Affichage des articles dont le libellé est Piraterie. Afficher tous les articles
Affichage des articles dont le libellé est Piraterie. Afficher tous les articles

samedi 7 juin 2014

La piraterie en BD, notes de lecture

Après le cinéma et les célèbres Captain Phillips et Hijacking, c’est au tour de la BD de s’emparer de la thématique de la piraterie. Paru en avril 2014, Black Lord. Somalie : année 0 (Tome 1), retrace les mésaventures de Maxime Stern, skipper du Queen Lucy, un yacht de luxe arraisonné par des pirates Puntlandais.
Le héros désabusé conduit un groupe de touristes Français qui fêtent les 18 ans de la fille d’un riche homme. En s’approchant trop près des côtes somaliennes, les touristes sont pris en otages par des pirates alors que Maxime Stern parvient à s’enfuir. Recueillis par une famille de pécheurs dont le père de famille, Djad, compte l’aider à rejoindre la France, Maxime va découvrir les origines et les enjeux de la piraterie dans ce pays de la Corne de l’Afrique, privé pendant vingt ans de gouvernement. Si la BD traite peu de relations internationales, elle distille au fil des planches la réalité de cette piraterie contemporaine. Des déchets toxiques, au pillage des eaux par des pêcheurs étrangers, en passant par les effets néfastes et coûteux du khat, cette BD d’action ressemble à un roman photo ou à un story board d’un film de Bruce Willis. Les dessins hyper réalistes de Jean-Michel Ponzio (il a utilisé des photos retravaillées) donne à cette BD toute son originalité et en fait selon les mots de Guillaume Dorison une véritable « fresque fictionnelle (inspirée de faits réels mélangés) ». Si la lecture vous fera passer un bon moment tant le scenario est bien pensé mêlant action et suspens, la description faite de la société somalienne et des Somaliens peut paraître surprenante, pour ne pas dire décevante, car très peu crédible : l’habitat du pécheur Djad, les relations entre Aisa sa fille et Churchill le n°2 des pirates, des pêcheurs Somaliens qui ressemblent bien souvent à des Nigérians etc.
Quelques extraits : 



samedi 12 avril 2014

Les Tweets/actualité de la semaine par @MorningAfrika

Corne de l’Afrique :
1/ Le spécialiste de l’Erythrée Dan Connell revient sur l’ « hémorragie migratoire » érythréenne et la terrible trajectoire des migrants érythréens : « Eritrean Refugeesat Risk » 
2/ La semaine a également été marqué par l’assassinat de deux employés de l'ONU à l'aéroport de Galkayo, l'un était français. Ils travaillaient pour le bureau de l'ONU contre la drogue et le crime (UNODC). Les médias ont rarement précisé que la ville se situe entre deux régions autonomistes. Galkayo se divise en deux, une administration puntlandaise au nord et une administration du Galmudug au sud. 
3/ Toujours dans la Corne de l’Afrique, la 29ème Flotte iranienne a accosté dans le Port de Djibouti pendant trois jours ICI


Les commémorations du génocide rwandais ont généré de nombreux tweets :
1/ Dans The Telegraph : « After the Rwandan genocide 20 years ago, we said 'Never Again'. Did wemean it? » , Justin Forsyth, s’interroge sur les leçons tirées par la communauté internationale après le génocide et sa lenteur à intervenir en cas de massacres. 
2/ Dans « Mémoire d'un génocideet raison d'Etat » sur France Inter, Bernard Guetta aborde la polémique qu’a provoquée le président rwandais Paul Kagamé en accusant la France d’avoir joué un rôle direct dans le génocide. Il revient sur les relations entre la France, le pouvoir Hutu de l’époque et le FRP de Paul Kagamé.
3/ Dans le Foreign Policy, Seyward Darby rappelle qu’une autre ethnie a été massacré lors du génocide rwandais, les Twas, soupçonnés de soutenir les rebelles.
4/ Annier Thomas, de l’AFP, nous livre un témoignage poignant de sa couverture du génocide il y a vingt ans.
5/ Sur la politique de la France et l’aveuglement du pouvoir français, regardez les extraits de 7 jours à Kigali: avec Mehdi Ba, « Le complexe impérial français et ses conséquences », Hélène Dumas « l'abandon de la communauté internationale » et Patrick de Saint-Exupéry sur la colline de Bisesero et le rôle des militaires français, ainsi que de nombreux témoignages.
6/ Dans un « message aux armées », le ministre de la  Défense a répondu « aux accusations inacceptables [de complicité  dans le génocide rwandais] proférées à l’encontre de l’armée française ces  derniers jours » et défendre l’« honneur de la France et de ses armées ».  Selon J.-Y. Le Drian, c’est le « risque que l’Histoire se répète » qui a justifié  le « devoir » de la France d’intervenir en Centrafrique. L’intégralité du texte  est publiée sur Lignes de défense

RCA :
Dans Libération, F. Richard  se penche sur le sort des 14 000 musulmans « piégés au cœur de la  ville de Boda, assiégés par des miliciens anti-balaka résolus à les  anéantir », malgré la présence d’une centaine de soldats français.
Toujours selon Libération, au regard de la  situation actuelle, l’objectif de 2015 pour les élections présidentielles « paraît aujourd’hui relever du pur fantasme » 
Adoption de la résolution 2149 portant création de la MINUSCA et envoi de près de 12 000 Casques bleus en RCA qui devront  relever la Misca d’ici le 15 septembre. Mais critique également du délai de déploiement. La force onusienne ne sera pas opérationnelle avant septembre, Libération, affirme que « pour la France […], le passage de relais  n’est pas pour demain ».

Piraterie :
Le Marin signale l’adoption par la commission du Développement durable de  l’Assemblée nationale, le 08/04, du « projet de loi […] autorisant les gardes  armés à bord des navires battant pavillon français dans les zones de  piraterie ». Le vote du texte en séance publique à l’AN est prévu le 15 mai. 

vendredi 6 septembre 2013

Saisissant "A Hijacking" (fiche ciné)

En 2007, le MV Rozen et son équipage (six Kenyans et six Sri lankais) étaient capturés par des pirates au large de la Somalie. Après 40 jours de négociations le cargo était relâché. On le sait de la réalité à la fiction il n’y a qu’un pas qu’a franchi avec brio le réalisateur danois de « A Hijacking – Kapringen ». Ainsi, dans ce film sorti en France le 10 juillet dernier, on retrouve le MV Rozen au cœur d’une prise d’otage.



Le scénariste de Borgen (de nombreux acteurs de la série sont présents dans le film) et réalisateur, Tobias Lindholm, signe ici un drame aux accents de thriller. On peut y suivre la mésaventure de Mikkel (Pilou Asbaek), sympathique cuisiner du cargo dont le cargo est détourné par des pirates somaliens. Néanmoins, ce sont les négociations qui sont au cœur de ce film. D’ailleurs, celui-ci s’ouvre sur une scène de négociations entre le chef de la compagnie maritime où travaille Mikkel et des hommes d’affaires japonais, sur le montant
d’un accord. Les négociations sont rudes mais Peter, froid et sûr de lui, obtient le montant qu’il souhaitait alors qu’il fait mine de quitter la table de négociations. Cette scène donne le ton du film qui, plus qu’un film sur la piraterie (on ne voit pas l’abordage), est un drame au suspens éprouvant où les négociations pour délivrer les otages mettent le spectateur dans une angoisse permanente.

Tout au long du film, le pirate Omar, mène les négociations de sa cabine à bord du Rozen. Il semble être le chef des pirates bien qu’il s’en défende violemment, refusant d’être réduit à ce statut. Il se présente comme un simple intermédiaire chargé de la traduction. A plusieurs milliers de kilomètres, Peter décide de mener lui-même les négociations, comme il a l’habitude de le faire dans ses affaires, et contre l’avis d’un consultant extérieur engagé pour superviser les procédures. Il se donne pour objectif de faire baisser la rançon de départ qui s’élève à 15 million de dollars. Le leadership et la prise de décision en situation de crise sont autant de thématiques abordées par ce film. On voit le pirate, Omar, utiliser le chantage émotionnel sur les otages pour arriver à ses fins et faire plier Peter. Mais rien n’y fait, le temps s’écoule, les jours se transforment en semaines puis en mois. Les personnages sont épuisés. Peter, le chef d’entreprise danois, qui paraissait froid et très sûr de lui au départ, semble douté de sa capacité à mener sans émotion ces négociations. On le voit faiblir, douter, perdre le contrôle.


A aucun moment l’Etat danois n’intervient. L’action se passe uniquement entre les cabines du Rozen et le bureau de Peter transformé en cellule de crise. Cette ambiance calfeutrée met le spectateur dans une atmosphère de tension. On apprécie tout particulièrement le réalisme de la réalisation. Tobias Lindholm montre les difficultés quotidiennes des membres de l’équipage (saleté, promiscuité, manque de nourriture et d’eau). L’angoisse monte et le désespoir apparaît. Les otages tuent le temps avec les pirates, apprennent à les connaitre, rient avec eux (et d’eux) parfois, bien qu’ils ne parlent pas la même langue. Ils apparaissent comme de véritables businessman et bien qu’Omar leur négociateur se défende d’être un pirate, on comprend qu’il n’en est pas à son premier coup d’essai.

Il n’y a pas vraiment de méchants dans A Hidjaking. Les pirates ont un visage et une rationalité que le simple récit, voir décompte statistique froid des actes de piraterie, ferait oublier. Le réalisateur n’en fait pas des caricatures même si on aurait aimé les voir plus et peut être remonter aux racines de ce phénomène qui a explosé au large des côtes somaliennes en 2008. La piraterie n’est donc pas la thématique centrale du film malgré son titre. Mais les affaires sont les affaires et l’une des dernières scènes du film est d’une violence extrême, elle remet l’humain au cœur du film et montre le caractère destructeur des événements sur la vie de ces hommes pris au cœur de tractations qui les dépassent.

La bande annonce  :





jeudi 4 avril 2013

Guerre et économie : de l'économie de guerre à la guerre économique

A signaler : la parution de l'ouvrage mentionné dans le titre de ce billet. L'auteure de ce blog y participe avec un billet sur "business" de la piraterie en Somalie. Rappelons que cet ouvrage est fait les actes du colloque organisé par Participation & Progrès, Alliance Géostratégique, et l'Ecole de guerre Economique en partenariat avec EPEE le 1er juillet 2011 à l"Ecole militaire. 



Vous pouvez vous procurer l'ouvrage ici  (version papier ou version numérique)

Sommaire ICI


dimanche 9 décembre 2012

Nouveau numéro de Jambo



Le Comité « Afrique » de l’ANAJ-IHEDN est heureux de vous annoncer la sortie du numéro 5 de la revue Jambo



Au sommaire de ce numéro
- L’Angola lance son fonds souverain
- La Bancarisation de la paie des fonctionnaires
- Piraterie : L’anticipation béninoise
- Pages spéciales sommet de la Francophonie : interviews et enjeux.
- La formation des jeunes en Afrique, une composante sous-exploitée du processus de gestion de crise
- Quelle place pour un service de renseignement au sein d’un dispositif diplomatique ?
- Le fondateur de Blackwater s?intéresse aux infrastructures africaines ?
- PUBLICATION Julie d’Andurain, La capture de Samory . L’achèvement de la conquête de l’Afrique de l’Ouest.


Vous pouvez gratuitement télécharger le numéro ICI

lundi 27 août 2012

Lettre n°4 du Comité Afrique "Jambo"

Le comité Afrique de l'ANAJ-IHEDN a publié le 4ème numéro de sa lettre d'information début juillet. 



Au sommaire de ce numéro :

- La menace islamiste à Djibouti, quelles réalités ?
- Petit guide de négociation avec les pirates somaliens
- Environnement politico-sécuritaire au Nord-Kivu
- Etre ou ne pas être à Kinshasa pour le XIVème Sommet de la Francophonie ?
- « China Eximbank », le pragmatisme chinois au service de la conquête des
marchés
- Du printemps arabe aux élections législatives. Algérie 2012
- Réseaux sociaux : les champions africains de la twittosphère politique

Téléchargez gratuitement le numéro ICI

Si vous souhaitez rejoindre l'ANAJ et le comité Afrique :  afrique@anaj-ihedn.org

mercredi 4 juillet 2012

Les défis politiques et stratégiques en Somalie




L'IRSEM vient de sortir son 13ème cahier consacré aux actes du colloque organisé en mai 2011 sur la Somalie. 


Vous pouvez télécharger gratuitement les actes ICI

Résumé de l'éditeur : 
Organisé à Paris les 5 et 6 avril 2011 par l’IRSEM en partenariat avec le Centre d’études stratégiques de l’Afrique (CESA), le séminaire sur les défis politiques et stratégiques du conflit en Somalie a porté plus spécifiquement sur la manière dont les acteurs locaux, nationaux et internationaux appréhendent les défis politiques et stratégiques du conflit somalien. Ce Cahier de l’IRSEM a pour ambition de poursuivre cette collaboration et d’enrichir la réflexion sur les défis que pose la Somalie.
 Trois thématiques ressortent des différents échanges :les perceptions du syndrome somalien depuis 2001, la Somalie comme laboratoire de la conflictualité régionale, et les enseignements sur la construction de l’Etat. 

Sommaire

Clans,  état  et  société  en  Somalie :  montée  et  chute  des  mouvements  islamistes
Quel état construire en Somalie ?
Les  enseignements  à  tirer  du  Somaliland  et  du  Puntland  en  matière  d’édification de la paix et de formation d’État 
La force en attente de l’Afrique de l’est : un emploi en somalie ?
La piraterie comme innovation : une esquisse géographique de la piraterie somalie
L’enracinement  de la   crise     somalienne,     entre     contagion     et  instrumentalisation regionale
« Avancer des réponses stratégiques contre Al-Shabaab »
Le temps de la diaspora somalienne : chronique de la construction du tissu  associatif somali aux Pays-Bas
Haanta  Salka  Ayeey  Ka  Unkantaa  -  Un  pot  à  lait  se  construit  en  commençant par le fond

Avec les contributions de
 Dr  Alexandra  Magnolia  Dias,  Chercheur  au  centre  d’étude  africain  ISCTE
 Dr  Markus  V.  Hoehne,  Institut  Max  Planck  d’anthropologie  sociale,  Halle/Saale
 Cyril   Robinet,   Chargé   de   mission   à   la   Délégation   aux   affaires  stratégiques, Ministère de la défense français
Colonel  Yves  Metayer,  Adjoint  au  chef  du  bureau  Afrique  à  l’Etat- major des armées, Ministère de la défense français
François Guiziou, Doctorant à l’Université de Nantes
Sonia  Le  Gouriellec,  Doctorante  en  Science  Politique  à  l'Université Paris Descartes
 Géraldine  Pinauldt,  Doctorante  à  l’Institut  Français  de  Géopolitique,  Université de Paris 8
 Dr   Benjamin   P.   Nickels,   Professeur   Assistant,   Centre   d'études  stratégiques de l'Afrique
Marc  Fontrier,  Secrétaire  général  de  l’ARESAE  (Association  pour  la  recherche et les études scientifiques en Afrique de l’Est)

vendredi 2 mars 2012

Numéro spécial sur la Corne de l'Afrique

L'auteure de ce blog a eu l'honneur de coordonner un numéro spéciale de la revue Sécurité Globale dont le dossier principal est consacré à la Corne de l'Afrique.


Vous pouvez retrouver le sommaire ICI et :

L’Éthiopie et le temps : la Bible, le Meiji, le Guépard ?
par Alain GASCON

Le détournement des eaux sacrées du lac Tana (Éthiopie) vers les centrales fédérales de production hydroélectrique : de nouvelles tensions régionales en perspective par Maxime LACHAL


Shebab et jeunesse somalienne, un pilier devenu pilon par Hanna OUAKNINE


Innovations normatives, résiliences des pratiques : à quoi et à qui sert l’AMISOM ? par Jean-Nicolas BACH et Romain ESMENJAUD

De Djibouti à Singapour, aux abords des cités entrepôts : menaces pirates et réactions régionales par Éric FRÉCON

Trois trajectoires de sécession dans la Corne de l’Afrique : le Somaliland, l’Érythrée, le Soudan du Sud par Sonia LE GOURIELLEC


Quelqu'un me chuchote à l'oreille qu'une conférence devrait se dérouler autour de certains des auteurs le 5 avril... Vous en saurez plus ici même dans les jours à venir.

vendredi 30 septembre 2011

Combien coûte la lutte contre la piraterie ?

Bien que la piraterie ait fortement augmentée dans le Golfe d'Aden elle reste peu couteuse par rapport au chiffre d’affaire de l’industrie du transport maritime et le coût de l’opération militaire de lutte contre ce phénomène excède de loin le total des rançons versées aux pirates .
Le le surcoût par la communauté internationale (avec les navires de défense), serait estimé entre 10 et 16 milliards de dollars. La piraterie représenterait 1/1000 du coût total du transport maritime.

Rançons
176 millions $
Primes d'assurance
Entre 460 millions  $ et 3,2 milliards  $
Routage des navires
2,4 à 3 milliards  $
Equipements de sécurité
363 millions  $ à 2,5 milliards  $
Forces navales
2 milliards  $
Poursuites judiciaires
31 millions  $
Opérations dissuasives
19,5 millions  $
Coût pour l'économie régionale
1,25 milliards  $
dont l'Egypte
642 millions $
dont le Kenya
414 millions $
dont les Seychelles
6 millions $
TOTAL
7 à 12 milliards $ par an
Source : Anna Bowden, The Economic costs of maritime piracy

jeudi 22 septembre 2011

Combien gagne un pirate ?

A la suite du billet "Piraterie : un impact économique limité ?", interrogeons-nous, combien rapporte la piraterie, aux pirates et aux investisseurs ?



Coûts et dépenses annuels (pour 1 financier, 4 bateaux et 12 pirates) en 2008.

REVENUS
Investissement par le financier
                Skiff et moteur hors-bord   14 000$
               Armes et munitions             2 000$
               Grappins et échelles            1 200$
               Aide à la navigation, GPS   4 000$
Paiements de rançons                   600 000$
                                                           Total revenus 621 200$
DEPENSES
Coûts opérationnels
              Nourriture, fournitures...       72 800$
              Maintenance des équipements 31 200$
              Soins aux victimes                15 750 $
              Pots de vin                            180 000$
                                                      Total des dépenses 299 750$

BENEFICES
Total des bénéfices (brut)                                 321 450$
Total des bénéfices (sans les investissements) 300 250$
Part du financier                                              120 250$
Parts des pirates                                               180 000$
Part par pirate                                                    15 000$

Sources : Calculs réalisés par Raymond Gilpin, sur la base de témoignages de pirates capturés, pour trois détournements réussis, sur neuf tentatives dans l’année, et deux paiements de rançons.
Les frais de nourriture et de fournitures sont calculés pour 208 jours de travail sur l’année.
La rançon serait, en général, divisée ainsi : 20% pour le(s) financier(s), 20% pour les coûts d’opération, 30% en pots de vin, 30% pour les pirates.

vendredi 9 septembre 2011

Piraterie : un impact économique limité ?

Voici quelques extraits de la présentation faite au colloque Guerre et économie organisé par le Club participation et progrès et l'Alliance GéoStratégique le 1er juillet 2011 à l'Ecole militaire. Cette présentation s'intitulait "la piraterie un business porteur ?". Les actes de colloque sont en préparation.



Pour mesurer le coût de la piraterie, doivent être pris en compte :
-le paiement des rançons qui s’élèverait à 240 millions de dollars cumulés depuis 2009 ;
-le surplus occasionné par le détournement d’une minorité de navires vers le cap de Bonne Espérance. Une minorité de navire ont fait ce choix car le passage par le détroit de Bab El Mandeb permet un gain de temps de 14 jours et une économie de carburant entre 800 000 et 2,7 millions de dollars selon le navire. Par ailleurs, il semblerait que seul un navire sur 400 soit détourné mais ce chiffre est soumis à caution puisqu’il ne prend pas en compte les actes de piraterie locaux;
-l’augmentation du prix des marchandises. Après l’attaque contre le Sirius Star le prix du pétrole aurait augmenté de 1,4% ;
-le coût pour les pays voisins : le gouvernement seychellois estime la perte à 12 millions d’euros par an, les prises de thon auraient diminué de 20%, la production de conserverie de 11%, les activités du port de 40%, les revenus du tourisme de 10% et le gouvernement doit allouer 2,3millions d’euros par an (4,3% du PIB) à la lutte contre la piraterie . Les lignes ravitaillant la Tanzanie et le Kenya sont directement touchées, les navires doivent effectuer un détournement de ces lignes qui entraine un surcoût estimé à 5 millions de dollars par an ;
-pour les pêcheurs locaux à qui les pirates ponctionnent des vivres et du carburant. En se prenant au commerce local et régional ils risquent de déstabiliser des économies déjà fragiles ;
-le coût humain : 500- 700 otages actuellement, 4000 personnes ont été maintenues par les pirates ;
-le coût humain pour les Somaliens. Atalante est aussi une mission de protection des navires affrétés par le PAM (Programme alimentaire mondial) et par l’AMISOM.
Une économie de la lutte contre la piraterie s’est développée : les assurances, la construction navale, les sociétés militaires privées et les fabricants d’armes non-létales…

Figure : Coût total de la piraterie (par an)
Rançons                              176 millions $
Primes d'assurance             Entre 460 millions $ et 3,2 milliards $
Routage des navires           2,4 à 3 milliards $
Équipements de sécurité    363 millions $ à 2,5 milliards $
Forces navales                    2 milliards $
Poursuites judiciaires         31 millions $
Opérations dissuasives       19,5 millions $
Coût pour l'économie régionale 1,25 milliards $
dont l'Egypte                      642 millions $
dont le Kenya                     414 millions $
dont les Seychelles             6 millions $
TOTAL                              7 à 12 milliards $ par an

Source : Anna Bowden, The Economic costs of maritime piracy

Bien que la piraterie ait fortement augmentée dans cette zone elle reste peu couteuse par rapport au chiffre d’affaire de l’industrie du transport maritime et le coût de l’opération militaire de lutte contre ce phénomène excède de loin le total des rançons versées aux pirates . Ainsi, d'après K. Menkhaus, « le volume total du contingent suédois constitué de 152 personnes, deux corvettes et un navire de soutien stationné pendant quatre mois en 2009 est supposé avoir couté 285 millions de couronnes suédoises (soit 36.5 millions de dollars) (…) soit l’équivalent de l’ensemble des rançons versées en 2008 entre 20 et 40 millions de dollars US »
Le total du montant des rançons s’élèverait à 240 millions de dollars depuis 2009, mais la lutte contre la piraterie, donc le surcoût par la communauté internationale (avec les navires de défense), serait estimé entre 10 et 16 milliards de dollars. La piraterie représenterait 1/1000 du coût total du transport maritime.
Globalement l’impact économique de la piraterie est donc limité même si elle reste une menace stratégique, humaine et politique intolérable.


Lire :
- Anna Bowden (dir.), « The Economic Cost of Maritime Piracy », décembre 2010, 26p, ICI
- Michèle Battesti, « Entretien avec S. E. M. Claude Morel, ambassadeur de la République des Seychelles en France », Lettre de l’Irsem n°4 -2011, ICI
- Gascon Alain, « La piraterie dans le golfe d'Aden : les puissances désarmées?», in Hérodote, 2009/3 n° 134, p. 107-124.
- « Rapport d’information déposé en application de l’article 145 du règlement par la commission de la défense nationale et des forces armées sur la piraterie maritime et présenté par m. Christian Ménard », Assemblée Nationale, n°1670, 13 mai 2009
-K. Menkhaus, « Dangerous Waters », in Survival, vol.51, n°1, 2009, p.23-24
-Jean-Marc Le Quilliec, « Reprendre l’initiative dans la lutte contre la piraterie au large de la Somalie », in Revue Défense Nationale, Tribune n°71 ICI
- Anne Gallais Bouchet, François Guiziou, « Piraterie : Perturbation de l'économie maritime? », Note de Synthèse N°128, ISEMAR, octobre 2010, p.1 ICI

mardi 28 juin 2011

Comprendre la piraterie maritime dans la Corne de l'Afrique

Pour comprendre la piraterie maritime et surtout la lutte contre la piraterie au large de la Somalie, France 24 propose un web documentaire ICI


Photos/Videos: Lucas Menget
Texte: Marie-Sophie Joubert
Flash / Design: Jérôme Pidoux
Réalisation: Studio Multimedia France24

lundi 11 avril 2011

Côtes somaliennes: une déchetterie radioactive ?

Les habitants d’Hobyo, l’un des principaux ports pirates au nord-est de Mogadiscio (660 km), ont repéré trois grands conteneurs échoués sur les plages (ICI). Les habitants craignent qu’ils puissent contenir des déchets industriels dangereux ou chimiques.



Il est vrai les pêcheurs ont longtemps reproché aux navires étrangers de déverser des déchets au large du pays profitant ainsi du chaos politique de l'absence de gouvernement central effectif qui garantit l’impunité de ces violations des conventions internationales. Les habitants de la côte Somalie et de la région autonomiste du Puntland accusent (principalement les Italiens) d’avoir enfoui des déchets industriels dans les fonds marins somaliens. D’autant que des fûts contenant de produits toxiques et de déchets radioactifs auraient été découverts sur le littoral à la suite du tsunami de 2004.
Selon le PNUE (ICI), les containers se vidaient sur les plages contenaient en effet des déchets industriels ou hospitaliers comprenant de l’uranium, du cadmium, du mercure et toutes sortes de produits pharmaceutiques et de substances chimiques destinées entre autres au traitement des peaux en maroquinerie.

vendredi 1 avril 2011

Les défis politiques et stratégiques du conflit en Somalie

La semaine prochaine l'IRSEM en partenariat avec l'ACSS organise un colloque sur la Somalie.



Horaires & Lieu :
mardi 5 avril 2011
8h30-17h30 - Salle de l’UEO - 43 Avenue du Président Wilson- - 75016 Paris
mercredi 6 avril 2011
9h30-12h30 – Salle de l’UEO - 43 Avenue du Président Wilson- - 75016 Paris

Programme du mardi 5 avril 2011

8h30 : Accueil des participants
9h00 : Introduction
Frédéric Charillon,directeur de l’IRSEM Ambassadeur William Bellamy, directeur de l’ACSS

9h30-12h30 : Les clans contre l’Etat ?
Discutant : Nuruddin Farah, écrivain somalien (sous réserve)

- Le lien entre les clans et l’Etat Dr Alexandra Magnolia Dias, chercheur au centre d’étude africain ISCTE
- Leçons à tirer de la construction de la paix et de l’Etat au Puntland et au Somaliland Markus Hoehne, chercheur au Max Planck Institute for Social Anthropology
- Quel Etat construire en Somalie ? Cyril Robinet, chargée de mission à la Délégation aux affaires stratégiques
12h45-14h15 : Déjeuner libre
14h30-17h30 : Regard sur les acteurs de la stabilisation locale
Discutant : Dr André Lesage, chercheur à la National Defense University

- Eléments de discussion sur le potentiel d’engagement de la diaspora en Somalie Géraldine Pinauldt, doctorante à l’Institut Français de Géopolitique de l’Université de Paris 8
- L’intégration des islamistes à la stabilisation Rashid Abdi, International Crisis Group (sous réserve)
- La force en attente de l’Afrique de l"Est : un emploi en Somalie ? Colonel Metayer, adjoint au chef du bureau Afrique-EMA (Etat-major des armées)

Programme du mercredi 6 avril 2011

9h00 : Accueil des participants
9h30-12h30 : Quels défis stratégiques régionaux pour la gestion du conflit somalien ?
Discutant : Colonel Hughes de Bazouges, Centre de doctrine d’emploi des forces
- Les défis sécuritaires régionaux : Djibouti, Kenya, Ethiopie Sonia le Gouriellec, doctorante en Scineces-politique (Université Paris Descartes) et membre des jeunes chercheurs de l’Irsem
- Le terrorisme : l’action contre les milices Al-Shebab Dr Benjamin P. Nickels, Professeur Assistant, Africa Center for Strategic Studies
- Le rapport des somalis à la mer : une approche géographique et culturelle de la piraterie somalie François Guiziou, doctorant à l’Université de Nantes

Pour vous inscrire : ICI ou inscription.irsem@defense.gouv.fr

jeudi 20 janvier 2011

Le Japon à DJibouti (2/2)

Suite de mes deux précédents billet ICI et ICI

Une approche globale pour l’Afrique : vers l’instauration d’une Pax Nipponica (11) ?
Le Japon a toujours semblé en retrait face aux évolutions majeures du continent (voire du monde), aujourd’hui il aspire à redevenir une nation politique. Mais son problème principal est de « transformer sa richesse en puissance (12) ». Ses priorités sont donc le développement de son aide internationale, de son modèle en matière de développement durable et le renforcement de sa présence dans les organisations internationales.
Pour ce dernier point le Japon a besoin du soutien des pays africains car il ambitionne d’obtenir un siège permanent au Conseil de sécurité dans le cadre du « G4 » (Japon, Allemagne, Brésil, Inde) et les pays subsahariens représentent un quart des votes à l'Assemblée générale de l'ONU. Pour le premier point, c’est une évidence depuis deux décennies, la politique africaine du Japon s’articule principalement autour de son aide au développement ce qu’on a pu appeler « la diplomatie du portefeuille (ou du chéquier)» : « le Japon s’est engagé en Afrique subsaharienne par le biais de son Aide Public au Développement (13) ». Ainsi dans le cas de notre exemple Djiboutien, la coopération avec ce pays ne s’arrête pas à la lutte contre la piraterie. Le Japon ouvre aussi une ambassade sur place et multiplie les projets de développement : construction d’une centrale électrique solaire et l’installation d’un millier de panneaux solaires d’ici 2012 (14) , don de 35 millions de dollars en 2009, l’aide bilatérale est passée de 2 millions de dollars en 2007 à 22 millions en 2008 et 24 millions en 2009, construction et équipement d’un centre de formation pour les enseignants, accord de coopération dans la lutte contre la sécheresse (plus de 5.5 millions de dollars), des centres de dialyse, des studios de production pour la Radio Télévision de Djibouti (près de 10 millions de dollars), des écoles, des équipements agricoles (15) …

A partir des années 1990, en devenant l’un des principaux bailleurs de fonds bilatéraux sur le continent, le Japon s’est impliqué politiquement. Avec la loi PKO (Peacekeeping Operation) votée en 1992 et qui règle les conditions de la coopération au maintien de la paix, le Japon accrût sa participation aux efforts de paix : contribution financière à l’ONUSOM en 1992, surveillance des élections la même année en Angola (UNAVEM2), envoi d’unités de transport de troupes au Mozambique (ONUMOZ) en 1994, secours aux réfugiés Rwandais au Zaïre (MINUAR). Puis il a été le premier des pays non colonisateur à lancer en 1993 la série de conférence de la TICAD (Tokyo International Conference on African Development) afin d’expliquer les projets de développements qu’il avait pour l’Afrique. L’idée de coopération Sud-Sud s’est développée à partir de cette première conférence bien que pour certains la TICAD ait juste avalisé les stratégies de développement existantes (16) . Néanmoins au début du XXIème siècle, l’aide japonaise a subi de fortes contraintes budgétaires conjuguées à une réforme du Ministère des Affaires Etrangères et de l’APD qui a permit au Japon d’adopter une démarche globale alors qu’auparavant il séparait ses activités d’aide de celles liées au règlement des conflits. Au G8 de Miyazaki (juillet 2000) les ministres des Affaires étrangères ont donc adopté cette approche globale, de la phase précédant le conflit à l’après conflit et le Japon de rendre public son propre programme : « Action du Japon » qui indiquait les modalités de sa politique de développement en vue d’éliminer les causes potentielles des conflits. De plus il est a noté que depuis 2006 la part de l’aide accordée à l’Afrique (34,2% du total) a dépassé celle de l’Asie qui concentrait jusqu’alors la majorité de l’aide (et même 98.2% dans les années 1970)(17) . Lors de la quatrième réunion de la TICAD IV en mai 2008 Tokyo a même annoncé un doublement de son aide à l’Afrique.
Le ministère des Affaires étrangères exprimait son engagement pour la prévention des conflits ainsi : « Les questions de développement et de stabilité politique sont étroitement liées (…) le Japon doit (…) s’acquitter d’un certain rôle et mener des efforts indépendants sur le plan du développement africain et des questions de conflit, lesquels sont inhérents à sa position sur la scène internationale. (18) » Aujourd’hui le Japon soutien les appropriations africaines au travers des organismes régionaux et malgré quelques désillusions notamment sur l’utilisation de l’argent par l’Union Africaine pour l’opération de maintien de la paix au Darfour (MINUAD). Dorénavant la priorité va au financement de la formation dans les centres d’excellences régionaux. Tokyo apporte son soutien financier aux 9 centres d’excellences. Contrairement aux anciennes puissances coloniales qui concentrent financement et partenariat sur leurs zones d’influences, le Japon, qui n’a pas de racines historiques en Afrique, investit dans les 5 régions. Seule la NASBRIG (Brigade pour l’Afrique du Nord) bénéficie d’une attention particulière par le soutien au Cairo Centre for Conflict Resolution and Peacekeeping Training in Africa en Egypte. Cette région est en quelques sortes devenues leur zone de préférence (19) .

Conclusion
Le Japon s’est engagé dans une série de changements majeurs depuis le début des années 1990 et la création de cette base à Djibouti est une étape supplémentaire dans son autonomisation sur la scène internationale, à une période où l’archipel se trouve isolé tant dans sa région que dans le monde. L’Afrique est un axe de sa politique étrangère, Tokyo entend jouer un rôle majeur dans la prévention des conflits et la consolidation de la paix. Son implication croissante en Afrique de l’Est, zone au combien instable du continent, est une porte d’entrée pour une diplomatie plus politique sur le reste du continent.

11 Inoguchi Takashi, « Japan’s Foreign Policy in an area of Global Change », Londres, 1993, Pinter Publishers, p175.
12 Jean Esmein (sous la direction de.), « Les bases de la puissance du Japon », Paris, Collège de France, Fondation pour les études de défense nationale, 1988, 348 p.
13 K. Enoki, « La politique africaine du Japon », discours prononcé à l’université de Hokkaigakuin, le 30 juin 2000, cité par Shozo Kamo, « De l’engagement économique à l’engagement politique. Les nouvelles orientations de la politique africaine du Japon », in Afrique contemporaine, Hivers 2004, p.55-66.
14 « Contrepartie japonaise à Djibouti », in Lettre de l’Océan Indien, n°1275, 12 décembre 2009.
15 Yasser Hassan Boullo, « Intensification de la coopération entre Djibouti et le Japon », Agence Djiboutienne d’Informations, 21 juin 2010.
16 Minoru Obayashi (sous la direction de.), « Afurka no Chosen » [« les défis de l’Afrique »], Showa-do, 2003, cité par Makoto Sato et Chris Alden, « La diplomatie japonaise de l’aide et l’Afrique » in Afrique contemporaine, Hivers 2004, p.13-31.
17 Aicardi de Saint-Paul Marc, « Japon-Afrique : genèse d’une relation pérenne », in Géostratégiques, n°26, 1er trimestre 2010, p.195.
18 MOFA, « Contribution du Japon à la prévention et à la résolution des conflits en Afrique », Tokyo, 2000.
19 Entretien avec l’auteure à Djibouti le 5 juin 2010.

vendredi 14 janvier 2011

Le Japon à DJibouti (1/2)

Suite de mon billet ICI



Une rupture dans sa posture stratégique
La projection des forces d’autodéfense (FAD) japonaises dans le Golfe d’Aden peut porter à débat lorsqu’on connaît les limites constitutionnelles du pays. En effet, le Japon a adopté après la seconde guerre mondiale une « Constitution Pacifiste » célèbre pour son article 9 interprété comme bannissant l’utilisation de la force armée dans la défense des intérêts nationaux et le maintien d’une armée : « le peuple japonais renonce à jamais à la guerre en tant que droit souverain de la nation ou à l’usage de la force comme moyen de règlement des conflits internationaux. (…) il ne sera jamais maintenu de forces de terre, de mer et de l’air, ainsi que tout autre potentiel de guerre ». La Constitution ne reconnaît pas non plus le droit de belligérance au sens de l’article 51 de la charte des Nations Unies (3). Pourtant à la suite de la Guerre de Corée (50-53) et de la Guerre Froide, le Japon s’est doté de Forces d’autodéfense aujourd’hui parmi les armées les plus développées (4) et le tropisme maritime de l’archipel fait de sa marine l’une des meilleures. Mais pour beaucoup de Japonais cette clause est un obstacle aux ambitions internationales de Tokyo notamment pour sa participation aux opérations de maintien de la paix. Aussi certaines évolutions comme la transformation fin 2006 de l’Agence de défense en ministère lui permettant ainsi de faire des lois, des arrêtés, d’avoir un budget traduit la volonté du pays de se « normaliser ». Dès 2003 avec la guerre en Irak, les Japonais ont modifié leur constitution afin de pouvoir déployer des troupes dans le cadre d’opérations de reconstruction ou d’aide humanitaire ou de pouvoir s’associer à des activités dites de police internationale. Ainsi, la Constitution ne s’oppose pas à la présence des FAD à l’étranger l’une des conditions est la demande du pays concerné et que leurs activités ne les poussent pas à faire usage de la force.


Un engagement croissant dans la lutte contre la piraterie
Pour le Japon la piraterie au large de la Somalie est une extension du phénomène constaté en Asie du Sud Est et pour lequel Tokyo avait joué un rôle de premier plan notamment par la formation des gardes côtes Malaisiens, Singapouriens et Indonésiens. La liberté de circulation sur les voies maritimes est vitale pour les pays occidentaux et asiatiques. En outre, la dépendance énergétique du Japon explique pourquoi le pays s’est doté d’une des plus importantes marines militaire au monde afin d’assurer la sécurité de son approvisionnement énergétique. En effet, la route maritime passant par le détroit de Bab El Mandeb est d’un intérêt majeur pour un pays qui exporte massivement ses technologies. Sur les 20 000 bateaux qui passent dans le détroit 10% sont propriétés ou contiennent des marchandises japonaises et 90% des exportations japonaises empruntent cette route. L’opinion publique s’est largement mobilisée à la suite d’attaques de piraterie (5) et le Japon a décidé à l’été 2009 de déployer 2 destroyers (6) et 2 avions de patrouille maritime P-3C Orion pour son auto-défense alors que seuls 5 pays ont envoyé des avions (dont la France, les Etats-Unis, l’Espagne et l’Allemagne). Les observateurs ont été très étonnés de la rapidité de cette décision peu habituelle en générale au pays du soleil Levant (7).
Dans le cadre de la lutte anti piraterie les navires de guerre japonais sont placés sous l’application de la loi anti pirate du 24 juillet 2009. A l’origine les navires ont été déployés pour escorter les bateaux japonais selon l’article 82 de la loi sur les Forces d’autodéfense mais la loi du 24 juillet leur permet de protéger les bateaux portant n’importe quel pavillon, alors que les autres forces multinationales ont adopté le principe de « corridor » : chacun surveillant une zone précise et coordonnant à son tour de rôle l’action dans le corridor IRTC (8). En effet, nous l’avons vu, de part son article 9, la Constitution interdit aux Japonais de recourir à toute force militaire y compris dans un cadre collectif sauf en cas de légitime défense.
Par ailleurs, le Japon participe de façon indirecte au renforcement des capacités régionales. En effet, un montant de 15 millions de dollars du budget consacré à la piraterie sert à soutenir la mise en œuvre du code de conduite de Djibouti par l’Organisation Maritime Internationale (9). Or cette organisation est largement financée par le Japon. Plusieurs axes ont été définis par ce code notamment l’établissement de 3 centres d’information : au Kenya (Mombassa), en Tanzanie (Dar Es Salam), au Yémen (Sanaa) et d’un centre de formation à Djibouti. Ces centres informeront sur les attaques, les avaries, l’immigration clandestine…. La construction du centre de formation et de documentation des gardes côtes devrait débuter en octobre à Doraleh (Djibouti). Si l’Union Européenne prend en charge le financement pédagogique (1,5 million d’euros par an), le Japon assure pour sa part le financement direct à hauteur de 4 millions d’euros du complexe (amphithéâtre, réfectoire, dortoirs) qui devra accueillir dès 2011 une soixantaine de personnes venant de 22 pays (10) car si la piraterie touche les côtes d’Afrique de l’Est elle est aussi endémique dans le Golfe de Guinée par exemple....(la suite le 20 janvier)

2 Entretien de l’auteure à Djibouti le 5 juin 2010.
3 Général Henri Paris, « Du néant à la force de réserve policière, puis à la force armée », in Géostratégiques, n°26, 2010, p.67.
4 Le budget reste fixé à 1% du PIB (5180 milliards de dollars en 2008). Le pays se place au 5ème rang mondial (en valeur absolu).
5 En octobre 2007 le chimiquier Golden Nori n’a été libéré par les pirates qu’après avoir exigé une rançon d’un million de dollars, en avril 2008 le pétrolier Takayama a été attaqué au lance-roquette, une tentative d’abordage en février 2010 contre un porte-conteneurs. ..
6 Le Sazanami (DD-113, classe Takanami) et le Samidare (DD-106, classe Murasame), dotés de systèmes de détection, de transmission, d’hélicoptères SH-60J et de 200 marins.
7 Entretien de l’auteure à Addis Abeba le 21 juin 2010.
8 Nicolas Gros-Verheyde, « 18 mois après le début d’Atalanta. Un dernier bilan », in Blog Bruxelles 2, 11 mai 2010.
9 Le code est disponible à cette adresse : http://www.fco.gov.uk/resources/en/pdf/pdf9/piracy-djibouti-meeting
10 « A Djibouti, un centre de formation pour gardes-côtes », in Jeune Afrique, n°2577 du 30 mai au 5 juin 2010.