lundi 5 avril 2010

Phase pré-électorale en Ethiopie

Plus de 6 000 candidats du parti au pouvoir et des principaux partis d’opposition en Ethiopie se sont inscrits pour disputer les 546 sièges du parlement éthiopien, lors des prochaines élections nationales, a déclaré, lundi, la Commission électorale nationale d’Ethiopie (NEBE).
Le Front démocratique révolutionnaire du peuple éthiopien (EPRDF, au pouvoir) a enregistré à lui seul 1 850 candidats pour le scrutin prévu le 23 mai 2010, selon la NEBE. Tandis que les principaux partis d’opposition du pays, constitués du Forum pour la justice et la démocratie, le Parti pour l’unité de tous les Ethiopiens, le Parti démocratique éthiopien et la Coalition pour l’unité et la démocratie, ont inscrit respectivement 1 282, 1 010, 510 et 270 candidats.
62 partis politiques, y compris le parti au pouvoir, se sont inscrits pour prendre part aux élections nationales. Environ 30 millions d’éthiopiens sont appelés aux urnes
Actuellement, des partis sont en pleine campagne électorale et organisent des débats télévisés sur diverses questions politiques, économiques et sociales du pays.
La majorité des 62 partis politiques prendront part à la fois aux élections législatives et régionales.
Les élections nationales, prévues le 23 mai prochain, seront le quatrième du genre à se tenir sous le régime actuel depuis son arrivée au pouvoir en 1991.
Malheureusement le gouvernement éthiopien a multiplié ces dernières années les pressions et menaces pour diminuer l’influence de l’opposition et museler la presse et la société civile, a dénoncé Human Rights Watch (HRW). Cette campagne vise, selon HRW, à s’assurer de la victoire aux élections législatives, tout en évitant les violences post-électorales de 2005. Ces élections, marquées par une ouverture démocratique et une percée de l’opposition, s’étaient soldées par une victoire de la coalition au pouvoir depuis 1991. Les violences post-électorales avaient fait plus de 200 morts, essentiellement des manifestants de l’opposition tués par les forces de l’ordre.
Dans un rapport intitulé “100 manières de mettre la pression : violations des libertés d’expression et d’association en Ethiopie”, HRW décortique les pratiques du Front révolutionnaire et démocratique des peuples d’Ethiopie (EPRDF).
L’ONG estime notamment que l’emprisonnement de figures de l’opposition, à l’image de Birtukan Mideksa (photo) depuis décembre 2008, constitue la partie visible d’un travail de sape de l’opposition par le parti au pouvoir.

Celui-ci se joue dans l’Ethiopie rurale, qui concentre 85 % de la population. Nombre de témoins interrogés par HRW ont expliqué que l’obtention de semences, d’engrais ainsi que l’accès à la santé ou aux programmes de travail contre nourriture, sont conditionnés dans les campagnes à l’adhésion au parti au pouvoir.
Devant la percée de l’opposition en 2005, le parti au pouvoir a, selon HRW, renforcé son assise dans le pays à la faveur des élections locales de 2008 et d’une vaste campagne de recrutement, passant « de 760 000 membres en 2005 à plus de quatre millions, trois ans plus tard ».
Ainsi, enseignants et fonctionnaires sont priés d’assister à des sessions d’informations organisées par le gouvernement, au cours desquelles leur sont distribués des formulaires d’adhésion au parti du Premier ministre Meles Zenawi (photo).

Le rapport d’HRW détaille également les tracasseries administratives imposées aux partis d’opposition et dénonce l’échec de la “diplomatie silencieuse” des puissances occidentales face à leur principal allié dans cette région particulièrement instable.

« Les gens oublient qu’en pratique et en théorie, ce gouvernement est une sorte de régime communiste qui ne croit pas aux droits de l’individu. Il croit au droit de l’Ethiopie de se développer », confie un diplomate à HRW.

Interrogé par l’AFP, le porte-parole du gouvernement, Bereket Simon, a qualifié ces accusations de « rididules », alors « qu’au contraire l’Ethiopie progresse sur tous les fronts ».

« Le fait qu’ils (HRW) critiquent ces progrès démontrent que tout cela n’a rien à voir avec les droits de l’homme ou la démocratie », a estimé le porte-parole.

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