"Nous devons nous rappeler que notre
première tâche est d'éradiquer la pauvreté et d'assurer une meilleure vie à
tous" disait en 2009, dans un message vidéo diffusé lors d'un meeting
électoral de l'ANC, Nelson Mandela.
Son décès a permis de s’interroger sur
le bilan de l’Afrique du Sud depuis vingt ans, alors que Jacob Zuma a lancé la
campagne pour les élections générales entre avril et juillet 2014. Pour ces
élections des nouveautés sont à noter : les Sud-Africains vivant à
l’étranger pourront participer au scrutin (en 2009, seuls ceux inscrits sur une
liste électorale en Afrique du Sud pouvaient voter), mais surtout ces élections
seront les premières de la génération « born free ».
L’enjeu n’est pas de savoir si l’ANC remportera
les élections, cela fait peu de doute. Néanmoins, l’Afrique du Sud vit la fin
du consensus nationaliste qui servait d’assise au parti historique. L’ANC lutte
contre lui-même et contre le temps. Aussi le score de l’opposition sera à
surveiller notamment dans la capitale Pretoria et la province de Gautang où ses
chances de succès sont réelles.
De plus, en 2012, lorsque Jacob Zuma briguait la tête de l’ANC, il promettait
des réformes profondes. La principale d’entre elle est la réforme foncière. La redistribution des terres et des bénéfices miniers sont des enjeux
majeurs pour l’avenir économique du pays, et cette question a eu un écho
considérable auprès de l’électorat populaire du parti. De fait, les
personnalités populistes ont su se distinguer ces dernières années en se
présentant comme une alternative au pouvoir actuel. Si Jacob Zuma lance ces
réformes il risque de se heurter violemment avec la communauté afrikaner mais si
les réformes réalisées sont trop modérées, alors qu’un tiers de la population
vit avec moins de deux dollars par jour, il risque aussi de se couper de l’aile
gauche de son parti et sera confronté à une vive contestation sociale. Bien sur,
dans tous les scenarii, pour des raisons historiques et sociales, un scenario à
la zimbabwéenne est très très peu probable. Autant de défis à relever alors que
le modèle sud africain semble se gripper.