vendredi 28 juin 2013

Dernier café stratégique : rencontrez-nous !

L’Alliance géostratégique organise son dernier café de l’année le 4 juillet 2013 au café Concorde à 19h.  A cette occasion, nous vous proposons tout simplement de sortir du petit écran et de nous rencontrer.


Vous retrouverez : CIDRIS Cyberwarfare (cybersécurité), De La Terre à la Lune (espace), Good Morning Afrika (Afrique), Historicoblog (histoire militaire), les Carnets de Clarisse (information), la Voie de l'Epée, Mars Attaque, la Plume & le Sabre, War Studies Publications (défense) et Zone d'Intérêt (renseignement et technologie militaire).

lundi 17 juin 2013

Les relations Afrique - Chine

Jusqu’au 4 juillet, vous pouvez accéder gratuitement aux articles du dernier numéro de la revue African Studies Review, consacrés aux relations entre la Chine et l’Afrique. Précipitez-vous pour télécharger ces articles ICI !



Sommaire :

-Introduction, Jamie Monson and Stephanie Rupp
-Remembering Work on the Tazara Railway in Africa and China, 1965-2011: When "New Men" Grow Old, Jamie Monson
-Chinese Devils, the Global Market, and the Declining Power of Togo's Nana-Benzes, Nina Sylvanus
-African Pentecostal Migrants in China: Marginalization and the Alternative Geography of a Mission Theology, Heidi Østbø Haugen
-Ghana, China, and the Politics of Energy, Stephanie Rupp
-Perceptions of Chinese in Southern Africa: Constructions of the "Other" and the Role of Memory, Yoon Jung Park

-China and Africa Rebooted: Globalization(s), Simplification(s), and Cross-Cutting Dynamics in "South-South" Relations, Julia C. Strauss

vendredi 14 juin 2013

Etudes éthiopiennes et yéménites

Un nouveau numéro de la revue Pount vient de sortir : Etudes éthiopiennes et yéménites.


Sommaire :

Didier MORIN, La participation française à l’Encyclo-paedia Aethiopica – 
Paul Marie GLAOUAËR, Comment l’Encyclopaedia Aethiopica a failli être française – 
Alain ROUAUD, La bibliothèque éthio-pienne du cardinal Tisserant – 
Alain GASCON, La 18e Conférence internationale des Études éthiopiennes –
Franck MERMIER, Le Yémen au miroir de publications anglophones récentes – *Documents : 1. Maxime Rodinson : « Les souvenirs d’un marginal », suite –  2. Un siècle de diplômés d’amharique des Langues O’ (1898-2008) –*
Stéphane ANCEL, Les sièges épiscopaux en Éthiopie – 
Bertrand LIONEL-MARIE, L’esclave éthiopien avant le ras Tafari : les dispositions du Fetha-nagast –
Robert BEYLOT, Recherches sur l’homiliaire éthiopien en l’honneur d’Ouriel –
Laurent JOLLY, Le Bataillon Somali dans la Grande Guerre – 
* Comptes rendus : C. Lucarelli, 2010 (A. GASCON & A. TURCO) – J. Miran (ed.), NAS, 1, 2012 (Ph. PÉTRIAT) – Tibebe Eshete, 2009 (S.  DEWEL)

Résumé de l’éditeur : Edward Ullendorff (25 janvier 1920 – 6 mars 2011) n’est plus, mais le savant éthiopisant britannique nous laisse plusieurs ouvrages qui seront pour longtemps des références riches et sûres : The Ethiopians, Ethiopia and the Bible, A Tigrinya chrestomathy, etc. Jean Leclant (8 août 1920 – 16 septembre 2011), nous a quittés, lui aussi. Égyptologue, homme de pouvoir et d’influence, il a contrôlé, bien qu’il se soit défendu d’être un éthiopisant, des décennies durant l’archéologie française (et accessoirement d’autres disciplines) en Éthiopie. À ce titre, il a contribué à l’état actuel des études éthiopiennes françaises, question sur laquelle on lira « La participation française à l’Encyclopaedia Aethiopica, ou Du déclin des études éthiopiennes en France » complété par « Comment l’Encyclopaedia Aethiopica a failli être française ».
Comme toutes les études, les études éthiopiennes ou yéménites commencent pour le chercheur ou l’amateur par une connaissance sans faille de la bibliographie (« Le Yémen au miroir de publications anglophones récentes ») et des lieux où se trouvent les sources (« La bibliothèque éthiopienne du cardinal Tisserant »). Mais la vie ou la carrière des orientalistes (« Maxime Rodinson : "Les souvenirs d’un marginal" : suite ») et l’histoire des institutions (« Un siècle de diplômés d’amharique et de civilisation éthiopienne des Langues O’ [1898-2008] ») apportent leur écot à la discipline, tout comme les manifestations scientifiques (« La 18e Conférence internationale des Études éthiopiennes »).
L’Éthiopie chrétienne est toujours là par son histoire religieuse (« Les sièges épiscopaux en Éthiopie ») et par sa littérature, soit religieuse (« Recherches sur l’homiliaire éthiopien en l’honneur d’Ouriel »), soit juridique (« L’esclave éthiopien avant le ras Tafari : les dispositions du Fetha-nagast »). Cette dernière contribution permet d’aborder un riche champ d’investigation laissé – pour de très mauvaises raisons – en friche : l’esclavage oriental.
Problème identitaire pour les pays concernés, le destin des troupes coloniales (« Le Bataillon Somali dans la Grande Guerre ») est-il aussi spécifiquement pathétique qu’on le dit ? En d’autres termes, pas beaucoup moins français que le paysan Bas-Breton mobilisé, le tirailleur somali qui était engagé avait-il moins de raisons que lui d’aller mourir dans les tranchées et était-il vraiment plus à plaindre ?
Les comptes rendus passent en revue un roman remarquable (La huitième vibration), le numéro spécial de la revue américaine Northeast African Studies consacré à la mer Rouge et l’ouvrage d’un évangéliste éthiopien sur sa religion (« The Evangelical Movements in Ethiopia. Resistance and Resilience).


Pour commander ce numéro, contactez : Les Ethiopisants associés, pount2@yahoo.fr ou www.pount.fr

jeudi 13 juin 2013

Café stratégique Cultures et géopolitique au Sahara

Ce soir, pour son 26ème café stratégique l'Alliance géostratégique recevra Arnaud Contreras autour de la thématique : Cultures et géopolitique au Sahara.



Arnaud Contreras est documentariste, photographe et producteur à Radio France. Il est l'initiateur du projet Sahara fragile sur le patrimoine saharien culturel, repris en partie par l'UNESCO (voir le programme ICI). 

Ses documentaires et reportages radio pour France Culture, France inter et RFI : ICI

Son blog : ICI

Venez nombreux discuter avec notre intervenant autour d'un verre au café Concorde (239 boulevard Saint Germain, métro Assemblée Nationale de 19 à 21h). 


mercredi 22 mai 2013

Colloque : sanctions internationales et gestion des crises politiques

L'université Paris Descartes et le Club Participation et Progrès organise le jeudi 30 mai 2013, une journée d'études sur le thème cité en titre.




L'accès est GRATUIT sur simple inscription à sonialegouriellec@gmail.com ou ICI

Le programme est ICI


9h30 -12h30  SANCTIONS INTERNATIONALE, PREVENTION DES CRISES, GESTION DES CRISES
sous la présidence de M. Pierre PASCALLON
Intervenants : Pascal Chaigneau, Professeur à l’Université Paris Descartes, Centre Maurice Hauriou, EA 1515, 9h50 Hassen Fodha, Directeur honoraire du Bureau des Nations Unies pour l’Europe,  Ines Rahmi, Responsable du pôle « Sanctions économiques » au Secrétariat général des Affaires européennes, au Cabinet du Premier ministre,  Malik Boumediene, Maître de conférences à l’Université Toulouse II Le Mirail, Laboratoire de Recherche Pluridisciplinaire du Nord Est de Midi Pyrénées, Fouad NOHRA, Maître de conférences à l’Université Paris Descartes, Centre Maurice Hauriou, Michael Strauss , Journaliste, PhD in international relations

14h30-17h30   ETUDES DE CAS : LES ETATS FACE AUX SANCTIONS INTERNATIONALES
sous la Présidence de  M. Pascal CHAIGNEAU
Intervenants Pierre Pascallon, Président du Club Participation et Progrès, Michel Raimbaud, Ambassadeur de France, Directeur honoraire de l’Office de protection des réfugiés et apatrides (OFPRA), Fereydoun Khavand, Maître de conférences à l’Université Paris DescartesDerek El Zein, Maître de conférences à l’Université, Paris Descartes Dominique Bangoura, Présidente de l’Observatoire Politique et Stratégique de l’Afrique (OPSA) de l’Université Paris I Panthéon Sorbonne, Jorge Huerta Jemio, Professeur honoraire à l’Ecole de Gouvernement et des Universités du Chili.

dimanche 12 mai 2013

Parution : Le déclin annoncé de l'ANC (Afrique du Sud)

Alors que l'archevêque et Prix Nobel de la paix, Desmond Tutu, vient d'annoncer (ICI) qu'il ne voterait plus pour l'ANC, l'auteure de ce blog vous annonce la sortie des Enjeux Diplomatiques et stratégiques 2013 où elle publie un article sur "Le déclin annoncé de l'ANC". 



L'article revient sur la trajectoire récente du parti historique d'Afrique du Sud et tente de mettre en évidence un paradoxe. Le magazine The Economist titrait fin 2011 "Cry the beloved country" et évoquait ce qu'il estimait être le "triste déclin" de l'Afrique du Sud". En 2012, l'ANC fêtait ses 100 ans, un événement rare pour un mouvement politique. Le parti reste aussi la force politique la plus puissante du pays. 

Paradoxalement, l'ANC vit une crise sans précédent dans son histoire. Ralentissement économique  émeutes xénophobes, crise sociale avec la retentissante grève de Marikana, incompétence d'une partie de la classe dirigeante, corruption au sein du parti et clientélisme semblent fermer les perspectives du pays. Pourtant Jacob Zuma, reconduit en décembre 2012 à la tête de l'ANC, est idéalement placé en vue d'une éventuelle réélection lors de l'élection présidentielle de 2014. 

Ainsi une question se pose :  la prédominance de l'ANC n'est pas encore remise en cause mais le parti amorce-il- un déclin ? Est-il toujours aussi puissant ou a-t-il entamé un processus de désintégration comme l'affirme Helen Zille, chef de l'Alliance démocratiques, l'un des principaux partis d'opposition ? La récente sortie de Desmon Tutu, que nous évoquions au début pose une autre question : les personnalités politiques de l'ANC sont-elles aujourd'hui au niveau de celles qui étaient aux affaires en 1994, comme Tutu, Nelson Mandela, Walter, Albertine Sisulu, Olivier Tambo et Joe Slovo ? Ceux d'aujourd'hui ont-ils un projet d'avenir pour l'Afrique du Sud ?

L'article propose quelques hypothèses que pouvez retrouver en commandant la revue  ICI

samedi 27 avril 2013

Regards croisés sur certaines violences africaines (Ouganda)

L'émission Histoire Vivante présentée par Jean Leclerc a consacré sa semaine à l'Ouganda dans la perspective du documentaire "Les enfants du Seigneurs" dimanche 28 avril. 



Dans ce cadre, l'auteure de ce blog a eu l'honneur d'être interviewée par Jean Leclerc (ICI).Vous retrouverez également Sandrine Perrot et Richard Banégas, Thierry Vircoulon, Johan Vignet et la réalisatrice du documentaire. Toutes les interviews : ICI

jeudi 4 avril 2013

Guerre et économie : de l'économie de guerre à la guerre économique

A signaler : la parution de l'ouvrage mentionné dans le titre de ce billet. L'auteure de ce blog y participe avec un billet sur "business" de la piraterie en Somalie. Rappelons que cet ouvrage est fait les actes du colloque organisé par Participation & Progrès, Alliance Géostratégique, et l'Ecole de guerre Economique en partenariat avec EPEE le 1er juillet 2011 à l"Ecole militaire. 



Vous pouvez vous procurer l'ouvrage ici  (version papier ou version numérique)

Sommaire ICI


mercredi 6 mars 2013

Elections aux Kenya : le pays peut-il revivre les violences post-électorales de 2007 ?


Ce billet bénéficie d'une publication en parallèle sur Huffington Post.

"Je vous encourage à aller voter et aider à décider de l'avenir de notre Nation. Je vous demande également ardemment à tous de voter pacifiquement. (…) Montrons clairement au monde que notre démocratie a atteint sa maturité (…) A ceux qui ne gagneront pas: votre pays a encore besoin de vous. Il y a de nombreux autres rôles que vous pouvez jouer dans nos efforts de développement" déclarait vendredi dernier le président sortant Kibaki.

Le ton est donné. Les élections qui se sont déroulées hier, lundi 4 mars, sont certainement les plus importantes et les plus complexes depuis que le pays a renoué avec le multipartisme il y a de ça deux décennies. 14.3 millions d’électeurs kenyans se sont ainsi rendus aux urnes pour élire députés, sénateurs, gouverneurs de « counties » (départements), représentants locaux mais aussi le Président. Six scrutins au total dans la même journée, une nouveauté mais aussi un défi technique afin d’accueillir tous les votants et dépouiller tous leurs votes. L’élection des gouverneurs, notamment à cause de l’élargissement par la constitution de  2010 dans le cadre du processus de décentralisation de leurs pouvoirs financiers, pourrait donner lieu à des débats agités, mais seule l’élection du président qui devrait nécessiter un second tour, est autant scrutée.



Quels sont les enjeux liés à ces élections ?

Si ces élections se déroulent dans un climat serein et elles seront perçues comme  justes et transparentes, et feront entrer le Kenya dans une nouvelle ère. La Constitution adoptée en 2010 entrera pleinement en vigueur, faisant du pays une démocratie. A l’inverse, si ces élections sont perçues comme illégitimes, elles pourraient plonger le pays dans une nouvelle vague de violence et ainsi faire reculer la démocratie. Les capacités économiques de la première puissance économique d’Afrique de l’Est pourraient en être affectées. Les pays voisins en subiront sans doute l’impact : la Somalie, d’une part, où le Kenya est engagé dans le cadre de la lutte contre le terrorisme mais aussi les efforts de pacification du conflit Soudan/Soudan du Sud, d’autre part seraient touchés. En effet, le pays joue un rôle majeur dans les différents processus de paix engagés au sein de la Corne de l’Afrique. C'est à Nairobi qu'a été signé en janvier 2005 l'accord de paix entre Khartoum et les rebelles du sud Soudan. C'est également au Kenya que s’est réfugié en 2004 le Gouvernement Fédéral de Transition somalien. La dynamique de l’East African Community (EAC) dont fait partie le pays aux côtés de l’Ouganda, la Tanzanie, le Rwanda et le Burundi serait également gravement touchée.

23. 000 observateurs, dont 2. 600 observateurs internationaux ont été déployés dans le pays.  Le processus électoral kenyan est ainsi scruté de près par la communauté internationale qui garde en mémoire les violences qui avaient entachées les précédentes élections. En effet, en 2007, l’annonce de la victoire du président sortant Mwai Kibaki contre Raila Odinga avait provoqué des tueries ethniques dont le bilan s’élèverait à 1 162 morts et 350 000 déplacés dans plus d’une centaine de camps[1]. La crise avait été réglée par la voie diplomatique et juridique. L’ancien Secrétaire général des Nations unies, Kofi Annan, mandaté par l’Union africaine, avait réussi sa médiation en proposant la constitutionnalisation du poste de Premier Ministre. Les deux leaders avaient accepté le partage du pouvoir ainsi que la rédaction d’une nouvelle constitution afin de préserver le pays de ses dérives.



Pourtant, en décembre 2002, une élection régulière avait fait entrer le Kenya dans une nouvelle ère, véritable espace démocratique où la liberté de parole est la règle et la presse parfaitement libre. En effet, après l'instauration du multipartisme en 1991, le président Moi a pu se maintenir au pouvoir jusqu'en 2002. L'arrivée au pouvoir de la coalition NARC rassemblant autour de Mwai Kibaki les opposants de longue date, les déçus de l'ancien parti unique KANU, et les ralliés de dernière minute, tel Raila Odinga offraient le symbole de l’ouverture du pays. L'arrivée d’un nouveau président, en rompant avec près de 40 ans de pouvoir sans partage de la KANU, avait changé radicalement le jeu politique. Le Kenya démontrait alors son aptitude démocratique, respectueux des libertés fondamentales et lançait une série de grandes réformes. Mais le pouvoir, confronté à la corruption et aux divisions, s’est considérablement affaibli. Avant les élections de 2007, le paysage politique kenyan était en pleine recomposition autour de deux pôles : la NARC, victorieuse en 2002, explosait alors que la KANU ne parvenait pas à se reconstruire de manière cohérente. Le Kenya avait raté son virage démocratique.

L’histoire peut-elle se répéter ?

Les Kenyans semblent avoir pris les dispositions institutionnelles afin d’éviter de revivre les violences de 2007-2008 : la Constitution a été réécrite, une nouvelle Cour suprême et une commission électorale ont été créées, une loi contre les discours de haine adoptée. La Commission électorale nationale a un rôle fort à jouer dans la légitimation des résultats. Elle a d’ailleurs promis de donner les résultats dans les 48 heures et ainsi éviter le long délai d’attente de 2007. L’émergence d’une classe moyenne et d’une bourgeoisie est également un élément nouveau. Une crise politique les pénaliserait sans doute, et ce groupe a tout intérêt à vouloir préserver la paix. Symboliquement deux hommes politiques dont les ethnies s’étaient affrontées en 2007 ont décidé de s’allier dans la course à la présidence : Uhuru Kenyatta, fils du premier président du pays, et William Ruto, le leader de la communauté des Kalenjin (la troisième plus importante du pays). Un geste d’autant plus fort que les deux hommes sont sous le coup d’une inculpation par la Cour pénale internationale pour crime contre l’humanité lors des violences post-électorales de 2007.



Néanmoins, ce qui a causé les précédentes violences n’a pas changé. En commençant par les leaders politiques qui sont les mêmes. Pour ces élections, le Premier ministre Raila Odinga (un Luo à la tête de l’Orange Democratic Movement) et le vice-Premier ministre Uhuru Kenyatta (un Kikuyu, chef du National Alliance party), sont les deux principaux candidats du scrutin (Mwai Kibaki a déjà effectué deux mandats et ne pouvait se représenter) sur huit au total. La bipolarisation de la campagne sur des bases ethniques fait craindre une nouvelle instrumentalisation du fait ethnique par la classe politique. Or ce facteur ethnique est très présent dans la vie politique et économique kenyane. Régulièrement des tensions apparaissent autour de l’occupation de la terre par exemple. Des conflits attisés par des calculs politiques à courte vue. Les Bantous représentent le groupe le plus important, auquel appartiennent les Kikuyus, ethnie qui a marqué l'histoire de l'émancipation du Kenya et qui a tenu les rênes du pouvoir depuis l’indépendance du pays en 1963. Mwai Kibaki, l’actuel président est un Kikuyu comme Jomo Kenyatta le premier président du pays en 1964 et son fils actuellement candidat.

Tout comme en 2007, la campagne électorale s’est déroulée sans heurt majeur. La Commission kenyane des droits de l’homme a tout de même relevé le retour de « discours de haine », les leaders politiques sont les mêmes et certaines de leurs déclarations inquiètent. Ainsi Raila Odinga a-t-il déjà annoncé qu’en cas de défaite, il dénoncerait les fraudes et les manipulations. C’est lui qui en 2007 avait été battu par le président sortant Mwai Kibaki aux élections présidentielles du 27 décembre à la suite de fraude, alors, qu’aux législatives qui avaient eu lieu le même jour, son parti l’emportait devant la coalition présidentielle. De plus, l’inculpation de Uhuru Kenyatta, et de son colistier l’ex-ministre William Ruto, par la CPI pourraient également leur donner envie d’être vainqueur à l’encontre des résultats. Bien que s’il est élu aux plus hautes fonctions, Uhuru Kenyatta devrait comparaitre devant la Cour en avril prochain, au moment où devrait se dérouler le second tour de l’élection. Son statut de Président ou futur président pourrait ainsi lui permettre d’adopter la même attitude que le président soudanais Omar El Béchir qui lui a choisi d’ignorer la CPI. De fait il pourrait devenir le deuxième président du continent poursuivis par la Cour. Cette perspective inquiète les partenaires occidentaux de ce pays qui préférerait voir Raila Odinga triompher. Cette inculpation est donc un enjeu de plus dans ces élections, à la portée internationale. Kenyatta s’est d’ailleurs servi de ces accusations afin de manipuler les communautés ethniques qui le soutiennent en se positionnant comme une victime. Sera-t-il jugé dans les urnes ? Gardons en mémoire qu’un scrutin dans lequel un candidat n'a rien à perdre peut virer à la guerre civile…




[1] Kenya National Commission on Human Rights (KNCHR), On the Brink of the Precipice : a Human Rights Account of Kenya’s post 2007 Election Violence, Nairobi, août 2008, 156 p.

mardi 29 janvier 2013

Afrique du Sud : le bilan très contesté de Jacob Zuma (2/2)

Suite de nos billets sur le parti dominant de l'Afrique du Sud. 
 
zuma-m
  L’usure du pouvoir semble aller de pair avec les scandales généralisés dans la classe politique, et Jacob Zuma n’y fait pas exception. Particulièrement décrié ces dernières années, il a été accusé de viol, avant d’être acquitté. Il a également passé de longues années à se défendre d’accusations de corruption et de racket. Sa réélection à la présidence de l’ANC est elle-même très critiquée. Les militants anti-Zuma dressent un bilan très négatif de sa présidence. En effet, il est arrivé au pouvoir en 2009 suscitant de nouveaux espoirs avec un programme ambitieux : promesse d’une meilleure gouvernance, réduction des inégalités sociales et du chômage par une réforme foncière et une redistribution des richesses renouvelée. Or, sur le plan social le bilan est mitigé et les inégalités restent fortes. « Président des pauvres », Jacob Zuma n’a pas su enrayer la sédimentation de la société. En parallèle, la lutte contre le chômage qui était la priorité du mandat de Jacob Zuma s’avère être également un échec. Dans un contexte d'augmentation de la population active un quart des Sud-Africains ne trouvent pas d’emploi. Les jeunes sont particulièrement touchés (50% pour les 20-24 ans) de même que les femmes, et les noirs. Plus inquiétant sur le plan politique, le milieu des affaires critique le manque de leadership économique de Jacob Zuma. Ce dernier tout comme son administration se défendent en invoquant un contexte économique et financier défavorable. Le candidat Zuma prônait des mesures populistes et radicales pour satisfaire à la fois la base de l’électorat de l’ANC et l’aile gauche du parti qui le soutenait contre son prédécesseur. Or, le candidat devenu président Zuma doit désormais composer avec un pays touché à la fois par la crise internationale et par la crise structurelle interne. L’Afrique du Sud possède pourtant de nombreux atouts : des industries de pointe dans certains secteurs d’excellence, des systèmes de télécommunications importants, des infrastructures développées et une terre riche en minerais (or, platine, diamants, etc). Tous ces avantages lui permettent de disposer d’une croissance stable autour de 3% mais ce potentiel est limité entre autres par des problèmes énergétiques qui entraînent coupures et restrictions, en particulier dans les grands centres urbains. Finalement, Jacob Zuma s’est inscrit dans la continuité de Thabo Mbeki alors qu’il avait initialement un discours de rupture basé sur un retour aux « vraies valeurs » de l’ANC. C’est tout le paradoxe de la politique économique de l’ANC : longtemps d’inspiration marxiste-léniniste cette direction a été officiellement abandonnée, notamment sous le mandat de Thabo Mbeki, bien que la question soit fréquemment relancée pour satisfaire la frange la plus à gauche du parti. L’ANC veuttransformer l’économie sud-africaine pour lutter contre le chômage et la pauvreté mais les changements annoncés semblent très mesurés. Le parti reste très prudent et conservateur. Prenons, par exemple, les questions foncières. Les terres appartiennent toujours à 80% aux blancs. L’exécutif de l’ANC reconnaît qu’il faut réformer le principe du vendeur volontaire - acheteur volontaire. Néanmoins, il doit toujours faire face au caractère constitutionnel du droit à la propriété. Cette réforme controversée est, et sera, dans les années à venir, le rocher de Sisyphe de l’ANC. D’autant plus que l’histoire sud-africaine a été marquée par de violentes dépossessions foncières. L’exemple zimbabwéen, cité par Julius Malema, n’est pas non plus pour rassurer les observateurs internationaux. Et les défis pour mettre en œuvre cette réforme sont considérables. Le manque de ressources budgétaires comme la durée des procédures judiciaires d’indemnisation sont aussi à souligner. En effet, la constitution autorise le droit d’expropriation au nom de l’intérêt public en échange d’une compensation susceptible d’être fixée par une cour de justice[i]. L'une des faiblesses actuelle de l’ANC reste donc son bilan gouvernemental et les problèmes internes à l'ANC qui ont tendance à devenir des problèmes étatiques. D’autant que le risque de confusion entre Etat et parti découle d’une particularité de la Constitution sud-africaine, qui fait qu’il n’existe pas de circonscriptions dans le système électoral. Comme l’explique Pierre-Paul Dika, les députés de la majorité sont responsables devant le parti et la Présidence avant de l’être devant leur électorat[ii]. Le pouvoir législatif est très discipliné. Simonneau note : « si ce poids des instances dirigeantes est moins fort dans les autres formations, la discipline est réelle et, de ce fait, le parlementarisme est atténué. »

[i] Ibid., pp. 744.
[ii] Pierre-Paul Dika, Les fondements de la politique étrangère de la nouvelle Afrique du Sud : acteurs, facteurs et instruments, Paris, L’Harmattan, 2008.