- Excellent article de Stéphane Mantoux sur la République Démocratique du Congo (ICI). Il nous promet une « d'une trilogie consacrée aux conflits en République Démocratique du Congo (RDC) ». Vivement la suite !
- « Quand agriculture rime avec géopolitique » un dossier dirigé par Barah Mikaïl, chercheur à l’IRIS : ICI
- « De Thabo Mbeki à Jacob Zuma : Quelle sera la nouvelle vision de l’Afrique du Sud ? » de Thierry Vircoulon (Ifri) : ICI
- « Radical Islam in East Africa » (Rand Corporation) : ICI
samedi 31 octobre 2009
mardi 27 octobre 2009
A vos agendas !
30/11/2009 : « Définir une civilisation : un enjeu géopolitique ». Les cafés géopolitiques au "Snax Kfé" ; 182 rue St Martin, 75003 Paris ; M° Châtelet-les Halles / Rambuteau.
05/11/2009 16:00-19:00, Ifri – « Quelles évolutions pour le système gabonais ? ». Séminaire autour de Guy Rossatanga-Rignault, professeur, université de Libreville, Roland Pourtier, professeur, université Paris 1 Panthéon-Sorbonne, Douglas Yates, professeur, université américaine de Paris. Présidence : François Gaulme
23/11/2009 à 18h30 , Les Lundis de l'IHedn avec Madame Catherine WIHTOL DE WENDEN (Directrice de recherche au CNRS) : « La globalisation humaine : migrations ou mobilités ? »
05/11/2009 16:00-19:00, Ifri – « Quelles évolutions pour le système gabonais ? ». Séminaire autour de Guy Rossatanga-Rignault, professeur, université de Libreville, Roland Pourtier, professeur, université Paris 1 Panthéon-Sorbonne, Douglas Yates, professeur, université américaine de Paris. Présidence : François Gaulme
23/11/2009 à 18h30 , Les Lundis de l'IHedn avec Madame Catherine WIHTOL DE WENDEN (Directrice de recherche au CNRS) : « La globalisation humaine : migrations ou mobilités ? »
lundi 26 octobre 2009
La justice internationale en Afrique
Le procès de Karadzic s’ouvre aujourd’hui mais l’ex-chef des Serbes de Bosnie refuse de comparaître à l’ouverture de son procès. L’occasion pour nous de faire un bilan des personnalités devant rendre des comptes à la justice international. Un constat s’impose l’Afrique est dans la ligne de mire. Car à l’exception du procès de Kank Kev Eav (directeur du centre de torture S-21 sous la dictature khmère) et d’Oussama Ben Laden, Ratko Mladic (général yougoslave de l’armée des Serbes de Bosnie) et Izzat Ibrahim al-Douri (n°2 du régime de Saddam Hussein) toujours recherchés, les personnalités accusés sont originaires du continent noir.
Omar EL-Béchir (Réclamé) : Objet d’un mandat d’arrêt de la Cour pénale internationale depuis le 4 mars 2009. Le président du Soudan est recherché pour crime de guerre et crimes contre l’humanité au Darfour (qui aurait fait 300 000 morts et 3 millions de déplacés depuis 2003). En outre, la Cour pénale internationale a ouvert lundi 19 octobre ses audiences contre le chef rebelle du Darfour, Bahar Idriss Abou Garda, poursuivi pour crimes de guerre accusé de l’assassinat de 12 soldats de la paix lors de l’attaque de la base militaire d’Haskanita, au nord Darfour, en septembre 2007.
Charles Taylor (En jugement) : L’ancien président du Libéria est poursuivi pour avoir armé et financé les rebelles de la Sierra Leone, afin de faire main basse sur les diamants. Il comparait depuis 2007 pour crimes contre l’humanité devant le Tribunal spécial pour la Sierra Leone à La Haye (vidéo ICI). Le tribunal spécial établi en 2002 en Sierra Leone pour juger les plus importants responsables des crimes commis durant la guerre civile (1991-2001) rend, aujourd’hui, son ultime verdict, dans le procès en appel de trois anciens chefs rebelles du Front révolutionnaire uni (RUF). Seul le procès de Charles Taylor se poursuit encore aux Pays-Bas, pour des raisons de sécurité.
Jean-Pierre Bemba (Arrêté) : L’ancien vice-président de la RDC est poursuivi pour crimes contre l’humanité commis par sa milice de 2002 à 2003 (pillages, viols et actes de cannibalisme chez les pygmées selon l’ONU). Il a été arrêté à Bruxelles en mai 2008. En janvier 2009 il rejetait les accusations de la Cour (vidéo ICI).
Idelphonse Nizeyimana (Arrêté) : Le « Boucher de Butare », officier du renseignement de l’Akazu serait responsable du massacre de 800 000 Tutsis et Hutus modérés en 1994. Arrêté le 6 octobre en Ouganda et traduit devant le Tribunal pénal international pour le Rwanda et inculpé de génocide. Nizeyimana est accusé par le Tribunal d'Arusha d'avoir notamment planifié le massacre d'étudiants et d'enseignants tutsis de l'université. C'est lui qui dressait les listes de personnes à assassiner. C'est lui encore qui ordonne l'assassinat de la reine douairière Rosalie Gicanda, veuve du Roi Mutara III, et figure symbolique pour les Tutsis. Le 14 octobre il a plaidé non coupable de vant la Cour (vidéo ICI). Le Tribunal avait déjà, en août dernier, mis la main sur un autre génocidaire présumé, Grégoire Ndahimana arrêté en RDC.
Le 2 juillet, lors du treizième sommet de l'Union africaine (UA), une quinzaine de chefs d'Etat (à l’exception du Botswana) ont décidé à Syrte de ne pas « coopérer avec la CPI dans le dossier Omar El Béchir ». Pourtant « ce sont surtout les pays africains qui ont demandé avec insistance cette cour », affirmait Louis-Moreno Ocampo, procureur de ladite cour, dès le lendemain. Rappelons que trente Etats africains ont signé le Statut de Rome, instrument fondateur de la Cour. Ils constituent le groupe régional le plus large parmi un total de 108 Etats. Or ce traité les oblige à en respecter les clauses, dont l'une a trait, justement, à la coopération en matière de poursuite de criminels de guerre. Selon un communiqué de la CPI seuls trois Etats africains, parties au Statut de Rome, à savoir, l'Ouganda, la République démocratique du Congo et la République centrafricaine, ont renvoyé à la Cour des situations survenant sur leur territoire.
La CPI révèle aussi que le Conseil de sécurité des nations unies lui a déféré la situation au Darfour, au Soudan, un Etat qui n'est pas partie au Statut.
La volonté affichée « d’africaniser » la justice pénale internationale a été mis plusieurs fois en exergue malgré l’absence de compétence des juridictions panafricaines en matière pénale. En effet, ni la Cour de justice de l’UA, ni la CADHP ne sont compétentes pour traiter des crimes massifs commis par les individus.
mardi 20 octobre 2009
Etats-Unis/Soudan : “Notre stratégie vise trois grands objectifs"
A la suite de mon billet de lundi (ICI) annonçant l’assouplissement des relations entre les Etats-Unis et le Soudan revenons sur la déclaration de la Secrétaire d’Etat américaine, Mme Hilary Rodham Clinton. Au cours d’une conférence de presse au Département d’Etat à Washington DC, elle a dévoilé cette nouvelle stratégie.
“Ramener la paix et la stabilité au Soudan ne sera pas une tâche aisée et aucun succès n’est garanti. Mais une chose est certaine : Il ne saurait être question d’ignorer ou de laisser les problèmes du Soudan au petit bonheur la chance. Il n’est pas non plus question de se mettre à l’écart. C’est à nous et à nos partenaires de la communauté internationale de faire des efforts concertés et soutenus pour aider à l’instauration d’une paix et d’une stabilité durables au Soudan”, a déclaré Mme Clinton.
“Même si la signature en 2005 de l’Accord de paix global entre le nord et le sud était une percée historique, le Soudan traverse actuellement une situation critique pouvant déboucher sur de grandes améliorations pour son peuple ou faire sombrer le pays dans des conflits et des actes de violence”, a-t-elle ajouté.
“Notre stratégie vise trois grands objectifs" : "D’abord mettre fin au conflit, aux graves violations des droits humains, aux crimes de guerre et au génocide dans le Darfour et ensuite appliquer les termes de l’Accord global de paix devant déboucher sur un Soudan uni et paisible après 2011, ou sur la création de deux Etats séparés vivant en paix côte à côte. Il s'agit enfin de faire en sorte que le Soudan ne soit pas un havre de paix pour des terroristes", a encore dit la Secrétaire d’Etat.
Ghazi Salaheddine, l’un des conseillers du président Omar el-Béchir, juge « malencontreuse » l’utilisation par les Américains du terme de génocide pour le Darfour.
Pour le reste, Khartoum voit dans cette nouvelle politique américaine des points positifs comparés à la politique précédente de l’administration Bush. Il s’agit d’une stratégie d’engagement et non pas d’une stratégie d’isolement, a tenu à préciser Ghazi Salaheddine.
Rappelons qu’Omar el-Béchir fait l'objet d'un mandat d'arrêt de la Cour pénale internationale (CPI) pour crimes de guerre et crimes contre l'humanité depuis le 4 mars 2009 et que ni le Soudan, ni les Etats-Unis ne reconnaissent cette juridiction.
Analyse de la politique américaine au Soudan par le Council on Foreign Relations: ICI
Source : APA / RFI
Photo : L’ambassadrice des Nations unies Susan Rice (à g.) et la secrétaire d’Etat américaine Hillary Clinton durant une conférence de presse à Washington, le 19 octobre 2009(Photo : Jim Watson / AFP)
lundi 19 octobre 2009
Obama veut assouplir ses relations avec le Soudan
Selon divers medias américains, l’administration américaine du Président Barack Obama devrait annoncer ce lundi, de nouvelles mesures pour assouplir sa position à l’égard du régime soudanais du Président Omar Al Bashir pour amener le régime du Président soudanais à s’engager davantage dans la voie de la paix. Cependant, ces mesures ne devraient faire aucune concession sur la nécessité d’arrêter les violations des droits de l’homme au Darfour.
On souligne aussi que cette conférence de presse devrait également mettre de l’ordre dans les dissonances au niveau de l’administration Obama sur la question du Darfour. L’ambassadrice américaine Susan Rice et le représentant américain Gration ont à plusieurs reprises émis des vues discordantes. Gration prône une approche conciliante avec le leader soudanais qu’il considère comme incontournable dans le conflit au Darfour, tandis que Susan Rice serait en faveur d’une approche stricte vis-à-vis d’Al Bashir.
Rappels sur le Darfour : Province de l’ouest du Soudan, aussi vaste que la France, mais peuplée de 6 millions d’habitants seulement.
Dans les années 1980 la région a été frappée par une grave sécheresse. Les éleveurs firent descendre leurs troupeaux plus au sud et plus tôt dans l’année. Depuis, les tensions montent entre les pasteurs arabes et les agriculteurs non arabes (en particulier les Fours), même si tous sont musulmans, noirs et de nationalité soudanaise.
Cette crise remet en cause la grille d’analyse traditionnelle qui permettait d’expliquer la situation au Soudan par le clivage Nord (musulman) /Sud (chrétien). Confronté aux rébellions du Darfour, le gouvernement soudanais arme des milices supplétives (essentiellement arabes), les Janjawides, qui commettent de graves exactions contre les populations civiles. Ces violences ont fait fuir de chez eux le tiers de la population du Darfour et fait deux millions de déplacés. 300.000 personnes auraient trouvé la mort depuis le début de la crise. En juin 2007, un pont aérien a été mis en place par la France dans l’est du Tchad afin d’acheminer de l'aide humanitaire dans l'est du Tchad, à destination des réfugiés du Darfour et des déplacés tchadiens. Le corridor humanitaire entre le Tchad et le Darfour, avait été abandonné car jugé inapproprié par les responsables humanitaires ou politiques.
Le conflit au Darfour fait tâche d’huile chez les voisins tchadien et centrafricain. Pourtant, riche de son pétrole, soutenu par la Chine et la Russie, le régime de Khartoum brave les critiques d’une communauté internationale divisée.
Source : APA / SLG
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samedi 10 octobre 2009
Lutte contre la piraterie en Somalie : Comment ? Qui ?...
La saison favorisant une recrudescence de la piraterie maritime au large de la Somalie, nous en profitons pour interroger le responsable d’Aquarius Strategies. Julien Duval a été responsable du département Sécurité maritime de Secopex. Retrouvez son intervention lors de l’émission C dans l’air « Pirates : la plaie des mers » le 15 septembre 2008 : ICI
SLG : La lutte contre les pirates n’est-elle possible qu’en mer ?
JD : En terme de lutte contre la piraterie, il est primordial d’être capable de mener à bien des actions à terre comme en mer, d’autant plus que la structure et la hiérarchie des groupes pirates sont intrinsèquement liées à la dynamique clanique des populations côtières du Puntland, du Galguduug, du grand Mogadiscio ou encore du Jubbada Hoose et de la ville de Kismayo (bien que sur cette dernière, la présence de groupes islamistes et radicaux forcent les populations à se concentrer sur la protection de leurs intérêts vitaux avant de pouvoir se tourner vers les mers en quête d’un avenir meilleur). Dans l’exemple précis de la piraterie issu des principaux clans du Puntland, la lutte à terre est indispensable car les pirates profitent de relais logistiques et d’approvisionnement terrestres en vivre, armement, munition et fuel que leur offre leurs villages d’origine ou de nouveaux hubs de la piraterie tel le port d’Eyl. C’est pour cela que le nouveau gouvernement du Président Sheikh Sharif Ahmed tente de réagir de son propre chef en s’appuyant sur les services de formation de différents Etats occidentaux dans la région pour former certaines unités opérationnelles d’infiltration dont l’objectif est de réussir à pénétrer les rangs des groupes et clans pirates du Puntland. A notre grande satisfaction, ceci est la démonstration que le nouveau gouvernement en place comprend la situation et fait l’effort de poser les premiers jalons du succès. Mais ne nous leurrons pas, le principale outil de la lutte contre la piraterie est la pacification du sol somalien. L'objectif : permettre le retour des investissements étrangers (minier, reconstruction et BTP, halieutiques…). Des investissements créateurs d’emploi pour la population locale. C’est en ça que la lutte contre la piraterie a également une très grande dynamique terrestre. Maintenant, je pense que c’est à la France et son gouvernement que de réussir à trouver les bonnes opportunités pour s’intégrer à l’équation et continuer à être le pays qu’elle est. C’est un principe d’action qui a justement été fortement suggérer par le Secrétaire Général de l’ONU, Ban Ki Moon lors de son intervention durant la conférence international au profit des institutions sécuritaires somaliennes de Bruxelles d’avril 2009.
SLG Quelles prestations une SMP (Société Militaire Privée) propose de plus qu’un État ?
JD : Pour un État comme la Somalie, ce qu’une SMP ou une structure privée de la sorte a principalement à offrir de plus qu’un Etat est sa flexibilité. Une SMP répond à un besoin précis en terme de formation, de consulting ou de gestion des activités logistiques et de coordination sur une période déterminée sans risque d’ingérence au niveau politique interne ou de besoin de partage du secret avec une puissance étrangère. Par ailleurs, les SMP permettent aussi aux Etats de pouvoir déployer certains moyens de consulting auprès de pays comme la Somalie, encore une fois sur une période précise, sans avoir a déployer des moyens étatiques plus lourds, plus coûteux et plus contraignants. Dans l’exemple français, cette seconde vision de l’utilisation des SMP est bien plus difficile à atteindre. C’est une vision bien plus anglo-saxonne que d’accepter d’externaliser certains besoins et services liés aux activités de défense et de sécurité à l’international comme cela est déjà le cas pour les forces de l’AMISOM qui sous-traitent toute la coordination logistique de leur opération à une structure sud africaine présente en Ouganda.
SLG : Que pensez-vous du débat sur la présence d’hommes armés à bord des bateaux de commerce? (la loi française interdit la présence d’hommes armés sur les bateaux de pêche).
JD : La présence d’équipe de sécurité embarquée est aujourd’hui la solution la plus flexible et la moins coûteuse en termes d’effectif ainsi que pour l’armateur souhaitant sécuriser son navire, son cargo et surtout son équipage. Juridiquement, cela est possible mais requiert l’aval de l’Etat du pavillon du navire (le droit du pavillon étant le droit applicable en haute mer). Certains État sont plus ouverts que d’autre en la matière. Il n’existe pas encore d’Etat ayant autorisé l’embarquement d’hommes armés mais certains, dont des États Européens, ont précisé qu’ « ils ne recommandaient pas l’utilisation d’homme armée à bords mais qu’ils ne pouvaient pas l’empêcher si l’armateur l’estime nécessaire pour la sécurité de son équipage ». Comme toujours dans le cas du droit international, chaque cas est donc unique. Mais quelques Etats réagissent. Prenez l’exemple de la France qui depuis quelques mois a déployer un détachement de Fusiller Marin pour escorter les thoniers navigant sous pavillons français sur les eaux occidentales de l’Ocean Indien au large des Seychelles et sur le détroit du Mozambique.
SLG : N’y a-t-il pas un danger à avoir recours à des structures qui ne sont pas habilitées par l’Etat ?
JD : Il n’existe pas de risque zéro mais au moins, c’est une solution. L’utilisation des SMP dans ce cas précis ne doit être vue que comme une solution temporaire permettant l’apport de moyens de consulting et opérationnel de façon immédiate en attendant que les États de la région puissent structurer leur réponse à la menace. Le rôle des SMP est de sécuriser le navire escorté et non d’interpeller les pirates car seul les États ont cette compétence. Le but n’est pas de supplanter l’Etat mais d’apporter les moyens opérationnels nécessaires pour renforcer la sécurité en haute mer en attendant que les Etats puissent fournir une réponse adaptée et censée et qui ne mobilise pas des moyens étatiques trop lourds, surtout que les armées modernes sont en restructuration et dans une phase de modernisation et de réduction de ses effectifs et les Etats n’ont pas la possibilité de déployer des moyens suffisants pour policer de façon permanente les océans et mers du globe. Il parait donc évident qu’il faille mieux cadrer juridiquement les SMP mais cela dépend uniquement de la volonté réelle des Etats, dont la France, que de décider s’ils franchiront le pas. Je pense sincèrement aujourd’hui qu’une puissance se doit d’intégrer dans sa maîtrise des facteurs de puissance l’utilisation des SMP et de la flexibilité opérationnelle qu’une SMP peut apporter au renforcement du facteur militaire d’un Etat souhaitant rester ou se positionner comme une Puissance Mondiale dans l’environnement géopolitique actuel.
SLG : Pourquoi cette méfiance à l’égard des SMP en France?
JD : Je pense que c’est un obstacle purement culturel. La France est son gouvernement ont encore du mal à accepter la possibilité d’externalisation des questions de défense et de sécurité international (obstacle de la gestion et de la protection du Secret Défense) alors que de par leur présence sur le terrain, les SMP peuvent permettre une grande remonté de renseignement par exemple mais je crois surtout que la présence de Bob Denard et des dérives possibles sont trop présente encore dans les esprits. Par conséquent, reconnaître les SMP et accepter leur utilisation en France peut être apparenté à un trop grand « risque politique » face à la réaction possible de l’opinion publique sur le sujet ainsi qu’un possible amalgame de l’acceptation et de légitimation par la France d’une vision opérationnelle trop « étasunienne » et négative puisque l’image des SMP modernes est surtout apparenté à leur rôle sur les théâtres irakiens et afghans et leur utilisation par l’administration Bush.
SLG : Chez Secopex vous aviez été mandaté par le gouvernement somalien pour l’aider à lutter contre la piraterie dans ses eaux, pensez vous que la Somalie pourra un jour lutter contre la piraterie ?
JD : Ce sera possible mais ça prendra du temps. Lors d’un déplacement sur Mogadiscio courant juin 2009 dans le contexte d’une autre mission, il nous a été possible de rencontrer le Président Sheikh Sharif Ahmed et certains membres de sont gouvernement et d’écouter leurs besoins et leur envie de réussir à organiser par eux-mêmes une réponse et lutter contre la piraterie. Le nouveau gouvernement se mobilise du mieux qu’il peut et avec les moyens dont il dispose (qui sont quasi nuls). La Somalie a entamé en toute autonomie la formation d’une première unité de Garde Côte encore en cours de formation mais ils ne disposent pas d’un équipement personnel et de moyens de projection rapide adaptés ni efficaces. Il m’est impossible de garantir si cela aura un résultat positif mais au moins cela démontre leur motivation et leur envie de recréer une Somalie capable d’agir sans dépendre à 100 % de l’aide extérieur occidentale mais à l’heure actuelle, la Somalie dépend encore des bailleurs de fonds internationaux et de sa Diaspora pour tenter de mener à bien ses projets pour recréer la Somalie des années 1970 comme ils le souhaitent eux-mêmes.
Mais, l’obstacle majeur provient aujourd’hui de la menace des groupes islamistes et radicaux qui luttent aujourd’hui contre le gouvernement en place. Le Gouvernement du Président Sheikh Sharif Ahmed se retrouve donc forcé de concentrer ses efforts sur la lutte contre l’insurrection et les groupes islamistes et radicaux au détriment de la lutte contre la piraterie.
SLG : Quelle solution selon vous à la piraterie maritime au large de la Somalie ?
JD : (…) Mais concrètement et dans un premier temps, il est primordial de sécuriser le gouvernement en place et cela passe par le renforcement des capacités opérationnelles et logistiques des forces de l’AMISOM dont c’est le rôle ainsi que par la formation d’unités somaliennes capables de prendre une part active dans la pacification de Mogadiscio. Néanmoins, l’obstacle majeur qui vient à l’esprit est de savoir si, bien qu’ils soient tous de la même ethnie, les Somaliens arriveront-ils à dépasser leurs clivages claniques et réussiront-ils à fonctionner ensemble au sein d’unités de police et militaires traditionnelles ? Ce n’est que si le gouvernement réussi à trouver la solution à cette question qu’il sera possible d’espérer et de tenter de structurer une réponse viable et durable.
Le 2 octobre le Center for Strategic & International Studies recevait le président Somalien, le Sheikh Sharif Sheikh Ahmed, visualiser son intervention ou lisez sa transcription ICI
vendredi 9 octobre 2009
Info en vrac : dernière minute
Crainte de catastrophe écologique au Cameroun après l'incendie d'un pétrolier ghanéen
L’incendie d’un pétrolier ghanéen survenu mercredi dans l'Océan Atlantique dans le Sud-ouest du Cameroun, transportant quatorze mille tonnes de carburant, pourrait entraîner une catastrophe écologique dans les eaux territoriales camerounaises, craignent des ONG de défense de l'environnement.
Deux jours après l’incident intervenu au lieu dit Debunsha (Sud-ouest), localité située à une soixantaine de kilomètres du port de Douala, on craint sérieusement des conséquences écologiques.
« Nous sommes inquiets des conséquences que pourrait causer cet incendie avec le déversement de quatorze mille tonnes de carburant dans l’eau », a indiqué l’Organisation pour la protection de l’environnement (OPE).
« Lorsqu’on voit les conséquences que ce type d’incident a provoqué ailleurs, y compris dans les pays développés qui disposent des moyens appropriés, on peut nourrir quelques inquiétudes ».
Les risques écologiques concernent aussi bien la flore que la faune dans cette partie de l’Océan Atlantique prisées par les pêcheurs située non loin de la zone de Bakassi riche en ressources halieutiques.
D’après cette association, jusqu’à ce vendredi, l’incendie n’était toujours pas éteint et tout porte à croire que le bateau finira par se consumer totalement avant de sombrer dans la mer.
Le brigade de gendarmerie de Idenau (Sud-ouest) qui conduit les enquêtes a révélé que le pétrolier ghanéen provenait du Nigeria.
Source : APA
jeudi 8 octobre 2009
Les enjeux internationaux. Ce matin : la Guinée
En complément de notre billet de lundi (ICI) réécouter l'émission de Thierry Garcin Les enjeux internationaux qui invitait ce matin Mohamed Tété Madi Bangoura (Chercheur à l’observateur politique et stratégique sur l’Afrique Sorbonne Paris I. Le thème du jour : "Guinée Conakry : Massacres urbains et perspective de la présidentielle. Le pire est-il à craindre ?" Comme toujours l'émission propose sur sa page web une bibliographie pertinente sur la question. Réécouter ICI
La rébellion Touaregue prête à déposer les armes ?
La faction historique de la rébellion touarègue au Niger, le Mouvement des Nigériens pour la justice (MNJ), a annoncé sa décision de déposer les armes mardi après-midi, en marge d’une cérémonie dans la ville libyenne de Sebha, en présence de Mouammar Kadhafi.
L’attaque, en février 2007, de la garnison d’Iferouane a marqué l’apparition du MNJ dans le Nord du Niger. La rébellion se constitue de déserteurs, d’anciens rebelles et de jeunes Agadeziens, tous frustrés par leur situation sociale, matérielle et politique. La décentralisation est le thème principal des revendications du MNJ. Elle était apparue lors des accords de paix de 1995 mais la lenteur de la réforme a remis en cause les conditions de la paix. Le traitement de la crise alimentaire de 2005 a mis en évidence les lacunes des infrastructures étatiques vis-à-vis des populations du Nord qui ne bénéficièrent pas des messages d’alerte précoces. Par ailleurs, les conditions de vie des populations pastorales (plus de 410 000 personnes) se sont aggravées du fait de diminution des zones pastorales sous la pression foncière des agriculteurs du Sud. La paupérisation de ces populations pousse les Touaregs a transformer leur mode de vie et à s’installer en périphérie des villes. Donc la mise en œuvre effective de la décentralisation, le développement économique, le respect de la diversité culturelle, la plus grande représentation des populations du Nord dans les instances étatiques, l’administration et l’armée sont au cœur des revendications touaregs. Cependant afin d’éviter une trop grande coloration ethnique de ses demandes le mouvement reprend des thématiques comme celles de la rente uranifère, et des subventions accrues pour les régions du Nord dans lesquelles l’ensemble des populations de ces régions se retrouve.
C’est par l’intermédiaire de la question environnementale que le MNJ a intégré la question uranifère à ses revendications. Il a repris le rapport de l’association Sherpa2 et du CRIIRAD3 sur les pollutions radioactives et les conditions sanitaires des travailleurs à Arlit. Le MNJ demande explicitement un versement de 50 % des revenus des sociétés d’exploitation au profit des collectivités locales. Le MNJ s’appuie sur un contexte international favorable, avec l’adoption le 14 septembre 2007 par l’Assemblée Générale de l’ONU de la déclaration des peuples autochtones qui stipule que ces peuples ne peuvent pas être expulsés de leur territoire sans leur consentement libre et informé.
Notes géopolitiques : Le Niger se trouve happé dans les rivalités géopolitiques qui opposent les capitales arabes (Libye et Algérie) pour le contrôle du Sahel. Ces pays, prennent une importance grandissante eu égard à la lutte antiterroriste, et sont en train de devenir un pôle majeur. La Libye aimerait faire du Niger (et du Tchad) des zones d’intérêt stratégique, mais ses moyens ne le lui permettent plus. Elle a, dans cette région, une volonté de regroupement hégémonique, qu’elle a tenté d’accomplir par des moyens militaires, mais qui désormais passe par les moyens économiques. Dans cette zone, la Libye tente de sauvegarder ou d’accroître. En outre, certains rebelles seraient revenus d’exil en Algérie et en Libye et le MNJ bénéficierait de soutiens financiers et matériels des Touaregs algériens et libyens. Il semble que les rebelles n’ont pas de problème pour se procurer des armes dans cette région poreuse (il est difficile de surveiller la frontière nigéro-algérienne longue de 900km). Un marché parallèle existerait avec des armes venant de Côte d’Ivoire. Sur le terrain, l’État nigérien a privilégié une logique de répression contre les soutiens supposés du MNJ avec l’envoi de renforts militaires. Cette attitude répond à un agenda politique particulier, le Niger se trouvant en effet dans une année préélectorale (voir ce billet).
Donc les accusations répétées de collusion avec les rebelles, portées par le gouvernement contre le groupe Areva dans le passé, sont un moyen pour l’Etat nigérien de redistribuer les cartes en discréditant le groupe Areva. Pour autant la France et le groupe conserve une place de premier plan dans le pays car le Niger est très dépendant de l’extérieur pour son approvisionnement en produits alimentaire de base, en énergie et en produits industriels. La compagnie Areva se doit de diversifier ses sources d’approvisionnement. Elle a déjà racheté des gisements en Namibie, en Afrique du Sud et en Centrafrique et entend développer son activité au Canada et au Kazakhstan.
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