mardi 3 juin 2014

Annonce Journée d'études : "Les Djiboutiens saisit par les sciences sociales"


Nous relayons ici l'annonce d'une conférence intitulée "Les Djiboutiens saisit par les sciences sociales" qui se tiendra se samedi 7 juin à Paris (centre Malher), organisée par Simon Imbert-Vier (avec le soutien de l'IMAF). 

Vous trouverez ci-dessous le programme et la présentation des organisateurs.

Programme
Animation des débats : Colette Dubois (IMAF)
9h30 : accueil
10h : introduction de la journée, par Simon Imbert-Vier
- Amina Saïd Chiré (Université de Djibouti), « L’habiter dans tous ses états : urbanitéversus nomadisme. Forces et faiblesses de la géographie djiboutienne »
- Laurent Jolly (LAM), « Les Djiboutiens, un objet d’étude pertinent pour la micro-analyse sociale ? »
12h30 : Déjeuner
14h : reprise
- Emilie Saussay (Paris 1), « Les sources sur le syndicalisme à Djibouti : une question nationale ? »
- Simon Imbert-Vier (IMAF), « Au-delà des catégories, vers une histoire des “Djiboutiens” »
- Samson Bezabeh (EHESS), « Dépasser les représentations coloniales : nouvelles directions pour les études djiboutiennes »
Conclusion par Colette Dubois (IMAF)
Présentation
Même si le premier texte qu’il est possible de rattacher aux sciences sociales concernant les habitants de ce qui était alors la Côte française des Somalis a été publié en 1937 [1], les sociétés de ce territoire ont longtemps échappé à l’intérêt des scientifiques. Peut-être le titre de l’article publié par Henri Brunschiwg en 1968 (« Une colonie inutile : Obock » [2]), n’a-t-il pas soutenu les vocations. Les habitants de ce petit territoire aride, faiblement peuplé, périphérique aux empires, escale stratégique et nœud de circulation, n’ont longtemps intéressé que les militaires, les administrateurs coloniaux et les journalistes, si ce n’est une étude d’Alain Rouaud publiée tardivement [3] et quelques travaux de maîtrises. Il faut attendre 1997 pour que Colette Dubois publie une première synthèse historique documentée de la période coloniale, avant de poursuivre un travail de défrichage du terrain [4].
Ces recherches précèdent un développement général des études sur Djibouti, mis en évidence par la publication en 2013 d’un panorama des « études djiboutiennes » qui montre aussi la faiblesse des analyses sociales [5]. Cependant, Djibouti et ses habitants sont bien en train de devenir des objets des sciences sociales ; les chercheurs qui participent à cette journée s’y consacrent.
La société djiboutienne est aujourd’hui traversée de tensions et de représentations qui s’opposent, parfois violemment. Il est nécessaire de poursuivre leur étude pour aller au-delà des lieux communs et proposer, en particulier à la jeunesse djiboutienne, des systèmes d’explications et d’analyses qui l’aident à comprendre son environnement et à prendre en main son destin. Les catégories de la société djiboutienne ont commencé à être déconstruites et problématisées. Jusqu’où doit se poursuivre ce mouvement et quels outils conceptuels serait-il utile de mettre en place ? D’autres catégories, et les relations qu’elles entretiennent, sont absentes des études (genre, esclaves, oromos, travail, salariat…), quelles stratégies pour les y intégrer ? Comment les études sur les Djiboutiens peuvent-elles profiter des avancées, des questionnements et problématiques de la recherche d’aujoud’hui dans nos différentes disciplines ? Ce terrain se caractérise en particulier par son espace restreint, son invention récente, la fabrique identitaire qui s’y déroule, la diversité et la faible importance numérique de sa population, son rôle dans les circulations internationales, etc. Ces éléments réduisent-ils la portée des conclusions que l’ont peut proposer ou au contraire facilitent-ils des analyses larges qui permettent d’analyser plus clairement des phénomènes complexes qu’il serait plus ardu d’appréhender ailleurs ?
Ces quelques questions, partielles, montrent l’ampleur du travail à accomplir sur ce terrain. L’objectif de cette journée d’étude est de permettre aux chercheurs de présenter leur vision des Djiboutiens et de leurs fabrications sociales dans un dialogue multidisciplinaire. L’enjeu est de permettre la confrontation des approches, d’identifier des thèmes communs et des secteurs non couverts, et surtout de soutenir cette nouvelle dynamique afin d’inciter de nouveaux chercheurs à s’intéresser à ce terrain et, nous l’espérons, d’ouvrir la porte à de futures collaborations et recherches.
[1Villeneuve (Annie, de), « Etude sur une coutume somalie : les femmes cousues », Journal de la Société des africanistes, t.7, fasc. 1, 1937, p. 15-32 www.persee.fr.
[2Brunschwig (Henri), « Une colonie inutile : Obock », Cahiers d’études africaines, vol. 8/1, n° 29, 1968, p. 32-47 www.persee.fr.
[3Rouaud (Alain), « Pour une histoire des Arabes de Djibouti, 1896-1977 », Cahiers d’études africaines, n° 146, vol. 37-2, 1997, p. 319-348 www.persee.fr.
[4Dubois (Colette), Djibouti, 1888-1967 - Héritage ou frustration, Paris, L’Harmattan, 1997, 431 p. ;
Dubois (Colette), L’or blanc de Djibouti. Salines et sauniers (XIXe-XXe siècles), Paris, Karthala, 2003, 267 p.
[5Amina Saïd Chiré (dir.), Djibouti contemporain, Paris, Karthala, 2013, 354 p

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