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lundi 31 octobre 2016

Djibouti dans le jeu international

Nous publions un article sur Djibouti dans le numéro d'octobre de la revue Esprit (ICI).
Voici un extrait de l'article :


Alors que les regains de tensions en mer de Chine méridionale suscitent l’inquiétude des décideurs politiques et concentrent l’attention des médias, l’onde de choc de ces tensions pourrait toucher les rives d’un petit territoire à l’est du continent africain. Djibouti concentre depuis quelques années la présence militaire des puissances internationales et attirent les investissements étrangers du monde entier. Les jeux diplomatiques qui s’y jouent sont particulièrement révélateurs des évolutions du système international. Cet îlot de tranquillité de 23 200 km², dans une région agitée par les conflits, accueille les troupes françaises, américaines, japonaises, européennes et bientôt chinoises, saoudiennes et peut-être russes. Les plus puissants États y ont pris place afin de lutter contre la piraterie, le terrorisme ou, plus récemment, comme base arrière dans le cadre de la guerre au Yémen. Djibouti représente également un atout économique majeur. Bien que ce territoire ne produise aucune richesse, il pourrait jouer un rôle de plateforme régionale et une pièce maîtresse dans le projet d’intégration économique, soutenu par Pékin. Garnison internationale, hub maritime et logistique régional, Djibouti l’oublié se trouve désormais au cœur du nouveau grand jeu international.

jeudi 27 octobre 2016

« Des Afriques » : gestion de crises et résolution des conflits en Afrique subsaharienne

La Revue Défense Nationale a publié cet été un numéro spécial sur le continent africain. J'ai eu la chance de diriger ce numéro. 

Vous trouverez ICI le sommaire et ci-dessous l'introduction au numéro.


Plus que n’importe quelle autre partie du globe, après la Guerre froide, le continent africain a été associé aux conflits et à l’insécurité. Au début des années 1990, Robert Kaplan invoquait, dans une formule restée célèbre, « the coming anarchy »[1]. Pour l’auteur américain, le continent était alors celui des haines ethniques et de la violence aveugle. Vingt ans plus tard, le gagnant du prix Pulitzer, Jeffrey Gettleman, peignait le même tableau, se désespérant que les guerres ne terminent jamais et s’étendent comme, pour reprendre ses termes, « une pandémie virale ». Aujourd’hui, l’insécurité et les conflits sur le continent occupent une place centrale dans les cercles politiques, les travaux des chercheurs et le travail des forces de sécurité. Bien que la situation se soit transformée et que les statistiques s’entendent sur une baisse tendancielle du nombre de conflits, d’anciennes grilles d’analyses continuent de guider certains commentaires et analyses.
L’objectif de ce numéro de la Revue Défense Nationale répond à cette vision encore ancrée dans l’imaginaire collectif. Il vise à contester les approches populaires qui réduisent la complexité des situations conflictuelles sur le continent à des facteurs uniques et trop souvent essentialistes. Parmi ces facteurs les plus communs invoqués, on retrouve le colonialisme, la religion, l’ethnicité et les ressources naturelles. Or, la rigueur intellectuelle et une démarche méthodologique permettent d’éviter les biais de confirmation - au sens d’interpréter les faits pour leur faire dire ce que l’on souhaite, ou les biais de sélection, en ne choisissant que les faits qui appuient une thèse définie a priori. Avant d’expliquer pourquoi ces facteurs ne sont pas suffisants pour expliquer les conflits sur le continent, essayons tout d’abord de peindre à grands traits l’évolution de la conflictualité sur le continent depuis la fin de la Guerre froide.
Pendant la Guerre froide, les politiques à l’égard du continent étaient guidées par des considérations politiques liées à l’opposition entre les deux blocs. L’Est et l’Ouest supportaient des régimes afin de s’assurer le maintien d’une sphère d’influence. Les États-Unis, l’Union soviétique et leurs alliés respectifs étaient des sources de financement à la fois de groupes insurrectionnels et d’États. Les armes, les entrainements militaires, les soutiens diplomatiques dépendaient de cette lutte pour dominer et influencer. Certains régimes autoritaires furent maintenu au pouvoir parce qu’ils avaient une fonction spécifique dans cette lutte globale, comme pare-feu face au communisme. Le plus connu fut Mobutu au Zaïre. D’autres sont tombés après des coups d’États soutenus ou encouragés par les puissances extérieures. Avec la fin de la Guerre froide, le continent a perdu de sa valeur stratégique. Samuel Decalo dira même : « les États africains passèrent de pions stratégiques pendant la Guerre froide à d’« irrelevant clutter » ».  Progressivement, dans les années 1990, les États-Unis, et ce qu’il reste de l’Union soviétique, se désengagent du continent. Les premiers réduisent ou interrompent totalement leur aide militaire aux alliés les plus anciens : Kenya, Somalie, Liberia, Tchad, Zaïre. Les missions humanitaires américaines et les postes de renseignement se ferment et les personnels sont redirigés vers de nouvelles zones prioritaires notamment en Europe de l’Est. Les États qui survivaient en partie grâce à ces soutiens extérieurs deviennent plus vulnérables aux insurrections populaires et aux guerres civiles. Les événements au Liberia avec Samuel Doe, au Zaïre avec Mobutu, en Somalie et en Éthiopie doivent être appréhendés dans ce contexte. Ils n’ont plus le statut de clients dans un monde bipolaire. Cette perte de la rente stratégique coïncide parfois, en plus, avec une crise économique et des pressions de plus en plus fortes pour démocratiser. Les donateurs redirigent leurs aides en fonction des efforts faits en termes de gouvernance. De plus, l’aide au développement chute de 21% entre 1990 et 1996[2]. Les réseaux de clientélisme s’effondrent, tout comme certaines coalitions au pouvoir qui se divisent. Dans ce contexte, le nombre de conflits et l’insécurité augmentent. En parallèle, les outils analytiques font aussi évoluer comme nous allons le voir.
L’approche de la conflictualité sur le continent a souffert de trois grandes faiblesses : la « déconnexion », le culturalisme essentialiste et le réductionnisme économique auquel se rattache, en partie, le modèle « greed and grievance »[3]. Cette approche réduit les conflits à de l’opportunisme économique et à des décisions irrationnelles. Les conflits seraient donc une forme d’activité criminelle menée par cupidité par des seigneurs de guerre intéressés par la rente. Si cette approche a été très critiquée pour sa dépolitisation des conflits, elle était profondément réductionniste en expliquant les conflits uniquement en termes d’opportunité économique. Cette théorie a évolué ces dernières années et laisse moins place aux motivations économiques mais les conflits sont toujours expliqués en termes d’opportunité économiques plutôt que politiques. Les ressources naturelles ne sont, bien souvent, pas la cause du conflit bien qu’elles puissent l’alimenter. Ainsi, en Sierra Leone le conflit s’apparentait à une révolte contre les structures agricoles oppressives. Séverine Autesserre a montré qu’en République Démocratique du Congo  les ressources naturelles n’étaient pas au cœur des conflits[4]. Les mêmes arguments sur la dépolitisation des conflits sur le continent ont permis de critiquer la théorie des « nouvelles et anciennes guerres [5]». Cette thèse, largement controversée, postule que les guerres civiles de l’après-Guerre froide sont tendanciellement différentes de celles de la période bipolaire. Pour ce faire, l’auteur juge possible de tracer une distinction entre « nouvelles » et « anciennes » guerres. Au niveau global, la guerre interétatique semble révolue et l’anomie du système international aurait pour conséquence de favoriser la résurgence de phénomènes identitaires. Cet argumentaire recoupe celui sur l’ethnicité des conflits. L’idée répandue est que l’ethnie tue. Cette approche est partagée par certains commentateurs du génocide rwandais. Selon eux, les Tutsi et les Hutu seraient destinés à s’affronter et les massacres sont le résultat d’une opposition raciste atavique. Cette approche exclut toute analyse des évènements ayant conduit à l’exécution du génocide. Cette littérature décriée est, en partie, héritière des travaux sur l’anthropologie de la race élaborée à la fin du XIXème siècle. Elle refuse de penser le racisme en Afrique comme une idéologie construite politiquement et socialement. Les crises africaines, ici celles des Grands Lacs, ne seraient que le résultat de clivages ethniques ataviques : des tueries et des barbaries spontanées sans dimension politique ni instrumentalisation. Cette approche privilégie également une lecture de déresponsabilisation des acteurs africains qui seraient pris au cœur des stratégies de puissances étrangères dans la région. Enfin, l’analyse des conflits sur le continent souffre d’un autre écueil : la déconnexion. Certaines approches placent le continent dans un cadre cognitif distinct qui nécessiterait de recourir à des théories spécifiques. Or, l’Afrique sub-saharienne n’a pas de conflits qualitativement distincts.
Il y a d’autres changements dans le panorama sécuritaire : la fréquence accrue des violences électorales et les « crises de citoyenneté »[6]. Ainsi, les travaux des chercheurs américains Zachariah Mampilly et Adam Branch[7] nous apprennent que le continent serait au milieu d’une troisième vague de contestations. La première regroupe les soulèvements nationalistes des années 1950 qui mènent aux indépendances. La seconde englobe les mouvements d’Afrique de l’Ouest, du milieu des années 1980 au début des années 1990, à la suite des mesures d’austérité imposées par la Banque mondiale et le Fonds monétaire international (FMI). Selon ces chercheurs, les révoltes arabes de 2011 constituent l’apogée d’un long « printemps africain » amorcé en 2005 - avec les mouvements de contestation liés à la crise alimentaire - mais qui n’aboutit pas nécessairement à des changements de régimes et n’ont pas suscité la même attention des médias, alors même que la contestation des régimes jugés autoritaires se poursuit. 
Par ailleurs, la compétition politique peut accroître les tentations de mobilisation sur des bases ethniques. La plupart des élections africaines sont relativement calmes (Togo, Bénin, Comores), mais certains exemples comme l’élection kenyane de 2007 montrent le chaos qui peut régner (1000 morts, 350 000 déplacés). Dernièrement, les violences ont aussi accompagné les élections au Zimbabwe, en Côte d’Ivoire, au Burundi. Actuellement, les révisions constitutionnelles afin de modifier les mandats présidentiels est une cause de mobilisation des populations (Djibouti, RDC, Burkina, Ouganda, Congo, etc.). Si l’expression première des violences électorales est identitaire, elle se combine avec des considérations plus locales comme l’accès à la terre, des ressources, ce qui rend simpliste et invalides les interprétations uniquement ethniques (Côte d’Ivoire, Kenya, Burundi). L’augmentation des violences religieuses et du terrorisme sont également de nouveaux visages de la conflictualité sur le continent. On le voit avec le groupe Al-Shabaab en Somalie, Boko Haram au Nigeria, AQMI et tous les autres groupes évoluant dans le Sahel. Pourtant, la religion et la dimension globale de ces conflits mérite encore des études sérieuses. Historiquement, la religion a toujours joué un rôle mineur dans les conflits en Afrique. Stephen Ellis disait même qu’à proprement parler, il n’y a pas de guerre de religion en Afrique subsaharienne. Cela ne veut pas dire que les croyances religieuses ne sont pas cruciales dans la guerre. Tant en Sierra Leone qu’au Liberia, les fidèles croyaient en la puissance des esprits comme en République centrafricaine[8] ou en Ouganda avec l’Armée de libération du seigneur. Mais la religion n’était pas la cause de la guerre bien qu’elle puisse l’alimenter. De même, historiquement, ce qui apparaissait à première vue comme des combats entre religions était en fait totalement lié à des luttes entre élites pour la puissance politique ou matérielle. Enfin, la « guerre contre le terrorisme » participe à une restriction de l’espace politique sous couvert de lutte contre le terrorisme. En effet, l’autoritarisme s’est renforcé dans plusieurs États subsahariens au cours de la dernière décennie. Cette évolution est intimement liée aux efforts des donateurs pour « stabiliser » le continent dans un contexte de lutte contre les groupes jihadistes[9].L’un des objectifs de ce numéro est donc d’essayer de comprendre certains conflits du continent et d’examiner la réponse apportée par les acteurs continentaux et leurs partenaires avec un regard spécifique sur la politique française qui justifie les choix thématiques et régionaux effectués. Pour ce faire, nous avons réuni des praticiens, des militaires, des diplomates et des chercheurs. Leurs écrits sont des témoignages, des présentations politiques ou des études scientifiques. Rassemblés dans ce numéro, ils apportent une vision complémentaire et globale des enjeux sécuritaires de certaines régions du continent. Après un premier ensemble de textes portant sur la zone saharo-sahélienne, une deuxième partie propose une série d’articles sur la sécurité maritime dans le Golfe de Guinée ; un troisième groupe de contributions est consacré à l’engagement des organisations internationales dans la gestion de crises et la résolution des conflits ; et le numéro s’achève sur des problématiques en cours. Plusieurs thématiques reviennent dans chacune de ces contributions. D’abord un questionnement : « le déficit capacitaire » de nombreux États face aux défis sécuritaires. Ensuite les enjeux de la régionalisation des réponses sécuritaires tant face au terrorisme, qu’à la piraterie et aux conflits civils ; enfin la coopération avec des partenaires extra-continentaux et des organisations internationales. Une étude croisée peut permettre de comprendre les conflits sur le continent dans leur complexité et nous espérons que ce numéro en fait la démonstration en privilégiant une discussion entre praticiens, politiques et chercheurs.

Pour aller plus loin :
Amselle Jean-Loup, M'Bokolo Elikia (dir.), Au cœur de l’ethnie, Paris, La Découverte, 2005, 225p.
Bonnecase Vincent et Brachet Julien (dir.), Crises et chuchotements au Sahel, Politique africaine, N° 130, 2013/2.
Collier Paul, Hoeffler Anke, Rohner Dominic, « Beyond Greed and Grievance : Feasibility and Civil War », Oxford Economic Papers, 2009, 61 (1), pp.1-27.
Courtin Nicolas (dir.), Comprendre Boko Haram, Afrique Contemporaine, n° 255, 2015/3.
Cramer Christopher, « Homo Economicus Goes to War : Methodological Individualism. Rational Choice and the Political Economy of War », World Development, 2002, 30 (11), pp.1845-1864.
Gazibo Mamadou et Thiriot Céline (dir.), La politique en Afrique. Etat des débats et pistes de recherche, Karthala, 2009.
Marchal Roland et Messiant Christine, « Les guerres civiles à l’ère de la globalisation. Nouvelles réalités et nouveaux paradigmes », Critique international, 2003/1, n°18.
Marchal Roland (dir.), « Le Sahel dans la crise malienne », Dossiers du CERI, 07/2013 
Prunier Gérard, Chrétien Jean-Pierre (dir.), Les ethnies ont une histoire, Paris, Karthala, 2003 (2ème ed.), 435p.
Ramsbotham Olivier, Woodhouse Tom, Miall Hugh, Contemporary Conflict Resolution. The Prevention, Management and Transformation of deadly Conflicts, Polity, (Third Edition), 2015.
Reno William, Warfare in Independent Africa, 2011, Cambridge, Cambridge University Press.
Richards Paul, « New War. An Ethnographic Approach », in Paul Richards (dir.), No Peace, No War, Athens, OH and Oxford, Ohio University Press and James Currey.
Straus Scott, « War do end ! Changing Patterns of Political Violence in Sub-Saharan Africa in African Affairs, 2012, 111 (443), pp.179-201.
Williams Paul D., War & Conflict in Africa, Polity, 2016 (second Edition).


[1] Robert Kaplan, « The Coming Anarchy : How Scarcity, Crime, Overpopulation, and Disease is Rapidly Destroying the Social Fabric of Our Planet », in Atlantic Monthly, Février 1994, pp.44-76 et la critique : Harri Englund, « Culture, Environment and the Enemis of Complexity », in Review of African Political Economy, 1998, 76, pp.179-188.
[2] Rita Abrahamsen, Conflict and Security in Africa, James Currey, 2013, 240 p.
[3]  Paul Collier et Anke Hoeffler, Greed and Grievance in Civil War, 2002, Washington, DC : World Bank
[4] “Dangerous Tales -Dominant Narratives on the Congo and their Unintended Consequences,” African Affairs, 111 (443),pp. 202-222, 2012.
[5] Mary Kaldor, New and Old Wars: Organized Violence in a Global Era, 3 edition, Cambridge: Polity Press, 2012, 256p. On lira également les critiques suivantes : Stathis Kalyvas, « Les guerres civiles après la guerre froide », in Pierre Hassner et Roland Marchal (éd.), Guerres et sociétés (États et violences après la guerre-froide), Paris, Karthala, 2003, 615p ; Siniša Malesevic, « The sociology of new wars? Assessing the causes and objectives of contemporary violent conflicts », International Political Sociology, vol.2, n°2, juin 2008, pp.97-112.
[6] Richard Banégas (dir.), « L’Afrique de l’Ouest: des crises de la citoyenneté », Les Dossiers du CERI, 2012-10.
[7] Zachariah Mampilly et Adam Branch, Africa Uprising. Popular Protest and Political Change, Zed Books – African Arguments, 2015, 272p.
[8] Marielle Debos, « Centrafrique : attention aux mots », Le Monde, 20 février 2014.
[9] Jonathan Fisher et David M. Anderson, « Authoritarianism and the securitization of development in Africa », International Affairs, 91, 1, 2015, pp. 131–151. Nicolas Desgrais et Sonia Le Gouriellec, « Stratégies d’extraversion : les défis de la construction de l’Architecture Africaine de Paix et de Sécurité », Note de Recherche Stratégique, IRSEM, Septembre 2016.

dimanche 23 octobre 2016

Lectures d'intérêt

Le SIPRI vient de publier une carte des Opérations de Paix dans le monde en 2016.

 
« The geographical spillover of armed conflict in Sub -Saharan Africa », Economic System, 40:1, 2016, p. 109-119.
Résumé : La diffusion transfrontalière des conflits serait-elle plus élevée en Afrique subsaharienne qu’ailleurs ? Pour répondre à cette question Fabrizio Carmignani et Parvinder Kler étudient l’évolution des guerres civiles en comparant l’Afrique subsaharienne avec le reste du monde. Il démontre qu’un Etat voisin en guerre augmente la probabilité d’une guerre civile d’au moins 1%. L’effet de difusion dans le reste du monde est trois fois moins élevé qu’en Afrique subsaharienne. L’article avance l’hypothèse d’un lien entre les flux de réfugiés entrants, la séparation artificielle des groupes ethniques et la diffusion des conflits.

Colin Robinson, « Revisiting the rise and fall of the Somali Armed Forces, 1960–2012 », Defense & Security Analysis, 32:3, 2016, pp.237-252.
Résumé : Une partie des études sur la guerre en Somalie aborde l’histoire des forces armées nationales et plus spécifiquement son armée. Deux problématiques reviennent depuis l’indépendance du pays. D’une part, la poursuite d’une politique irrédentiste qui conduit à la chute du régime de Siad Barre et aux divisions claniques dans le pays ; d’autre part, la renaissance de l’armée somalienne au 21ème siècle. Cet article s’inscrit dans cette seconde démarche et analyse la renaissance incertaine de l’armée somalienne depuis 2008. L’aide internationale s’est concentrée sur Mogadiscio, mais les succès pour reconstruire une véritable armée nationale sont relatifs. Les perspectives d’avenir sont incertaines mais l’auteur souligne tout de même quelques signes d’espoir.

Josie Knowles, "Tanzanian scepticism of a militarised East African Federation and underlying military concerns", African Security Review, 25 : 3, 2016, pp.258-274.
Résumé : "Attitudes towards a regional military force are of paramount importance when exploring public support for regional integration. Until now, however, scholarly research has not considered the influence of attitudes towards a regional military mechanism in the sub-Saharan African context. Using Afrobarometer data, we demonstrate that military concerns are vital when exploring Tanzanian attitudes towards the proposed political federation of the East African Community (EAC), the East African Federation (EAF). More specifically, opposition to military cooperation strongly influences Tanzanian scepticism of the EAF. This finding is highly relevant given that referendums in the participating member states must be passed to facilitate political integration. Heightened opposition towards military cooperation raises the possibility of the public rejecting a politically integrated EAC. This poses a potential obstacle to the implementation of joint security policies and crucial mechanisms to provide a more stable region at large. We account for alternative explanations of Tanzanian opinion formation and reflect on the strength of military-orientated concerns for investigating public support for the East African project specifically and regional integration in sub-Saharan Africa more widely".