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dimanche 6 octobre 2019

Dernières nouvelles du continent (7)


Écoutez la leçon inaugurale de François-Xavier Fauvelle au Collège de France ! J'ai hâte de découvrir sa dernière direction d’ouvrage « Atlas historique de l’Afrique – De la préhistoire à nos jours » avec Isabelle Surun. Cette dernière explique dans une interview : « la continuité qu’on y observe n’a pas la même temporalité qu’en Europe. Il faut ainsi sortir d’une vision eurocentrée. L’histoire africaine ne rentre pas dans les découpages et césures chronologiques que nous connaissons. La période de l’Afrique ancienne s’étend ainsi de la Préhistoire jusqu’au XVe siècle dans certaines régions. Elle peut même déborder jusqu’au XIXe pour certains royaumes. Un autre élément caractéristique de l’histoire de l’Afrique, c’est la diversité, par exemple, des organisations socio-politiques. Les Etats constitués sous forme de royaumes peuvent ainsi coexister avec des chefferies ou des sociétés organisées sous forme de classes d’âge. »

Abou Djaffar commente le contexte dans lequel la leçon inaugurale de François-Xavier Fauvelle a été prononcée  : « On aurait aimé, bien sûr, que cet évènement soit retransmis à la télévision, peut-être sur LCI, mais ceux qui aiment les pétainistes ne goûtent guère les africanistes ». Merci à lui pour sa chaleureuse dédicace sur son incontournable blog !
 
De nombreux sommets cherchent à renforcer les relations avec entre des continents/pays et le continent africain. Le CSIS propose une analyse du TICAD et un graphique de ces sommets internationaux.


Corne de l’Afrique
Quelle est l’influence des combattants étrangers (foreign fighters) au sein du groupe Al Shabaab ? lls sont présents depuis le début de insurrection et particulièrement en 2007-2008 lors des combats contre l’Éthiopie. Cette influence s’est petit à petit estompée. Un article académique étudie quatre périodes marquantes du groupe terroriste: l’émergence de l'Union des Tribunaux islamiques avant 2006, la période juste après l’invasion éthiopienne (2007-2008), les conquêtes territoriales d'al-Shabaab de 2009 à 2010 et les divisions internes entre 2011 et 2013.
Malgré la multiplication des attaques (ICI l’article de Paul D. Williams), l’ambassade américaine a rouvert à Mogadiscio après 30 ans de fermeture !
La mer Rouge et le Golfe d’Aden constituent une voie maritime majeure du commerce international. La situation politique des pays riverains et le nouveau grand jeu des puissances internationales pourraient y menacer la liberté de circulation. Un nouveau rapport ISS examine ces transformations et propose des recommandations à l’aune des expériences d’autres zones maritimes.
Environ 40% des habitants du Soudan du Sud ont été déplacés par la guerre civile. Cet article permet de prendre conscience de l’ampleur du phénomène.

Afrique de l’Ouest
Un nouvel ouvrage revient sur l’histoire d’Hissene Habré.
Il ne faut pas se moquer mais... j’ai beaucoup ri à ce Tweet d’Adam Sandor sur l’efficacité de la communauté internationale au Mali. A noter également la publication d’Alpha Oumar Konaré et Adame Ba Konaré sur l’histoire du Mali.

Arts et littérature
Allez visiter ce site : Brittle Paper qui se définit comme : « an Afrocentric digital literary space ».

Le saviez-vous ? Les festivals de littérature se multiplient sur le continent africain.
Hâte de découvrir le 30 octobre le Dictionnaires enjoué des cultures africaines d’Alain Mabanckou et Abdourahman Waberi.

Les écrivains du continent utilisent la science-fiction pour décrire la présence de la Chine en Afrique.

Découvrez ce fil Twitter sur l’enseignement de la littérature africaine dans des langues africaines pour un public africain.
Pour le philosophe Achille Mbembe le continent africain doit adopter une position favorable aux migrations, éliminer progressivement les frontières coloniales et devenir un "vaste espace de circulation".
Cet article revient sur les discriminations, le racisme et l’esclavagisme à l’encontre des Noirs en Afrique du Nord depuis les révolutions arabes. Et celui-ci étudie en particulier la question en Algérie.


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mercredi 14 novembre 2012

Le Soudan et les Soudan : un même espace, des réalités très différentes



Thierry Garcin recevait ce matin dans son émission Les Enjeux Internationaux l'ambassadeur Michel Raimbaud, à l'occasion de la parution de son ouvrage "Le Soudan dans tous ses Etats".



Résumé de l'émission :
"Le Soudan du Sud est né en juillet 2011, par partition, après des négociations placées dès 2005 sous la houlette des États-Unis. 193e membre de l’ONU, il a vu le jour après des dizaines d’années de guerre civile, le Sud n’ayant pas du tout été indépendantiste au départ.
590 000 km², 8 millions d’habitants, des richesses pétrolières considérables mais qu’on ne peut actuellement exporter que par la mer Rouge, c’est-à-dire par l’autre Soudan, une pauvreté et un sous-équipement insigne (quelques kilomètres de routes goudronnées), surtout les appétits déclarés et les convoitises de généreux amis : Chine, États-Unis, Israël.
Pourquoi cette sécession reste-t-elle un cas d’école ? Quelles relations entre les deux nouveaux États ? Quelles conséquences régionales ?"


Réécouter l'émission ICI

jeudi 24 mai 2012

Soudan du Sud : un nouvel Etat en Afrique

L'excellente émission "Le dessous des cartes" consacrait fin avril/début mai deux soirées au Soudan du Sud.



Résumé :
"La République du Soudan du Sud est officiellement indépendante depuis le 9 juillet 2011, devenant ainsi le 193e État membre de l’Onu. Afin de mieux comprendre le processus qui a conduit à la partition du Soudan, et donc à la création d’un nouveau pays africain, le Dessous des Cartes nous plonge dans l’histoire complexe de cette région et des territoires que l’on appelle aujourd’hui Soudan et Soudan du Sud. (...)
Après un premier volet consacré à l’histoire des territoires qui forment aujourd’hui le Soudan du Sud, le Dessous des Cartes tente de comprendre les défis auxquels sera confronté ce nouvel État africain. Doté de ressources stratégiques, le pays doit cependant faire face à une situation économique et sociale complexe, qui soulève des interrogations quant à son avenir."

Retrouvez les cartes et les commentaires de la première émission ICI 



Retrouvez les cartes et commentaires de la deuxième émission ICI
 

dimanche 6 mai 2012

Interview : trois trajectoires de sécession dans la Corne de l'Afrique

Nous avons eu l'honneur ce matin d'être interviewée par Sonia Rolley sur RFI : ICI suite à l'article "trois trajectoire de sécession dans la Corne de l'Afrique" ICI



Ecoutez ci dessous :



INV AFR 06/05 LE GOURIELLEC
(07:04)

jeudi 12 avril 2012

De l'abus du terme "balkanisation" au Mali et ailleurs

Des analyses (parfois hâtives) voient dans les évènements maliens la preuve d'une balkanisation de la zone sahélienne de l'Afrique.  

Balkanisation, fragmentation, scission, partition? Rappelons tout d’abord les différences entre ces terminologies. Selon Stéphane Rosière, la balkanisation est : « le processus de fragmentation d'un État en au moins trois nouveaux États (…) si un État “primaire” est divisé en deux nouvelles entités, on peut préférer les notions de scission ou de partition »[i]. Ainsi la notion de balkanisation, souvent employée avec une connotation péjorative, ne correspond pas à la réalité malienne actuelle. 
Un peu plus à l'Est de cette bande sahélienne prenons des exemples que nous maitrisons plus.  L’Erythrée et le Soudan du Sud se sont séparés d’une entité qui existe toujours. Le cas du Somaliland est plus problématique, puisque l’Etat somalien s’est effondré et qu’une autre entité, le Puntland, s’est déclarée autonome. 
En revanche, la sécession est bien l’aboutissement d’un processus de désintégration politique. Si l’intégration politique se définit comme un processus par lequel les acteurs, de systèmes politiques distincts, sont persuadés qu’ils doivent loyauté à un nouveau centre de pouvoir, prévalant sur l’ancien système[ii], lors d’une sécession les acteurs décident à l’inverse de retirer leur loyauté du centre juridique et de le donner à un nouveau centre. En interne, une sécession signifie donc la dissolution du pacte existant et marque un coup d’arrêt à la capacité de l’Etat à gouverner sur tout le territoire. La sécession est donc le retrait d’une entité constitutive d’un ensemble établi et reconnu internationalement et la création d’un nouvel Etat souverain. 

La reconnaissance internationale est en générale l’étape suivante. Cet acte fait entrer le nouvel Etat dans l’ordre juridique internationale en lui attribuant des droits et des obligations. Néanmoins la reconnaissance reste un acte discrétionnaire et bilatéral que le Somaliland attend par exemple toujours et que l'Azawad s'est fut refusé par les Etats composant la communauté internationale.


La reconnaissance internationale des nouvelles entités
Le système international ne reconnait qu’aux Etats certains pouvoirs, droits et devoirs, alors que les gouvernements ne sont reconnus que comme les agents d’Etats légitimes [iii]. En effet, deux principes contradictoires guident la communauté internationale : le droit à l’autodétermination et le respect de l’intégrité territoriale. En général, l’instauration de l’autonomie est préférée à la sécession, mais cette dernière reste parfois l’unique mode de résolution des conflits.
Ainsi, l’Erythrée a accédé à l’indépendance, après l’autorisation préalable du nouveau régime en place à Addis Abeba, et son engagement à reconnaitre les résultats du référendum d’autodétermination. L’indépendance est ainsi déclarée de facto en 1991, et de jure en 1994 après le referendum en avril 1993.
Concernant le Soudan du Sud, ce sont les accords de paix inclusifs, ou Compehensive Peace Agreement, (« accords de Naivasha »), signés au Kenya le 9 janvier 2005  par  la rébellion sudiste de John Garang (Mouvement populaire de Libération du Soudan - SPLM) et  Ali  Osmane  Taha,  le  vice-président  du  Soudan, qui ont ouvert la voie au référendum d’autodétermination. En effet, ces accords prévoyaient une large autonomie du Soudan du Sud, ainsi que la tenue d’élections démocratiques dans  l'ensemble  du  Soudan un an avant la fin de la période de transition. Puis ils octroyaient, au terme d’une période intérimaire de six ans, la possibilité de choisir, par référendum, entre l’indépendance et le maintien au sein du Soudan.
Le Somaliland s’est, quant à lui, autoproclamé indépendant selon la même logique que l’Erythrée, mais cette indépendance n’est pas internationalement reconnue. L’ancienne colonie britannique bénéficiait en 1991 d’une autonomie de facto, en l’absence de pouvoir central légitime à Mogadiscio. La capitale Hargeisa s’est dotée de tous les instruments de la puissance régalienne (drapeau, monnaie, etc). Le président du SNM (Mouvement National Somalien) proclame, en mai 1991, la nullité de l’acte d’union du 1er juillet 1960 et déclare l’Etat souverain. Or la déclaration d’indépendance est un acte est juridiquement controversé et n’est pas validé par la communauté internationale.
Dans les trois cas, le scrutin référendaire a recueilli des scores élevés et montre l’adhésion du peuple aux mouvements d’indépendance. Le scrutin d’autodétermination érythréen a été approuvé par 99,8% des électeurs. Le référendum somalilandais du 31 mai 2001, en faveur de la nouvelle Constitution qui réaffirme le statut indépendantiste de l’Etat[v], fut approuvé par 97 % des votes bien que les résultats soient certainement surestimés. Au Soudan du Sud, en 2011, près de 98% des votants approuvaient la sécession malgré les contestations et les intimidations dénoncées. 


Nous avons retracé dans "Trois trajectoires desécession dans la Corne de l’Afrique : le Somaliland, l’Erythrée, le Soudan duSud", les  trajectoires de trois récentes sécessions qui ont eu lieu dans la région (Soudan du Sud, Erythrée et Somaliland) en mettant en évidence leurs similarités. À différents  degrés, chacune de ces sécessions a éprouvé des difficultés à passer d’une administration militaire à une administration civile. Le défi est aussi la construction de l’Etat après la sécession ce qui explique pourquoi ces Etats sont particulièrement sourcilleux de protéger leur souveraineté.

[i] Rosière (Stéphane), « La fragmentation de l’espace étatique mondial. », L'Espace Politique [En ligne] , 11, 2010-2, mis en ligne le 16 novembre 2010, Consulté le 01 décembre 2011. URL : http://espacepolitique.revues.org/index1608.html
[ii] Haas (Ernest), The uniting of Europe, Stanford University Press, 1968, p.16