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vendredi 28 octobre 2016

Recension : Politics and Democracy in Microstates de Wouter Veenedaal


« Quelles sont les conséquences politiques de la taille d’un État ? » telle est la question posée par le chercheur néerlandais Wouter Veenedaal. Le lien entre la taille de la population et la démocratie est un des plus vieux débat de la science politique. Les études quantitatives montrent que les petits États et les micro-États seraient, comparativement, plus enclins à développer des gouvernances démocratiques. « Small is democratic » semble un adage partager depuis des siècles, des philosophes grecs à Rousseau en passant par Montesquieu. 


Aujourd’hui encore les organisations internationales font la promotion des avantages de la petitesse et invitent les États en reconstruction après un conflit à des pratiques de décentralisation et de dévolution afin de confier plus de pouvoirs et de compétences politiques à des unités réduites. Pourtant, aucune hypothèse satisfaisante ne permet d’expliquer cette corrélation entre la taille et le caractère démocratiques d’un État.  Au contraire, de plus en plus d’études de cas tendent même à l’infirmer en soulignant l’intensité des rivalités personnelles, de la corruption et du clientélisme dans les petits États. Il semble donc qu’il y aurait un écart entre la théorie suggérée par la recherche quantitative et la réalité constatée les travaux qualitatifs. Les institutions démocratiques des petits ou micro États seraient une façade et la réalité démocratique de leur système politique doit être relativisée. D’après, Wouter Veenedaal cette énigme relève bien de l’approche méthodologique quantitative qui a été privilégiée jusqu’à présent pour étudier ce lien. Il propose ici une étude comparative de la nature des systèmes politiques dans quatre micro-États : San Marino, St Kitts et Nevis, les Seychelles et Palau. Il nous éclaire sur les réalités politiques de ces États présentés comme démocratiques. Si ces analyses peuvent s’avérer intéressantes pour des spécialistes de ces zones géographiques, en revanche le politiste ne s’étonnera pas des résultats de l’étude. Elles démontrent qu’une explication monocausale (la taille) ne permet pas d’expliquer le système politique même dans les micro-États. L’auteur démontre, sans surprise, que la situation géographique, l’histoire coloniale ou encore les relations internationales sont des variables essentielles. Néanmoins, on retiendra de cette étude les stimulants chapitres sur les débats théoriques et l’état de l’art.

vendredi 6 mai 2016

Élections présidentielles à Djibouti : enjeux et défis d’une réélection annoncée

Nous publions une note dans le Bulletin du Centre FrancoPaix (vidéo de présentation ICI et site ICI)  créé par Bruno Charbonneau en janvier 2016 au sein de la Chaire Raoul Dandurand (UQAM). La note eut être lue dans son intégralité ICI 

 Les principaux points sont : 
  • Ismaël Omar Guelleh a été réélu le 8 avril 2016, dès le premier tour, pour un quatrième mandat avec 87,07% de voix exprimées et un taux de participation de 68,96%
  • L’existence de six candidats dans le jeu électoral apparaît comme une compétitivité de façade. Ce modèle d’élections, à parti dominant et non compétitif, est particulièrement répandu dans les pays en développement.
  • Pour le régime, de nombreux défis restent à relever : préparer la succession du président, et les élections législatives de 2018, offrir au pays une croissance et du développement.
  • Le discours sur l’ordre et la stabilité du président en place, dans une région conflictuelle, lui permet de faire diminuer la pression de démocratisation des États occidentaux et des institutions internationales.

samedi 24 mars 2012

Mali : la stabilité des régimes sahéliens en question ? (MAJ)

La menace grondait depuis plusieurs jours, les troupes maliennes se sont révoltées contre leur Etat major et ont pris le pouvoir à Bamako. Ils reprochent au président ATT sa faiblesse dans le traitement de la rébellion au Nord. Leur porte-parole, Amadou Konaré, a affirmé qu'ils avaient agi face "à l'incapacité" du gouvernement "à gérer la crise au nord de notre pays", en proie à une nouvelle rébellion touareg depuis le mois de janvier et aux activités de groupes islamistes armés.



Le président refusait l'escalade militaire dans le Nord malgré des pertes de terrain importantes. Rappelons que le Mali a longtemps refusé la logique militaire dictée par les Occidentaux dans la lutte contre AQMI (que l'Algérie et la Mauritanie ont suivi pour leurs intérêts bien compris). En fait la trêve avec les rébellions touarègues rendait le gouvernement réticent à engager une escalade militaire, dans une région où il a retiré ses forces en 2006. D’autant que depuis la rébellion de la première partie des années 1990, les forces militaires qui avaient tué plus de civils que de combattants sont particulièrement détestées par les tribus nomades du Nord. L’armée malienne est passée pour la première fois à l’offensive en juin 2010 après l’assassinat d’un officier malien à Tombouctou.



Ce coup d'Etat montre l'importance des conséquences de la crise libyenne (on s'en doutait) et surtout il met en lumière une mutation d'échelle stratégique. Jusqu'à présent les États luttaient contre des conflictualités locales maintenant la logique de montée en puissance attentatoire à la stabilité des État a pris le pas. Le président malien semble ne pas l'avoir vu venir. Jusqu'à présent, il pouvait marginaliser ces conflictualités locales en ne les considérant pas comme attentatoire à la posture de stabilité de son régime. Mais avec ce coup d'Etat un nouveau seuil vient d'être atteint.

On lira avec intérêt :
The Old-Style Coup Makes a Comeback in Mali
Pourquoi le régime du président "ATT" était fragilisé
La chute d'Amadou Toumani Touré au Mali ou la défaite d'une politique de consensus
"La nouvelle géopolitique post-Kadhafi explique les problèmes actuels" au Mali
 Gaddafi's influence in Mali's coup
Nicolas au Sahara par Jean-François Bayart
Restaurer l’ordre constitutionnel au Mali (ICG)

Les derniers coups d’État militaires :
Côte d’Ivoire (Robert Gueï en 1999), Centrafrique (François Bozizé en 2003), Mauritanie (Ould Vall en 2005 puis Ould Abdel Aziz en 2008), Guinée (Dadis Camara en 2008), Niger (Salou Djibo en 2010). 
Rappelons qu'Amadou Toumani Touré a accédé au pouvoir en 1991 après un coup d'Etat. Celui ci a eu vocation à mettre en place une transition politique démocratique débouchant sur une élection présidentielle.


mercredi 11 mai 2011

Les conséquences possibles des bouleversements dans le monde arabe sur l’Afrique subsaharienne.

Ce matin Thierry Garcin recevait, Edmond Jouve professeur émérite à Paris-Descartes, dans les Enjeux Internationaux sur France Culture.

Résumé : "On a pu légitimement se demander si les soulèvements actuels du monde arabe allaient faire école dans d’autres régions du monde, à commencer par l’Afrique sub-saharienne.
Des similitudes : longévité de véritables dinosaures de la vie politique ; partis uniques ou dominants ; structures clientélistes ; passation de pouvoir entre le père et le fils ; corruption souvent institutionnelle ou familiale, etc.

Pourtant, des différences sautent aux yeux : en Afrique, poids du facteur ethnique, complexe et diversifié ; moindre influence des « réseaux sociaux » ; plus faible contestation écrite ou imprimée dans ces sociétés orales où l’audiovisuel prime ; contre-pouvoirs formels ou informels moins élaborés (médias, syndicats, associations, rôle des intellectuels…)."

Lire également :
"Révolution arabe : en attendant l'Afrique…"
"Afrique noire et monde arabe : continuités et ruptures"
"How African is the Arab revolution?"

dimanche 8 mai 2011

Démocratie et développement

Le libéralisme économique entraine t-il la démocratisation ? Vaste débat qui anime les sphères scientifiques depuis des décennies.

Au regard des indicateurs économiques, force est de constater que les régimes africains particulièrement «fermés » enregistrent de bons résultats économiques : Gambie, Rwanda et jusqu’à récemment la Tunisie ou encore l’Egypte bien que l’Afrique du Sud et le Ghana s’imposent comme des contre-exemples.
Malgré la crise économique les pays africains n’apparaissent pas en déclin significatif sur les plans économiques et du développement ce qui n’est pas le cas concernant la démocratie et les droits de l’homme notamment en Gambie, au Malawi, le Niger, le Rwanda, le Sénégal, l’Afrique du Sud et le Swaziland
L’indice Ibrahim Mo évalue la bonne gouvernance en Afrique et se donne pour objectif d’évaluer « la prestation des biens et services publics délivrés aux citoyens par les pouvoirs publics et acteurs non-étatiques. Utilise plusieurs indicateurs, regroupés sous quatre catégories principales : Sécurité et Souveraineté du Droit ; Participation et Droits de l’Homme ; Développement Economique Durable ; Développement humain, visant à évaluer à la fois la qualité des processus et les résultats obtenus ».
Classement de l'indice :
10 premiers : Maurice, Seychelles, Botswana, Cap Vert, Afrique du Sud, Namibie, Ghana, Tunisie, Egypte, Lesotho
10 derniers : Côte d'Ivoire, Guinée, Guinée Équatoriale, Soudan, RCA, Zimbabwe, Erythrée, RDC, Tchad, Somalie

A lire également : le Rapport de la Banque Mondiale sur le développement dans le monde 2011 intitulé « Conflits, sécurité et développement ». On y apprend qu'1,5 milliard de personnes vivent dans des pays touchés par la violence politique et criminelle

Méthodologie et classement de l'indice Ibrahim: ICI

jeudi 17 février 2011

Les régimes autoritaires d'Afrique, du Maghreb et d'ailleurs...

Lors d'un chat sur le Monde.fr, le mardi 22 septembre 2009, Bertrand Badie, professeur à Sciences Po analysait l'autoritrisme. Selon lui il faut nuancer l'opposition démocratie-autoritarisme, qu'il juge "trop simple et en partie fausse". "D'autant qu'aucun régime, même en Europe, n'est épargné par une poussée autoritaire." Des propos qui conserventtoute leur actualité.

Régime autoritaire vs dictatorial :(…) « On a pris l'habitude de définir un régime autoritaire comme caractérisé par un pluralisme limité : la compétition pour le pouvoir est restreinte à certains candidats, la liberté d'expression est elle-même limitée, la protection juridique est imparfaite et même partielle, voire partiale. On est donc confronté à une logique en degrés : on dira d'un système qu'il est plus ou moins autoritaire, mais on ne saura pas toujours comment le borner.
En aucun cas ce concept ne saurait aboutir à une dualité opposant des régimes démocratiques à leur contraire C'est même dans la zone grise qui sépare ces deux pôles que se situent le plus grand nombre d'Etats.
La Russie est-elle un régime autoritaire ou une démocratie, quand on sait que la liberté y est restreinte et que les choix politiques ne sont pas totalement libres ?
Le Venezuela est-il un régime autoritaire alors que le président Chavez a été élu et qu'il a même accepté sa défaite devant un référendum où le "non" était majoritaire ? Israël apparaît comme une démocratie parfaite si l'on tient compte de la libre compétition pour le pouvoir, mais les Arabes israéliens sont des citoyens de seconde zone qui entachent ainsi gravement la qualité de démocratie de ce régime.
En bref, la notion nous invite à réfléchir à un certain nombre de critères mais elle ne nous conduit certainement pas à distinguer de façon tranchée entre catégories claires d'Etat.
La dictature est une notion plus restreinte. Elle implique le plein exercice du pouvoir par un homme seul, sans contrôle, sans limitation de ses compétences, sans limitation de la durée de son mandat. Un dictateur peut arriver au pouvoir par la force ou il peut être élu mais se maintenir contre le droit et par l'oppression.
Mais là encore, confronté à la réalité, le concept est moins clair qu'on pourrait le croire : la prolifération d'élections-simulacres rend difficile de distinguer entre un dictateur et un président autoritaire réélu dans des conditions de légalité et de transparence suspectes. De même, la suspension des libertés et des droits peut correspondre à des mécanismes institutionnels et aboutir à la mise en place de formes de dictature légales qui, à leur tour, viendraient brouiller les pistes. Pour nous résumer, je dirai que l'autoritarisme est davantage une question qu'une réponse, un instrument de diagnostic qu'un outil de classement, une problématique plus qu'une affirmation. »
(…)l'opposition démocratie-autoritarisme est trop simple et en partie fausse. La démocratie étant une technique de gouvernement et l'autoritarisme une posture plus ou moins affirmée, les deux concepts peuvent se combiner dans la pratique."

L’autoritarisme comme facteur de stabilité
« (…) Dans une tradition wilsonienne, on a pu établir, notamment depuis 1945, que la démocratie était facteur de paix là où les régimes les plus autoritaires conduisaient naturellement à la guerre. Cette thèse a même reçu un nom, celui de la "paix positive". Elle a en sa faveur des arguments forts : l'hostilité des opinions publiques à la guerre et à la violence internationale ; la corrélation entre les valeurs démocratiques et les valeurs de paix et de tolérance ; le jeu des contre-pouvoirs qui limitent les prétentions belliqueuses d'un dirigeant. Mais en même temps, cette thèse a été démentie par les faits.
Même si les démocraties ont tendance à faire davantage la guerre aux régimes autoritaires qu'à leurs semblables, elles sont loin de s'imposer comme des forces de paix. L'exemple du conflit israélo-palestinien est également là pour le rappeler. La seule bombe atomique qui ait été utilisée était également l'instrument militaire de la plus grande démocratie du monde d'alors.
Certains, dans ce sillage, ont fait valoir que la versatilité des opinions publiques pouvait conduire à la guerre plus qu'à la paix, tandis qu'effectivement, un régime autoritaire, ayant moins de comptes à rendre, peut prendre davantage de risques pour construire et imposer une diplomatie de paix.
En fait, les exemples abondent dans les deux sens : c'est bien pour se relégitimer que la dictature argentine s'est lancée dans la guerre des Malouines ; c'est aussi pour renforcer sa propre équation que le régime militaire grec s'est lancé dans une aventure militaire à Chypre. Et on pourrait continuer cette longue énumération, qui nous ramènerait au constat élémentaire que le point idéal serait la dictature platonicienne du sage qui imposerait la vertu à ses sujets et à ses voisins.
En réalité, une analyse internationale du sujet nous conduit à regarder ailleurs : à prendre en compte d'abord les conjonctures internationales, certaines favorisant les régimes dictatoriaux, d'autres promouvant de façon active la démocratie. Il faut regarder également les usages diplomatiques et stratégiques qui sont faits des régimes politiques en fonction des intérêts des uns et des autres.
On remarquera par exemple que les Etats-Unis ont favorisé l'essor des dictatures dans l'Amérique latine des années 1960 et 1970, pour au contraire favoriser le retour à la démocratie à la fin des années 1980 et jusque dans la période néoconservatrice récemment éprouvée. »

Sur l’interventionnisme : (…) « Nous sommes sortis de la période d'euphorie qui auréolait l'intervention extérieure. Celle-ci se faisait d'abord par conviction : la démocratie se parait des vertus du prosélytisme et du messianisme. Elle se faisait aussi par opportunité : la chute de l'URSS laissait aux "démocraties occidentales" le champ libre pour devenir le gendarme vertueux du monde et envoyer partout ce que François Mitterrand appelait les "soldats du droit". On a en fait trop vite confondu vertu et efficacité, solidarité et intervention, et on a tout simplement oublié qu'une démocratie ne pouvait dériver que d'un contrat social construit par les acteurs locaux eux-mêmes. Le pitoyable destin de l'élection récente en Afghanistan l'a rappelé d'une façon désormais indélébile.
En réalité, c'est tout le contraire de ce qui avait été souhaité qui est en train de se produire : une intervention mal maîtrisée est en train de ranimer partout dans le monde des fibres nationalistes, identitaristes et particularistes qui recomposent une violence internationale sans cesse plus forte.
On peut certes cyniquement jouer avec le régime de l'autre, mais on ne peut pas le transformer. C'est cette opposition mal comprise qui redevient aujourd'hui le facteur essentiel de l'échec des diplomaties occidentales. La démocratie ou la dictature peuvent être un paramètre de l'action diplomatique, mais certainement pas une finalité de celle-ci. »

vendredi 28 janvier 2011

Badie sur la démocratie et les élections

Le jeudi 20 janvier dans un chat sur le MOnde.fr Bertrand Badie a donné son analyse des évènements en Côte d'Ivoire et en Tunisie, extraits :

" (...) Une élection n'a de sens que si elle est approuvée comme mode de régulation politique par tous ceux qui y participent. Autrement dit : pas d'élection sans démocratie instituée, pas de démocratie possible sans Etat installé, et pas d'Etat concevable sans nation construite autour d'un contrat social. On voit bien, par exemple dans le cas ivoirien, que le vrai défi d'une élection est de faire en sorte que la minorité battue tienne son échec pour légitime. (...)


En bref, l'organisation matérielle d'élections dans des pays qui ne sont pas arrivés à bout de leur guerre civile et où la puissance publique n'est pas parfaitement structurée et légalisée a peu de chances d'aboutir à des résultats probants. Maintenant, si les élections sont contestées et si, comme en Côte d'Ivoire, le candidat réputé défait refuse d'admettre son échec, la "communauté internationale" peut-elle le faire changer d'avis ? Et comment ? Un candidat qui obtient 47 % des suffrages ne peut pas être tenu pour un dictateur isolé. Il a une base sociale. Dans le cas ivoirien, il incarne presque la moitié du pays. Une opération de commando à la Noriega ne serait donc pas suffisante. La vraie question qui se pose est de savoir si une armée étrangère peut reconstituer par la force un contrat social déchiré.(...)

La principale erreur des Nations unies est d'avoir pensé un processus électoral dans un contexte de démilitarisation et de démobilisation inachevées : l'Onuci n'a pas su faire ce qu'avait réussi la Minul au Liberia ou la Minusil en Sierra Leone. Le principal rôle de l'acteur onusien est de créer les conditions d'une vraie compétition électorale. En Côte d'Ivoire, l'élection n'apparaissait que comme le prolongement de la guerre intestine amorcée en 2002 en mobilisant d'autres moyens.
On ne s'étonnera pas que les résultats électoraux soient eux aussi le prolongement de la guerre civile par d'autres moyens. (....)

On est en fait confronté, à travers cette expérience, au danger de vouloir mêler, voire confondre, le rôle du juge et celui du médiateur. Etre médiateur suppose d'occuper une position intermédiaire et équidistante entre deux protagonistes ; être juge consiste à donner raison à l'un contre l'autre. Il s'agit bien, donc, de deux rôles distincts. Les Nations unies ont, dans l'affaire ivoirienne, jugé. Nous n'avons pas les moyens d'établir ici si elles ont accompli cette tâche de manière correcte. Mais s'y étant installées, elles s'interdisent désormais de jouer le rôle de médiateur. D'où l'apparition de toute une série d'acteurs nouveaux qui s'efforcent de tenir ce rôle ainsi laissé vacant : des chefs d'Etat de la Cédéao, le premier ministre kényan, ou, tout au début, l'ancien président sud-africain.(...)"

Sur la Tunisie : " (...) D'abord, la dictature a fait oublier la culture démocratique, a rasé la vie politique, a cassé les forces d'opposition et a aboli le débat public. Une élection n'est pas possible ni légitime sans que tous ces éléments se trouvent préalablement restaurés. D'autre part, cette révolution a une particularité remarquable : c'est peut-être la vraie première révolution post-léniniste que nous connaissons. C'est-à-dire sans leader, sans organisation, sans interlocuteur, donc, qui puisse parler au nom du mouvement social ou le confisquer. Or, l'élection est fondamentalement une institution élitiste, qui suppose un personnel politique, des partis, bref, une oligarchie qui sera portée par les urnes. Un temps de latence devient indispensable pour que se constitue cet autre préalable nécessaire.(...)

Prenons-la [la démocratie] comme un idéal, c'est-à-dire faisons-en une valeur partagée par tous, c'est-à-dire reconstruite par ceux-là même auxquels elle est censée s'adresser. Sa faiblesse se trouve dans sa dérive procédurale, dans son universalisme naïf, dans son formalisme, dans la volonté de plaquer et d'imposer de l'extérieur des modèles tout faits auxquels on ne cherche même pas à faire adhérer ceux auxquels on veut l'adresser. Peut-être que le fond du problème est là ; nous avons oublié chez nous que la démocratie était un idéal, nous n'en retenons plus que l'aspect facile de technique de gouvernement : on l'exporte telle quelle et on veut en faire en plus une technique d'action diplomatique ; on a alors tout faux.

mercredi 26 janvier 2011

2011 : Des élections à gogo

18 élections présidentielles et un référendum d’autodétermination. Les élections seront des périodes incertaines dans des pays dits fragiles comme la RD Congo, le Zimbabwe, la Centrafrique, Madagascar et le Nigeria. Peu de suspense en revanche au Cameroun, en Ouganda, au Tchad, en Égypte, à Djibouti et en Gambie.

Dates et pays à suivre cette année :
Bénin : Présidentielles et législatives en mars 2011
Cameroun : Paul Biya est au pouvoir depuis 28 ans et a modifié la Constitution pour pouvoir briguer un troisième mandat, le RDPC reste dominant.
Cap vert : Législatives le 6 février
Djibouti : Sans surprise et après la révision constitutionnelle lui permettant de se présenter une nouvelle fois (ICI) Ismaïl Omar Guelleh devrait remporter les présidentielles organisées le 8 avril.
Gambie : Elections présidentielles en septembre. Yahya Jammeh a déclaré se retirer mais il pourrait vouloir briguer une nouvelle fois la place suprême.
Niger : référendum constitutionnel le 31 octobre 2010, les élections locales le 08 janvier 2011, les législatives couplées au 1er tour des présidentielles le 31 janvier 2011 (10 candidats dont une femme), le 2ème tour des présidentielles le 12 mars 2011 et le président élu prêtera serment le 6 avril 2011.
Gabon : législatives. Premières consultations générales depuis l’accession d’Ali Bongo à la présidence en 2009.
Liberia : présidentielles en octobre 2011. Ellen Johnson Sirleaf, première femme présidente d`Afrique, élue en 2005, est candidate à un second mandat.
Madagascar : Législatives en mars et présidentielles le 4 mai mais la date sera-t-elle maintenue ? En l’absence d’opposition Rajoelina pourrait remporter des élections qui ne seraient pas reconnues par la communauté internationale.
Nigeria: Elections générale en avril 2011. Le président Goodluck Jonathan a été désigné comme candidat du Parti démocratique des peuples (PDP, au pouvoir). Les nordistes du parti estiment que c'est leur tour d'occuper le fauteuil de la présidence, après les deux mandats de l'ancien président Olusegun Obasanjo, un Chrétien du Sud, achevés en 2007. Bien que le successeur de M. Obasanjo, Umaru Yar'Adua, soit un musulman du Nord, il n'a toutefois pas terminé son premier mandat. Ce dernier est décédé le 5 mai 2010, ouvrant ainsi la voie à son vice-président de l'époque, M. Jonathan.
Ouganda : Après 25 ans au pouvoir Yoweri Museveni devrait remporter les prochaines présidentielles (le 18 février).


République Démocratique du Congo : Législatives en juillet 2011, présidentielles le 27 novembre. Alors que le pays doit organiser ses 2ème élections démocratiques, une révision constitutionnelle vient de supprimer un tour de scrutin au grand damne de l’opposition. Raisons invoquées : contraintes financières et préservation des acquis de la paix entre autres.
São Tomé e Príncipe : Présidentielles en juillet. Au pouvoir depuis 2001, Fradique de Menezes au pouvoir depuis 2001 ne peut pas se représenter.
Seychelles : présidentielles en juillet
Tchad : les élections générales de 2011 seraient reportées au 8 mai (premier tour des présidentielles le 3 avril?). Les élections devraient se dérouler avec plus de consensus qu’à l’accoutumé du fait de l’« Accord politique en vue du renforcement du processus démocratique au Tchad », signé en 2007 qui a permis à toutes les parties de collaboré à la mise en place d’une Commission électorale nationale indépendante paritaire. Pour Jeune Afrique « l’enjeu principal des élections sera la redistribution des cartes. L’opposition espère gagner plusieurs sièges à l’Assemblée nationale et s’imposer au niveau local ».
Zambie : Présidentielle et parlementaires en octobre. Le président Rupiah Banda affrontera l`opposant historique Michael Sata.
Zimbabwe : Présidentielles en février 2011 après les massacres de 2008. A 86 ans et après 30 ans au pouvoir Robert Mugabe voudra gouverner sans la contrainte d’un gouvernement d’union nationale.

mardi 18 janvier 2011

Colloques cette semaine

- Demain de 14h à 18h15 troisième séminaire "La démocratie à l'épreuve du lobbying", organisé par des associations, membres du réseau citoyen ETAL, qui travaillent sur l'impact du lobbying des milieux d'affaires sur la décision publique, sur les conflits d'intérêt et sur l'expertise indépendante - Ce séminaire sur invitation s’adresse aux organisations de la société civile, élus, décideurs politiques, journalistes, chercheurs et étudiants, et à tous les citoyens intéressés par les enjeux démocratiques… - Lieu indiqué à l'inscription - Rens. Yveline Nicolas, coordinatrice Adéquations 06 68 88 42 05, 01 46 07 04 94 contact@adequations.org infos@adequations.org http://www.adequations.org/spip.php?article1368 http://www.adequations.org/
- Demain également de 16h à 19h : Les défis des sociétés civiles en Afrique : Démocratisation, redistribution des richesses, luttes pour les droits, protection de l’environnement, résolution des conflits… Les défis des sociétés civiles africaines sont nombreux. Comment s’organisent les mouvements sociaux, les ONG, les nouveaux réseaux citoyens du continent noir ? Quelles formes de mobilisation et de gouvernance proposent-ils pour l’Afrique ? Comment lancer des nouvelles initiatives pour changer les comportements et faire pression auprès des décideurs pour la construction des sociétés plus justes et égalitaires ? Le débat se construira en trois moments : Au plan politique, le défi est de poids. Nombre d’organisations et de mouvements luttent pour la démocratisation de leurs pays, sans grand résultat. L’émergence des nouvelles technologies de l’information favorise-t-elle la démocratisation ? Le modèle de démocratie occidentale peut-il être adapté à l’Afrique, et comment ? Autre défi : la question du pillage des ressources naturelles par les entreprises multinationales. Et comment les relations entre ces entreprises transnationales et les gouvernementaux nationaux ont contribué à l’appauvrissement des populations locales, à la création des conflits et à des atteintes à l’environnement. Enfin, comment les actions de la société civile peuvent-elles contribuer à la transformation sociale et politique tout en travaillant dans des espaces rassemblant des acteurs publics et privés. Organisée par Ritimo – réseau d'information spécialisé sur la solidarité internationale et le développement durable dans le cadre de l’animation de la Coredem, une initiative de mutualisation de documents et ressources en ligne impliquant plusieurs associations participantes. - Lieu : Fondation Charles Léopold Mayer (FPH) : 38, rue Saint Sabin - 75011 Paris 11è, M°: Bastille - Rens. Erika Campelo : e.campelo@ritimo.org http://mercredis.coredem.info/societescivilesenAfrique http://www.coredem.info

-vendredi 21 de 8h30 à 12h : Atelier - Quels échanges entre les Nords et les Suds à l’heure de la mondialisation ? piloté par Edmond Dounias (SEH) « Sous l’effet de la mondialisation, les pays dits du « Sud » évoluent rapidement. Qu’il s’agisse de changement climatique, de biodiversité ou des migrations, la question de leur développement s’inscrit de plus en plus dans des perspectives mondiales. Dans ce contexte qui, pour avoir évolué, n’en est toujours pas moins fondé sur des rapports inégalitaires et soumis aux problèmes politiques qui existent dans beaucoup de ces pays, quel bilan peut-on tirer de l’aide humanitaire, et des actions contre la pauvreté et en faveur de l’environnement ? Faut-il repenser l’engagement associatif ? » - Introduction par Gustave Massiah (membre du Centre de recherche et d’information pour le développement - CRID), Animatrice : Yveline Nicolas (association Adéquations) - Intervenants : Catherine Aubertin (IRD), René Joly Assako Assako (Groupe de Recherche sur les Villes d’Afrique - GREVA, Cameroun) ; Michel Faucon (Crid) ; Norbert Gami (Association pour la Nature et le Développement - AND, Congo-Brazzaville) ; Régis Garrigue (Association Help Doctors) - Atelier réalisé dans le cadre du Forum des associations, « Repenser le développement " (voir précédemment) - Repas à 6,50€ - Lieu : Maison internationale de la Cité internationale universitaire de Paris, 17 boulevard Jourdan, Paris 14è , RER B Cité Universitaires - Rens. 06 88 05 43 39 , 01 40 97 71 16, edaurat@u-paris10.fr ou cloisel@u-paris10.fr - inscription http://www.nss-dialogues.fr/Forum-des-associations-01-2011

vendredi 3 décembre 2010

Le Conseil constitutionnel ivoirien acquis à Gbagbo


Vers 18 heures jeudi, la Commission électorale indépendante (CEI) a annoncé qu'Alassane Ouattara avait obtenu 54,1% des voix, contre 45,9 % des suffrages pour le président sortant Laurent Gbagbo.A peine une heure et demie plus tard, le Conseil constitutionnel ivoirien a invalidé les chiffres au prétexte que «la CEI a épuisé son délai pour donner des résultats provisoires» et n'est donc «plus à même de décider quoi que ce soit», a précisé son président, Paul Yao N'dré (photo), un proche de Laurent Gbagbo (ethnie dida, proche l'ethnie bété de Gbagbo).

La nouvelle n'est pas surprenante et au regard de la composition du conseil constitutionnel le scénario était prévisible. En effet, il y a quelques semaines la Lettre du Continent titrait l'un de ses articles "Un Conseil constitutionnel impartial ?" Pour en reprendre les grandes lignes :
- mi-octobre les locaux du Conseil ont été transférés du Plateau à Abidjan dans la commune de Cocody et placés sous haute surveillance;
- avant le lancement de la campagne, en août 2009, Laurent Gbagbo, avait nommé "pour la première fois un président non issu de la magistrature à la tête du Conseil.
- Les 6 autres conseillers appartiennent également au sérail, à l'instar de Timothée Ahoua N'Guetta." Ancien confident et ministre du président de Bédié qui s'est rapproché de Gbagbo. IL a même été en 2006 l'un des membres fondateurs du Congrès National de la résistance pour la démocratie dirigé par...Simone Gbagbo.
- L'avocat Jacques André Daligou Monoko a quant à lui été l'un des défenseur de Gbagbo lors du procès liés aux évènement du 18 février 1992.
- Bruno Epko Walé et Félix Kouakou Tano sont proches du président de l'Assemblée nationale Mamadou Koulibaly;
- la communication du Conseil est assurée par Dan OPeli et Paul Tayoro, deux anciens du journal Notre Voie fondée par Laurent Gbagbo....Un Conseil vraiment impartial vous dit on !
Il semble loin le temps où Laurent Gbagbo annonçait souhaiter « consacrer l’entrée dans la démocratie, pour bâtir la paix et construire la prospérité » (message de vœux à la Nation pour 2010).

Source : Lettre du COntinent

A lire : "Côte d'Ivoire : des manifestations pour réclamer les résultats des élections aux violences d'après-résultats ?" sur le site de l'alliée, Bénédicte Tratnjek, Géographie de la ville en guerre
ON lira également avec intérêt : "L'éligibilité d'un naturalisé : une création du COnseil constitutionnel" ICI

vendredi 5 novembre 2010

La problématique de l’alternance par les élections en Afrique: le cas du Cameroun


Demain de 9h à 13h : Séminaire sur les élections. La problématique de l’alternance par les élections en Afrique: le cas du Cameroun. Ce séminaire connaîtra la participation de représentants associatifs de plusieurs pays africains (Gabon, Congo, Togo, Côte d’ivoire, Mali, etc.) et Français et sera l’occasion d’échanger les expériences sur les processus électoraux de quelques pays africains afin d’en tirer tous les enseignements pour l’élection présidentielle de 2011 au Cameroun.
Lieu : Bourse du travail , 2 rue du Château d’eau, Paris 10ème, M° République - Lieu : Place du Trocadéro, M° Trocadéro - Contact et information: EMEH Elong 0663786227; tenesop@googlemail.com

samedi 30 octobre 2010

La Côte d'Ivoire sous le feu des projecteurs

Les élections présidentielles auront (enfin...) lieu demain en Côte d'Ivoire. Sans grande surprise l'actuelle président, Laurent Gbgabo devrait être réélu. Ou plutôt devrait-on dire élu puisqu'il a bénéficié d'un "mandat cadeau" de 5 ans après 5 reports des élections. Les cartes d'électeurs et d'identité sont encore en cours de distribution (processus d'identification) or c'est ce problème qui est à l'origine de la crise qui divise le pays depuis 2002.
Selon Jeune Afrique, « le président a décrété la journée de vendredi fériée pour permettre la distribution effective aux retardataires des cartes électorales ».

J'avais déjà consacré un billet à cette question, j'en reprends ici l'essence : "Dès lors, depuis que le processus de paix est engagé, les Forces Nouvelles (ex-Rébellion) ont toujours exigé l'identification avant tout désarmement pour ainsi ouvrir la voie à des élections justes et ouvertes à tous les Ivoiriens alors que le président GBAGBO et ses partisans ont au contraire toujours soutenu que le désarmement et la réunification du pays devaient précéder l'identification" rappelle Webthemic. Dans son billet il modélise le processus électoral ainsi :

1. 2003-2004 : Montée en puissance de la visibilité médiatique de la thématique du "désarmement/réunification".
2. 2005-2006 : La visibilité médiatique de la thématique du "désarmement/réunification" atteint un sommet.
3. 2007-2009 : La thématique de l' "identification" est cette fois-ci nettement plus visible que la thématique du "désarmement/réunification", médiatiquement parlant.

Le président Gbgabo a déclaré aujourd’hui devant des milliers de ses partisans rassemblés dans un stade d’Abidjan « nous allons réhabiliter la politique et après, plus jamais aucun Ivoirien ne prendra les armes ». Le président du conseil d’administration de l’Agence des télécommunications de Côte d’Ivoire, Souleymane Coty Diakité, a affirmé que la diffusion de SMS sera suspendue de dimanche jusqu’à mardi.

Sources : Opérations de paix

mercredi 25 août 2010

Burkina Faso : Compaore réréréréélu ?


Au pouvoir depuis 1987 à la mort de Thomas Sankara, Blaise Compaoré va se présenter à la présidentielle pour la quatrième fois le 21 novembre prochain. Il a été élu pour la première fois en 1991 et réélu pour un septennat en 1998, puis pour un quinquennat en 2005.

« J’accepte de relever le défi que vous m’avez chargé de relever, c’est pourquoi j’accepte de solliciter les suffrages du peuple burkinabè », a-t-il déclaré au COngrès de son parti réunis au Palais omnisport de Ouagadougou samedi dernier.

La Constitution devra être révisée (arti.37)afin de supprimer la limitation des mandats présidentiels.

mardi 11 mai 2010

Révision de la Constitution djiboutienne

A Djibouti, la Constitution du 15 septembre 1992 a été révisée pour la troisième fois le 19 avril.

Après son adoption par la seule Assemblée Nationale, par un vote unanime de 59 des 65 députés, la LOI CONSTITUTIONNELLE N°92/AN/10/6ème L a été promulguée, le 21 avril 2010, par Ismaïl Omar Guelleh.

Cette troisième révision n’est pas anodine. Elle inscrit quelques progrès – par exemple, l’abolition de la peine de mort et l’institution d’un médiateur -, mais elle lève également le verrou de la limitation du nombre de mandats présidentiels, pour permettre au Chef de l’Etat en exercice de briguer un troisième mandat en 2011.
La révision constitutionnelle fixe également un âge limite de 75 ans pour les candidats à la présidence et réduit le mandat présidentiel de six à cinq ans.

En outre, l'article 1er de la Constitution stipule désormais que "l'Islam est la religion de l'Etat" -une disposition qui figurait auparavant dans le préambule de la Constitution- un Sénat est institué, et le cumul de la fonction de député avec un poste ministériel interdit.

L'opposition, qui avait boycotté le dernier scrutin législatif en 2008 et n'est pas représentée à l'Assemblée, a condamné cette réforme.

Ancienne colonie française, Djibouti est majoritairement peuplé d'Afar et d'Issas. Les pouvoirs sont répartis entre ces groupes par la Constitution.  Lors de l'élection présidentielle d'avril 2005, Ismael Omar Guelleh était seul candidat à la succession et avait été réélu, l'opposition ayant appelé au boycott.

lundi 10 mai 2010

Niger : calendrier de transition

Le porte-parole du Conseil suprême pour la restauration de la démocratie, à fixer la durée de la transition à douze mois à compter de son arrivée au pouvoir le 18 février 2010, conformément à la proposition du Conseil consultatif national.

Rappelons que le 4 août 2009 une nouvelle Constitution qui renforçait les pouvoirs du président déchu Tanja et lui accordait au moins trois ans de plus à la tête du pays avait été voté par référendum. La convocation des législatifs faisait parti des dispositions de cette nouvelle Constitution. Ce référendum controversé, boycotté par l’opposition et décrié par la Communauté internationale, s’etait tenu après que le Président Tandja ait dissout tour à tour le parlement puis la Cour constitutionnelle et modifié la loi électorale. Les élections anticipées s'étaient tenues pour tous les sièges de l'Assemblée nationale. 51,27% de participation.
Victoire du Mouvement national pour la société du développement (MNSD) (75 sièges sur 112).
Le 18 février 2010, le président Tandja a été renversé par un coup d’Etat militaire. Les militaires qui ont pris le pouvoir ont institué un « Conseil suprême pour la restauration de la démocratie » (CSRD), présidé par le Chef d’escadron Salou DJIBO, désormais chef de l’Etat (photo). Les premières mesures ont été de suspendre la Constitution et de dissoudre les institutions qui en découlaient.
Le CSRD a annoncé trois objectifs principaux : assainir la situation (lutte contre la corruption), réconcilier les Nigériens et restaurer la démocratie. Les membres du CSRD et du gouvernement se sont engagés à ne pas se présenter aux futures élections présidentielles.


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dimanche 11 avril 2010

"Congo: l'enlisement du projet démocratique" par l'ICG


Le dernier Policy Briefing de l'International Crisis Group est paru le 8 avril. Vous pouvez les télécharger ICI.
Résumé : "La consolidation de la démocratie en République démocratique du Congo (RDC) est entravée dans presque toutes ses dimensions et le régime congolais reste fragile. Lorsque Joseph Kabila (photo) est devenu le premier président élu démocratiquement en 2006, la communauté internationale a considéré cette élection comme une avancée majeure du processus de paix.

Aujourd’hui, l’équilibre des pouvoirs est quasiment inexistant. Le cabinet présidentiel a pris l’ascendant sur le gouvernement, le parlement et le pouvoir judiciaire. Les libertés fondamentales sont fréquemment menacées et des réformes institutionnelles essentielles – la décentralisation et la réforme du secteur de la sécurité – n’ont pas significativement progressé.

A moins que les autorités politiques congolaises ne redonnent en 2010 un nouvel élan à la transformation démocratique et au renforcement des institutions, les avancées obtenues durant la période de transition et l’effort international consenti pour stabiliser ce géant régional sont compromis. Les partenaires extérieurs du Congo doivent remettre la démocratisation et la réforme institutionnelle au centre de leur dialogue avec le gouvernement de Joseph Kabila et ils doivent lier l’aide au développement qu’ils lui accordent aux progrès enregistrés sur ces sujets.

En 2006, pour la première fois dans l’histoire de la RDC, les Congolais choisissent leurs dirigeants nationaux et provinciaux à travers des élections crédibles. L’année précédente, ils ont adopté par référendum la constitution la plus démocratique de leur histoire. Elle traduit une détermination apparente à rénover radicalement la gouvernance politique et économique et à reconnaître les aspirations démocratiques inassouvies depuis l’indépen­dance. La mise en œuvre de cette nouvelle constitution nécessite des réformes institutionnelles fondamentales, telles que la décentralisation et la refonte des structures de sécurité.

L’origine de ce dessein politique remonte aux négociations de Sun City qui mirent fin à des années de guerre civile et à la Conférence souveraine du début des années 1990. Il associe le retour d’une paix durable au Congo à l’équilibre des pouvoirs entre le gouvernement central et les provinces, tout autant qu’à l’établissement de véritables contre-pouvoirs à leur niveau respectif.

Kabila a obtenu un mandat de cinq ans en s’associant à cette vision durant la campagne électorale. Il s’est engagé à redresser un Etat défaillant et à combattre la corruption ; il a proposé un programme de reconstruction du Congo suivant cinq priorités stratégiques : les infrastructures, la santé, l’éducation, l’habitat et l’emploi ; il a promis de promouvoir la démocratisation, notamment en respectant l’Etat de droit et en organisant des élections locales. Presque quatre ans plus tard, le constat est néanmoins accablant. La présidence a entrepris d’étendre son pouvoir sur les autres branches de l’Etat et entretient des réseaux parallèles de prise de décision.

L’exécutif conduit une campagne anti-corruption orientée politiquement qui met en cause l’indépendance de la justice. Le régime utilise les moyens financiers et les outils de coercition à sa disposition pour éliminer les contestations et pour réduire les insurrections locales qui éclatent depuis 2006. Kabila examine la possibilité de modifier la constitution sous le prétexte de résoudre les difficultés rencontrées dans la mise en place de la décentralisation. Tout amendement constitutionnel ayant pour effet de concentrer davantage de pouvoir à la présidence ou de limiter les expressions dissidentes menacerait cependant un système de contre-pouvoir déjà très affaibli. Il est aujourd’hui peu probable que les élections locales se tiennent avant la fin de la législature courante, ce qui risque de compromettre le respect du délai constitutionnel de la fin 2011 pour tenir les élections générales.

Malgré cette tendance autoritaire, la communauté internationale, qui s’est pourtant beaucoup investi dans le processus de paix, est demeurée globalement silencieuse. Les autorités nationales sont extrêmement sensibles aux signes assimilables à une tutelle extérieure. Invoquant le principe de souveraineté, le gouvernement congolais demande le retrait rapide de la mission de maintien de la paix des Nations unies (MONUC) d’ici l’été 2011 et annonce qu’il prendra en charge l’organisation des prochaines élections générales. Il négocie l’allégement de la dette congolaise qu’il espère obtenir avant les célébrations du cinquantième anniversaire de l’indépendance prévues pour le 30 juin 2010.


Compte tenu de la taille du pays et des tensions politiques internes déjà existantes, la RDC est sujette à des rébellions locales alimentées par des querelles intercommunautaires. Certaines insurrections ont démontré un potentiel suffisant pour entraîner une perte de contrôle des autorités. Dans ce contexte, une nouvelle stratégie internationale doit être conçue pour relancer le mouvement de consolidation démocratique et pour prévenir de nouveaux risques de déstabilisation.

Poursuivre le projet démocratique est indispensable pour stabiliser le Congo à moyen et à long terme. Produire un nouvel élan susceptible d’inverser la tendance actuelle exige que les réformes institutionnelles et le programme législatif cessent d’être uniquement considérés sous leurs aspects techniques. Ils représentent d’abord un véritable test de la volonté politique du gouvernement d’améliorer les pratiques de pouvoir et ils doivent constituer un élément central de tout dialogue portant sur l’attribution de nouvelles aides internationales. Les étapes suivantes sont nécessaires pour relancer la transformation démocratique :

* Entamer immédiatement la préparation des élections générales de 2011. La Commission électorale nationale indépendante (CENI) doit être établie rapidement et un budget adéquat doit simultanément lui être attribué. Dans l’intervalle, les autorités électorales actuelles doivent présenter un plan opérationnel clair pour ces élections qui servira de base de discussion avec les bailleurs de fonds.
* Institutionnaliser la lutte contre la corruption. Une stratégie de lutte contre la corruption fondée sur les efforts de la société civile et les expériences enregistrées dans d’autres pays sortant d’une période de conflit doit être élaborée et mise en œuvre par des agences indépendantes nouvellement crées.
* Garantir les droits fondamentaux à travers la loi et les institutions. Le parlement doit créer une Commission nationale des droits de l’homme comme indiqué dans la constitution, réviser le code pénal pour se conformer à la convention des Nations unies contre la torture, limiter les pouvoirs de l’agence nationale de renseignement (ANR), et passer une loi protégeant les journalistes, les militants des droits de l’homme et les victimes et témoins de violations des droits de l’homme.
* Harmoniser le processus de décentralisation avec le renforcement de capacités et la dotation budgétaire des provinces et des gouvernements locaux. Le gouvernement de Kinshasa doit mettre en place une commission d’experts nationaux et internationaux pour explicitement décider quand et comment se tiendront les élections locales. Dans le cas où ces élections ne peuvent avoir lieu avant les élections générales de 2011, un nouveau calendrier doit alors être élaboré.
* Etablir un partenariat clair entre la communauté internationale et le gouvernement congolais sur la réforme du secteur de la sécurité. Une dimension politique doit compléter l’approche technique actuelle. Des critères d’évaluation doivent être élaborés pour mesurer les progrès réalisés et appliquer une approche d’assistance conditionnée.
* Lier l’aide au développement à la gouvernance démocratique. Considérant le rôle essentiel joué par les bailleurs de fonds au Congo, ceux-ci doivent se servir de leur influence financière et politique pour soutenir le processus de construction d’institutions démocratiques. Les nouveaux partenaires asiatiques du Congo doivent être encouragés à inscrire leurs interventions dans cette perspective dans la mesure où ils ne peuvent que bénéficier de l’existence d’un régime plus stable et efficace avec lequel coopérer et commercer."

vendredi 5 mars 2010

Les lectures du week end !



- "Britain and South Africa: The Old Guard Moves On" par Tom Cargill du Chatham House
- "Pourquoi l’Afrique est-elle sujette aux coups d’état ?" par Philippe HUGON
- "Zimbabwe: Political and Security Challenges to the Transition" Africa Briefing (International Crisis Group)
Selon l'International Crisis Group (pour le mois de février): 4 conflits ou situations conflictuelles se sont détériorées en février et 2 situations se sont améliorée.

En Côte d'Ivoire : "Preparations for Côte d’Ivoire’s long-delayed elections ground to a halt as the country’s president, Laurent Gbagbo, dissolved both the electoral commission and government on 12 February following accusations of electoral fraud and rising popular tensions. The move triggered strong condemnation from the opposition and was quickly followed by several days of violent protests in which at least 7 people were killed. Tensions eased following the formation of a new government and electoral commission in which opposition figures were afforded a continuing role. However, the crisis has underscored the still burning issue of identity and nationality in Côte d’Ivoire and the fragility of the country’s post-war transition."

Niger : "soldiers staged a successful military coup on 18 February, detaining President Tandja and announcing that all governing institutions were dissolved. The move followed a ten-month constitutional crisis grounded in Tandja’s efforts to extend his term in office. Thousands rallied in the capital Niamey in support of the takeover, and the coup leaders have pledged to restore constitutional order and hold elections in which no junta leaders will stand. The takeover comes in the context of a series of unconstitutional changes in government across the region, and has been widely criticised by the international community."

Au Kenya : "the coalition government was plunged into a new crisis when a dispute over two major corruption scandals escalated into a tense standoff between power-sharing partners President Kibaki and Prime Minister Odinga. Political tensions in Nigeria also increased over February. The appointment of Vice President Jonathan Goodluck as acting president, in the context of President Yar’Adua’s extended hospitalisation abroad, has created sharp divides within the country’s political elite. Uncertainty increased considerably on 24 February when Yar’Adua suddenly returned to Abuja amid high security and secrecy."

Au Yémen : "hopes were raised for an end to seven months of heavy fighting in the north when the government and Houthi rebels reached a ceasefire agreement on 12 February, after the rebels accepted several conditions including withdrawing from their positions, releasing government prisoners, and returning captured weapons. The ceasefire appeared to be holding despite a small number of rebel attacks later in the month. However, unrest continued in the country’s southern provinces, where clashes and sweeping arrests accompanied protests calling for the secession of former South Yemen."

En Guinée "prospects for a lasting transition to civilian rule continued to improve. On 21 February, Prime Minister Doré appointed a new interim government comprising opposition figures, trade unionists and former junta members. And in a move widely welcomed by the international community, the electoral commission announced plans for presidential elections to be held later this year."

dimanche 27 septembre 2009

2010 : des élections à gogo


Parce que les transitions démocratiques sont un enjeu pour beaucoup de pays africains, je vous propose un calendrier des élections qui se dérouleront dans les mois à venir. Et l’année qui arrive s’annonce chargée. Pas moins de 21 pays éliront présidents, députés...La plupart de ces Etats sont qualifiés de fragiles par les institutions internationales : Burundi, Centrafrique, Côte d’Ivoire, Ethiopie, Guinée, Madagascar, Niger, Rwanda, Somaliland, Tchad.
Aujourd’hui presque tous les pays africains organisent des élections. L’alternance a été une réussite au Mali, au Ghana, au Bénin et en Afrique du Sud, elle s’est grippée au Kenya, en Mauritanie et à Madagascar et la transmission du pouvoir s’est faite par héritage familial au Gabon et au Togo.
ANGOLA – Elections présidentielles en 2010
BOTSWANA -Elections générales (présidentielles, législatives, municipales), le 16 octobre 2009. Ce modèle de démocratie et de développement économique équilibré en Afrique, sera-t-il un exemple de transition ?
BURKINA FASO – Elections présidentielles en 2010. L’opposition réussira t-elle à se réunir ?
BURUNDI – Elections générales au premier semestre 2010. Le pays tente depuis 2006 de sortir de 13 ans d'une guerre civile ayant fait au moins 300.000 morts. Le processus électoral n’est pas encore vraiment lancé.
CENTRAFRIQUE – Elections législatives et présidentielles en 2010. Le MAE rappelle que l’on soit rester: « sensible aux risques qu’une dérive incontrôlée de ce pays ferait courir à la région tout entière, déjà en proie à une forte instabilité ».
COMORES – Elections présidentielles en 2010
COTE D’IVOIRE – Elections présidentielles le 29 novembre 2009. Malgré les retards pris par la commission électorale dans l’organisation du scrutin et après de nombreux reports cette date sera-t-elle respectée ?
ETHIOPIE - Les élections fédérales et régionales en mai et juin 2010. Les élections se dérouleront t-elles dans un climat aussi sanglant qu’en 2005 ou l’opposition est-elle bâillonnée ?
GUINEE – Élections présidentielles le 31 janvier 2010 et législatives en mars 2010. La junte du de Moussa Dadis Camara se maintiendra t-elle au pouvoir ?
MADAGASCAR – Législatives en mars 2010 et présidentielles en octobre 2010. …peut être ! L’île retrouvera t-elle un climat de sérénité depuis la prise de pouvoir d’Andry Rajoelina en décembre 2008 ?
MAURICE –Elections législatives en 2010
MOZAMBIQUE – Elections législatives et présidentielles le 28 octobre 2009. Le président sortant, Armando Guebuza (du Frelimo), qui a dirigé le pays depuis l’indépendance en 1975, est largement pressenti pour l’emporter.
NAMIBIE – Elections législatives et présidentielles les 27 et 28 novembre 2009. Les observateurs prédisent la victoire du parti au pouvoir, la Swapo.
NIGER - Elections législatives le 20 octobre 2009. Elections présidentielles en décembre 2009. Le 4 août 2009 une nouvelle Constitution qui renforce les pouvoirs de Tanja et lui accorde au moins trois ans de plus à la tête du pays a été voté par référendum. La convocation des législatifs fait parti des dispositions de cette nouvelle Constitution. Ce référendum controversé, boycotté par l’opposition et décrié par la Communauté internationale, s’est tenu après que le Président Tandja a dissout tour à tour le parlement puis la Cour constitutionnelle et modifié la loi électorale.
RWANDA – Elections présidentielles le 9 août 2010. Deuxième scrutin présidentiel depuis le génocide de 1994 largement remportée par Kagame, président du Front patriotique rwandais (FPR), l'ex-rébellion tutsie qui a mis fin au génocide en juillet 1994.
SAO TOME PRINCIPE – Elections législatives en mars 2010
SOMALILAND – Elections présidentielles prévue le 27 septembre mais reporté à une date inconnue pour la deuxième fois. Elections législatives en 2010
SOUDAN- Elections présidentielle et législatives en février 2010. Voir billet précédent.
TANZANIE – Elections présidentielles et législatives en décembre 2010
TCHAD – Elections législatives 2010
TOGO – Elections présidentielles le 28 février 2010
Quelques réflexions sur les transitions démocratiques en Afrique proposées par l’Organisation Internationale de la Francophonie : ICI
Voir calendrier provisoire des élections par l'Union Africaine : ICI