jeudi 1 mars 2012

Otages au Sahel : 100 jours

Depuis 100 jours Philippe Verdon et Serge Lazarevic sont détenus par les terroristes d'Al Qaïda au Maghreb Islamique, ne les oublions pas. Ils sont encore à ce jour 7 à être détenu au Sahel et en Somalie.



Pascal Lupart, président du Comité de soutien : "cela fait cent jours qu'ils ont été enlevés et toujours rien" :




Pascal Lupart : cela fait cent jours qu'ils ont été enlevés et toujours rien
(00:48)



président du Comité de soutien à Philippe Verdon et Serge Lazarevic




mercredi 29 février 2012

Sénégal : les premiers enseignements de la présidentielle

Thierry Garcin recevait hier Michel Raimbeaud (ambassadeur de France) dans les enjeux internationaux



Résumé de l'émission



"Le Sénégal était un havre de paix, il a versé dans la violence de rues et les affrontements stériles depuis des mois. De fait, forte contestation de la candidature de l’actuel président Abdoulaye Wade, qui cherche par un biais constitutionnel très contesté à obtenir un troisième mandat, après avoir songé à son fils comme possible successeur.

Comment se présente le paysage politique, quelles sont les forces en présence, pourquoi une telle dérive de l’exécutif, quel regard porter sur l’opposition, quel rôle de la jeunesse (éduquée et mobilisée), quel poids accorder au Mouvement du 23-juin ? Et, bien sûr, quelles premières leçons au lendemain du premier tour, dans un contexte africain perturbé ?"

Réécoutez ICI

mardi 28 février 2012

Nouveaux blogs

Signalons l'existence de quatre blogs dans la sphère africaine :

- le blog de l’Observatoire Politique et Stratégique de l’Afrique (OPSA)dirigé par le Professeur Dominique Bangoura ICI


- The African Peacebuilding Agenda de l'International Crisis Group (ICG) ICI




- Le blog de Xavier Auregan, un doctorant travaillant sur la Chine en Côte d'Ivoire mais très bon connaisseur de l'Afrique de l'Ouest.
"La Chine en Afrique de l'Ouest - Chinafrique 中国非洲" : ICI 

- Sur la piraterie enSomalie : "The pirates of Puntland" de Jay Bahadur ICI



Bonne lecture !

samedi 25 février 2012

Interview RFI : conférence de Londres

L'auteure de ce blog a eu l'honneur d'être interviewée ce matin par Sonia Rolley sur RFI, vous pouvez réécouter l'émission ICI

vendredi 24 février 2012

La Somalie à la veille d'un tournant majeur ? (1/3)

Depuis le dernier trimestre 2011 et l’intervention de leur ex-colonie kenyane en octobre 2011, les Britanniques ont pris le problème somalien en main.
Hier ils organisaient une conférence internationale sur la Somalie dont l'objectif affiché était de coordonner les différentes initiatives internationales et préparer une nouvelle approche pour le future de la Somalie.


Étaient présents près d’une cinquantaine de gouvernements et d'organisations. Les pays de la région bien sûr, les Occidentaux, les pays du Golfe et la Turquie, très active actuellement en Somalie. D'ailleurs certains sceptiques voient dans l'organisation de cette conférence à Londres un désir de doubler la conférence turque qui se tiendra en juin mais plus axée sur les enjeux humanitaires .

Pourquoi cette conférence ?  Parce que la situation sur le terrain a radicalement changé. Les Shebab ont quitté Mogadiscio en août, les Kenyans et les Ethiopiens ont lancé des opérations miliaires au sud et à l’Ouest du pays. Il faut aujourd'hui intégrer les troupes Kényanes à la mission de l’Union africaine. Une porte de sortie honorable pour les Kenyans qui s'embourbent au Sud de la Somalie ? Il s'agit donc de transformer totalement et renforcer la mission de l'Union Africaine en Somalie (AMISOM), de trouver de nouveaux financements, etc. En outre, le Kenya, l'Ouganda, les Émirats Arabes Unis, le Qatar et la Turquie intègrent le Groupe de Contact sur la Somalie. Il s'agit aussi de se coordonner avec ces acteurs qui pensent que le processus en cours en Somalie est guidé par l'UA et l'IGAD et donc suivent les agendas des Occidentaux et des Ethiopiens...

Disons le tout de suite, la Somalie n'a plus d’Etat depuis 20ans, le Sud de la Somalie est en guerre, le Parlement a subit une grave crise politique en décembre et janvier, etc … Bref toutes ces problématiques n'ont pas trouvé une solution d’un coup de baguette magique, en 6 heures, hier à Londres. D’ailleurs le Premier ministre britannique l’a rappelé : « nous avons une liste d’intentions et maintenant il faut que ces promesses se transforment en actions »

Quels sont les principaux enseignements de cette conférence mais surtout de la résolution (2036) votée la veille à l’unanimité par le Conseil de Sécurité des Nations Unies  : 

D’abord un renforcement de l’AMISOM et une aide supplémentaire apportée à la Somalie pour construire ses propres forces (ce que contribue déjà à faire l’UE en Ouganda)

1) Renforcement en hommes : L’Union africaine demande depuis longtemps un mandat plus offensif. En octobre 2010, l’UA appelait déjà à un renforcement des troupes : 20 000 hommes pour la composante militaire, 1 680 éléments de police, un blocus naval ainsi qu’une zone d’interdiction aérienne au-dessus de la Somalie... Pourtant en janvier 2010, une résolution de l’ONU lui refuse et autorise uniquement l’envoi de 4000 troupes supplémentaires, ce qui augmente la capacité de la mission à 12 000 troupes à l’époque. Cette fois l’ONU entérine l’augmentation de l’effectif qui sera porté de 12.000 hommes à 17.331. Néanmoins se sont surtout les troupes Kényanes qui passent sous casques blancs de l'UA. Et tous le défi est là !

Si la mission sort de Mogadiscio et qu’elle incorpore ces Kényans…Il faut changer le concept stratégique de la mission ce qui a été fait début janvier. Or, l’AMISOM à beau être une mission multinationale elle est essentiellement composée de troupes ougandaises et sous commandement ougandais. Et les Kenyans ne souhaitent pas passer sous leur commandement . L’état-major doit passer au niveau stratégique et être internationalisé.

Ce qui nous mène au deuxième point : le renforcement en moyens. Les objectifs de départ ont évolués (l’AMISOM va sortir de Mogadiscio) mais les moyens sont inadaptés. La résolution de mercredi a donc attribué des hélicoptères (3 hélicoptères d’attaque et 9 de transport) et des moyens maritimes à l'AMISOM.
Si la mission sort de Mogadiscio il faut aussi se répartir le terrain cela serait fait en plusieurs secteurs, confiés à un ou deux pays contributeurs (Ouganda, Burundi, Kenya, Djibouti). Voir carte ICI

Une force de sécurité devrait être créée, afin de fournir une protection, du personnel de la communauté internationale puisque plusieurs pays comme le Royaume Uni et l'UE envisagent d’ouvrir des ambassades dans la foulée de la Turquie. La résolution "encourage" également la création d’une force de police à Mogadiscio.

Le mandat de la mission évolue aussi sur un autre point qui est très important. Jusqu’à récemment du coup une particularité du mandat de l’AMISOM est qu’il ne prévoyait pas de protection pour les civils et finalement les actions humanitaires restaient minimes même si elles avaient le mérite d’exister. Le résultat est que la simple surveillance, l'enregistrement, etc des violations aux droits de l'homme n’étaient pas assurés par la mission. L’AMISOM sera donc dotée d’une structure spéciale, la Civilian Casualty Tracking, Analysis and Response Cell (CCTARC acronyme un peu long) qui sera chargé de relever les pertes éventuelles causées par l’Amisom. On en est pas encore à la protection des civile : puisque le communiqué de la conférence de Londres hier "encourage" l'AMISOM à assurer la protection des civils.


Le financement : c’était aussi l’un des points majeurs sur lequel la conférence de Londres devait porter. La mission de l'UA est originale parce qu’en matière de financement elle est tributaire des donateurs et le financement imprévisible. L'extension du mandat de la force accroit également le coût de la mission qui passerait de 310 millions de $ à 510$ ... L’UE finance largement la mission et en période de crise elle se verrait bien un peu plus relayer par les pays du Golfe par exemple. La résolution de l’ONU appel de nouveaux contributeurs et annonce que certains frais de la force seront pris en charge.

-Deuxième point sur lequel la conférence a insisté c’est la question politique. De toute évidence les gains militaires doivent être consolidés politiquement. Les contributeurs ont été particulièrenent clair sur la question politique et avertit le GFT : la période de transition prendra fin le 20 août 2012 sans extension possible. En effet, les mandats du Parlement, tout comme celui du GFT, qui devaient expirer en août 2010, ont été prolongés, début 2011, de trois ans, sans débat aussi bien avec les partenaires du gouvernement qu’avec l’ONU. Un processus est en cours. Des conférences en décembre 2011 et février 2012, appelées conférences de Garowe I et II, ont entérinées un processus avec la mise en place d’une assemblée constituante. Un draft de la Constitution devrait être proposé en avril. Mais beaucoup de questions restent en suspens : quel type de système politique sera adoptée (le système actuel es défaillant), la place de la religion, la délimitation des frontières de chaque région. Les politiciens somaliens arriveront-ils à tenir la feuille de route ? Hier quatre présidents somaliens étaient présents à la conférence... Le président du Somaliland venu prôner son indépendance, le président du Puntland qui se verrait bien futur président du pays, celui du Galmudug, et le président somalien Sharif Cheikh Ahmed ainsi qu'une milice créée lorsque les Shebab ont tenté d'interdire les pratiques soufistes dans le pays : Ahlu Sunnah Wal Jama's (elle combat auprès des forces gouvernementales et éthiopiennes). Les négociations s'annoncent houleuses. La menace n'est pas uniquement celle émanant des Shebab. Pour voir émerger une administration locale et administrer certaines régions un processus de réconciliation interclanique devra débuter. En effet, entre le modèle fédéral envisagé et la réalité sur le terrain il y a une marge...




La lutte contre le terrorisme : Un embargo sur le charbon exporté, directement ou indirectement, de Somalie devra être mis en place dans les 4mois. C’est une des ressources principales des Shabab.



La lutte contre la piraterie: Le communiqué final de la conférence a rappelé que le symptôme visible en mer trouve sa solution à terre. Des prisons commencent à être construites au Somaliland et au Puntland pour transférer les pirates qui ont été jugés aux Seychelles par exemple. Plus d'informations ICI


Pour aller plus loin :

ICG: Somalia, An Opportunity that should not be missed ICI 
Le communiqué final de la conférence et les discours des principaux participants : ICI

lundi 13 février 2012

Sortie du second numéro de Jambo

Le Comité "Afrique" de l'ANAJ-IHEDN est heureux de vous annoncer la sortie du numéro 2 de la revue Jambo

Rédigée par des étudiants, chercheurs ou jeunes professionnels membres du Comité Afrique de l’ANAJ-IHEDN, la lettre souhaite montrer à ses lecteurs que le continent africain est un acteur à part entière des enjeux géopolitiques mondiaux. Nos rédacteurs ont une expérience du continent, y ont vécu ou travaillé.
Il s’agit pour eux de faire partager leur intérêt commun pour un continent trop souvent marginalisé dans les médias et la pensée européenne.




Dans ce numéro, Jambo revient sur les racines culturelles du continent avec un article sur la Charte du Mandé alors qu'une autre contribution propose de revenir sur le concept d'identité nationale. Nous poursuivons également notre étude sur la place des acteurs émergents avec une présentation de la politique du Brésil au Mozambique. Sans oublier une interview de Christian Bouquet sur la crise ivoirienne.

Téléchargez gratuitement le numéro 2 de Jambo ICI

vendredi 10 février 2012

Al Qaida répond à l'allégeance des Shabab (MAJ)

Hier les journaux ont relayé l'information : Al Shabab a rejoint Al Qaida.

"Je vais annoncer une bonne nouvelle à notre nation islamique qui va (...) embêter les croisés. C'est que le mouvement shebab en Somalie a rejoint Al-Qaida" annonce Zawahiri. (Vidéo ICI)

A y regarder de plus près l'information n'est pas tout à fait exacte. Les Shabab avaient prêté allégeance depuis 2009 au mouvement terroriste. La vidéo a pour titre “At your service, Osama” (20 septembre 2009). A consulter ICI
Cette allégeance fut confirmée en 2011 (après la mort de Ben Laden) à Al-Zawahiri.C'est ce dernier qui vient de reconnaitre le ralliement du groupe somalien à la nébuleuse. Les liens entre les deux mouvements sont plus anciens :

- 11 septembre 2006, Ayman Al-Zawahiri demande aux musulmans somaliens de frapper les représentants des Etats-Unis en Somalie et d’éliminer la présence « des Croisés Sionistes » dans le pays.
- 5 janvier 2007, Zawahiri publie une déclaration vidéo « Aidez vos frères en Somalie! ».
- Le site des Shebaab , poste ensuite une vidéo montrant Ben Laden parler du djihad comme un accomplissement pour tous les musulmans et leur donnant l’autorisation pour intégrer l’entrainement en Somalie aux côtés des Shebaab.
- mars 2009, Ben Laden publie un message audio en soutien à Al-Shabaab intitulé « Fight on, O Champions of Somalia »



- En réponse Al-Shabaab, diffuse le 20 septembre 2009, une vidéo « Labaik Ya Usama » en hommage à la lutte menée par Al-Qaïda contre l’Occident.



- En février 2009 publication de « From Kabul to Mogadishu; Al-Shabaab, a step on the path of the victory of Islam ». Al-Zawahiri y présente la Somalie comme un nouveau terrain potentiel pour le recrutement et l’entraînement.

Rappelons qu'«Al-Shabaab» signifie « jeune » et le groupe l’est puisqu'il est né dans les années 2000 et qu'il est composé essentiellement de très jeunes personnes. L’objectif du mouvement Al-Shabaab est l’instauration d’un Emirat islamique sur le territoire somalien, le « retour au Califat islamique", disparu avec la chute de l’Empire Ottoman en 1920.

Lire :  Experts ponder Al Qaeda, Shabaab union implications

vendredi 3 février 2012

Journée d'étude : La charte africaine des droits de l’homme et des peuples

Le CRDH de l’Université Paris II organise une journée d’étude le vendredi 10 février 2012 à l’occasion de la publication du commentaire article par article de la Charte africaine.
Lieu : Université Paris II, Centre Panthéon, Salle des Conseils, (escalier M, 2ème étage)12 place du Panthéon, Paris V°

Lire la Charte ICI

Site de la Commission Africaine des Droits de l'homme et des peuples ICI




Renseignements et inscriptions auprès du CRDH : crdh@u-paris2.fr

Programme :
Ouverture : (14 h – 14 h 30)
- Emmanuel DECAUX, directeur du CRDH, président du Comité des disparitions forcées.
- Ibrahim SALAMA, directeur de la division des traités relatifs aux droits de l’homme, Haut- Commissariat des Nations Unies pour les droits de l’homme.
- Souhayr BELHASSEN, présidente de la FIDH.
- Maurice KAMTO, professeur et ancien doyen de la faculté de sciences juridiques de Yaoundé, membre de la Commission du droit international, ancien ministre.

Table ronde I : Quels droits ? sous la présidence d’Angela MELO, directeur des sciences sociales et humaines de l’UNESCO : (14 h 30 – 15 h 30)
- Le droit des peuples à disposer d’eux-mêmes, par Mouloud BOUMGHAR, professeur à l’Université d’Amiens.
- Les droits culturels entre droits individuels et droits collectifs, par Mesmer GUEUYOU, avocat.
- Droits civils et politiques, droits économiques et sociaux, par Emmanuel GUEMATCHA, doctorant à l’université Paris Ouest Nanterre la Défense.

Table ronde II : Quels organes ? sous la présidence de Paul TAVERNIER, professeur émérite à l’Université Paris XI : (15 h 30 – 16 h 30)

- Les Etats, l’Union Africaine et la Charte, par Alioune FALL, professeur à l’Université de Bordeaux.
- La Commission africaine, par Françoise PACCAUD, allocataire-moniteur à l’Université Jean-Moulin Lyon III.
- La Cour africaine, par Roland ADJOVI, lecteur à l’Université américaine d’Arusha.

pause café

Table ronde III: Quels acteurs ? sous la présidence de Stéphane DOMBE-BILLE, professeur à l’Université Jean Moulin Lyon III, directeur du CDI (17 h – 18 h)

- Le juge africain et la Charte, dans le cadre national et sous-régional, par Baba Hamady DEME, allocataire-moniteur à l’Université Jean-Moulin Lyon III.
- Les Institutions nationales des droits de l’homme, par Mutoy MUBIALA, Haut-Commissariat des Nations Unies pour les droits de l’homme.
- Les ONG et la société civile, par Florent GEEL, chargé de mission, bureau Afrique de la FIDH.

Conclusions (18 h – 18 h 15), par Jean MATRINGE, professeur à l’Université Versailles Saint-Quentin en Yvelines.
Cocktail de clôture : Appartement décanal.

A lire :

- Alioune Badara Fall, "La Charte africaine des droits de l’homme et des peuples : entre universalisme et régionalisme",Pouvoirs, 2009/2, n°129

- Marielle Debos, "La création de la Cour africaine des droits de l’Homme et des peuples. Les dessous d’une ingénierie institutionnelle multicentrée", Cultures & Conflits, 2005/4 (n° 60), [en ligne] ICI

- Fatsah Ouguergouz, "La Cour africaine des droits de l'homme et des peuples - Gros plan sur le premier organe judiciaire africain à vocation continentale",Annuaire français de droit international, 2006, Volumeb52, Numéro 1, pp.213-240 [en ligne] ICI

- Aude Vogel, "L’Afrique revisite son histoire précoloniale : une Magna Carta africaine ?", Jambo, n°2, février-mars 2012, [à paraitre]

mercredi 1 février 2012

Publication : Annales de Somalie par Marc Fontrier

Nous signalons la sortie de l'ouvrage "L’ÉTAT DÉMANTELÉ 1991-1995. ANNALES DE SOMALIE" par Marc Fontrier.


Résumé de l'auteur : "28 Janvier 1991, le régime du président Siyad Barre tombe sous les coups conjugués de trois mouvements rebelles.
Aussitôt, un parti d’hommes d’affaires soutenus depuis l’étranger tente de s’emparer du pouvoir au détriment des factions qui par les armes viennent de renverser le dictateur. De la confusion ressort une déclaration d’indépendance du Nord-ouest et l’implosion du Sud en une myriade de factions aux alliances instables. Ajoutant à la guerre civile, des conditions climatiques malheureuses suscitent un désastre humanitaire que la société internationale tente d’enrayer au fil de trois opérations menées entre 1992 et 1995. Si celles-ci améliorent considérablement la situation humanitaire, elles échouent à aider à la reconstruction du pays au point qu’Onusom II, la dernière d’entre elles, se conclut sur un véritable fi asco politique et le retrait de la force.
L’aveuglement des Somaliens, fiers, xénophobes et résolus, les choix politiques contestables des Nations unies et une trop grande assurance des États-Unis auront conduit par maladresse et ignorance à des choix stratégiques hasardeux. Ruinant tout espoir de normalisation en Somalie, ils favoriseront l’émergence d’un ultralibéralisme qui à terme fera le lit de l’islam radical."

vendredi 27 janvier 2012

L’ONU en Somalie : le refus de l’engagement ? (publication)

Le ROP vient de publier sur son site Internet un dossier portant sur le projet de mission de paix onusienne en Somalie que l'auteur de ce blog a rédigé. Ce dossier s’intitule « L’ONU en Somalie : le refus de l’engagement ? ». Après un bref historique des interventions internationales en Somalie au cours des dernières années, nous présentons l’AMISOM en insistant sur son caractère transitoire et sur la fragilité de la situation politique et sécuritaire en Somalie, avant d’expliquer les circonstances ayant empêché à ce jour le déploiement d’une mission de l’ONU.


La chute de l’Etat somalien en 1991 ouvre une ère de guerre civile et de vaines tentatives de restauration de la paix. Ainsi, après le départ de Siyad Barre, le pillage de l'aide alimentaire s’organise au profit des milices armées. L’ONU crée une première mission (ONUSOM I), mais se retire du sud le 10 septembre 1991 et la guerre entraine la famine. À la demande de l’ONU, les Etats-Unis décident le 9 décembre 1992 d’une intervention (UNITAF). Ils quittent le pays quelques mois plus tard, avant le retrait total des forces d’intervention de l’ONU. L’échec de cette action est complet. Avec une deuxième mission, l’ONUSOM II (26 mars 1993 - 2 mars 1995), deux logiques s’affrontent : celle de l’Organisation des Nations unies qui souhaite rétablir un gouvernement et aider à la reconstruction du pays et celle des seigneurs de guerre qui défendent leurs propres intérêts et s’opposent ainsi à toute action extérieure qui pourrait favoriser le clan ou la milice opposée (1). L’ONU concentre rapidement ses efforts sur le processus de paix afin de mettre un terme aux violences des milices armées. L’accord d’Addis Abeba en 1993, représente ainsi le premier d’une série d'efforts visant à instaurer la paix entre les différentes parties, à amorcer un processus de réconciliation et à reconstructuire l’Etat. Toutefois, ces efforts pour pacifier le pays sont restés vains. En février 2007, l’Union africaine (UA) devant le manque de volonté d’intervention des acteurs internationaux décide de la création d’une mission en Somalie (African Union Mission in Somalia, AMISOM). Le Conseil de sécurité, agissant en vertu du Chapitre VII de la Charte, autorise également l’UA à établir une «mission de protection et de formation en Somalie» par la résolution 1744, adoptée le 20 février 2007 (9). L'AMISOM est ainsi créée dans l’idée que la mission n’excéderait pas une période de six mois et que l'ONU allait rapidement en prendre le relais. Or, l’AMISOM est toujours déployée et le relais onusien se fait toujours attendre. L’objet de cette contribution vise à expliquer ces hésitations de l’ONU à intervenir en Somalie.

De l’IGASOM à l’AMISOM : quelle intervention en Somalie ?

L’AMISOM est mise sur pied dans un contexte qui préfigure ses difficultés initiales. Elle comble le vide laissé par d’autres acteurs. En effet, après leur débâcle en 1993 et pendant pratiquement une décennie, les politiciens américains se désintéressent de la Somalie. Les attentats contre les ambassades américaines de Nairobi et de Dar es Salam en 1998 font craindre à la communauté internationale l’installation en Somalie d’une base arrière d’Al Qaïda. Les Etats-Unis aident alors financièrement la création d’une alliance pour la restauration de la paix et contre le terrorisme réunissant les seigneurs de guerre (ARPCT). Mais cette approche échoue avec la prise de pouvoir à Mogadiscio en juin 2006 de l’Union des Tribunaux Islamiques (UTI). Cette absence d’intervention extérieure pousse l’Ethiopie à intervenir en décembre 2006 et précipite ainsi la création de l’AMISOM.

Ken Menkhaus a parfaitement décrit la tragédie somalienne comme une inévitable conséquence d’une série de facteurs (2) "

La suite ICI