Je soumets à votre réflexion cet extrait tiré de "Théories des relations internationales" de Dario Battistella" :
"A la veille de 1989, obnubilés par la longue paix qu'avait fini par devenir la guerre froide, les internationalistes passaient le plus clair de leur temps à étudier les causes possibles de cette stabilité, et entre 1970 et 1990, les trois grandes revues théoriques de relations internationales qu'étaient à ce moment World Politics, INternational Studies Quaterly et International Organization n'avaient publié en tout et pour tout qu'une demi- douzaine d'articles portant sur le changement, que ce soit au niveau du système international dans son ensemble ou au niveau d'une politique extérieure particulière. Pour ce qui est du 11 septembre, moins de 0,4% des article parus entre 1980 et 1999 dans les quatre grandes revues théoriques américaines des relations internationales ont concerné la religion, et il n'y a pas eu un seul article sur le terrorisme lors des trois années précédant les attentats dans World Politics, International Organization et Security Studies, un seul dans International Studies Quaterly, affirmant qui plus est le déclin du terrorisme transnational, et un seul dans International Security, portant d'ailleurs sur le phénomène terroriste que sur l'état de préparation des États-Unis en cas d'attaque terroriste sur le territoire américain à l'aide d'armes chimiques ou biologiques. Mais ce n'est pas sans raison que les internationalistes ont ignoré le signal que représentait dès 1993 le premier attentat contre le World Trade Center.(...) la production scientifique rend possible au mieux la prévision de la reproduction de ce qui existe ou de ce qui est connu mais ne permet pas de prévoir ce qui ne s'est encore jamais produit car "les scientifiques n'ont pas pour but, normalement, d'inventer de nouvelle théories", ni même de "prendre en compte telle nouveauté fondamentale (...) propre à ébranler [leurs] convictions de base"(T.Kuhn)"
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jeudi 9 septembre 2010
lundi 12 juillet 2010
Ouganda : des attentats prévisibles ? (actualisé)
2 attentats ont fait 74 morts dans la capitale Ougandaise, dans des lieux fréquentés par les étrangers (Ethiopan Bar et le Kyadondo Rugby Club), le groupe islamiste somalien Al Chabaab a revendiqué les deux attentats. Les Ougandais sont engagés dans le conflit somalien. En effet :
- le pays fournit (avec le Burundi) des troupes à l'AMISOM : 2700 militaires
- il accueille à Bihanga (250km de Kampala, photo à droite), un contingent complet de soldats somaliens, formés par les Européens (EUTM Somalia). Retrouvez l'entretien du général Wamala (UPDF) commandant des forces terrestres ougandaises ICI qui à la question : N'est-ce pas dangereux pour l’Ouganda de s’engager dans cette mission ? répondait : "Tout le monde sait que la Somalie est dangereuse. Et il faudrait être aveugle pour ne pas voir que c'est une partie du monde la plus dangereuse. Mais qu’est-ce que nous pouvons faire ? Fermer les yeux. Si nous faisons cela, notre comportement est incompréhensible. C’est comme quand vous vous êtes au soleil. Ce n’est pas en fermant les yeux que vous n’êtes pas exposés. La solution est là : plus nous aidons la Somalie, moins nous aurons à souffrir de l’instabilité. Avoir une Somalie en meilleure santé, c’est notre intérêt. Regardez l’Ouganda, nous sommes un pays enclavé. Nous dépendons de la mer pour nos importations, nos exportations. Si la piraterie continue, la situation va devenir intenable pour le commerce, les assurances vont augmenter, les produits. Croire que le problème de la Somalie va se résoudre tout seul, car c’est trop dangereux, est tout simplement irréaliste. Nous devons prendre le taureau par les cornes ; et dire oui : nous avons besoin d’une Somalie positive et voir ensemble ce que nous pouvons faire pour remplacer les institutions. "
- le 6 juillet l’armée ougandaise a rejetté les menaces du chef shebab qui appelait ses partisans à continuer de combattre les forces gouvernementales et les soldats de l’AMISOM à Mogadiscio. Selon l’armée ougandaise, « les menaces publiées par le cheikh n’ont rien de nouveau et visent à décourager les troupes de leur mission de maintien de la paix dans ce pays volatile ».
- Par ailleurs lors du dernier sommet extraordinaire de l'IGAD à Addis-Abeba l’Ouganda s'est dit prêt à contribuer davantage à l’AMISOM à la condition que le mandat de l’AMISOM soit renforcé. L’IGAD a ainsi promis de fournir 2000 soldats à l’AMISOM. Selon le ministre-adjoint des Affaires étrangères, Okello Oryem, « l’Ouganda est prêt à envoyer plus de troupes sur le terrain seulement si le mandat est changé de telle manière que l’on puisse poursuivre les shebab ».
Retour sur les difficultés de l'AMISOM :
Fin février 2007, le Conseil de sécurité des Nations Unies a autorisé la Mission de l’Union africaine en Somalie (AMISOM en anglais). Néanmoins l’AMISOM est trop faible et manque de moyens, de connaissances et de buts comme l’UNISOM auparavant. De plus seuls l’Ouganda et le Burundi ont envoyé des troupes soit la moitié des effectifs prévus. La mission était envisagée comme une opération transitoire jusqu’au déploiement d’une force onusienne or aucune des étapes prévues par le mandat de la mission n’a été réalisée :
1°stabiliser la situation à Mogadiscio et consolider la stabilisation d’autres régions du Sud au moment où la force atteindrait sa pleine capacité opérationnelle.
2°Le mandat même de la mission l’exposait dès le départ aux attaques des insurgés puisqu’elle devait protéger les Institutions fédérales de transition, elles-mêmes contestés.
La seule solution envisagée est un renforcement des effectifs de l’AMISOM et son remplacement à court terme par une intervention multinationale agissant en vertu du Chapitre VII de la Charte de l’ONU ou une opération de maintien de la paix onusienne.
La piste de l'Armée de résistance du seigneur (LRA) n'est pas non plus écartée d'autant que les forces ougandaises ont mené ces derniers jours une vaste offensive contre les rebelles notamment en pénétrant en République centrafricaine (précédents billet ICI).
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