Aujourd’hui une nouvelle Constitution est soumise au referendum. La réforme constitutionnelle est prévue par l’accord de partage du pouvoir signé en 2008 après les violences post-électorales qui avaient fait environ 1.500 morts.
Rappel des faits :
Le Kenya a longtemps été réputé pour sa stabilité politique :
- 1992 : instauration du multipartisme
- 2002 : le président Moi au pouvoir depuis 1978 accepte la victoire de l’opposition représenté par Mwai Kibaki qui profitera de son mandat de 5 ans pour solidifier le bilan macro-économique de croissance et la liberté d’expression.
Pourquoi une telle violence en 2007 lorsque Kibaki se représente aux élections ?
Malgré des réformes réelles Kibaki ne serait pas allé assez loin :
-la lutte contre la corruption a été trop timide
-insuffisance des programmes sociaux, de fait les fruits de la croissance n’ont pas été perçu par la population (58% de la population vit avec moins d’un dollar par jour)
- rancœurs face à l’influence prépondérante de l’ethnie kikuyu sur la politique et l’économie
- problèmes fonciers, dans l’Ouest du pays et sur la Côte
- les bavures policières dans la lutte contre la secte fondamentaliste et mafieuse Mungiki, très populaire auprès des populations pauvres (la police aurait procédé à des « assassinats extrajudiciaires » sans doute 500 en 6 mois.
27 décembre 2007 : les élections ont donné à tord la victoire de Mwai Kibaki. Les violences qui ont suivi auraient provoquées la mort de 1 500 Kenyans et 500 000 déplacés.
Au Kenya, le spectre de la guerre civile
envoyé par lemondefr. - L'actualité du moment en vidéo.
Le 28 février 2008, la médiation de Kofi Annan aboutit à un partage du pouvoir et à la mise en place d’un gouvernement de grande coalition (parité des membres de la majorité présidentielle (PNU) et de l’opposition (ODM)). Un poste de Premier Ministre est créé pour Raila Odinga et deux postes de vice-premiers ministres sont confiés respectivement à l’ODM et au PNU.
La médiation Annan, prévoit la mise en place d’une série de commissions d’enquête et le traitement des causes profondes de la crise. Cette médiation publie, une liste détaillée des thèmes de fond qui ont été à l’origine de la crise kenyane et nécessitent une réforme notamment une nouvelle constitution et de nouvelles institutions. Si toutes les réformes avancent rapidement seule la question foncière et la décentralisation semblent encore bloquées.
Or le texte soumit aujourd’hui au referendum amorce une forme de décentralisation et tente de régler les difficultés foncières en limitant la surface des grandes propriétés pour réparer les injustices du passé (les terres étaient distribuer selon les alliances politiques). Autres enjeux la nouvelle Constitution limite les pouvoirs du président, crée un sénat, donne plus de pouvoir au Parlement et des dispositions pour garantir l'indépendance du pouvoir judiciaire.
Des expropriations bientôt au Kenya ?
De fait les oppositions à cette nouvelle constitution viennent de la région de la Vallée du Rift (en rouge sur le carte) et plus particulièrement l’ancien président Daniel arap Moi, et le ministre de l’éducation supérieur William Ruto. Les Chrétiens s’y opposent aussi car elle comporte aussi des lois controversées sur l'avortement thérapeutique et le maintien des tribunaux islamiques familiaux.
Un système électronique qui transmettra les résultats par SMS et par ordinateur, parallèlement aux procès verbaux a été mis en place afin d’éviter les fraudes observées en 2007.
Pour beaucoup d’électeurs voter « oui » est un moyen d’éviter les violences de 2008 car si les réformes ne sont pas mises en place, elles pourraient renaitre lors des prochaines élections en 2012.
Sources : MAE/RFI
mercredi 4 août 2010
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