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dimanche 12 janvier 2020

Les dernières nouvelles du continent (10)


Corne de l’Afrique
L’actualité moyenne orientale a laissé peu de place pour les autres actualités internationales. Pourtant, les Shebaab somaliens ont refait parler d’eux avec l’attaque d’une base américaine  (Camp Simba) à Lamu au Kenya et tuant 3 soldats américains et ça n’est peut-être pas terminé Ce thread permet d’en savoir plus. Cette attaque montre que neuf ans après l’opération lancée par les troupes kenyanes dans le sud de la Somalie, le Kenya n’est pas parvenu à sécuriser sa frontière.
En 2018-2019, il a été difficile de déterminer le rôle des différents acteurs extérieurs (pays du Golfe, pays Occidentaux, etc) dans la résolution du conflit entre l’Ethiopie et l’Erythrée. Voici les six intrigues à suivre en 2020 pour comprendre ces jeux politiques autour de la mer Rouge.
La dette chinoise est difficile à gérer pour l’Ethiopie et le Kenya. Diploweb propose une synthèse du projet des Nouvelles routes de la Soie. Le ministère des Finances du Somaliland augmente les taxes sur le khât.
Les négociations sont dans l’impasse sur la construction par l’Ethiopie d’un méga-barrage sur le Nil. Et la situation interne en Ethiopie ne s’améliore pas, voici un article essentiel pour comprendre la formation de l’Etat et les dissensions actuelles. L’Ethiopie et le Burkina Faso sont les potentiels lieux de développement de conflits en 2020.
La Corne de l’Afrique va connaitre des élections importantes en 2020 notamment en Ethiopie, en Somalie et au Burundi et en Tanzanie. Si vous souhaitez comprendre les derniers développements politiques dans la Corne je vous recommande ce documentaire : L’espoir renaît dans la Corne.
Les Cahiers d’Afrique de l’Est viennent de paraitre.
Je suis très heureuse d’annoncer la publication le 5 mars de mon ouvrage Djibouti : la diplomatie de géant d’un petit Etat aux Presses Universitaires du Septentrion. Il est disponible en précommande ICI.

Afrique de l’Ouest
La situation semble se dégrader de plus en plus au Sahel. L’ONU a annoncé que le nombre de victimes d’attaques terroristes a été multiplié par cinq en trois ans au Burkina Faso, au Mali et au Niger. Les violences sont attribuées aux actions de groupes armés, mais aussi aux tensions entre communautés sur base de rivalités historiques, de disputes autour des ressources naturelles et également sur fond d’absence de l’Etat, de problèmes de gouvernance et de prolifération des armes légères et de petit calibre.  Dans une Tribune du journal Le Monde Niagalé Bagayoko s’interroge sur les solutions possibles à la crise et invite à développer la réflexion stratégique africaine. De son côté Marc-Antoine Perouse de Montclos publie un essai sur l’échec de la France au Sahel et invite au départ des forces françaises. Le Monde diplomatique propose une carte des interventions françaises en Afrique et Le Monde nous éclaire avec ses cartes du Sahel.

Arts, littérature, Histoire
Les cours de François-Xavier Fauvelle, professeur titulaire de la chaire Histoire et archéologie des mondes africains, sont en ligne et présentés ICI.
Que savons-nous des anciennes cultures de l'Afrique de l'Est et quelles sont les idées reçues que nous pourrions avoir sur l'histoire de l'Afrique de l'Est? Écoutez cette émission.
Arte propose un passionnant documentaire "Décolonisations" en trois épisodes qui est décrit de la façon suivante : «  À contre-courant de l'histoire officielle des colonisateurs, cette fresque percutante inverse le regard pour raconter, du point de vue des colonisés, cent cinquante ans de combat contre la domination, et faire résonner au présent un déni qui perdure ». Ces auteurs répondent aux critiques ici.
Une sélection de films africains de la décennie et des meilleurs livres (avec Alain Mabanckou). 
 
Conférences et appels à communications
Corentin Cohen (Sciences Po/CERI, OxPo) et Gernot Klantschnig (University of Bristol) lance un AAC pour Politique africaine  « Les paysages moraux des drogues en Afrique ».
Le Centre Français Etudes Ethiopiennes propose à des postdoctorants ou à de jeunes chercheurs résidant en France une aide à la mobilité pour un séjour de recherche dans la Corne de l’Afrique (Ethiopie, Erythrée, Djibouti et Somaliland) en 2020.
Les chercheurs Fariba Adelkhah et Roland Marchal sont toujours prisonniers en Iran. La séance inaugurale du séminaire "F & R: sociologie et anthropologie sociale du politique" consacrée à l'un des thèmes majeurs des recherches de Roland Marchal : "guerre et formation de l'Etat", thème que Fariba Adelkhah a également traité dans ses propres travaux sur la guerre comme expérience de vie, notamment en Afghanistan est à écouter ici

Pour recevoir cette lettre directement par mail rendez vous sur la colonne de droite : "Suivez l'actualité du blog par mail".




jeudi 2 juillet 2015

L’Union européenne et l’approche globale : le cas des crises en Afrique

EGMONT Institute et l'IHEDN organisent le 9 juillet un séminaire sur l'apporche globale de l'Union européenne en Afrique. Vous trouverez ci dessous la présentation du séminaire et ICI le programme.

"Le Continent africain est de plus en plus contrasté : à côté de pays à fort taux de croissance, demeurent des régions déchirées par les crises pour lesquelles l’Union africaine et les organisations sous régionales tentent de jouer un rôle de médiation et de stabilisation de plus en plus affirmé, en renforçant leurs dispositifs politiques et militaires.
Les causes complexes de ces crises, leur caractère souvent hybride et le lien entre la sécurité et le développement rendent nécessaire une approche impliquant tous les intervenants, prenant en compte toutes les facettes des crises et des conflits armés.
L’Union européenne, par ses différentes composantes et instruments, peut mobiliser toutes ses capacités de réponse aux crises de manière cohérente et complémentaire. L’approche globale a été consacrée comme un principe directeur de la politique extérieure de l’Union européenne lors du conseil européen de décembre 2013; la conception de l’UE se rapproche ainsi de l’approche intégrée de l’ONU qui recouvre tous les domaines liés à la sécurité, à la stabilisation, à la reconstruction, à la gouvernance et au développement. L’Union européenne a ainsi principalement mis en oeuvre de manière combinée, ses instruments économiques, politiques et parfois militaires dans la Corne l’Afrique et au Sahel.
Cependant, l’approche globale proposée par l’Union Européenne en Afrique constitue-t-elle un mode d’action véritablement opératoire, sa mise en oeuvre se révélant complexe en raison de la multiplicité des enjeux, des acteurs et des intérêts ? Ses instruments sont-ils les mieux adaptés ?
Ce séminaire a pour objet d’analyser en trois tables rondes, à la lumière des actions menées dans la Corne de l’Afrique (1ère table ronde) et au Sahel (2ème table ronde), le bilan de l’approche globale par l’Union Européenne et d’engager une réflexion prospective sur son devenir (3ème table ronde).
Participation sur invitation – Langues de travail français/anglais avec interprétation simultanée."

mercredi 12 novembre 2014

La Corne de l’Afrique : Politique, Religion et Conflits

L'Observatoire des Enjeux Politiques et Sécuritaires dans la Corne de l'Afrique, la Délégation aux Affaires Stratégiques (DAS) et l'Institut de recherche stratégique de l’École militaire (IRSEM) organisent, le 24 novembre 2014 à l'École militaire un séminaire sur le thème : "La Corne de l’Afrique : Politique, Religion et Conflits".

Le programme est disponible ci-dessous et ICI
Inscription préalable : inscription.irsem@defense.gouv.fr

MATINEE

8h30 - Accueil des participant.e.s

9h - Mots de bienvenue

Colonel Jovanovic                  Chef du Bureau Afrique, Délégation aux Affaires stratégiques

Général de Langlois              Directeur du domaine Politiques de Défense comparées, IRSEM

9h15 – Introduction

Jean-Nicolas Bach                  Les Afriques dans le Monde-Sciences Po Bordeaux

9h30 – Panel 1 : Religion et mobilisations dans la Corne de l’Afrique

Président de séance

Institution de rattachement
René Otayek


Dir. de recherche, Les Afriques dans le Monde-Sciences Po Bordeaux

Intervenant.e.s

Titre

Aden Omar Abdillahi

La dimension politique de l’islam à Djibouti
Chercheur, Institut d’Etudes Politiques et Stratégiques, Djibouti



Emanuele Fantini

Pentecotalism, Politics and Development in Ethiopia
Researcher, University of Turin, Department of Cultures, Politics and Society




Azza Ahmed

Islam and Political Parties in Sudan : The National Islamic Front
Ph.D. candidate, Khartoum University/Les Afriques dans le Monde




Hassan A. Mwakimako et
Justin Willis
Islam, Politics, and Violence on the Kenya Coast
Associate Professor of Islamic Studies, Pwani University, Kenya
Professor in History, Durham University

Modérateur
Institution de rattachement
Stéphane Ancel
Chercheur, Universität Hamburg, IMAf Paris

Débat

11h45 – Pause Déjeuner




13h30 – Panel 2 : Reconfigurations étatiques sous tensions

Présidente de séance

Institution de rattachement
Alice Franck

Directrice du CEDEJ, Khartoum

Intervenant.e.s

Titre

Patrick Ferras

Ethiopie-Erythrée : Sans espoir ?
Docteur en Géopolitique, Directeur du CSBA




Géraldine Pinauldt
Lignes, zones : Espaces intégrés ou contestés du Somaliland
Docteure en Géographie/Géopolitique



Raphaëlle Guibert
Les islamistes soudanais à l’épreuve de la crise économique post-indépendance
Docteure en Science politique, Associée IMAf Paris, CEDEJ Khartoum

Modératrice
Institution de rattachement
Sonia Le Gouriellec
Chargée d’Etudes Afrique à l’IRSEM

15h00 – Pause café

15h15 – Panel 3 : Interventionnismes en Somalie

Présidente de séance

Institution de rattachement
Marie-Emmanuelle Pommerolle

Directrice de l’Institut français de Recherche en Afrique, Nairobi

Intervenant.e.s

Titre

David Ambrosetti
Une armée projetée en Somalie: Le cas du Burundi
Directeur du Centre Français des Etudes Ethiopiennes, Addis-Abeba



Gérard Prunier

Les interventions étrangères en Somalie : du global au ponctuel
Consultant et spécialiste de l'Afrique de l'Est



Chantal Lavallée

L’engagement de l’Union européenne en Somalie
Chercheuse invitée, Centre d'excellence sur l'Union Européenne, Université de Montréal/Mcgill University

Modérateur
Institution de rattachement
Général de Langlois
IRSEM, Directeur du domaine Politiques de Défense Comparées

16h45 - Conclusion : Alain Gascon Professeur Emérite de Géopolitique
17 h - Clôture du Séminaire


vendredi 6 décembre 2013

Érythrée. Pourquoi Asmara est-il un cas d'école dans la Corne de l'Afrique ?

L'auteur de ce blog a eu l'honneur d'être invité par Thierry Garcin dans les Enjeux internationaux pour évoquer le cas de l'Erythrée.



Présentation de l'émission : 
"Vingt ans d’indépendance, mais aussi vingt ans d’enfermement et de perturbation systématique.
L’Érythrée, dès son indépendance, a réussi à se mettre à dos tous ses voisins, avec une violence imperturbable.  
Avec la grande Éthiopie, pour un litige frontalier complexe. Avec le grand Yémen (îles Hanish). Avec le petit Djibouti. Avec le grand Soudan (quand celui-ci n’était pas divisé en deux). De surcroît, il s’est impliqué d’une façon picrocholine et délétère dans la permanente guerre civile somalienne.
Symptôme, il s’illustre aujourd’hui par l’apport de réfugiés désespérés  en Méditerranée (Lampedusa).
C’est à la fois un royaume ermite et un État perturbateur.
Bref, quelle est sa logique, par-delà l’étrange personnalité de son dirigeant et la nature si décriée de son régime ?"

Vous pouvez écouter l’émission ICI


lundi 14 octobre 2013

Le groupe al-Shabaab et l’attaque de Nairobi (2/2)

Nous vous proposons ici la suite d'une note publié pour le CDEF dont la première partie est parue hier.

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 La prévisible attaque du Westgate Mall

Le Kenya, une cible idéale

Les incursions répétées des Shebabs et de diverses milices armées en territoire kenyan, la découverte de réserves d’hydrocarbures dans le Nord et donc la nécessité de sécuriser cette zone, ainsi que les enlèvements de touristes britanniques, français et espagnols sont autant de motifs d’intervention qui précipitent l’opération kenyane Linda N’chi le 14 octobre 2011 . Cette intervention laisse craindre un enlisement des troupes kenyanes qui sont, quelques mois plus tard, intégrées à l’AMISOM dont le concept stratégique est révisé. En effet, cette mission se limite alors au contrôle de quelques quartiers de la capitale somalienne. De plus, elle a beau être une mission multinationale elle était essentiellement composée de troupes ougandaises et sous commandement ougandais. Il s’agit également de renforcer les moyens de la mission.


Les Shebabs promettent alors des représailles qui ne tardent pas à suivre . Le 24 octobre 2011, deux attaques à la grenade font trois morts et 25 blessés à Nairobi. Les Etats-Unis avertissement également de l’imminence d’attaques contre des lieux fréquentés par les étrangers (centre commerciaux, boîtes de nuits, etc). Les attaques, attribuées à des militants Shebabs en territoires kenyans se multiplient en novembre 2011 et en 2012 (on pense notamment à l’attaque contre les églises de Garissa en juillet). Le 7 janvier 2012 les Shebabs diffusent une vidéo déclarant que le Kenya est une « House of war ». Le Kenya est une cible d’autant plus facile pour les Shebabs qu’ils auraient établi une présence permanente au Kenya dès juillet 2011, en particulier au sein de la large diaspora somalienne et la population somalie résidant le quartier de Eastleigh à Nairobi et le camp de réfugiés de Dadaab dans le Nord. Des réseaux semblent aussi établis avec les non somalis à Eldoret et sur la côte .
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Par ailleurs, rappelons qu’au début des années 1990, Al-Qaïda n’était pas parvenu à s’implanter en Somalie. D’une part, parce que la population se méfiait de ces étrangers qui prônaient un islam peu populaire en Somalie. Ce sentiment était exacerbé par la xénophobie des milices armées locales. D’autre part, Al-Qaïda ne semble alors pas avoir mesuré l’importance de l’islam traditionnel, spécifique à la Somalie , et les représentants de la nébuleuse ne surent pas s’adapter aux renversements fréquents d’alliances entre clans et sous-clans et durent faire face à des difficultés logistiques considérables, au manque de sécurité, etc. En revanche, la nébuleuse aurait réussi à établir des réseaux au Kenya où le comorien Mohamed Fazul Abdallah la représentait. Ces réseaux planifient les attaques contre les ambassades américaines de Nairobi et de Dar-Es-Salam en 1998, ainsi que les attaques de Mombassa en 2002. L’essor des Shebabs redonne une seconde vie à ces réseaux.

Une attaque à l’envergure surprenante

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Le 21 septembre 2013, armé d’armes légères, de fusils d’assaut et de grenades, un commando d’une dizaine d’individus, d’ethnie somalie et de différentes nationalités, a pénétré dans le centre commercial de Nairobi, le Westgate Mall. Revendiquée par le porte-parole des Shebabs, cette attaque est commentée en direct par les militants du groupe sur twitter, via différents comptes, au fur et mesure de leur suspension par l’administration du réseau social.
Cette attaque rappelle fortement celle de Bombay en novembre 2008. Elle est remarquable par son envergure. C’est la première fois que les Shebabs effectuent une prise d’otages de cette ampleur, avec l’impact psychologique que cela implique au niveau national et international. Une opération de communication menée avec succès donc. Le choix de cette cible, un centre très fréquenté le samedi par les kenyans de diverses communautés et les expatriés, révèle une grande préparation, la volonté d’avoir un impact médiatique internationale et le désir d’instaurer un climat de peur. Les Shebabs voyant leur ambition de prendre le pouvoir en Somalie s’éloigner, leur stratégie semble être de déstabiliser les régimes ennemis dans une sorte de stratégie d’exportation de la guerre au-delà des frontières somaliennes. Enfin, l’attaque révèle « un véritable saut qualitatif et le passage à une autre dimension opérationnelle ».
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Les conséquences de l’attaque pour le Kenya

L’attaque du Westgate Mall risque d’avoir des répercussions plus graves que les attentats de 1998 sur le Kenya. En premier lieu, l’image du pays se trouve dégradée et les recettes touristiques, dont dépend fortement l’économie nationale, pourraient s’en trouver diminuées. Politiquement cette attaque pourrait renforcer la légitimité du mandat du Président Kenyatta alors même qu’il était, avec son vice-Président, inculpé de crimes contre l’humanité par la Cour Pénale Internationale, suite aux émeutes ayant suivi les élections de 2007. Néanmoins, la cohésion nationale et l’unité du pays face à cette attaque risque d’être limitées dans le temps. Les communautés somalies, considérés avec une certaine suspicion par les autorités de Nairobi en raison des revendications sécessionnistes de la post-indépendance et de la porosité actuelle de la frontière avec la Somalie qui permet tous

WESTGATE

les traffics, ainsi que les communautés musulmanes, déjà marginalisées et occupant des territoires pauvres, pourraient porter le prix de la responsabilité aux yeux des autres Kenyans, au risque de pousser les plus jeunes membres de ces communautés à rejoindre les groupes jihadistes ou sécessionnistes (le Monbassa Republican Council par exemple). En effet, La pauvreté et le sentiment de marginalisation sont les meilleurs agents recruteurs et le défi est grand pour le régime kenyan qui avait déjà la responsabilité de tourner la page des divisions internes, de réformer l’Etat suite à la nouvelle Constitution adoptée en 2010.