A la suite du débat lors de la conférence de l'ANAJ-IHEDN sur la Corne de l'Afrique,
interrogeons nous sur l'avenir possible du régime érythréen.
Un changement de régime est-il envisageable ? La question est complexe. Le régime ne montre aucune volonté d’ouverture. En revanche, il
ne semble plus avoir les capacités financières de mener une politique étrangère agressive. Ainsi, le 15 mars 2012, le régime n’a pas répondu à l’incursion militaire éthiopienne sur son territoire (lire
ICI et la réaction de l'Erythrée
ICI).
Par ailleurs,
la contestation interne a peu de chance d’émerger et beaucoup d’Erythréens ont tiré une leçon erronée du printemps arabe. En effet, il n’existe
plus d’espace public en Erythrée et l’impulsion ne peut être qu’exogène.
La diaspora est-elle aussi réceptive aux arguments de l’opposition que l’est, à titre comparatif, la diaspora éthiopienne ? Elle se situe surtout dans les pays arabes et reste pauvre, peu éduquée et très nationaliste. En effet, l'Erythrée est un Etat diasporique
récent
qui s’est largement formé dans la diaspora. A ce titre, la diaspora constitue un réel enjeu de pouvoir. Pourtant, il est difficile de la quantifier. On estime que près d’un million d’Erythréen vivrait en exil,
soit près d’un cinquième de la population. Une
diaspora plutôt éclectique composée de musulmans ayant fui le pays dans les années 1970, vers les pays arabes (notamment le Soudan). Une vague plus composite suit dans les années 1980, alors que la guerre de libération s’intensifie. Enfin, une vague importante de migrants quitte le pays après la guerre frontalière de 1998-2000. Aujourd’hui se sont surtout les jeunes qui fuient le service national et plus largement la répression et la crise économique. La diaspora ne sont s'oppose pas dans son ensemble au régime. Et l'opposition qui peut exister peine à se faire entendre et n'est pas unit, bien que depuis juillet 2010 et la « conférence nationale pour un changement démocratique », elle tente de s’unir.
Ensuite, elle se réunit en Éthiopie et tant que la question de la frontière ne sera pas résolu, ce type de
compromission n’est pas acceptable pour de nombreux Erythréens. Jeudi dernier des représentants de l'ambassade érythréenne appelant même les membres de cette opposition des
"Vichystes".
Enfin, remettre en cause le régime est parfois perçu comme une
remise en cause des sacrifices consentis pour libérer le pays, pourtant il faut bien admettre que près de vingt après son indépendance,
le « miracle érythréen » est devenu cauchemar.