Dernièrement le chercheur Pierre Boilley avertissait :
« Il ne
faut pas laisser la main à la seule armée malienne. Le risque est grand que les
autorités de Bamako, soutenues par une armée putschiste, ne profitent de la présence des militaires français au
Mali pour mener de larges représailles contre les Touareg à l'abri du paravent
antiterroriste. On peut s'inquiéter quand on entend le président malien par
intérim, Dioncounda Traoré, appeler à la reconquête. Nous savons déjà que les
civils touareg ne sont pas épargnés par les soldats maliens.
Les Français en ont conscience car des contacts
existent avec le MNLA pour ne pas confondre ses forces avec celles des
islamistes. La stabilité du Mali ne peut se faire sans régler la question
touareg et le problème de la marginalisation du nord du pays qui ont nourri le
terreau djihadiste." (Source: ICI)
Depuis
le commencement des opérations au Mali,
plusieurs témoignages font aussi déjà état de vengeances et de punitions contre
les populations non noirs : ICI et ICI
Ce
problème est ethnico racial et peut s’expliquer par une profonde division entre
« Afrique noire » et « Afrique blanche » qui marque les
mémoires collectives locales et caractérise les Etats situés entre les
latitudes 10°Nord et 20° Nord. Le Sahara est ainsi un pont entre le bled es sudan (« pays des
Noirs ») et le bled es beidan
(« pays des Blancs »).
Beaucoup de conflits trouvent leur origine dans la mémoire de la traite (islamo
arabe puis européenne), souvent facilitée par des populations locales. A cette
opposition ; il faudrait ajouter celle entre les populations sédentaires
méridionales et les nomades (Toubou, Touaregs, Maures) se considérant, par
opposition, comme Blancs. Pour Medhi Taj : « cette fracture raciale
Nord-Sud, ancrée dans l’histoire, est à la base d’une profonde conscience
ethnico-tribale structurant les sociétés du sahel africain et brouillant la
pertinence du concept occidental d’Etat Nation.[1]»