Les experts des services de renseignement s'intéressent particulièrement à cette évolution, convaincus que l'élargissement du recrutement des pirates à des franges plus politisées, ainsi que l'accroissement de leurs moyens, a pu faire évoluer les motivations. Ainsi, pour Christian Ménard, « actuellement, la DGSE et d'autres services de renseignement pensent que les choses ont changé. Au tout début, les Chebabs ont lutté contre la piraterie. On se rend compte qu'il existe aujourd'hui des clans et des sous-clans qui très vraisemblablement s'entendent avec les pirates. Une partie des rançons serait affectée à ces ententes. On n'a pas encore de preuves, mais si cela était avéré, ce pourrait être très grave... ».
Il poursuit, « Au Puntland, au nord-est de la Somalie, une partie de l'argent provenant de la piraterie est recyclée sur place, l'autre au Kenya. Et on sait que des éléments d'al-Qaida ou des bandes affiliées à al-Qaida s'y trouvent... Ce dont on est sûr, c'est que la pauvreté n'est pas la cause première de la piraterie. Un exemple: les revendications du MEND, mouvement soi-disant politique du golfe de Guinée, visent à ce que la manne pétrolière soit plus équitablement répartie. Mais ce ne sont que des gangsters qui n'agissent qu'au nom de leurs propres intérêts. La piraterie est synonyme d'argent facile et on se retrouve face à de véritables mafias. »
Dans son premier rapport (ICI), le député Christian Ménard recommandait la mise en œuvre d’une approche globale.
Sur le plan militaire il préconisait des mesures visant à rendre ces attaques plus risquées et plus coûteuses pour les pirates :
- En s’appuyant sur la résolution 1851 des Nations-Unies la communauté internationale pourrait mener ponctuellement des interventions à terre de type policier en ciblant par exemple les navires suspects et en avertissant que tous ceux qui seront retrouvés en mer seront détruits. Nous nous interrogeons sur la possibilité pour ces policiers d'aller sur le terrain... Rappelons que la société somali est structurée par son organisation clanique. L’autorité et les solidarités sont issues du lignage agnatique. L’étranger n’a pas de réalité sociale. Ces notions doivent être prises en compte avant de faire intervenir des étrangers sur ce territoire. .
- En renforçant la présence navale et aérienne afin de mieux couvrir les zones à risque.
- En utilisant des drones – comme le font les américains de la Task force 151 –pour renforcer les moyens de surveillance.
Dans le domaine civil :
- accroissement de l’aide au développement de la Somalie en combinant le soutien à la restauration de l’État de droit et les aides directes et conditionnelles à la population.
- consolidation des capacités judiciaires des États côtiers comme le Kenya pour juger les pirates.
- aide afin que la Somalie puisse recouvrer sa souveraineté maritime et à exploiter ses ressources, longtemps pillées, dans le domaine de la pêche.
En soi des recommandations pleines de bon sens .... (de bons sentiments ?) qui nous semblent être des solutions toutes faites peu adaptées au contexte particulier de la région.
Le nouveau rapport du député est attendu à la rentrée et se veut complémentaire au premier "plus centré sur un aspect juridique afin afin d'empêcher que les pirates détenus ne soient plus automatiquement relâchés" note le député.
Il rappelle que les pirates ont des modes opératoires différents selon qu'ils sont dans le Golfe de Guinée, Malacca ou Aden: « Là où les pirates somaliens n'hésitent plus à s'éloigner très loin de leurs côtes - grâce à un bateau-mère auquel ils accrochent deux bateaux rapides, ils parviennent à descendre à près de 1.000kilomètres au sud - leurs homologues du golfe de Guinée mènent leurs attaques à proximité des plates-formes de forage pétrolier, dans la limite des 12 milles des eaux nationales. Mais ils opèrent de la même façon avec des lance-roquettes et toute l'artillerie qui va avec... ».
Pour une définition de l'approche globale voir le compte rendu de l’IHEDN qui organisait le 6 mai 2010, une table ronde sur le sujet : ICI
Sources : Défense et environnement / Le Télégramme
Des millions d’euros ont été versés aux pirates de Somalie ces dernières années suite à leurs prises d’otage. Les pirates mettent cet argent en commun et s’en servent pour refaire vivre leur pays. La piraterie se battrait-elle pour une alternative au système économique actuel ?
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