lundi 29 mars 2010

Crimes contre l'humanité en RDC ?

Les civils en République démocratique du Congo (RDC), et plus particulièrement les femmes, continuent d'être les victimes d'"atrocités" qui "dans certains cas pourraient constituer des crimes contre l'humanité", dénoncent des experts de l'Onu dans un rapport publié vendredi.
"Des membres des Forces armées de la République démocratique du Congo (FARDC), de la Police nationale congolaise (PNC), de l'Agence nationale de renseignements (ANR) et d'autres services de renseignements seraient responsables d'exécutions sommaires, d'actes de violence sexuelle et de torture et de mauvais traitements (...) des groupes armés tels que l'Armée de résistance du Seigneur (LRA) et les Forces démocratiques de libération du Rwanda (FDLR) commettent des atrocités qui constituent de graves violations du droit international humanitaire et qui, dans certains cas, pourraient constituer des crimes contre l'humanité (...) violence sexuelle la plus brutale est utilisée comme arme de guerre par toutes les parties locales au conflit (...) Des femmes et des filles ont été exécutées sommairement ou mutilées après avoir été victimes de viols collectifs. Certaines d'entre elles s'étaient fait introduire une arme à feu, du bois, du sable ou de la colle dans le corps" (...) Des maris, des parents ou des enfants qui tentaient de faire cesser le viol de leurs proches ont également été agressés, tués ou contraints de violer les membres de leur propre famille (...) Des témoignages révèlent que tant des membres des Forces armées de la RDC (FARDC) que d'autres groupes armés ont enlevé des femmes et des filles et les ont détenues pour les utiliser comme esclaves sexuelles et que celles-ci ont été soumises à des viols collectifs pendant des semaines et des mois, parfois accompagnés d'autres atrocités", ajoutent-ils.

samedi 27 mars 2010

Sommet de la Ligue arabe


Lundi prochain, Mustapha Benchenane, politologue à la Faculté de Droit de l'Université René Descartes Paris V, sera l'invité de l'émission des Enjeux internationaux. Ecoutez l'émission ICI
Pays membres en Afrique sub saharienne : Comores, Djibouti, Mauritanie, Somalie, Soudan. Ils sont également membres de l’Organisation de la conférence islamique
Les sujets vont de la définition d'une position arabe commune et des mesures pratiques au désarmement nucléaire au Moyen Orient, à l'utilisation du nucléaire à des fins pacifiques et aux sources d'énergie alternatives et renouvelables, en passant par la coopération avec l'Afrique, l'Europe, la Russie, la Turquie et l'Amérique du Sud. "Il est évident que la question de la sécurité sur le continent africain aura la priorité sur les autres questions qui seront discutées lors de ce sommet, notamment depuis que le Maghreb est devenu le terreau du terrorisme le plus dangereux, qui se répand dans le désert saharien et en Somalie", a expliqué le député tunisien Adel Alchaouch.
Enjeux :Adepte des coups d'éclats, Mouammar Kadhafi va tenter de s'octroyer plus de pouvoirs durant son mandat à la présidence de la Ligue arabe, dont le sommet est organisé pour la première fois en Libye.
A venir : Le premier sommet depuis 1977 entre l'Union africaine (UA) et la Ligue arabe se tiendra en octobre prochain en Libye. Cette réunion sera notamment consacrée aux inquiétudes que suscitent les liens entre des groupes rebelles et les extrémistes islamistes en Afrique et dans le monde arabe, comme en Somalie et au Yémen. Le dernier sommet entre l'Organisation de l'Unité africaine (OUA), qui est devenue l'UA, et la Ligue des Etats arabes s'était tenu il y a trente-trois ans, au Caire.
 

vendredi 26 mars 2010

Les lectures du week end !


Un nouveau rapport du Council On Foreign Relations : "Somalia A New Approach" par Bronwyn E. Bruton. A télécharger ICI :
"Even among failed states—those countries unable to exercise authority over their territory and provide the most basic services to their people—Somalia stands apart. A country of some nine million, it has lacked a central government since the fall of Mohamed Siad Barre’s regime in 1991. Poverty and insecurity are endemic. Less than 40 percent of Somalis are literate, more than one in ten children dies before turning five, and a person born in Somalia today cannot assume with any confidence that he or she will reach the age of fifty.

Failed states provide fertile ground for terrorism, drug trafficking, and a host of other ills that threaten to spill beyond their borders. Somalia is thus a problem not just for Somalis but for the United States and the world. In particular, the specter of Somalia’s providing a sanctuary for al-Qaeda has become an important concern, and piracy off Somalia’s coast, which affects vital international shipping lanes, remains a menace.

In this Council Special Report (...) Bronwyn E. Bruton proposes a strategy to combat terrorism and promote development and stability in Somalia. She first outlines the recent political history involving the Transitional Federal Government (TFG) formed in 2004 and its Islamist opponents, chiefly the Shabaab, which has declared allegiance to al-Qaeda. She then analyzes U.S. interests in the country, including counterterrorism, piracy, and humanitarian concerns, as well as the prospect of broader regional instability.

Bruton argues that the current U.S. policy of supporting the TFG is proving ineffective and costly. The TFG is unable to improve security, deliver basic services, or move toward an agreement with Somalia’s clans and opposition groups that would provide a stronger basis for governance. She also cites flaws in two alternative policies—a reinforced international military intervention to bolster the TFG or an offshore approach that seeks to contain terrorist threats with missiles and drones.

Instead, Bruton advances a strategy of “constructive disengagement.” Notably, this calls for the United States to signal that it will accept an Islamist authority in Somalia—including the Shabaab—as long as it does not impede international humanitarian activities and refrains from both regional aggression and support for international jihad. As regards terrorism, the report recommends continued airstrikes to target al-Qaeda and other foreign terrorists while taking care to minimize civilian casualties. It argues for a decentralized approach to distributing U.S. foreign aid that works with existing local authorities and does not seek to build formal institutions. And the report counsels against an aggressive military response to piracy, making the case instead for initiatives to mobilize Somalis themselves against pirates. (...)"

jeudi 25 mars 2010

Les guerres de l'eau

Mardi Thierry Garcin recevait, Gabriel Wackermann (Professeur émérite à la Sorbonne, géographe) dans son émission les Enjeux Internationaux. Écoutez ICI

"À l’occasion de la journée mondiale de l’eau (22 mars), les potentialités de conflits dans le monde pour l’accès à l’eau. L' « hydro-politique » est une expression des années 80, destinée à montrer l'importance des aspects géopolitiques de l'accès à l'eau douce et, bien sûr, de son utilisation. On sait combien sont décisives la possession et la maîtrise de l'eau, à la fois pour la vie des hommes, pour l'agriculture et l'élevage, pour la vie des animaux et --ce qu'on oublie souvent-- pour les activités industrielles. Peut-on dès lors imaginer des crises voire des conflits armés, de dimension interétatique ? De fait, certaines régions revêtent une dimension stratégique : l'Anatolie turque à l'égard de la Mésopotamie ; le Tibet chinois à l'égard de l'Asie du Sud ; les deux Nils en Afrique orientale à l'égard de l'Égypte. De plus, le Mékong, de grands fleuves africains, le Rio Grande, sans parler du Jourdain, sont autant de cas particuliers. Et, en cas de conflit, quel pourrait être le rôle des organisations régionales et internationales? "
Quelques notions sur la question :

Critères du fleuve international:
- 1er critère est de nature politique : Deux types de fleuves internationaux doivent être distingués : les fleuves-frontières ou contigus et les fleuves successifs.
°Le cas du cours d’eau successif, qui traverse plusieurs Etats. Se pose alors la question des ressources en eaux –débit –qui restent aux Etats situés en aval de l’Etat amont qui a prélevé ; la rivalité entre Etats se fait autour d’une question de débit prélevé (opposition à la construction de barrages en amont par exemple)
° Le cas du cours d’eau contigu, faisant office de séparation entre 2 Etats. La rivalité se fait sur la question de la frontière : celle –ci n’est pas forcément définie par le talweg mais un Etat peut posséder tout le fleuve et ne pas en laisser l’accès à son voisin.
-2ème critère de nature économique, s’y est superposé : celui de la navigabilité ; retenu par le Congrès de Vienne, il a été repris par la Convention de Barcelone de 1921, qui a accentué cette conception en substituant à la dénomination traditionnelle de « fleuve international » celle de « voie d’eau internationale » qui permet d’englober les affluents navigables » (DIP)
Bassin fluvial : zone qui comprend le fleuve international, ses affluents, sous-affluents et eaux souterraines.
Plusieurs conceptions juridiques sur la question des eaux transfrontalières :
- doctrine Harmon de la souveraineté territoriale absolue : un Etat use comme bon lui semble d’un cours d’eau traversant son territoire sans tenir compte des baisses de débit qu’il pourrait provoquer en aval chez un autre Etat.
Ex : Turquie
- doctrine de l’intégrité territoriale absolue : chacun conserve le débit naturel que le fleuve lui donne (conception inverse à la précédente et favorable à l’Etat-aval)
- doctrine dominante en droit et en arbitrage aujourd’hui : celle liée à la notion de bassin intégré et de gestion commune des eaux (aménagement possible en amont mais de façon raisonnable pour ne pas nuire à l’Etat-aval et de lui permettre de mettre en place ses propres systèmes de drainage)
En Afrique les conflits liés à l'eau sont nombreux.
Des conflits internes : au Darfour, au Kenya et au Niger notamment.
Des tensions régionales : bassin du Chobe (Botswana, Namibie), bassin du Nil (défaillance de coopération, voire billet précédent ICI), les bassins du Cunene, de l'Incomati, du Limpopo et du Zambèze entre les Etats de la SADC, le bassin de l'Okavango, le bassin de l'Orange (Afrique du Sud et Namibie), le bassin du Sénégal (Mauritanie et Sénégal), le bassin du Lac Tchad, le fleuve Volta (Ghana, Burkina Faso), les nappes fossiles du Sahara (Tchad, Egypte, Niger, Soudan, Libye).

mercredi 24 mars 2010

Ce soir : Capital terre (M6) en Ethiopie


Dérivée de Capital, l’émission Capital Terre sera diffusée ce soir à 20h40 sur M6. Cette nouvelle émission d’investigation promet d'aller aux quatre coins du globe pour nous apprendre comment notre consommation quotidienne se répercute sur l’environnement. L'animateur, Guy Lagache a sillonné le monde dont un arrêt en Éthiopie pour découvrir les conséquences de la production alimentaire de masse sur l’écologie : "Nous voulons comprendre comment le monde fonctionne par le prisme de l’environnement. Nous n’avons pas de rôle militant, nous sommes là pour mener l’enquête".
Mes précédents billets sur l'achat des terres agricoles ICI et ICI


Je vous y informais d'ailleurs que : "l’Ethiopie sera à l'honneur d'un des premiers reportages de la nouvelle émission Terre d'enquête [finalement l'émission s'appelle Capital Terre] d’M6, présenté par Guy Lagache. L’émission enquête sur la cession des terres et aurait connu quelques difficultés de tournage dans le pays." Leur démarche cherchait à éclaircir trois points : pourquoi ces investisseurs viennent dans ce pays ? Pourquoi le gouvernement éthiopien fait tout pour les y attirer ? Est-ce que la population locale bénéficie de leurs investissements ?....Réponse peut-être ce soir...

Sortie ciné : White Material. Où pourrait se situer l'action ?


Le continent africain a les honneurs du cinéma depuis quelques mois. Sortie demain du film "White material" de la réalisatrice Claire Denis qui vécut dans son enfance au Cameroun, au Burkina Faso et à Djibouti.
Synopsis : Quelque part en Afrique, dans une région en proie à la guerre civile, Maria refuse d'abandonner sa plantation de café avant la fin de la récolte, malgré la menace qui pèse sur elle et les siens.
Le film n'indique pas le lieu où se déroule l'action ("quelques part en Afrique"), imagineriez vous un film tourné "Quelques part sur le continent américain ou sur le continent européen"? A croire que l'Afrique est un tout sans particularité. Le Botswana, le Soudan, la Somalie, le Sénégal.... même problématiques, même reliefs, même économies, même climat, .... : même combat ! Et bien pas tout à fait. Je n'ai pas encore vu le film. Mais j'ai essayé  de "situer" l'action.
Un pays d'Afrique francophone déjà :

 Une bonne vingtaine ce qui limite le choix et au vu de la bande annonce je retire également les îles (Madagascar, Comores...) ainsi que Djibouti.
Une plantation de café ?
Cameroun, Centrafrique, Côte d'Ivoire, Togo, RDC ?

Une guerre civile, la présence de l'armée française, le départ des Français installer dans le pays, un évènement contemporain qui aurait pu traumatiser l'imaginaire des Français ?  D'autres suggestions ?

mardi 23 mars 2010

Darfour : échec de la conférence du Caire


Au lieu des 2 milliards de dollars attendus, la conférence internationale des donateurs pour le Darfour n’a engrangé, dimanche dernier au Caire, que 850 millions $, prêts et dons confondus. Insuffisant pour recaser les 3 millions de personnes déplacées, préalable pour éteindre un conflit qui a fait 300 000 morts selon les estimations de l’ONU, 10 000 selon Khartoum.

Participants :
-la soixantaine des pays membres de l’OCI,
- une vingtaine de donateurs traditionnels dont : les Etats-Unis, les pays de l’Union européenne, les agences onusiennes et les associations humanitaires.
Les principaux contributeurs déclarés à l’issue de la rencontre :
- la Banque islamique pour le développement,
- le Brésil,
- le Qatar,
- la Turquie,
- l’Algérie,
- l’Australie
- le Maroc (soutien de 500 000 dollars.

Les pays occidentaux expliquent leur réserve par l’absence de garanties quant à l’utilisation de l’argent d'autant que par le passé, les montants transférés par le biais de la Banque mondiale ont été souvent détournés. En attendant de trouver des canaux plus fiables, cette tiédeur des donateurs pourrait compromettre les résultats difficiles acquis lors des pourparlers de paix tenus à Doha il y a quelques jours et compromettre également la tenue des premières élections présidentielles soudanaises depuis 1986.

Je rappelle que le Darfour est une province de l’ouest du Soudan, aussi vaste que la France, mais peuplée de 6 millions d’habitants seulement.
Dans les années 1980 la région a été frappée par une grave sécheresse. Les éleveurs firent descendre leurs troupeaux plus au sud et plus tôt dans l’année. Depuis, les tensions montent entre les pasteurs arabes et les agriculteurs non arabes (en particulier les Fours), même si tous sont musulmans, noirs et de nationalité soudanaise.
Cette crise remet en cause la grille d’analyse traditionnelle qui permettait d’expliquer la situation au Soudan par le clivage Nord (musulman) /Sud (chrétien). Confronté aux rébellions du Darfour, le gouvernement soudanais arme des milices supplétives (essentiellement arabes), les Janjawides, qui commettent de graves exactions contre les populations civiles. Ces violences ont fait fuir de chez eux le tiers de la population du Darfour et fait deux millions de déplacés. 300.000 personnes auraient trouvé la mort depuis le début de la crise.
Le conflit au Darfour fait tâche d’huile chez les voisins tchadien et centrafricain.
Sources : Les Afriques / SLG

lundi 22 mars 2010

ICG : "Madagascar : sortir du cycle de crises"


L'International Crisis Group sortait la semaine dernière son dernier rapport : "Madagascar : sortir du cycle de crises" (téléchargez le rapport ICI), la synthèse et les recommandations proposées par l'organisation ci-dessous :
"Madagascar est en crise depuis les troubles sanglants qui l’ont secoué début 2009. Plusieurs mois de médiation sous l’égide de l’Union africaine (UA), entre autres, n’ont pas permis de débloquer la situation. Malgré la signature de plusieurs documents, et l’annonce de l’Union africaine de sanctions individuelles contre les membres du regime le 17 mars, les négociations n’ont pas abouti, principalement à cause du refus du gouvernement Rajoelina de mettre en œuvre le partage du pouvoir accepté à Maputo en août.
Bien que la violence ait été contenue depuis qu’il a pris le pouvoir en mars 2009, la légitimité du régime est remise en question tant à l’intérieur du pays qu’à l’extérieur, alors qu’une situation économique difficile pèse lourdement sur une population déjà appauvrie. Pour éviter toute escalade, la médiation devrait cesser d’essayer de mettre en place une transition fondée sur un partage du pouvoir, et tenter plutôt d’obtenir un accord sur la rédaction consensuelle d’une nouvelle constitution et l’organisation rapide d’élections sous supervision internationale.
De janvier à mars 2009, Andry Rajoelina, alors maire de la capitale, Antananarivo, rassemble dans la rue plusieurs dizaines de milliers de personnes et exige la démission du gouvernement du président Marc Ravalomanana. Il forme une alliance de circonstance avec l’opposition politique et une partie de la société civile, et organise de grands rassemblements qui dégénèrent en pillages massifs, dans lesquels au moins 70 personnes perdent la vie. Rajoelina forme un gouvernement parallèle, la Haute autorité de la transition (HAT), et demande le 7 février à ses partisans de prendre le palais présidentiel. Les forces de sécurité ouvrent le feu sur la foule et font près de 30 morts.
Les tentatives de médiation des Eglises et des Nations unies (ONU) échouent alors que les deux protagonistes s’enfoncent dans une logique de provocation. Les manifestations se poursuivent, ponctuées d’arrestations ciblées et de répression par les forces de l’ordre, jusqu’à ce qu’un camp militaire se mutine et rallie Rajoelina. Acculé, Ravalomanana cède le pouvoir à un directoire militaire composé de trois généraux le 17 mars 2009, qui le transfère immédiatement au maire. L’Union africaine et d’autres condamnent cette prise de pouvoir anticonstitutionnelle.
Les accords de partage du pouvoir signés à Maputo en août et à Addis-Abeba en novembre représentaient une opportunité de mettre en place une transition consensuelle en réunissant au sein du gouvernement les quatre mouvances politiques représentées par Rajoelina, Ravalomanana, et deux anciens présidents, Didier Ratsiraka et Albert Zafy. Mais bien qu’il ait signé les accords, Rajoelina et son entourage ont depuis bloqué leur mise en place, pour conserver tous les postes importants, et menacé d’organiser des élections de manière unilatérale. Le manque de volonté politique de réaliser des compromis de la part de protagonistes qui semblent plus préoccupés par leur rente de situation que par une solution dans l’intérêt de la nation a rendu un authentique partage du pouvoir pratiquement impossible.

L’impasse de 2009 est la responsabilité d’une élite politique qui a constamment sapé la création d’institutions stables et démocratiques au profit de ses propres intérêts politiques et économiques. Ses pratiques sont également à l’origine des autres crises politiques (1972, 1991 et 2002) qui ont déstabilisé Madagascar depuis son indépendance. Ses membres sont chaque fois parvenus à préserver leurs réseaux de pouvoir, rendant inévitable l’apparition de nouvelles crises.

Une nouvelle constitution et des élections constituent la seule option réaliste pour sortir de ce cycle de crises à répétition. Madagascar a besoin de rétablir des institutions légitimes et d’initier des réformes administratives. La priorité de l’équipe de médiation devrait donc être la négociation d’un accord entre les quatre mouvances politiques, qui permettrait la rédaction rapide d’une nouvelle constitution, un référendum constitutionnel et la tenue d’élections libres et équitables, ainsi que la clarification des termes de l’amnistie décidée à Maputo.

L’organisation des élections ne peut pas reposer exclusivement sur la HAT. Les quatre mouvances devraient accepter que le référendum constitutionnel et les élections soient organisés et supervisés par une mission conjointe UA/ONU. Durant cette période, les activités de la HAT devraient être réduites à l’expédition des affaires courantes. Tout membre qui désirerait se présenter aux élections devrait d’abord démissionner. Andry Rajoelina pourrait, lui, garder ses fonctions jusqu’aux élections, auxquelles il pourrait se présenter, comme négocié à Maputo. Cela permettrait de répondre à la fois aux demandes de la HAT, qui insiste sur l’orga­nisation rapide d’élections, et à celles des trois autres mouvances, qui veulent un contrôle impartial du processus électoral. Cela empêcherait également les disputes autour des postes ministériels et permettrait d’éviter une transition trop longue.

Pour que cette solution fonctionne, l’UA et l’ONU devraient nommer un envoyé spécial conjoint chargé de superviser l’élaboration d’une nouvelle constitution, ainsi que l’organisation d’un référendum constitutionnel et d’élections générales. Une mission de police UA/ONU devrait être mise en place et placée sous la responsabilité de l’envoyé spécial. Elle serait chargée de travailler en étroite collaboration avec les forces de sécurité malgaches pour sécuriser le processus électoral. La communauté internationale, déjà représentée dans le Groupe de contact, devrait rester impliquée, et son rôle de garant inscrit dans l’accord politique.

RECOMMANDATIONS

Aux mouvances malgaches :

1. Signer un accord politique qui autorise conjointement les Nations unies et l’Union africaine à :

a) superviser la rédaction d’une nouvelle constitution par un processus consensuel impliquant les mouvances malgaches et la société civile ;

b) organiser et superviser un référendum sur cette constitution et la tenue des élections ; et

c) déployer une mission de police pour travailler en collaboration avec la police nationale à la sécurisation des élections.

2. Accepter la nomination d’un envoyé spécial unique, mandaté conjointement par l’Union africaine et le Conseil de sécurité des Nations unies, responsable des tâches susmentionnées.

A la Haute autorité de la transition (HAT) :

3. Eviter tout conflit d’intérêt potentiel en exigeant que ses membres qui souhaitent se présenter aux élections démissionnent d’abord de leurs fonctions.

4. Cesser toute activité législative et uniquement expédier les affaires courantes.

Au chef de l’équipe conjointe de médiation, Joaquim Chissano :

5. Collaborer étroitement avec l’envoyé spécial UA/ONU et intervenir en tant qu’autorité morale en cas de blocage du processus.

Aux Conseil de paix et de sécurité de l’Union africaine et au Conseil de sécurité des Nations unies :

6. Nommer une personnalité africaine importante comme envoyé spécial conjoint responsable des tâches mentionnées à la recommandation 1.

7. Sécuriser le processus électoral en étroite collaboration avec la police nationale, en autorisant le déploiement d’une mission de police UA/ONU composée de petites unités opérationnelles intégrées aux forces de police malgaches et dirigée par un commissaire de police UA/ONU placé sous l’autorité directe de l’envoyé spécial.

8. Faire comprendre aux protagonistes que toute obstruction du processus serait suivie de sanctions ciblées (telles que le gel des avoirs ou l’interdiction de visa) touchant les individus et leurs familles.

A la France, les Etats-Unis, l’Union européenne et l’Afrique du Sud :

9. Soutenir diplomatiquement et financièrement ce processus de paix (particulièrement la rédaction d’une constitution et l’organisation des élections), mais s’abstenir de tout autre soutien financier jusqu’à l’aboutissement du processus électoral.

10. Promouvoir un programme de réforme de l’armée, des programmes de réhabilitation de la fonction militaire et un plan social permettant aux hauts gradés et aux militaires du rang sans affectation de quitter l’armée avec dignité."

samedi 20 mars 2010

Les lectures du week end !


"Violences en brousse : Le "peacebuilding" international face aux conflits fonciers" par Florence Liégeois et Thierry Vircoulon : "Suite au conflit en Ituri (1999-2003), la communauté internationale a déployé divers programmes de reconstruction de la paix dans ce district du nord-est de la République démocratique du Congo (RDC). Inclus dans une approche nationale de transition démocratique, ces programmes n’ont pas toujours pris la mesure de l’ampleur des conflits locaux et de la fragilité des institutions locales qui sont à la fois les cibles et les relais de ces programmes. S’intéressant prioritairement au système judiciaire, l’intervention internationale a montré ses limites et ses dysfonctionnements. Les opérateurs ont dans un premier temps négligé la dimension foncière du conflit iturien et la nécessité d’une action intégrée dans ce domaine. À partir de 2006, quelques actions de soutien aux acteurs du foncier se sont mises en place, sans toutefois embrasser l’intégralité de la problématique : prévalence de la coutume, faiblesse de l’administration, limites de l’approche institutionnelle, dimension politique, rôle mineur de la société civile. Cependant, une initiative locale a vu le jour avec la création d’une Commission foncière de l’Ituri qui, après quelques balbutiements, semble pouvoir être une piste intéressante de prévention et de gestion des conflits fonciers si elle parvient à relever deux défis : devenir viable et intégrer une diversité d’acteurs qui lui permettra d’asseoir sa légitimité et de trouver des solutions innovantes au règlement des conflits fonciers."

"Somalia at a Crossroads and the Duty of the International Community", vidéo et transcription de la conférence ICI

"Zimbabwe: Turning Thirty" par Richard Horsey, dans The World Today ICI

"Guinea: Bought by Beijing" par Daniel Balint-Kurti dans The World Today ICI

lundi 15 mars 2010

Sortie du numéro de mars d'Afrique Réelle



Sortie du nouveau d'Afrique Réelle de Bernard Lugan sur l'Afrique du Sud : ICI