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lundi 5 mars 2012

Trois trajectoires de sécession dans la Corne de l’Afrique : le Somaliland, l’Erythrée, le Soudan du Sud

Il y a quelques jours nous vous annoncions à la publication d'un numéro spécial de la revue sécurité globale sur la Corne de l'Afrique. Nous y proposons une contribution revenant sur trois trajectoires de sécession dans cette région : le Somalilan, l'Erythrée, le Soudan du Sud. Vous trouverez ci-dessous les première lignes de cette contribution :



« Une métaphore politique » : c’est en ces mots que R. Patman décrivait les Etats de la Corne de l’Afrique et leurs trajectoires . La naissance d’un nouvel Etat au Sud du Soudan transforme une nouvelle fois la géographie politique de la Corne de l’Afrique. La multiplication du nombre d’Etats, et donc de frontières, est l’un des paradoxes de la période post-Guerre froide, marquée par la globalisation et l’abolition des frontières. Ce constat est particulièrement vrai dans la Corne de l’Afrique, lieu des deux dernières naissances d’Etats internationalement reconnues. L’Erythrée, le Somaliland et le Soudan du Sud ont choisi la sécession, la forme la plus radicale d'autodétermination. Ces nouvelles entités, dont la naissance s’est faite au nom de la paix et la stabilité, remettent cependant en question l’équilibre régional. Pourquoi ces entités ont-elles fait sécession ? Assistons-nous à une fragmentation politique illimitée de la Corne de l’Afrique ? Cette fragmentation régionale est-elle le signe d’un déclin de l’État face à la volonté d’appropriation des territoires par des identités infranationales ? La reconnaissance de l’Erythrée et du Soudan du Sud par une communauté internationale pourtant réticente à créer ce type de précédent est à ce titre remarquable.
Notre propos n’est pas de revenir sur le « droit » de sécession mais d’analyser les trajectoires sécessionnistes de ces trois Etats par une approche comparative. Chaque Etat ayant son histoire propre, ses ressorts politiques, sociaux, économiques, nous ne proposons pas de revenir sur le processus de formation de l’Etat, défini par Bruce Berman et John Lonsdale comme un processus historique conflictuel, involontaire et largement inconscient . Néanmoins, et alors qu’un nouvel Etat a fait son apparition sur la scène régionale, il nous semble pertinent de retracer les trajectoires de ces trois sécessions, en mettant en évidence leurs similarités. Il nous semble indéniable qu’elles sont à certains égards comparables et permettent de faire émerger une problématisation commune de la généalogie de ces sécessions.




Balkanisation, fragmentation, scission, partition ?
Rappelons tout d’abord les différences entre ces terminologies. Selon Stéphane Rosière, la balkanisation est : « le processus de fragmentation d'un État en au moins trois nouveaux États (…) si un État “primaire” est divisé en deux nouvelles entités, on peut préférer les notions de scission ou de partition » . Ainsi la notion de balkanisation, souvent employée avec une connotation péjorative, ne correspond pas à la réalité de nos cas d’études. En effet, l’Erythrée et le Soudan du Sud se sont séparés d’une entité qui existe toujours. Le cas du Somaliland est plus problématique, puisque l’Etat somalien s’est effondré et qu’une autre entité, le Puntland, s’est déclarée autonome. En revanche, la sécession est bien l’aboutissement d’un processus de désintégration politique. Si l’intégration politique se définit comme un processus par lequel les acteurs, de systèmes politiques distincts, sont persuadés qu’ils doivent loyauté à un nouveau centre de pouvoir, prévalant sur l’ancien système , lors d’une sécession les acteurs décident à l’inverse de retirer leur loyauté du centre juridique et de le donner à un nouveau centre. En interne, une sécession signifie donc la dissolution du pacte existant et marque un coup d’arrêt à la capacité de l’Etat à gouverner sur tout le territoire. La sécession est donc le retrait d’une entité constitutive d’un ensemble établi et reconnu internationalement et la création d’un nouvel Etat souverain.

La suite ICI ou sur demande

vendredi 2 mars 2012

Numéro spécial sur la Corne de l'Afrique

L'auteure de ce blog a eu l'honneur de coordonner un numéro spéciale de la revue Sécurité Globale dont le dossier principal est consacré à la Corne de l'Afrique.


Vous pouvez retrouver le sommaire ICI et :

L’Éthiopie et le temps : la Bible, le Meiji, le Guépard ?
par Alain GASCON

Le détournement des eaux sacrées du lac Tana (Éthiopie) vers les centrales fédérales de production hydroélectrique : de nouvelles tensions régionales en perspective par Maxime LACHAL


Shebab et jeunesse somalienne, un pilier devenu pilon par Hanna OUAKNINE


Innovations normatives, résiliences des pratiques : à quoi et à qui sert l’AMISOM ? par Jean-Nicolas BACH et Romain ESMENJAUD

De Djibouti à Singapour, aux abords des cités entrepôts : menaces pirates et réactions régionales par Éric FRÉCON

Trois trajectoires de sécession dans la Corne de l’Afrique : le Somaliland, l’Érythrée, le Soudan du Sud par Sonia LE GOURIELLEC


Quelqu'un me chuchote à l'oreille qu'une conférence devrait se dérouler autour de certains des auteurs le 5 avril... Vous en saurez plus ici même dans les jours à venir.

samedi 10 décembre 2011

Les lectures du week end

- KINSHASA, LA MÉGALOPOLE SANS CESSE RÉINVENTÉE  par Pierre Jacquemot, chercheur associé à l’IRIS / Novembre 2011
Résumé : "Beaucoup d’analyses sur la condition urbaine en Afrique soulignent la faillite de l’Etat aménageur d’espaces et pourvoyeur de services publics. A Kinshasa règne le non-planifié, le temporaire qui dure, le recyclé et la débrouille. Mais, malgré les vicissitudes de son histoire (ou à cause d’elles), la capitale de la RD Congo reste l’une des villes les plus inventives du monde."
- Laurent Gbagbo devant la CPI. Deux poids deux mesures ? par Pierre Jacquemot, chercheur associé à l’IRIS
- L’« exception marocaine » dans le contexte des soulèvements arabes par Khadija Mohsen-Finan, chercheure associée à l’IRIS
- Opérations de maintien de la paix : quels nouveaux enjeux ? Patrice Sartre, Général de l’Armée de Terre française, auteur de "Making UN Peacekeeping More Robust 
- L'Afrique en questions 9 : Elections législatives et présidentielles en RDC : quels enjeux ? John SMITH (pseudonyme d'un expert de la RDC)
Bonnes lectures !



jeudi 9 juin 2011

Intégration régionale : or noir ou or bleu ?

Le Chatham HOuse vient de publier un rapport : "Black Gold for Blue Gold? Sudan’s Oil, Ethiopia’s Water and Regional Integration"

Téléchargez le rapport ICI


Résumé :
" Sudan and Ethiopia (and an independent South Sudan) face similar challenges in poverty reduction, climate change, population growth and food security. They will find it hard to address these because of mutual mistrust and lack of regional integration around oil, water and hydropower. This could even lead to conflicts.

All three must choose between having a hostile attitude towards each other over the Nile Basin waters and Sudanese oil, and sharing their resource wealth to build better economic relations that lock in political stability and address the ecological pressures confronting their populations.

Regional cooperation and integration can be built on a revision of the 1959 Nile Treaty and the synergies between Sudan's oil for Ethiopia's water. North and South Sudan have regional comparative advantages in agriculture and can continue to supply Ethiopia with oil, while Ethiopia should be encouraged to make full use of its considerable potential in hydropower on the Blue Nile to export electricity to its neighbours.

Fundamental obstacles to regional integration include antagonism between the region's leading political movements; North and South Sudan's greater focus on building a new relationship with each other than on broader regional cooperation; North Sudan's insistence on pushing ahead with its own dam programme; and internal factors in Ethiopia constraining its emergence as a regional leader."

mercredi 16 mars 2011

Le Sud Soudan est-il tombé dans le piège de son nouveau voisin ?

Samedi dernier les représentants du Sud Soudan ont annoncé la rupture de leur relations diplomatiques et, donc des négociations, avec le Nord.


Pourtant les 2 pays (le Sud Soudan sera reconnu par la communauté internationale en juillet) sont dépendants l'un de l'autre :
- les réserves pétrolières sont au Sud mais les infrastructures de transport, raffinage et d’exportation au Nord et 98 % des revenus du Sud issus des recettes pétrolières. De plus majorité des travailleurs soudanais du secteur sont du Nord - Par ailleurs 6 millions de nomades du Nord font paitre leurs troupeaux au Sud 8 mois de l’année(d'où les conflits réguliers à la frontière notamment dans la région d'Abeyi). Et 50% du personnel enseignant au Sud sont des nordistes.

Les accords de paix de 2005 prévoyaient le referendum d'autodétermination mais aussi la délimitation de la frontière entre les Nord et le Sud. Les acteurs extérieurs qui ont largement soutenu les accords de paix (Etats-Unis, GB, Norvège...) ont fait preuve de légèreté en ne soutenant pas le processus de transition vers le referendum. Ainsi ce qui aurait du être fait en 6 ans devrait l'être en 5 mois...(précédent billet sur la question ICI)


Outre la question de la délimitation de la frontière, du partage des ressources pétrolières et du rattachement de la région d'Abeyi d'autres négociations restent en suspens avec cette rupture du dialogue :le Partage de la dette et des actifs, le partage eaux du Nil (ICI), la nationalité ( 1.5 M de sudistes vivent au Nord et de nombreux sudistes vont s’y faire soigner, étudier, travailler).Un responsable du HCR, Bilqees Esmail, a déclaré qu’« il n’y a pas encore un d’accord finalisé entre les deux gouvernements, mais il y a eu des déclarations faites par les deux parties assurant qu’ils cherchent tous deux à éviter les cas d’apatridie » et qu'il n'y a eu qu’un nombre limité de « communications officielles vers les communautés locales, de sorte que les gens continuent de prendre la décision de rester au Nord ou de partir sans avoir tous les faits »

Une actualité qui fait échos au propos de deux chercheurs (Marc Lavergne et Gerard Prunier) lors d'un café géopolitique début décembre sur la question (ICI) : "Les tribus du Nord vont traditionnellement avec leur bétail au Sud en saison sèche, et vice-versa. La fixation d’une frontière politique ne pourra pas bloquer ces mouvements et la région d’Abyei est un modèle réduit de cette zone frontalière. (...) Les négociations en cours sont difficiles, car l'indépendance du Sud va retentir sur le Nord. Les deux pays vont continuer à vivre côte à côte et devront donc trouver des moyens de coexister. L'angoisse de pogroms plane contre les nombreux sudistes ou descendants de sudistes qui vivent dans le Nord après proclamation de l'indépendance.(...)Les populations arabes ne pourront pas garder la main sur le Sud, car les élites du Sud n’entendent pas partager leurs ressources avec les arabes du Nord."

Source : mission économique, Nicolas B., Opérations de paix

lundi 10 janvier 2011

L'"Etat pétrolier" du Sud Soudan : une réalité pas si rose

On lit ça et là que l'indépendance du Sud Soudan devrait devrait voir naitre un Etat pétrolier.


Quelques petites précisions semblent nécessaires :
- tout d'abord le Sud Soudan n'est pas un géant pétrolier. Il produit environ 550 000 barils/jour et ce pétrole n'est pas de bonne qualité. Cette manne de plus de 2,5 milliards de dollars est partagée à parts égales entre le Nord et le Sud.
- le pétrole est effectivement au Sud mais les pipelines sont au Nord et en théorie Khartoum peut interrompre la production. Or aujourd'hui 98% du budget du Sud vient de la redevance pétrolière que leur versent les Nordistes.
- Par ailleurs on présente la région d'Abyei comme une "région riche en pétrole et pâturages que les deux bords revendiquent" or, et d'après Gérard Prunier, cette région n'a pas si riche en pétrole et déjà sur 3 champs pétroliers l'un est en extinction.

Pour Gérard Prunier personne ne veut la guerre mais celle ci peut arriver car nous sommes face à des "mécaniques d'une situation qui dépassent le choix des hommes"

dimanche 9 janvier 2011

Le Sud Soudan vote

Aujourd'hui 3 931 000 électeurs sud-soudanais inscrits sur les listes électorales ont commencé à voter sur l'avenir de leur région. Plus de 3000 bureaux de vote ont ouvert leurs portes. Afin que les résultats du référendum soient valides, le taux de participation doit être supérieur à 60% et l’une des deux options (unité ou séparation) doit remporter la majorité absolue des voix. Le référendum s’échelonne du 9 au 15 janvier.



A écouter : Les enjeux internationaux sur France CUlture
Résumé : "Depuis des décennies, la Corne de l’Afrique est rongée par des crises, des conflits, voire des guerres. L’Éthiopie elle-même, si l’on regarde la carte, est entourée de voisins instables : l’Érythrée agressive (affrontement guerrier au début des années 2000), la Somalie effondrée et d’ailleurs balkanisée (au point qu’on peut parler de trois Somalie), le Kenya parcouru par de profonds troubles politiques depuis quelques années, le Soudan (dont le chef de l’État est accusé de crimes de guerre, de crimes contre l’humanité et de génocide par la Cour pénale internationale de La Haye).Si le référendum sur l’autodétermination se tient à partir du 9 janvier (en respect d’un accord de 2005, signé sous la houlette des États-Unis), le processus de partition s’enclenchera. Ce qui est un précédent détestable pour d’autres régions d’Afrique et qui concernera l’une des zones les plus troublées du continent.Quelles conséquences prévisibles ? " ICI

Sources : Opérations de paix

mardi 7 décembre 2010

Nil : quelles conséquences de l'indépendance du Sud Soudan ?



Le Nord et le Sud Soudan doivent négocier les termes de l’indépendance du Sud dans de nombreux domaines et les discussions sont lentes voir non entamées parfois. La question de la gestion et du partage des eaux du Nil en fait partie. Il faut garder en tête que le Soudan est le pays du Nil. Le Nil blanc venu du Burundi et du Rwanda rencontre le Nil Bleu venu des hauts plateaux éthiopiens à Khartoum. L’utilisation et le partage des eaux du Nil représentent un facteur d’instabilité majeur dans la région.


Pourtant cette question est loin d’être une priorité dans une région où la guerre menace. La question des conséquences de l’indépendance du Sud Soudan sur le partage des eaux du Nil est donc une question largement hypothétique et semble t-il pas d’actualité dans les négociations sur place.  Si cette question n’est pas prioritaire pour le Sud Soudan elle l’est pour d’autres acteurs du jeu politique régional comme l’Egypte.
Le traité actuel de gestion des eaux du Nil est celui conclu en 1929 entre l'Egypte et la Grande-Bretagne coloniale , puis revu en 1959 . Il accorde aux Egyptiens un quota de 55,5 milliards de m3 et de 18,5 mds aux Soudanais, soit au total 87% du débit du fleuve.

Les quote parts de l’Egypte et du Soudan sont fondées sur l’hypothèse d’une utilisation nulle des eaux du Nil par les riverains en amont. Cependant cette hypothèse n’est plus d’actualité aujourd’hui. Par ailleurs, toute augmentation du débit naturel du Nil sera partagée à part égales entre les 2 pays et non pas au prorata de leurs quote-parts. Le même principe d’égalité sera appliqué aux eaux traditionnelles résultant des travaux dans la région du Sudd (à négocier aujourd’hui). Or la séparation du Sud Soudan bouleverse le bassin du Nil et pose la question de la prise en compte des besoins de ce nouvel Etat en eau. La quote part du Soudan sera t–elle divisée entre le Nord et le Sud, le Sud aura-t-il le même statut que les pays en amont (donc hypothèse d’une utilisation nulle). La renégociation du traité de 1959 est une nouvelle fois posée.
IL faut être réaliste l'accord de paix de 2005 prévoyait une démarcation de la frontière entre le Nord et le Sud, or 5 ans plus tard la démarcation n'est toujours pas effectuée. De même un accord préliminaire sur le partage des eaux du Nil vient juste d’avoir lieu (fin novembre). Lors des négociations le Sud Soudan a réclamé la moitié de la quote part du Soudan (9 milliards de m3 d'après l'accord de 1959) : irréaliste ! Il y a eu beaucoup d’accord abandonnés au Soudan ça ne serait pas le 1er...




Accord de 1929 (milliard de m3)
Accord de 1959 (milliard de m3)
Egypte
48
55,5
Soudan
4
18,5
Non alloué
32
0
Stockage
0
10
Total
84
84

lundi 6 décembre 2010

Soudan, vers la partition ?

Ce soir à 19h se tiendra un Café géopolitique consacré au Soudan : "Soudan, vers la partition ? "


En effet, le président de la commission chargée d’organiser le référendum d’indépendance du Sud-Soudan, Mohamed Ibrahim Khalil, a assuré en fin de semaine dernière que le scrutin d'indépendance du Sud Soudan se déroulera comme prévu le 9 janvier prochain : « l’impression ne retardera pas le processus électoral », faisant référence à la prolongation de trois semaines de la période d’appel d’offres pour l’impression des bulletins de vote. La période d’inscription sur les listes électorales a été prolongée d’une semaine. On compte actuellement plus de deux millions d’inscriptions au Sud-Soudan et 91000 au Nord-Soudan.

Informations pratiques : Lundi 6 décembre de 19h00 à 21h, au Snax Kfé, 182 rue St Martin - 75003 Paris. M° Châtelet-les Halles,Etienne Marcel, Rambuteau.

Invités : Gérard Prunier, Chercheur émérite du CNRS, consultant international sur les questions d’Afrique Centrale et Orientale ; Marc Lavergne, Géographe, Directeur du CEDEJ.

Présenté par Frank Tétart. Contact : delphinepapin@yahoo.fr

Source : Opération de paix

dimanche 21 novembre 2010

La LRA traquée peut-elle renaitre ?

Cette semaine Le Monde Magazine consacre un excellent article à la LRA (ICI), cette rébellion ougandaise qui sévit entre l'Ouganda, la RDC, la RCA et le Soudan (nous en avions déjà parlé ICI



Le reportage est réalisé par Jonathan Littell (le prix Goncourt 2006 pour "Les Bienveillantes". L'auteur s'est rendu dans le nord est de la République Démocratique du Congo comprendre les méfaits de cette rébellion estimée à 400 combattants (dont 250 Acholis puisqu'au départ ce mouvement est un mouvement populaire d’autodéfense des populations Acholi du nord du pays, face à la prise de pouvoir de Museveni, et donc des ethnies du Sud-ouest) sur la population locale.
Il a rencontré des enfants enlevés : "Vu d'Europe ça parait loin, ces histoires d'enlèvements d'enfants, encore un des innombrables malheurs d'une guerre africaine comme il y en a tant. Mais essayer d'imaginer, de manière sérieuse, qu'on vous prenne un beau jour votre enfant. Vous l'avez laissé seul à la maison pour allez faire une course, et à votre retour il n'est plus là; il rentre de l'école, proche de quelques centaines de mètres, avec ses camarades, et n'arrive jamais. Imaginez alors la panique, l'incrédulité, les appels désespérés, les réponses résignées et fatalistes de la police, la longue attente, celle qui dure parfois jusqu'à la fin de vos jours. Imaginez ne jamais savoir si votre enfant est vivant ou mort, si vous le reverrez un jour ou non".
Et de conclure son enquête : "L'image de la LRA qui se dégage de ces informations est celle d'une nuée de groupuscule traqués aux abois : et il semble en effet qu'il suffirait, comme le pensent les Ougandais, de tuer ou de capturer Kony et quelques-uns de ses principaux lieutenants pour que le mouvement s'effondre (...) Mécaniquement on entre dans un jeu d'attrition. Chaque homme tué ou capturé est un homme de moins pour Kony".
Mais surtout Jonathant Littell ne manque de mettre en perspective cette rébellion avec les prochaines échéances électorales au Sud Soudan car Khartoum devrait difficilement accepter l'indépendance de cette riche région : "(...) personne ne sait ce qu'il planifie : une guerre frontale, ouverte ? Ou, comme par le passé, un soutien à des groupes rebelles, pour déstabiliser le Sud ? Dans les 2 cas, la LRA pourrait redevenir une pièce maitresse dans son jeu. Et comme le dit Ledio Cakaj, "Kony s'adapte vite. Il essaye de maintenir l'"acholiété" du mouvement, oui, mais si on lui donnait des armes, du soutien, de l'assistance logistique et médicale, il n'aurait aucune hésitation pour recruter une grande force non-acholi". Et redevenir la menace virulente qu'il était au début des années 2000."

dimanche 3 octobre 2010

Menace de conflit au Soudan


Le referundum sur l'indépendance du Sud Soudan n'est que dans 4 mois mais la tension monte au Soudan : Un conseiller présidentiel soudanais, Mustafa Osman Ismail, a déclaré que les jeunes et les étudiants devaient se préparer à faire la guerre si le Sud-Soudan réalisait son indépendance : "nous faisons la promotion de la paix (…) ceux qui viennent vers nous avec des intentions pacifiques nous leur tendons la main. Mais ceux qui veulent nous poignarder dans le dos, nous les confrontons face à face ». Par ailleurs les Sud-Soudanais vivant au Nord devraient perdre leurs citoyenneté en cas de sécession.

Source : Opération de paix

vendredi 17 septembre 2010

Futur proxy war entre l'Ouganda et le Soudan ?


Suite de mon billet de mercredi . D'après le lettre de l'Océan Indien : le Justice and Equality Movement (JEM) de Khalil Ibrahim disposerait d'un représentant en Ouganda (un commerçant faisant de l'import-export avec le Sud Soudan). De plus le 8 août 2010, 3 dirigeants du JEM ont rencontré le président Museveni à Kampala pour lui demander un appui diplomatique et une assistance militaire ensuite plusieurs dizaines de rebelles du JEM seraient arrivés pour suivre une formation de sous-officier à l'académie Oliver Tambo (du nom du politicien sud africain anti-Apartheid) de Kaweweta. La Libye aurait joué les entremetteur en contactant, entre autres, Musevini, pour accorder le refuge à Khalil Ibrahim (photo) renvoyé du Tchad.

mercredi 15 septembre 2010

Khartoum neutralise son voisinage avant une nouvelle guerre au Sud ?


Le saviez vous ?
L'Éthiopie importe la majeure partie de son pétrole du Soudan;
Khartoum aurait donné 3 milliard de dollars au Tchad pour cesser de soutenir le Justice and Equality Movement (JEM), l'une des formations rebelles du Darfour, et expulser son dirigeant Khalil Ibrahim Mohamed;
reste encore à neutraliser l'Ouganda qui entrainerait les combattants du JEM.

"De même que le Sud a servi de terrain d'expérimentation pour la guerre au Darfour, le Darfour est aujourd'hui un champ d'expérimentation pour une éventuelle guerre à venir dans le Sud ou ailleurs" (Africa Confidential n°601)

mercredi 8 septembre 2010

Sud Soudan : une indépendance mal préparée

La semaine dernière l'ICG publiait un billet sur le Soudan : Sudan : Defining the North-South Border. On y apprend que l'accord de paix de 2005 prévoyait une démarcation de la frontière entre le Nord et le Sud, or 5 ans plus tard la démarcation n'est toujours pas effectuée.
Ni la délimitation de la frontière ni sa gestion ne sont d'ailleurs dans l'agenda des négociations sur la situation post independance qui ont débuté en juillet. Pourtant les enjeux sont réelles pour la stabilité de la région et les futurs relations entre les 2 parties d'autant que la présence de ressources pétrolières donnent une dimension économique à cette question.
Cette situation n'est pas sans rappeler l'indépendance érythréenne (non délimitation de la frontière, intérêts économiques pour l'Éthiopie avec l'accès à la mer...) qui aboutira à une guerre fratricide en 1998.
La région n'a pas fini de s'enflammer.

jeudi 12 août 2010

Le Sud Soudan en photos




Sources :
http://picturesofsouthsudan.blog.kataweb.it/
http://www.boston.com/bigpicture/2008/06/faces_of_sudan.html
http://sudanproject.ryanspencerreed.com/gallery/

vendredi 14 mai 2010

Perspectives régionales d'une indépendance du Sud Soudan


Au début des années 90 aucun chercheur n'avait travaillé sur les conséquences des bouleversements qui touchaient la Corne de l'Afrique (chute de Siaad Barre en Somalie, chute Menguistu en Éthiopie, naissance d'un nouvel État : l'Érythrée, guerre civile à Djibouti). Peu de recherche aujourd'hui traite des conséquences régionales de la naissance d'un nouvel Ethan en Afrique. L'ICG nous propose un rapport sur le Sud Soudan: Regional Perspectives on the Prospect of Southern Independence.



Résumé :
South Sudan is just eight months away from a self-determination referendum that will likely result in its secession from the North. Much remains to be done to implement the outstanding elements of Sudan’s Comprehensive Peace Agreement (CPA), and time is running out. The agreement’s underlying aim of “making unity attractive” has failed, and most Southerners thus appear determined to choose independence. Neighbouring states are increasingly focused on the fragile circumstances in Sudan and the likelihood of a newly independent state in the region. Support from Sudan’s neighbours for the referendum process and respect for its result will be crucial to ensuring peace and stability in the country and the region.

Kenya, Uganda, Ethiopia, and Egypt are among the immediate regional states that matter most, as well as Eritrea and Libya. If a credible referendum is held in accordance with the CPA and the Interim National Constitution, and Khartoum endorses the process, recognition of a new Southern state should prove relatively uncomplicated for the region and CPA signatories more broadly. If, however, the process does not go according to plan – particularly if Khartoum attempts to manipulate, deny or delay the exercise or its result – regional states and institutions will need to consider how best to respond to ensure respect for the CPA and the right of self-determination and to avoid a new conflict. Not enough planning is being done in this regard.

Each border state has interests at stake and will be directly affected by either peaceful separation or a return to conflict. Despite differing views on unity, all are likely to accept the referendum on self-determination and honour its outcome, provided it goes ahead as planned. While the decision of the South Sudanese is paramount, strategic considerations will undoubtedly play a role in how each state responds if the process is disrupted. Responses will depend largely on circumstances and events, but an assessment of historical relationships, recent engagement and strategic interests sheds light on the positions of the key regional actors.

Having hosted and led the regional Intergovernmental Authority on Development (IGAD) peace process that yielded the CPA, Kenya has a particularly strong interest in seeing it implemented successfully. As the economic powerhouse in the region, it stands to benefit from the development of a considerable market and major infrastructure in the South, including as a conduit for oil. Kenya long managed to be pro-South without being anti-North, but diplomatic relations with Khartoum have shown signs of strain as its Southern leanings have become increasingly clear.

Uganda, the most unambiguous supporter of independence, seeks a stable buffer on its northern border, not least to ensure that the Lord’s Resistance Army (LRA) insurgency does not return to its doorstep. Trade has tripled in recent years with the South, which is now the largest importer of Ugandan goods. While the official policy is respect for the CPA and the will of the Southern people, some officials in Kampala are privately encouraging independence.

Egypt prefers unity and has arguably done more than Khartoum to make it attractive. It opposed including self-determination in the CPA talks, preferring instead to promote its own initiative premised on unity. It has recently redoubled diplomatic efforts to prevent partition, in part because it fears a new state – and an unstable one at that – could pose a threat both to regional stability and its precious supply of Nile water.

While its support to South Sudan is evident, Ethiopia has multiple interests to balance, so it is careful to toe a neutral line on independence. It provided military support to the SPLM in the 1990s, in part to counter Islamist elements in Khartoum whose destabilizing activities posed a threat to Ethiopian and regional security. Regional security remains its primary concern, given the volatile situation in Somalia, continued confrontation with Eritrea and its own domestic fragility. Addis can afford neither renewed war in Sudan nor to antagonise Khartoum, lest it find itself with another hostile neighbour. It supports the right of self-determination and will respect independence but is more likely to seek a common regional position than be out front on any difficult decisions if the process is derailed.

As with other foreign policy issues, Libya’s Sudan policy is driven personally by Muammar Qaddafi, and unsurprisingly, the outspoken Colonel has proven unpredictable on this issue. While he has several times pledged support for Southern independence, he has also cautioned Juba on the dangers of forging a new state. Eritrea’s position on Southern independence is likewise unreliable. During the last civil war, Asmara and its army provided critical backing to the SPLA/M (Sudan People’s Liberation Army/Movement) and other opposition groups in Sudan, supporting regime change in Khartoum. However, Isaias Afwerki’s recent actions indicate that his policy may be driven more by self-preservation than principle. Increasingly isolated in the region and beyond and in need of economic assistance, Asmara’s dwindling list of allies has led it to a rapprochement with Khartoum.

The referendum is to be held six months before the end of the CPA’s six-year Interim Period. If Southerners choose to go their own way, it is during the ensuing half-year window that any disputes over, as well the transition to, independence must be resolved. While pragmatic tones are emerging in Khartoum, attempts to delay or derail the exercise are not out of the question. Neither the SPLM nor its regional supporters want a unilateral declaration of independence (UDI). The SPLM is aware of the risks that would accompany it and is working hard to avoid such a scenario. But if pushed into a corner, the possibility of UDI is very real.

If either side abrogates the CPA, a return to conflict is likely and would undoubtedly affect the region and draw in some of its militaries. This must be avoided. Regional actors will face a delicate task in calibrating their response if the referendum is denied or its result contested, including the possibility of extending recognition to the South. The broader international community will seek to adjust its response in light of African opinion. Policy coherence between IGAD and the African Union (AU) is crucial. IGAD’s members will likely be the first to make any recommendations regarding Southern Sudan’s post-referendum status, but ensuring AU participation in, and ultimate backing of, that policy is crucial if an independent South is to secure maximum legitimacy. The weight of the AU – an instinctively pro-unity institution – and the importance of its recognition cannot be ignored. The AU High-Level Implementation Panel (AUHIP) can play a leading role in lining up the body’s 53 member states in support of realities on the ground.

Regional states must prepare for South Sudan’s possible independence by engaging Khartoum and Juba on practicalities of the referendum and peaceful implementation of its outcome. This includes insistence per the March 2010 IGAD summit communiqué calling for the referendum commissions to be established by May 2010 and reiterating firm support for the referendum timeline. Preparations should include clear modalities for extending official recognition to the South if it votes for independence and developing policy responses to alternative scenarios, including UDI. In the event of disputes over the referendum or its result, regional states should engage the AUHIP and IGAD to ensure the right of self-determination is fully respected and modalities for implementation of its outcome are agreed.