Une
nouvelle interview (la précédente ICI) réalisée par Kumpa MAYASI, Analyste et Consultant IE, à
Kinshasa avant et après le sommet de la francophonie. Cette fois il s’entretient
avec Georges EMO MAHILU, 36 ans, informaticien, études primaires et secondaires
en Europe, diplômé de l’université de Kinshasa, fait du conseil en informatique
pour des sociétés et l’administration congolaise.
Que pensez-vous du sommet de la francophonie qui aura
lieu à Kinshasa dans quelques semaines ?
Le sommet de la Francophonie est une bonne chose, tant
pour le gouvernant que pour le gouverné. Bon nombre de Congolais pensent que le
monde entier ne tourne que sur l’anglais. Les entreprises anglo-saxonnes ayant
pris pieds dans différents secteurs d’activités et font le maximum pour imposer
l’anglais comme langue de travail. Aux Anglo-saxons, il faut ajouter les Indo-Pakistanais,
les sud-africains, etc.
À part ces entreprises, les ONG et plus grave l’ONU
travaille à 90 % en anglais en veillant à négliger le français qui est
pourtant la deuxième langue de ladite organisation. Les documents de l’ONU sont
en majorité rédigés en anglais et même les offres d’emplois sont affichées en
anglais. Un tour sur leur immeuble du boulevard du 30 juin à Kinshasa peut en
témoigner. Donc, la vue de tous ces pays francophones sera un réel réconfort
pour ceux qui pensent que le français est en perte de vitesse. Il est aussi
d'aucuns qui prétendent qu’il n’est plus nécessaire d’avoir le français, il
suffit de connaître l’anglais, et c’est tout.
Le grand nombre de gouvernements présents aura un impact
certain sur l’intellect de ceux qui étaient encore sceptiques.
Qu’attendez-vous de la venue de François Hollande ?
Le président français est sans nul doute le président du
pays francophone le plus influent. Il a un rôle prépondérant dans cette
organisation. Il eut un temps où la classe politique était en effervescence sur
sa présence ou pas à l’actuel sommet. Mais, pour ma part, je pense que le
président français devrait chercher à resserrer les liens tant de notre pays,
que des autres. Il y a aujourd’hui un véritable envahissement des pays du
Commonwealth, ils sont très présents et font un travail suivi pour
l’acquisition de marchés dans la sphère congolaise. Or, il n’y pas ou peu
d’investisseur d’expression française à venir s’installer en RD Congo.
Quel apport de la RDC à ce sommet ?
La RDC étant un pays dans une instabilité depuis plus
d’une décennie, ne pourra que difficilement faire montre de tout son potentiel,
mais déjà le gouvernant a fait faire peau neuve à la ville de Kinshasa qui
revêt depuis une splendeur perdue depuis longtemps. Aussi le reste du pays mue
pour se transformer en un pays mieux structuré. L’apport de notre pays dans
cette association se fera non seulement dans les aspects de la linguistique,
mais aussi dans la culture diversifiée qui est sans nul doute l’une des plus
grandes fiertés nationales.
Outre les aspects culturels importants du Congo Kinshasa,
de fortes opportunités économiques et stratégiques sont possibles du fait de
son positionnement géographique et aussi son appartenance à certaines
associations sous régionaux.
Le Congo fait partie du COMESA, CIRGL, de la CEMAC, du
CEEAC et de la SADEC. Suite à son appartenance à ses différentes associations,
il est donc possible d’avoir accès à des pays non en rapport direct avec la
francophonie. En prenant par exemple la SADEC qui est l’association des pays de
l’Afrique australe. Cette association compte plus d’une dizaine de pays et non
des moins importants du continent. L’Afrique du Sud, l’Angola pour ne citer que
ces deux là, peuvent devenir plus facile d’accès par un pays membre de la plate
forme qui plus est jouit de certains droits privilégiés tant sur le plan
économico-commercial que politique. Avantages qui dans la période de crise
actuelle seront sans nul doute de bon augure.
Dans la recherche d’une optimisation des capacités de la
francophonie, une bonne utilisation de la position géostratégique de la RD
Congo, la francophonie peut tirer son épingle du jeu. C’est sous cet angle des
choses que le Congo se révèle être un atout majeur des pays francophones.
La francophonie est une organisation d'avenir?
Oui, si elle est utilisée à bon escient. En l’utilisant
comme un socle pour unir ses membres, il est possible de faire beaucoup de
choses. Si nous nous attardons sur l’aspect éducationnel, le français est la
langue de bon nombre de pays à travers le monde, et en faisant avancer des
structures comme l’AUF (Alliance des Universités Francophones), il est possible
d'augmenter de manière sensible les capacités scientifiques de francophones qui
doivent souvent recourir aux documents de langue anglaise devenue dans bien des
domaines la langue de référence.
Quel est votre point de vue sur la politique française en
Afrique et spécialement en RDC
La politique française a évolué au fil du temps. Ces
dernières années, elle a connu des hauts et des bas, mais la France est
toujours un des partenaires privilégiés de beaucoup de pays en Afrique. Elle
peut néanmoins apporter certaines modifications afin de permettre une meilleure
synergie entre les pays africains, la RD Congo et la France. Dans cette même
optique, il serait favorable à la France de voir par exemple la manière avec
laquelle les visas sont octroyés. Il n’y a aucun mal à sélectionner les
personnes pouvant entrer sur le sol français, c’est un droit légitime que nous reconnaissons,
mais je pense que cette sélection doit être faite de manière plus efficiente.
APRÈS LE SOMMET :
Comment avez-vous vécu ce sommet de la
francophonie?
Le sommet de la
francophonie s'est plutôt bien déroulé dans son ensemble. Disons que sur le
plan culturel, tout s'est bien passé hormis ce qu'il y a eu entre le Président français
et le Président congolais.
L'ambiance était festive et
les curieux étaient nombreux à attendre les cortèges des Chefs d'État défilés
le matin et le soir. La population a été en fait plus satisfaite par ce qui a
été fait pour faire venir la Francophonie que la Francophonie elle-même. Étant
donné que le passage de cette dernière lui laisse des avenues agrandies,
embellies mieux éclairées... en fait, en préparant la Francophonie, le gouvernement
a résolu bon nombre de soucis que les Kinois rencontrent dans leur vécu
quotidien: les embouteillages, l'obscurité...
Dans une commune mesure, je
souhaiterai qu'il soit créé une commission qui mettrait les discours des
différents intervenants dans un français plus commode et plus accessible à ceux
qui n'ont pu finir leurs études universitaires voir même secondaire afin de
leur permettre d'être informé de ce qui ce passe et du caractère crucial de ce
genre de réunion.
Que pensez-vous de François Hollande et
d’autres dirigeants pendant ce sommet, vos attentes après ce sommet?
Pour ce qui est du
Président français, j'ai trouvé son discours approprié aux circonstances, surtout
sur le plan économique. Il y a de grandes opportunités qui sont entrouvertes de
par notre langue commune. Nous pouvons utiliser cet acquis commun comme un
tremplin pour augmenter l'efficience de nos nations respectives afin de tenir
bon face à cette crise qui déstabilise même les grandes nations. En prenant en
compte le fait que les économies africaines ne sont pas encore développées. Si
nous regardons bien le seul continent à ne pas être construit est l'Afrique, sauf
peut-être un ou deux pays. Dans une optique de développement mutuel, il serait
salvateur pour toute nation avertie de commencer un nouveau type d'économie
avec ses partenaires se trouvant sur le continent d'Anibal.
Pour le Congo par exemple,
dans un avenir proche, toute exportation de minerai non transformée sera
interdite. La loi devra prévoir le cadre et l'organisation à prévoir pour faire
aboutir ce souhait émis par le Président Joseph KABILA lors de sa réélection. Donc,
une société comme celle qui avait reçu le monopole de la soustraction de
l'uranium des mines congolaises devra sans nul doute chercher un moyen de
transformer une partie de ce minerai sur place avant de l'acheminer au pays
ayant Lutèce pour capitale. Certains se poseraient la question sur l'intérêt
d'une telle situation? À qui cela profiterait-il? Ces deux questions n'ont
qu'une seule réponse: c'est un bénéfice pour tous!
Dans cette nouvelle
organisation, tout le monde peut tirer son épingle du jeu. Le pays tenté par
l'investissement peut ainsi créer de nouveaux emplois dans un pays tiers qui
sera très heureux de recevoir une société qui vient investir, créer de l'emploi
et aussi faire dans une commune mesure du transfert de technologie qui soit dit
en passant n'est pas toujours bien vu par certaines puissances. Mais cette
réticence peut être réglée en faisant certaines concessions qui peuvent ainsi
soulager le préjudice suivi.
Néanmoins, nous n'en sommes
pas encore là. Il faut savoir que cette volonté politique est louable, mais il
y a toujours eu une certaine marge entre la volonté du politique et la réalité
du terrain. Sur le plan scientifique, le souhait de voir la mobilité des
étudiants et chercheurs francophones s'accroître dans le but de réduire notre
retard sur le Commonwealth est légitime. Seulement, il sera peut-être difficile
de mettre la machine en marche.
Il est vrai que le
Président Hollande a fait preuve d'ouverture et cherche à faire avancer
certaines choses qui n'ont que trop stagné.
La question est de savoir
si nos dirigeants parviendront à mettre en place la synergie adéquate dans ce
monde tumultueux où nous sommes. NZAMBE kaka a yebi (DIEU seul sait)
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