mercredi 19 octobre 2011

Ouganda, leçon n°1 : se rendre indispensable

Hier, F. de St V, publiait un billet (site d'AGS) sur la mission militaire américaine en Ouganda de conseil pour lutter contre la LRA (ICI et ICI)




Quelques éléments d'analyse :
Pour comprendre la politique américaine à l'égard de l'Ouganda, il semble indispensable d'étudier la politique ougandaise un peu plus à l'Est (dans les Grands Lacs de toute évidence également, nous l'avons déjà évoqué sur ce blog). Aujourd'hui, l'Ouganda "occupe" ses soldats en Somalie, plus de 5000 hommes déployés dans le cadre de l'AMISOM. Néanmoins, 15 octobre 2010 le CPS de l’UA appelait à un renforcement des troupes: 20000 hommes pour la composante militaire, 1680 éléments de police, un blocus naval et une zone d’interdiction aérienne au-dessus de la Somalie. L’UA voulait également financer la mission au moyen des contributions obligatoires, qui seraient mises à disposition de la mission à l’intérieur et à l’extérieur de la Somalie. Mais la résolution 1964 de décembre 2010 a autorisé l’augmentation des troupes mais uniquement un supplément de 4000 troupes (soit 12000 au total) que l'Ouganda va aussi largement fournir, elle était d'ailleurs prête à fournir les 20000 hommes...
Rappelons que l'Ouganda héberge également une mission européenne de formation des troupes somaliennes.

Rappelons aussi, que, déjà l’administration Clinton avait choisi de mettre en avant des nouveaux dirigeants, pas nécessairement démocratiques mais pragmatiques et garants supposés d’une certaine stabilité comme : Yoweri Museveni pour l'Ouganda, Issayas Afworki pour l'Érythrée, Mälläs Zénawi pour l'Éthiopie, Paul Kagamé pour le Rwanda et Joseph Kabila pour la République Démocratique du Congo. Désormais, les États-Unis hésitent à exercer des pressions sur les régimes autoritaires qui seraient du « bon côté ».
La communauté internationale préfère pour le moment privilégier la stabilité surtout dans cette région. Typiquement, l’Ethiopie conserve le soutien américain, malgré la sanglante répression des manifestations du 15 mai 2005, à la suite de la victoire de l’opposition aux élections législatives.


L'Ouganda fournit le gros des efforts en Somalie, les troupes de l'AMISOM paient un lourd tribu dans la guerre contre les Shebab (retrait de Mogadiscio ces dernières semaines), un nouveau front d’instabilité s'est ouvert au Nord avec la naissance du Soudan du Sud où les troupes de la LRA peuvent trouver refuge, et le pays a été victime d'un attentat terroriste revendiqué par les Shabab en juillet 2010...l'annonce américaine n'est bien sur pas un hasard du calendrier.
Bref l'Ouganda est incontournable dans la région et se veut incontournable....

lundi 3 octobre 2011

Quel avenir pour AQMI après la mort de Ben Laden?

Dernier né de l'ANAJ-IHEDN, le Comité "Afrique" a le plaisir de vous inviter à sa première conférence le Mardi 18 octobre 2011, 19h30 à 21h00, École militaire, Amphithéâtre Desvallières.



Dans un message diffusé à l'occasion du 10ème anniversaire des attentats du 11 Septembre, Ayman al-Zawahiri a annoncé soutenir le Printemps arabe, allant jusqu’à le qualifier de « le Printemps de la dignité et de la libération ». Comment expliquer une telle évolution alors que, dans un premier temps, Al-Qaïda semblait prendre ses distances par rapport aux révolutions arabes qui ont entrainé la chute des régimes qu’elle combattait depuis des décennies ?

Le professeur Jean-Pierre FILIU nous expliquera l'évolution d'Al-Qaïda depuis la mort de son leader Oussama Ben Laden, ainsi que le rôle ou non d'AQMI dans les pays arabes du Maghreb.

Télécharger le flyer ICI

Inscription obligatoire à l'adresse : http://tinyurl.com/anaj-afrique

Informations : afrique@anaj-ihedn.org

vendredi 30 septembre 2011

Combien coûte la lutte contre la piraterie ?

Bien que la piraterie ait fortement augmentée dans le Golfe d'Aden elle reste peu couteuse par rapport au chiffre d’affaire de l’industrie du transport maritime et le coût de l’opération militaire de lutte contre ce phénomène excède de loin le total des rançons versées aux pirates .
Le le surcoût par la communauté internationale (avec les navires de défense), serait estimé entre 10 et 16 milliards de dollars. La piraterie représenterait 1/1000 du coût total du transport maritime.

Rançons
176 millions $
Primes d'assurance
Entre 460 millions  $ et 3,2 milliards  $
Routage des navires
2,4 à 3 milliards  $
Equipements de sécurité
363 millions  $ à 2,5 milliards  $
Forces navales
2 milliards  $
Poursuites judiciaires
31 millions  $
Opérations dissuasives
19,5 millions  $
Coût pour l'économie régionale
1,25 milliards  $
dont l'Egypte
642 millions $
dont le Kenya
414 millions $
dont les Seychelles
6 millions $
TOTAL
7 à 12 milliards $ par an
Source : Anna Bowden, The Economic costs of maritime piracy

dimanche 25 septembre 2011

Le rôle des Nations-Unies dans la gestion de la transition en Côte d'Ivoire

L'IFRI organise le 27 septembre de 17:00 à 19:00 une conférence autour de Choi Young-Jin, ancien représentant spécial et chef de l'Opération des Nations-Unies en Côte d'Ivoire (ONUCI), sur le rôle des Nations-Unies dans la gestion de la transition en Côte d'Ivoire


Résumé : "Autrefois pays modèle en Afrique de l'Ouest, la Côte d'Ivoire a connu ces dernières années une crise politico-militaire sans précédent qui a occasionné d'innombrables bouleversements. L'ONUCI, dont le déploiement en Côte d'Ivoire a débuté le 4 avril 2004, s'est vue confier par le Conseil de sécurité la mission de contribuer à la pacification du pays. L'organisation des élections devait être l'aboutissement de ce processus mais n'a pu empêcher une résurgence de la crise avant l'arrestation de Laurent Gbagbo et l'investiture de Alassane Ouattara le 21 mai 2011."
Inscription : ICI

samedi 24 septembre 2011

Bases secrètes en Somalie : l'interview du journaliste

Le journaliste Jeremy Scahill lance le débat sur les attaques menées par les Etats-Unis en Somalie. Ci-dessous son interview dans le Morning Joe sur MSNBC.



Lire :
- L'article "The CIA's secret sites in Somalia" dans le journal The Nation par Jeremy Scahill ICI
- "U.S. assembling secret drone bases in Africa, Arabian Peninsula, officials say" du Washington Post ICI

jeudi 22 septembre 2011

Combien gagne un pirate ?

A la suite du billet "Piraterie : un impact économique limité ?", interrogeons-nous, combien rapporte la piraterie, aux pirates et aux investisseurs ?



Coûts et dépenses annuels (pour 1 financier, 4 bateaux et 12 pirates) en 2008.

REVENUS
Investissement par le financier
                Skiff et moteur hors-bord   14 000$
               Armes et munitions             2 000$
               Grappins et échelles            1 200$
               Aide à la navigation, GPS   4 000$
Paiements de rançons                   600 000$
                                                           Total revenus 621 200$
DEPENSES
Coûts opérationnels
              Nourriture, fournitures...       72 800$
              Maintenance des équipements 31 200$
              Soins aux victimes                15 750 $
              Pots de vin                            180 000$
                                                      Total des dépenses 299 750$

BENEFICES
Total des bénéfices (brut)                                 321 450$
Total des bénéfices (sans les investissements) 300 250$
Part du financier                                              120 250$
Parts des pirates                                               180 000$
Part par pirate                                                    15 000$

Sources : Calculs réalisés par Raymond Gilpin, sur la base de témoignages de pirates capturés, pour trois détournements réussis, sur neuf tentatives dans l’année, et deux paiements de rançons.
Les frais de nourriture et de fournitures sont calculés pour 208 jours de travail sur l’année.
La rançon serait, en général, divisée ainsi : 20% pour le(s) financier(s), 20% pour les coûts d’opération, 30% en pots de vin, 30% pour les pirates.

mardi 20 septembre 2011

2 ans de billets sur l'Afrique

Good Morning Afrika fête sa deuxième année d'existence et vous remercie de votre fidélité !

dimanche 18 septembre 2011

Somalie : Gate of hope

Une belle vidéo, résumant le drame somalien à travers l'aide médical apportée par l'AMISOM.



jeudi 15 septembre 2011

Enfin la chute des Shabaab en Somalie ?

Quand les médias occidentaux, sensibilisaient encore l’opinion publique, au drame humanitaire qui touche une partie de la Corne de l’Afrique, un autre sujet fut également médiatisé (très relativement il est vrai) : le retrait des Shabaab de Muqdisho. Cet évènement inaugure-t-il un tournant stratégique dans la lutte contre le jihadisme en Somalie ?

Le 6 août 2011, le président somalien annonçait le retrait des Shabaab de Muqdisho. Pour le porte-parole du mouvement radical, Sheikh Ali Mohamud Rage, ce retrait est tactique et temporaire, les radicaux conserveront leurs positions dans le reste du Sud de la Somalie (le Somaliland étant indépendantiste et le Puntland autonomiste). Néanmoins les difficultés du mouvement sont-elles temporaires ? Peuvent-elles expliquer ce retrait ? Plusieurs facteurs interviennent :

1) L’offensive des forces de l'Union africaine (Amisom) et des troupes gouvernementales, contre les Shabaab menée depuis plusieurs semaines sur le marché stratégique de Bakara, bastion des insurgés, et dans le nord-est de la capitale, a mis à mal les efforts des Shabaab. Acculé, le mouvement extrémiste aurait perdu une centaine d’hommes. Par ailleurs, il souffrait de difficultés d’approvisionnement en munitions et de difficultés financières, entre autres parce que les transferts de fonds venus des Etats-Unis se tarissent.
2) Il existait de nombreuses divisions internes. Ces divisions furent exacerbées par la gestion de la sécheresse et l’accès aux zones, sous leur contrôle, aux humanitaires. La manne financière liée à la mobilisation internationale est aussi devenu un véritable enjeu. A titre illustratif, les extrémistes réclamaient 10 000$ de taxes pour l’accès à une zone qu’ils contrôlaient, auxquels il s’agit d’ajouter 10 000$ de frais d’enregistrement, plus 6 000$ tous les 6 mois et 20% de taxes sur les marchandises importées sur leurs zones (y compris la nourriture). Même les populations sont taxées et certains chefs guerre se taillent de véritables principautés. Cet été, les Shabaab ont réclamé 30$ par hectare de terres irriguées aux agriculteurs vivant le long du Juba dans la région du Lower Juba (en rouge sur la carte). (ICI, ICI, et ICI)
3) Des divisions aussi, quant aux objectifs du mouvement. Lorsque les Shabaab ont traité le président du Gouvernement Fédéral de Transition (GFT) de traitre et d’apostat, Ben Laden s’en ait fait l’écho, comparant Cheikh Sharif Cheikh Ahmed au président Afghan, Hamid Karzai, et appelant au “jihad” contre son régime. Puis, le mouvement a prêté allégeance à al-Qāʿida (septembre 2009), mais les liens semblent plus symboliques qu’effectifs. Cette déclaration s’inscrit dans une volonté des fondamentalistes somaliens de s’aligner sur l’agenda global de la nébuleuse terroriste et d’être reconnus comme l’une de ses « filiales », tout en restant indépendants. Elle implique l’arrivée de combattants extérieurs et l’apparition d’un discours jihadiste menaçant les pays voisins. L’État islamique voulu en Somalie par certains groupes militants dépasse les frontières actuelles de l’État et englobe des régions peuplées de Somalis, en Éthiopie et au Kenya notamment (Grande Somalie), d’autres souhaitent lutter comme le GFT perçu comme illégitime. Des divisions claniques apparaissent aussi, paradoxalement il reste à espérer que ces divisions claniques, qui font aussi obstacle à l’émergence d’un pouvoir central en Somalie, et que dénonce officiellement le discours trans-clanique des intégristes, seront aussi celles susceptibles de les faire tomber.


4) Les difficultés rencontrées ces derniers mois furent également exacerbées par des défaillances au sein de l’appareil de commandement. Ainsi, la mort en juin de Fazul Abdullah Mohamed, le cerveau des attentats du Kenya et de Tanzanie en 1998, les blessures de Bilal al Berjawi, le cerveau des attentats de Kampala en juillet 2010, celles de l’émir Ibrahim Afghani, la mort de cinq commandant fin juillet, ont affaibli le mouvement. Des changements ont rapidement eu lieu dans le leadership, ainsi Ibrahim Haji Jama Mee'aad , un Somalo-américain, est devenu le chef des Shabaab, à la place d’Ahmed Godane. Ce dernier serait devenu responsable des affaires étrangères et des relations avec al-Qāʿida à la place de Fazul Abdullah Mohammed.

Ainsi, la guerre se poursuit (ICI et ICI) et les Shabaab cherchent déjà de nouveaux soutiens à l’extérieur et misent sur la diaspora. Ils gardent toujours le contrôle d’une large partie de la Somalie du Sud où sévit la famine. Par ailleurs, les armes continuent d’arriver par le Yémen. Si l’AMISOM et les troupes somaliennes ont repris le contrôle des zones délaissées par les Shabaab à Muqdisho, des craintes apparaissent quant à une possible résurgence des chefs de guerre sur ces zones (ICI). Ces chefs auraient d’ailleurs toujours à leur disposition des milices. Celles-ci furent même utilisées dans la bataille de Mogadiscio ces dernières semaines.
Enfin, et surtout, les ingérences étrangères se poursuivent.



Et tant que le conflit qui oppose l’Ethiopie à l’Erythrée ne sera pas réglé, toute résolution de la crise somalienne sera compromise. En effet, ce conflit persistant est au cœur de la déstabilisation de la Corne de l’Afrique. Après la guerre de 1998-2000, un accord de paix est signé le 18 juin 2000suite à la médiation de la présidence algérienne de l'Organisation de l’Union Africaine. Elle prévoit la mise en place d'une commission frontalière chargée de délimiter et démarquer la frontière. Les deux parties acceptent, par avance, la décision de la commission comme définitive et contraignante et le 13 avril 2002, la commission arbitrale attribue Badme à l’Erythrée.Dès lors l’Éthiopie, qui a militairement gagné la guerre, refuse la décision et laisse ses troupes dans cette région, qu’elle occupe depuis le XIXème siècle. Depuis, le processus de paix est en panne et l’Erythrée reproche à la communauté internationale de n’avoir rien fait à l’encontre de l’Éthiopie pour la forcer à appliquer la décision de la cour d’arbitrage. Ce positionnement a entrainé au fil des ans la radicalisation du régime érythréen. Il sert aussi l’Ethiopie qui en période de crise interne utilise la rhétorique nationaliste pour renforcer sa légitimité interne.
Il est fondamental d’analyser ce conflit pour comprendre la politique étrangère des acteurs étatiques régionaux. Les protagonistes de ce conflit ont, par la suite, interféré dans le conflit somalien. Et ils contribuent toujours à l’attiser.


mardi 13 septembre 2011

VIIe Congrès international des Victimes du terrorisme

L'Association Nationale des Auditeurs Jeunes de l'IHEDN, partenaire de l'Association française des Victimes du Terrorisme, organise le "VIIe Congrès international des Victimes du terrorisme", du jeudi 15 au samedi 17 septembre 2011, à l"École militaire (Amphithéâtre Foch).


Programme :
Jeudi 15 septembre 2011

14h00 Cérémonie d’ouverture
15h00 Parole de victimes
17h00 Avis d’experts : L’efficacité de la collaboration entre les États dans la
lutte contre les organisations terroristes. L’exemple franco-espagnol

Hôtel de Ville de Paris, Place de l’Hôtel de Ville, 75004 Paris
20h00 Cocktail dînatoire

Vendredi 16 septembre 2011

09h30 Table ronde : Le cas particulier de la prise d’otages
11h30 Table ronde : Impact d’un attentat terroriste sur l’environnement
familial des victimes
15h00 Avis d’experts : Évolution de la menace terroriste.
Recrutement de la jeunesse par les organisations terroristes
16h30 Table ronde : Victimes du terrorisme et société :
rôles des États, des employeurs et de la société civile

Théâtre du Châtelet, Place du Châtelet, 75001 Paris
20h00 Genèse de la Fédération Internationale des Victimes du Terrorisme
20h30 Concert de musique classique

Samedi 17 septembre 2011
09h00 Présentation du projet «I AM YOU »
09h30 Parole de victimes
11h30 Projection du documentaire «Killing in the name »

Mur pour la Paix, Champ de Mars, 75007 Paris
13h00 Cérémonie publique solennelle


Inscription obligatoire à l'adresse : contact@afvt.org
(Nom, Prénom, Pays, Mail et Numéro de téléphone)

Plus d'informations sur www.afvt.org