Le continent africain reste un acteur
marginalisé du système international. Pour
l’ISS le continent est « résilient mais marginal ». Les
principaux défis auxquels sont confrontés les pays africains devant l'Assemblée
générale et le Conseil de sécurité des Nations Unies sont liés à leur capacité
de voter en tant que groupe cohérent. Les tendances démographiques et migratoires, ainsi que
la croissance économique, constituent des défis essentiels, mais représentent
également des opportunités pour le continent d'accroître sa présence dans le
nouvel ordre mondial. L’une des caractéristiques essentielles de la
position de l’Afrique dans le monde est liée à sa démographie, en particulier
en ce qui concerne la forte poussée de jeunesse du continent. Selon l’ONU, la
population africaine est estimée à 1,3 milliard d’habitants. Environ 37%, soit
410 millions de personnes, vivent sous le seuil de pauvreté de 1,90 USD par
jour. La population du continent devrait atteindre environ 2,2 milliards d’ici
à 2050. En particulier, la population de jeunes africains (15 à 29 ans)
représente environ 60% de la population totale et devrait atteindre 830
millions d’ici 2050.
La revue
Diplomatie consacre son dernier numéro au concept d’Indo-Pacifique. J’y
signe un article sur la place de l’Afrique dans ce concept. Qu’il
s’agisse d’un concept, d’une stratégie ou d’un simple espace géographique ce
numéro de Diplomatie montre qu’il n’existe pas de compréhension unanime de
cette vaste région parmi les acteurs internationaux. En revanche, on peut noter
l’absence de stratégie Indo-pacifique des pays de la côte est-africaine et
l’apparition de manière quasi anecdotique de l’Afrique dans les documents stratégiques
des puissances occidentales. Pourtant l’Afrique de l’Est est bien au cœur
d’un nouveau « grand jeu » entre les grandes puissances et cette rive,
avec ses neuf ports, du Caire au Cap et ses vingt pays, de l’Egypte à l’Afrique
du Sud, ne peut être délaissée.
Sommet Russie-Afrique
La Russie a organisé son sommet
Russie-Afrique du 22 au 25 octobre 2019 à Sotchi. LA FRS propose une étude sur
le sujet : « La
nouvelle stratégie russe en Afrique subsaharienne : nouveaux moyens et nouveaux
acteurs ». Vladimir Poutine a annoncé la création d’un
nouveau mécanisme de dialogue et prévoit des sommets tous les trois ans, tour à
tour en Russie et dans un pays d’Afrique.
Corne
de l’Afrique
Quand Abiy Ahmed s’est vu décerner le prix
Nobel de la paix, le 11 octobre, « pour
ses efforts en vue d'arriver à la paix et en faveur de la coopération
internationale » avec l'Érythrée voisine, ce fut l’incompréhension pour une
partie de la communauté des experts qui estimait que ce prix ne se justifiait
pas (ICI
et ICI). Le comité s’attendait bien sûr à recevoir des
critiques. Il se doutait qu’on lui reprocherait d’avoir attribué une récompense
aussi prestigieuse, de façon précipitée. En revanche, il ne se doutait pas
qu’une dizaine de jours plus tard, le nouveau récipiendaire tiendrait des
propos fort peu pacifique à l’encontre du voisin égyptien quant à la construction d’un barrage
sur le Nil bleu : « Si nous
devons entrer en guerre, nous pouvons mobiliser des millions de personnes. Si
certains peuvent tirer un missile, d’autres peuvent utiliser des bombes ». Le
prix Nobel de la paix qui a été attribué au président Abye est ainsi venu reconnaître
le dégel entre les deux pays et récompenser le courage politique de ce
dirigeant. Certes, la situation régionale n’est pas apaisée, mais le comité du
Prix Nobel a souhaité récompenser une main tendue à l’Érythrée. La paix n’est
pas encore obtenue, et le comité l’admet. Les institutions internationales et
les grandes puissances devraient maintenant s’employer à soutenir ce processus
et le conduire jusqu’à une paix qui puisse être durable. J’ai répondu à ces
critiques ICI.
Le
chemin vers la démocratie reste semé d’embûches. Les tensions ethniques et
fédérales engendrées par les nouvelles libertés ont créé une bulle qui approche
dangereusement de son point d'ébullition, forçant des millions de personnes à
quitter leur foyer, et alors que s’alimente continûment la crainte d'une
fragmentation dans la violence… (lire le Thread de William Davison ICI) Cependant, n'oublions pas que les Éthiopiens ont vécu
sous le joug d’un empereur féodal puis sous celui d’une dictature marxiste meurtrière
et qu’enfin un régime de parti unique impitoyable a eu une longue emprise sur
lui...
Les
opérations de maintien de la paix des Nations Unies réduisent-elles le nombre
de déplacés ? Ce papier étudie l’impact de la présence de troupes de l’ONU
sur les déplacements de populations au Soudan du Sud. Ainsi les soldats de la
paix peuvent attirer les personnes déplacées vers des zones de sécurité. Rappelons
que depuis décembre 2013, le conflit au Soudan du Sud a engendré plus de 2,5
millions de réfugiés et 2.2 millions de déplacés.
Il
faut lire la Tribune de l’écrivain anglo-soudanais Jamal Mahjoub dans Le
Monde : « L’unité est la
clé du succès de la révolution. Les préjugés et les barrières de classe, de
race et de genre doivent tous être renversés pour se substituer au principe de
citoyenneté. La question de l’inégalité, qui a été le véritable moteur de la
révolution, doit être désormais affrontée en profondeur, au niveau
institutionnel, et se traduire par de profonds changements et une véritable
inclusion. » Ce qui se passe immédiatement après une contestation populaire est
tout aussi essentiel que ce qui se passe pendant : « What
happens in the immediate aftermath of a protest is just as crucial as what
occurs during the protest. It
is a major factor in determining whether mass protest becomes a force to
restructure politics or ultimately remains a dramatic yet ineffective interlude
in the status quo. Yet even though this is a vital question in contemporary
politics, after each successive protest, the media quickly moves onto other
issues and policymakers turn to the next dramatic crisis. Vital postprotest
trends and dilemmas can easily get lost from view”.
Conférences et appels à communications
La Revue
internationale des études du développement lance un appel à contributions pour
son dossier spécial "Foncier
et conflits violents en Afrique" à paraître en 2020. Date limite : 15
novembre 2019.
Le centre d'études africaines
de Leiden organisera, du 2 au 4 décembre 2020, sous l'égide de l' AEGIS, un
colloque "Africa Knows!".