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jeudi 13 juin 2013

Café stratégique Cultures et géopolitique au Sahara

Ce soir, pour son 26ème café stratégique l'Alliance géostratégique recevra Arnaud Contreras autour de la thématique : Cultures et géopolitique au Sahara.



Arnaud Contreras est documentariste, photographe et producteur à Radio France. Il est l'initiateur du projet Sahara fragile sur le patrimoine saharien culturel, repris en partie par l'UNESCO (voir le programme ICI). 

Ses documentaires et reportages radio pour France Culture, France inter et RFI : ICI

Son blog : ICI

Venez nombreux discuter avec notre intervenant autour d'un verre au café Concorde (239 boulevard Saint Germain, métro Assemblée Nationale de 19 à 21h). 


mercredi 28 novembre 2012

Angola : un fond souverain ambitieux



Un ami, B.P., nous propose ce billet sur un fond souverain que vient de créer l'Angola.

Deuxième producteur d'or noir du continent africain, l'Angola a crée officiellement son fond souverain. Avec 5 milliards de dollars de dotation initiale, les ambitions du fond angolais sont un cran supérieures à celles du Gabon ou du Nigéria. 


Cette création reflète tout d'abord une stratégie de diversification entamée par un Etat fortement dépendant de ses recettes pétrolières. C'est d'ailleurs la rente pétrolière qui permettra au fond d'investir sur le territoire angolais. Au niveau nationale, le fond investira en premier lieu dans les infrastructures, le développement des PME et dans les secteurs de l'agriculture, de l'hôtellerie, de la formation ou encore de l'accès à l'eau et l'électricité. Ce nouveau fond affiche également les ambitions géopolitiques de l'Angola dont les autorités ont déjà fait savoir que le " Fundo Soberano de Angola" aura pour mission d'investir dans les économies émergentes avec pour zones de prédilection, l'Afrique et l'Asie. "Transparence, rentabilité des investissements et amélioration des conditions de vie des angolais" seront les principes qui guideront l'action du fond d'après José Filomeno dos Santos, président du Conseil d'Administration. Les autorités angolaises ont  d'ores et déjà fait  savoir que le fond se conformera aux principes de Santiago qui définissent les bonnes pratiques relatives à la gestion des fonds souverains.

dimanche 27 novembre 2011

Lettre n°1 du comité Afrique de l'ANAJ

Le Comité "Afrique" de l'ANAJ-IHEDN est heureux de vous annoncer la sortie du premier numéro de sa lettre d'information.


L’Afrique, longtemps considérée comme un continent en marge, est aujourd’hui animée par des dynamiques qui en font un espace plus que jamais intégré aux grandes questions stratégiques internationales.
Avec une croissance exceptionnelle depuis plusieurs années, certains parlent d’une « embellie historique », d’autres affirment que « les perspectives sont plus favorables que jamais ». Conscients des multiples enjeux liés au développement et à la stabilité de ce continent aux portes de l’Europe nous vous proposons d’engager une réflexion sur l’ensemble de ces questions.

« Jambo » ou « Bonjour » en Swahili, la lettre du Comité Afrique de l’ANAJ-IHEDN, se donne pour objectif de partager et promouvoir l’expertise des auditeurs jeunes, de donner la parole à ceux qui font l’Afrique, de revenir sur les moments forts de la vie du comité.

Rédigée par des étudiants, chercheurs ou jeunes professionnels membres du Comité Afrique de l’ANAJ-IHEDN, la lettre souhaite montrer à ses lecteurs que le continent africain est un acteur à part entière des enjeux géopolitiques mondiaux. Nos rédacteurs ont une expérience du continent, y ont vécu ou travaillé.

Il s’agit pour eux de faire partager leur intérêt commun pour un continent trop souvent marginalisé dans les médias et la pensée européenne.
Téléchargez la lettre ICI

mardi 2 novembre 2010

Thème du mois d'AGS : l'arc de crises

Le thème du mois de novembre d'AGS, l'arc de crises, inclut une grande partie de l'Afrique. 


Mais pour commencer pourquoi "crises" au pluriel ? Que signifie cette expression pourtant utilisée à foison dans les journaux et autres publications ? Existe t-il plusieurs crises ou une crise unique ? Quels espaces intègrent cet arc ? Nous vous proposons de comprendre un peu mieux ce concept ICI
ps : L'Alliance accueille toutes les contributions extérieures : contact@alliancegeostrategique.org

mercredi 20 octobre 2010

La vraie taille de l'Afrique



Petit billet conseillé par Bénédicte Tratnjek du Blog Géographie de la ville en guerre.

L'artiste Kai Krause propose un collage de l'Afrique afin de montrer à quel point ce continent est vaste. Il existe bien des Afriques : le Pérou, l'Inde, la France, l'Allemagne, le Japon, la Suède, la Papouasie Nouvelle Guinée, l'Espagne, l'Italie, la Norvège, la Chine, les Etats-Unis, le Mexique, la Grèce, le Bangladesh, le Népal, le Royaume Uni ne suffisent pas à recouvrir toute la superficie du continent.

Consultez la carte ICI

vendredi 1 octobre 2010

Les lectures du week end

A lire sur la toile :
- "L’Afrique, un partenaire stratégique ?" par Amandine Gnanguênon, chargée d'études à l'Irsem
- "Mozambique: Balancing Development, Politics and Security" par Jeremy Astill-Brown and Markus Weimer (Chatham House)
- "Text Messaging as a Weapon in Nigeria" par Asch Harwood (Council on Foreign Relations)
- "Electoral violence in Nigeria" par John Campbell et Ralph Bunche
- " Viol de guerre : non à l’impunité" Entrevue de Fannie Lafontaine effectuée par Pascale Guéricolas

jeudi 30 septembre 2010

Sahel : recomposition des zones d'influence

Lundi dernier Thierry Garcin accueillait André Bourgeot (directeur d'études à l'EHESS) pour discuter de la recomposition des zones d'influence dans le Sahel (ICI).


Résumé : "Du Sénégal au Darfour soudanais, la bande saharo-sahélienne frappe par l’importance des distances, la pauvreté des grandes voies de communication (malgré les ancestrales routes des caravanes et les actuels trafics délictueux), les massifs montagneux localisés (Hoggar, Tibesti), la rareté de la végétation et de l’eau (sauf pour le fleuve Niger au Mali).

Monde hostile à l’homme, cette région constitue des « confins », des « marches », un limes aussi, à la tangence de plusieurs mondes. C’est le passage entre le désert et le Sahel puis la savane et la forêt, entre le monde arabe et le monde noir, entre l’islam et le christiano-animisme, entre les nomades (question touarègue spécifique) et les sédentaires. Les pays ont souvent des nords et des suds très différenciés voire contrariés. Le facteur ethnique peut jouer à plein. Et les capitales sont excentrées dans l’extrême-sud. L’unité ou l’identité nationale y est généralement très faible. Des ressources fossiles et minérales attirent les grandes compagnies internationales.

À noter aussi qu’en bordure, le Soudan devrait connaître une violente partition en 2011 et que la Corne de l’Afrique est profondément instable voire en partie démembrée (Somalie)."

samedi 4 septembre 2010

L’Allemagne a-t-elle une politique africaine ?

Drôle de question de prime abord quand on sait que l’Allemagne est une ancienne puissance coloniale et une puissance engagée dans la lutte contre le terrorisme, la piraterie, les missions de maintien de la paix au Soudan (Darfour et Sud Soudan), au Congo… Pourtant elle mérite d’être posée et il conviendrait même de se demander si l’Allemagne a déjà eu une politique africaine ?


Bien sûr l’Allemagne a gardé de solides liens avec l’Afrique du Sud et le Sud Ouest du continent (Namibie), des pays d’accueil des émigrants allemands. Mais finalement elle n’a jamais vraiment eu de politique africaine. Dans la période coloniale ses acquisitions étaient subordonnées à l’accord des britanniques et des français et cette question coloniale était toujours traitée comme une politique interne liées aux intérêts commerciaux. L’Afrique n’a été vraiment un sujet important que pour servir la propagande de la République de Weimar après le traité de Versailles.
L’Afrique n’est pas non plus une priorité après la seconde guerre mondiale. Ni Adenauer, ni Erhard, ni Schmidt, ni Kohl ne lui portent un grand intérêt. Les visites sont rares et réservées au Président fédéral, les représentations ont juste des pouvoirs protocolaires.
Aujourd’hui la politique africaine de l’Allemagne est surtout européenne et centrée sur le développement, même si cette politique a évolué depuis le Traité de Nice laissant une place plus large aux questions globales que sont la lutte contre le terrorisme et l’approvisionnement énergétique. La coopération culturelle est plus intense notamment avec l’initiative "Aktion Afrika" lancée en janvier 2008 (20 millions d’€ de budget en 2008 renouvelé en 2009) et l’augmentation du nombre d’Institut Goethe sur le continent. Elle donne une priorité au renforcement des capacités des organisations régionales par l’envoi d’expert auprès de l’UA, le financement d’audits, ou d’infrastructures. Les Allemands ont d’ailleurs construit le nouveau building paix et sécurité de l’UA (20millions d euros).
Malgré tout l’Allemagne a très peu d’initiatives seule et passe par l’UE le plus souvent, ou l’OTAN. Elle base la protection de ses intérêts sur ses bonnes relations avec la France, la Grande-Bretagne et les Etats-Unis. Comportement somme toute assez logique puisqu’après la seconde guerre mondiale la construction d’une politique étrangère allemande s’est faite sous l’égide des Alliés.
L’évolution la plus marquante de la politique étrangère est sa pacification. Pendant la guerre froide les missions hors du territoire national étaient constitutionnellement interdites.
De fait on peut se permettre des rapprochements avec la posture japonaise. En effet, pour la première fois depuis 1945 l’armée japonaise va installer une base à l’étranger (Djibouti) et l’Allemagne a ouvert en début d’année une ambassade dans le même pays. Pourtant les deux pays ont toujours semblé en retrait face aux évolutions majeures du continent. De même ils ont les mêmes priorités : développement de leur aide internationale, de leur modèle en matière de développement durable et renforcement de leur présence dans les organisations internationales. Pour les deux pays la route maritime passant par le détroit de Bab El Mandeb est d’un intérêt majeur et la piraterie touche leurs intérêts commerciaux. Sur les 20000 bateaux qui passent dans le détroit 10% sont propriétés ou contiennent des marchandises japonaises et 90% des exportations japonaises empruntent cette route. Les armateurs allemands représentent quant à eux la troisième flotte commerciale au monde (bien que 80% naviguent sous un autre pavillon…). Les deux pays recherchent aussi des débouchés pour leurs produits.
Cet intérêt naissant pour le continent n’est pas sans arrière-pensées : les deux pays ont besoin du soutien des pays africains s’ils souhaitent obtenir un siège permanent au Conseil de sécurité dans le cadre du « G4 » (Japon, Allemagne, Brésil, Inde).

jeudi 29 juillet 2010

Unité soudanaise et intérêts égyptiens



A méditer … sur vos plages : cette citation rappelant l’aspiration de Égypte à maintenir le Soudan sous sa dépendance en évitant que Khartoum ne devienne ni trop fort ni trop faible (démembrement).
« Si le Soudan fait naturellement et géographiquement partie intégrante de l’Egypte, l’Egypte n’en est pas moins essentielle pour le développement du Soudan. De quelle utilité seraient le sol riche et les racines qui en jaillissent si le tronc était coupé ? » (W.Churchill, 1956)

mercredi 28 juillet 2010

Good Morning Afrika s'engage pour la formation des humanitaires

Je vous l'annonçais le 12 mai ICI et l'actualité rend d'autant plus nécessaire les stages de formation pour les volontaires des petites associations qui partent dans des régions comme le Sahel. "Contrairement aux grandes ONG de type CICR, Médecins du Monde, Action contre la Faim, les volontaires de ces petites organisations ne reçoivent aucune formation destinée à les préparer à des situations extrêmes, telle la prise d’otage. Or, sur le terrain, les volontaires des petites structures font le même travail et sont exposés aux mêmes risques"(Otages du Monde)

Cet type de formation est proposée par l'association Otages du Monde aux petites associations bretonnes (30% des associations de solidarité de France) se tiendra à Saint-Ségal (29), près de Châteaulin avec le soutien du conseil général du Finistère et du conseil régional de Bretagne, les 5 et 6 novembre 2010, en espérant qu'elle puisse s'étendre au reste du pays. En effet, cette initiative, financée par les conseils général du Finistère et régional de Bretagne, est une première en France selon Mme Gauffeny, secrétaire générale de l'association.

Je devrais pour ma part participer à la formation avec une présentation du contexte géopolitique des régions africaines dans lesquelles vont se rendre les stagiaires.

Le stage comprendra aussi l’examen de la gestion de sa sécurité en mission et les attitudes à adopter en cas de prises d’otages. La session s’achèvera par des témoignages d’ex-otages dont celui de Pierre Camatte, retenu au Mali de novembre 2009 à février 2010.


Informations :
Contacter Martine GAUFFENY au 06 75 76 09 39

vendredi 21 mai 2010

La reine mère et l’Afrique

Ce billet est publié en parallèle sur Good Morning Afrika et sur AGS.
Le regain d’intérêt du Royaume-Uni pour l’Afrique date de l’arrivée au pouvoir de Tony Blair qui écrivait en 2006 dans un article de presse : « le monde doit nous juger sur l’Afrique » (1).


Ce renouveau d’intérêt s’est notamment traduit par la création d’un ministère autonome, le Department for International Development (DFID) qui remplace l’Overseas Development Administration (ODA). Et le rôle de ce ministère fut particulièrement salué lors de la crise en Sierra Leone, pour le rôle de coordinateur qu’il a su jouer au sein d’un organisme interministériel.
Politiquement la concurrence avec la France est réelle, notamment concernant la question de la prééminence sur le pôle de règlement des crises de la CEDEAO, malgré une approche commune et partagée. Les zones britanniques sont naturellement les zones issues de la colonisation. Cependant, comme les autres puissances, elle cherche à se diversifier.
Économiquement, les compagnies britanniques sont présentes dans les anciennes colonies où leurs intérêts sont restés importants. Les ONG agissant pour le continent dans le domaine de l’humanitaire sont nombreuses (Global Witness, Oxfam, International Alert ...). Les Églises anglicanes, baptistes et protestantes ont un poids politique non négligeable. Le Commonwealth permet à la Grande-Bretagne de conserver un leadership sur son « héritage colonial ». Ainsi sur 54 États membres 19 sont africains.


La prépondérance de l’influence britannique n’est pas remise en cause en Sierra Leone où la Grande-Bretagne a fortement participé à la reconstruction de l’État après 2000, notamment sur le plan sécuritaire (avec la formation de 8000 policiers). Cet effort s’inscrit dans le temps avec la signature, en 2002, d’un Long Term Partnership Agreement. Par ailleurs la Grande-Bretagne souhaite s’appuyer sur le Nigeria, son ex-colonie pour étendre son leadership sur la région (CEDEAO en particulier). Les réserves pétrolières y sont exploitées par l’anglo-néerlandaise Royal Dutch Shell et le britannique British Petroleum. Mais le Nigeria est également devenu une zone d’importance majeure pour les États-Unis et l’influence britannique tend à décliner à leur profit.
Le Kenya, ancienne colonie britannique, est une zone dans laquelle les britanniques ont une capacité à imposer leur vision. Il y demeure beaucoup de colons d’origine britannique, et le pays vit essentiellement du tourisme qui a cependant souffert des attentats terroristes de 1998 à Nairobi et 2002 à Dar es Salam. Dans le domaine militaire, une British Peace Support Team permanente a été installée pour soutenir l’école de maintien de la paix (Peace Support Training Center, PSTC). De plus, le Kenya sert à l’entraînement des troupes britanniques.
La Tanzanie est aussi une ancienne colonie britannique et fait partie du Commonwealth. Elle est la première bénéficiaire de l’aide au développement britannique en Afrique.
Nous ne pouvons pas passer tous les pays en revue mais nous pourrions nous pencher également sur les cas du Ghana, ou du Soudan, ancienne colonie britannique, où la Grande-Bretagne, a soutenu activement le processus de paix inter-soudanais par l’intermédiaire de la Troïka américano-britannico-norvégienne et a assuré en grande partie le financement du projet de référendum d’autodétermination du Sud-Soudan, du Liberia où l’ONG Oxfam est très active, de l’Ouganda dans les premiers bénéficiaires de l’aide au développement , de l’Afrique du Sud où la Grande Bretagne entre en concurrence avec les États-Unis, la France et l’Allemagne et la Chine. Enfin, le Botswana, la Namibie, le Mozambique et la Zambie sont des pays dans lesquels la Grande-Bretagne est présente depuis longue date. Le cas du Zimbabwe est singulier. Cette ancienne colonie est en rupture de ban avec Londres pour avoir dépossédé de leurs terres les fermiers blancs lors d’une réforme agraire. Il a quitté le Commonwealth en 2003. Le Malawi reçoit à lui seul plus d’aide au développement que l’Afrique australe : 52 millions de livres en 2002-2003 contre 39,7 millions pour toute l’Afrique australe durant la même période.
Au niveau de la coopération, les britanniques s’appuient officiellement sur les principes de respect des Droits de l’homme et d’une bonne gouvernance dans la ligne des idées développées par le parti travailliste. Sous l’égide du DFID toute la politique africaine de la Grande-Bretagne a été revisitée. Mais le réalisme politique prime toujours. Ainsi les relations avec le Nigeria n’ont jamais été remises en questions malgré les massacres de populations au Nord et au Sud. De même avec l’Ouganda pour les questions de gouvernance ou avec le Kenya pour la corruption.
La coopération militaire semble, par certains côtés, assez similaire à celle mise en place par la France avec : des attachés militaires britanniques et des cadres britanniques formateurs dans les pays anglophones. L’un des points d’application de cette formation concerne la formation au maintien de la paix mais ces programmes (BPST, les BMATT, l’IMATT, le Defence Public Service Agreement (PSA)) sont très réduits comparés aux programmes français ou américains. La coopération concerne aussi l’accueil de stagiaires au Royaume-Uni, la participation à des opérations de l’ONU (MONUC et UNMO en RDC, UNAMSIL en Sierra Leone, UNMIL et UNMO au Liberia, enfin UNMEE en Éthiopie). Par ailleurs la Grande-Bretagne utilise les zones désertiques du nord Kenya pour entraîner ses troupes au combat en zone aride (comme la France à Djibouti.
Nous l’avons vu l’histoire de la colonisation anglaise et des relations difficiles avec la France a encore aujourd’hui des prolongements dans le partage des zones d’influence.
(1) Lire notamment Alex Vines et Tom Cargill, « « Le Monde doit nous juger sur l’Afrique ». L’héritage africain de Tony Blair », in Politique Africaine, n°101, avril 2006, p.132-147

dimanche 16 mai 2010

Partage des eaux du Nil : l'Egypte refuse toute négociation

L’Ethiopie, l’Ouganda, le Rwanda et la Tanzanie ont le 14 mai à Entebbe (Ouganda) un nouvel accord sur le partage des eaux du Nil, malgré le boycott de l’Egypte et du Soudan, et en l’absence du Burundi et de la République démocratique du Congo (RDC), pays du Bassin du fleuve. Dans une déclaration, le Kenya a affirmé son soutien au nouveau texte, sans le signer pour le moment.

L’Egypte et le Soudan, qui estiment avoir des « droits historiques » sur le Nil, et qui sont les principaux bénéficiaires du dernier traité de partage des eaux datant de 1959, n’étaient pas présents à la cérémonie. Les deux pays avaient clairement exprimé depuis plusieurs mois leur hostilité à ce projet de nouvel accord cadre. « Les accords sur le partage des eaux du Nil sont sacrés et ne peuvent être remis en question car ils relèvent du principe de l’intangibilité des frontières », a déclaré Hossam Zaki. Le porte-parole du ministère égyptien des Affaires étrangère a estimé que l’accord signé entre quatre pays aux sources du Nil à Entebbe n’était pas contraignant pour l‘Egypte. La presse cairote de ce samedi révèle que les autorités égyptiennes ont commencé une campagne auprès des bailleurs de fonds internationaux pour empêcher la réalisation de tout projet pouvant réduire son quota. Avec 55 milliards et demi de mètres cube par an, l’Egypte dispose de plus de la moitié du débit du Nil.
Le traité actuel a été conclu en 1929 entre l'Egypte et la Grande-Bretagne coloniale, puis revu en 1959. Il accorde aux Egyptiens un quota de 55,5 milliards de m3 et de 18,5 mds aux Soudanais, soit au total 87% du débit du fleuve calculé à la hauteur d'Assouan, en Haute-Egypte. Le Caire dispose en outre d'un droit de veto sur les travaux en amont susceptibles d'affecter le débit du fleuve, comme des barrages, des stations de pompage ou des installations industrielles pour l'irrigation. Or 85% du Nil provient du territoire éthiopien. Addis-Abeba souhaiterait imposer sa vision de l’aménagement du Nil en empêchant Le Caire de réaliser ses grands projets hydriques et en le forçant à s’asseoir à la table des négociations.
Avec une population de 80 millions d'habitants -la plus importante du monde arabe- en forte croissance, les besoins en eau de l'Egypte dépasseront en 2017 ses ressources hydrauliques, selon des statistiques officielles. L’Egypte est donc confrontée à un stress hydrique, démographique et social. Le pays doit se tourner vers le Nil et réaliser des projets très couteux, qui ne seront pas sans incidence sur les autres nations en amont. Ainsi, le barrage d’Assouan (1971), entre l’Egypte et le Soudan suscite quelques tensions.
Pour Hani Raslan, du Centre al-Ahram d'études stratégiques du Caire, "la seule solution réside dans la coopération" autour notamment de 22 projets en matière d'énergie, d'irrigation ou d'économies d'eau examinés dans le cadre de l'Initiative du Bassin du Nil (IBN), qui regroupe tous les pays concernés. En coulisses, les diplomates égyptiens font observer que les pays africains de l'amont ont peu de chances de trouver les financements internationaux nécessaires pour de grands travaux sur le fleuve s'il n'y a pas consensus entre les pays du bassin. Le ministre égyptien de l'Eau et de l'Irrigation, Mohammed Allam, a quant à lui affirmé devant le Parlement que l'Egypte "se réserve le droit de prendre toutes les mesures pour défendre ses droits".
"Les Égyptiens se comportent avec les Africains comme ils reprochent aux Israéliens de le faire avec les Palestiniens: ils disent vouloir négocier, mais sans rien céder sur les questions épineuses", ironise un diplomate occidental au Caire.

Rappelons quelques éléments géopolitiques.
Avec ses 6671 km, le Nil est le plus long fleuve du monde. Il prend sa source dans la région des Grands Lacs. Son bassin couvre une superficie équivalente à six fois la France (3 030 700 km ²) et ses affluents s’étendent sur dix pays. L’irrigation et la production hydro-électrique constituent les principaux enjeux de ce fleuve.
Plus d’informations sur l’aspect juridique du partage des eaux : ICI

vendredi 14 mai 2010

Perspectives régionales d'une indépendance du Sud Soudan


Au début des années 90 aucun chercheur n'avait travaillé sur les conséquences des bouleversements qui touchaient la Corne de l'Afrique (chute de Siaad Barre en Somalie, chute Menguistu en Éthiopie, naissance d'un nouvel État : l'Érythrée, guerre civile à Djibouti). Peu de recherche aujourd'hui traite des conséquences régionales de la naissance d'un nouvel Ethan en Afrique. L'ICG nous propose un rapport sur le Sud Soudan: Regional Perspectives on the Prospect of Southern Independence.



Résumé :
South Sudan is just eight months away from a self-determination referendum that will likely result in its secession from the North. Much remains to be done to implement the outstanding elements of Sudan’s Comprehensive Peace Agreement (CPA), and time is running out. The agreement’s underlying aim of “making unity attractive” has failed, and most Southerners thus appear determined to choose independence. Neighbouring states are increasingly focused on the fragile circumstances in Sudan and the likelihood of a newly independent state in the region. Support from Sudan’s neighbours for the referendum process and respect for its result will be crucial to ensuring peace and stability in the country and the region.

Kenya, Uganda, Ethiopia, and Egypt are among the immediate regional states that matter most, as well as Eritrea and Libya. If a credible referendum is held in accordance with the CPA and the Interim National Constitution, and Khartoum endorses the process, recognition of a new Southern state should prove relatively uncomplicated for the region and CPA signatories more broadly. If, however, the process does not go according to plan – particularly if Khartoum attempts to manipulate, deny or delay the exercise or its result – regional states and institutions will need to consider how best to respond to ensure respect for the CPA and the right of self-determination and to avoid a new conflict. Not enough planning is being done in this regard.

Each border state has interests at stake and will be directly affected by either peaceful separation or a return to conflict. Despite differing views on unity, all are likely to accept the referendum on self-determination and honour its outcome, provided it goes ahead as planned. While the decision of the South Sudanese is paramount, strategic considerations will undoubtedly play a role in how each state responds if the process is disrupted. Responses will depend largely on circumstances and events, but an assessment of historical relationships, recent engagement and strategic interests sheds light on the positions of the key regional actors.

Having hosted and led the regional Intergovernmental Authority on Development (IGAD) peace process that yielded the CPA, Kenya has a particularly strong interest in seeing it implemented successfully. As the economic powerhouse in the region, it stands to benefit from the development of a considerable market and major infrastructure in the South, including as a conduit for oil. Kenya long managed to be pro-South without being anti-North, but diplomatic relations with Khartoum have shown signs of strain as its Southern leanings have become increasingly clear.

Uganda, the most unambiguous supporter of independence, seeks a stable buffer on its northern border, not least to ensure that the Lord’s Resistance Army (LRA) insurgency does not return to its doorstep. Trade has tripled in recent years with the South, which is now the largest importer of Ugandan goods. While the official policy is respect for the CPA and the will of the Southern people, some officials in Kampala are privately encouraging independence.

Egypt prefers unity and has arguably done more than Khartoum to make it attractive. It opposed including self-determination in the CPA talks, preferring instead to promote its own initiative premised on unity. It has recently redoubled diplomatic efforts to prevent partition, in part because it fears a new state – and an unstable one at that – could pose a threat both to regional stability and its precious supply of Nile water.

While its support to South Sudan is evident, Ethiopia has multiple interests to balance, so it is careful to toe a neutral line on independence. It provided military support to the SPLM in the 1990s, in part to counter Islamist elements in Khartoum whose destabilizing activities posed a threat to Ethiopian and regional security. Regional security remains its primary concern, given the volatile situation in Somalia, continued confrontation with Eritrea and its own domestic fragility. Addis can afford neither renewed war in Sudan nor to antagonise Khartoum, lest it find itself with another hostile neighbour. It supports the right of self-determination and will respect independence but is more likely to seek a common regional position than be out front on any difficult decisions if the process is derailed.

As with other foreign policy issues, Libya’s Sudan policy is driven personally by Muammar Qaddafi, and unsurprisingly, the outspoken Colonel has proven unpredictable on this issue. While he has several times pledged support for Southern independence, he has also cautioned Juba on the dangers of forging a new state. Eritrea’s position on Southern independence is likewise unreliable. During the last civil war, Asmara and its army provided critical backing to the SPLA/M (Sudan People’s Liberation Army/Movement) and other opposition groups in Sudan, supporting regime change in Khartoum. However, Isaias Afwerki’s recent actions indicate that his policy may be driven more by self-preservation than principle. Increasingly isolated in the region and beyond and in need of economic assistance, Asmara’s dwindling list of allies has led it to a rapprochement with Khartoum.

The referendum is to be held six months before the end of the CPA’s six-year Interim Period. If Southerners choose to go their own way, it is during the ensuing half-year window that any disputes over, as well the transition to, independence must be resolved. While pragmatic tones are emerging in Khartoum, attempts to delay or derail the exercise are not out of the question. Neither the SPLM nor its regional supporters want a unilateral declaration of independence (UDI). The SPLM is aware of the risks that would accompany it and is working hard to avoid such a scenario. But if pushed into a corner, the possibility of UDI is very real.

If either side abrogates the CPA, a return to conflict is likely and would undoubtedly affect the region and draw in some of its militaries. This must be avoided. Regional actors will face a delicate task in calibrating their response if the referendum is denied or its result contested, including the possibility of extending recognition to the South. The broader international community will seek to adjust its response in light of African opinion. Policy coherence between IGAD and the African Union (AU) is crucial. IGAD’s members will likely be the first to make any recommendations regarding Southern Sudan’s post-referendum status, but ensuring AU participation in, and ultimate backing of, that policy is crucial if an independent South is to secure maximum legitimacy. The weight of the AU – an instinctively pro-unity institution – and the importance of its recognition cannot be ignored. The AU High-Level Implementation Panel (AUHIP) can play a leading role in lining up the body’s 53 member states in support of realities on the ground.

Regional states must prepare for South Sudan’s possible independence by engaging Khartoum and Juba on practicalities of the referendum and peaceful implementation of its outcome. This includes insistence per the March 2010 IGAD summit communiqué calling for the referendum commissions to be established by May 2010 and reiterating firm support for the referendum timeline. Preparations should include clear modalities for extending official recognition to the South if it votes for independence and developing policy responses to alternative scenarios, including UDI. In the event of disputes over the referendum or its result, regional states should engage the AUHIP and IGAD to ensure the right of self-determination is fully respected and modalities for implementation of its outcome are agreed.

samedi 8 mai 2010

La politique africaine de la Libye (2/2)

II.Des actions d’une grande diversité sans réelle cohérence

Marginalisé dans le monde arabe, M. Kadhafi s’est tourné vers l’Afrique, se déclarant africain avant tout. C'est sa façon de jouer un rôle à l’échelle du continent et de tenter d'exister sur la scène internationale. Cette stratégie s’est déployée de manière chaotique, mais la pénétration de l’Islam en Afrique est aujourd’hui incontestable.


a) L’échec de l’action militaire directe
L’intégration par la conquête militaire a été sans aucun doute le premier objectif de Kadhafi. En témoigne la conquête et l’occupation temporaire du Tchad au début des années 1980 qui a tourné au fiasco militaire pour les forces armées libyennes. Cette incursion a obéi à une analyse stratégique, Kadhafi voulait se protéger d’éventuelles incursions soudanaises en agrandissant son territoire au Sud dans la bande d’Aozou. Cet échec n’a pas fait renoncer le Président libyen à sa volonté de domination militaire, pas plus que le raid punitif américain qui a tué son fils et détruit sa résidence, mais il l’a fait plus prudemment : il est arrivé accompagné de plus de 3 000 soldats en 1997 au Tchad où il n’est pas resté plus d’une semaine, il a installé en 1997 et 1998, des bases militaires en Centrafrique et à Gbadolite au Nord de la République Démocratique du Congo pour soutenir la rébellion, positions qu’il a abandonnées après une nouvelle défaite militaire cuisante près de Gbadolite. La Libye n’avait pas vraiment les moyens de ses ambitions et à perdu, avec la chute de l’URSS, le principal soutien de ses actions en Afrique.
Elle a tenté de repositionner sa politique étrangère en utilisant la médiation plutôt que l’intervention militaire pour poursuivre sa politique d’influence sur le continent. Ainsi on peut penser que la Libye est passé d’une stratégie de puissance , à une stratégie d’influence assimilée au Soft Power qui « consiste à tenter d’abord d’obtenir par la persuasion séductrice les résultats que l’on pourrait aussi atteindre par la force. Il s’agit d’amener les autres à adhérer à des normes et des institutions qui incitent ou induisent au comportement désiré. Le Soft Power peut prendre appui sur la capacité d’établir l’ordre du jour de manière à façonner les préférences des autres » .

b) Un leadership politique qui peine à s’imposer
La politique internationale du Guide résulte d’une ambition personnelle et d’une volonté de domination sur l’Afrique. Le régime cherche, notamment dans le cadre de l’Union Africaine, à fédérer les États africains. D’ailleurs c’est en partie sous l’impulsion de la Libye que l’Organisation de l’Unité Africaine (1963), en perte de vitesse, a été remplacée en 2002 par l’Union Africaine. Aujourd’hui son projet d’Etats-Unis d’Afrique est soutenu par certains obligés de la Libye , mais refusé par de nombreux pays, menés par l’Afrique du Sud et le Nigeria.
Après avoir refusé en 2004 la présidence de l’Union Africaine « parce qu’il pensait qu’il devait aider l’Afrique à réaliser son unité continentale indépendamment de toute position officielle », le « Frère Guide de la Grande Jamahiriya arabe libyenne populaire et socialiste, Roi des rois africains » (tel qu’il a demandé à être appelé après son élection à Benghazi par les chefs traditionnels du continent les 28 et 29 août 2008) a accepté la présidence en 2009 et s’est réinvesti dans la gestion des conflits. Il a notamment défendu une position différente de celle du Conseil de Paix et de Sécurité de l’Union Africaine, en prônant la non-application de sanctions contre la junte putschiste du général Mohamed Ould Abdel Aziz.
Malgré tout, les deux vecteurs de l’interventionnisme sont plutôt d’ordre économique et idéologique.

c) Les pétrodollars : soutien au prosélytisme religieux
Le discours sur le panarabisme étant moins porteur Kadhafi a réactivé la composante religieuse de sa rhétorique. Il paraît vouloir étendre son influence sur les États les plus fragiles pour ensuite les dominer de manière plus progressive et lente. Ainsi l’influence libyenne se développe vers trois ensembles géographiques : d’abord vers les pays du Sud. Naturellement le Tchad, pays proche, puis la République Démocratique du Congo, via la Centrafrique et même des ramifications en Afrique du Sud. La Libye aimerait un plus grand rapprochement avec le Niger et le Tchad car elle y a une volonté de regroupement hégémonique, qu’elle a tenté d’accomplir par des moyens militaires, mais qui désormais passe par les moyens économiques. Elle finance aussi des projets au Cameroun, au Gabon et au Nigeria. Ensuite vers l’Afrique de l’Ouest : la Sierra Leone et le Liberia , via le Niger, le Burkina Faso et la Côte d’Ivoire. Afin de favoriser l’expansion musulmane elle essaie de créer une emprise islamique dans cet axe. La Mauritanie et le Sénégal restent assez méfiants face aux velléités d’expansion libyennes. Enfin, vers l’Afrique de (notamment en Somalie) malgré une concurrence avec l’Égypte et des réticences de certains pays comme le Soudan.
Il convient de rappeler que la situation économique libyenne est liée naturellement aux ressources, mais aussi aux choix politique du régime. Le pétrole est à la fois la richesse et l’arme de la Libye. La production se situe entre 1,3 à 1,7 million de barils/jour (11ème rang mondial) qu'elle ambitionne de porter à 3 millions b/j à l'horizon 2010. Les réserves estimées à environ 43 milliards de barils. Ce pétrole représente 95% des exportations et un tiers du PNB. Outre l’achat d’armes, la manne pétrolière autorise de grands travaux lancés au nom de la diversification de l’économie. Le pays possède des réserves de gaz de 1.500 milliards de m3 pour une production de 2.600 millions de pieds cubes par jour.
Le pays n’a que des échanges économiques limités en termes de volume et de finances avec l’Afrique. Ce mobile ne joue donc qu’un rôle secondaire, voir mineur, dans la politique d’influence libyenne. En outre, le développement économique du pays est freiné par l’étroitesse économique et le manque de main d’œuvre. L’appel à l’immigration est donc indispensable. On compterait près de 50% de main d’œuvre étrangère venant d’Afrique, du Maghreb et d’Asie. Cet afflux de main d’œuvre est un moyen de pression considérable sur les pays d’origine économiquement dépendants des devises de leurs immigrés et menaces de déstabilisation politique en cas de retour massif de ces populations. La Libye oscille entre répression et tolérance à l’égard de cette population. En effet, un rapport de l’ONG Human Rights Watch du 12 septembre 2006 intitulé « Endiguer la marée : exactions à l’encontre des migrants, des demandeurs d’asile et des réfugiés » dénonce les traitements infligés aux ressortissants subsahariens par les autorités libyennes. Pour justifier la répression les Libyens reprochent aux étrangers d’être responsables de la progression de la criminalité et de la propagation de certaines maladies (notamment le Sida).
Kadhafi utilise donc ses moyens financiers pour aider à l’islamisation du continent notamment par le canal d’une organisation la Daawa Islamiyya (la Pastorale islamique) qui fait du prosélytisme religieux en distribuant des denrées alimentaires, des médicaments….dans les pays pauvres du Sahel mais aussi en construisant dans chaque capitale des mosquées et des instituts de formation d’imams locaux. Les méthodes sont d’une grande diversité : des dons ou prêts financiers aux régimes amis qui deviennent des obligés du Guide aux ONG soutenues par la Libye qui disposent de fonds très substantiels pour attribuer des aides réservées aux musulmans africains.

Kadhafi n’a pas de politique panafricaine car il n’a pas de stratégie pour le continent. Ses objectifs sont assez flous et difficiles à cerner. Il n’a pas renoncé à jouer un rôle primordial en Afrique, mais a dû abandonner son soutien officiel au terrorisme. Seul constante : son désir de vouloir nuire aux intérêts occidentaux.
Depuis la disparition du président gabonais Omar Bongo, le colonel Kadhafi n’est pas le plus âgé mais le plus ancien chef d’Etat africain. Alors qu’il fête cette année le 40ème anniversaire de la « révolution » libyenne, on est en mesure de s’interroger encore et toujours sur les bienfaits de son influence sur le reste du continent car plutôt qu’un « Guide » c’est d’un véritable leader, sur le plan démocratique, dont a besoin le continent.

jeudi 6 mai 2010

La politique africaine de la Libye (1/2)

Je complète sur ce blog le billet publié en parallèle sur AGS :

La Libye est le quatrième plus grand Etat d’Afrique en superficie (1 757 000 km²) mais 14 fois moins peuplée que l’Egypte, riche d’un pétrole (40% des réserves africaines, 2ème exportateur du continent) qui lui permet toujours de peser politiquement. Elle bénéficie d’une situation privilégiée sur la façade méditerranéenne mais ne néglige pas le poids de sa partie continentale. En effet, le désert s’étend sur la quasi-totalité du territoire et la circulation de nomades dans cet espace n’est pas sans répercussion sur les intentions géopolitiques du pays. Carrefour entre le Maghreb (Maroc, Algérie, Tunisie, auxquels on ajoute parfois la Mauritanie et le Soudan) et le Moyen Orient, la Libye est faite d’une profonde dualité culturelle : arabité et africanité. Dans un ouvrage publié en 1986 M. Kadhafi déclarait : « Les pays africains et les pays arabes connaissent une situation analogue, sinon identique, d’autant que plus de la moitié des peuples arabes vit en Afrique ? » Ainsi l’idéal de l’unité africaine se trouvait dès l’origine en filigrane de la politique africaine de la Libye.

Ce billet propose de répondre à une interrogation principale : le colonel Kadhafi a-t-il une politique panafricaine ? Il convient pour y répondre de comprendre comment se manifeste la politique d’influence de la Libye en Afrique, vers quels pays est-elle dirigée, quels sont les vecteurs de cette influence ? Nous nous proposons d’analyser la portée idéologique de cette politique puis les vecteurs de l’influence libyenne sur le continent noir.


I.Une politique éminemment idéologique

a)Une vision unioniste et tribale


La politique d’influence libyenne est conçue et dirigée par le Colonel Kadhafi. La République arabe libyenne a pour principes fondamentaux : la liberté, l’union, la justice sociale et fait référence à l’Islam et à l’arabisme. L’idéologie kadhafiste se fonde aussi sur une volonté unioniste contre ce qu’il considère comme l’ennemi sioniste et contre l’Occident accusé d’avoir divisé le monde arabe. En 1974 il déclare : « la lutte contre Israël est éternelle » et en 1978 : « Nous sommes des unionistes depuis 1959, date de la constitution du mouvement des officiers unionistes libres. L’unité arabe est un destin, un objectif et en même temps une nécessité impérieuse. Nous avons peiné pour l’unité arabe et nous avons payé le prix depuis que nous étions étudiants en 1961, lorsque nous vivions sous les menaces de la persécution. L’unité est notre manière d’entrer en politique et elle en est la justification ». Dans les années 1969-1975 la Libye soutient de nombreux mouvements de libération dans le monde et tout particulièrement dans son voisinage africain : le Frolinat au Tchad, les Erythréens, les colonies portugaises, l’ANC en Afrique du Sud. Cet activisme pousse plusieurs pays d’Afrique à rompre leurs liens avec Israël. L’unionisme est une composante fondamentale de la politique de Kadhafi et un axe essentiel de son action politique.
En 1977, M. Kadhafi annonce la Jamahiriya (assemblée triviale) et publie le Livre Vert qui se veut une « troisième théorie universelle », différente du capitalisme et du marxisme, se fondant sur la société tribale bédouine, l’arabisme selon sa version nassérienne et la religion musulmane. H. Bleuchot considère que la tribu a joué un rôle fondamentale dans l’élaboration du Livre Vert : « la conception de Kadhafi (..) est celle-ci : le lien sociale véritable et naturel est celui du sang. L’individu est lié aux autres d’abord et avant tout à sa famille. La tribu est à son tour une famille élargie et la nation un groupe de tribus. Voilà la société naturelle. On a reconnu la société bédouine traditionnelle » .
Kadhafi s’est voulu l’héritier de Nasser et a voulu porter l’arabisme après la disparition de celui-ci en 1970. En effet, dans les années 1960 et 1970 on observe un grand rayonnement de la pensée nassérienne. Pourtant le moteur de la vision unioniste de Kadhafi diffère de celui de Nasser pour qui le projet d’unité était beaucoup moins utopique et correspondait davantage à des motifs stratégiques d’incarnation du leadership arabe . Djaziri paraphrase Sivan en considérant que le projet unitaire kadhafien comme un mythe politique arabe comme l’est l’islamisme . Les tentatives d’union qu’il proposera avec la Tunisie, le Maroc, l’Egypte et d’autres pays ne sont pourtant pas des succès (Soudan-Egypte en 69 , Egypte-Syrie en 71, Egypte en 72, Tunisie en 1974, Syrie en 1980, Tchad en 1981, Maroc en 1984, Soudan en 90). Citons également une tentative d’union régionale : la MENA (Middle East and North Africa). Elle obéit sur le plan régional à une logique d’emboitement de centres (capables d’exercer une influence politique, économique, démographique ou religieuse au niveau régional comme l’Arabie Saoudite, l’Egypte, l’Iran, la Turquie et Israël) et de périphéries (inégalement intégrées au système mondial dont fait partie la Libye). En effet, les économies de la MENA restent dans l’ensemble marginalisées, périphériques et peu compétitives. Ainsi, le PIB de la Ligue arabe avec 870 milliards de dollars en 2005 est inférieur à celui de l’Espagne . Aucune puissance régionale ne parvient à fédérer la région. Plusieurs logiques partagent ces pays : l’unité arabe avec la création en 1945 de la Ligue arabe encore fragile ; l’OPAEP (Organisation des pays arabes exportateurs de pétrole) qui s’est effondrée dans les années 1980 ; l’Union du Maghreb arabe créée en 1989 mais paralysée par les tensions régionales (Sahara Occidentale) ; le Gafta ou Great Arab Free Trade Area qui réunit 17 membres de la Ligue arabe sur 22 et entré en vigueur en 2005 mais qui pâtit de la faiblesse des échanges dans la zone ; l’Organisation de la Conférence islamique elle aussi ralentit par les rivalités interétatiques.

Actuellement le mouvement panarabe est fortement battu en brèche par la montée récente de l’islamisme. L’arabisme, l’idéologie officielle des pouvoirs en place, a perdu de son potentiel révolutionnaire.


b)La promotion d’un islam réformiste


Kadhafi est partisan d’un islam réformiste et surveille la menace représentée par les mouvements islamistes notamment celui des Frères musulmans. La Libye fait néanmoins partie de l’Organisation de la conférence islamique. Ses thèses socialistes trouvent, selon lui, leurs fondements dans le Coran. Cet islam socialiste est théorisé dans le livre vert. Ces oppositions tendent à isoler la Libye des Etats défenseurs d’un islam orthodoxe notamment l’Arabie Saoudite, qui est allée jusqu'à financer les projets américains de déstabilisation du régime. Le guide joue des affrontements entre chiites et sunnites en critiquant le régime saoudien qui « vise les chiites et complote contre le Hezbollah, la fierté de l’islam, des Arabes et de la résistance contre Israël ». Le 31 mars 2007 le Guide a même appelé dans un discours prononcé au Niger en présence des chefs de tribus Touareg, à l’établissement d’un second Etat fatimide chiite en Afrique du Nord, sur le modèle de l’Empire fatimide (10ème- 13ème siècle) qui regroupait l’Afrique du Nord, l’Egypte et une partie du Croissant fertile. Cependant les Saoudiens se sont réconcilier au Sommet de Doha (1er avril 2009) avec les Libyens mais une lutte d’influence se ressent toujours entre la Libye, l’Arabie Saoudite et même l’Iran.

c)Une constante : l’hostilité à l’égard de l’Occident


Le « Guide » libyen n'hésite pas à user et abuser d'une rhétorique populiste anti-blanc ou anti-occidentale et se faire passer ainsi pour le champion de la lutte contre le néocolonialisme. En cela, il trouve des opportunités lorsqu'un pays africain a des différents avec son ancienne métropole (Côte d'Ivoire ou Zimbabwe par exemple).
Son interventionnisme sur les différentes scènes internationales a toujours traduit une volonté de réduire l’influence occidentale et de faire progresser ses objectifs unitaires. Les positions propalestinnienne du leader libyen l’ont très vite opposé aux Etats-Unis et à Israël. A la suite d’un processus de reconnaissance et de recherche d’acceptabilité internationale, l’ONU et l’Union européenne ont levé leurs sanctions en septembre 2003, et le 15 mai 2006 les Etats-Unis ont retiré la Libye de leur liste des états terroristes. Mais il faut attendre juillet 2007 et la résolution de l’affaire des infirmières bulgares et fin 2008 l’indemnisation des victimes des attentats aériens pour que le Guide trouve un semblant de respectabilité.

mercredi 27 janvier 2010

Le Nigeria au bord de l'implosion ?

Un article sur le Nigeria parut en parallèle sur le site Alliance stratégique.



Un président hospitalisé depuis le 23 novembre en Arabie Saoudite, un vice-président chargé par la Haute Cour fédérale d’assurer les pouvoirs du chef de l’État jusqu’à son retour, des affrontements entre factions de la secte islamiste Kala-Kato fin décembre, des Nigérians placés sur la liste américaine des passagers à surveiller après la tentative d’attentat d’Umar Farouk Abdulmutallab, des centaines de morts à Jos (au centre du pays) lors d’affrontements entre chrétiens et musulmans… Qu’arrive t-il au Nigéria ? Le leader régional est-il en passe d’imploser ?


Sur le plan interne


Eléments de géopolitique interne : l’une des particularités du Nigéria est d’avoir été construite par le colonisateur britannique sur la base de la juxtaposition au sein d’un même territoire de deux aires géographiques (aires soudanaise et guinéenne). Bien qu’associées, ces deux parties ont été maintenues dissociées au niveau géographique, politique et administratif jusqu’à l’indépendance du pays. Effectivement, le Nigéria est partagée en trois avec au Nord les Haoussas et les Fulanis qui sont des musulmans, à l’Est les Ibos (catholiques) et à l’Ouest les Yorubas (autant de musulmans que de protestants), auxquels il faut ajouter près de 250 ethnies. Il existait différents cercles de colonisation, en fonction de la population et des intérêts économiques. Par exemple, le littoral était exploité directement par les Anglais alors que l’intérieur du pays l’était par l’intermédiaire des autorités locales. Le problème récurrent est donc de maintenir l’unité entre ces trois parties régionales qui luttent pour le contrôle du centre fédéral. Par ailleurs, il convient de relativiser ce modèle d’opposition géopolitique car au sein même des régions les divisions sont courantes (exemple : Biafra 1967).
Avec ses trente-six États et ses soixante-quatorze gouvernements locaux, le pays reste fragile, les forces centrifuges et le pouvoir central sont constamment en lutte et l’État fédéral a été remanié à plusieurs reprises depuis 1967 afin de satisfaire les demandes de partage émanant des minorités désireuses d’avoir un État propre (douze États en 1967, dix-neuf en 1976 puis vingt et un en 1988, trente en 1991 et trente-six en 1996).


Napoléon considérait que la puissance des États est dans leur géographie, l’important est la maitrise de l’espace. Or, avec 20 % de Yorouba, 18 % d’Ibo et 28 % d’Haoussa-Foulani, la population nigériane est autant un élément de puissance qu’un facteur déstabilisateur. Les problèmes ethnico-religieux internes renforcent l’idée que le Nigéria ne saurait réguler les comportements régionaux tant que sa situation interne n’est pas stable. À moins de sombrer dans une situation de type libanais, le Nigéria doit encourager les positions laïques. Mais une telle nécessité ne séduit pas les intégristes des différentes religions, notamment les fondamentalistes islamiques qui ont installé la charia (loi islamique) dans les États du nord. On assiste d’ailleurs à une radicalisation de l’islam nigérian. Le pays concentre le plus grand nombre de mouvements islamistes de la région (six sont listés par les services de sécurité nigérians). Une estimation globale indique que les islamistes radicaux représenteraient environ 20 % de la population musulmane, estimée à 60 millions environ. Un des grands enjeux reste la bonne intégration du nord-Nigéria, qui voit à la fois progresser l’application de la charia et qui doit lutter contre le déclin économique.

Par ailleurs, les progrès dans l’éducation et la santé ont été mineurs ces dernières années, le pays s’est avéré incapable de résoudre le problème chronique de la pénurie d’électricité et de produits dérivés du pétrole. Le trafic de drogue, le crime, les pogroms interethniques, les affrontements armés de factions militaires, les agressions, les vols et piratages, les réactions immédiates de justice expéditives sont en recrudescence. L’agriculture est tombée en déliquescence et le pays est devenu un grand importateur de denrées alimentaires. L’éducation et les systèmes de santé se sont effondrés. Le développement humain reste très modeste (158ème pays sur 182 d’après l’Indice de Développement Humain 2009). L’économie du Nigéria est fortement dépendante de l’industrie pétrolière qui représente près de la moitié du PIB, 95 % des exportations et plus de 70 % des recettes budgétaires. Les potentialités économiques et le poids démographiques du pays tranchent avec son état général. Le Nigéria est un pays très corrompu (130ème place sur 180 pays selon Transparency International en 2009), l’économie informelle place le pays au troisième rang des pays africains pour l’importance de ce secteur (58 % du PIB global en 1999-2000) et les chiffres officiels ne donnent pas une idée réelle de la situation du pays.

Sur le plan extérieur


Dans la région, le Nigéria est doté d’un fort potentiel particulièrement au regard des facteurs traditionnels de la puissance (démographie, espace, dispositif militaire, ressources). Le pays est considéré comme un « poumon économique » en Afrique de l’Ouest : sa population représente 25 % de la population africaine et 65 % de celle de la CEDEAO, ses exportations de produits manufacturés et son économie informelle (vente de produits pétroliers de la contrebande dans la région) sont importantes. Les Nigérians sont presque vingt fois plus nombreux que les Béninois et les Tchadiens (sept et huit millions d’habitants respectivement), plus de dix fois plus nombreux que les Nigériens (11 millions) et huit fois plus que les Camerounais (16 millions). Plus grand, plus riche le Nigéria a tendance à « aspirer » ses voisins.

En tant que puissance régionale, le Nigéria aspire à devenir le leader des pays qui l’entourent. Cependant, son inscription dans le monde anglophone l’isole des pays francophones voisins. Il se veut africain mais sa participation à l’OPEP renforce les liens de ses musulmans avec le Moyen-Orient ou le Maghreb.

Le géant régional contribue à promouvoir la CEDEAO (Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest) basée à Abuja et l’ECOMOG (Economic Community of West States Cease-fire Monitoring Group, ou Brigade de surveillance du cessez-le-feu aussi appelé « Casques blancs »), le bras armé de la CEDEAO où les contingents nigérians sont les plus nombreux. Du coup l’Ecomog apparaît comme un instrument de la politique extérieure du Nigéria, l’ancien secrétaire général de l’ONU l’a reconnu : « La contribution du Nigéria à l’Ecomog est si importante que si elle devait décliner, c’est la viabilité militaire de l’organisation qui serait menacée ».


Cependant, les interventions nigérianes ne sont pas toujours exemplaires. En 2000, un rapport au conseil de sécurité de l’ONU rédigé par le major général Vijay Jetley, commandant de la Minusil (Mission des Nations Unies en Sierra-Leone), dénonçait la collusion entre le général nigérian de l’Ecomog et les rebelles du Front uni révolutionnaire : « L’armée nigériane voulait rester en Sierra-Leone, en raison des bénéfices substantiels qu’elle tirait du commerce illicite de diamants ».

La contribution du Nigéria au maintien de la paix en Afrique de l’Ouest et sur le continent n’est reste pas moins indéniable et le pays souhaiterait être récompensé de son investissement en obtenant un siège permanent au Conseil de sécurité de l’ONU. Le 5 janvier, il a obtenu une place de membre non permanent avec la Bosnie-Herzégovine, le Brésil, le Gabon et le Liban. Le nombre de missions onusiennes auxquelles les soldats nigérians ont participé (même en dehors du continent) est un argument de poids. En 2009, 5827 soldats et policier Nigérians participaient à des missions de l’ONU ou de l’UA (dont 3861 au Soudan) sur le continent africain.


Au-delà du cadre régional, le pays a multiplié les initiatives en matière de résolution des conflits. Des réunions de médiations ou de facilitations ont été organisées à Abuja notamment pour le Soudan, la République Démocratique du Congo (RDC), le Zimbabwe, le Togo et dernièrement la Côte d’Ivoire, bien que le Nigéria ne fût pas le seul acteur ni le plus influent. De plus, en 2003 le rayonnement du pays a été renforcé avec la tenue des jeux africains et l’organisation du 17ème Sommet des pays du Commonwealth en présence de la reine Elisabeth II ainsi qu’en décembre 2006 avec la Conférence de l’OPEP.

Cette position de leader régional s’est plus imposée au Nigéria qu’il ne l’a imposé à ses voisins plus faibles et plus petits. En effet, aucun autre pays environnant ne pouvait disputer au Nigéria ce statut. Bien que dans le contexte de la mise en place des Forces Africaines en Attente (FAA) c’est-à-dire des brigades régionales déployables en 14 jours par rotation, le Sénégal s’avère être un deuxième pilier en Afrique de l’Ouest. Le Nigéria semble plus empêtré dans ses problèmes internes et pas vraiment intéressé par cette affaire.

Le Nigéria possède beaucoup des atouts traditionnels de la puissance – espace, population, richesses naturelles et même, depuis la hausse du prix du pétrole, argent. Il lui manque, naturellement, les atouts nouveaux – technologie en particulier. Mais il lui manque surtout ce qui, aujourd’hui comme hier, constitue le fondement essentiel de la puissance : la cohésion nationale, ce que Zaki Laïdi nomme la capacité de l’État à « faire sens ».

lundi 11 janvier 2010

A lire, à voir, à écouter cette semaine !

Un rapport du Chatham House par Edward Thomas : « Decisions and Deadlines: A Critical Year for Sudan » ICI
« Jonglei's Tribal Conflicts: Countering Insecurity in South Sudan » de l’International Crisis Group ICI. De plus Marc Lavergne sera l’invité de Thierry Garcin mardi dans les Enjeux Internationaux pour présenter les conséquences régionales de l’indépendance probable du Sud en 2011.
Sur le site du Conseil on Foreign Relations (ICI) : « Abdulmutallab is More Than Just Al-Qaeda », « Paying the Price for Apartheid », « Time Online: Somalis in Yemen: Intertwined Basket Cases », et « Nigeria's Leadership Vacuum ».
Cette semaine aussi la sortie d’« Invictus » de Clint Eastwood avec Morgan Freeman et Matt Damon. Un long-métrage qui montre comment, après l’apartheid, Nelson Mandela tenta de réunir les Sud-Africains en organisant la Coupe du monde de rugby.
Le synopsis : En 1994, l'élection de Nelson Mandela consacre la fin de l'Apartheid, mais l'Afrique du Sud reste une nation profondément divisée sur le plan racial et économique. Pour unifier le pays et donner à chaque citoyen un motif de fierté, Mandela mise sur le sport, et fait cause commune avec le capitaine de la modeste équipe de rugby sud-africaine. Leur pari : se présenter au Championnat du Monde 1995...
Et bien sur je ne peux que vous recommander de lire… mon article sur « L’Afrique noire en mal de champion. L’Afrique Noire : le Nigeria et l’Afrique du Sud » dans « Les Grandes puissances du XXIème siècle » (ICI)

mercredi 2 décembre 2009

Le Gabon en photos : transition politique, enjeux, économie...



Aujourd’hui Zahara Youssouf, diplômée en droit international, nous propose de revenir en photos sur son expérience au Gabon pendant la transition politique en août 2009. Nous la remercions pour cette présentation du pays, ses atouts, ses richesses, ses faiblesses, tous les enjeux que doit relever le nouveau président.

Photo (Z.Y. juin 2009) : Affiche du Président Omar Bongo à la suite de son décès


Photo (Z.Y. juin 2009) : Défilé militaire du 16 juin 2009 en l’honneur du Président Omar Bongo

Après plus de 40 ans à la tête du Gabon, Omar Bongo succombe en juin 2009 à Barcelone des suites d’une longue maladie. OBO comme aimait à l’appeler la population laisse une nation orpheline qui salut l’héritage essentiel laissé par ce président, la paix et la stabilité du pays.
Le Gabon est un pays faiblement peuplé mais disposant d’importantes ressources, ce qui lui permet d’être considéré comme un pays à revenu intermédiaire. Les indicateurs sociaux sont cependant en grand décalage avec les possibilités du pays. Le PNUD classe ainsi le pays à la 103ème place en ce qui concerne son IDH.
Omar Bongo laisse donc à son successeur un pays où les défis à relever sont multiples : lutte contre le VIH/sida, amélioration des infrastructures, diversification de l’économie face aux ressources pétrolières qui se raréfient…
Au lendemain de sa mort l’avenir du pays est incertain et l’on craint une tentative de prise du pouvoir par la force.

Rose Francine Rogombé présidente par intérim assoit son autorité et le pays reprend ses activités. Les règles constitutionnelles sont scrupuleusement respectées et une élection est organisée le 30 août 2009, à peine plus de deux mois après la mort d’OBO. Celle-ci a vu s’affronter une opposition divisée face au candidat du parti au pouvoir, le Parti démocratique gabonais et fils du défunt président, Ali Bongo. Les 813 164 électeurs recensés étaient invités à choisir parmi plus de 23 candidats leur futur président. Plusieurs événements ont marqué les deux mois qui ont suivi la mort d’OBO et la désignation d’un nouveau président : le choix du candidat du PDG et la rupture entre Ali Bongo et André Mba Obame, ami de longue date et héritier politique d’OBO, la publication des listes électorales, l’annonce des résultats après des heures d’antenne où le décompte était fait province par province, l’examen des requêtes en annulation par la Cour après des heures de débats…
La campagne aura marqué les esprits, tant les moyens déployés étaient inédits : affiches géantes placardées aux quatre coins de la capital, multiplication des meetings dans les différentes provinces…Une certaine lassitude se fait sentir dans la population, qui n’a qu’une hâte, que le vainqueur, peut importe son nom soit au plus vite désigné afin qu’il puisse s’atteler aux différents défis qui attendent le pays.

Photo (Z.Y. juin 2009) : Affiche d’Ali Bongo, candidat du PDG à l’élection présidentielle du 30 août 2009


Photo (Z.Y. juin 2009) : Affiche d’André Mba Obame, ancien Ministre de l’intérieur et candidat à l’élection présidentielle du 30 août 2009


Photo (Z.Y. juin 2009) : Affiche d’Ali Bongo après la proclamation officielle des résultats à l’élection du 30 août par la Cour Constitutionnelle

Le Gabon est fortement touché par l’épidémie du sida. Plus de 49 000 personnes seraient infectées et 3000 nouveaux cas décelés par an. Les jeunes sont particulièrement vulnérables, ainsi que les femmes. Selon le dernier rapport ONUSIDA, plus de 2500 femmes enceintes seraient séropositives. Les comportements à risque chez les plus jeunes, les croyances populaires retardant l’initiation ou provoquant l’arrêt du traitement peuvent expliquer la progression de la pandémie. Le pays est fortement impliqué dans la lutte contre le VIH/sida et multiplie depuis la découverte du premier cas dans le pays les initiatives favorisant un meilleur accès aux soins pour les plus démunis.

Photo (Z.Y. juin 2009) : Campagne de sensibilisation sur le VIH près du centre hospitalier de Libreville
Le Transgabonais, reliant Owendo, port minéralier situé dans la banlieue de Libreville, à Franceville, assure le transport de grumes et de minerai de manganèse.
Les infrastructures sont peu développées au Gabon, ce qui ne facilite pas les échanges et freine les investisseurs étrangers.
Le réseau routier reliant l’ensemble du pays est vétuste et souvent peu goudronné. La population peut cependant compter sur les taxis bus pour atteindre différents points ou sur les clandos pour les endroits les plus isolés et difficiles d’accès.


Photo (Z.Y. juin 2009) : Transgabonais, reliant Owendo à Franceville


Photo (Z.Y. juin 2009) : Evacuation des billes par flottage, port à bois d’Owendo

Le port à bois d’Owendo est en service depuis 1980. Il dispose de plusieurs quais pour accueillir le bois, mais également d’un ensemble de voies ferrées pour le déchargement des bois acheminés par le Transgabonais.

Photo (Z.Y. juin 2009) : Port à bois d’Owendo
Le Gabon est un pays à revenu intermédiaire, et qui a pu compter sur un sous sol riche (pétrole, manganèse…). La forêt équatoriale couvre 85% du territoire et recèle de différentes essences (ébène, okoumé…). L’exploitation forestière a occupé une grande partie des emplois salariés avant l’essor de l’industrie pétrolière dans les années 70, et reste derrière l’industrie pétrolière un élément essentiel de l’économie gabonaise.
L’exportation du bois en grumes devrait être limitée en 2010, afin de permettre une transformation locale des essences forestières, et ainsi d’alimenter un nouveau secteur d’activités.

Photo (Z.Y. juin 2009) : Fleuve de l’Ogooué, parc national de la Lopé

Le parc de la Lopé est situé au centre du Gabon, et est bordé par le fleuve Ogooué. Une forêt dense couvre la majeure partie du parc, ainsi que des zones savane-forêt. Le parc compte une importante réserve d’espèces protégées. Le pays tente de diversifier ses sources de revenus et mise désormais sur l’écotourisme.

Photo (Z.Y. juin 2009) : Parc national de la Lopé