Affichage des articles dont le libellé est Politique. Afficher tous les articles
Affichage des articles dont le libellé est Politique. Afficher tous les articles

samedi 26 janvier 2013

Afrique du Sud : le déclin annoncé de l'ANC (1/2)

"Cry, the beloved country " titrait le magazine The Economist, fin 2011, évoquant ce qu’il estime être le "triste déclin" de l’Afrique du Sud. En 2012, le Congrès national africain (ANC) fêtait ses 100 ans, un évènement remarquable pour un mouvement politique. Le parti historique de l’Afrique du Sud est aussi au pouvoir depuis près de 20 ans et reste la force politique la plus puissante du pays, créant un monopartisme de fait. Paradoxalement, l’ANC vit une crise sans précédent dans son histoire. Pourtant, Jacob Zuma, reconduit en décembre 2012 à la tête du mouvement, est idéalement placé en vue d’une éventuelle réélection lors de l’élection présidentielle de 2014. La prédominance de l’ANC n’est pas encore remise en cause mais le parti amorce-t-il un déclin ? Est-il toujours aussi puissant ou a-t-il entamé un processus de désintégration comme l’affirme Helen Zille, chef de l’Alliance démocratique, l’un des principaux partis d’opposition ?
100years.jpg-300x168

UN PARTI DOMINANT MAIS DIVISÉ
 L’ANC est au pouvoir sans discontinuer depuis 1994, recueillant à chaque fois plus de 60% des suffrages aux élections nationales. Néanmoins les élections de 2009 ont été marquées par le premier recul du parti. Du côté de l’opposition, l’Alliance démocratique ne cesse de progresser depuis les dernières élections présidentielles de 2009. Certains pointaient alors une certaine usure du pouvoir. Quatre ans après le diagnostic reste le même bien que l’ANC reste le parti hégémonique d’Afrique du Sud sans réelle concurrence crédible de la part des autres mouvements. En effet, depuis 1994, ces derniers n’ont pas réussi à constituer une véritable force de proposition dans le pays et l’ANC a même su convaincre des élus de l’opposition de les rejoindre. Ainsi, une révision constitutionnelle de 2003 a permis aux parlementaires de changer de parti en cours de mandature et ce sans perdre son siège. Le déclin viendrait-il de l’intérieur du parti ? D’après un cadre de l’ANC, le déclin de la puissance électorale du parti: “is like an ocean wave rolling towards the coast… it will happen but we do not know the distance to the shore. ” La lente dégradation au sein du parti est donc inquiétante et certains observateurs s’interrogent aujourd’hui sur un possible éclatement du parti. Pourtant cette crainte de l’éclatement existait déjà à la fin du gouvernement de Thabo Mbeki avec une première scission menée par ce dernier. Mais le Congress of the People (COPE) a obtenu de mauvais résultats électoraux. Fin 2008, le COPE connaît aux élections un premier échec, mais il a surtout échoué à se construire une identité propre. En apparence, il semblait être un parti politique d’opposition comme les autres. Toutefois son histoire, directement liée à celle de l’ANC, le distinguait des autres partis. Il avait le potentiel pour catalyser un certain déclin de l’ANC. De fait, le COPE n’a pas concrétisé son projet de contestation du parti historique. Au contraire il lui a même donné l’occasion de renouer avec ses racines. Ainsi, l’administration de Jacob Zuma a répondu aux critiques du COPE, tant sur le respect de la primauté du droit que sur la responsabilité du gouvernement. L’ANC est sorti renforcé de l’échec de cette scission et y a vu la providence d’un « message de Dieu ». Notons à ce propos que la rhétorique religieuse trouve un écho important dans ce pays très croyant. Elle est souvent utilisée pour mobiliser l’électorat, ainsi Jacob Zuma professait qu’« en votant pour l’ANC vous choisissez d’aller au paradis». De manière plus générale toutes les scissions sont devenues minoritaires. Le paradoxe de l’ANC est qu’il fait des déçus mais continue de remporter les élections par fidélité.
map_of_south-africa

La question qui se pose alors est celle de la prise de pouvoir au sein de l’ANC entre des courants idéologiques internes et entre personnalités. Il existe de fortes tensions au centre du parti entre les soutiens de Jacob Zuma et ceux qui l’ont abandonné, comme le vaste mouvement des jeunesses de l’ANC. En effet, la montée en puissance de Julius Malema, le leader populiste de ce mouvement lié au parti revendiquant son autonomie dans les années 1940, est un signal fort.

Africa-zuma

De plus, grâce au système du Black Economic Empowerment, des membres importants de l’ANC sont devenus également actionnaires de grandes entreprises. Ce phénomène et l’enrichissement d’une partie de la population noire créent des frustrations que les opposants de Jacob Zuma utilisent. Ainsi, l’opposition interne a su profiter de la tragédie de Marikana pour souligner ces contradictions. Julius Malema appelait à « mener la révolution minière » car le gouvernement, lié au capital, ne soutiendrait pas les mineurs. Pour Julius Malema, la nationalisation des mines est une nécessité alors que Jacob Zuma essaie d’adopter un discours intermédiaire en proposant d’imposer des taxes plus lourdes au secteur. De même sur la réforme foncière Julius Malema porte un discours extrémiste calqué sur le modèle zimbabwéen, alors que pour Jacob Zuma il faut imposer aux propriétaires terriens blancs de vendre leurs biens fonciers à un prix inférieur au marché. L’ex-dirigeant de la Ligue de la jeunesse du parti a été désavoué et exclu du parti en 2011 lors de ses déboires judiciaires pour incitation à la haine raciale . La redistribution des terres et des bénéfices miniers sont des enjeux majeurs pour l’avenir économique du pays, et cette question a eu un écho considérable auprès de l’électorat populaire du parti. De fait, les personnalités populistes ont su se distinguer ces dernières années en se présentant comme une alternative au pouvoir actuel. Ainsi plus que jamais les luttes intestines déchirent le parti. Les syndicats contestent la politique libérale du gouvernement et les groupes sociaux ont des intérêts opposés. Pourtant Jacob Zuma conserve le soutien de l’ANC et a su rallier les syndicats mais la situation est très confuse. En effet, la Cosatu, puissante fédération syndicale du pays, a choisi de soutenir Jacob Zuma pour un second mandat alors que Zwelinzima Vavi, le secrétaire général du Cosatu, très critique à l’égard du régime, a été réélu pour un sixième mandat, et que dans le même temps le président du Cosatu, fervent soutien du chef d'Etat, était aussi réélu. Pourtant, les grèves à répétition dans l’enseignement et dans les services municipaux ont mis en évidence les divergences avec cette centrale syndicale et le parti. Même le Numsa (National Union of Metalworkers of South Africa), pourtant très virulent contre Jacob Zuma, a surpris tout le monde en annonçant lui accorder son soutien. Les commentateurs ont alors fustigé ce revirement et dénoncé d’obscures négociations. Une nouvelle fois, la stratégie de conquête et de conservation du pouvoir de Jacob Zuma a été contestée.
julius-malema1

Aujourd’hui, les cadres de l’ANC ou leurs proches ont des intérêts économiques tels que leur engagement semble davantage motivé par l’argent que par l’idéologie. En parallèle, la corruption rampante expliquerait la disparition de 3 milliards d'euros d'argent public chaque année. Ainsi, la lutte semble polarisée sur l’obtention de postes au sein du parti. Ces hautes fonctions sont synonymes de pouvoir par l’accès aux marchés publics et aux ressources qu'elles impliquent. Cette tendance au copinage est renforcée par les tendances autoritaires du parti qui perdurent. L’Assemblée nationale a ainsi voté en novembre 2011 une loi controversée sur la "Protection des Informations d'Etat". Cette loi, portée par l’ANC, ferme l’espace à la liberté d’expression en rendant passible de sanctions la possession, la publication et la distribution d'informations d’Etat sensibles. Cette loi permet donc au gouvernement d’empêcher la publication d’informations nuisibles à l’Etat. Du fait d’une définition floue à l’extrême les détracteurs y voient un moyen de limiter la diffusion vers l’opinion publique des affaires de corruption dont ils auraient connaissance. En définitive, la crise actuelle était déjà en germe depuis plusieurs années. L’ANC est un parti très hétéroclite qui s’apparente parfois à un forum où les rivalités apparaissent plus fortes que jamais. Or le défi de l’ANC a toujours été de parvenir à rester uni autour d’une ligne politique équilibrée pour préserver le compromis politique qui le fonde. La stabilité du pays se base sur cette gouvernance d’union qui combine au discours populiste, une politique économique néolibérale et une redistribution aux accents sociaux-démocrates.

vendredi 28 décembre 2012

La France sait-elle encore quelle est sa place en Afrique ?

Atlantico publie ce jour une interview réalisée hier sur la place de la France en Afrique. Ci-dessous, les premières lignes de l'interview : 


L'ambassade de France prise d'assaut en Centrafrique, des négociations diplomatiques au Mali qui n'attendent que l'avis d'Alger et de Washington : l'Hexagone semble ne pas trop savoir où chercher sa place en Afrique, pris entre les mauvais souvenirs d'un colonialisme conspué et la course aux ressources que se livrent Chine et Etats-Unis.

Atlantico - Les manifestations contre l'ambassade de France à Bangui appelant une intervention de la France, la difficulté pour Paris à s'imposer comme acteur de premier rang dans la crise malienne quand tous les regards se tournent vers Washington et Alger, les discours récurrents dénonçant la Françafrique ... Tout cela peut nous amener à nous interroger : quelle est la place de la France aujourd'hui ?

Sonia Le Gouriellec - La France vit actuellement une période transitoire dans ses relations avec certains de ces pays. C’est ce qui explique ses ambivalences et ses hésitations. Notre pays souhaite multilatéraliser, européaniser et africaniser sa politique mais nous sommes confronté à de nombreux blocages. D’une part, l’engagement européen en matière de paix et de sécurité en Afrique semble bloqué au volet préventif et financier. D’autre part, et on le voit avec l’intervention qui se prépare au Mali, les organisations régionales en matière de sécurité en sont encore à leurs balbutiements, et les moyens limités de l’Union africaine ne lui confère pas une efficacité optimale. C’est une position particulièrement inconfortable pour la France qui du coup semble attentiste.
Cela entame la légitimité de la France sur le continent, notamment auprès de la jeunesse. Le risque est de s’enliser dans le temps long de nos partenaires, et de voir la position française marginalisée alors que le continent est désormais un espace « coopétitif », soumis à des influences diverses entrant en compétition ou en coopération. Cette phase transitoire risque aussi d’entrainer une perte de connaissance et de compréhension mutuelles. La question que vous soulevez sur le rôle et l’influence de la France sur le continent est donc légitime et n’a jamais été posée avec autant d’acuité qu’aujourd’hui, bien qu’elle soit rendue difficile par les relations souvent passionnelles, qui lient le pays au continent, représentant souvent un obstacle à une vision rationnelle et globale des problèmes africains. Mais rassurez-vous, les autres puissances éprouvent les mêmes difficultés, brouillées par le panafricanisme et l’afrocentrisme, qui ont voulu donner une vision d'une Afrique qui pourrait être appréhendée et gérée d’un seul bloc. Il faut donc penser l'Afrique dans sa diversité, et y appliquer non pas une politique, mais des politiques africaines.

La France se donne-t-elle les moyens d'une politique moderne en ouvrant un dialogue économique, politique et diplomatique ouvert avec tous les Etats de ce continent ou se contente-t-elle d'entretenir les restes de ses relations avec les anciennes colonies ?

Non, nos dirigeants s’efforcent de s’ouvrir sur les pays qui ne font pas partie du pré carré français. Pour plusieurs raisons. Economique d’une part, d’où l’ouverture vers les pays anglophones. Les leaders régionaux Nigéria, Afrique du Sud, Angola sont particulièrement visés. La France souhaite rester en Afrique pour des raisons qui n’ont pas beaucoup changées : consolider notre position à l’ONU et dans les grandes institutions internationales en général; avoir accès aux matières premières (uranium nigérien, minerais mauritaniens, gaz nigérian ...), pour des raisons culturelles également dont la francophonie est un vecteur, regardez la dernière visite de François Hollande en RDC pour le sommet de l’OIF.

La suite ICI

vendredi 20 mai 2011

Triste Nigeria

Alors que 800 personnes ont été tuées dans les violences interethniques postélectorales, quelques lectures pour comprendre la situation :

- "Boko Haram Exploits Sectarian Divisions to Incite Civil War in Nigeria"
- un document de l'ICG de 2009 qui prévenait "Nigeria and its international friends need to act urgently and concertedly to prevent another electoral disaster in 2011" : "Nigeria Needs to Prevent another Electoral Debacle"
- The 2011 elections in Nigeria : a new down ?" de l'ISS
- le dernier rapport de Human Rights Watch : "Nigeria: Post-Election Violence Killed 800"

mardi 9 novembre 2010

Gbagbo et le PS : chabadabada...


En 2000 la France est en période de cohabitation et la Côte d'Ivoire organise un scrutin présidentiel. Ce scrutin est boycotté mais Gbagbo est élu avec 12% des voix. Légal mais non légitime c'est la France qui légitimera ensuite cette élection. La suite on la connait Gbagbo radicalisera le concept d'ivoirité (développé par Bédié après la mort d'Houphouet BOigny (1993) afin d'écarter des élections Ouattara et de fait les populations du Nord).
Ajourd'hui l'histoire se répèterait presque. Le 17 octobre Jack Lang a assisté à un meeting électoral du président/candidat ivoirien : "Merci, merci Laurent pour ton courage, pour ton action, pour ta fidélité à la gauche, pour ton engagement pour la démocratie (...)Merci cher Laurent pour le combat exemplaire que tu mènes, nous sommes fiers de toi (..)". La veille 2 émissaires de Dominique Strauss-Kahn suivaient Gbagbo à Daloa.
Rappelons que "le démocrate Gbagbo" a bénéficié d'un "mandat cadeau" de 5 ans à la tête de la Côte d'Ivoire après 5 reports de l'élection" ICI
L’ancien président ivoirien Henri Konan Bédié, arrivé troisième lors du premier tour de l’élection présidentielle du 31 octobre, a appelé avant hier ses partisans à appuyer l’ex-Premier ministre Alassane Ouattara durant le second tour du scrutin, prévu le 21 novembre.

Source : La lettre du continent

samedi 23 octobre 2010

BBC : débat sur les élections en Côte d'Ivoire

Aujourd'hui la BBC propose un débat sur l'élection en Côte d'Ivoire du 31 octobre 2010

Quels sont les enjeux de ce scrutin ? Cette élection sera-t-elle libre et transparente ? Préfigure-t-elle un retour définitif de la paix en Côte d'Ivoire?

Participez à l'émission l'Afrique en direct en envoyant un SMS au : 00 44 77 86 20 50
Vous pouvez aussi les contacter par e-mail à l'adresse suivante : bbcafrique@bbc.co.uk

jeudi 21 octobre 2010

Djibouti : l'heure des règlements de compte

A écouter ICI l'interview de FARAH RACHAD (à droite), ambassadeur de Djibouti en France sur Africa 24 qui intervient (le 19/10) sur la chaîne quelques jours après celle de l'opposant Boreh (le 13/10).

L'ambassadeur de Djibouti présente tout d'abord un bilan plutôt positif de son pays : Djibouti aurait attiré ces 5 dernières années 1 milliard de $ d'IDE et devrait en attirer 750 millions les 5 prochaines années.

Puis l'interviewer, Babylas BOTON, rapporte les critiques de l'opposition qui pour sa part dresse un bilan plus sévère : corruption, baisse du pouvoir d'achat, augmentation taux du chômage, justice aux ordres du pouvoir.... L'interviewer revient également sur la révision de la Constitution d'avril 2010 (voir billet ICI) et se demande si Djibouti est un État de droit ?

Pour l'ambassadeur ses critiques sont celles de Boreh (à gauche), un homme d'affaires et ressortissant franco-djiboutien ( ICI )qui serait poursuivi pour acte de terrorisme (attentats de mars 2009 contre le Supermarché Nougaprix au centre-ville, puis le 8 mars 2009 contre la Brigade de Gendarmerie de Cheikh Moussa à Balbala ICI), renvoyé des Émirats Arabes Unis où il avait trouvé refuge après avoir été condamné par contumace à Djibouti. Il a quitté Dubaï cet été et multiplie depuis les rencontres avec des opposants djiboutiens à Paris souhaitant voir les opposants élaborer une stratégie commune contre la réélection d'Ismail Omar Guelleh à un troisième mandat en 2011.

L'interview de l'ambassadeur FARAH RACHAD :

TALK - FARAH RACHAD - Djibouti
envoyé par AFRICA24. - L'actualité du moment en vidéo.

L'interview de l'opposant Boreh :

TALK Abdourahman-Charles BOREH
envoyé par AFRICA24. - L'actualité du moment en vidéo.

jeudi 14 octobre 2010

Mugabe forever ?

Les élections auront lieu l'année prochaine et le perdant s'engage à en accepter le résultat a déclaré le mois dernier le premier ministre Tsvangirai. En février 2009 il avait formé un gouvernement d'union avec le président Robert Mugabe, pour sortir le pays de la crise née de la défaite du clan présidentiel aux élections législatives de mars 2008. L'accord l'organisation d'élections d'ici à 2011 dans le cadre d'une nouvelle Constitution. Or sa rédaction a été ralentie par l'obstruction le clan présidentiel (Zanu-PF). De même Mugabe a déclaré qu'il ne ferait aucune concession tant que certains pays comme les États-Unis n'auront pas levé les sanctions qui pèsent sur lui et sa garde rapprochée....


jeudi 2 septembre 2010

Vidéo la politique de coopération militaire de la France en Afrique

A la suite de mon billet d'hier sur la politique africaine de la France, l'allié de Mars Attaque nous signale cette vidéo du Journal de la Défense d'août 2010 (26 minutes) composée de 5 reportages sur la politique de coopération militaire de la France en Afrique.


Le Journal de la Défense n°46 d'août 2010
envoyé par ministeredeladefense. - L'info video en direct.

mercredi 1 septembre 2010

Réflexions sur l'évolution de la politique africaine de la France

Quelques réflexions sur les évolutions depuis le début des années 1990 :
- d’abord une politique volontariste et attentive de courte durée explicitée dans le discours de la Baule en 1990 ;
- puis une politique plus transparente mais qui prend la forme d'un désengagement ou d'une rupture, à partir de 1997 et illustrée par la formule « ni ingérence, ni indifférence » (L. Jospin) ;
- une politique qui se cherche et qui hésite entre l'influence et l'attentisme, dès 2002, soutenue par la doctrine « accompagner sans dicter » (D. de Villepin)
- et depuis 2007 une politique de rupture et d’ouverture hors du champ traditionnel marquée par la prépondérance des intérêts économiques et le désir de multilatéraliser les opérations.

Malgré les soupçons qui ont pesé sur les gouvernements successifs et sur l'actuel en particulier, la France souhaite rester en Afrique, d’ailleurs les enjeux n’ont guère varié depuis la décolonisation :
- l’Afrique est un levier d’influence à l’ONU et dans les grandes institutions internationales en général, elle lui permet de consolider la position française;
- elle lui permet l’accès à des matières premières;
- l’Afrique est le principal vecteur de la francophonie, et elle peut favoriser la diffusion de la culture française ;
- la France possède en Afrique des ressortissants français en grand nombre ;
- les intérêts économiques français y sont importants.

lundi 23 août 2010

Les pires pays du monde sont en Afrique...


Le magazine Newsweek nous propose un classement des meilleurs pays du monde qui vise à promouvoir la bonne gouvernance.La méthodologie tient compte de facteurs aussi divers que l’éducation, la santé, la qualité de vie, le dynamisme économique et l’environnement politique. Newsweek explique qu’il a fallu plusieurs mois pour réaliser cette carte interactive, avec entre autre l’aide d’universitaires parmi lesquels un prix Nobel.

Les trois gagnants sont:

1. La Finlande
2. La Suisse
3. La Suède
11. Etats-Unis
16. France

Ce classement aurait donc son pendant...les pires pays du monde.
Les grands perdants sont en Afrique :
La Tunisie 65ème mais premier pays du continent.
Le Maroc 67ème, l’Egypte 17ème, le Bostwana 80ème, l’Afrique du Sud 82ème, l’Algérie 85ème, le Ghana 86ème, le Kenya 87ème,

Et les 10 derniers pays du classement sont africains :
Madagascar 90ème, le Senégal 91ème, la Tanzanie 93ème, l’Ethiopie 94ème, le Mozambique 95ème, l’Ouganda 96 ème, la Zambie 97ème, le Cameroun 98ème, le Nigeria 99ème et la lanterne rouge revient au Burkina Faso 100ème de la liste.
Le mauvais classement des pays africains s'expliquerait par les difficultés de ces pays dans les domaines éducatifs, sanitaires, un environnement économique et sociopolitique instable, la corruption (d'où la place du Nigeria et du Cameroun)...


Vidéo de France 24 discutant de la méthodologie utilisée pour réaliser ce classement ICI

mardi 20 juillet 2010

Campagne au Rwanda : Kagamé dépassera t-il les 95% ?

Le Rwanda vient de lancer ce jour sa campagne pour l'élection présidentielle du 9 août 2010. A trois semaines des élections, la tension monte.
Chasse aux opposants :
-Le parti démocratique vert, lancé en août 2009, par des transfuges du Front patriotique rwandais (FPR), actuellement au pouvoir : qui n'a pas été agréé par les autorités et dont le premier vice-président André Kagwa Rwisereka a été assassiné la semaine dernière.
- Le parti social : Bernard Ntaganda son membre fondateur a été exclu du parti et arrêté le 24 juin et placé sous contrôle judiciaire (accusé de "terrorisme" et d'"incitation génocidaire"
- Les Forces démocratiques unifiées dont la présidente Victoire Ingabire a aussi été inculpée et placée sous contrôle judiciaire pour "propagation d'idéologie génocidaire".

Un pastiche d'opposition :
-Jean-Damascène Ntawukuriryayo, le vice-président de l'Assemblée nationale et l’ex ministre de la Santé,
-Prosper Higiro, vice-président du Sénat, ex ministre du Commerce et
- une femme Alvera Mukabaramba.
Tous ont le même discours que le FPR, et tous avaient soutenu Kagamé lors du dernier scrutin....

Par ailleurs, la presse indépendante est aussi réprimée :
- assassinat le 24 juin de Jean Léonard Rugambage journaliste et directeur adjoint du bimensuel Umuvugizi
- arrestation le 8 juillet d'Agnès Uwimana Nkusi la directrice du bimensuel Umurabyo

Paul Kagamé devrait être réélu mais quelle légitimité pour son pouvoir ? Pour Paul Simon Handy, chercheur camerounais interrogé par RFI, «je pense que ce vent de panique est plutôt provoqué par les dissensions internes au FPR... Ce dont le président Kagamé a véritablement peur, c'est de voir se former des partis d'opposition par d'anciens compagnons de route ».
Tout l'enjeu est de savoir si Kagamé battra le score de 2003 quand il avait obtenu 95% des voix !

samedi 3 juillet 2010

Failed States 2010 : podium africain


L'index annuel de Foreign Policy et du Fund For Peace "met à l'honneur" l'Afrique. En effet 7 États sur les 10 premiers sont Africains. Sans surprise :
1- Somalie
2- Zimbabwe
3- Soudan
4- Tchad
5- République Démocratique du Congo
6- Irak
7- Afghanistan
8- République centrafricaine
9- Guinée
10- Pakistan
11- Côte d'Ivoire
14- Kenya
15- Nigeria
16- Ethiopie
21- Ouganda
23- Niger
24- Burundi
26- Cameroun

Sans surprise aussi les États les plus stables se trouvent au Nord de l'Europe, la Norvège, la Finlande et la Suède en tête. La France se place 159ème/177.

Téléchargez la liste complète : ICI

lundi 28 juin 2010

Le pays qui n’existe pas vote


Samedi les Somalilandais (ex Somalie Britannique) votaient à l'occasion de la deuxième élection présidentielle de la république autoproclamée (1 tour scrutin par liste).
Seulement 3 partis sont autorisés, les trois candidats en lice :
-le président sortant Dahir Riyale Kahin (Issas mais d’un sous clan minoritaire : Gadabourssi) soutenu par le voisin djiboutien mais donné perdant (photo).
- Ahmed Mohamud Silanyo
- Feysal Ali Warabe

Enjeu de l’élection :
-Tous les candidats se retrouvent derrière la lutte pour la reconnaissance de ce quasi Etat.
-Risque de déstabilisation si l’un des 2 autres candidats est élu car l’actuel président était issu d’un sous clan minoritaire ce qui permettait de calmer les velléités des 2 autres clans qui eux sont majoritaires.
Les résultats de l'élection, suivie par des dizaines d'observateurs internationaux, sont attendus dans une semaine.
Le Somaliland a fait sécession en 1991, proclamant son indépendance et offrant une paix relative à ses habitants dans le nord-ouest du territoire somalien alors que le sud de la Somalie sombrait dans le chaos et l'anarchie.

Un Quasi Etat dynamique : Le pays dispose de ses propres forces de sécurité et de sa police, d'un système judiciaire et d'une monnaie, d’un drapeau, de timbre (édités en Grande Bretagne), de gardes côtes formés par les Britanniques mais n'a été reconnue par aucun autre Etat. Le secteur privé est très dynamique (7 opérateurs de téléphone presque autant de journaux). C’est aussi la seule économie au monde où plus de la moitié de la population dépend du pastoralisme nomade pour vivre. Dans « un pays plein de promesses » Oblik Carton Dibeth note : « le Somaliland possède une classe entrepreneurs connue pour avoir su mettre sur pied, à la suite de la guerre civile, un système de télécommunication, de liaisons aériennes et de sociétés de transfert d’argent et cela malgré l’absence de banques commerciales, d’institutions de crédit et de services d’assurances »

Des ressources : 850 km de côtes, en 1988 lorsque l’extension de la guerre dans le Nord les a obligé à fuir, au moins deux compagnies pétrolières (Conoco et Sunoil) avaient trouvé de l’huile . Les permis sont aujourd’hui caducs. Ce brut est une extension du gisement yéménite et il est probablement très riche.

Au nom du principe de l’intangibilité des frontières aucun Etat ne reconnait ce pays. Peu avant sa mort le Président Mohamed Ibrahim Egal avait suggéré qu’on traite le Somaliland comme « entité de facto » à la manière de l’entité palestinienne. Le but est essentiellement de permettre des relations bancaires et la possibilité d’établir des contrats d’assurance. Qui fera le premier pas ? Quelles conséquences de l’indépendance du Sud Soudan l’année prochaine ? L’indépendance est elle souhaitable dans une région déjà Balkanisée ?

Sur les précédentes élections ICI
Mes précédents billets suur le "pays" : ICI

lundi 10 mai 2010

Niger : calendrier de transition

Le porte-parole du Conseil suprême pour la restauration de la démocratie, à fixer la durée de la transition à douze mois à compter de son arrivée au pouvoir le 18 février 2010, conformément à la proposition du Conseil consultatif national.

Rappelons que le 4 août 2009 une nouvelle Constitution qui renforçait les pouvoirs du président déchu Tanja et lui accordait au moins trois ans de plus à la tête du pays avait été voté par référendum. La convocation des législatifs faisait parti des dispositions de cette nouvelle Constitution. Ce référendum controversé, boycotté par l’opposition et décrié par la Communauté internationale, s’etait tenu après que le Président Tandja ait dissout tour à tour le parlement puis la Cour constitutionnelle et modifié la loi électorale. Les élections anticipées s'étaient tenues pour tous les sièges de l'Assemblée nationale. 51,27% de participation.
Victoire du Mouvement national pour la société du développement (MNSD) (75 sièges sur 112).
Le 18 février 2010, le président Tandja a été renversé par un coup d’Etat militaire. Les militaires qui ont pris le pouvoir ont institué un « Conseil suprême pour la restauration de la démocratie » (CSRD), présidé par le Chef d’escadron Salou DJIBO, désormais chef de l’Etat (photo). Les premières mesures ont été de suspendre la Constitution et de dissoudre les institutions qui en découlaient.
Le CSRD a annoncé trois objectifs principaux : assainir la situation (lutte contre la corruption), réconcilier les Nigériens et restaurer la démocratie. Les membres du CSRD et du gouvernement se sont engagés à ne pas se présenter aux futures élections présidentielles.


précédent billet ICI

mardi 27 avril 2010

Omar El-Béchir réélu à la tête d'un régime difficile à cerner


On s’y attendait c’est confirmée, avec 68,24% des voix, le président soudanais Omar el-Béchir a été reconduit à la tête du Soudan, hier lors de son premier test électoral après 21 ans de pouvoir. "En ce jour, je remercie Dieu parce que c'est lui qui donne la victoire. Ce n'est pas une victoire pour le NCP (Parti du congrès national) seul, mais pour tous les Soudanais" a-t-il déclaré.

Le Soudan est un géant aux pieds d’argile. Il a tous les attributs d’une puissance régionale : c’est le plus vaste pays d’Afrique, c’est un pays stratégiquement situé, au carrefour du monde arabe et de l’Afrique, c’est aussi un important producteur de pétrole, et son potentiel agricole et minier est également important. Pourtant ce pays est fragile. Le Soudan est une mosaïque de peuples (572 langues), son pouvoir est contrôlé depuis l’indépendance par les Arabes, minoritaires (30% de la population) et surtout le pays est divisé entre un centre plutôt favorisé et des périphéries marginalisées : Sud, mais aussi Est et Ouest (Darfour), qui se rebellent. Plus qu’une guerre de religion entre un Nord islamique et un Sud chrétien et/ou animiste, ce sont plutôt deux cultures, une tribale traditionaliste au Sud et une arabo-musulmane au nord, qui s'opposent. On peut aussi y analyser une opposition entre le Centre (concentrant tous les infrastructures, les banques...) et la périphérie (les ressources pétrolières sont au sud et à l’ouest). En outre, la crise du Darfour a remis en cause la grille d’analyse traditionnelle qui permettait d’expliquer la situation au Soudan par le clivage Nord (musulman) /Sud (chrétien). Il est donc difficile de comprendre le fonctionnement du régime soudanais. Petit rappel des faits :

L’ISOLEMENT DU POUVOIR ISLAMISTE SOUDANAIS DANS LES ANNEES 1990

En 1989, le général Omar el-Béchir, sous l’influence d’Hassan al-Tourabi (photo)  et du Front National Islamique (FNI), arrive au pouvoir après un coup d’Etat. 1989 représente une véritable césure islamiste dans le pays. L’islam politique d’inspiration wahhabite triomphe représenté par Hassan el Tourabi, chef du Front National Islamique. Ses ambitions et son activisme l'avaient mené à sa perte, au moment où le pouvoir projetait de briser son isolement international. Ainsi, Hassan el Tourabi est mis à l’écart en 1999.
Au niveau international, dès 1989, le Soudan dispose d’une mauvaise image internationale. Le régime a même été soupçonné de soutenir le terrorisme islamiste en accueillant Ben Laden. En réponse la communauté internationale se veut très ferme. Ce statut « d’Etat–paria » favorise le rapprochement de Khartoum avec certains pays asiatiques (Chine, Malaisie, Inde), notamment dans le secteur pétrolier et minier.

LE REGIME S’OUVRE ET SORT DE SON ISOLEMENT AU DEBUT DU XXIEME SIECLE.


Entre août 1998 et septembre 2001, un changement important se fait dans l’équilibre interne du pouvoir à Khartoum. Avant 1998, le régime avait mobilisé à la fois une approche traditionnelle de la sécurité nationale, centrée sur l’État, et une approche panislamiste plus radicale. Deux approches qui, suivant les périodes, étaient soient rivales soient associées. En décembre 1999, le président Bechir suspend l’Assemblée nationale, écarte Tourabi et purge le parti unique (le Congrès national) des plus importants partisans de ce dernier.

Depuis les années 1980 on peut remarquer que les islamistes soudanais aiment séduire, manipuler et infiltrer. Ils fonctionnent comme une société secrète. Officiellement, c’est le président Omar el-Béchir qui gouverne. L’alliance, créée en 1989, avec le FNI se poursuit. L’armée occupe la plus haute fonction de l’Etat, elle s’enrichit et investit dans le secteur pétrolier et la finance.

Voir : Omar El Bechir est l'objet d’un mandat d’arrêt de la Cour pénale internationale depuis le 4 mars 2009, article ICI
La nouvelle stratégie américaine pour le Soudan ICI

dimanche 11 avril 2010

"Congo: l'enlisement du projet démocratique" par l'ICG


Le dernier Policy Briefing de l'International Crisis Group est paru le 8 avril. Vous pouvez les télécharger ICI.
Résumé : "La consolidation de la démocratie en République démocratique du Congo (RDC) est entravée dans presque toutes ses dimensions et le régime congolais reste fragile. Lorsque Joseph Kabila (photo) est devenu le premier président élu démocratiquement en 2006, la communauté internationale a considéré cette élection comme une avancée majeure du processus de paix.

Aujourd’hui, l’équilibre des pouvoirs est quasiment inexistant. Le cabinet présidentiel a pris l’ascendant sur le gouvernement, le parlement et le pouvoir judiciaire. Les libertés fondamentales sont fréquemment menacées et des réformes institutionnelles essentielles – la décentralisation et la réforme du secteur de la sécurité – n’ont pas significativement progressé.

A moins que les autorités politiques congolaises ne redonnent en 2010 un nouvel élan à la transformation démocratique et au renforcement des institutions, les avancées obtenues durant la période de transition et l’effort international consenti pour stabiliser ce géant régional sont compromis. Les partenaires extérieurs du Congo doivent remettre la démocratisation et la réforme institutionnelle au centre de leur dialogue avec le gouvernement de Joseph Kabila et ils doivent lier l’aide au développement qu’ils lui accordent aux progrès enregistrés sur ces sujets.

En 2006, pour la première fois dans l’histoire de la RDC, les Congolais choisissent leurs dirigeants nationaux et provinciaux à travers des élections crédibles. L’année précédente, ils ont adopté par référendum la constitution la plus démocratique de leur histoire. Elle traduit une détermination apparente à rénover radicalement la gouvernance politique et économique et à reconnaître les aspirations démocratiques inassouvies depuis l’indépen­dance. La mise en œuvre de cette nouvelle constitution nécessite des réformes institutionnelles fondamentales, telles que la décentralisation et la refonte des structures de sécurité.

L’origine de ce dessein politique remonte aux négociations de Sun City qui mirent fin à des années de guerre civile et à la Conférence souveraine du début des années 1990. Il associe le retour d’une paix durable au Congo à l’équilibre des pouvoirs entre le gouvernement central et les provinces, tout autant qu’à l’établissement de véritables contre-pouvoirs à leur niveau respectif.

Kabila a obtenu un mandat de cinq ans en s’associant à cette vision durant la campagne électorale. Il s’est engagé à redresser un Etat défaillant et à combattre la corruption ; il a proposé un programme de reconstruction du Congo suivant cinq priorités stratégiques : les infrastructures, la santé, l’éducation, l’habitat et l’emploi ; il a promis de promouvoir la démocratisation, notamment en respectant l’Etat de droit et en organisant des élections locales. Presque quatre ans plus tard, le constat est néanmoins accablant. La présidence a entrepris d’étendre son pouvoir sur les autres branches de l’Etat et entretient des réseaux parallèles de prise de décision.

L’exécutif conduit une campagne anti-corruption orientée politiquement qui met en cause l’indépendance de la justice. Le régime utilise les moyens financiers et les outils de coercition à sa disposition pour éliminer les contestations et pour réduire les insurrections locales qui éclatent depuis 2006. Kabila examine la possibilité de modifier la constitution sous le prétexte de résoudre les difficultés rencontrées dans la mise en place de la décentralisation. Tout amendement constitutionnel ayant pour effet de concentrer davantage de pouvoir à la présidence ou de limiter les expressions dissidentes menacerait cependant un système de contre-pouvoir déjà très affaibli. Il est aujourd’hui peu probable que les élections locales se tiennent avant la fin de la législature courante, ce qui risque de compromettre le respect du délai constitutionnel de la fin 2011 pour tenir les élections générales.

Malgré cette tendance autoritaire, la communauté internationale, qui s’est pourtant beaucoup investi dans le processus de paix, est demeurée globalement silencieuse. Les autorités nationales sont extrêmement sensibles aux signes assimilables à une tutelle extérieure. Invoquant le principe de souveraineté, le gouvernement congolais demande le retrait rapide de la mission de maintien de la paix des Nations unies (MONUC) d’ici l’été 2011 et annonce qu’il prendra en charge l’organisation des prochaines élections générales. Il négocie l’allégement de la dette congolaise qu’il espère obtenir avant les célébrations du cinquantième anniversaire de l’indépendance prévues pour le 30 juin 2010.


Compte tenu de la taille du pays et des tensions politiques internes déjà existantes, la RDC est sujette à des rébellions locales alimentées par des querelles intercommunautaires. Certaines insurrections ont démontré un potentiel suffisant pour entraîner une perte de contrôle des autorités. Dans ce contexte, une nouvelle stratégie internationale doit être conçue pour relancer le mouvement de consolidation démocratique et pour prévenir de nouveaux risques de déstabilisation.

Poursuivre le projet démocratique est indispensable pour stabiliser le Congo à moyen et à long terme. Produire un nouvel élan susceptible d’inverser la tendance actuelle exige que les réformes institutionnelles et le programme législatif cessent d’être uniquement considérés sous leurs aspects techniques. Ils représentent d’abord un véritable test de la volonté politique du gouvernement d’améliorer les pratiques de pouvoir et ils doivent constituer un élément central de tout dialogue portant sur l’attribution de nouvelles aides internationales. Les étapes suivantes sont nécessaires pour relancer la transformation démocratique :

* Entamer immédiatement la préparation des élections générales de 2011. La Commission électorale nationale indépendante (CENI) doit être établie rapidement et un budget adéquat doit simultanément lui être attribué. Dans l’intervalle, les autorités électorales actuelles doivent présenter un plan opérationnel clair pour ces élections qui servira de base de discussion avec les bailleurs de fonds.
* Institutionnaliser la lutte contre la corruption. Une stratégie de lutte contre la corruption fondée sur les efforts de la société civile et les expériences enregistrées dans d’autres pays sortant d’une période de conflit doit être élaborée et mise en œuvre par des agences indépendantes nouvellement crées.
* Garantir les droits fondamentaux à travers la loi et les institutions. Le parlement doit créer une Commission nationale des droits de l’homme comme indiqué dans la constitution, réviser le code pénal pour se conformer à la convention des Nations unies contre la torture, limiter les pouvoirs de l’agence nationale de renseignement (ANR), et passer une loi protégeant les journalistes, les militants des droits de l’homme et les victimes et témoins de violations des droits de l’homme.
* Harmoniser le processus de décentralisation avec le renforcement de capacités et la dotation budgétaire des provinces et des gouvernements locaux. Le gouvernement de Kinshasa doit mettre en place une commission d’experts nationaux et internationaux pour explicitement décider quand et comment se tiendront les élections locales. Dans le cas où ces élections ne peuvent avoir lieu avant les élections générales de 2011, un nouveau calendrier doit alors être élaboré.
* Etablir un partenariat clair entre la communauté internationale et le gouvernement congolais sur la réforme du secteur de la sécurité. Une dimension politique doit compléter l’approche technique actuelle. Des critères d’évaluation doivent être élaborés pour mesurer les progrès réalisés et appliquer une approche d’assistance conditionnée.
* Lier l’aide au développement à la gouvernance démocratique. Considérant le rôle essentiel joué par les bailleurs de fonds au Congo, ceux-ci doivent se servir de leur influence financière et politique pour soutenir le processus de construction d’institutions démocratiques. Les nouveaux partenaires asiatiques du Congo doivent être encouragés à inscrire leurs interventions dans cette perspective dans la mesure où ils ne peuvent que bénéficier de l’existence d’un régime plus stable et efficace avec lequel coopérer et commercer."

mardi 5 janvier 2010

Blog à découvrir



Je viens de découvrir un blog très intéressant animé par Stéphane Bolle, maître de conférence en Droit public : « La Constitution en Afrique ». Il ambitionne de porter « un regard différent sur l'actualité constitutionnelle foisonnante des pays africains. Il ne s'agit pas de singer les gazettes ou les libelles, de s'abîmer dans une lecture partisane des constitutions, des révisions, des pratiques et des jurisprudences. Sans angélisme ni scepticisme, il urge d'analyser, en constitutionnaliste, une actualité constitutionnelle largement méconnue et passablement déformée. » On peut simplement regretter que le blog ne se consacre qu’au pays francophones