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lundi 12 juillet 2010

Ouganda : des attentats prévisibles ? (actualisé)


 2 attentats ont fait 74 morts dans la capitale Ougandaise, dans des lieux fréquentés par les étrangers (Ethiopan Bar et le Kyadondo Rugby Club), le groupe islamiste somalien Al Chabaab a revendiqué les deux attentats. Les Ougandais sont engagés dans le conflit somalien. En effet :

- le pays fournit (avec le Burundi) des troupes à l'AMISOM : 2700 militaires
- il accueille à Bihanga (250km de Kampala, photo à droite), un contingent complet de soldats somaliens, formés par les Européens (EUTM Somalia). Retrouvez l'entretien du général Wamala (UPDF) commandant des forces terrestres ougandaises ICI qui à la question : N'est-ce pas dangereux pour l’Ouganda de s’engager dans cette mission ? répondait : "Tout le monde sait que la Somalie est dangereuse. Et il faudrait être aveugle pour ne pas voir que c'est une partie du monde la plus dangereuse. Mais qu’est-ce que nous pouvons faire ? Fermer les yeux. Si nous faisons cela, notre comportement est incompréhensible. C’est comme quand vous vous êtes au soleil. Ce n’est pas en fermant les yeux que vous n’êtes pas exposés. La solution est là : plus nous aidons la Somalie, moins nous aurons à souffrir de l’instabilité. Avoir une Somalie en meilleure santé, c’est notre intérêt. Regardez l’Ouganda, nous sommes un pays enclavé. Nous dépendons de la mer pour nos importations, nos exportations. Si la piraterie continue, la situation va devenir intenable pour le commerce, les assurances vont augmenter, les produits. Croire que le problème de la Somalie va se résoudre tout seul, car c’est trop dangereux, est tout simplement irréaliste. Nous devons prendre le taureau par les cornes ; et dire oui : nous avons besoin d’une Somalie positive et voir ensemble ce que nous pouvons faire pour remplacer les institutions. "
- le 6 juillet l’armée ougandaise a rejetté les menaces du chef shebab qui appelait ses partisans à continuer de combattre les forces gouvernementales et les soldats de l’AMISOM à Mogadiscio. Selon l’armée ougandaise, « les menaces publiées par le cheikh n’ont rien de nouveau et visent à décourager les troupes de leur mission de maintien de la paix dans ce pays volatile ».
- Par ailleurs lors du dernier sommet extraordinaire de l'IGAD à Addis-Abeba l’Ouganda s'est dit prêt à contribuer davantage à l’AMISOM à la condition que le mandat de l’AMISOM soit renforcé. L’IGAD a ainsi promis de fournir 2000 soldats à l’AMISOM. Selon le ministre-adjoint des Affaires étrangères, Okello Oryem, « l’Ouganda est prêt à envoyer plus de troupes sur le terrain seulement si le mandat est changé de telle manière que l’on puisse poursuivre les shebab ».

Retour sur les difficultés de l'AMISOM :
Fin février 2007, le Conseil de sécurité des Nations Unies a autorisé la Mission de l’Union africaine en Somalie (AMISOM en anglais). Néanmoins l’AMISOM est trop faible et manque de moyens, de connaissances et de buts comme l’UNISOM auparavant. De plus seuls l’Ouganda et le Burundi ont envoyé des troupes soit la moitié des effectifs prévus. La mission était envisagée comme une opération transitoire jusqu’au déploiement d’une force onusienne or aucune des étapes prévues par le mandat de la mission n’a été réalisée :
1°stabiliser la situation à Mogadiscio et consolider la stabilisation d’autres régions du Sud au moment où la force atteindrait sa pleine capacité opérationnelle.
2°Le mandat même de la mission l’exposait dès le départ aux attaques des insurgés puisqu’elle devait protéger les Institutions fédérales de transition, elles-mêmes contestés.
La seule solution envisagée est un renforcement des effectifs de l’AMISOM et son remplacement à court terme par une intervention multinationale agissant en vertu du Chapitre VII de la Charte de l’ONU ou une opération de maintien de la paix onusienne.

La piste de l'Armée de résistance du seigneur (LRA) n'est pas non plus écartée d'autant que les forces ougandaises ont mené ces derniers jours une vaste offensive contre les rebelles notamment en pénétrant en République centrafricaine (précédents billet ICI).

lundi 5 juillet 2010

Des Tribunaux Islamiques à Al-Shabaab : mythe et réalité de la menace islamiste en Somalie par Stéphane Mantoux

Aujourd'hui nous accueillons un article de Stéphane Mantoux en attendant sa contribution sur la guerre de l'Ogaden qui sera publiée prochainement sur AGS. Cette analyse est publiée en parallèle sur son blog : HistoricoBlog. Je me permets d'ajouter à fin le comentaire que j'y avais fait. Vous pouvez aussi relire les billets de son ancien blog sur l'Afrique ICI. A lire également "Les Maï Maï dans la guerre au Kivu" ICI


La prise de Mogadischio en juin 2006 par l'Union des Tribunaux Islamiques a brutalement ramené sur le devant de la scène un pays, la Somalie, que le monde occidental cherchait un peu à oublier depuis la mission des Nations Unies de 1992-1995 -en particulier les Etats-Unis, traumatisés par les pertes subies lors d'une opération spéciale au coeur de la capitale les 3-4 octobre 1993 (objet du fameux film La Chute du Faucon Noir de Ridley Scott, inspiré du livre de Mark Bowden). Depuis lors, la Somalie fait l'objet d'interventions directes et indirectes des Etats-Unis pour lutter contre ce que ceux-ci estiment être la menace d'un Etat islamiste s'installant sur les décombres du pouvoir somalien éclaté depuis 1991, et la chute du dictateur Siad Barre. Avec l'accroissement massif de la piraterie depuis 2007, un autre facteur d'inquiétude est venu s'ajouter au sujet de la Somalie, vue comme un « repaire de flibustiers » et une menace grave pour le commerce maritime mondialisé. Pourtant, une analyse sommaire de la situation montre que le constat est beaucoup plus nuancé ; c'est ce que nous allons présenter ici dans cette petite synthèse qui n'a pas l'ambition d'être exhaustive.

L'ascension des Tribunaux Islamiques (2002-2006) :

Le Gouvernement Fédéral de Transition (GFT) somalien, reconnu internationalement depuis octobre 2004 et l'élection de son président Abdullahi, installé d'abord à Nairobi, au Kenya, puis à Baidoa, en Somalie, n'avait pas pu s'installer dans la capitale, encore aux mains des seigneurs de guerre locaux. Déchiré par des querelles de personnes, il ne disposait pas, par ailleurs, de force armée digne de ce nom. Ce sont les seigneurs de guerre somaliens, héritiers de la décomposition de l'Etat à partir de la chute du dictateur Siad Barre en 1991, qui faisaient la loi dans le pays, en s'appuyant sur les gangs de jeunes souvent drogués, les mooryaans, tout en réalisant des bénéfices juteux par toute une série de trafics (commerce du khat, plante euphorisante locale, en particulier).

C'est pour réagir à la décomposition de la Somalie que s'étaient créés, en 1996, les premiers Tribunaux Islamiques, fédérés au sein de l'Union des Tribunaux Islamiques (UTI) depuis 2002, alors dirigée par Cheikh Sharif Cheik Ahmed . Le recrutement clanique de l'UTI se fait essentiellement chez les Hawiyé, et quelque peu chez un autre clan, les Haber Gidir. Or les Hawiyé se trouvent aussi dans le GFT somalien, et le clan est surtout présent en Somalie centrale. La ligne politique de l'UTI est d'ailleurs, au départ, assez floue : des modérés y côtoient des proches d'Al Qaida. Le succès des Tribunaux Islamiques est dû, au départ, à une volonté de remise en ordre de la société somalienne, certes d'après les principes de l'islam : lutte contre le banditisme, les rivalités de clans, une sorte de solidarité horizontale qui semble bien prendre, au départ. Son action est particulièrement appréciée dans les quartiers nord de Mogadischio.

L'UTI va réussir à prendre le contrôle de la Somalie en raison de la crainte des Américains, qui depuis les attentats du 11 septembre voient le pays comme un foyer potentiel d'islamisme radical. La CIA prétend y avoir repéré plusieurs proches de Ben Laden -par exemple le Comorien Fazoul Abdallah Mohamed, qui avaient organisé les attentats contre les ambassades américaines en Tanzanie et au Kenya en 1998. Les Américains s'inquiètent également des liens suspects entre certains milieux d'affaires somaliens et des organisations financières douteuses des pays du Golfe : les avoirs de la principale compagnie somalienne, al-Barakat, sont d'ailleurs gelés assez rapidement. Basées à Djibouti, au camp Lemonier, les forces spéciales américaines surveillent de près la Somalie, formant les troupes des alliés américains de la région (Ethiopie au premier chef), tout en utilisant des milices somaliennes pour enlever les personnes jugées proches d'Al Qaida. Le président du GFT, élu en octobre 2004, a d'ailleurs été volontairement appuyé par les Américains car il était proche de l'Ethiopie... Pour contrer une menace islamiste qu'elle juge de plus en plus dangereuse avec la formation de l'UTI, la CIA finance et arme une coalition des seigneurs de guerre baptisée, en février 2006, du titre ronflant d'Alliance pour le Rétablissement de la Paix et Contre le Terrorisme (ARPCT). Les services secrets américains utilisent en particulier le paravent que constitue la société privée de sécurité Select Armor . Le but est en réalité d'éradiquer l'UTI, qui ne s'y trompe pas et passe à l'offensive le 20 février 2006. Après trois mois de violents combats, Modagichio tombe aux mains de l'UTI le 16 juin. Il est significatif que cette intervention plus marquée des Américains arrive alors que la politique des Etats-Unis en Irak est violemment critiquée, au vu de la dégradation de la situation sur le terrain .

La guerre civile en Somalie se complique encore par l'intervention des voisins de la Corne de l'Afrique. L'Ethiopie et l'Erythrée, ennemis jurés depuis que la seconde s'est séparée de la première en 1993 après la lutte victorieuse de la rébellion érythréenne et la chute du régime du colonel Mengistu, se sont affrontées militairement entre 1998 et 2000. Le conflit larvé entre les deux Etats se traduit par un soutien apporté par chacun à l'un des deux camps en présence chez le voisin somalien. Comme l'Ethiopie soutient depuis le début le GFT somalien, l'Erythrée, pourtant Etat laïque, arme régulièrement l'UTI. On sait par ailleurs que d'autres Etats participent à l'approvisionnement en armes des deux camps : l'Arabie Saoudite soutient l'UTI, tandis que l'Egypte et le Yémen aident au contraire le GFT.

La presse internationale évoque alors une « talibanisation » rampante de la Somalie, à tort, car le contexte n'est pas du tout le même dans ce pays déchiré depuis 1991 qu'en Afghanistan. Si l'UTI est dirigée, à partir de la mi-2006, par le fondamentaliste Hassan Dahir Aweys, il n'en reste pas moins que son influence est limitée par le clanisme très fort encore présent en Somalie, qui avait d'ailleurs beaucoup coûté au dictateur Siad Barre, et qui a joué aussi dans la guerre civile déclenchée en 1991 jusqu'à aujourd'hui. L'UTI ne bénéficie pas d'un véritable soutien extérieur et les Hawiyés ne représentent que 20 % à peine de la population. Il semble aussi que les « durs » plus proches d'Al Qaïda n'est pas véritablement le contrôle de l'organisation de l'UTI.

Une présence d'Al Qaida en Somalie ? :

En Somalie, l'islam est arrivé dès les VIIème-VIIIème siècles de notre ère, surtout par le contact des marchands arabes. Aujourd'hui, 98 % de la population est musulmane. L'islam somalien se caractérise par la présence de confréries soufies, en particulier la Qaadiriya et l'Ahmediya. Le sunnisme orthodoxe est la norme, avec un clergé en général proche des élites dirigeantes. Il a fallu attendre la guerre civile consécutive à la chute de Siad Barre en 1991 pour voir l'islam véritablement jouer un rôle important en politique. Le mouvement Al-Ittihad, un des principaux groupes armées de la guerre civile somalienne, avait d'ailleurs été mis sur la liste des organisations terroristes par les Etats-Unis en 1998 ; on peut le considérer comme un surgeon des Frères Musulmans. Il avait des liens avérés avec la mouvance Al Qaïda.

Que dire d'ailleurs de la présence d'Al Qaïda en Somalie ? Il semblerait que les premiers éléments soient arrivés sur place en février 1993, depuis Peshawar, au Pakistan. Ils auraient même joué un rôle dans les attaques conduites contre les troupes de l'ONU et les Américains cette année-là. Plus vraisemblablement, la Somalie de l'immédiat après-Siad Barre était un excellent point de recrutement pour l'organisation, qui a surtout fourni de l'entraînement à certains Somaliens, fonctionnant un peu comme un camp de forces spéciales. Les membres d'Al Qaïda se heurtent d'ailleurs au problème clanique : leurs convois sont souvent attaqués, et le message a du mal à passer auprès d'une population soucieuse d'abord de se protéger contre les clans voisins. Il est intéressant de voir que l'organisation islamiste se heurte au même problème que les Américains : elle n'arrive pas à cerner le contexte local, et le discours salafiste grippe devant la question de l'enseignement soufi, très développé en Somalie. Elle arrive cependant à conquérir certains secteurs, en particulier le port de Ras Kamboni, sur l'Océan Indien, proche de la frontière avec le Kenya dans le sud du pays ; ce sera d'ailleurs l'un des bastions de l'UTI. Des camps d'entraînement y sont installés pour des volontaires étrangers, non sans opposition locale d'ailleurs .

De la chute des Tribunaux Islamiques à la résistance d'al-Shabaab (2006-2010) : « la guerre islamiste n'aura pas lieu » ?


A la mi-décembre 2006, l'UTI contrôle près de la moitié de la Somalie : seuls le Puntland, le Somaliland et la zone centre-sud de la Somalie, autour de la ville de Baidoa, échappent à son emprise. Le GFT somalien, installé près de Baidoa, ne survit que grâce à l'appui des troupes éthiopiennes, contre lesquelles Daweys lance le djihad, et tient un discours qui n'est pas sans rappeler les ambitions de « Grande Somalie » du dictateur Siad Barre qui avait mené à la guerre de l'Ogaden (1977-1978) contre l'Ethiopie. L'UTI revendique aussi un soutien aux deux mouvements de rébellion de l'Ogaden, le Front de Libération de la Somalie Occidentale, création de Siad Barre, et le Front de Libération Nationale de l'Ogaden ; le Front de Libération Oromo, un autre mouvement rebelle d'une province éthiopienne, basé à Asmara en Erythrée, serait lui aussi soutenu par l'UTI. Les Américains et les Ethiopiens, en décembre 2006, affirment que l'UTI est désormais contrôlée par la mouvance radicale al-Shabaab, un mouvement qui regroupe des jeunes gens dont la plupart ont été formés en Afghanistan ou ont combattu au sein des divers théâtres d'opérations de « l'internationale islamiste », si l'on peut dire. L'UTI revendique en tout cas un pouvoir fort et centralisé pour la Somalie : elle s'est imposée en dehors de Mogadischio d'abord par la force militaire plutôt que par le ralliement politique, comme le montre la conquête du port de Kismayo.

L'UTI commet alors l'erreur d'envoyer ses miliciens attaquer les troupes du GFT à Baidoa, c'est à dire en fait les soldats éthiopiens. L'armée éthiopienne, largement soutenue par les Américains, balaye assez rapidement ses adversaires , qui, au lieu de mener une guérilla urbaine à Mogadischio dans le pur héritage somalien, choisissent d'abandonner la capitale pour se réfugier au sud du pays. Il faut dire que le soutien populaire dans la capitale à l'UTI était large, mais pas très prononcé. Les habitants étaient reconnaissants du retour à l'ordre, d'une politique de nettoyage et de la réouverture du port et de l'aéroport, mais quelque peu mécontents de certains édits islamiques promulgués par l'UTI. Celle-ci se replie donc sur le port méridional de Kismayo, avant d'en être chassée par l'armée éthiopienne ; la plupart des membres de l'organisation survivent alors à la frontière avec le Kenya, traqués par les soldats éthiopiens et par des forces spéciales américaines opérant depuis l'autre côté de la frontière.

Dans la première moitié de 2007, à Mogadischio, le TFG tente de rétablir son autorité mais se heurte à de nombreuses difficultés. Il a en effet exclu le sous-clan Ayr des Haber Gidir des responsabilités, car c'est le sous-clan d'Aweys, le fondamentaliste leader de l'UTI. Par ailleurs, les Shabaab mènent quant à eux une véritable guérilla urbaine dans la capitale contre les troupes du TFG et les Ethiopiens. Les 1 600 soldats ougandais de la force de maintien de la paix de l'Union Africaine expédiée sur place sont aussi pris pour cible. Les leaders du mouvement Shabaab, aidés par des combattants étrangers, sont d'ailleurs les principaux responsables des attaques : ils introduisent de nouvelles tactiques, attentats-suicides, engins explosifs improvisés, assassinats ciblés, qui sont alors inconnues en Somalie. En janvier 2007, les Américains réalisent plusieurs frappes avec des appareils AC-130 gunships à Ras Kamboni et près de la frontière kenyane pour éliminer certains des dirigeants extrémistes des Shabaab et de l'UTI. Un détachement américain, baptisé Task Force 88, coopère étroitement avec les Ethiopiens pour traquer les personnages importants de l'islamisme radical somalien. Les appareils américains sont d'ailleurs vraisemblablement basés en Ethiopie. Début juin 2007, un destroyer américain effectue une frappe tactique dans la région semi-autonome du Puntland, au nord-est du pays, contre un groupe d'Al-Qaida suspecté de se cacher dans les montagnes environnantes.

En mars 2008, les Etats-Unis franchissent un cap dans la lutte contre Al-Shabaab en mettant le groupe sur la liste des organisations terroristes à travers le monde. En mai, une frappe de missiles tue le leader de l'organisation, Aden Hayshi Ayro. Le 26 octobre 2008, le GFT et le principal mouvement de résistance, l'Alliance pour la Re-Libération de la Somalie (ARS) -le nouveau sigle de ralliement de l'UTI- concluent un accord de paix qui prévoit aussi le départ des troupes éthiopiennes. En janvier 2009, le Cheikh Ahmed, dirigeant modéré des Tribunaux Islamiques, est élu président de la Somalie. On peut alors penser que c'est un gage de stabilisation pour le pays, les Tribunaux Islamiques étant respectés par une bonne partie de la population ; ceci étant, deux des 11 tribunaux islamiques penchent du côté des radicaux, dont celui dirigé par Aweys. A la mi-septembre 2009, les forces spéciales américaines réussissent à tuer un autre responsable important des Shabaab, Saleh Ali Nahan, un vétéran des attentats de 1998 au Kenya et en Tanzanie, et qui avait aussi participé à l'attentat de Mombasa en 2002 contre un appareil israëlien. Ceci étant dit, le gouvernement somalien peine encore à s'imposer, de par l'absence d'armée régulière, de forces de police et de justice qui transcenderaient les luttes claniques. Cependant, le départ des troupes éthiopiennes a permis d'ôter un prétexte utilisé par les Shabaab pour rallier la population somalienne à la lutte contre « l'envahisseur chrétien » .

La principale menace pour les Américains réside bien, en fait, dans le groupe Al-Shabaab (littéralement « la jeunesse ») créé en 2004 dans le but de partir, d'abord, à la reconquête du sud somalien. L'organisation a réussi à s'imposer dans plusieurs parties du sud et du centre de la Somalie. La plupart des attaques les plus violentes lui sont dues ; elle disposerait d'un vivier de 7 000 combattants. Le but d'Al-Shabaab est d'installer un Etat islamique en Somalie, régi par la charia, et de chasser les envahisseurs étrangers, Ethiopiens ou Américains. Plus de 450 combattants étrangers auraient rejoint, au total, le mouvement Al-Shabaab en Somalie. Le groupe est très présent dans le Puntland, mais aussi près de Baidoa et Kismayo. Autre groupe combattant à côté d'Al-Shabaab : Hizbul-Islam, lui aussi frange extrêmiste de l'UTI, mais qui a perdu beaucoup de son importance depuis la disparition de son chef. Les deux groupes, très installés dans le sud somalien, se sont d'ailleurs régulièrement affronté par les armes. Al-Shabaab, à l'avenir incertain depuis la disparition de son chef, cherche désormais à s'implanter dans les deux régions autonomes du Somaliland et du Puntland, fragilisées par des crises politiques. Al-Shabaab a souffert, de fait, de la politique menée dans les villages « libérés » au sud de la Somalie : loi islamique draconienne, châtiments corporels terrifiants, sans parler de certaines attaques politiquement malhabile (bombardement de la cérémonie de remise de diplôme de l'université Benadir le 3 décembre 2009, par exemple). En outre, elle a promu des dirigeants de clans originaires du nord de la Somalie dans le sud, tout en cherchant à imposer le salafisme contre le soufisme, ce qui n'a pas été sans provoquer des heurts avec la population locale. La force actuelle du mouvement Al-Shabaab témoigne davantage, en fait, de la faiblesse persistante du gouvernement central somalien .

Globalement, néanmoins, le phénomène Al Qaida reste marginal en Somalie ; il suffit à l'organisation d'avoir recruté un petit noyau de fidèles pour mener à bien ses opérations sur place. L'exagération rhétorique des Américains sur la menace islamiste en Somalie ne fait que servir les intérêts de ce petit groupe de combattants fanatisés, trop heureux de bénéficier de la couverture médiatique ainsi fournie.


Piraterie et djihad : une connexion inexistante ?


Il ne faut pas oublier non plus que la question des Tribunaux Islamiques, et in fine de l'islamisme en Somalie, est liée aussi à celle de la piraterie, et de sa recrudescence depuis la chute de l'UTI en décembre 2006 . Les Tribunaux Islamiques avaient en effet lancé une grande campagne de nettoyage des « nids de pirates » le long des côtes somaliennes qu'ils contrôlaient. Après l'intervention éthiopienne, la piraterie a repris ses droits et s'est même développée : en 2008, plus de 130 navires avaient été attaqués, faisant du golfe d'Aden et du détroit de Bab-el-Manded une des régions les plus dangereuses du monde pour le commerce maritime. Le 8 avril 2009, la tentative d'abordage du navire américain Maersk Alabama était la première subie par les Etats-Unis depuis plus de deux siècles. Les pirates, très bien renseignés, diversifient d'ailleurs le type de prises et étendent leur champ d'action géographique par l'utilisation de « vaisseaux-mères ». On estime en 2009 qu'il y avait plus de 1 200 pirates basés sur les côtes somaliennes, en particulier celles du Puntland, la région semi-autonome du nord-est, où la piraterie est une tradition depuis longtemps (autour du port d'Eyl, aujourd'hui, en particulier). La plupart des pirates appartiendrait au clan Majarteen, le même que celui de l'ancien président du GFT somalien Abdullahi, qui fournissait d'ailleurs les quelques troupes de ce dernier. Quatre groupes principaux de pirates opèrent en Somalie : le National Volunteer Coast Guard autour de Kismayo, le Marka Group, au sud de Mogadischio, et celui du Puntland. Le plus important et le plus organisé militairement parlant est celui des Somali Marines, qui préfèrent d'ailleurs se dénommer « Défenseurs des Eaux Territoriales somaliennes » . Le groupe opère depuis Mogadischio jusqu'au Puntland, au nord.

Pour l'instant les contacts entre le mouvement Al-Shabaab et les pirates ne semblent pas très étroits, malgré le fait que le premier aurait formé plus de 2 500 Somaliens sur les côtes. Le risque d'apparition d'un djihad sur les mers existe bel et bien, mais il ne s'est pas encore matérialisé.



Bibliographie :

Napoleon A. BAMFO, « Ethiopia’s invasion of Somalia in 2006 : Motives and lessons learned », African Journal of Political Science and International Relations, Volume 4, février 2010.

Mohamed IBRAHIM, « The Geopolitical Implications of the Somali « Islamic Courts » . Activities in the Horn of Africa. », mai 2009.

André LE SAGE, « Somalia’s Endless Transition : Breaking the Deadlock. », Institute for National Strategic Studies National Defense University, n°257, juin 2010.

Roland MARCHAL, « Somalie : un nouveau front antiterroriste ? », Les Etudes du CERI n°135, juin 2007.

Gérard PRUNIER, « Liaisons dangereuses de Washington en Somalie », Le Monde Diplomatique, septembre 2006.

David H. SHINN, « Al-Qaeda in East Africa and the Horn », Journal of Conflict Studies, été 2007.

Gerrie SWART, « Pirates of Africa's Somali Coast : on terrorism's brink ? », South African Journal of Military Studies, volume 37, n°2, 2009.

dimanche 23 mai 2010

L'Afrique des religions : chrétiens et musulmans à égalité

Selon le Pew Research Center les 2 religions s'équilibrent sur l'ensemble du continent (1)


Sur 1 milliard d'habitants, 400 à 500 millions se revendiquent de l'islam et la même fourchette du christianisme.
Islam : le nombre de musulmans est passé de 11 millions en 1900 à 234 millions en 2010
Évolution plus rapide du nombre de chrétiens : de 7 millions à 470.
D'après l'étude la zone de rencontre se situe au milieu du continent "sur une ligne qui va de la Somalie au Sénégal (...)cette zone est une faille religieuse sensible où sont intervenues les premières attaques d'Al Qaïda, comme l'explosion des ambassades américaines au Kenya et en Tanzanie, en 1998, et, plus récemment les conflits ethniques du Nigeria" auxquels on pourrait ajouter la crise ivoirienne.

L'étude relève également le grand degré de tolérance de chacune des obédiences par rapport à l'autre "chose surprenante" même s'il "ne faut pas rosir" la situation.

A noter que le nombre d'animiste diminue mais "les croyances et pratiques religieuses traditionnelles continuent d'être adoptées par un grand nombre de musulmans comme de chrétiens".

Lire aussi le billet de JPG sur AGS : "Le pentecôtisme, bras armé de l’impérialisme américain en Afrique subsaharienne ?"


(1) Enquête menée dans 19 pays de décembre 2008 à avril 2009.
Photo 1 : Cathédrale Notre Dame de la Paix à Yamoussoukro (Côte d'Ivoire)
Photo 2 : Grande Mosquée de Touba au Sénégal

samedi 10 octobre 2009

Lutte contre la piraterie en Somalie : Comment ? Qui ?...


La saison favorisant une recrudescence de la piraterie maritime au large de la Somalie, nous en profitons pour interroger le responsable d’Aquarius Strategies. Julien Duval a été responsable du département Sécurité maritime de Secopex. Retrouvez son intervention lors de l’émission C dans l’air « Pirates : la plaie des mers » le 15 septembre 2008 : ICI
SLG : La lutte contre les pirates n’est-elle possible qu’en mer ?
JD : En terme de lutte contre la piraterie, il est primordial d’être capable de mener à bien des actions à terre comme en mer, d’autant plus que la structure et la hiérarchie des groupes pirates sont intrinsèquement liées à la dynamique clanique des populations côtières du Puntland, du Galguduug, du grand Mogadiscio ou encore du Jubbada Hoose et de la ville de Kismayo (bien que sur cette dernière, la présence de groupes islamistes et radicaux forcent les populations à se concentrer sur la protection de leurs intérêts vitaux avant de pouvoir se tourner vers les mers en quête d’un avenir meilleur). Dans l’exemple précis de la piraterie issu des principaux clans du Puntland, la lutte à terre est indispensable car les pirates profitent de relais logistiques et d’approvisionnement terrestres en vivre, armement, munition et fuel que leur offre leurs villages d’origine ou de nouveaux hubs de la piraterie tel le port d’Eyl. C’est pour cela que le nouveau gouvernement du Président Sheikh Sharif Ahmed tente de réagir de son propre chef en s’appuyant sur les services de formation de différents Etats occidentaux dans la région pour former certaines unités opérationnelles d’infiltration dont l’objectif est de réussir à pénétrer les rangs des groupes et clans pirates du Puntland. A notre grande satisfaction, ceci est la démonstration que le nouveau gouvernement en place comprend la situation et fait l’effort de poser les premiers jalons du succès. Mais ne nous leurrons pas, le principale outil de la lutte contre la piraterie est la pacification du sol somalien. L'objectif : permettre le retour des investissements étrangers (minier, reconstruction et BTP, halieutiques…). Des investissements créateurs d’emploi pour la population locale. C’est en ça que la lutte contre la piraterie a également une très grande dynamique terrestre. Maintenant, je pense que c’est à la France et son gouvernement que de réussir à trouver les bonnes opportunités pour s’intégrer à l’équation et continuer à être le pays qu’elle est. C’est un principe d’action qui a justement été fortement suggérer par le Secrétaire Général de l’ONU, Ban Ki Moon lors de son intervention durant la conférence international au profit des institutions sécuritaires somaliennes de Bruxelles d’avril 2009.
SLG Quelles prestations une SMP (Société Militaire Privée) propose de plus qu’un État ?
JD : Pour un État comme la Somalie, ce qu’une SMP ou une structure privée de la sorte a principalement à offrir de plus qu’un Etat est sa flexibilité. Une SMP répond à un besoin précis en terme de formation, de consulting ou de gestion des activités logistiques et de coordination sur une période déterminée sans risque d’ingérence au niveau politique interne ou de besoin de partage du secret avec une puissance étrangère. Par ailleurs, les SMP permettent aussi aux Etats de pouvoir déployer certains moyens de consulting auprès de pays comme la Somalie, encore une fois sur une période précise, sans avoir a déployer des moyens étatiques plus lourds, plus coûteux et plus contraignants. Dans l’exemple français, cette seconde vision de l’utilisation des SMP est bien plus difficile à atteindre. C’est une vision bien plus anglo-saxonne que d’accepter d’externaliser certains besoins et services liés aux activités de défense et de sécurité à l’international comme cela est déjà le cas pour les forces de l’AMISOM qui sous-traitent toute la coordination logistique de leur opération à une structure sud africaine présente en Ouganda.
SLG : Que pensez-vous du débat sur la présence d’hommes armés à bord des bateaux de commerce? (la loi française interdit la présence d’hommes armés sur les bateaux de pêche).
JD : La présence d’équipe de sécurité embarquée est aujourd’hui la solution la plus flexible et la moins coûteuse en termes d’effectif ainsi que pour l’armateur souhaitant sécuriser son navire, son cargo et surtout son équipage. Juridiquement, cela est possible mais requiert l’aval de l’Etat du pavillon du navire (le droit du pavillon étant le droit applicable en haute mer). Certains État sont plus ouverts que d’autre en la matière. Il n’existe pas encore d’Etat ayant autorisé l’embarquement d’hommes armés mais certains, dont des États Européens, ont précisé qu’ « ils ne recommandaient pas l’utilisation d’homme armée à bords mais qu’ils ne pouvaient pas l’empêcher si l’armateur l’estime nécessaire pour la sécurité de son équipage ». Comme toujours dans le cas du droit international, chaque cas est donc unique. Mais quelques Etats réagissent. Prenez l’exemple de la France qui depuis quelques mois a déployer un détachement de Fusiller Marin pour escorter les thoniers navigant sous pavillons français sur les eaux occidentales de l’Ocean Indien au large des Seychelles et sur le détroit du Mozambique.
SLG : N’y a-t-il pas un danger à avoir recours à des structures qui ne sont pas habilitées par l’Etat ?
JD : Il n’existe pas de risque zéro mais au moins, c’est une solution. L’utilisation des SMP dans ce cas précis ne doit être vue que comme une solution temporaire permettant l’apport de moyens de consulting et opérationnel de façon immédiate en attendant que les États de la région puissent structurer leur réponse à la menace. Le rôle des SMP est de sécuriser le navire escorté et non d’interpeller les pirates car seul les États ont cette compétence. Le but n’est pas de supplanter l’Etat mais d’apporter les moyens opérationnels nécessaires pour renforcer la sécurité en haute mer en attendant que les Etats puissent fournir une réponse adaptée et censée et qui ne mobilise pas des moyens étatiques trop lourds, surtout que les armées modernes sont en restructuration et dans une phase de modernisation et de réduction de ses effectifs et les Etats n’ont pas la possibilité de déployer des moyens suffisants pour policer de façon permanente les océans et mers du globe. Il parait donc évident qu’il faille mieux cadrer juridiquement les SMP mais cela dépend uniquement de la volonté réelle des Etats, dont la France, que de décider s’ils franchiront le pas. Je pense sincèrement aujourd’hui qu’une puissance se doit d’intégrer dans sa maîtrise des facteurs de puissance l’utilisation des SMP et de la flexibilité opérationnelle qu’une SMP peut apporter au renforcement du facteur militaire d’un Etat souhaitant rester ou se positionner comme une Puissance Mondiale dans l’environnement géopolitique actuel.
SLG : Pourquoi cette méfiance à l’égard des SMP en France?
JD : Je pense que c’est un obstacle purement culturel. La France est son gouvernement ont encore du mal à accepter la possibilité d’externalisation des questions de défense et de sécurité international (obstacle de la gestion et de la protection du Secret Défense) alors que de par leur présence sur le terrain, les SMP peuvent permettre une grande remonté de renseignement par exemple mais je crois surtout que la présence de Bob Denard et des dérives possibles sont trop présente encore dans les esprits. Par conséquent, reconnaître les SMP et accepter leur utilisation en France peut être apparenté à un trop grand « risque politique » face à la réaction possible de l’opinion publique sur le sujet ainsi qu’un possible amalgame de l’acceptation et de légitimation par la France d’une vision opérationnelle trop « étasunienne » et négative puisque l’image des SMP modernes est surtout apparenté à leur rôle sur les théâtres irakiens et afghans et leur utilisation par l’administration Bush.
SLG : Chez Secopex vous aviez été mandaté par le gouvernement somalien pour l’aider à lutter contre la piraterie dans ses eaux, pensez vous que la Somalie pourra un jour lutter contre la piraterie ?
JD : Ce sera possible mais ça prendra du temps. Lors d’un déplacement sur Mogadiscio courant juin 2009 dans le contexte d’une autre mission, il nous a été possible de rencontrer le Président Sheikh Sharif Ahmed et certains membres de sont gouvernement et d’écouter leurs besoins et leur envie de réussir à organiser par eux-mêmes une réponse et lutter contre la piraterie. Le nouveau gouvernement se mobilise du mieux qu’il peut et avec les moyens dont il dispose (qui sont quasi nuls). La Somalie a entamé en toute autonomie la formation d’une première unité de Garde Côte encore en cours de formation mais ils ne disposent pas d’un équipement personnel et de moyens de projection rapide adaptés ni efficaces. Il m’est impossible de garantir si cela aura un résultat positif mais au moins cela démontre leur motivation et leur envie de recréer une Somalie capable d’agir sans dépendre à 100 % de l’aide extérieur occidentale mais à l’heure actuelle, la Somalie dépend encore des bailleurs de fonds internationaux et de sa Diaspora pour tenter de mener à bien ses projets pour recréer la Somalie des années 1970 comme ils le souhaitent eux-mêmes.
Mais, l’obstacle majeur provient aujourd’hui de la menace des groupes islamistes et radicaux qui luttent aujourd’hui contre le gouvernement en place. Le Gouvernement du Président Sheikh Sharif Ahmed se retrouve donc forcé de concentrer ses efforts sur la lutte contre l’insurrection et les groupes islamistes et radicaux au détriment de la lutte contre la piraterie.
SLG : Quelle solution selon vous à la piraterie maritime au large de la Somalie ?
JD : (…) Mais concrètement et dans un premier temps, il est primordial de sécuriser le gouvernement en place et cela passe par le renforcement des capacités opérationnelles et logistiques des forces de l’AMISOM dont c’est le rôle ainsi que par la formation d’unités somaliennes capables de prendre une part active dans la pacification de Mogadiscio. Néanmoins, l’obstacle majeur qui vient à l’esprit est de savoir si, bien qu’ils soient tous de la même ethnie, les Somaliens arriveront-ils à dépasser leurs clivages claniques et réussiront-ils à fonctionner ensemble au sein d’unités de police et militaires traditionnelles ? Ce n’est que si le gouvernement réussi à trouver la solution à cette question qu’il sera possible d’espérer et de tenter de structurer une réponse viable et durable.

Le 2 octobre le Center for Strategic & International Studies recevait le président Somalien, le Sheikh Sharif Sheikh Ahmed, visualiser son intervention ou lisez sa transcription ICI

mercredi 30 septembre 2009

A vos agendas et....librairies !

22/10/2009, 17:30-19:00, IFRI : « Les perspectives pour une gouvernance démocratique en Guinée Conakry », Conférence autour de : Sidya Touré, ex-Premier ministre de Guinée, président de l'Union des Forces Républicaines (UFR) Guinée, Alain Antil, responsable du programme Afrique subsaharienne à l'Ifri
13/10/2009, 11h00 - 19h00, CERI, « Religions et conflits », nous nous intéresserons plus particulièrement à la table ronde de 14h : « Les conflits religieux existent-ils ? », Jean-Pierre Filiu de Sciences Po sur l’Islamisme et Murray Last, de l’University College, Londres sur le Nigéria

7/10/2009, 19h30 : Collège des Bernardins (Petit Auditorium), 18 - 24 rue de Poissy, Paris, avec Henri Hude, « Les problèmes éthiques posés par les nouveaux conflits »

Et toujours,
Les lundis de l'IHEDN : "La puissance et l'influence de la France de demain. Quelle stratégie extérieure ?" le 12 octobre avec Monsieur Nicolas TENZER Haut fonctionnaire, directeur de la revue Le Banquet, auteur de nombreux rapports officiels Président d'Initiative pour le développement de l'expertise française à l'international et en Europe (IDEFIE) Auteur de Quand la France disparaît du monde (Grasset, 2008)

Frédéric Lasserre: "Les guerres de l’eau. L’eau au cœur des conflits du XXIe siècle"
Changements climatiques, pollution, surpopulation, la rareté de l’eau et sa mauvaise répartition sur la terre est une source croissante de tensions. Aujourd’hui 1,7 milliards de personnes manquent d’eau douce et sont au dessous du seuil de rareté établi par l’ONU. En 2025, elles seront 2,4 milliards. Que se passera-t-il lorsque l’eau s’épuisera à certains points du globe ? Déjà des conflits éclatent pour le contrôle de l’eau. En Israël, la volonté de s’approprier les eaux du Jourdain a été l’une des causes de la guerre des 6 jours. A qui appartient le Nil ? Le Tigre et l’Euphrate, sont source de tensions entre la Turquie, la Syrie et l’Irak. L’Hindus est l’objet d’un bras de fer entre les frères ennemis pakistanais et indiens. Les Etats-Unis doivent face à une pénurie d’eau croissante à l’ouest et lorgnent sur l’eau du Canada… L’eau sera-t-elle au coeur des conflits du XXIème siècle ? Une chose est certaine : il importe d’agir pour gérer une rareté croissante. Il ne reste que peu de temps avant que la pénurie d’eau ne devienne le catalyseur de tensions bien plus vives que celles que nous connaissons depuis le XXème siècle.
Paris, Delavilla, 2009. 250 pages, 14 x 22 cm, broché. 17 €

Bertrand Badie & Dominique Vidal (dir.): "Le grand tournant ? L’état du monde 2010"
Rarement le monde a changé aussi rapidement autour de nous. En quelques mois, le président Barack Obama a marqué, au moins verbalement, la rupture avec son prédécesseur. Le krach financier s'est transformé en crise économique et sociale mondiale, montrant à quel point le temps de la souveraineté avait cédé la place à celui de l'interdépendance - même si la fragmentation et le " chacun pour soi " restaient la tentation suprême. La poussée de l'Inde et de la Chine, le retour de la Russie, les ambitions du Brésil et de l'Afrique du Sud éprouvent la volonté occidentale de renforcer son hégémonie. S'agit-il pour autant d'un " grand tournant " ? A travers 50 analyses, rédigées par les meilleurs spécialistes du champ international, L'état du monde 2010 éclaire cette question décisive pour l'avenir.
Paris, La Découverte, 2009. 335 pages, 16 x 24 cm, broché.20,90 €