Didier (Fabrice Eboué) est un
agent raté qui se voit confier la carrière d’un jeune footballeur français prometteur,
Leslie Konda (Ibrahim Koma), aussi pieux que candide. Ce dernier est invité dans son pays d’origine
par le Président Bobo Babimbi qui souhaite le décorer. Mais, rapidement, Didier
aveuglé par l’argent, accepte d’influencer son joueur pour qu’il joue avec les
Crocodiles du Botswanga, l’équipe nationale du petit pays.
Si certains n’ont vu qu’un « ramassis
de clichés » sur l’Afrique nous préférons y voir un film comique dont l’humour
noir permet de dénoncer certains régimes du continent mais pas seulement. Le
film multiplie les références et les allusions politiques. Le Président Bobo
Babimbi (Thomas Ngijol) est un mélange d’autocrates, actuels et passés, de l’Afrique
francophone comme Bokassa et ses piètres talents de chasseur, Mobotu -auquel
il est fait explicitement référence (le costume léopard devient crocodile) - et
d’Idi Amin Dada. Il est inculte, mégalomane et paranoïaque au point de voir en
son fils de cinq ans un comploteur. Il nous rappelle également Moussa Dadis
Camara en Guinée dans la façon qu’il a d’humilier publiquement son entourage et
Adolph Hitler lorsqu’il parodie ses discours et son parcours.
Le film est une véritable satire,
tous les personnages sont stéréotypés. Le duo comique y dénonce les travers de
certains régimes africains et de leurs partenaires. Tout y passe :
- Les relations entre la France et l’Afrique sont incarnées par Jacques Taucard (Etienne Chicot) - dont le nom rappelle le célèbre conseiller pour les Affaires africaines et malgaches de De Gaulle et dont l’héritage marquera longuement les relations entre la France et le continent. Jacques Taucard est un nostalgique de la période coloniale et conseiller du groupe Totelf (!) concurrencé par des Chinois prêts à tout pour remporter le contrat. Franck La Personne joue un conseiller français peu scrupuleux et aux bottes du dictateur ;
- Les relations entre la France et l’Afrique sont incarnées par Jacques Taucard (Etienne Chicot) - dont le nom rappelle le célèbre conseiller pour les Affaires africaines et malgaches de De Gaulle et dont l’héritage marquera longuement les relations entre la France et le continent. Jacques Taucard est un nostalgique de la période coloniale et conseiller du groupe Totelf (!) concurrencé par des Chinois prêts à tout pour remporter le contrat. Franck La Personne joue un conseiller français peu scrupuleux et aux bottes du dictateur ;
-La livraison de matériels de
maintien de l’ordre par la France que le président n’estime pas car ils ne
permettent pas de tuer ;
-L’image du joueur de foot vénal
et peu citoyen lorsque Leslie Konda entonne une somptueuse Marseillaise comme
un chanteur de Gospel ;
-La déforestation qu’un ministre
Bostwangais vertueux tente de combattre ;
-La femme du président (Claudia
Tagbo), et ses faux airs de Chantal Biya (photo du bas), dont la vénalité n’a pas d’égal ;
-Le traitement politique de la
rébellion au Nord du pays rappelle les nombreux débats sur l’autochtonie auquel
s’ajoute le racisme fondé sur de pseudo observations anthropologiques (évocation
du peuple reconnaissable par la taille de ses oreilles) comme cela a pu être
le cas au Rwanda.
-L’Etat patrimonial et corrompu (spoliation
des terres par le gouvernement) est également dénoncé (photo Air Force Bobo) ;
-L’irresponsabilité des dirigeants
politiques face au défi du Sida rappelle les prises de positions du président
sud-africain Thabo Mbeki et de son gouvernement au début des années 2000 ou
encore les déclarations du président gambien, Yahya Jammeh, qui aurait guéri des patients en utilisant une mixture secrète d’herbes bouillies.
Si on peut lui reprocher quelques
lourdeurs, le film est tout de même rythmé, drôle et divertissant. Il
semblerait que les distributeurs aient craint que le film puisse être mal interprété
par des regards peu avertis puisqu’ils ne l’ont pas montré avant sa sortie. En
effet, il risque d’alimenter certains clichés qui ont la vie dure en France tant
les réalités du continent restent méconnues. Certains spectateurs risquent de
ne pas aller plus loin que les analyses simplistes souvent faites des crises
africaines : le résultat de clivages ethniques ataviques. Mais lorsqu’on
comprend les allusions qui sont faites, la volonté de caricaturer et de
dénoncer les travers de certains régimes et de la France, le film devient
jouissif. Il s’inscrit dans la lignée de « Case départ » réalisée par
Fabrice Eboué, Lionel Steketee et Thomas Ngijol il y a deux ans. Il s’inscrit également, certes avec parfois
moins de subtilité, dans la lignée des chroniques de Mamane sur RFI et sa « république
très très démocratique du Gondwana ».
La bande annonce du film :