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lundi 21 mars 2011
La Libye au Darfour
« C’est un épisode peu connu : pendant plusieurs années, la Libye a occupé le Darfour avec la bénédiction du Premier ministre soudanais de l’époque, Sadiq al-Mahdi. Ce dernier avait touché des millions de dollars de Tripoli dont il s’était servi pour remporter les élections de 1986. En échange, les Libyens se sont installés au Darfour dont ils voulaient faire une base arrière pour reconquérir le Tchad et renverser le régime d’Hissène Habré. Kadhafi avait créé une
« légion islamique » composée de Soudanais, de Libyens, de Tchadiens et même de Libanais envoyés par le leader druze Walid Joumblatt, parce qu’il voulait, à l’époque, arabiser le Darfour. C’est tombé en plein milieu d’une famine qui a fait 90 000 morts et décimé les trois quarts du cheptel. Il y avait déjà des conflits pour l’exploitation des pâturages et des points d’eau entre pasteurs arabes et paysans africains. La propagande libyenne a agi comme du vinaigre sur une blessure ouverte. Il y a eu une première guerre civile qui a fait 3 000 morts et qui s’est terminée en 1989. »
Cité par Luis Martinez dans "Nouvelle Libye ?"
mercredi 15 septembre 2010
Khartoum neutralise son voisinage avant une nouvelle guerre au Sud ?
Le saviez vous ?
L'Éthiopie importe la majeure partie de son pétrole du Soudan;
Khartoum aurait donné 3 milliard de dollars au Tchad pour cesser de soutenir le Justice and Equality Movement (JEM), l'une des formations rebelles du Darfour, et expulser son dirigeant Khalil Ibrahim Mohamed;
reste encore à neutraliser l'Ouganda qui entrainerait les combattants du JEM.
"De même que le Sud a servi de terrain d'expérimentation pour la guerre au Darfour, le Darfour est aujourd'hui un champ d'expérimentation pour une éventuelle guerre à venir dans le Sud ou ailleurs" (Africa Confidential n°601)
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mardi 20 juillet 2010
UA : trop de patients autour du malade ?
Hier S.E. l’ambassadeur Lawrence Rossin, secrétaire général adjoint délégué pour les opérations de l’Otan, a accordé un entretien à AGS ICI, il revient sur le rôle de l'OTAN dans le Golfe d'Aden, son soutien à l'UA et à sa mission en Somalie. A la lecture de cet entretien quelques réflexions et questions me sont venues.
Pour reprendre l’expression employée dans un article que j’ai récemment lu, concernant le soutien international aux capacités africaines de maintien de la paix, n’y a-t-il pas trop de médecins autour du patient?
Je m’explique. De nombreux programmes ont été mis sur pied pour soutenir les appropriations africaines
- entre autres EURORECAMP (France puis UE), ACOTA (USA) et des partenariats bilatéraux divers.
- De même autour de l’UA se multiplient aussi les soutiens internationaux (surtout l’UE avec le Partenariat pour la paix) et dans les années à venir l’US Africom devrait jouer un rôle important dans ces programmes militaires d’appui.
- Sans compter toutes les initiatives bilatérales pour accroître les capacités de l’organisation elle-même (construction par la Chine-150 millions de $- d’un centre de conférence à Addis Abeba -photo-, d’un nouveau bâtiment pour le département paix et sécurité par l’Allemagne -21 millions d'€…). Aussi les initiatives et les programmes de soutien et de formation ne manquent pas.
En quoi l’expertise apportée par l’OTAN est nécessaire et complémentaire ? Quel rôle concret joue l’OTAN dans la montée en puissance des FAA ?Au niveau de l’UA et/ou des brigades régionales ? Compte t-elle soutenir les brigades si ça n’est pas le cas ?
La question centrale semble aussi (surtout ?) être celle du financement des opérations. Ainsi même si les FAA sont déclarées opérationnelles il leur manquera toujours l’argent nécessaire pour fonctionner. L’OTAN envisage-t-elle une aide ?
« Cette aide à l’Union Africaine est dirigée par celle-ci et guidée par les principes de l’appropriation africaine». Quid des capacités des services centraux de l’UA à définir leurs besoins (par faute de moyens, d’infrastructures, de personnels)? Du coup quelle est l’utilisation effective de l’expertise offerte par l’OTAN ?
En effet, la capacité des services de l'UA à suivre les opérations de paix est insuffisant, exemple :
- 3 personnes sont affectées au Darfur Desk situé en dehors du siège de l'UA (photo) alors l'UA doit assurer avec l'ONU la codirection stratégique de cette opération.
- il n'y a pas suffisamment de personnel ni de centre de situation avec des systèmes de communication modernes pour effectuer la gestion opérationnelle des soldats burundais et ougandais déployés en Somalie.
Les réponses à ces questions sur le site AGS...
Sur les dépenses, et investissements actuels et à venir de l'UA voir ICI l'article de Jeune Afrique.
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jeudi 1 avril 2010
Publications de l'International Crisis Group : Soudan, Darfour, Tchad, Libye
Rigged Elections in Darfur and the Consequences of a Probable NCP Victory in Sudan (Téléchargez ICI)
Résumé : "The principal preoccupation of the ruling National Congress Party (NCP) is to win the elections now scheduled for 11-13 April 2010. It has manipulated the census results and voter registration, drafted the election laws in its favour, gerrymandered electoral districts, co-opted traditional leaders and bought tribal loyalties. It has done this all over Sudan, but especially in Darfur, where it has had freedom and means to carry out its strategy, since that is the only region still under emergency rule. Because of the fundamentally flawed process, the international community, working closely with the African Union High Level Implementation Panel for Sudan (AUHIP), should acknowledge that whoever wins will likely lack legitimacy; press for Darfur peace talks to resume immediately after the elections; insist that any Darfur peace deal provides for a new census, voter registration and national elections; and lay the groundwork for a peaceful referendum on southern self-determination and post referendum North-South relations.
One indication of the NCP’s long-term plans to rig the elections was the management of the 2008 census. The flawed results were then used to draw electoral districts, apportion seats in the national and state legislatures and organise the voter registration drive. Census takers – aided by NCP party organisers – expended great efforts to count supporters in Southern Darfur (mostly inhabited by Arabs), nomads of Northern Darfur and some tribes loyal to the party. They also reportedly counted newcomers from Chad and Niger, who had settled in areas originally inhabited by persons displaced in the Darfur conflict, and issued them identity papers so they can vote as Sudanese citizens. However, most of the estimated 2.6 million internally displaced (IDPs) living in camps, as well as people from groups hostile to the NCP living in “insecure” neighbourhoods of cities and the population of rebel-controlled areas were not counted.
Darfur is important for the NCP because Southern Darfur is the second most populous state and Northern Darfur is the fifth. The three Darfur states combined have 19 per cent of Sudan’s population (according to the flawed 2008 census), slightly less than the South. Darfur has been allocated 86 seats out of 450 in the national assembly (the latter number may increase to 496, if the assembly approves an agreement the NCP reached with the Sudan People’s Liberation Movement, SPLM, the dominant party in the South). Winning big in Darfur is thus central to the NCP’s hopes of capturing enough votes in northern Sudan to ensure its continued national dominance.
The NCP was able to gain advantages by dominating the drafting of election laws, despite opposition from the SPLM and other parties, and through the demarcation of favourable new electoral districts based on the flawed census results and organised by a National Elections Commission (NEC) heavily influenced by NCP members appointed to its various branches. As a result, constituencies have been added in areas where NCP supporters are the majority and removed in areas where they are not.
The voter registration process in Darfur also favoured the NCP. According to national and international observers alike, many groups targeted in the conflict, especially IDPs, were unable to register or refused to do so. In many instances, people were deliberately denied sufficient time and information, while teams worked hard in remote areas to register nomads who support the government. NCP party organisers aggressively helped register likely supporters and new immigrants; security personnel deployed in remote areas were registered in contravention of the NEC regulations. Lastly, the NCP has co-opted local leaders and played the ethnic card, further polarising the population. It has used money and offers of positions of power to buy the loyalty of tribal and community leaders, who in turn have been mobilising their constituencies to support the ruling party.
The result is an almost certain victory for the NCP. And the consequences for Darfur are catastrophic. Disenfranchising large numbers of people will only further marginalise them. Since the vote will impose illegitimate officials through rigged polls, they will be left with little or no hope of a peaceful change in the status quo, and many can be expected to look to rebel groups to fight and win back their lost rights and lands.
Ideally, elections would be held after a peace deal has been negotiated and the problems with the census, voter registration and demarcation of electoral districts resolved. However, this is not likely. The NCP is desperate to legitimise President Omar al-Bashir, who has been indicted by the International Criminal Court, and the SPLM fears any delay may risk jeopardising the South’s January 2011 self-determination referendum. To contain the damage from rigged elections to both the Comprehensive Peace Agreement (CPA) that ended the North-South conflict and the Darfur peace process, therefore, it is necessary that:
*electoral observation missions in Sudan take note of the severely flawed process, and governments and international organisations, especially the UN Security Council and AU Peace and Security Council, state that whoever wins will lack a genuinely democratic mandate to govern;
* the international community, working closely with the AUHIP, demand that CPA implementation and Darfur peace negotiations resume immediately after the elections, and any new peace deal in Darfur include provisions for a new census and voter registration drive in the region and new national elections at that time; and
* the AU, UN and Intergovernmental Authority on Development (IGAD), as well as other key international supporters of the CPA act immediately after the election to encourage the Khartoum government and the Government of Southern Sudan (GoSS) to agree on the critical steps needed to ensure a peaceful self-determination referendum in the South in January 2011 and stability in both North and South in the aftermath of that referendum."
Libye/Tchad : au-delà d'une politique d'influence (Téléchargez ICI)
Résumé : "Depuis l’arrivée au pouvoir de Mouammar Kadhafi en 1969, la Libye est devenue le voisin le plus important du Tchad. Pendant la présidence d’Hissène Habré, la relation devint hostile et fut marquée par différentes interventions militaires. Depuis l’entrée en fonction d’Idriss Déby, la Libye a abandonné toute revendication territoriale sur le pays et s’est transformée en parrain régional, jouant un rôle actif dans les négociations de paix entre le régime et ses rebellions. Elle a en effet les moyens financiers et l’autorité pour amener les protagonistes à négocier, mais son suivi de la mise en œuvre des accords passés laisse souvent à désirer. Sa diplomatie a connu de brefs succès en facilitant la cooptation des rebelles par N’Djamena mais a suscité peu de progrès à long-terme pour une stabilisation du Tchad. Le contraste entre les pressions exercées pour obtenir des signatures sur les accords de paix qu’elle chaperonne et son manque d’intérêt pour leur application suggère que les médiations de Kadhafi sont moins fondées sur un désir de stabiliser le Tchad, que sur une volonté de préserver son influence régionale.
L’implication de la Libye au Tchad est marquée par une histoire ambivalente et douloureuse. Une stratégie visant à occuper et même annexer de larges portions du territoire tchadien combinée à un soutien continu aux opposants du régime, a conduit dans les années 1980 à plusieurs confrontations militaires que le Tchad a été en mesure de gérer grâce à l’aide de la France, son ancienne puissance coloniale. La Libye a ensuite été incapable d’exploiter la chute d’Hissène Habré et l’arrivée au pouvoir d’Idriss Déby, ces évènements coïncidant avec les sanctions du Conseil de sécurité de l’ONU, qui l’ont isolé et affaibli dans les années 1990. Tripoli a ensuite reconnu l’évolution du contexte géopolitique et adapté en conséquence sa politique à l’égard de son voisin tchadien. La Libye ne pouvait fondamentalement pas changer le cours de sa politique nationale mais elle a réussi à devenir un acteur incontournable dans la lutte de Déby contre son opposition armée. D'une façon ou d’une autre, Kadhafi a été impliqué dans presque toutes les négociations internes tchadiennes, et plus particulièrement dans celle de Syrte en 2007.
En raison de la crise politique interne au Tchad, de la détérioration des relations tchado-soudanaises et de l’émergence de la crise du Darfour, la Libye a été en mesure, depuis 2003, de consolider sa position en tant que parrain régional. Elle a utilisé ses liens avec l’opposition armée des deux côtés de la frontière pour devenir le principal médiateur entre les factions rebelles. Elle a aussi rétabli le contact entre N’Djamena et Khartoum, et via ce processus, a peut-être prévenu ce qui aurait pu être une guerre directe entre les deux régimes, avec des conséquences régionales désastreuses.
Toutefois, les succès diplomatiques de la Libye au Tchad ont été de courte durée, en raison notamment d’un manque d’intérêt sur les réformes à plus long terme et de sa difficulté à tolérer les contributions d’autres acteurs régionaux ou internationaux dans sa quête de domination régionale. Tripoli utilise rarement son autorité pour contraindre les parties à respecter les accords qu’il a négocié et les différentes délégations soupçonnent toujours un agenda caché derrière la diplomatie libyenne. En effet, Kadhafi ne cache pas son désir que ses médiations fassent également avancer ses ambitions géostratégiques. En même temps, le gouvernement tchadien utilise les bons offices de la Libye pour coopter des opposants armés, qui, à leur tour, tentent de tirer profit des accords de paix à des fins personnelles. Enfin, le manque de coordination entre les initiatives libyennes et les autres initiatives de paix a conduit à une lutte d'influence qui a permis aux différents protagonistes de jouer plusieurs interlocuteurs les uns contre les autres.
Les efforts de Kadhafi au Tchad ne l’ont que partiellement aidé à améliorer son image internationale et ont, en fait, davantage renforcé l'impression que la politique étrangère libyenne reste contradictoire. Au Tchad, Kadhafi fournit les moyens financiers et politiques de la stratégie de Déby de cooptation des opposants, grâce à des postes et de l’argent, entravant ainsi toute réforme interne sérieuse qui pourrait éventuellement conduire le pays à sortir de sa longue crise politique. Un engagement politique menant à des réformes structurelles nécessaires à la stabilisation du Tchad permettrait cependant à la Lybie de capitaliser sur ses efforts de médiation, tout en gardant son influence régionale."
Résumé : "The principal preoccupation of the ruling National Congress Party (NCP) is to win the elections now scheduled for 11-13 April 2010. It has manipulated the census results and voter registration, drafted the election laws in its favour, gerrymandered electoral districts, co-opted traditional leaders and bought tribal loyalties. It has done this all over Sudan, but especially in Darfur, where it has had freedom and means to carry out its strategy, since that is the only region still under emergency rule. Because of the fundamentally flawed process, the international community, working closely with the African Union High Level Implementation Panel for Sudan (AUHIP), should acknowledge that whoever wins will likely lack legitimacy; press for Darfur peace talks to resume immediately after the elections; insist that any Darfur peace deal provides for a new census, voter registration and national elections; and lay the groundwork for a peaceful referendum on southern self-determination and post referendum North-South relations.
One indication of the NCP’s long-term plans to rig the elections was the management of the 2008 census. The flawed results were then used to draw electoral districts, apportion seats in the national and state legislatures and organise the voter registration drive. Census takers – aided by NCP party organisers – expended great efforts to count supporters in Southern Darfur (mostly inhabited by Arabs), nomads of Northern Darfur and some tribes loyal to the party. They also reportedly counted newcomers from Chad and Niger, who had settled in areas originally inhabited by persons displaced in the Darfur conflict, and issued them identity papers so they can vote as Sudanese citizens. However, most of the estimated 2.6 million internally displaced (IDPs) living in camps, as well as people from groups hostile to the NCP living in “insecure” neighbourhoods of cities and the population of rebel-controlled areas were not counted.
Darfur is important for the NCP because Southern Darfur is the second most populous state and Northern Darfur is the fifth. The three Darfur states combined have 19 per cent of Sudan’s population (according to the flawed 2008 census), slightly less than the South. Darfur has been allocated 86 seats out of 450 in the national assembly (the latter number may increase to 496, if the assembly approves an agreement the NCP reached with the Sudan People’s Liberation Movement, SPLM, the dominant party in the South). Winning big in Darfur is thus central to the NCP’s hopes of capturing enough votes in northern Sudan to ensure its continued national dominance.
The NCP was able to gain advantages by dominating the drafting of election laws, despite opposition from the SPLM and other parties, and through the demarcation of favourable new electoral districts based on the flawed census results and organised by a National Elections Commission (NEC) heavily influenced by NCP members appointed to its various branches. As a result, constituencies have been added in areas where NCP supporters are the majority and removed in areas where they are not.
The voter registration process in Darfur also favoured the NCP. According to national and international observers alike, many groups targeted in the conflict, especially IDPs, were unable to register or refused to do so. In many instances, people were deliberately denied sufficient time and information, while teams worked hard in remote areas to register nomads who support the government. NCP party organisers aggressively helped register likely supporters and new immigrants; security personnel deployed in remote areas were registered in contravention of the NEC regulations. Lastly, the NCP has co-opted local leaders and played the ethnic card, further polarising the population. It has used money and offers of positions of power to buy the loyalty of tribal and community leaders, who in turn have been mobilising their constituencies to support the ruling party.
The result is an almost certain victory for the NCP. And the consequences for Darfur are catastrophic. Disenfranchising large numbers of people will only further marginalise them. Since the vote will impose illegitimate officials through rigged polls, they will be left with little or no hope of a peaceful change in the status quo, and many can be expected to look to rebel groups to fight and win back their lost rights and lands.
Ideally, elections would be held after a peace deal has been negotiated and the problems with the census, voter registration and demarcation of electoral districts resolved. However, this is not likely. The NCP is desperate to legitimise President Omar al-Bashir, who has been indicted by the International Criminal Court, and the SPLM fears any delay may risk jeopardising the South’s January 2011 self-determination referendum. To contain the damage from rigged elections to both the Comprehensive Peace Agreement (CPA) that ended the North-South conflict and the Darfur peace process, therefore, it is necessary that:
*electoral observation missions in Sudan take note of the severely flawed process, and governments and international organisations, especially the UN Security Council and AU Peace and Security Council, state that whoever wins will lack a genuinely democratic mandate to govern;
* the international community, working closely with the AUHIP, demand that CPA implementation and Darfur peace negotiations resume immediately after the elections, and any new peace deal in Darfur include provisions for a new census and voter registration drive in the region and new national elections at that time; and
* the AU, UN and Intergovernmental Authority on Development (IGAD), as well as other key international supporters of the CPA act immediately after the election to encourage the Khartoum government and the Government of Southern Sudan (GoSS) to agree on the critical steps needed to ensure a peaceful self-determination referendum in the South in January 2011 and stability in both North and South in the aftermath of that referendum."
Libye/Tchad : au-delà d'une politique d'influence (Téléchargez ICI)
Résumé : "Depuis l’arrivée au pouvoir de Mouammar Kadhafi en 1969, la Libye est devenue le voisin le plus important du Tchad. Pendant la présidence d’Hissène Habré, la relation devint hostile et fut marquée par différentes interventions militaires. Depuis l’entrée en fonction d’Idriss Déby, la Libye a abandonné toute revendication territoriale sur le pays et s’est transformée en parrain régional, jouant un rôle actif dans les négociations de paix entre le régime et ses rebellions. Elle a en effet les moyens financiers et l’autorité pour amener les protagonistes à négocier, mais son suivi de la mise en œuvre des accords passés laisse souvent à désirer. Sa diplomatie a connu de brefs succès en facilitant la cooptation des rebelles par N’Djamena mais a suscité peu de progrès à long-terme pour une stabilisation du Tchad. Le contraste entre les pressions exercées pour obtenir des signatures sur les accords de paix qu’elle chaperonne et son manque d’intérêt pour leur application suggère que les médiations de Kadhafi sont moins fondées sur un désir de stabiliser le Tchad, que sur une volonté de préserver son influence régionale.
L’implication de la Libye au Tchad est marquée par une histoire ambivalente et douloureuse. Une stratégie visant à occuper et même annexer de larges portions du territoire tchadien combinée à un soutien continu aux opposants du régime, a conduit dans les années 1980 à plusieurs confrontations militaires que le Tchad a été en mesure de gérer grâce à l’aide de la France, son ancienne puissance coloniale. La Libye a ensuite été incapable d’exploiter la chute d’Hissène Habré et l’arrivée au pouvoir d’Idriss Déby, ces évènements coïncidant avec les sanctions du Conseil de sécurité de l’ONU, qui l’ont isolé et affaibli dans les années 1990. Tripoli a ensuite reconnu l’évolution du contexte géopolitique et adapté en conséquence sa politique à l’égard de son voisin tchadien. La Libye ne pouvait fondamentalement pas changer le cours de sa politique nationale mais elle a réussi à devenir un acteur incontournable dans la lutte de Déby contre son opposition armée. D'une façon ou d’une autre, Kadhafi a été impliqué dans presque toutes les négociations internes tchadiennes, et plus particulièrement dans celle de Syrte en 2007.
En raison de la crise politique interne au Tchad, de la détérioration des relations tchado-soudanaises et de l’émergence de la crise du Darfour, la Libye a été en mesure, depuis 2003, de consolider sa position en tant que parrain régional. Elle a utilisé ses liens avec l’opposition armée des deux côtés de la frontière pour devenir le principal médiateur entre les factions rebelles. Elle a aussi rétabli le contact entre N’Djamena et Khartoum, et via ce processus, a peut-être prévenu ce qui aurait pu être une guerre directe entre les deux régimes, avec des conséquences régionales désastreuses.
Toutefois, les succès diplomatiques de la Libye au Tchad ont été de courte durée, en raison notamment d’un manque d’intérêt sur les réformes à plus long terme et de sa difficulté à tolérer les contributions d’autres acteurs régionaux ou internationaux dans sa quête de domination régionale. Tripoli utilise rarement son autorité pour contraindre les parties à respecter les accords qu’il a négocié et les différentes délégations soupçonnent toujours un agenda caché derrière la diplomatie libyenne. En effet, Kadhafi ne cache pas son désir que ses médiations fassent également avancer ses ambitions géostratégiques. En même temps, le gouvernement tchadien utilise les bons offices de la Libye pour coopter des opposants armés, qui, à leur tour, tentent de tirer profit des accords de paix à des fins personnelles. Enfin, le manque de coordination entre les initiatives libyennes et les autres initiatives de paix a conduit à une lutte d'influence qui a permis aux différents protagonistes de jouer plusieurs interlocuteurs les uns contre les autres.
Les efforts de Kadhafi au Tchad ne l’ont que partiellement aidé à améliorer son image internationale et ont, en fait, davantage renforcé l'impression que la politique étrangère libyenne reste contradictoire. Au Tchad, Kadhafi fournit les moyens financiers et politiques de la stratégie de Déby de cooptation des opposants, grâce à des postes et de l’argent, entravant ainsi toute réforme interne sérieuse qui pourrait éventuellement conduire le pays à sortir de sa longue crise politique. Un engagement politique menant à des réformes structurelles nécessaires à la stabilisation du Tchad permettrait cependant à la Lybie de capitaliser sur ses efforts de médiation, tout en gardant son influence régionale."
mardi 23 mars 2010
Darfour : échec de la conférence du Caire
Au lieu des 2 milliards de dollars attendus, la conférence internationale des donateurs pour le Darfour n’a engrangé, dimanche dernier au Caire, que 850 millions $, prêts et dons confondus. Insuffisant pour recaser les 3 millions de personnes déplacées, préalable pour éteindre un conflit qui a fait 300 000 morts selon les estimations de l’ONU, 10 000 selon Khartoum.
Participants :
-la soixantaine des pays membres de l’OCI,
- une vingtaine de donateurs traditionnels dont : les Etats-Unis, les pays de l’Union européenne, les agences onusiennes et les associations humanitaires.
Les principaux contributeurs déclarés à l’issue de la rencontre :
- la Banque islamique pour le développement,
- le Brésil,
- le Qatar,
- la Turquie,
- l’Algérie,
- l’Australie
- le Maroc (soutien de 500 000 dollars.
Les pays occidentaux expliquent leur réserve par l’absence de garanties quant à l’utilisation de l’argent d'autant que par le passé, les montants transférés par le biais de la Banque mondiale ont été souvent détournés. En attendant de trouver des canaux plus fiables, cette tiédeur des donateurs pourrait compromettre les résultats difficiles acquis lors des pourparlers de paix tenus à Doha il y a quelques jours et compromettre également la tenue des premières élections présidentielles soudanaises depuis 1986.
Je rappelle que le Darfour est une province de l’ouest du Soudan, aussi vaste que la France, mais peuplée de 6 millions d’habitants seulement.
Dans les années 1980 la région a été frappée par une grave sécheresse. Les éleveurs firent descendre leurs troupeaux plus au sud et plus tôt dans l’année. Depuis, les tensions montent entre les pasteurs arabes et les agriculteurs non arabes (en particulier les Fours), même si tous sont musulmans, noirs et de nationalité soudanaise.
Cette crise remet en cause la grille d’analyse traditionnelle qui permettait d’expliquer la situation au Soudan par le clivage Nord (musulman) /Sud (chrétien). Confronté aux rébellions du Darfour, le gouvernement soudanais arme des milices supplétives (essentiellement arabes), les Janjawides, qui commettent de graves exactions contre les populations civiles. Ces violences ont fait fuir de chez eux le tiers de la population du Darfour et fait deux millions de déplacés. 300.000 personnes auraient trouvé la mort depuis le début de la crise.
Le conflit au Darfour fait tâche d’huile chez les voisins tchadien et centrafricain.
Sources : Les Afriques / SLG
mardi 20 octobre 2009
Etats-Unis/Soudan : “Notre stratégie vise trois grands objectifs"
A la suite de mon billet de lundi (ICI) annonçant l’assouplissement des relations entre les Etats-Unis et le Soudan revenons sur la déclaration de la Secrétaire d’Etat américaine, Mme Hilary Rodham Clinton. Au cours d’une conférence de presse au Département d’Etat à Washington DC, elle a dévoilé cette nouvelle stratégie.
“Ramener la paix et la stabilité au Soudan ne sera pas une tâche aisée et aucun succès n’est garanti. Mais une chose est certaine : Il ne saurait être question d’ignorer ou de laisser les problèmes du Soudan au petit bonheur la chance. Il n’est pas non plus question de se mettre à l’écart. C’est à nous et à nos partenaires de la communauté internationale de faire des efforts concertés et soutenus pour aider à l’instauration d’une paix et d’une stabilité durables au Soudan”, a déclaré Mme Clinton.
“Même si la signature en 2005 de l’Accord de paix global entre le nord et le sud était une percée historique, le Soudan traverse actuellement une situation critique pouvant déboucher sur de grandes améliorations pour son peuple ou faire sombrer le pays dans des conflits et des actes de violence”, a-t-elle ajouté.
“Notre stratégie vise trois grands objectifs" : "D’abord mettre fin au conflit, aux graves violations des droits humains, aux crimes de guerre et au génocide dans le Darfour et ensuite appliquer les termes de l’Accord global de paix devant déboucher sur un Soudan uni et paisible après 2011, ou sur la création de deux Etats séparés vivant en paix côte à côte. Il s'agit enfin de faire en sorte que le Soudan ne soit pas un havre de paix pour des terroristes", a encore dit la Secrétaire d’Etat.
Ghazi Salaheddine, l’un des conseillers du président Omar el-Béchir, juge « malencontreuse » l’utilisation par les Américains du terme de génocide pour le Darfour.
Pour le reste, Khartoum voit dans cette nouvelle politique américaine des points positifs comparés à la politique précédente de l’administration Bush. Il s’agit d’une stratégie d’engagement et non pas d’une stratégie d’isolement, a tenu à préciser Ghazi Salaheddine.
Rappelons qu’Omar el-Béchir fait l'objet d'un mandat d'arrêt de la Cour pénale internationale (CPI) pour crimes de guerre et crimes contre l'humanité depuis le 4 mars 2009 et que ni le Soudan, ni les Etats-Unis ne reconnaissent cette juridiction.
Analyse de la politique américaine au Soudan par le Council on Foreign Relations: ICI
Source : APA / RFI
Photo : L’ambassadrice des Nations unies Susan Rice (à g.) et la secrétaire d’Etat américaine Hillary Clinton durant une conférence de presse à Washington, le 19 octobre 2009(Photo : Jim Watson / AFP)
lundi 19 octobre 2009
Obama veut assouplir ses relations avec le Soudan
Selon divers medias américains, l’administration américaine du Président Barack Obama devrait annoncer ce lundi, de nouvelles mesures pour assouplir sa position à l’égard du régime soudanais du Président Omar Al Bashir pour amener le régime du Président soudanais à s’engager davantage dans la voie de la paix. Cependant, ces mesures ne devraient faire aucune concession sur la nécessité d’arrêter les violations des droits de l’homme au Darfour.
On souligne aussi que cette conférence de presse devrait également mettre de l’ordre dans les dissonances au niveau de l’administration Obama sur la question du Darfour. L’ambassadrice américaine Susan Rice et le représentant américain Gration ont à plusieurs reprises émis des vues discordantes. Gration prône une approche conciliante avec le leader soudanais qu’il considère comme incontournable dans le conflit au Darfour, tandis que Susan Rice serait en faveur d’une approche stricte vis-à-vis d’Al Bashir.
Rappels sur le Darfour : Province de l’ouest du Soudan, aussi vaste que la France, mais peuplée de 6 millions d’habitants seulement.
Dans les années 1980 la région a été frappée par une grave sécheresse. Les éleveurs firent descendre leurs troupeaux plus au sud et plus tôt dans l’année. Depuis, les tensions montent entre les pasteurs arabes et les agriculteurs non arabes (en particulier les Fours), même si tous sont musulmans, noirs et de nationalité soudanaise.
Cette crise remet en cause la grille d’analyse traditionnelle qui permettait d’expliquer la situation au Soudan par le clivage Nord (musulman) /Sud (chrétien). Confronté aux rébellions du Darfour, le gouvernement soudanais arme des milices supplétives (essentiellement arabes), les Janjawides, qui commettent de graves exactions contre les populations civiles. Ces violences ont fait fuir de chez eux le tiers de la population du Darfour et fait deux millions de déplacés. 300.000 personnes auraient trouvé la mort depuis le début de la crise. En juin 2007, un pont aérien a été mis en place par la France dans l’est du Tchad afin d’acheminer de l'aide humanitaire dans l'est du Tchad, à destination des réfugiés du Darfour et des déplacés tchadiens. Le corridor humanitaire entre le Tchad et le Darfour, avait été abandonné car jugé inapproprié par les responsables humanitaires ou politiques.
Le conflit au Darfour fait tâche d’huile chez les voisins tchadien et centrafricain. Pourtant, riche de son pétrole, soutenu par la Chine et la Russie, le régime de Khartoum brave les critiques d’une communauté internationale divisée.
Source : APA / SLG
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