Les soldats français ont fait face à une résistance «plus forte que prévu» de la part des islamistes, analysait Jean-Yves Le Drian après l’échec de l’opération lancée dans la nuit de vendredi à samedi.
Un commando du service Action de la DGSE a
mené un raid pour libérer Denis Allex, un de ses membres, retenu par les
Shebab depuis 2009. Si l’opération a été un échec c’est, entre autres, parce qu'elle n’a
pas bénéficié de la surprise stratégique. En effet, d’après le récit qu’en fait
Libération rapidement les habitants ont averti les combattants d’Al-Shabab : «Des
gens ont vu (les commandos français) débarquer dans des champs, les shebab ont
été informés que des hélicoptères avaient atterri et qu’ils avaient débarqué
des soldats, et ainsi ils (les islamistes) ont pu se préparer», a déclaré
un habitant, «Les combattants moudjahidine étaient déjà au courant de
l’attaque et nous étions prêts à nous défendre, grâce à Dieu», a confirmé
à l’AFP un commandant local islamiste.
Voici l’analyse que font les médias
somaliens :
1) Ils soulignent le fait que nous aurions sous-estimé les difficultés à
opérer à terre et de nuit. Ils rappelles que cela contraste avec nos succès en mer dans la lutte contre
la piraterie (lire les précédentes opérations ICI et ICI) ...
2) Ils évoquent
également une défaillance dans le renseignement notamment la localisation
exacte de Denis Allex ainsi que le nombre de forces combattantes sur place. Ils
comparent ainsi nos moyens de renseignement avec ceux que les américains ont
déployés en Somalie notamment à Mogadiscio et se demandent d’ailleurs si ces
derniers nous ont apporté un soutien en la matière. (sur les sites de la CIA en Somalie ICI et une opération pour sauver des otages ICI)
Ils s'interrogent même
sur la coopération possible avec les autorités somaliennes : ‘For such an operation, one would need to have spies on
the ground to verify the presence of the hostage. The Somali government’s spy
agency would be the perfect one to provide agents to assist with such an
operation. Given the fact that the Shabab have been infiltrating agents into
the government intelligence apparatus for the past 4 years, it is likely that
they may have misled the French and led them into a trap.” Rappelons par
ailleurs que le président somalien vient d’annoncer la réouverture de l’agence
somalienne du renseignement et de la sécurité (NISA)... ICI
Par ailleurs, le gouverneur de la région du Lower
Shabelle region, Abdiqadir Nur a affirmé avoir été informé de l'opération en
avance alors que le cabinet du premier ministre, Abdi Farah ‘Shirdon’ dit ne
pas en avoir eu connaissance... ICI
Bulo Marer (avril 2012)
Pour les observateurs somaliens, la France n’aurait pas anticipé les obstacles sur place, notamment la
réaction de la population locale : « The French seem to have been caught by surprise and admitted that they
had underestimated the firepower the Shabab would have in the little town.
True, the town is usually not very protected – the fact that it was unusually
heavily-militarised suggests that the Shabab had prior knowledge of the raid or
may have led the French there themselves.”
Enfin, selon
la presse locale, l’échec est d’autant plus conséquent que la France donne du
crédit au mouvement jihadiste en montrant que le mouvement est encore opérationnel
et fort, malgré un contexte de déroute au niveau national depuis plusieurs mois (communique Shebab ICI). Les Shabab ont d'ailleurs rapidement instrumentalisé la mort du commando français, en publiant hier des photos de son corps. La croix que l'homme aurait porté autour du cou lors de l'attaque leur permet de relancer leur discours propagandiste :
"A return of the crusades, but the cross could not save him from the sword" @HSM Press)