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jeudi 22 septembre 2011

Combien gagne un pirate ?

A la suite du billet "Piraterie : un impact économique limité ?", interrogeons-nous, combien rapporte la piraterie, aux pirates et aux investisseurs ?



Coûts et dépenses annuels (pour 1 financier, 4 bateaux et 12 pirates) en 2008.

REVENUS
Investissement par le financier
                Skiff et moteur hors-bord   14 000$
               Armes et munitions             2 000$
               Grappins et échelles            1 200$
               Aide à la navigation, GPS   4 000$
Paiements de rançons                   600 000$
                                                           Total revenus 621 200$
DEPENSES
Coûts opérationnels
              Nourriture, fournitures...       72 800$
              Maintenance des équipements 31 200$
              Soins aux victimes                15 750 $
              Pots de vin                            180 000$
                                                      Total des dépenses 299 750$

BENEFICES
Total des bénéfices (brut)                                 321 450$
Total des bénéfices (sans les investissements) 300 250$
Part du financier                                              120 250$
Parts des pirates                                               180 000$
Part par pirate                                                    15 000$

Sources : Calculs réalisés par Raymond Gilpin, sur la base de témoignages de pirates capturés, pour trois détournements réussis, sur neuf tentatives dans l’année, et deux paiements de rançons.
Les frais de nourriture et de fournitures sont calculés pour 208 jours de travail sur l’année.
La rançon serait, en général, divisée ainsi : 20% pour le(s) financier(s), 20% pour les coûts d’opération, 30% en pots de vin, 30% pour les pirates.

vendredi 9 septembre 2011

Piraterie : un impact économique limité ?

Voici quelques extraits de la présentation faite au colloque Guerre et économie organisé par le Club participation et progrès et l'Alliance GéoStratégique le 1er juillet 2011 à l'Ecole militaire. Cette présentation s'intitulait "la piraterie un business porteur ?". Les actes de colloque sont en préparation.



Pour mesurer le coût de la piraterie, doivent être pris en compte :
-le paiement des rançons qui s’élèverait à 240 millions de dollars cumulés depuis 2009 ;
-le surplus occasionné par le détournement d’une minorité de navires vers le cap de Bonne Espérance. Une minorité de navire ont fait ce choix car le passage par le détroit de Bab El Mandeb permet un gain de temps de 14 jours et une économie de carburant entre 800 000 et 2,7 millions de dollars selon le navire. Par ailleurs, il semblerait que seul un navire sur 400 soit détourné mais ce chiffre est soumis à caution puisqu’il ne prend pas en compte les actes de piraterie locaux;
-l’augmentation du prix des marchandises. Après l’attaque contre le Sirius Star le prix du pétrole aurait augmenté de 1,4% ;
-le coût pour les pays voisins : le gouvernement seychellois estime la perte à 12 millions d’euros par an, les prises de thon auraient diminué de 20%, la production de conserverie de 11%, les activités du port de 40%, les revenus du tourisme de 10% et le gouvernement doit allouer 2,3millions d’euros par an (4,3% du PIB) à la lutte contre la piraterie . Les lignes ravitaillant la Tanzanie et le Kenya sont directement touchées, les navires doivent effectuer un détournement de ces lignes qui entraine un surcoût estimé à 5 millions de dollars par an ;
-pour les pêcheurs locaux à qui les pirates ponctionnent des vivres et du carburant. En se prenant au commerce local et régional ils risquent de déstabiliser des économies déjà fragiles ;
-le coût humain : 500- 700 otages actuellement, 4000 personnes ont été maintenues par les pirates ;
-le coût humain pour les Somaliens. Atalante est aussi une mission de protection des navires affrétés par le PAM (Programme alimentaire mondial) et par l’AMISOM.
Une économie de la lutte contre la piraterie s’est développée : les assurances, la construction navale, les sociétés militaires privées et les fabricants d’armes non-létales…

Figure : Coût total de la piraterie (par an)
Rançons                              176 millions $
Primes d'assurance             Entre 460 millions $ et 3,2 milliards $
Routage des navires           2,4 à 3 milliards $
Équipements de sécurité    363 millions $ à 2,5 milliards $
Forces navales                    2 milliards $
Poursuites judiciaires         31 millions $
Opérations dissuasives       19,5 millions $
Coût pour l'économie régionale 1,25 milliards $
dont l'Egypte                      642 millions $
dont le Kenya                     414 millions $
dont les Seychelles             6 millions $
TOTAL                              7 à 12 milliards $ par an

Source : Anna Bowden, The Economic costs of maritime piracy

Bien que la piraterie ait fortement augmentée dans cette zone elle reste peu couteuse par rapport au chiffre d’affaire de l’industrie du transport maritime et le coût de l’opération militaire de lutte contre ce phénomène excède de loin le total des rançons versées aux pirates . Ainsi, d'après K. Menkhaus, « le volume total du contingent suédois constitué de 152 personnes, deux corvettes et un navire de soutien stationné pendant quatre mois en 2009 est supposé avoir couté 285 millions de couronnes suédoises (soit 36.5 millions de dollars) (…) soit l’équivalent de l’ensemble des rançons versées en 2008 entre 20 et 40 millions de dollars US »
Le total du montant des rançons s’élèverait à 240 millions de dollars depuis 2009, mais la lutte contre la piraterie, donc le surcoût par la communauté internationale (avec les navires de défense), serait estimé entre 10 et 16 milliards de dollars. La piraterie représenterait 1/1000 du coût total du transport maritime.
Globalement l’impact économique de la piraterie est donc limité même si elle reste une menace stratégique, humaine et politique intolérable.


Lire :
- Anna Bowden (dir.), « The Economic Cost of Maritime Piracy », décembre 2010, 26p, ICI
- Michèle Battesti, « Entretien avec S. E. M. Claude Morel, ambassadeur de la République des Seychelles en France », Lettre de l’Irsem n°4 -2011, ICI
- Gascon Alain, « La piraterie dans le golfe d'Aden : les puissances désarmées?», in Hérodote, 2009/3 n° 134, p. 107-124.
- « Rapport d’information déposé en application de l’article 145 du règlement par la commission de la défense nationale et des forces armées sur la piraterie maritime et présenté par m. Christian Ménard », Assemblée Nationale, n°1670, 13 mai 2009
-K. Menkhaus, « Dangerous Waters », in Survival, vol.51, n°1, 2009, p.23-24
-Jean-Marc Le Quilliec, « Reprendre l’initiative dans la lutte contre la piraterie au large de la Somalie », in Revue Défense Nationale, Tribune n°71 ICI
- Anne Gallais Bouchet, François Guiziou, « Piraterie : Perturbation de l'économie maritime? », Note de Synthèse N°128, ISEMAR, octobre 2010, p.1 ICI

vendredi 10 juin 2011

Economie : des opportunités historiques ?

La dernière édition des Perspectives économiques en Afrique, éditée conjointement par la Banque africaine de développement (BAD), l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE), le Programme des Nations unies pour le développement (Pnud) et la Commission économique des Nations unies pour l’Afrique (CEA), vient de paraitre (ICI) et porte sur les liens du continent avec ses partenaires émergents.
Principaux enseignements :
- la croissance de l'Afrique subsaharienne devrait être plus rapide que celle de ses voisins d'Afrique du Nord en 2011 (effet des événements politiques en Afrique du Nord et des prix élevés des produits alimentaires et pétroliers),
- les économies ont amorcé une reprise en 2010, et une reprise de 5,8% est prévue en 2012,
-mais ils doivent diversifier leurs partenaires commerciaux
- les partenaires traditionnels assurent encore la plus grande part des échanges commerciaux (62 %), de l’investissement (80 %) et de l’aide publique au développement (90 %),
- les échanges avec les pays émergents a augmenté de 23 à 39 % au cours des dix dernières années et en 2009, la Chine est devenue le principal partenaire commercial du continent,
-cependant la spécialisation excessive en matières premières non transformées, le poids de la dette et les problèmes de gouvernance restent les défis à relever d'autant que d'après le rapport "Les transformations de l'économie mondiale offrent des opportunités historiques"

lundi 18 avril 2011

Coopération : priorités africaines


La semaine dernière, Henri de Raincourt, Ministre chargé de la Coopération auprès du ministre des Affaires étrangères et européennes, a présenté le document cadre "Coopération au développement : une vision française". Rien de nouveau.
4 enjeux : "une croissance durable et partagée, la lutte contre la pauvreté et les inégalités, la préservation des biens publics mondiaux, la stabilité et l’État de droit". La priorité reste aux zones méditerranéennes et africaines.
Pour 2011-2013 la répartition budgétaire (principalement en bilatéral) est la suivante :
1) Afrique subsaharienne ("en veillant à la soutenabilité de l'aide") :
• plus de 60 % de l’effort financier de l’État sur l’ensemble de la zone,
• plus de 50 % des subventions sur les 14 pays pauvres prioritaires,
2) Méditerranée ("un enjeu essentiel"): 20 % de l’effort financier de l’État ;
3)Pays en crise :
10 % des subventions (gestion des crises et postcrise, hors interventions relevant de la prévention)
4) Pays émergents : au maximum 10 % de l’effort financier de l’État.
Alors que l'Indonésie, la Turquie, la Chine, le Brésil et l'Irak étaient les 10 premiers bénéficiaires de l'aide bilatérale française entre 2007 et 2009, dans les prochaines années cette aide sera distribuée via le canal multilatéral.

lundi 1 novembre 2010

Afrique, l'ambition chinoise

Mercredi sur Arte rediffusion du film Afrique, l'ambition chinoise ( ICI)

"Pékin, 2006, sommet Chine-Afrique. Les deux parties renouvellent leur amitié et leurs accords de coopération : en quelques années, les gouvernements africains ont reçu des milliards de dollars de crédits et d’investissements de la part des Chinois, qui trouvent matières premières et nouveaux marchés sur le continent. Affiché comme « gagnant-gagnant », puisque apportant à l’Afrique emplois et ressources, cet accord suscite pourtant nombre d’interrogations : s’agit-il d’une nouvelle colonisation du continent ? Quelle en sera la contrepartie pour les Africains ? Pour mieux saisir la réalité des enjeux, les réalisateurs ont passé un an en Zambie pour observer en parallèle le quotidien de deux entrepreneurs chinois et, en contrepoint, les allers et venues d’un ministre zambien entre la Chine et sa patrie.


VRAIMENT « GAGNANT-GAGNANT » ?

Sans commentaires, les réalisateurs nous plongent dans la réalité de la coopération sino-zambienne à travers leurs trois personnages :
• Liu Changming, ancien employé de bureau devenu propriétaire de fermes ;
• Li Jianguo, ingénieur en charge de la construction d’une route pour une grande entreprise chinoise ;
• Felix Murati, ministre zambien du Commerce et de l’Industrie, qui sillonne la Chine en quête de nouveaux investisseurs.

Derrière l’amitié affichée se dessine toute l’ambiguïté de la relation qui s’installe – à l’image des problèmes récurrents de communication, que la traduction automatique dispensée par l’Iphone n’améliore pas vraiment. Certes, une immense fonderie est créée dans la province du Copperbelt. Mais d’autres projets s’arrêtent faute d’apporter des profits immédiats en l’absence de moyens africains. Surtout, les ouvriers zambiens sont clairement exploités : payés selon le bon vouloir de leurs employeurs, mal nourris, ils en sont réduits à quémander ou à grappiller quelques décilitres de pétrole répandus par accident. Des scènes parfois brutales qui ne sont pas sans rappeler les méthodes du travail forcé instauré jadis par la colonisation. L’histoire risque-t-elle de se répéter ?"
Extraits :

mardi 12 octobre 2010

L'Afrique a faim....

Hier l’Institut international de recherche sur les politiques alimentaires (IFPRI) publiait son rapport annuel (disponible en anglais, allemand et espagnol rapport complet ICI, rapport sur l'Afrique ICI) sur la famine dans le monde.
Dans 25 pays (sur les 122 en développement étudiés) la famine atteint des niveaux « alarmants » dont 22 en Afrique et 4 sont « extrêmement préoccupants »: la République démocratique du Congo (RDC), le Burundi, le Tchad et l’Érythrée.



Parmi les pays qui ont accompli un redressement spectaculaire de leur indice de pauvreté entre 1990 et aujourd’hui figurent l’Angola, l’Éthiopie, le Ghana et le Mozambique.


Le rapport montre que la faim et les performances économiques sont inversement proportionnelles :plus un pays a un PIB important, moins son indice de la faim est élevé (l’échelle se situe de zéro à 100, zéro étant le meilleur score). La faim atteint un niveau « alarmant » à partir d’un score de 20 et « extrêmement préoccupant » à partir de 30. Ainsi la RDC se situe au-dessus de 40 sur cette échelle.

mercredi 1 septembre 2010

Réflexions sur l'évolution de la politique africaine de la France

Quelques réflexions sur les évolutions depuis le début des années 1990 :
- d’abord une politique volontariste et attentive de courte durée explicitée dans le discours de la Baule en 1990 ;
- puis une politique plus transparente mais qui prend la forme d'un désengagement ou d'une rupture, à partir de 1997 et illustrée par la formule « ni ingérence, ni indifférence » (L. Jospin) ;
- une politique qui se cherche et qui hésite entre l'influence et l'attentisme, dès 2002, soutenue par la doctrine « accompagner sans dicter » (D. de Villepin)
- et depuis 2007 une politique de rupture et d’ouverture hors du champ traditionnel marquée par la prépondérance des intérêts économiques et le désir de multilatéraliser les opérations.

Malgré les soupçons qui ont pesé sur les gouvernements successifs et sur l'actuel en particulier, la France souhaite rester en Afrique, d’ailleurs les enjeux n’ont guère varié depuis la décolonisation :
- l’Afrique est un levier d’influence à l’ONU et dans les grandes institutions internationales en général, elle lui permet de consolider la position française;
- elle lui permet l’accès à des matières premières;
- l’Afrique est le principal vecteur de la francophonie, et elle peut favoriser la diffusion de la culture française ;
- la France possède en Afrique des ressortissants français en grand nombre ;
- les intérêts économiques français y sont importants.

lundi 23 août 2010

Les pires pays du monde sont en Afrique...


Le magazine Newsweek nous propose un classement des meilleurs pays du monde qui vise à promouvoir la bonne gouvernance.La méthodologie tient compte de facteurs aussi divers que l’éducation, la santé, la qualité de vie, le dynamisme économique et l’environnement politique. Newsweek explique qu’il a fallu plusieurs mois pour réaliser cette carte interactive, avec entre autre l’aide d’universitaires parmi lesquels un prix Nobel.

Les trois gagnants sont:

1. La Finlande
2. La Suisse
3. La Suède
11. Etats-Unis
16. France

Ce classement aurait donc son pendant...les pires pays du monde.
Les grands perdants sont en Afrique :
La Tunisie 65ème mais premier pays du continent.
Le Maroc 67ème, l’Egypte 17ème, le Bostwana 80ème, l’Afrique du Sud 82ème, l’Algérie 85ème, le Ghana 86ème, le Kenya 87ème,

Et les 10 derniers pays du classement sont africains :
Madagascar 90ème, le Senégal 91ème, la Tanzanie 93ème, l’Ethiopie 94ème, le Mozambique 95ème, l’Ouganda 96 ème, la Zambie 97ème, le Cameroun 98ème, le Nigeria 99ème et la lanterne rouge revient au Burkina Faso 100ème de la liste.
Le mauvais classement des pays africains s'expliquerait par les difficultés de ces pays dans les domaines éducatifs, sanitaires, un environnement économique et sociopolitique instable, la corruption (d'où la place du Nigeria et du Cameroun)...


Vidéo de France 24 discutant de la méthodologie utilisée pour réaliser ce classement ICI

mardi 10 août 2010

Ambitieux (trop ?) plan de développement économique en Ethiopie


Le ministre éthiopien des finances et du développement économique (MoFED) a présenté la semaine dernière le plan stratégique quinquennal du pays. Cette projection envisage une croissance économique d'au moins 11% et un doublement en 2015 pour atteindre 21,4%.
En 2009 cette croissance se situait entre 9,2 et 10,2%, contre des pré­vi­sions de 11% en­vi­ron. Du fait des pé­nu­ries d'élec­tri­ci­té dans le pays mi-2009 qui ont eu un effet né­ga­tif sur l'éco­no­mie. En consé­quence, le pays au­rait perdu 1% de crois­sance éco­no­mique à cause de cette pé­nu­rie qui a forcé de nom­breuses in­dus­tries dans le pays à ar­rê­ter leur pro­duc­tion pen­dant quatre mois.
Ce plan veut assurer la sécurité alimentaire familial.Dans ce but, la production alimentaire de 18,08 millions de tonnes devra doubler et atteindre les 38,5 millions de tonnes.
Le plan prévoit également un taux d’achèvement des études primaires de 100%...

jeudi 22 juillet 2010

N.Sarkozy/V.Bolloré : amis sur le tard

Je viens de relire un article du Monde datant de 2007. Il nous rappelle que contrairement à ce qui est coutume de penser les liens entre le président N. Sarkozy et V. Bolloré ne sont pas si ténus ….du moins avant 2007.
Dans cet article on apprend que Vincent Bolloré « n'a jamais fait partie du cercle de patrons amis du président élu. Avant le scrutin présidentiel [de 2007], on le disait plutôt sensible au programme de François Bayrou. » Martin Bouygues et Arnaud Lagardère sont considérés plus proches. En effet, en 1997, Vincent Bolloré « lance un raid boursier inamical sur le groupe Bouygues voulant contraindre son jeune patron jugé inexpérimenté à céder ses activités dans la téléphonie mobile. Vincent Bolloré échoue […] Les relations entre les deux patrons sont devenues sur-le-champ exécrables. L'un des conseils et avocats de Martin Bouygues dans cette affaire était Nicolas Sarkozy. Un an auparavant, Martin Bouygues était témoin du mariage de Nicolas Sarkozy avec Cécilia et est devenu ensuite le parrain de son plus jeune fils Louis.»
C’est Gérard Longuet, sénateur (UMP) de la Meuse, conseiller politique de Nicolas Sarkozy et ancien beau-frère de Vincent Bolloré qui a travaillé à leur rapprochement.

Quelques mois plus tard à l’occasion de la sortie d'un livre écrit par le journaliste Jean Bothorel, Vincent Bolloré, une histoire de famille l'homme d'affaires revient sur cette relation et dit avoir proposé "à plusieurs reprises" son bateau à M. Sarkozy "au hasard de [leurs] conversations". "Le soir de sa victoire, il m'a très gentiment invité avec une soixantaine de personnes. C'est là qu'il a décidé d'aller se reposer sur le bateau et j'ai été, comme je l'ai déclaré, très honoré"

Le groupe Bolloré est présent en Afrique depuis 1927. En 2008 le groupe a créé Bolloré Africa Logistics qui doit fédérer les filiales et implantations du groupe dans le transport et la logistique (200 sites dans 47 pays : carte).

dimanche 18 juillet 2010

"Utiliser uniquement du papier toilette. Pas de dollars zimbabwéens"


"Utiliser uniquement du papier toilette. Pas de carton. Pas de vêtements. Pas de dollars zimbabwéens. Pas de journaux". Selon le blog Zimbabwe Absurdity, cette photo circulait par mail au Zimbabwe. Le cliché aurait été pris dans les toilettes d'un poste frontière entre l'Afrique du Sud et le Zimbabwe.
En effet, il y a un an il fallait débourser un million de dollars zimbabwéens pour une miche de pain rassis (10 milliards = 1€).

Depuis série de me­sures ma­cro-​éco­no­miques et pro-​mar­chées mises en place par le gou­ver­ne­ment peu de temps après son ins­tal­la­tion en fé­vrier 2009 a vu l’in­fla­tion en baisse à par­tir d’un re­cord mon­dial de 500 mil­liards pour cent à la fin de 2008.

La dé­ci­sion prise par le nou­veau ré­gime de Ha­rare de se dé­faire de la mon­naie en chute libre du pays, le dol­lar zim­babwéen, et d’adop­ter un pa­nier de de­vises fortes comme mon­naie lé­gale a éga­le­ment contri­bué à sta­bi­li­ser les prix des pro­duits qui sont de­ve­nus fa­ci­le­ment dis­po­nibles dans les ma­ga­sins et dé­truit un mar­ché noir flo­ris­sant qui avait main­te­nu la pres­sion sur l’in­fla­tion.

Les dis­sen­sions au sujet d’une loi contro­ver­sée consis­tant à don­ner plus de pou­voirs aux Noirs ont déjà coûté au Zim­babwe des mil­lions de dol­lars d’in­ves­tis­se­ment étran­gers, puisque les in­ves­tis­seurs n’at­tendent que la fi­na­li­sa­tion des rè­gle­ments qui ver­rait les étran­gers rendre au moins 51 pour cent des en­tre­prises aux en­tre­prises lo­cales.

vendredi 11 juin 2010

Dernières parutions

Viennent de paraitre :

"Our Common Strategic Interests: Africa's Role in the Post-G8 World" :
* African countries are playing a more strategic role in international affairs. Global players that understand this and develop greater diplomatic and trade relations with African states will be greatly advantaged.
* For many countries, particularly those that have framed their relations with Africa largely in humanitarian terms, this will require an uncomfortable shift in public and policy perceptions. Without this shift, many of Africa's traditional partners, especially in Europe and North America, will lose global influence and trade advantages to the emerging powers in Asia, Africa and South America.
* China's re-engagement is for the most part welcome, as is that of the increasing numbers of emerging powers such as Turkey, South Korea and Brazil that see Africa in terms of opportunities - as a place in which to invest, gain market share and win access to resources.
* Economic fortunes across Africa are now diverging, making it less meaningful to treat Africa as a single entity in international economic negotiations. Despite this, it is in the global interest that the African Union should be granted a permanent place at the G20. In turn, a more focused, sophisticated and strategic African leadership is needed.
TELECHARGEZ ICI

"Cameroun : Etat fragile ?"
(téléchargez ICI)
Synthèse de l'international Crisis Group : SYNTHESE

La stabilité apparente du Cameroun dans une région turbulente ne peut pas être considérée comme étant acquise. La cooptation des élites grâce à la distribution des ressources de l’Etat, et l’émigration de nombreux jeunes éduqués fournissent une soupape de sécurité contre les tensions, mais l’échec de la réforme et le maintien de pratiques caractéristiques de la mauvaise gouvernance ont amené beaucoup de Camerounais à ne plus croire en l’Etat de droit ou en la possibilité d’une transition politique pacifique. De multiples risques de conflit existent à l’approche des élections présidentielles de 2011 et au-delà. Ce rapport de fond, le premier de Crisis Group sur le Cameroun, analyse les racines historiques de l’impasse actuelle.

L’histoire du Cameroun révèle un schéma de périodes de stabilité apparente suivies de crises violentes. Au cours de longues périodes (début des années 1950, années 1970), les problèmes ont été masqués sans être résolus. A la fin des années 1950, des troubles généralisés ont accueilli l’interdiction du principal parti opposé à la domination française, et se sont transformés en une longue et sanglante guérilla. L’indépendance est accordée en 1960, mais dans un contexte de violences étendues. En 1961, alors que la partie Sud du Cameroun anglophone sous domination britannique vote pour rejoindre le Cameroun francophone, le Nord choisit de rester au sein de la fédération nigériane.

La fin des années 1960 et les années 1970 marquent une période de paix relative. Le régime nourrit une obsession pour l’unité et la stabilité après les traumatismes des années 1950, mais, après avoir combattu l’unique véritable mouvement de libération, il manque de légitimité historique. Il est autocratique, et le pluralisme et la diversité sont accusés de menacer de manière inacceptable le projet de construction de la nation. Néanmoins, l’économie croît, et un réel développement prend place.

La démission du président Ahidjo en novembre 1982 et la transmission du pouvoir à son Premier ministre, Paul Biya, se passe tout d’abord en douceur. Mais très vite, les tensions émergent, et aboutissent en avril 1984 à une tentative de coup d’Etat, dont on accuse les partisans d’Ahidjo. Elle est violemment réprimée et n’est suivie d’aucun processus de réconciliation, et le traumatisme de cette époque demeure une source d’amertume parmi beaucoup d’ha­bitants du Nord, la région d’origine d’Ahidjo. Parallèlement, certains Camerounais du Sud, y compris dans les forces de sécurité, ont un sentiment d’inachevé et craignent des actes de vengeance communautaire suite à la répression de 1984.

Au début des années 1990, des partis d’opposition voient le jour, et des élections multipartites sont organisées. Pendant deux ans et demi, le régime est sérieusement menacé dans les bureaux de vote et dans la rue, et les frustrations provoquent des violences généralisées en 1991. Mais après avoir survécu à ce nouveau défi, le président Biya et son parti parviennent à faire reculer les réformes et restaurent un régime autoritaire derrière une façade de pratiques démocratiques.

Aujourd’hui, le projet de construction nationale semble à bout, alors que l’économie stagne et que le chômage et les inégalités s’accroissent. L’économie est tirée en arrière par la corruption et l’inertie, et la population n’a vu que peu de la croissance économique principalement issue de l’exploitation des ressources naturelles du pays. Tandis que les forces de mobilisation potentielles sont faibles et dispersées, la colère populaire demeure forte.

Le régime a conservé ses vieux réflexes conservateurs, mais les expériences et attentes d’une population jeune ont évolué. L’opposition politique est affaiblie par des divisions internes et l’érosion de l’espace démocratique, ce qui limite les possibilités d’exprimer un mécontentement légitime. L’explosion de colère en février 2008, provoquée par la décision de Biya de faire modifier la constitution pour briguer un autre mandat présidentiel, a souligné les dangers de cette situation.

Le Cameroun partage un certain nombre de caractéristiques avec des pays qui ont connu un conflit civil, dont notamment des instances dirigeantes hautement centralisées et personnalisées, une manipulation politique des tensions ethniques et une corruption étendue. Même s’il parvient à surmonter les défis immédiats, la possibilité d’une détérioration, à long terme, qui provoquerait un conflit ouvert ne peut pas être exclue. En Côte d’Ivoire, une longue lutte pour la succession du président fondateur a posé les bases d’une guerre civile. Alors que le président Biya a maintenant 77 ans, et en l’absence de déclarations claires sur ses intentions, la question de la succession présidentielle ne peut qu’inquiéter.

Les événements en Guinée en décembre 2008, où un Etat de droit faible et la manipulation de la constitution ont servi de prétexte à de jeunes officiers pour prendre le pouvoir avec des conséquences désastreuses, invitent tous ceux qui s’intéressent au Cameroun à réfléchir. La constitution et l’Etat de droit de façon générale y sont peu respectés. La fin de la présidence Biya, la deuxième seulement qu’a connue le pays, risque fort d’être tendue. Mais elle pourrait aussi être une occasion d’engager les réformes nécessaires à la garantie de la stabilité à long terme du pays.

La communauté internationale a souvent fourni une aide décisive au régime camerounais. Bien que cette aide ait été accompagnée de pressions en faveur de réformes, très peu d’entre elles ont vu le jour. Le danger est que le régime voie maintenant dans toute ouverture une menace fondamentale à sa survie et durcisse ses positions à l’ap­proche de l’élection présidentielle.

La plupart des bailleurs de fonds et autres partenaires internationaux sont réticents à critiquer le régime et semblent prêts à tolérer son jeu du chat et de la souris de fausses réformes politiques et économiques. Mais un Cameroun instable, ou simplement quelques années supplémentaires de mauvaise gouvernance, risquent de menacer une région fragile. Ces problèmes soulèvent des inquiétudes légitimes au-delà du Cameroun et suggèrent un cas classique de prévention précoce d’un conflit. Mais les intérêts particuliers internationaux et nationaux devront être remis en cause pour engager les changements nécessaires afin d’éviter l’instabilité. Les bailleurs de fonds devraient peser de tout leur poids, à la fois financier et diplomatique, pour envoyer un message sans ambiguïté au gouvernement camerounais.

dimanche 30 mai 2010

Ouverture du 25ème Sommet Afrique-France à Nice

Le 25ème Sommet Afrique-France doit se tenir du 31 mai au 1er juin à Nice dans un climat particulier puisque nous fêtons cette années le 60ème anniversaire des indépendances. Par ailleurs c’est aussi le tout premier après l'élection de Nicolas Sarkozy à la présidence française en mai 2007. Une importante évolution est prévue: le Sommet s’ouvrira aux forces vives françaises et africaines. Ainsi, 80 entrepreneurs français et 150 entrepreneurs africains, venant de toutes les régions du continent, seront conviés à participer aux travaux, de même que des organisations syndicales.


Les participants : 52 États africains, les représentants de l’Union européenne, de l’Organisation Internationale de la Francophonie, de l’Organisation des Nations Unies pour l’Alimentation et l’Agriculture, de la Commission de l’Union africaine et de la Banque Mondiale.
Les absents :le Soudanais Omar el-Béchir, poursuivi par la CPI, et le Zimbabwéen Robert Mugabe, sous le coup de sanctions de l’Union européenne et le Malgache Andry Rajoelina, faute de consensus dans son pays.

Programme :
Le Président de la République française tiendra 3 réunions à huis clos avec l’ensemble des Chefs d’Etat et de Gouvernement sur les enjeux politiques majeurs du 21ème siècle : la place de l’Afrique dans la gouvernance mondiale (lundi 31 mai après-midi) ; renforcer ensemble la paix et la sécurité (lundi 31 mai après-midi) ; le climat et le développement (mardi 1er juin matin).

Les ministres à compétence économique français et africains, ainsi que les représentants des entreprises et des syndicats travailleront, le lundi après-midi, sur 5 sujets économiques : l’environnement des affaires ; le financement des entreprises en Afrique ; la formation professionnelle ; la responsabilité sociale et environnementale des entreprises ; les sources d’énergie de demain.
Un atelier de travail portant sur le rôle des migrants dans le développement des investissements privés en Afrique se tiendra également le mardi 1er juin dans la matinée.

Rappel historique : Initialement se sont les présidents nigérien Diori et sénégalais Senghor qui ont voulu créer une sorte de Commonwealth à la française (ce que devait être plus tard la Francophonie), ayant donc pour vocation à admettre des participants américains et asiatiques.
Mais de francophone, la conférence est ainsi devenue franco-africaine. Depuis 1981, ces réunions sont officiellement dénommées « conférence des chefs d’Etat de France et d’Afrique » ou « conférence des chefs d’Etat d’Afrique et de France ».
C’est au sommet de Ouagadougou en 1996 que pour la première fois la totalité des pays africains avait été invitée, à l’exception de la Libye, du Soudan et de la Somalie. A l’occasion du XXIIIème sommet (Bamako, 3 et 4 décembre 2005), une invitation a été lancée pour la première fois aux 53 pays africains. Le président de la Commission de l’Union Africaine, M. Alpha Oumar Konaré était aussi présent.
La participation a quintuplé 10 participants en 1973, 20 en 1978, 31 en 1981, 46 en 1996, 49 en 1998 à Paris, où 34 chefs d’Etat africains étaient présents, 52 en 2003 à Paris, avec 42 chefs d’Etat ou de gouvernement. 51 pays sur 54 à Bamako en décembre 2005, dont 24 par leur Chef d’Etat.

Source : MAE

vendredi 28 mai 2010

Perspectives Economiques en Afrique : la corruption reste un fléau


Lancement lundi du rapport Perspectives Economiques en Afrique 2010 et selon le rapport la corruption reste un véritable fléau en Afrique. Citant l’indice 2009 de perception de la corruption de Transparency International, dans pratiquement 70 % des pays africains couverts, le rapport note que la corruption est toujours considérée comme omniprésente (note inférieure à trois sur une échelle de dix).
Dans plus d’un quart des pays, elle constitue un problème de taille. Comme en 2008, seuls le Botswana, Maurice et le Cap-Vert obtiennent une note supérieure à cinq, selon la même source.

Le rapport se félicite par ailleurs de la progression de la gouvernance économique en Afrique, qui a continué d’améliorer son environnement réglementaire en 2009

Plusieurs pays ont introduit de nouvelles lois ou réformé d’anciens textes, afin de faciliter la pratique des affaires, note le document et selon l’édition 2010 du
rapport Doing Business de la Banque mondiale, 67 réformes réglementaires ont été
enregistrées dans 29 des 49 pays d’Afrique subsaharienne
.

Le rapport note aussi que pour la première fois, c’est un pays africain – le Rwanda – qui est le réformateur le plus actif du monde.

Maurice continue d’afficher de bons résultats pour la facilité globale de faire des affaires, en se classant à la 17e place sur les 183 pays couverts.

Les Perspectives économiques africaines (AEO) sont une publication annuelle préparée et publiée conjointement par la BAD, le Centre de développement de l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) et la Commission économique des Nations unies pour l’Afrique (CEA).Le Rapport passe en revue et analyse les résultats économiques des pays africains et fournit des informations pays par pays sur les perspectives à court et moyen terme sur le Continent.

Selon le même rapport : à cinq ans de l’échéance fixée pour la réalisation des Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD) des Nations Unies, les progrès sont dans l’ensemble ‘’trop lents’’ pour qu'ils soient atteints en Afrique.
Les gouvernements africains doivent arbitrer entre la réalisation de tous les objectifs à la date prévue ou la réalisation des objectifs jugés les plus vitaux pour leur développement à long terme, selon le rapport qui a détaillé les avancées des sept objectifs définis par les objectifs du Millénaire pour le développement.
S’agissant de la pauvreté, le rapport note que cet objectif a connu un sérieux revers l’année dernière.

« La croissance alerte de l’Afrique observée entre 2000 et 2008 a été brusquement interrompue par la crise financière mondiale », souligne le document, selon lequel bien que les données ne soient pas encore disponibles, la crise semble avoir annulé les gains obtenus dans de nombreux pays africains en termes de lutte contre la pauvreté, compromettant sérieusement l’atteinte de cet objectif.

La Banque africaine de développement (BAD) estime à environ 50 milliards USD supplémentaires par an le besoin de financement pour parvenir aux taux de croissance du PIB nécessaires à la réalisation de l’objectif qui vise à réduire de moitié la pauvreté d’ici 2015

« Si la famine a été éradiquée dans de nombreuses régions (comme en Afrique du Nord), elle fait encore partie des réalités dans plusieurs pays (notamment au Burkina Faso, en Érythrée, à Madagascar, au Niger et au Tchad) », selon la même source.

En ce qui concerne la lutte contre le VIH/Sida, le paludisme et d'autres maladies, le rapport note que le tableau demeure ''préoccupant''.

''En 2008, l’Afrique subsaharienne a concentré les deux tiers
environ des nouvelles infections au VIH de par le monde chez les adultes et 90 % environ chez les enfants'' , souligne le document relevant en outre, que pratiquement trois quarts des décès liés au sida dans le monde en 2008 ont été enregistrés dans cette région

"Malgré des résultats encourageants, il faut redoubler d’efforts pour réaliser les cibles en la matière", préconise le document.

Concernant l'éducation, le rapport indique que le continent risque de passer, sans doute de peu, à côté de cet objectif, malgré une amélioration en valeur absolue des taux de scolarisation et d’achèvement dans le primaire.

Dans le domaine de la promotion de l’égalité des sexes et l’autonomisation des femmes, le document souligne que les progrès sont plus mitigés. "Si la parité entre les sexes dans le primaire est en passe d’être atteinte, cet objectif impose aussi de parvenir à la parité dans le secondaire et dans le supérieur, à l’égalité hommes-femmes dans l’emploi et à une plus grande représentation
politique des femmes'', note la même source.

En 2009, rappelle - t-on, la tendance à l’augmentation de la proportion de femmes dans les parlements nationaux, déjà visible en 2008, s’est confirmée. Le Rwanda, l’Angola et le Mozambique sont les meilleurs élèves du continent.


Sources : APA

lundi 26 avril 2010

Microcrédit : Reportage - Ethiopie. Une banque pour les plus pauvres



Les plus pauvres du monde peuvent changer leur vie, grâce au micro-crédits. En Ethiopie, une “Banque des pauvres”, soutenue par plusieurs organisations européennes, est parmi les meilleures institutions de ce secteur. La micro-finance pourrait pourtant encore tripler ses efforts, car les besoins restent largement insatisfaits.

mardi 20 avril 2010

L'aide au développement de l'Union Européenne

Demain dans les Enjeux Internationaux : l''aide publique au développement des pays européens est-elle menacée par les effets de la récession mondiale?
Thierry Garcin recevra Serge Michailof : Enseignant à Sciences Po. A travaillé six ans dans une société d'ingénierie spécialisée dans les pays en développement dont il dirigea le bureau d'études. A partir de 1975, il partage sa carrière entre l'Agence Française de développement où il était encore récemment le Directeur exécutif chargé des Opérations et la Banque Mondiale à Washington où il a été l'un des directeurs opérationnels. Il a vécu la moitié de sa vie hors de France et a travaillé dans plus de 50 pays du Sud.

mercredi 10 mars 2010

«Une première guerre américano-chinoise en Afrique»




Nous reproduisons aujourd'hui l'interview du professeur Omar Aktouf de l'université de Montréal(biographie ICI) avec par Fayçal Métaoui et Zohir Bouzid du journal Les Afriques (28 février).

"Les Afriques : Comment voyez-vous la situation de l’Afrique dans la crise économique actuelle ?

Omar Aktouf : L’Afrique est un problème extrêmement complexe. D’abord, le continent souffre de néocolonialisme et l’on constate, curieusement, qu’il se portait mieux du temps du colonialisme que maintenant. Il y a, certes, des problèmes de gouvernance et de démocratie, mais aussi le fait que les pays colonisateurs ont eu le machiavélisme de partir en mettant en place des régimes qu’ils savaient pouvoir utiliser pour leurs intérêts.
Cela est valable pour tous les pays du continent. Les décisions politiques ou économiques prises par ces pays sont liées à la présence de multinationales françaises, belges ou autres. Quelle décision un pouvoir d’un pays africain peut-il prendre, sans tenir compte du poids de Shell, de Total ou de Mobil sur son sol ? Donc, les décisions que nous prenons sont, d’une manière ou d’une autre, liées aux intérêts étrangers (...). Les Africains doivent se tourner maintenant vers l’Asie, vers le modèle du capitalisme industriel, le modèle de marché régulé.

LA : Les conflits déclenchés dans certaines régions d’Afrique sont-ils liés à cette orientation asiatique ? Certains le suggèrent pour le cas du Soudan et d’autres.

OA : Vous avez le Darfour, le grand conflit au Zimbabwe. Le pauvre Mugabe a commis la faute de dire aux Blancs de laisser les terres agricoles et il est devenu alors le plus grand tyran du monde. Il ne l’était pas auparavant ! Toute la région des Grands Lacs, le Rwanda, le Burundi, la RDC… est ciblée. Les Français, les Américains, d’autres puissances, veulent limiter l’intrusion de la Chine, qui joue la carte africaine à fond et effraie les puissances occidentales. Le Darfour est fondamentalement une question de pétrole et de terres agricoles. Sur ces terres, vivent des populations et des tribus qu’il faut déplacer. Pour cela, il faut provoquer des guerres et des conflits. Les Américains ont essayé, sans succès, de trouver du pétrole au Soudan pendant des années. Les Chinois en ont trouvé dans le sud du Darfour en quantités importantes, ils contrôlent ainsi une zone prometteuse en brut. A partir du Darfour, on peut aller vers le Tchad, à l’Ouest, vers le sud de l’Egypte ou vers le centre de l’Afrique, etc. Grâce à cette position, la Chine a, pour la première fois, une sorte de monopole jusque-là réservé aux Etats Unis. Je parle du contrôle d’une source de pétrole, du puits au raffinage industriel. Les anciennes puissances occidentales ne veulent pas admettre cette situation. La Chine est aujourd’hui aux portes de l’Europe et menace les intérêts américains au Moyen-Orient. Le Soudan n’est pas loin du Canal de Suez, ce qui est intolérable pour Washington. Je crois qu’on assiste à une première guerre américano-chinoise.



LA : Puisque la Chine paraît comme une chance pour l’Afrique, est ce qu’il y a des pays qui peuvent tirer plus profit que d’autres de cela ?

OA : Pour ses intérêts, la Chine ne peut pas jouer au même jeu que les multinationales américaines ou européennes. Le capitalisme financier n’est pas le fort de la Chine. Ils peuvent se lancer dans un autre jeu, celui qui a été maîtrisé par d’autres pays asiatiques, comme le Japon. Les Japonais ont choisi de se spécialiser dans le know-how, dans la matière grise ; ils ont distribué dans leur périphérie économique, Malaisie, Corée du Sud, Hongkong et Indonésie, les métiers qu’ils ne faisaient plus, comme l’industrie mécanique, l’électroménager ou l’industrie navale. Le Japon a pu ainsi développer des marchés solvables autour de son économie pour vendre sa technologie. Ceci a été réalisée à travers une sorte de plan Marshall asiatique, mettant à la disposition des pays proches des enveloppes financières, à fonds perdus, pour développer des capacités de production. C’est justement le choix que fait la Chine pour l’Afrique, en investissant parfois à perte dans des pays en difficulté, en essayant de faire émerger une masse salariale qui constituerait un marché et donnerait des débouchés aux produits chinois. Une démarche intelligente, qui n’est pas celle des Américains, qui ne considèrent l’Amérique latine que comme une simple occasion de faire de l’argent à court terme.

LA : Les mêmes choix s’offrent-ils à l’Algérie en matière de perspectives de partenariat ?

OA : Que vous ayez du pétrole, du gaz, de l’uranium, les opportunités sont les mêmes pour tous. Dans n’importe quel espace géographique, il y a toujours une base quelconque pour générer une économie. Même à partir du sable, que l’on peut utiliser pour faire de la silicone, il suffit d’avoir la technologie. Que l’on ait des ressources ou pas, les problématiques du développement d’une capacité installée de production nationale et d’une demande effective, sont les mêmes. La Chine a, bien entendu, plus d’intérêts à commencer avec un pays comme l’Algérie, qui offre plus de garanties de solvabilité. Elle a intérêt à commencer avec la RDC ou le Gabon si elle peut mettre la France dehors ! Le tout est de réaliser une division internationale du travail, une sorte de complémentarité entre pays, ou chacun aurait un rôle à jouer. Cela, au côté d’un libre échange en termes d’avantages comparatifs et non pas compétitifs. Le tout sur fond de capitalisme industriel ou d’un type de social-démocratie. Il faut que l’Etat soit un intervenant économique. Dans certains pays arabes, dont l’Algérie, on confond l’émergence d’une classe de nouveaux riches avec le décollage économique. De nouveaux millionnaires ne font pas un décollage économique, sauf si cette classe est formée de patrons ou d’entrepreneurs qui constitueront une nouvelle économie, plus introvertie qu’extravertie. L’argent qu’ils possèdent servira plus des intérêts sur le sol national, au lieu de servir à acheter des villas en Espagne. Seul l’Etat peut réguler ce genre de situation.

LA : Selon vous, peut-on parler d’une stratégie économique en Algérie ?

OA : Grande question ! On a commis la bêtise de mettre l’agriculture au second plan, alors que le secteur primaire est le levier de tout développement économique. La révolution industrielle du XIXe siècle en Europe s’est faite sur la base d’une agriculture forte. Ce qu’on appelle en économie l’arrière-pays ne doit en aucun cas être négligé. Les Algériens ont voulu faire une révolution industrielle avec une agriculture sinistrée ! Il faut d’abord manger avant de fabriquer des jouets. Je pense que le pays navigue à vue, comme le bouchon qui flotte sur la vague. Ce qui manque aux pays du tiers monde, Algérie comprise, c’est que l’Etat joue son véritable rôle, notamment en matière d’éducation. C’est grâce à l’éducation que la Chine se trouve là ou elle est actuellement.

LA : Votre dernier livre est Halte au gâchis ! En finir avec l’économie-management à l’américaine. Justement, pourquoi faudra-t-il en finir avec ce modèle ?

OA : Le modèle du capitalisme financier nord-américain et la mondialisation néolibérale qui va avec vont finir par mettre à genoux une grande partie de l’économie mondiale. Les économistes néolibéraux mettent la tête dans le sable pour éviter de voir que l’économie ne fonctionne pas comme ils le disent. La Scandinavie, l’Allemagne, le Japon pratiquent un capitalisme industriel, où la redistribution de la richesse est assurée par l’Etat. Il ne s’agit pas de réformer le capitalisme financier, parce qu’on ne peut pas le faire (…). Les Etats-Unis ne peuvent survivre qu’en provoquant des guerres, ils n’ont jamais pu reconvertir leur industrie de guerre en industrie civile. Depuis les années 1990, les Etats-Unis ne sont plus une puissance financière. La guerre en Irak et en Afghanistan avait pour but de maintenir l’étalon-pétrole pour le dollar, car l’Amérique a perdu l’étalon-or. "
Sources : Les Afriques

dimanche 7 mars 2010

Les "émeutes de la faim" au Sénégal : Un puissant révélateur d'une défaillance de gouvernance




"Les "émeutes de la faim" au Sénégal : Un puissant révélateur d'une défaillance de gouvernance" par Alain ANTIL, chercheur à l'Ifri (mars 2010). Téléchargez le document : ICI


"L’expression « émeutes de la faim », qui a été utilisée lors des manifestations de la fin 2007 / début 2008 dans une trentaine de pays dans le monde, dont une majorité de pays africains, rassemble des phénomènes de nature très différente d’un pays à l’autre. Nous nous attacherons dans cette note à revenir sur le cas du Sénégal, pays où les « émeutes » ont été nombreuses. Une rapide recension des différentes « manifestations » de mécontentement qui ont secoué ce pays laisse apparaître, entre autres, la faillite d’un secteur agricole qui, bien qu’employant presque 60 % de la population active, n’arrive pas à nourrir la population sénégalaise. Un tel constat invite à s’interroger sur les causes structurelles, qui ne peuvent être réduites à des raisonnements économiques. Bien vite, la défaillance de gouvernance apparaît dans tout sa béance : accoutumance aux importations, structure monopolistique de l’importation de certains produits, sacrifice des populations rurales pendant des décennies pour s’assurer de prix raisonnables pour les consommateurs urbains, bien plus redoutés par le pouvoir. Les blocages ne sont pas toujours là où on les croit."
Carte :Les émeutes de la faim dans le monde (2007-2008). F. Damato

Alain Antil est responsable du programme Afrique subsaharienne à l'Ifri

lundi 8 février 2010

Bilan des partenariats Afrique / Inde, Chine, Turquie



Selon un rapport de la Commission de l'Union africaine, le Forum de coopération Afrique-Chine (FOCAC- 4e réunion ministérielle du Forum en novembre dernier à Charm el- Cheikh) a obtenu des résultats concrets et bénéfiques à l'Afrique dans de nombreux domaines. Ce partenariat, qualifié de « solide », a été bénéfique aux deux parties. Le document estime qu'il faut permettre à tous les Etats membres de participer à ce partenariat.Par contre, l'UA déplore le peu de progrès dans l'exécution des accords conclus dans le cadre du partenariat Afrique-Turquie.
Le partenariat Afrique-Turquie « a d'énormes potentiels, mais n'a pas vraiment décollé en ce qui concerne le rythme et l'envergure de sa mise en œuvre », note le rapport. Quant au partenariat Afrique-Inde, il « a le potentiel de se développer pour devenir plus efficace », souligne le rapport de la Commission de l'UA.
Sources : Les Afriques /

mercredi 30 décembre 2009

Achat des terres agricoles (2/2) : une opportunités de développement ?



Suite du précédent billet "Terres agricoles (1/2) : les richesses agricoles africaines".
La guerre pour le contrôle des terres agricole dans les pays pauvres est ouverte. Mais « la terre est une patate chaude » (Jacques Diouf, directeur de la FAO). Explications :
1) Les acheteurs : La Chine (40% des agriculteurs du monde pour 9% des terres agricoles de la planète) a signé une trentaine d’accords avec des entreprises chinoises pour un accès aux terres agricoles étrangères qu’elles louent ou achètent afin d’y installer des exploitations de riz, soja, maïs…, l’Inde, le Japon, la Malaisie, la Corée du Sud, l’Egypte, les Emirats Arabes Unies, la Libye, Bahreïn, la Jordanie, le Koweït, le Qatar, l’Arabie Saoudite, l’Afrique du Sud. Dans le cadre du Conseil de Coopération du Golfe, les Etats du Golfe ont conclu des accords « pétrole contre terres agricoles pour leurs entreprises.
2) Les pays d’accueil : le Soudan, le Kenya, l’Ethiopie, et la Somalie principalement mais la plupart des pays africains également soulignant les retombées économiques pour leur pays (infrastructures..)

- Genèse :
La hausse du prix des matières premières agricoles : Jusqu’en 2003, les prix des principales matières premières étaient inférieurs à leur valeur d’il y a 20 ans. Puis, le resserrement de la situation mondiale de l'offre et de la demande céréalière a entraîné une hausse des prix de toutes les céréales.
Pour la plupart des économistes, la hausse quasi générale des prix des matières premières depuis à peu près 2003 n'est pas qu’une poussée conjoncturelle mais un phénomène de fond structurel. L’édition 2007 du Cyclope donne son opinion : « Au-delà des aléas climatiques, il semble évident que le trend des prix agricoles mondiaux (pour les grandes productions végétales) sera orienté à la hausse sur les prochaines décennies : la rechute des prix (comme cela fut le cas dans les années quatre-vingt et quatre-vingt-dix) parait exclue sur longue période du fait de la dynamique de la demande alors même que les obstacles au développement harmonieux des biotechniques sont loin d’être tous levés».
On peut relever cinq raisons majeurs de la hausse des cours des matières premières.
La première concerne la hausse de la consommation mondiale, la demande mondiale qui va croissant depuis plusieurs années, du fait de la poussée de la Chine et d’autres pays émergents (Inde notamment). Face à cette poussée du coté demande, l’offre réagit. En outre, la hausse des prix des produits agricoles s’explique par l’augmentation de la population et de l’évolution des modes de consommation dans ces mêmes pays émergents. De même, la hausse de la demande mondiale nécessiterait d'augmenter de 20 % à 30 % les surfaces cultivées ; on peut difficilement, sauf à provoquer des déforestations, dans le bassin du Congo par exemple. Il faudrait alors augmenter la productivité ; or il serait nécessaire de recourir aux OGM qu'une partie de l'opinion refuse.
L’autre explication tient aux craintes pesant sur la production. La guerre en Irak, la crise au Moyen-Orient, en Iran, les politiques menées au Venezuela et en Russie entament la confiance des marchés énergétiques.
Ensuite, la production ne suit pas la consommation. Ainsi, les récoltes ne sont pas forcément en baisse mais elles ne suffisent pas à couvrir la demande et à remonter le niveau des stocks.
L’essor des agro carburants (biocarburants) à travers le monde commence à concurrencer la production alimentaire, et à bouleverser le jeu. Les Etats-Unis conservent leur maïs pour le transformer en bioéthanol, et ne l’écoulent donc plus sur le marché mondial. Selon le rapport 2007-2016 de l’OCDE et de la FAO, la production d’agro carburants devrait augmenter de façon drastique et provoquer une hausse importante des prix des produits alimentaires. En Afrique, plusieurs projets « biocarburants » voient le jour. La compétition entre les cultures vivrières et énergétiques devrait rapidement exploser. La concurrence pour la terre arable profiterait en outre aux gros producteurs de monocultures, aux dépens de petits producteurs vivriers.
Les aléas climatiques ont des incidences toutes particulières sur les économies africaines, dépendantes de leurs ressources en matières premières. Durant les dernières années, la raréfaction des pluies (d’autant plus que le réseau d’irrigation est très limité) ou leur violence lorsqu’elles surviennent (Mozambique), a accru les handicaps. En outre, la déforestation, la désertification de nouveaux espaces, les invasions d’insectes entament le potentiel agricole du continent.

Cette dynamique est mondiale :
- l’Egypte a signé un contrat avec le Soudan, pour produire du blé dans le Nord du pays,
- en août 2008, la compagnie suédoise Alpcot-Agro exploitait 135 000 ha en Russie pour les céréales et les oléagineux.
-Mitsui (Japon) a acheté en novembre 2007, 100 000 ha de terres agricoles au Brésil pour produire du soja
- en 2008, le gouvernement libyen échange fourniture de gaz et de pétrole contre l’exploitation de 250 000 ha de terres en Ukraine.
- la Chine a acquis ces dernières années des centaines de milliers d’hectares de terres au Cameroun, en Australie, au Laos, aux Philippines

Intérêts des pays vendeurs ou loueurs :
- Ce sont des pays souvent peu peuplés ;
- disposant de vastes réserves de terres cultivables : au Mozambique ou en Angola, par exemple, seules 10 % des terres seraient aujourd’hui exploitées.
- Ces terres ne sont pas chères.

Opportunités de développement ou néocolonialisme ? :
Ces pays manquent d’infrastructures et de matériels (entrepôts, silos, routes…) pour soutenir une production agricole et justement les pays acquéreurs ou les sociétés privées peuvent les financer.
Problèmes :
- en créant des marchés non concurrentiels, ces acquisitions contournent les règles du commerce international
- certains achats de terre ne relèvent pas d’une logique de développement agro-industriel, mais d’une logique financière (achat par des hedge funds, c’est-à-dire des fonds d’investissement).

D’ailleurs, les cartes de la sous alimentation et celles des pays loueurs ou vendeurs de terres se superposent comme le Soudan qui a bénéficié de la plus grosse opération du PAM (Programme Alimentaire Mondial) en 2008.



La lettre de l’Océan Indien nous apprend que l’Ethiopie sera à l'honneur d'un des premiers reportages de la nouvelle émission Terre d'enquête d’M6, présenté par Guy Lagache. L’émission enquête sur la cession des terres et aurait connu quelques difficultés de tournage dans le pays.

Sources :
CHALMIN (Philippe), « Les marchés mondiaux », Paris, 2007, Cyclope
La Lettre de l’Océan Indien
« Perspectives agricoles de l’OCDE et de la FAO 2007-2016 », OCDE/FAO, 2007, 97p.
« Terres agricoles : une autre délocalisation? », in Le Dessous des cartes, 26/06/09, ARTE