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lundi 24 octobre 2016

«Oui, mon commandant»... version 2016

Cette interview a été publié sur le site Africa4 par Jean-Pierre Bat le 4 octobre 2016. 

L’IRSEM organise un colloque sur les nouveaux visages des armées africaines : comment les définir ?
Les armées africaines sont trop souvent perçues comme le simple produit de la période coloniale. Pourtant, elles sont également le produit de transformations historiques successives, dont la colonisation n’est qu’un élément. Il n’y a pas un modèle unique d’armée africaines pendant la période coloniale et encore aujourd’hui. Le colloque vise donc à étudier les différents visages de ces armées et leurs évolutions. Ces armées et leurs missions évoluent avec les transformations du système international. La volonté d’africaniser la sécurité sur le continent, qui a accompagné la création de l’Architecture africaine de paix et de sécurité (APSA), les armées africaines se sont vues attribuées de nouvelles fonctions. Les acteurs africains étant appelés à prendre leurs responsabilités en fournissant des troupes dans le cadre des missions onusiennes se déployant sur le continent mais aussi, et surtout, en créant un système de défense collective crédible pouvant apporter une réponse rapide et, ainsi, alléger le « poids » considérable porté par le Département des opérations de maintien de la paix (DOMP) des Nations unies. Les acteurs extracontinentaux, quant à eux, sont poussés à jouer un rôle de soutien et d’appui vis-à-vis de ces nouveaux mécanismes. Nous étudierons notamment le rôle des États-Unis, de la Chine, de l’Union Européenne, de la France, du Brésil ou encore du Portugal.
Derrière le discours « gagnant-gagnant » se cache aussi une autre réalité. Les nouvelles fonctions attribuées aux armées africaines permettent de renforcer l’autorité qu’exercent les pouvoirs politiques sur leurs subordonnés et leur puissance vis-à-vis de l’extérieur pour prévenir toute ingérence. Elle permet de bénéficier des différents mécanismes internationaux de soutien tels que le financement des organisations internationales, la donation de matériels militaires, l’accès à des formations militaires et le soutien logistique nécessaire. La participation à une OMP, par exemple, est un moyen de capter les rentes qu’offrent les différents mécanismes internationaux de soutien à l’APSA tout en augmentant leur « crédit international».
En interne aussi l’image des armées évolue. Les forces armées n’ont pas toujours eu un bon comportement vis-à-vis des populations, elles étaient d’ailleurs parfois envoyées pour les réprimer. Certaines armées restent un problème structurel qui nécessite des réformes. Le rôle de ces armées dans la lutte contre le terrorisme par exemple affecte les civils et exacerbe les conflits, comme on a pu l’observer au Nigeria. Il persiste une véritable incapacité de certains gouvernements à faire en sorte que les armées obéissent au pouvoir civil. Ces rapports que les armées africaines entretiennent avec le pouvoir politique seront au cœur de plusieurs communications abordant les cas du Burkina Faso, de la République Démocratique du Congo et du Mali. 

A l’heure de Barkhane, quel rôle jour l’Ecole militaire de Paris dans la constitution des armées africaines ?
L’École militaire regroupe un ensemble de centre de formation et de recherche. L’École de guerre est l’un de ces organismes. Il participe à la formation des officiers français et étrangers. Historiquement, ces formations d’officiers étrangers font partie de notre coopération militaire soutenue par les Affaires étrangères. Elles permettent de renforcer nos alliances. Cette politique de formation participe de notre politique d’influence dans certaines régions notamment en Afrique francophone mais elle s’intègre aussi dans notre diplomatie économique. Elle permet de créer une matrice intellectuelle commune et d’élever le niveau d’interopérabilité de troupes qui, à l’heure de Barkhane, sont amenées à opérer ensemble sur des théâtres d’opérations communs. La formation des officiers africains participe également de notre politique francophone. L’École de guerre accueille des officiers non francophones, comme des Ethiopiens, qui bénéficient d’une formation de six mois au français. De plus, cette coopération évolue puisqu’a été ouvert en 2005 au Cameroun une École supérieure internationale de guerre (ESIG). L’IRSEM contribue également à la formation d’officiers africains en accueillant cette année trois officiers élèves internationaux de l’École Spéciale Militaire de Saint Cyr qui doivent réaliser un mémoire de recherche. Pour avoir échangé avec eux, cette coopération et ces échanges sont enrichissants pour chacun d’entre nous. Ils apportent leur expérience de terrain aux chercheurs français qui, pour leur part, les soutiennent dans leur démarche de recherche, l’accès aux sources, etc. Les efforts entrepris sont donc réels mais certains observateurs trouvent qu’ils ne produisent pas encore pleinement leurs effets sur le terrain, voir ces articles par exemple. Le défi reste toujours celui de l’autonomisation de ces armées et l’appropriation des nouvelles capacités comme l’indiquait le colonel Susnjara dans le dernier numéro de la Revue Défense Nationale. Si l’appropriation des forces africaines met du temps, c’est également en vertu d’une crise de croissance. En effet, elles sont nombreuses à évoluer rapidement alors même qu’elles sont confrontées à l’ennemi. Les spécialistes des questions militaires le rappellent : la montée en puissance n’est pas une science exacte.

En marge des armées dites régulières, le fait militaire ne se joue-t-il pas aux marges, autour du phénomène milicien ?
Bien sûr le fait militaire se joue également autour du phénomène milicien. Les acteurs (semi)privés ou informels ont été particulièrement étudiés en France. Je pense notamment aux travaux de Marielle Debos sur le Tchad et le « métier des armes » ou un numéro de Politique africaine en 2012 : « Politique des corps habillés. État, pouvoir et métiers de l’ordre en Afrique ». Mais nous avons constaté que les forces de sécurité étatiques et plus particulièrement les armées restent mal connues, c’est pourquoi nous avons voulu nous concentrer sur cette question lors du colloque.
Le facteur milicien ne sera pas oublié mais étudié en relation avec les forces armées nationales. Nous étudierons les processus de Réforme du secteur de la sécurité (RSS) notamment au Burundi. Tant au Rwanda, qu’au Burundi des enseignements peuvent être tirés sur la façon dont une armée « mono-ethnique » est parvenue, ou essaie, de transformer sa base sociale. Le déploiement de contingents à l’extérieur du territoire a permis par exemple à l’armée burundaise d’intégrer dans la nouvelle armée les miliciens des groupes armés majoritairement hutu et les soldats de l’ancien régime, les ex-Forces Armées Burundaises (FAB) majoritairement tutsi. Cette intégration a longtemps été considérée comme une réussite de l’accord de paix d’Arusha signé en 2000 alors qu’elle était entre 1966 et 1993 le principal centre de pouvoir. L’armée semblait être parvenue à devenir une force apolitique. Mais la crise électorale a mis en lumière ces divisions et l’armée burundaise est au cœur de la crise politique. En Éthiopie, au Rwanda, en Érythrée et en Ouganda, les armées sont issues de mouvements de libération nationale. Les régimes en place ont reconstruit leurs États de façon très centralisée autour d’une figure ou d’un parti. Les structures militaires restent dominées par des vétérans de la guerre de libération issus du Front patriotique pour le Rwanda, du Mouvement de résistance nationale en Ouganda ou par des vétérans tigréens en Éthiopie. Jonathan Fisher qualifie ces officiers de « post-post-libération » « sécurocrates » et mène des études pour comprendre comment et pourquoi les OMP sont un bon moyen de les maintenir éloigné des politiques de sécurité nationale.

mardi 14 juin 2011

Analyse comparée des phénomènes miliciens

Le CERI-Science Po organise le 22 juin 2011(9h00 - 18h00) et le 23 juin 2011 (9h00 -13h00) un colloque autour de l'"Analyse comparée des phénomènes miliciens. Débats, enjeux et nouvelles approches" qui ne manquera pas d'intéresser les lecteurs de ce blog.
Informations : ICI


Programme :
MERCREDI 22 JUIN 9h00 - 18h00

9h00 - 9h15 : Mot de bienvenue : Sandrine Perrot, Sciences Po-CERI, et Hervé Maupeu, LAM Pau
9h15 - 11h00 Historicité de l’économie de protection

Historicité de l’économie de protection : débats et enjeux
Sandrine Perrot, Sciences Po-CERI
Histoire du vigilantisme et politiques de protection dans les townships sud-africains
Laurent Fourchard, LAM, Bordeaux
Les partisans armés : émergence d'un corps "informel" de police à Madagascar au 19ème siècle
Nicolas Courtin, UVSQ, CESDIP- Centre de recherches sociologiques du droit et des institutions pénales, GEMPA - Groupe d'étude sur les mondes policiers africains

Discutante : Christine Deslaurier, IRD, Paris

11h00 - 13h00 Neo-traditionnalisme et (post)modernité des milices

Ce que le monde fait aux milices. Transnationalisation des pratiques et renforcement des identités
Jérôme Lafargue, IFRA Nairobi, LAM Pau
Néo-traditionalisme et modernité : les milices Maï-Maï congolaises
Luca Jourdan, Université de Bologne

Lire également "Les Maï Maï dans la guerre au Kivu" par Stéphane Mantoux

Discutant : Koen Vlassenroot, Université de Gand

14h00 - 16h00 Milices et Etat

Réformes constitutionnelles, droit et milices
Mutuma Ruteere, consultant, ancien directeur de la recherche à la Kenya Human Rights Commission, Nairobi
Les milices jihadistes au Pakistan: sous-traitance de la guerre et logiques de situation
Amélie Blom, Institut d'études de l'Islam et des Sociétés du Monde Musulman, Paris
Vigilantism, smuggling and state recuperation: the OPEC boys in north-western Uganda
Kristof Titeca, Université d’Anvers

Discutante : Elizabeth Picard, émérite CNRS-IREMAM, Aix-en-Provence

Pause café

16h00 - 18h00 Milices dans le temps électoral


Les milices sud-soudanaises en campagne référendaire
Mareike Schomerus, LSE (à confirmer)
L’affiliation partisane des jeunes au Burundi : une milicialisation souterraine et diffuse
Nicolas Hajayandi, Université de Bujumbura
Who is in control? Political leadership and militias in Kenya
Claire Médard, IRD, UMR 205 URMIS Université Paris Diderot-Université de Nice-IRD; Susan Mwangi, Kenyatta University
Sociologie des Chimères d'Aristide en Haïti
Jean Eddy Saint Paul, Université de Gunajuato, Mexique

Discutant : Richard Banégas, Université Paris I

JEUDI 23 JUIN 9h00 - 13h00

9h00 - 11h00 Transformations sociales, transformations de genre


Les rondas compesinas du Pérou : comment traiter du genre ?
Camille Boutron, CERIUM, Montréal
Les politiques libidinales de l'insurrection: 'amour-mariage-sexe' dans l'Armée de libération populaire du Népal
Laurent Gayer, CNRS-CURAPP, CSH Delhi
De la milice à l’engagement paramilitaire : Parcours de femmes républicaines nord-irlandaises au début des années 1970
Elise Féron, CARC, University of Kent

Discutante : Marielle Debos, Université de Paris-Ouest Nanterre

11h00 - 13h00 Représentations populaires des milices : chansons, littérature

Lire les milices dans le roman africain francophone: Les cas de Johnny Chien Méchant d'Emmanuel Dongala et Port Mélo d'Edem
Eric M. Midepani, Institut de Recherche en Sciences Humaines, Libreville
Mémoires et représentations populaires des milices touaregs
Frédéric Deycard, LAM Bordeaux
Mungiki au son du Benga. Débats idéologiques et recrutement des milices au Kenya
Hervé Maupeu, LAM Pau

Discutant : à confirmer