosion de colère en février 2008, provoquée par la décision de Biya de faire modifier la constitution pour briguer un autre mandat présidentiel, a souligné les dangers de cette situation.

Le Cameroun partage un certain nombre de caractéristiques avec des pays qui ont connu un conflit civil, dont notamment des instances dirigeantes hautement centralisées et personnalisées, une manipulation politique des tensions ethniques et une corruption étendue. Même s’il parvient à surmonter les défis immédiats, la possibilité d’une détérioration, à long terme, qui provoquerait un conflit ouvert ne peut pas être exclue. En Côte d’Ivoire, une longue lutte pour la succession du président fondateur a posé les bases d’une guerre civile. Alors que le président Biya a maintenant 77 ans, et en l’absence de déclarations claires sur ses intentions, la question de la succession présidentielle ne peut qu’inquiéter.

Les événements en Guinée en décembre 2008, où un Etat de droit faible et la manipulation de la constitution ont servi de prétexte à de jeunes officiers pour prendre le pouvoir avec des conséquences désastreuses, invitent tous ceux qui s’intéressent au Cameroun à réfléchir. La constitution et l’Etat de droit de façon générale y sont peu respectés. La fin de la présidence Biya, la deuxième seulement qu’a connue le pays, risque fort d’être tendue. Mais elle pourrait aussi être une occasion d’engager les réformes nécessaires à la garantie de la stabilité à long terme du pays.

La communauté internationale a souvent fourni une aide décisive au régime camerounais. Bien que cette aide ait été accompagnée de pressions en faveur de réformes, très peu d’entre elles ont vu le jour. Le danger est que le régime voie maintenant dans toute ouverture une menace fondamentale à sa survie et durcisse ses positions à l’ap­proche de l’élection présidentielle.

La plupart des bailleurs de fonds et autres partenaires internationaux sont réticents à critiquer le régime et semblent prêts à tolérer son jeu du chat et de la souris de fausses réformes politiques et économiques. Mais un Cameroun instable, ou simplement quelques années supplémentaires de mauvaise gouvernance, risquent de menacer une région fragile. Ces problèmes soulèvent des inquiétudes légitimes au-delà du Cameroun et suggèrent un cas classique de prévention précoce d’un conflit. Mais les intérêts particuliers internationaux et nationaux devront être remis en cause pour engager les changements nécessaires afin d’éviter l’instabilité. Les bailleurs de fonds devraient peser de tout leur poids, à la fois financier et diplomatique, pour envoyer un message sans ambiguïté au gouvernement camerounais.

jeudi 11 février 2010

L'Afrique et les biocarburants



Une véritable « biocarburant-mania » est en train de se répandre en Afrique depuis la forte poussée de fièvre du baril de pétrole en 2008.
Au Sénégal, le président Abdoulaye Wade, qui se veut le champion africain des biocarburants, a révélé, le 28 décembre dernier dans son adresse à la nation à l’occasion du Nouvel An, que la production de biocarburants a bien démarré dans le pays avec la mise en valeur de 10 000 hectares de jatropha, un arbre originaire du Brésil très présent dans les pays sahéliens, où il est plus communément appelé pourghère ou bagani, et dont les graines non comestibles produisent une huile aux propriétés comparables à celles du diesel. « En faisant planter par chaque communauté rurale 1000 ha, nous aurons 3 210 000 tonnes de jatropha, soit 1,134 million de litres de biodiésel, correspondant à notre indépendance énergétique », a notamment précisé le chef d’Etat sénégalais.
Selon les statistiques de la Commission de l’Union économique et monétaire ouest-africaine (UEMOA), « la filière sucre de l’espace UEMOA représente un marché potentiel de 570 000 tonnes pour une production réelle de 330 000 tonnes, un chiffre d’affaires de 120 milliards de francs CFA par an. Elle emploie directement 28 000 personnes, représentant une masse salariale de 30 milliards de francs CFA par an, une valeur ajoutée de 65 milliards de francs CFA par an et une contribution au budget de Etats de l’ordre de 26 milliards de francs CFA annuellement ».
L'Afrique du Sud autre pays en pointe sur le continent pour la promotion de cette nouvelle énergie grâce au géant Ethanol Africa, voit désormais grand et envisage l’ouverture de huit usines de bioéthanol en 2010. Ethanol Africa compte aussi investir en Angola, en Zambie, en Tanzanie et au Mozambique pour produire du biocarburant à partir du maïs et de la canne à sucre. De son côté, le Burkina lorgne de plus en plus les biocarburants. La première unité de production de biodiesel à base de graines de jatropha devrait prochainement voir le jour à Kossodo, à l’initiative du chef traditionnel Larlé Naba.

Au Mali, le jatropha, appelé également « l’or vert du désert », est exploité depuis deux ans dans la production de biodiesel.
Au Zimbabwe, qui fut pionnier en Afrique en matière de production des biocarburants issus de la canne à sucre dès le début des années 80, les regards se tournent aussi vers le jatropha, avec la plantation de 60 000 hectares l’an passé. Transload, une unité de fabrication d’agro-carburants implantée près de Harare, produit également depuis 2008 du biodiesel à partir de graines de coton, de soja et de tournesol.

L’Ile Maurice concentre ses efforts sur la canne à sucre tandis que le Cameroun produit déjà son biocarburant à partir de l’huile de palme. Le Nigeria s’est, quant à lui, lancé dans la production de bioéthanol à partir du manioc. Au total, une trentaine de pays africains produisent déjà des agro-carburants, selon l’Association africaine des producteurs de biocarburants (AAPB), née en novembre 2006 à Ouagadougou en marge d’un atelier sur le développement de la filière biocarburants dans l’espace UEMOA. Selon les experts, l’engouement africain pour les agro-carburants s’explique essentiellement par la volonté de réduire la dépendance énergétique et, accessoirement, par le souhait de créer des emplois dans le milieu rural. « Les pays africains qui misent sur les biocarburants sont majoritairement attirés par les perspectives d’allègement de la facture énergétique et de création d’emplois », explique Joël Blin, bio-énergéticien, responsable du laboratoire Biomasse-énergie et biocarburant (LBEB) au Burkina Faso. Mais, s’il est vrai que la majorité des pays africains produisent des biocarburants pour les besoins du marché intérieur, il n’en demeure pas moins que quelques-uns d’entre eux exportent déjà cette énergie vers le Nord. Le groupe sucrier soudanais Kenana a, pour la première fois le 27 décembre dernier, exporté 5 millions de litres d’éthanol d’une valeur de 3,3 millions de dollars vers l’Union européenne. « Quatre autres cargaisons, de 5 millions de litres chacune, doivent encore partir pour l’UE d’ici la fin février 2010 », révèle Majdi Hassan, directeur des ventes du groupe, cité par l’AFP. Le Soudan emboîte ainsi le pas à l’Ile Maurice et au Zimbabwe, qui exportent depuis quelques années du biodiesel vers le marché communautaire.



Qu’ils soient destinés au marché intérieur ou à l’export, les biocarburants font, depuis 2008, année marquée par des émeutes de la faim dans plusieurs pays africains, l’objet de vives critiques sur le continent. Au Sénégal, le Conseil national de concertation et de coopération des ruraux (CNCR) a dénoncé avec véhémence le programme national des biocarburants, qui ne constitue pas, selon lui, « une priorité pour le monde rural ». Une étude sur les biocarburants au Sénégal, publiée début 2009 par les ONG Wetlands International et Action-aid, a estimé que le développement des biocarburants pourrait à terme menacer les cultures vivrières et ouvrir la voie à une compétition dangereuse entre les 800 millions d’automobilistes et les 2 milliards d’humains qui vivent sous le seuil de pauvreté dans le monde. Une autre étude menée par des ONG et intitulée « Jatropha, un piège socioéconomique pour le Mozambique » a également révélé que les jatrophas du Mozambique ont été majoritairement plantés sur des terres arables. Conséquence de cette forte mobilisation : la 2e Conférence internationale sur les biocarburants, tenue du 10 au 12 novembre dernier à Ouagadougou (site de la conférence, synthèse des présentations ICI), a reconnu explicitement la responsabilité directe des biocarburants dans la crise alimentaire et recommandé le lancement de politiques d’autosuffisance alimentaire en parallèle aux stratégies de développement des agro-carburants.
Les agro carburants (biocarburants) sont des substituts à l’essence : l’éthanol est fait à partir de la canne à sucre, de betterave ou de blé ; et des substituts au diesel : huiles faite à partir de colza, soja, huile de palme. Le bilan énergétique de l’éthanol à partir du blé est faible. Le bilan des huiles de colza comme substitut au diesel est un peu meilleur.

Notes :Les agro carburants représentent 1% des terres cultivables du monde mais sur des marchés comme le maïs, l’ambitieux programme américain d’éthanol qui utilise ¼ de la production américaine contribue significativement à la hausse des prix . Les Etats-Unis représentent 40% de la production mondiale (la production d'éthanol croît de 15 à 20 % par an depuis 2002) mais ils sont utilisés aussi de manière importante au Brésil avec la production d’éthanol de canne à sucre et en Allemagne (colza pour le diesel). L'Espagne et la Pologne ambitionnent aussi de développer une capacité de production d'éthanol, à partir des céréales, afin de respecter les objectifs communautaires d'incorporation de biocarburants sans recourir aux importations.
Lire : Les biocarburants en Afrique de l'Institut de Coopération au Développement Economique et Social : ICI

Sources : Les Afriques / Walid Kéfi / Le Gouriellec

mercredi 30 décembre 2009

Achat des terres agricoles (2/2) : une opportunités de développement ?



Suite du précédent billet "Terres agricoles (1/2) : les richesses agricoles africaines".
La guerre pour le contrôle des terres agricole dans les pays pauvres est ouverte. Mais « la terre est une patate chaude » (Jacques Diouf, directeur de la FAO). Explications :
1) Les acheteurs : La Chine (40% des agriculteurs du monde pour 9% des terres agricoles de la planète) a signé une trentaine d’accords avec des entreprises chinoises pour un accès aux terres agricoles étrangères qu’elles louent ou achètent afin d’y installer des exploitations de riz, soja, maïs…, l’Inde, le Japon, la Malaisie, la Corée du Sud, l’Egypte, les Emirats Arabes Unies, la Libye, Bahreïn, la Jordanie, le Koweït, le Qatar, l’Arabie Saoudite, l’Afrique du Sud. Dans le cadre du Conseil de Coopération du Golfe, les Etats du Golfe ont conclu des accords « pétrole contre terres agricoles pour leurs entreprises.
2) Les pays d’accueil : le Soudan, le Kenya, l’Ethiopie, et la Somalie principalement mais la plupart des pays africains également soulignant les retombées économiques pour leur pays (infrastructures..)

- Genèse :
La hausse du prix des matières premières agricoles : Jusqu’en 2003, les prix des principales matières premières étaient inférieurs à leur valeur d’il y a 20 ans. Puis, le resserrement de la situation mondiale de l'offre et de la demande céréalière a entraîné une hausse des prix de toutes les céréales.
Pour la plupart des économistes, la hausse quasi générale des prix des matières premières depuis à peu près 2003 n'est pas qu’une poussée conjoncturelle mais un phénomène de fond structurel. L’édition 2007 du Cyclope donne son opinion : « Au-delà des aléas climatiques, il semble évident que le trend des prix agricoles mondiaux (pour les grandes productions végétales) sera orienté à la hausse sur les prochaines décennies : la rechute des prix (comme cela fut le cas dans les années quatre-vingt et quatre-vingt-dix) parait exclue sur longue période du fait de la dynamique de la demande alors même que les obstacles au développement harmonieux des biotechniques sont loin d’être tous levés».
On peut relever cinq raisons majeurs de la hausse des cours des matières premières.
La première concerne la hausse de la consommation mondiale, la demande mondiale qui va croissant depuis plusieurs années, du fait de la poussée de la Chine et d’autres pays émergents (Inde notamment). Face à cette poussée du coté demande, l’offre réagit. En outre, la hausse des prix des produits agricoles s’explique par l’augmentation de la population et de l’évolution des modes de consommation dans ces mêmes pays émergents. De même, la hausse de la demande mondiale nécessiterait d'augmenter de 20 % à 30 % les surfaces cultivées ; on peut difficilement, sauf à provoquer des déforestations, dans le bassin du Congo par exemple. Il faudrait alors augmenter la productivité ; or il serait nécessaire de recourir aux OGM qu'une partie de l'opinion refuse.
L’autre explication tient aux craintes pesant sur la production. La guerre en Irak, la crise au Moyen-Orient, en Iran, les politiques menées au Venezuela et en Russie entament la confiance des marchés énergétiques.
Ensuite, la production ne suit pas la consommation. Ainsi, les récoltes ne sont pas forcément en baisse mais elles ne suffisent pas à couvrir la demande et à remonter le niveau des stocks.
L’essor des agro carburants (biocarburants) à travers le monde commence à concurrencer la production alimentaire, et à bouleverser le jeu. Les Etats-Unis conservent leur maïs pour le transformer en bioéthanol, et ne l’écoulent donc plus sur le marché mondial. Selon le rapport 2007-2016 de l’OCDE et de la FAO, la production d’agro carburants devrait augmenter de façon drastique et provoquer une hausse importante des prix des produits alimentaires. En Afrique, plusieurs projets « biocarburants » voient le jour. La compétition entre les cultures vivrières et énergétiques devrait rapidement exploser. La concurrence pour la terre arable profiterait en outre aux gros producteurs de monocultures, aux dépens de petits producteurs vivriers.
Les aléas climatiques ont des incidences toutes particulières sur les économies africaines, dépendantes de leurs ressources en matières premières. Durant les dernières années, la raréfaction des pluies (d’autant plus que le réseau d’irrigation est très limité) ou leur violence lorsqu’elles surviennent (Mozambique), a accru les handicaps. En outre, la déforestation, la désertification de nouveaux espaces, les invasions d’insectes entament le potentiel agricole du continent.

Cette dynamique est mondiale :
- l’Egypte a signé un contrat avec le Soudan, pour produire du blé dans le Nord du pays,
- en août 2008, la compagnie suédoise Alpcot-Agro exploitait 135 000 ha en Russie pour les céréales et les oléagineux.
-Mitsui (Japon) a acheté en novembre 2007, 100 000 ha de terres agricoles au Brésil pour produire du soja
- en 2008, le gouvernement libyen échange fourniture de gaz et de pétrole contre l’exploitation de 250 000 ha de terres en Ukraine.
- la Chine a acquis ces dernières années des centaines de milliers d’hectares de terres au Cameroun, en Australie, au Laos, aux Philippines

Intérêts des pays vendeurs ou loueurs :
- Ce sont des pays souvent peu peuplés ;
- disposant de vastes réserves de terres cultivables : au Mozambique ou en Angola, par exemple, seules 10 % des terres seraient aujourd’hui exploitées.
- Ces terres ne sont pas chères.

Opportunités de développement ou néocolonialisme ? :
Ces pays manquent d’infrastructures et de matériels (entrepôts, silos, routes…) pour soutenir une production agricole et justement les pays acquéreurs ou les sociétés privées peuvent les financer.
Problèmes :
- en créant des marchés non concurrentiels, ces acquisitions contournent les règles du commerce international
- certains achats de terre ne relèvent pas d’une logique de développement agro-industriel, mais d’une logique financière (achat par des hedge funds, c’est-à-dire des fonds d’investissement).

D’ailleurs, les cartes de la sous alimentation et celles des pays loueurs ou vendeurs de terres se superposent comme le Soudan qui a bénéficié de la plus grosse opération du PAM (Programme Alimentaire Mondial) en 2008.



La lettre de l’Océan Indien nous apprend que l’Ethiopie sera à l'honneur d'un des premiers reportages de la nouvelle émission Terre d'enquête d’M6, présenté par Guy Lagache. L’émission enquête sur la cession des terres et aurait connu quelques difficultés de tournage dans le pays.

Sources :
CHALMIN (Philippe), « Les marchés mondiaux », Paris, 2007, Cyclope
La Lettre de l’Océan Indien
« Perspectives agricoles de l’OCDE et de la FAO 2007-2016 », OCDE/FAO, 2007, 97p.
« Terres agricoles : une autre délocalisation? », in Le Dessous des cartes, 26/06/09, ARTE