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dimanche 1 juin 2014

Les relations entre la France et l’Afrique : la dialectique du maître et du valet

Après « Comment la France a perdu l’Afrique », « Sarko en Afrique », écrits avec Stephen Smith, et « Ces Messieurs Afrique : Des réseaux aux lobbies », Antoine Glaser revient une nouvelle fois sur les relations entre la France et son pré-carré dans son nouvel opus : AfricaFrance. Quand les dirigeants africains deviennent les maîtres du jeu.  L'auteur le dit lui-même « je suis devenu, à mon corps défendant, un spécialiste de la « Françafrique » (p.11) ». Nous vous proposons ici une recension de son ouvrage.
Dans AfricaFrance, l’ancien directeur de La Lettre du continent, souhaite déconstruire « l’histoire communément admise » d’un continent soumis à la France. Selon lui c’est « un leurre qui arrange autant Paris que les capitales africaines (…) loin d’être des pantins et des béni-oui-oui, les présidents africains ont su manœuvrer et instrumentaliser leurs « maîtres » à Paris » (p.12-13). Il va même plus loin, ça n’est pas qu’un simple retournement mais une situation qui préexistait déjà sous le Général de Gaulle. L’objectif d’Antoine Glaser est donc de mettre la lumière sur ces manipulations qui ne proviendraient pas toujours de ceux qu’on croit : « les dirigeants africains jonglent ainsi avec les non-dits pour que leurs interlocuteurs gaulois se sentent toujours responsables de leur avenir (…)[ils] se trouvent plus souvent qu’on ne le croit dans une position dominante vis-à-vis du pouvoir français (…) il considèrent [la France] avec la condescendance du « qui paie commande »» (p.17-18).
De l’influence essentielle de Jacques Foccart et de Felix Houphouët-Boigny, « le patron de la Françafrique », au financement des partis politiques, en passant par les réseaux d’influence parisiens (communicants, hommes d’affaires et politiques) activés par les président africains « pour asseoir leur pouvoir en Afrique » (p.41), ou encore le rôle de la franc-maçonnerie, des réseaux de « l’or noir » au Congo et ceux de l’or jaune au Niger, Antoine Glaser décrypte en dix chapitres le passage de la Françafrique à l’AfricaFrance. Chaque chapitre est consacré à l’une des anciennes colonies françaises. L’auteur revient ainsi sur l’arrivée au pouvoir de l’ivoirien Alassane Ouattara et son soutien à l’opération française au Mali, les relations parfois difficile entre François Hollande et Idriss Déby, le président tchadien, les initiatives du président burkinabé qui relèvent « plus souvent qu’on ne le pense de sa propre initiative » et ne sont pas « téléguidées par Paris ». En effet, pour Antoine Glaser « Blaise Compaoré  sait que la France a plus besoin de lui qu’il n’a besoin de la France. En termes d’aide financières, il compte bien plus sur Taïwan que sur l’Hexagone » (p.146). Antoine Glaser analyse aussi la politique du gabonais Ali Bongo plus tournée vers les Etats-Unis que celle de son père. On peut regretter que Djibouti ne soit que rapidement mentionné en conclusion alors même que ce petit Etat de la Corne de l’Afrique illustrerait parfaitement la thèse de l’auteur (p.213).
Les initiés apprécieront les nombreuses anecdotes et les coulisses des relations entre les présidents africains et le pouvoir français dans la période récente (et jusqu’à fin 2013). L’ouvrage est agrémenté d’entretiens des acteurs de ces relations, comme Anne Lauvergeon, Patricia Balme, André Bailleul, Jean-Marc Simon, Michel Roussin, Michel Katz, Georges Serre, Michel de Bonnecorse, Jean-Christophe Rufin, Pierre-André Wiltzer, Robert Bourgi, etc.
Ainsi, malgré les promesses rééditées de ruptures, tant François Hollande que son prédécesseur auraient été « marabouté[s] par l’Afrique et ses dirigeants » (p.209). Le président français serait parfois « l’obligé » de certains présidents africains car « celui qui paie commande ». Antoine Glaser conclue sur les perspectives économiques et les richesses du continent africain qui attirent déjà de nombreux Etats. Il finit par asséner: « Paris n’est plus le donneur d’ordres, mais il ne le sait pas encore. Il se croit encore aimé alors qu’il n’intéresse plus. L’Afrique a changé sans que son « papa » autoproclamé en soit informé » (p.215) or comme l’aimait à le rappeler l’ancien président gabonais Omar Bongo : « La France sans l’Afrique, c’est une voiture sans carburant » (p.42).
A lire d'une traite !

Quelques interviews de l'auteur : 

vendredi 4 avril 2014

Génocide rwandais et blocages mémoriels (MAJ)

Nous commémorerons le 6 avril, les vingt ans du génocide rwandais. Si les journaux commencent à rappeler, le souvenir de cette tragédie risque d’être éclipsé par une autre commémoration celle des 100 ans de la première guerre mondiale, et par les controverses qui ne cessent d’entourer l’étude du génocide. En effet, l’analyse des évènements est depuis 1994 sujette à controverses (surtout depuis le 10ème anniversaire) et malheureusement les commémorations risquent de ne pas être sereines. La question du génocide rwandais reste mystifiée en France. A quoi est du ce nouveau blocage mémoriel ? Les débats se résument à deux questions: le rôle de la France et les causes du déclenchement du génocide (qui a abattu l’avion d’Habyarimana : Hutu extrémistes ou tutsi ?). Il nous semble que ce débat est biaisé pour plusieurs raisons que nous proposons d’analyser dans ce billet.


Premièrement, la domination de la lecture ethnique comme élément d’interprétation des causes du génocide. Précisons d’emblée que nous ne nions pas l’existence des ethnies. Néanmoins, d’après cette lecture, qui a dominé et biaisé le débat, les Tutsi et les Hutu seraient destinés à s’affronter, et les massacres sont le résultat d’une opposition raciste atavique. Les recherches ont pourtant démontré que l’on pouvait plus évoquer l’existence de classes sociales que d’ethnies. Or cette lecture ouvre la voie à un autre mécanisme, celui de l’accusation des premières victimes du génocide : les Tutsi. Cette approche exclue toute analyse des évènements ayant conduit à l’exécution du génocide. Cette lecture s’appuie sur les travaux d’anthropologie de la race élaborée à la fin du XIXème siècle. D’après cette littérature les Tutsi sont définit comme « hamito-sémitiques », ils ne seraient donc pas africains. Les hutus ont repris cette idéologie et dirent que les Tutsi étaient les juifs d’Afrique. ... Cette littérature refuse de penser le racisme en Afrique comme une idéologie construite politiquement et socialement. Elle leur nie toute dimension politique ou toute instrumentalisation. 
C’est là que le blocage débute. Les premiers écrits sur le génocide portent sur ses causes. Ils avancent dès les premières semaines du génocide cette explication ethnique. Ces écrits émanent des médias et des autorités françaises. Ces premières représentations des évènements et leur persistance guide encore aujourd’hui le processus mémoriels. Les premiers travaux des chercheurs tenteront d’y apporter une réponse. Colette Braeckman est, en ce sens, une pionnière et essaie, dès 1994, de comprendre les raisons historiques qui ont mené le Rwanda au génocide. Elle trouve des explications dans le legs colonial, la dimension ethnique de la « révolution sociale » de 1957-1962 et le développement d’une politique raciste qui en découle. 

Deuxièmement, les controverses sur le rôle de la France sont tenaces, du fait de la monopolisation du débat par des réseaux partisans et des sites anonymes. Ces blocages mémoriels sont récurrents en France. Pour ne pas rouvrir ce débat nous vous invitons à lire Daniela Kroslak qui propose une analyse selon trois critères de responsabilité - connaissance, capacité, participation - sans pour autant verser dans une diatribe anti France. Elle rappelle que la tolérance anglo-américaine envers le FPR est aussi discutable que le comportement français. Il y a aussi la thèse d’Olivier Lanotte qui est l’un des travaux les plus exhaustif et rigoureux sur cette question.
Certains chercheurs ou pamphlétaires, qui sévissent encore aujourd’hui risquent de bloquer le processus mémoriels avec des débats stériles. Pourtant, marginalisés académiquement pour le manque de rigueur scientifique de leurs analyses ils ont développé des interprétations dénigrant ou relativisant l’évènement. Ce voile cache les vraies questions sur les causes et racines historiques du génocide, l'idéologie hamitique, les complicités internationales, le rôle de l’Eglise, l'histoire du FRP avant et après le génocide.  
Une citation de Stéphane Audoin-Rouzeau, Jean-Pierre Chrétien et Hélène Dumas (dont nous recommandons vivement de lire les ouvrages) résume le traitement de cette question : « il semble que les vieilles antiennes du discours ethnicisant ou misérabiliste n’aient pas cédé le pas devant les acquis de la discipline historique. Le regard réducteur porté sur les sociétés africaines reste plus largement partagé qu’on ne pourrait le penser (…) Les explications politiques et sociales des connaisseurs de la région ont souvent été jugées « compliquées », comme si l’Afrique, en somme, se devait d’être simple à nos yeux ».

A lire : 
Collette Braeckman : "Le Rwanda est devenu une histoire française"

jeudi 17 octobre 2013

L’UNESCO ou la victoire de la Realpolitik

Le 4 octobre dernier, la directrice générale sortante de l’UNESCO, Irina Bokiva, était réélue pour quatre ans à son poste, au premier tour de scrutin par 39 voix sur 58. Ils étaient trois en lice pour prendre la tête de l’Organisation des Nations Unies pour l'Education, la Science et la Culture: la directrice sortante, la Bulgare Irina Bokova, le Franco-Libanais Joseph Maïla et le Djiboutien Rachad Farah. La défaite est rude pour ce dernier, qui jouait la course à la victoire jusqu’au dernier jour.


L’ambassadeur, représentant du Sud, avait réussi l’exploit de recueillir les promesses de votes des 14 représentants africains, de l’Union Africaine, de l’IGAD et de l’OCI, soit 25 voix au total, qui, si elles avaient été tenues, lui auraient au moins permis d’accéder au second tour. Auditionné le mercredi 2 octobre par le conseil exécutif de l'institution les échos sont bons, l’ambassadeur a réussi son grand oral. Comment expliquer cette défaite ? Les promesses de vote ne se sont pas avérées suffisantes puisque Rachad Farah n’a finalement recueilli que 13 voix, et le candidat du Liban, Joseph Maila, en a recueilli 6. Rachad Farah a confié à Jeune Afrique qu’« une fois de plus la solidarité multilatérale n’a pas fonctionné. Elle n’est qu’une déclaration d’intention sans conséquence concrète ».

Les défections sont à compter parmi les membres de l’OCI en particulier l’Arabie Saoudite, Bangladesh, Pakistan et l’Egypte. L’Algérie, quant à elle, lui a donné sa voix. Les appels de l’Ethiopie et les consignes de vote de l’UA en faveur du candidat djiboutien ne sont pas avérés suffisants. Le Congo Brazaville, le Gabon, le Mali, le Burkina Faso et la Tunisie n’ont su s’autonomiser et se sont alignés sur le vote de la France en faveur de la candidate sortante. Selon la Lettre de l’Océan Indien, celle-ci aurait bénéficié du lobbying de Jean-Paul Carteron « fondateur et président du Crans Montana Forum, ambassadeur des Iles Salomon auprès de l’UNESCO et consul honoraire de Bulgarie à Monaco ».
NB : La victoire est revenue au candidat ayant obtenu 30 voix sur un total de 58 pour une réélection au premier tour par le Conseil exécutif de l'Organisation. Ce dernier est composé de 58 membres. Les votes se font à bulletins secrets. Composition du  Conseil Exécutif : ICI

Le programme de Rachad Farah : ICI

Les oppositions : ICI

vendredi 28 décembre 2012

La France sait-elle encore quelle est sa place en Afrique ?

Atlantico publie ce jour une interview réalisée hier sur la place de la France en Afrique. Ci-dessous, les premières lignes de l'interview : 


L'ambassade de France prise d'assaut en Centrafrique, des négociations diplomatiques au Mali qui n'attendent que l'avis d'Alger et de Washington : l'Hexagone semble ne pas trop savoir où chercher sa place en Afrique, pris entre les mauvais souvenirs d'un colonialisme conspué et la course aux ressources que se livrent Chine et Etats-Unis.

Atlantico - Les manifestations contre l'ambassade de France à Bangui appelant une intervention de la France, la difficulté pour Paris à s'imposer comme acteur de premier rang dans la crise malienne quand tous les regards se tournent vers Washington et Alger, les discours récurrents dénonçant la Françafrique ... Tout cela peut nous amener à nous interroger : quelle est la place de la France aujourd'hui ?

Sonia Le Gouriellec - La France vit actuellement une période transitoire dans ses relations avec certains de ces pays. C’est ce qui explique ses ambivalences et ses hésitations. Notre pays souhaite multilatéraliser, européaniser et africaniser sa politique mais nous sommes confronté à de nombreux blocages. D’une part, l’engagement européen en matière de paix et de sécurité en Afrique semble bloqué au volet préventif et financier. D’autre part, et on le voit avec l’intervention qui se prépare au Mali, les organisations régionales en matière de sécurité en sont encore à leurs balbutiements, et les moyens limités de l’Union africaine ne lui confère pas une efficacité optimale. C’est une position particulièrement inconfortable pour la France qui du coup semble attentiste.
Cela entame la légitimité de la France sur le continent, notamment auprès de la jeunesse. Le risque est de s’enliser dans le temps long de nos partenaires, et de voir la position française marginalisée alors que le continent est désormais un espace « coopétitif », soumis à des influences diverses entrant en compétition ou en coopération. Cette phase transitoire risque aussi d’entrainer une perte de connaissance et de compréhension mutuelles. La question que vous soulevez sur le rôle et l’influence de la France sur le continent est donc légitime et n’a jamais été posée avec autant d’acuité qu’aujourd’hui, bien qu’elle soit rendue difficile par les relations souvent passionnelles, qui lient le pays au continent, représentant souvent un obstacle à une vision rationnelle et globale des problèmes africains. Mais rassurez-vous, les autres puissances éprouvent les mêmes difficultés, brouillées par le panafricanisme et l’afrocentrisme, qui ont voulu donner une vision d'une Afrique qui pourrait être appréhendée et gérée d’un seul bloc. Il faut donc penser l'Afrique dans sa diversité, et y appliquer non pas une politique, mais des politiques africaines.

La France se donne-t-elle les moyens d'une politique moderne en ouvrant un dialogue économique, politique et diplomatique ouvert avec tous les Etats de ce continent ou se contente-t-elle d'entretenir les restes de ses relations avec les anciennes colonies ?

Non, nos dirigeants s’efforcent de s’ouvrir sur les pays qui ne font pas partie du pré carré français. Pour plusieurs raisons. Economique d’une part, d’où l’ouverture vers les pays anglophones. Les leaders régionaux Nigéria, Afrique du Sud, Angola sont particulièrement visés. La France souhaite rester en Afrique pour des raisons qui n’ont pas beaucoup changées : consolider notre position à l’ONU et dans les grandes institutions internationales en général; avoir accès aux matières premières (uranium nigérien, minerais mauritaniens, gaz nigérian ...), pour des raisons culturelles également dont la francophonie est un vecteur, regardez la dernière visite de François Hollande en RDC pour le sommet de l’OIF.

La suite ICI

mercredi 18 mai 2011

Publication : la politique africaine de la France sous la présidence de Nicolas Sarkozy

L'accouchement aura été très long mais voici enfin le dernier numéro de Dynamiques internationales consacré à la politique africaine de la France sous la présidence de Nicolas Sarkozy. Vous pouvez consulter toutes les contributions de cette revue en ligne ICI

Le sommaire du quatrième numéro de Dynamiques Internationales :

- Introduction, par Amandine Gnanguênon

- La politique africaine de Nicolas Sarkozy au prisme des relations franco-tchadiennes, par Jean-Marie Chasles

- Djibouti et Abu Dhabi : rupture ou continuité de la stratégie nationale de sécurité, par Patrick Ferras

- La politique africaine de la France au Conseil de Sécurité de 2007 à 2010 : un virage multilatéral confirmé ?, par Hélène Gandois

- Le Président Sarkozy et les relations franco-camerounaises, par Larissa Kojoué-Kamga

- Un regard sur la politique africaine de Nicolas Sarkozy dans le pré carré francophone par Sonia Le Gouriellec


- France-Afrique, des Anciens aux Modernes, entretien avec Yves Gounin

- Compte-rendu de lecture critique de l'ouvrage de Jean-Pierre Chrétien "L'Afrique de Sarkozy : un déni d'histoire", par Francis Fogué-Kuaté.

Ce numéro sera par ailleurs publié en version anglaise dans les prochaines semaines, toujours sur le site de Dynamiques Internationales.

samedi 5 février 2011

Colloques cette semaine

lundi 7 février (9h30) Conférence de presse de présentation du nouveau trimestriel : AFRICA24 Magazine autour d’un petit déjeuner - AFRICA24 Magazine est un trimestriel de 200 pages, haut de gamme, basé sur l’analyse et la vision d’experts et de leaders entièrement dédié à l’économie Africaine, aux enjeux géopolitique et aux défis du continent.
Lieu : Restaurant LADURÉE, 75 av des Champs Elysées, Paris 8è - Rens. Et inscription avant le 3 février 01 47 03 31 95 direction@etnium.com africa24mag@etnium.com

mercredi 9 février de 11h à 13h
: Conférence dans le cadre du séminaire Afrique australe : Etat, Sociétés et Problèmes sociaux. Le séminaire organisé sous la responsabilité de Jean Copans et Ingolf Diener, propose d’analyser la dynamique des relations sociales et politiques dans les pays d’Afrique australe et dans la région en tant que telle. L’accent sera mis sur les dynamiques des sociétés post-coloniales et post-apartheid. - Lieu : Centre d’Etudes Africaines, salle de réunion (Ceaf) , 2e étage, 96 bd. Raspail, Paris 6è - Rens. : diener.ingolf@neuf.fr www.ipt.univ-paris8.fr/cerasa/

mercredi 9 février de 17h45 à 19h45 rencontre-débat sur : « Diaspora et Panafricanisme »
Aujourd’hui, le panafricanisme anime les rêves et les réflexions d’une diaspora africaine dispersée dans le monde qui se vit comme porteur d’une vision et d’un humanisme dont on sent bien l’importance de sa contribution à la marche de notre planète. Avec Patrice Yengo, anthropologue, professeur à l’Ecole des Hautes Etudes en Sciences Sociales EHESS ; Lazare Ki-Zerbo, Burkinabé, philosophe de formation (doctorat à Poitiers en 1994), co-auteur du Recueil de textes sur le Mouvement panafricaniste au vingtième siècle (OIF, Paris), et Etudes africaines de géographie par le bas (CODESRIA). Chargé de projets droits de l’Homme à la rancophonie. http://fondationki-zerbo.org - dans le cadre du cycle I, 2010-2011, consacré au thème : « Que peuvent les productions littéraires africaines ? » - Lieu : Ecole Nationale d’Administration (ENA), amphithéâtre Parodi, 2 av de l'Observatoire, Paris 6ème, RER B : Luxembourg, Bus : 38 et 82 ) - Rens 01 43 48 14 67 cade@afrique-demain.org http://www.afrique-demain.org

vendredi 11 février de 9h30 à 12h30 Conférence-Débat :Les processus électoraux en Afrique, vecteur de démocratisation ou d'instabili
té ? Études de cas : Côte d'Ivoire, Guinée, Kenya autour de : Nicholas Cheeseman, Chercheur au Centre d'Études Africaines d'Oxford ; Mathieu Merino, Chercheur CREPAO-CEAN, Chargé de missions d'observation électorale; Gilles Yabi, Directeur du Bureau de Dakar de l'International Crisis Group; Alain Antil, Responsable du programme Afrique subsaharienne de l'Ifri; Vincent Darracq, Chercheur invité à l'Ifri (Programme TAPIR) - Lieu : Ifri, salle de conférence, 27 rue de la Procession, Paris 15è, M° Volontaires (12) ou Pasteur (6) - rens. Victor Magnani 01 40 61 60 88 , 01 40 61 60 00 magnani@ifri.org ifri@ifri.org

mercredi 5 janvier 2011

Réflexions sur les relations de la France avec l'Afrique


Depuis 20 ans, la France, avec des politiques pleines de bonnes intentions mais qui se sont souvent révélées ne pas être en adéquation avec son pragmatisme de terrain, a assurément perdu une grande partie de la confiance des Africains. Alternant volontarisme, désengagement et attentisme, elle a sérieusement brouillé son image tant sur le continent qu'auprès de la communauté internationale.
Les différents gouvernements, et surtout les différents présidents français, se sont progressivement déconnectés des réalités d'une Afrique en pleine mutation. Entretenant des relations de forte proximité, avec leurs homologues africains (eux-mêmes coupés de leurs populations), ils n'ont pas su les inciter à impulser de véritables politiques de développement ou une amélioration de la redistribution des richesses produites. De plus, dans les esprits, les coups d'État ou les transitions « fantaisistes » restent toujours associés à une activité souterraine française.
Ainsi, les populations africaines se reconnaissent de moins en moins dans les actions politiques françaises en Afrique. Ce constat est surtout vrai pour une jeune génération urbaine qui se retrouve aujourd'hui sans perspectives d'avenir. Cette jeunesse frustrée et désœuvrée trouve en la France le responsable de tous ses maux. Se développe alors un sentiment anti-français qui est bien souvent instrumentalisé ou récupéré par des dirigeants et des meneurs populistes sans scrupules. Ces derniers utilisent ce sentiment pour tirer profit de l'exacerbation de la concurrence en Afrique entre grandes puissances.
À la France de gagner le cœur des Africains par des actions plus en adéquation avec les aspirations de la jeunesse africaine ; à la France de « pousser vers la sortie » les « dinosaures » africains dont la présence rappelle les pires collusions et la « France-à-frique » ; à la France de favoriser les pays qui se sont engagés dans la voie de la démocratie ...

samedi 1 janvier 2011

Politique africaine ou politique française en Afrique?

.... "Le jour où, au lieu de se targuer d'une "politique africaine" censée faire le bonheur du continent noir, il existera une politique française en Afrique, qu'on pourra présenter aux citoyens-électeurs-contribuables français comme étant de leur intérêt, la France aura tourné la page de son passé colonial" ....
Extrait : Antoine GLASER, Stephen SMITH, Comment la France a perdu l'Afrique, Paris, Seuil, 2005, p.268

jeudi 30 décembre 2010

De la Françafrique à l' Eurafrique ?


« La France n’a pas vocation à maintenir indéfiniment des forces armées en Afrique » annonçait en février 2008 le président N. Sarkozy au Cap. Ce nouveau dispositif serait une réponse plus adapté à la future organisation militaire de l’Union Africaine et à la vocation interarmées des opérations .

Pour autant de nombreux Etats africains sont loin d’être favorables à un désengagement de la France qui pourrait les fragiliser. L’européanisation que la France souhaite intégrée à sa politique et dans les nouveaux accords de défense est mal perçue.
« De la Françafrique à l'Eurafrique » , pour reprendre la formule de Michel Barnier, telle semble être la position française vis-à-vis de ses anciennes colonies africaines. N. Sarkozy souhaite amener l'UE à s'engager plus massivement en Afrique afin de mutualiser les efforts européens pour une meilleure efficacité d'action. Ce processus est le constat d'une polarisation presque absolue de la diplomatie 
française sur les questions de construction européenne. En effet, le processus d’intégration a changé la diplomatie française. Paris est plus enclin à développer une stratégie multilatérale. Une stratégie qui ne plait pas aux dirigeants du continent qui préfèrent la politique du tête à tête, alors que la machine européenne peut imposer des sanctions économiques aux Etats non démocratiques.
Il convient tout de même de relativiser l’action de N. Sarkozy dans ce processus déjà entamé avant son arrivée au pouvoir. Comme le soulignait Dominique de Villepin en 2003, « la convention de Cotonou, les sommets Europe-Afrique et la mise en place, aujourd'hui en Ituri, d'une opération militaire européenne, témoignent d'avancées importantes. À Bruxelles, nous appuyons les réflexions menées par le commissaire Nielsen sur le financement d'une capacité africaine de construction de la paix. Nous insistons également pour raccourcir les délais d'intervention post-crise et améliorer l'adéquation des instruments de la Commission, en vue d'un véritable partenariat eurafricain » . Ou Jacques Chirac en 2005 : « l'Europe ne se désintéresse pas de l'Afrique (…), le cas échéant, la France rappellerait l'Union européenne à ses responsabilités vis-à-vis de son voisin du sud, le continent africain. L'Union européenne a parfaitement conscience qu'elle ne peut pas envisager l'avenir sans avoir un lien fort avec son voisin du sud qui n'est pas seulement l'Afrique du Nord, mais également l'Afrique toute entière » . 



NB : La politique française de sécurité et de défense en Afrique a toujours été une des composantes majeures de la puissance de la France en Afrique. Les accords de coopération ou d’assistance militaire technique (AMT) concernent 24 États africains : Afrique du Sud, Bénin, Burkina Faso, Burundi, Cameroun, Centrafrique, Comores, Congo, Côte d'Ivoire, Djibouti, Gabon, Guinée équatoriale, Guinée, Madagascar, Mali, Maurice, Mauritanie, Niger, Rwanda, Sénégal, Seychelles, Tchad, Togo et RDC.. Les accords de défense concernent 8 États africains (Cameroun, Togo, Gabon, République centrafricaine, Sénégal, Djibouti, Comores et Côte d’Ivoire). De nouveaux accords "de partenariat de défense" ont été signés avec les quatre premiers pays. Trois autres sont en négociation.

lundi 15 novembre 2010

Nouveau gouvernement et anciennes pratiques (MAJ)

Le gouvernement Fillon III vient d’être nommé et Michele Alliot Marie hérite des Affaires étrangères. Quelles conséquences pour les relations de la France avec le continent africain ? 

Pas grand-chose en fait, décryptages : 

1) Un geste qui devrait être bien perçu sur le continent : la disparition du ministère de l'Immigration et de l'Identité nationale, l’un des engagements forts de la campagne présidentielle de Nicolas Sarkozy et qui a suscité un véritable tollé tant sur le continent qu’en France. Chargé de mettre en œuvre la politique d’«immigration choisie» promue par la loi du 24 juillet 2006, ce ministère avait pour mission, entre autres, de définir des plafonds annuels d’entrées, et des quotas d'immigration par régions, de durcir les conditions du regroupement familial et de mettre en place des tests ADN… Ces mesures combinées au durcissement des conditions de séjour et d’obtention de visa ainsi qu’à la montée de l’extrême droite en France depuis 2002 et le rôle qu’a pu jouer Nicolas Sarkozy dans les émeutes de banlieues en 2005 ont changé la perception qu’avaient les Africains de la patrie des droits de l’homme.

2) Claude Géant reste secrétaire général de l'Élysée et devrait continuer à régner en maître sur les questions sensibles du continent.

3) Jean-Marie Bockel qui clamait en août 2007 vouloir la mort de françafrique : « Le pré-carré n’existe plus ! », « je veux signer l’acte de décès de la Françafrique », avait perdu le ministère de la coopération, il est aujourd’hui parmi les sortants du nouveau gouvernement.

4) Rama Yade, née au Sénégal, Secrétaire d’Etat auprès du ministre des Affaires étrangères, chargée des Droits de l’homme jusqu’en juin 2009 avant d’être secrétaire d'État chargée des Sports est également parmi les sortants.

5) Les précédentes fonctions de Michel Alliot Marie au ministère de l’Intérieur l’ont amené (notamment lors d’un déplacement fin octobre en Algérie) à traiter des problématiques sécuritaires dans le Sahel. Première femme à la tête de ce ministère, elle est docteur en droit et en sciences politiques elle est également titulaire d’un Certificat de droit et d'économie des pays d'Afrique et d'une maîtrise d'ethnologie.

6) Henri de Raincourt est nommé ministre auprès du ministre des Affaires étrangères, chargé de la Coopération (il n'y avait plus de ministre de la coopération depuis la démission d'Alain Joyandet, qui lui était secrétaire d'Etat à la Coopération, cet été...). Cet ancien sénateur plutôt connaisseur du monde agricole n'a aucune expérience de la diplomatie et encore moins du continent africain, de fait les questions clés resteront à l'Elysée.

Conclusions : La conduite de N. Sarkozy dans quelques crises (gestion de la crise tchadienne en février 2008 ou son silence lors de la répression des émeutes au Cameroun la même année) s’est caractérisée par les « mauvaises manières » du passé : omnipotence de l’Elysée, clientélisme, et logiques affectives et le nouveau gouvernement ne préfigure pas de grands changements. Un ensemble bien trop éloigné du nécessaire pragmatisme que demandait la politique d’influence d’envergure qui préfigurait dans les discours avant son élection et au début de son mandat...

mardi 7 septembre 2010

La PESD: instrument de légitimation de la France ?

Les experts ne s'accordent pas sur ce point :
La politique africaine de l'Europe est elle un instrument de pouvoir pour la France (l'opération Eufor Tchad/RCA ne sert-elle pas le régime tchadien ?) ou permet-elle au contraire à la France de normaliser ses relations avec le continent et à l'Union Européenne de développer sa PESD sur le terrain ?

jeudi 2 septembre 2010

Vidéo la politique de coopération militaire de la France en Afrique

A la suite de mon billet d'hier sur la politique africaine de la France, l'allié de Mars Attaque nous signale cette vidéo du Journal de la Défense d'août 2010 (26 minutes) composée de 5 reportages sur la politique de coopération militaire de la France en Afrique.


Le Journal de la Défense n°46 d'août 2010
envoyé par ministeredeladefense. - L'info video en direct.

mardi 27 juillet 2010

Archives Foccart : des infos compromettantes ?


« Les archives répondront un jour à votre question » répondait Jacques Foccart, aux questions du journaliste Philippe Gaillard sur la mort de Moumié (nationaliste camerounais assassiné à Genève en 1960).  L'heure est peu être arrivée et pourrait remettre en question beaucoup d'idées reçues.
Rappelons que Foccart était conseiller politique, secrétaire général de l'Élysée aux affaires africaines et malgaches de 1960 à 1974.
Selon l’historien Mamadou Diouf, professeur au Columbia University,les archives de Jacques Foccart,qui s'ouvrent aux Archives nationales de Paris, révèleraient des scandales impliquant d’anciens gouvernants africains.
Pour lui, contrairement à une croyance populaire, la France n’est pas responsable de tous les maux du continent.
«Il y a des choses, les Français n’y sont pour rien. Heureusement que les a archives de Foccart sont ouvertes maintenant : on va avoir plein de surprises», a affirmé le professeur.

Le terme « Archives Foccart » fait référence aux fonds public du secrétariat général pour la Communauté qui naît, au début de l’année 1959, des cendres de la France d’Outre-mer. Cette communauté portera le nom de secrétariat général des Affaires africaines et malgaches par la suite, dont Foccart sera le responsable jusqu’à sa dissolution en 1974.Le fonds public donc couvre l’ensemble des archives de travail de ce secrétariat (pas seulement le travail de Foccart).

Jean-Pierre Bat explique dans son article "Les « archives Foccart » aux Archives nationales"(ICI) :
"1 Un premier ensemble regroupe les dossiers de chargés de mission, français, africains et malgaches : ils participent à l’information quotidienne, à la préparation et à la diffusion des directives du secrétaire général par des notes, études et instructions, selon leurs attributions géographiques ou techniques.
2 Un second ensemble concerne l’action directe du président de la Communauté: protocole, voyage officiels, chancellerie, bureau interministériel du courrier et le service de documentation qui dispose d’une bibliothèque unique en France. Celle-ci a été versée à la Bibliothèque de Documentation Internationale Contemporaine (BDIC) à Nanterre.
3 Un troisième ensemble est composé par les dossiers de comptabilité et du personnel.Le fonds « privé », en revanche, comprend uniquement des archives reçues ou produites par Jacques Foccart ou en son nom, de telle sorte que l’on y retrouve beaucoup de dossiers composés par les chargés de mission, conseillers et autres membres du secrétariat.(...) dans le fonds « privé » on trouve plus fréquemment des notes plus personnelles concernant des personnes, des impératifs et des échéances politiques. Ces deux fonds sont étroitement mêlés, et complémentaires.(...) La communication des fonds « privé » et « public » est soumise à l’article premier du décret d’application de la loi de 1979 sur les archives : les documents produits par la présidence de la République ne peuvent être communiquées qu’au terme de soixante ans à partir de la date d’émission du document."(dérogations possibles)

Essentielles pour comprendre et démystifier les relations franco-africaines sur cette période les archives Foccart sont encore peu utilisées.
En plus des Archives Foccart les chercheurs peuvent avoir accès aux Archives Debré et les archives du Quai d'Orsay.

dimanche 30 mai 2010

Ouverture du 25ème Sommet Afrique-France à Nice

Le 25ème Sommet Afrique-France doit se tenir du 31 mai au 1er juin à Nice dans un climat particulier puisque nous fêtons cette années le 60ème anniversaire des indépendances. Par ailleurs c’est aussi le tout premier après l'élection de Nicolas Sarkozy à la présidence française en mai 2007. Une importante évolution est prévue: le Sommet s’ouvrira aux forces vives françaises et africaines. Ainsi, 80 entrepreneurs français et 150 entrepreneurs africains, venant de toutes les régions du continent, seront conviés à participer aux travaux, de même que des organisations syndicales.


Les participants : 52 États africains, les représentants de l’Union européenne, de l’Organisation Internationale de la Francophonie, de l’Organisation des Nations Unies pour l’Alimentation et l’Agriculture, de la Commission de l’Union africaine et de la Banque Mondiale.
Les absents :le Soudanais Omar el-Béchir, poursuivi par la CPI, et le Zimbabwéen Robert Mugabe, sous le coup de sanctions de l’Union européenne et le Malgache Andry Rajoelina, faute de consensus dans son pays.

Programme :
Le Président de la République française tiendra 3 réunions à huis clos avec l’ensemble des Chefs d’Etat et de Gouvernement sur les enjeux politiques majeurs du 21ème siècle : la place de l’Afrique dans la gouvernance mondiale (lundi 31 mai après-midi) ; renforcer ensemble la paix et la sécurité (lundi 31 mai après-midi) ; le climat et le développement (mardi 1er juin matin).

Les ministres à compétence économique français et africains, ainsi que les représentants des entreprises et des syndicats travailleront, le lundi après-midi, sur 5 sujets économiques : l’environnement des affaires ; le financement des entreprises en Afrique ; la formation professionnelle ; la responsabilité sociale et environnementale des entreprises ; les sources d’énergie de demain.
Un atelier de travail portant sur le rôle des migrants dans le développement des investissements privés en Afrique se tiendra également le mardi 1er juin dans la matinée.

Rappel historique : Initialement se sont les présidents nigérien Diori et sénégalais Senghor qui ont voulu créer une sorte de Commonwealth à la française (ce que devait être plus tard la Francophonie), ayant donc pour vocation à admettre des participants américains et asiatiques.
Mais de francophone, la conférence est ainsi devenue franco-africaine. Depuis 1981, ces réunions sont officiellement dénommées « conférence des chefs d’Etat de France et d’Afrique » ou « conférence des chefs d’Etat d’Afrique et de France ».
C’est au sommet de Ouagadougou en 1996 que pour la première fois la totalité des pays africains avait été invitée, à l’exception de la Libye, du Soudan et de la Somalie. A l’occasion du XXIIIème sommet (Bamako, 3 et 4 décembre 2005), une invitation a été lancée pour la première fois aux 53 pays africains. Le président de la Commission de l’Union Africaine, M. Alpha Oumar Konaré était aussi présent.
La participation a quintuplé 10 participants en 1973, 20 en 1978, 31 en 1981, 46 en 1996, 49 en 1998 à Paris, où 34 chefs d’Etat africains étaient présents, 52 en 2003 à Paris, avec 42 chefs d’Etat ou de gouvernement. 51 pays sur 54 à Bamako en décembre 2005, dont 24 par leur Chef d’Etat.

Source : MAE

lundi 3 mai 2010

Theme AGS mois de mai : les influences étrangères en Afrique

À l'occasion du cinquantenaire des indépendances africaines, Alliance Géostratégique s’intéresse à ce continent et tout particulièrement aux influences étrangères en Afrique noire. En effet, si les Français semblent s’y désintéresser nombreux sont les acteurs à investir le continent.

Ainsi la France n’a cessé de faire évoluer sa doctrine officielle : de « l'indépendance dans l'interdépendance » (E. Faure) à « accompagner sans dicter » (D. de Villepin) en passant par « ni ingérence, ni indifférence » (L. Jospin). Les États-Unis ont réorienté leur politique étrangère vers de nouvelles préoccupations géopolitiques et géostratégiques : le terrorisme islamiste, la sécurité énergétique et l’influence grandissante de la Chine.

Les anciennes puissances coloniales sont encore très présentes. L’héritage colonial les conditionne à être présentes sur cette zone. Après la décolonisation, elles ont cherché à y conserver une certaine influence, et la présence de nombreux ressortissants nationaux ainsi que les autres liens créés au cours de la période coloniale (langue et culture, enseignement...) servent de relais à cette politique.

Des acteurs moins traditionnels ont développé leurs relations avec le continent : la Chine dont la politique africaine qualifiée d’opportuniste est souvent critiquée mais aussi l’Inde, le Brésil, la Russie, Israël, l’Iran…


La question du rôle et de l’influence des pays extérieurs est donc légitime et elle n’a jamais été posée avec autant d’acuité qu’à l’heure actuelle.


Cette influence pourrait se définir comme la capacité d’une entité à orienter le comportement des autres entités en les amenant à s’impliquer dans son action ou à s’identifier à son point de vue. Elle pourrait être assimilée au soft power de Joseph Nye qui « consiste à tenter d'abord d'obtenir par la persuasion séductrice les résultats que l'on pourrait aussi atteindre par la force. Il s'agit d'amener les autres à adhérer à des normes et des institutions qui incitent ou induisent au comportement désiré. Le Soft Power peut prendre appui sur la capacité d'établir l'ordre du jour de manière à façonner les préférences des autres. »

On pourra aussi distinguer des zones d’influence où certains États disposent d’une prépondérance et /ou d’une exclusivité par rapport aux autres.


On rappellera qu’une vision globale est particulièrement difficile à appréhender en ce qui concerne le sous-continent africain. Certains ont tenté de démontrer que l'Afrique est un ensemble homogène. Aussi nombreux sont ceux qui ont eu une vision d'une Afrique qui pourrait être appréhendée et gérée d’un seul bloc. Mais en réalité, l'Afrique est un continent hétérogène qu’il faut penser dans sa diversité et donc y appliquer non pas une politique, mais des politiques africaines. Les stratégies d’influence se prêtent particulièrement bien à cet exercice.


Pourquoi ces acteurs s’intéressent-ils au continent ? Parmi les pays d'Afrique noire, deux tiers font partie des pays les plus pauvres de la planète. Malgré cela, l’Afrique est une zone riche qui recèle des potentialités à la fois économiques et humaines. Elle est une région en pleine évolution : intérêts économiques en tête (production / extraction de ressources naturelles et de matières premières, implantation d’entreprises, nouveaux marchés à conquérir...), intérêts stratégiques et prosélytisme religieux (Libye, pays du Golfe).

Comment évaluer la place des acteurs extérieurs sur le continent africain ? Quelles sont les modalités de l’influence des principales puissances y agissant ? Quelles sont les rapports entre les différents acteurs ? Et surtout, comment ces politiques d’influence sont reçues par les gouvernements sur place et par les populations car ne l’oublions pas ils savent faire jouer la concurrence et se jouent plus qu’on ne l’imagine de la profusion des acteurs extérieurs.

À vos claviers ! Envoyez vos contributions à alliancegeostrategique@gmail.com .