samedi 24 mars 2012

Mali : la stabilité des régimes sahéliens en question ? (MAJ)

La menace grondait depuis plusieurs jours, les troupes maliennes se sont révoltées contre leur Etat major et ont pris le pouvoir à Bamako. Ils reprochent au président ATT sa faiblesse dans le traitement de la rébellion au Nord. Leur porte-parole, Amadou Konaré, a affirmé qu'ils avaient agi face "à l'incapacité" du gouvernement "à gérer la crise au nord de notre pays", en proie à une nouvelle rébellion touareg depuis le mois de janvier et aux activités de groupes islamistes armés.



Le président refusait l'escalade militaire dans le Nord malgré des pertes de terrain importantes. Rappelons que le Mali a longtemps refusé la logique militaire dictée par les Occidentaux dans la lutte contre AQMI (que l'Algérie et la Mauritanie ont suivi pour leurs intérêts bien compris). En fait la trêve avec les rébellions touarègues rendait le gouvernement réticent à engager une escalade militaire, dans une région où il a retiré ses forces en 2006. D’autant que depuis la rébellion de la première partie des années 1990, les forces militaires qui avaient tué plus de civils que de combattants sont particulièrement détestées par les tribus nomades du Nord. L’armée malienne est passée pour la première fois à l’offensive en juin 2010 après l’assassinat d’un officier malien à Tombouctou.



Ce coup d'Etat montre l'importance des conséquences de la crise libyenne (on s'en doutait) et surtout il met en lumière une mutation d'échelle stratégique. Jusqu'à présent les États luttaient contre des conflictualités locales maintenant la logique de montée en puissance attentatoire à la stabilité des État a pris le pas. Le président malien semble ne pas l'avoir vu venir. Jusqu'à présent, il pouvait marginaliser ces conflictualités locales en ne les considérant pas comme attentatoire à la posture de stabilité de son régime. Mais avec ce coup d'Etat un nouveau seuil vient d'être atteint.

On lira avec intérêt :
The Old-Style Coup Makes a Comeback in Mali
Pourquoi le régime du président "ATT" était fragilisé
La chute d'Amadou Toumani Touré au Mali ou la défaite d'une politique de consensus
"La nouvelle géopolitique post-Kadhafi explique les problèmes actuels" au Mali
 Gaddafi's influence in Mali's coup
Nicolas au Sahara par Jean-François Bayart
Restaurer l’ordre constitutionnel au Mali (ICG)

Les derniers coups d’État militaires :
Côte d’Ivoire (Robert Gueï en 1999), Centrafrique (François Bozizé en 2003), Mauritanie (Ould Vall en 2005 puis Ould Abdel Aziz en 2008), Guinée (Dadis Camara en 2008), Niger (Salou Djibo en 2010). 
Rappelons qu'Amadou Toumani Touré a accédé au pouvoir en 1991 après un coup d'Etat. Celui ci a eu vocation à mettre en place une transition politique démocratique débouchant sur une élection présidentielle.


Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire