samedi 7 novembre 2009

Premier ministre somalien : « Eradication de la piraterie d’ici 2011, défaite des insurgés en 2012 »



Le 28 octobre la Chatham House a reçu le premier ministre du TFG (Transitional Federal Government) de Somalie Omar Abdirashid Ali Sharmarke. Fils d’Abdirashid Shermarke, président du pays du 10 juin 1967 au 21 octobre 1960, le premier ministre a grandi aux États-Unis et au Canada, il a obtenu la nationalité Canadienne, a travaillé aux Nations Unis au Darfour. Pur produit de la diaspora somalienne sa nomination à ce poste est un signe fort adressé à la diaspora quant au rôle qu’elle doit jouer dans la reconstruction de leur pays (sur la diaspora et son rôle économique : article de M.-A. Pérouse de Montclos).

Il nous annonce que ce discours, intitulé Building Stability and Peace, vise à passer un seul message : « le gouvernement somalien est fort, déterminé et unis ; nous avons un plan somalien pour le peuple somalien et nous essayons de l’imposer »
Un discours plein d’espoir et d’optimisme (et finalement peut être un peu décevant car trop irréaliste ?), extrait
:
-« The level of violence in Mogadishu is stable – we are being attacked once a day. This is what we mean as stable in Mogadishu. (…)
- People often say that Al Shabab control more regions than the TFG. But their interpretation of ‘control’ is confused and inaccurate. People use a different yardstick to measure this control. (…)
- Our current President, Sheik Sharif, and his Government are bringing renewed unity to the country. As I have recently written to your Prime Minister, Mr Brown, the TFG has drafted a stabilisation plan that will begin the process of restoring peace to Somalia including Puntland and Somaliland, given support from the international community.( …)
-By 2011 the TFG will eradicate Somali piracy through a civil affairs and information campaign backed up by the rule of law and resurrected military and law enforcement capabilities. This demonstration of government potential in the north will help shape the conditions for the military defeat of insurgents in the south by 2012. Piracy will be eradicated by offering a sustainable business proposition to the pirates and the communities they support, while demonstrating the will and capability to protect Somali waters from foreign exploitation. This ‘carrot’ will be supported by the ‘stick’ of new laws, credible law enforcement and the prospect of incarceration in a Somali prison. (…)
- We cannot be certain of the precise size of their presence in our country, but Al Qaeda are here, they are training and planning in our land. Somalia is serving as an ideal place for them to re-group and redeploy.
- (…)Al Shabab, is growing in influence, just like the Taliban. It is growing in a climate of economic poverty and lack of governance.
-(…)The conflict in Somalia risks engulfing the region. Al Shabab is now starting to threaten regional stability. (…)
- We do not want years of charity. We do not seek donations. We seek investors. »

Retrouvez l’intégral de son discours : ICI
Et la vidéo : ICI
Le RIIA (Royal Institute of International Affairs), ou Chatham House, est un think tank axé sur les questions de défense. Basé à Londres, son objectif revendiqué est de stimuler le débat et la recherche dans les domaines politique, économique, sécuritaire et de défense.

dimanche 1 novembre 2009

Les enjeux internationaux. Vendredi: l'Egypte


Vendredi dans les Enjeux Internationaux : « L’Egypte » avec Sophie Pommier (chargée de cours à l’IEP de Paris).
« La situation politique égyptienne dans la perspective de la succession du président Moubarak, à l'occasion du Congrès du Parti national démocratique. Le régime égyptien donne l'impression d'être tenu d'une poigne de fer par le président Moubarak et, en même temps, il règne à travers le pays une atmosphère de fin de règne. Son fils Gamal apparaît comme son probable successeur, tandis que la vie politique et l'existence des partis sont réduits à leur plus simple expression... interdits ou marginalisés. Par ailleurs, la diplomatie égyptienne autrefois très active sur le dossier israélo-palestinien paraît désormais en panne. Des conflits de plus grande ampleur, comme celui opposant l'Iran à la communauté internationale, ont récemment relégué au second plan le problème strictement régional. »
Réécoutez l’émission ICI
A venir : jeudi 5 novembre émission sur le Zimbabwe

samedi 31 octobre 2009

A lire !

- Excellent article de Stéphane Mantoux sur la République Démocratique du Congo (ICI). Il nous promet une « d'une trilogie consacrée aux conflits en République Démocratique du Congo (RDC) ». Vivement la suite !

- « Quand agriculture rime avec géopolitique » un dossier dirigé par Barah Mikaïl, chercheur à l’IRIS : ICI

- « De Thabo Mbeki à Jacob Zuma : Quelle sera la nouvelle vision de l’Afrique du Sud ? » de Thierry Vircoulon (Ifri) : ICI

- « Radical Islam in East Africa » (Rand Corporation) : ICI

mardi 27 octobre 2009

A vos agendas !

30/11/2009 : « Définir une civilisation : un enjeu géopolitique ». Les cafés géopolitiques au "Snax Kfé" ; 182 rue St Martin, 75003 Paris ; M° Châtelet-les Halles / Rambuteau.
05/11/2009 16:00-19:00, Ifri – « Quelles évolutions pour le système gabonais ? ». Séminaire autour de Guy Rossatanga-Rignault, professeur, université de Libreville, Roland Pourtier, professeur, université Paris 1 Panthéon-Sorbonne, Douglas Yates, professeur, université américaine de Paris. Présidence : François Gaulme
23/11/2009 à 18h30 , Les Lundis de l'IHedn avec Madame Catherine WIHTOL DE WENDEN (Directrice de recherche au CNRS) : « La globalisation humaine : migrations ou mobilités ? »

lundi 26 octobre 2009

La justice internationale en Afrique



Le procès de Karadzic s’ouvre aujourd’hui mais l’ex-chef des Serbes de Bosnie refuse de comparaître à l’ouverture de son procès. L’occasion pour nous de faire un bilan des personnalités devant rendre des comptes à la justice international. Un constat s’impose l’Afrique est dans la ligne de mire. Car à l’exception du procès de Kank Kev Eav (directeur du centre de torture S-21 sous la dictature khmère) et d’Oussama Ben Laden, Ratko Mladic (général yougoslave de l’armée des Serbes de Bosnie) et Izzat Ibrahim al-Douri (n°2 du régime de Saddam Hussein) toujours recherchés, les personnalités accusés sont originaires du continent noir.
Omar EL-Béchir (Réclamé) : Objet d’un mandat d’arrêt de la Cour pénale internationale depuis le 4 mars 2009. Le président du Soudan est recherché pour crime de guerre et crimes contre l’humanité au Darfour (qui aurait fait 300 000 morts et 3 millions de déplacés depuis 2003). En outre, la Cour pénale internationale a ouvert lundi 19 octobre ses audiences contre le chef rebelle du Darfour, Bahar Idriss Abou Garda, poursuivi pour crimes de guerre accusé de l’assassinat de 12 soldats de la paix lors de l’attaque de la base militaire d’Haskanita, au nord Darfour, en septembre 2007.

Charles Taylor (En jugement) : L’ancien président du Libéria est poursuivi pour avoir armé et financé les rebelles de la Sierra Leone, afin de faire main basse sur les diamants. Il comparait depuis 2007 pour crimes contre l’humanité devant le Tribunal spécial pour la Sierra Leone à La Haye (vidéo ICI). Le tribunal spécial établi en 2002 en Sierra Leone pour juger les plus importants responsables des crimes commis durant la guerre civile (1991-2001) rend, aujourd’hui, son ultime verdict, dans le procès en appel de trois anciens chefs rebelles du Front révolutionnaire uni (RUF). Seul le procès de Charles Taylor se poursuit encore aux Pays-Bas, pour des raisons de sécurité.
Jean-Pierre Bemba (Arrêté) : L’ancien vice-président de la RDC est poursuivi pour crimes contre l’humanité commis par sa milice de 2002 à 2003 (pillages, viols et actes de cannibalisme chez les pygmées selon l’ONU). Il a été arrêté à Bruxelles en mai 2008. En janvier 2009 il rejetait les accusations de la Cour (vidéo ICI).
Idelphonse Nizeyimana (Arrêté) : Le « Boucher de Butare », officier du renseignement de l’Akazu serait responsable du massacre de 800 000 Tutsis et Hutus modérés en 1994. Arrêté le 6 octobre en Ouganda et traduit devant le Tribunal pénal international pour le Rwanda et inculpé de génocide. Nizeyimana est accusé par le Tribunal d'Arusha d'avoir notamment planifié le massacre d'étudiants et d'enseignants tutsis de l'université. C'est lui qui dressait les listes de personnes à assassiner. C'est lui encore qui ordonne l'assassinat de la reine douairière Rosalie Gicanda, veuve du Roi Mutara III, et figure symbolique pour les Tutsis. Le 14 octobre il a plaidé non coupable de vant la Cour (vidéo ICI). Le Tribunal avait déjà, en août dernier, mis la main sur un autre génocidaire présumé, Grégoire Ndahimana arrêté en RDC.
Le 2 juillet, lors du treizième sommet de l'Union africaine (UA), une quinzaine de chefs d'Etat (à l’exception du Botswana) ont décidé à Syrte de ne pas « coopérer avec la CPI dans le dossier Omar El Béchir ». Pourtant « ce sont surtout les pays africains qui ont demandé avec insistance cette cour », affirmait Louis-Moreno Ocampo, procureur de ladite cour, dès le lendemain. Rappelons que trente Etats africains ont signé le Statut de Rome, instrument fondateur de la Cour. Ils constituent le groupe régional le plus large parmi un total de 108 Etats. Or ce traité les oblige à en respecter les clauses, dont l'une a trait, justement, à la coopération en matière de poursuite de criminels de guerre. Selon un communiqué de la CPI seuls trois Etats africains, parties au Statut de Rome, à savoir, l'Ouganda, la République démocratique du Congo et la République centrafricaine, ont renvoyé à la Cour des situations survenant sur leur territoire.
La CPI révèle aussi que le Conseil de sécurité des nations unies lui a déféré la situation au Darfour, au Soudan, un Etat qui n'est pas partie au Statut.
La volonté affichée « d’africaniser » la justice pénale internationale a été mis plusieurs fois en exergue malgré l’absence de compétence des juridictions panafricaines en matière pénale. En effet, ni la Cour de justice de l’UA, ni la CADHP ne sont compétentes pour traiter des crimes massifs commis par les individus.

mardi 20 octobre 2009

Etats-Unis/Soudan : “Notre stratégie vise trois grands objectifs"


A la suite de mon billet de lundi (ICI) annonçant l’assouplissement des relations entre les Etats-Unis et le Soudan revenons sur la déclaration de la Secrétaire d’Etat américaine, Mme Hilary Rodham Clinton. Au cours d’une conférence de presse au Département d’Etat à Washington DC, elle a dévoilé cette nouvelle stratégie.
“Ramener la paix et la stabilité au Soudan ne sera pas une tâche aisée et aucun succès n’est garanti. Mais une chose est certaine : Il ne saurait être question d’ignorer ou de laisser les problèmes du Soudan au petit bonheur la chance. Il n’est pas non plus question de se mettre à l’écart. C’est à nous et à nos partenaires de la communauté internationale de faire des efforts concertés et soutenus pour aider à l’instauration d’une paix et d’une stabilité durables au Soudan”, a déclaré Mme Clinton.
“Même si la signature en 2005 de l’Accord de paix global entre le nord et le sud était une percée historique, le Soudan traverse actuellement une situation critique pouvant déboucher sur de grandes améliorations pour son peuple ou faire sombrer le pays dans des conflits et des actes de violence”, a-t-elle ajouté.
Notre stratégie vise trois grands objectifs" : "D’abord mettre fin au conflit, aux graves violations des droits humains, aux crimes de guerre et au génocide dans le Darfour et ensuite appliquer les termes de l’Accord global de paix devant déboucher sur un Soudan uni et paisible après 2011, ou sur la création de deux Etats séparés vivant en paix côte à côte. Il s'agit enfin de faire en sorte que le Soudan ne soit pas un havre de paix pour des terroristes", a encore dit la Secrétaire d’Etat.
Ghazi Salaheddine, l’un des conseillers du président Omar el-Béchir, juge « malencontreuse » l’utilisation par les Américains du terme de génocide pour le Darfour.
Pour le reste, Khartoum voit dans cette nouvelle politique américaine des points positifs comparés à la politique précédente de l’administration Bush. Il s’agit d’une stratégie d’engagement et non pas d’une stratégie d’isolement, a tenu à préciser Ghazi Salaheddine.
Rappelons qu’Omar el-Béchir fait l'objet d'un mandat d'arrêt de la Cour pénale internationale (CPI) pour crimes de guerre et crimes contre l'humanité depuis le 4 mars 2009 et que ni le Soudan, ni les Etats-Unis ne reconnaissent cette juridiction.
Analyse de la politique américaine au Soudan par le Council on Foreign Relations: ICI
Source : APA / RFI
Photo : L’ambassadrice des Nations unies Susan Rice (à g.) et la secrétaire d’Etat américaine Hillary Clinton durant une conférence de presse à Washington, le 19 octobre 2009(Photo : Jim Watson / AFP)

lundi 19 octobre 2009

Le blog Ifriqiya dont nous vous annoncions ICI l’interruption a repris son activité. Souhaitons à Stéphane Mantoux, son rédacteur, une bonne rentrée.

Obama veut assouplir ses relations avec le Soudan


Selon divers medias américains, l’administration américaine du Président Barack Obama devrait annoncer ce lundi, de nouvelles mesures pour assouplir sa position à l’égard du régime soudanais du Président Omar Al Bashir pour amener le régime du Président soudanais à s’engager davantage dans la voie de la paix. Cependant, ces mesures ne devraient faire aucune concession sur la nécessité d’arrêter les violations des droits de l’homme au Darfour.

On souligne aussi que cette conférence de presse devrait également mettre de l’ordre dans les dissonances au niveau de l’administration Obama sur la question du Darfour. L’ambassadrice américaine Susan Rice et le représentant américain Gration ont à plusieurs reprises émis des vues discordantes. Gration prône une approche conciliante avec le leader soudanais qu’il considère comme incontournable dans le conflit au Darfour, tandis que Susan Rice serait en faveur d’une approche stricte vis-à-vis d’Al Bashir.

Rappels sur le Darfour : Province de l’ouest du Soudan, aussi vaste que la France, mais peuplée de 6 millions d’habitants seulement.
Dans les années 1980 la région a été frappée par une grave sécheresse. Les éleveurs firent descendre leurs troupeaux plus au sud et plus tôt dans l’année. Depuis, les tensions montent entre les pasteurs arabes et les agriculteurs non arabes (en particulier les Fours), même si tous sont musulmans, noirs et de nationalité soudanaise.
Cette crise remet en cause la grille d’analyse traditionnelle qui permettait d’expliquer la situation au Soudan par le clivage Nord (musulman) /Sud (chrétien). Confronté aux rébellions du Darfour, le gouvernement soudanais arme des milices supplétives (essentiellement arabes), les Janjawides, qui commettent de graves exactions contre les populations civiles. Ces violences ont fait fuir de chez eux le tiers de la population du Darfour et fait deux millions de déplacés. 300.000 personnes auraient trouvé la mort depuis le début de la crise. En juin 2007, un pont aérien a été mis en place par la France dans l’est du Tchad afin d’acheminer de l'aide humanitaire dans l'est du Tchad, à destination des réfugiés du Darfour et des déplacés tchadiens. Le corridor humanitaire entre le Tchad et le Darfour, avait été abandonné car jugé inapproprié par les responsables humanitaires ou politiques.
Le conflit au Darfour fait tâche d’huile chez les voisins tchadien et centrafricain. Pourtant, riche de son pétrole, soutenu par la Chine et la Russie, le régime de Khartoum brave les critiques d’une communauté internationale divisée.
Source : APA / SLG

samedi 10 octobre 2009

Lutte contre la piraterie en Somalie : Comment ? Qui ?...


La saison favorisant une recrudescence de la piraterie maritime au large de la Somalie, nous en profitons pour interroger le responsable d’Aquarius Strategies. Julien Duval a été responsable du département Sécurité maritime de Secopex. Retrouvez son intervention lors de l’émission C dans l’air « Pirates : la plaie des mers » le 15 septembre 2008 : ICI
SLG : La lutte contre les pirates n’est-elle possible qu’en mer ?
JD : En terme de lutte contre la piraterie, il est primordial d’être capable de mener à bien des actions à terre comme en mer, d’autant plus que la structure et la hiérarchie des groupes pirates sont intrinsèquement liées à la dynamique clanique des populations côtières du Puntland, du Galguduug, du grand Mogadiscio ou encore du Jubbada Hoose et de la ville de Kismayo (bien que sur cette dernière, la présence de groupes islamistes et radicaux forcent les populations à se concentrer sur la protection de leurs intérêts vitaux avant de pouvoir se tourner vers les mers en quête d’un avenir meilleur). Dans l’exemple précis de la piraterie issu des principaux clans du Puntland, la lutte à terre est indispensable car les pirates profitent de relais logistiques et d’approvisionnement terrestres en vivre, armement, munition et fuel que leur offre leurs villages d’origine ou de nouveaux hubs de la piraterie tel le port d’Eyl. C’est pour cela que le nouveau gouvernement du Président Sheikh Sharif Ahmed tente de réagir de son propre chef en s’appuyant sur les services de formation de différents Etats occidentaux dans la région pour former certaines unités opérationnelles d’infiltration dont l’objectif est de réussir à pénétrer les rangs des groupes et clans pirates du Puntland. A notre grande satisfaction, ceci est la démonstration que le nouveau gouvernement en place comprend la situation et fait l’effort de poser les premiers jalons du succès. Mais ne nous leurrons pas, le principale outil de la lutte contre la piraterie est la pacification du sol somalien. L'objectif : permettre le retour des investissements étrangers (minier, reconstruction et BTP, halieutiques…). Des investissements créateurs d’emploi pour la population locale. C’est en ça que la lutte contre la piraterie a également une très grande dynamique terrestre. Maintenant, je pense que c’est à la France et son gouvernement que de réussir à trouver les bonnes opportunités pour s’intégrer à l’équation et continuer à être le pays qu’elle est. C’est un principe d’action qui a justement été fortement suggérer par le Secrétaire Général de l’ONU, Ban Ki Moon lors de son intervention durant la conférence international au profit des institutions sécuritaires somaliennes de Bruxelles d’avril 2009.
SLG Quelles prestations une SMP (Société Militaire Privée) propose de plus qu’un État ?
JD : Pour un État comme la Somalie, ce qu’une SMP ou une structure privée de la sorte a principalement à offrir de plus qu’un Etat est sa flexibilité. Une SMP répond à un besoin précis en terme de formation, de consulting ou de gestion des activités logistiques et de coordination sur une période déterminée sans risque d’ingérence au niveau politique interne ou de besoin de partage du secret avec une puissance étrangère. Par ailleurs, les SMP permettent aussi aux Etats de pouvoir déployer certains moyens de consulting auprès de pays comme la Somalie, encore une fois sur une période précise, sans avoir a déployer des moyens étatiques plus lourds, plus coûteux et plus contraignants. Dans l’exemple français, cette seconde vision de l’utilisation des SMP est bien plus difficile à atteindre. C’est une vision bien plus anglo-saxonne que d’accepter d’externaliser certains besoins et services liés aux activités de défense et de sécurité à l’international comme cela est déjà le cas pour les forces de l’AMISOM qui sous-traitent toute la coordination logistique de leur opération à une structure sud africaine présente en Ouganda.
SLG : Que pensez-vous du débat sur la présence d’hommes armés à bord des bateaux de commerce? (la loi française interdit la présence d’hommes armés sur les bateaux de pêche).
JD : La présence d’équipe de sécurité embarquée est aujourd’hui la solution la plus flexible et la moins coûteuse en termes d’effectif ainsi que pour l’armateur souhaitant sécuriser son navire, son cargo et surtout son équipage. Juridiquement, cela est possible mais requiert l’aval de l’Etat du pavillon du navire (le droit du pavillon étant le droit applicable en haute mer). Certains État sont plus ouverts que d’autre en la matière. Il n’existe pas encore d’Etat ayant autorisé l’embarquement d’hommes armés mais certains, dont des États Européens, ont précisé qu’ « ils ne recommandaient pas l’utilisation d’homme armée à bords mais qu’ils ne pouvaient pas l’empêcher si l’armateur l’estime nécessaire pour la sécurité de son équipage ». Comme toujours dans le cas du droit international, chaque cas est donc unique. Mais quelques Etats réagissent. Prenez l’exemple de la France qui depuis quelques mois a déployer un détachement de Fusiller Marin pour escorter les thoniers navigant sous pavillons français sur les eaux occidentales de l’Ocean Indien au large des Seychelles et sur le détroit du Mozambique.
SLG : N’y a-t-il pas un danger à avoir recours à des structures qui ne sont pas habilitées par l’Etat ?
JD : Il n’existe pas de risque zéro mais au moins, c’est une solution. L’utilisation des SMP dans ce cas précis ne doit être vue que comme une solution temporaire permettant l’apport de moyens de consulting et opérationnel de façon immédiate en attendant que les États de la région puissent structurer leur réponse à la menace. Le rôle des SMP est de sécuriser le navire escorté et non d’interpeller les pirates car seul les États ont cette compétence. Le but n’est pas de supplanter l’Etat mais d’apporter les moyens opérationnels nécessaires pour renforcer la sécurité en haute mer en attendant que les Etats puissent fournir une réponse adaptée et censée et qui ne mobilise pas des moyens étatiques trop lourds, surtout que les armées modernes sont en restructuration et dans une phase de modernisation et de réduction de ses effectifs et les Etats n’ont pas la possibilité de déployer des moyens suffisants pour policer de façon permanente les océans et mers du globe. Il parait donc évident qu’il faille mieux cadrer juridiquement les SMP mais cela dépend uniquement de la volonté réelle des Etats, dont la France, que de décider s’ils franchiront le pas. Je pense sincèrement aujourd’hui qu’une puissance se doit d’intégrer dans sa maîtrise des facteurs de puissance l’utilisation des SMP et de la flexibilité opérationnelle qu’une SMP peut apporter au renforcement du facteur militaire d’un Etat souhaitant rester ou se positionner comme une Puissance Mondiale dans l’environnement géopolitique actuel.
SLG : Pourquoi cette méfiance à l’égard des SMP en France?
JD : Je pense que c’est un obstacle purement culturel. La France est son gouvernement ont encore du mal à accepter la possibilité d’externalisation des questions de défense et de sécurité international (obstacle de la gestion et de la protection du Secret Défense) alors que de par leur présence sur le terrain, les SMP peuvent permettre une grande remonté de renseignement par exemple mais je crois surtout que la présence de Bob Denard et des dérives possibles sont trop présente encore dans les esprits. Par conséquent, reconnaître les SMP et accepter leur utilisation en France peut être apparenté à un trop grand « risque politique » face à la réaction possible de l’opinion publique sur le sujet ainsi qu’un possible amalgame de l’acceptation et de légitimation par la France d’une vision opérationnelle trop « étasunienne » et négative puisque l’image des SMP modernes est surtout apparenté à leur rôle sur les théâtres irakiens et afghans et leur utilisation par l’administration Bush.
SLG : Chez Secopex vous aviez été mandaté par le gouvernement somalien pour l’aider à lutter contre la piraterie dans ses eaux, pensez vous que la Somalie pourra un jour lutter contre la piraterie ?
JD : Ce sera possible mais ça prendra du temps. Lors d’un déplacement sur Mogadiscio courant juin 2009 dans le contexte d’une autre mission, il nous a été possible de rencontrer le Président Sheikh Sharif Ahmed et certains membres de sont gouvernement et d’écouter leurs besoins et leur envie de réussir à organiser par eux-mêmes une réponse et lutter contre la piraterie. Le nouveau gouvernement se mobilise du mieux qu’il peut et avec les moyens dont il dispose (qui sont quasi nuls). La Somalie a entamé en toute autonomie la formation d’une première unité de Garde Côte encore en cours de formation mais ils ne disposent pas d’un équipement personnel et de moyens de projection rapide adaptés ni efficaces. Il m’est impossible de garantir si cela aura un résultat positif mais au moins cela démontre leur motivation et leur envie de recréer une Somalie capable d’agir sans dépendre à 100 % de l’aide extérieur occidentale mais à l’heure actuelle, la Somalie dépend encore des bailleurs de fonds internationaux et de sa Diaspora pour tenter de mener à bien ses projets pour recréer la Somalie des années 1970 comme ils le souhaitent eux-mêmes.
Mais, l’obstacle majeur provient aujourd’hui de la menace des groupes islamistes et radicaux qui luttent aujourd’hui contre le gouvernement en place. Le Gouvernement du Président Sheikh Sharif Ahmed se retrouve donc forcé de concentrer ses efforts sur la lutte contre l’insurrection et les groupes islamistes et radicaux au détriment de la lutte contre la piraterie.
SLG : Quelle solution selon vous à la piraterie maritime au large de la Somalie ?
JD : (…) Mais concrètement et dans un premier temps, il est primordial de sécuriser le gouvernement en place et cela passe par le renforcement des capacités opérationnelles et logistiques des forces de l’AMISOM dont c’est le rôle ainsi que par la formation d’unités somaliennes capables de prendre une part active dans la pacification de Mogadiscio. Néanmoins, l’obstacle majeur qui vient à l’esprit est de savoir si, bien qu’ils soient tous de la même ethnie, les Somaliens arriveront-ils à dépasser leurs clivages claniques et réussiront-ils à fonctionner ensemble au sein d’unités de police et militaires traditionnelles ? Ce n’est que si le gouvernement réussi à trouver la solution à cette question qu’il sera possible d’espérer et de tenter de structurer une réponse viable et durable.

Le 2 octobre le Center for Strategic & International Studies recevait le président Somalien, le Sheikh Sharif Sheikh Ahmed, visualiser son intervention ou lisez sa transcription ICI

vendredi 9 octobre 2009

Info en vrac : dernière minute


Crainte de catastrophe écologique au Cameroun après l'incendie d'un pétrolier ghanéen
L’incendie d’un pétrolier ghanéen survenu mercredi dans l'Océan Atlantique dans le Sud-ouest du Cameroun, transportant quatorze mille tonnes de carburant, pourrait entraîner une catastrophe écologique dans les eaux territoriales camerounaises, craignent des ONG de défense de l'environnement.
Deux jours après l’incident intervenu au lieu dit Debunsha (Sud-ouest), localité située à une soixantaine de kilomètres du port de Douala, on craint sérieusement des conséquences écologiques.
« Nous sommes inquiets des conséquences que pourrait causer cet incendie avec le déversement de quatorze mille tonnes de carburant dans l’eau », a indiqué l’Organisation pour la protection de l’environnement (OPE).
« Lorsqu’on voit les conséquences que ce type d’incident a provoqué ailleurs, y compris dans les pays développés qui disposent des moyens appropriés, on peut nourrir quelques inquiétudes ».
Les risques écologiques concernent aussi bien la flore que la faune dans cette partie de l’Océan Atlantique prisées par les pêcheurs située non loin de la zone de Bakassi riche en ressources halieutiques.
D’après cette association, jusqu’à ce vendredi, l’incendie n’était toujours pas éteint et tout porte à croire que le bateau finira par se consumer totalement avant de sombrer dans la mer.
Le brigade de gendarmerie de Idenau (Sud-ouest) qui conduit les enquêtes a révélé que le pétrolier ghanéen provenait du Nigeria.
Source : APA