« Dans les pas du modèle tunisien », « un écho à la révolution égyptienne »….les analyses des rébellions arabes se multiplient et des comparaisons parfois douteuses nous incitent à relativiser la portée de ces mouvements sans bien sûr nier sa capacité d’extension.
Les perceptions sont importantes. Dans le cas tunisien on peut penser qu’elles se limitent au monde arabe. En effet, les Tunisiens ont toujours été méprisés par leur environnement immédiat : traités de faibles et de femmes (…) par leurs voisins voire de « nation de garçons de café » par les Algériens (référence à leur dépendance au secteur touristique). L’origine tunisienne des rébellions actuelles est donc hautement symbolique pour le monde arabe. La rébellion tunisienne a donné audace et courage au reste du monde arabe.
Chaque acteur a ses logiques propres, prenons l’exemple djiboutien.
Les faits : Dès le début du mois de février les heurts ont débutés. Seuls deux étudiants en droit sur 180 ont réussi leurs examens du premier semestre. Les étudiants sont donc descendus dans la rue pour exprimer leur colère (commerces pillés, véhicules brûlés...). Les raisons de leur colère ? La rumeur voudrait que le gouvernement, pour faire baisser les chiffres du chômage, ait tenté de retarder l’entrée des jeunes diplômés sur le marché de l’emploi. Donc une genèse relativement indépendante des évènements dans le monde arabe.
Contexte : le contexte est bien sûr particulier. Djibouti est en pleine période pré-électorale puisque les élections présidentielles doivent se tenir le 8 avril prochain. Le président actuel Ismaël Omar Guelleh briguera un troisième mandat. Partout dans le monde les élections sont une période de fragilité où (re)naissent les guerres civiles et frustrations des populations se sentant marginalisées.
Poursuite du mouvement : l’opposition avait prévu depuis plusieurs semaines une marche le 18 février, le contexte brulant est d’autant plus propice à voir la situation dégénérer. Effectivement les différents mouvements verrons la mort de plusieurs manifestants et policiers, des opposants seront arrêtés, jugés en comparution immédiate et emprisonnés. C’est donc seulement à partir de cet évènement que « l’exemple tunisien » est repris. Lundi l'opposition djiboutienne a condamné la "répression sauvage" de la manifestation de 18 février, demandant "un changement pacifique et démocratique" du régime "à l'instar de la Tunisie".
Au regard de cet exemple gardons nous de toute hyper réactivité dans l’analyse des évènements actuels… Ne nous précipitions pas à voir dans tous les mouvements sociaux actuels des extensions des troubles du monde arabe. Chaque acteur a ses propres logiques et répond à des jeux de pouvoirs internes.
Opinion – Georgia Can Win Democracy
Il y a 2 heures