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jeudi 3 janvier 2013

Erythrée : l’affaiblissement du régime ?

En Erythrée, le régime montre des signes de vulnérabilité. Le président semble de plus en plus incontrôlable, les cinq généraux qui dirigent avec lui le pays se disputent le pouvoir et les défections se multiplient. Si celles des membres de l’équipe érythréenne de football en Ouganda a été a largement médiatisé, tout comme la demande d’asile du porte-drapeau de la délégation érythréenne aux JO de Londres et des trois autres athlètes qui l'accompagnaient, celles des hauts fonctionnaires du régime restent beaucoup plus discrètes bien que révélatrices d’un affaiblissement. 

En 2012, ces défections se sont multipliées. La dernière, en décembre 2012, est celle d’Ali Abdou, le « ministre de l’Information par interim ». Le 3 octobre, se sont deux officiers de l'armée de l'air qui ont piloté clandestinement le Beechcraft de la présidence jusqu'en Arabie saoudite. Les rumeurs sont nombreuses dans ce pays et difficiles à vérifier d’autant que le régime a l’habitude de s’en servir pour faire diversions. Il construit et alimente un climat d’urgence comme l’atteste la distribution de Kalachnikoff à la population cette année. Malgré tout, pour sortir de son isolement, le régime d’Issayas Afworki multiplie les initiatives et cherche à réintégrer l’organisation régionale de l’IGAD.

vendredi 30 novembre 2012

Présentation : Trajectoires sécessionnistes dans la Corne de l’Afrique : l’Erythrée et le Somaliland

Nous sommes intervenu le 22 octobre lors de la journée d'étude organisée par l'Association des Internationalistes. 



Notre présentation, ainsi que celle du professeur Gascon, sont disponibles ICI et ICI

lundi 5 novembre 2012

Parution : Études Littéraires Africaines n° 33, 2012 : "Littératures d'Erythrée" (X. Luffin, dir.)

Résumé : 
"Indépendant depuis 1991, l'Erythrée n'est pas seulement un pays qui a souffert des guerres et alimenté douloureusement, pendant des décennies, les actualités. Ses littératures, en émergence, témoignent certes des conflits et de leurs conséquences, notamment quant aux phénomènes migratoires, mais elles reflètent aussi la vitalité et la richesse de langues et de cultures diverses. On y parle dix langues, on y pratique plusieurs religions, et l'on y vit aussi dans la mémoire d'un passé, notamment colonial, qui détermine encore aujourd'hui des affinités italiennes marquées. C'est que le pays est un carrefour de voies vers l'intérieur de l'Afrique, vers l'Océan indien et l'Arabie, l'Europe ou l'Australie aussi, et ainsi vers le Monde. Des pistes caravanières à la toile numérique, de la mémoire des combattants à celle des migrants, l'Erythrée apparaît, dans les riches contributions de ce dossier, comme un pays particulièrement représentatif des enjeux actuels des littératures africaines."




Introduction
(Xavier Luffin)                                                                             
L’émergence d’une littérature arabe en Érythrée
(Jean-Charles Ducène)                                                          
L’épanouissement d’une littérature en langues locales : tigrigna, tigré et arabe
(Xavier Luffin)                                 
Littératures d’Érythrée : l’énonciateur sous contrôle
(Didier Morin)                                                                    
Italiens d’Érythrée, Érythréens d’Italie. La littérature postcoloniale italienne provenant de l’Érythrée
(Daniele Comberiati)                                                          
Les romans d’Abû Bakr Hâmid Kahhâl. Littérature nationale, littérature universelle
(Xavier Luffin)                   
Quand l’amour se dévoile : sexualité et identité dans The Consequences of Love de Suleiman Addonia
(Florence Khawam)   
_________________________
VARIA
Entre médiation et confrontation : à propos de Janheinz Jahn et de ses archives
(Flora Veit-Wild)                 
À propos des Oeuvres de Frantz Fanon
(Contributions de Daniel Delas, Pierre-Philippe Fraiture & Elsa Geneste)                       
                                           

dimanche 21 octobre 2012

Corne de l'Afrique : Partition et répartition des espaces :




La prochaine manifestation scientifique de l’Association des Internationalistes, organisée en partenariat avec l’IHEDN, aura pour thème Partition et répartition des espaces : actualité de l’Afrique. L'auteur de ce blog aura l'honneur d'y participer.


La récente partition du Soudan et les conflits territoriaux de la Corne de l’Afrique seront abordés, dans deux panels distincts, sous les angles historique, politique, géographique, juridique et économique.
Le colloque se déroulera le 22 octobre 2012 de 9h à 13h à l’Ecole militaire (amphithéâtre Suffren).
Pour l’inscription au colloque, nous vous remercions d’adresser un courriel à l’adresse suivante : tableronde@ihedn.fr
Nous vous remercions de vous munir d’une pièce d’identité pour accéder à l’Ecole militaire (entrée par le 1, place Joffre, 75007 Paris) et, par précaution, de bien vouloir arriver en
avance.

PROGRAMME

Ouverture par Georges-Henri Soutou, membre de l’Académie des sciences morales et politiques, professeur émérite à l’Université Paris-Sorbonne, président de l’Association des Internationalistes

PANEL 1 : LE SOUDAN

Présidé par Pierre Michel Eisemann, professeur à l’Ecole de droit de la Sorbonne (Université Paris I), vice-président de l’Association des Internationalistes

Roland Marchal (économie) Chargé de recherche CNRS, enseignant à l’IEP de Paris et à Columbia University : « La partition du Soudan dans le contexte régional ».
Gérard Prunier (histoire) Chargé de recherche au CNRS, ancien Directeur du Centre français d’études éthiopiennes à Addis-Abeba : « Y a-t-il deux Soudan ou trois ? ».
Géraldine Giraudeau (droit) Maître de conférences à l’Université d’Orléans : « La sentence Abyei du 22 juillet 2009 (Gouvernement du Soudan / Mouvement/Armée populaire de libération du Soudan) ».
Marc Lavergne (géographie) Directeur de recherche au CNRS, ancien directeur du Centre d’Etudes et de Documentation Juridiques, Economiques et Sociales (CEDEJ) Egypte-Soudan : « La partition du Soudan : une page de tournée ou un incident de parcours ? ».

*débat et pause*

PANEL 2 : LA CORNE DE L’AFRIQUE : ETHIOPIE-ERYTHREE, SOMALIE

Présidé par Michel Foucher, Directeur de la formation, des études et de la recherche de l’IHEDN, vice-président de l’Association des Internationalistes

Alain Gascon (géographie) Professeur émérite, Institut français de géopolitique, Université Paris 8, Ancien chargé de cours à l’INALCO : « Erythrée-Ethiopie : la permanence des frontières coloniales en dépit d’une histoire et d’une culture communes ».
Sonia le Gouriellec (sciences politiques) Doctorante en Science Politique à l’Université Paris Descartes-Sorbonne-Paris-cité : « Trajectoires sécessionnistes dans la Corne de l’Afrique : l’Erythrée et le Somaliland ».
Jean-Nicolas Bach (sciences politiques) Docteur en Science politique, Membre associé au Centre de recherche « Les Afriques dans le Monde », ATER à l’Institut d’études politiques de Bordeaux : « Ethiopie et Corne de l’Afrique : influences mutuelles ».
Abdelqawi Yusuf (droit) Juge à la Cour internationale de Justice : « Corne de l’Afrique : fragmentation ou intégration ? »

*débat*

Conclusion générale de Serge Sur, professeur à l’Université Panthéon-Assas (Paris II), secrétaire général de l’Association des Internationalistes

L’Association des Internationalistes est une association pluridisciplinaire née en 2010 dont le but est de réunir les spécialistes francophones des relations internationales dans les différentes disciplines (science politique, économie, géographie, histoire, droit) et de faciliter leur coopération sur le plan scientifique et universitaire. L’Association est ouverte aux enseignants-chercheurs, chercheurs, docteurs, experts, étudiants en doctorat et master 2 des différentes disciplines.

dimanche 26 août 2012

L'Erythrée par Gérard Prunier

L'association ASMEA (Association for the Study of the Middle East and Africa) diffuse sur You tube la vidéo (ci-dessous) de l'intervention de Gérard Prunier lors d'une conférence qui s'est tenue en novembre 2010. 

Dans "Eritrea and its discontents", Gérard Prunier revient sur l'histoire contemporaine de l'Erythrée.



lundi 25 juin 2012

Top twitter du continent (MAJ1)

L'allié Florent de Saint Victor vient d'avoir la remarquable idée de créer un "top twitter" francophone à la suite de la publication par Foreign Policy d'un "Top100 Twitterati". Le journal américain faisait la part belle aux comptes anglophones, qu'à cela ne tienne AGS propose sa version francophone.

Tous les alliés y ont travaillé (enfin presque mais nous ne balancerons pas :-) ! ) et le résultat est disponible ICI.



Je vous propose la liste de quelques twittos africains francophones ci-dessous, complétée de quelques noms.

@Altesse77 : républicain convaincu. Les dessous de la politique en Côte d’Ivoire, les relations régionales… et en ce moment beaucoup (beaucoup) de football.
@Babahmed1 : journaliste malien basé à Bamako et fin connaisseur de la région sécessionniste de l’Azawad. Dans l’œil du cyclone, il nous informe sur la situation troublée de ce pays sahélien.
@CasePalabres : le compte d’Oliver Herviaux, journaliste au Monde (à suivre entre autres sur son blog), qui traite du Maghreb et de l’Afrique de l’Ouest. 
@JuliRengeval Journaliste de RFI basée également en Afrique du Sud
@JusticeJFK : jeune cadre africain, surveille la démocratie à la loupe. Ouvert d’esprit et ouvert sur le monde – sans oublier : un passionné de football, lui aussi.
@leonard_vincent : journaliste et écrivain. Auteur de "Les Erythréens". Il commence tout juste à tweeter mais a tellement chose à nous apprendre sur l'Erythrée qu'il sera vite un must pour les passionnés de la région.
@martinvogl : journaliste freelance à Bamako, se déplaçant au Mali pour recueillir l’avis des populations. Jongle habilement entre l’anglais et le français.
@Seb_Hervieu : lui aussi journaliste, Sébastien Hervieu est basé en Afrique du Sud. Analyses et anecdotes régulières sur ce géant africain et son environnement régional.
@SoloNiare : Solo Niaré, journaliste et écrivain Guinéo-Malien installé en France. Twitte sur la démocratie, la gouvernance, l’éducation… Sans oublier, actuellement, l’Euro 2012.
@soniarolley : Sonia Rolley poursuit depuis peu ses analyses du continent africain sur Twitter. Journaliste de RFI. À suivre.
@wirriyamu2011 : l’actualité togolaise et plus globalement ouest africaine, sur un ton très très caustique…

Et bien sur ce blog : @MorningAfrika !!(qui passe plus de temps à twitter qu'à bloguer dernièrement !)

Sans grande surprise de nombreux twittos francophones sont originaires d'Afrique de l'Ouest. Cette liste est bien entendu non exhaustive alors commentez-la, complétez-la, etc.

mercredi 6 juin 2012

L'Erythrée en live

Ce samedi,  venez écouter Léonard Vincent, l'auteur de Les Erythréens (ICI) , à Vincennes.


dimanche 13 mai 2012

Sortie du 3ème numéro de Jambo

Le Comité "Afrique" de l'ANAJ-IHEDN vient d'annoncer la sortie du numéro 3 de la revue Jambo.

Au sommaire de ce numéro :
 -Élections présidentielles au Sénégal
- Le bilan africain du 6ème forum mondial de l’eau
- Mali : la chute d’un acteur clé de la lutte contre AQMI
- Focus pays : Le Malawi
- La coopération industrielle internationale
- Interview M. Xavier DRIENCOURT, Ambassadeur de France en Algérie - La Francophonie est-elle morte ?
- Faire des affaires dans les États membres de l’OHADA
- En Somalie, le temps est compté…
- PUBLICATION—REVUE Léonard Vincent, Les Erythréens  

Télécharger le numéro 3 de Jambo ICI

Rédigée par des étudiants, chercheurs ou jeunes professionnels membres du Comité Afrique de l’ANAJ-IHEDN, la lettre souhaite montrer à ses lecteurs que le continent africain est un acteur à part entière des enjeux géopolitiques mondiaux. Nos rédacteurs ont une expérience du continent, y ont vécu ou travaillé. Il s’agit pour eux de faire partager leur intérêt commun pour un continent trop souvent marginalisé dans les médias et la pensée européenne.

Pour recevoir gratuitement la lettre tous les trimestre, par mail, envoyez nous un mail à : afrique@anaj-ihedn.org

De même n’hésitez pas à nous proposer vos contributions ou des sujets d’étude que vous souhaiteriez voir traiter : afrique@anaj-ihedn.org

dimanche 6 mai 2012

Interview : trois trajectoires de sécession dans la Corne de l'Afrique

Nous avons eu l'honneur ce matin d'être interviewée par Sonia Rolley sur RFI : ICI suite à l'article "trois trajectoire de sécession dans la Corne de l'Afrique" ICI



Ecoutez ci dessous :



INV AFR 06/05 LE GOURIELLEC
(07:04)

jeudi 26 avril 2012

Journée d'étude : Langues et littérature dans la Corne de l'Afrique

L'EHESS recevra ce mercredi 2 mai 2012  M. Charles Cantalupo (Bio ICI), chercheur africaniste de la Pennsylvania State University.  Une demi-journée d'étude sur la renaissance des littératures africaines dans l’Afrique contemporaine a été organisé pour l'occasion. Mme. Meaza Revol-Tissot de l'INALCO parlera du contexte culturelle et de l'histoire littéraire de la poésie africaine contemporaine, notamment pour le cas des langues et littératures de la Corne d'Afrique et de l'Erythrée plus particulièrement. 


Informations : mercredi 2 mai 14h30 à 17h30 à l’EHESS-Paris, Bâtiment France, 190-198 avenue de France, Paris (13e), Salles de conseils A & B.

Résumé  préparé par les organisateurs :
 « Joining Africa » raconte les voyages ethnographiques et les préoccupations littéraires de Charles  Cantalupo,  poète  et  professeur  universitaire  américain  qui  traversa  l’Amérique, l’Europe et l’Afrique pour découvrir le pouvoir du langage dans la poésie africaine. En tant que chercheur spécialiste sur les littératures « vernaculaires » de la période moderne en Europe, Cantalupo reconnaît l’influence de l’auteur Ngugi wa Thiong’o (Kenya), qu’il a  rencontré  en  1993,  et  qui  lui  a  montré  l’importance  de  la  renaissance  des  littératures  africaines dans l’Afrique contemporaine. Par la suite, après sa rencontre avec l’Erythrée, pays  en  lutte  économique  mais  toujours  riche  culturellement,  Cantalupo  trouve  de nouvelles  satisfactions  littéraires  dans  la  poésie  intense  de  la  Corne  d’Afrique.  Pendant cette  demi-journée  d’étude,  Cantalupo  présentera  ce  livre,  un  livre  qui  n’est  ni  une  histoire  cautionnaire  « postcoloniale »,  ni  une  histoire  exotique  du  safari.  L’Afrique présentée par Cantalupo est remplie des voix des peuples érythréens parlant leurs propres langues. Selon Cantalupo, ce ne sont pas les stars célèbres ou les ONG, mais les langues africaines qui seront porteuses de changements culturels et économiques en Afrique. Son histoire  personnelle  et  ethnographique  touche  à  une  Afrique  en  pleine  croissance rarement interrogée par les touristes occidentaux. A travers ses échanges avec les poètes du continent, Cantalupo nous invite à réévaluer notre engagement – en tant qu’individus et   en   tant   que   collectivité   –   avec   cette   partie   du   monde   aussi   remarquable qu’extraordinaire.  
Mme.   Meaza Revol-Tissot de   l'INALCO,   spécialiste   de   Tigrinya,contextualise  ce  travail  ethnographique  en  parlant  de  l’histoire  littéraire  de  la  poésie africaine contemporaine, notamment pour le cas des langues et littératures de l'Erythrée."


On lira : 
Sur la conférence Against all Odds ICI

jeudi 12 avril 2012

De l'abus du terme "balkanisation" au Mali et ailleurs

Des analyses (parfois hâtives) voient dans les évènements maliens la preuve d'une balkanisation de la zone sahélienne de l'Afrique.  

Balkanisation, fragmentation, scission, partition? Rappelons tout d’abord les différences entre ces terminologies. Selon Stéphane Rosière, la balkanisation est : « le processus de fragmentation d'un État en au moins trois nouveaux États (…) si un État “primaire” est divisé en deux nouvelles entités, on peut préférer les notions de scission ou de partition »[i]. Ainsi la notion de balkanisation, souvent employée avec une connotation péjorative, ne correspond pas à la réalité malienne actuelle. 
Un peu plus à l'Est de cette bande sahélienne prenons des exemples que nous maitrisons plus.  L’Erythrée et le Soudan du Sud se sont séparés d’une entité qui existe toujours. Le cas du Somaliland est plus problématique, puisque l’Etat somalien s’est effondré et qu’une autre entité, le Puntland, s’est déclarée autonome. 
En revanche, la sécession est bien l’aboutissement d’un processus de désintégration politique. Si l’intégration politique se définit comme un processus par lequel les acteurs, de systèmes politiques distincts, sont persuadés qu’ils doivent loyauté à un nouveau centre de pouvoir, prévalant sur l’ancien système[ii], lors d’une sécession les acteurs décident à l’inverse de retirer leur loyauté du centre juridique et de le donner à un nouveau centre. En interne, une sécession signifie donc la dissolution du pacte existant et marque un coup d’arrêt à la capacité de l’Etat à gouverner sur tout le territoire. La sécession est donc le retrait d’une entité constitutive d’un ensemble établi et reconnu internationalement et la création d’un nouvel Etat souverain. 

La reconnaissance internationale est en générale l’étape suivante. Cet acte fait entrer le nouvel Etat dans l’ordre juridique internationale en lui attribuant des droits et des obligations. Néanmoins la reconnaissance reste un acte discrétionnaire et bilatéral que le Somaliland attend par exemple toujours et que l'Azawad s'est fut refusé par les Etats composant la communauté internationale.


La reconnaissance internationale des nouvelles entités
Le système international ne reconnait qu’aux Etats certains pouvoirs, droits et devoirs, alors que les gouvernements ne sont reconnus que comme les agents d’Etats légitimes [iii]. En effet, deux principes contradictoires guident la communauté internationale : le droit à l’autodétermination et le respect de l’intégrité territoriale. En général, l’instauration de l’autonomie est préférée à la sécession, mais cette dernière reste parfois l’unique mode de résolution des conflits.
Ainsi, l’Erythrée a accédé à l’indépendance, après l’autorisation préalable du nouveau régime en place à Addis Abeba, et son engagement à reconnaitre les résultats du référendum d’autodétermination. L’indépendance est ainsi déclarée de facto en 1991, et de jure en 1994 après le referendum en avril 1993.
Concernant le Soudan du Sud, ce sont les accords de paix inclusifs, ou Compehensive Peace Agreement, (« accords de Naivasha »), signés au Kenya le 9 janvier 2005  par  la rébellion sudiste de John Garang (Mouvement populaire de Libération du Soudan - SPLM) et  Ali  Osmane  Taha,  le  vice-président  du  Soudan, qui ont ouvert la voie au référendum d’autodétermination. En effet, ces accords prévoyaient une large autonomie du Soudan du Sud, ainsi que la tenue d’élections démocratiques dans  l'ensemble  du  Soudan un an avant la fin de la période de transition. Puis ils octroyaient, au terme d’une période intérimaire de six ans, la possibilité de choisir, par référendum, entre l’indépendance et le maintien au sein du Soudan.
Le Somaliland s’est, quant à lui, autoproclamé indépendant selon la même logique que l’Erythrée, mais cette indépendance n’est pas internationalement reconnue. L’ancienne colonie britannique bénéficiait en 1991 d’une autonomie de facto, en l’absence de pouvoir central légitime à Mogadiscio. La capitale Hargeisa s’est dotée de tous les instruments de la puissance régalienne (drapeau, monnaie, etc). Le président du SNM (Mouvement National Somalien) proclame, en mai 1991, la nullité de l’acte d’union du 1er juillet 1960 et déclare l’Etat souverain. Or la déclaration d’indépendance est un acte est juridiquement controversé et n’est pas validé par la communauté internationale.
Dans les trois cas, le scrutin référendaire a recueilli des scores élevés et montre l’adhésion du peuple aux mouvements d’indépendance. Le scrutin d’autodétermination érythréen a été approuvé par 99,8% des électeurs. Le référendum somalilandais du 31 mai 2001, en faveur de la nouvelle Constitution qui réaffirme le statut indépendantiste de l’Etat[v], fut approuvé par 97 % des votes bien que les résultats soient certainement surestimés. Au Soudan du Sud, en 2011, près de 98% des votants approuvaient la sécession malgré les contestations et les intimidations dénoncées. 


Nous avons retracé dans "Trois trajectoires desécession dans la Corne de l’Afrique : le Somaliland, l’Erythrée, le Soudan duSud", les  trajectoires de trois récentes sécessions qui ont eu lieu dans la région (Soudan du Sud, Erythrée et Somaliland) en mettant en évidence leurs similarités. À différents  degrés, chacune de ces sécessions a éprouvé des difficultés à passer d’une administration militaire à une administration civile. Le défi est aussi la construction de l’Etat après la sécession ce qui explique pourquoi ces Etats sont particulièrement sourcilleux de protéger leur souveraineté.

[i] Rosière (Stéphane), « La fragmentation de l’espace étatique mondial. », L'Espace Politique [En ligne] , 11, 2010-2, mis en ligne le 16 novembre 2010, Consulté le 01 décembre 2011. URL : http://espacepolitique.revues.org/index1608.html
[ii] Haas (Ernest), The uniting of Europe, Stanford University Press, 1968, p.16

mercredi 11 avril 2012

Quel avenir pour le régime érythréen ?

A la suite du débat lors de la conférence de l'ANAJ-IHEDN sur la Corne de l'Afrique, interrogeons nous sur l'avenir possible du régime érythréen. 



Un changement de régime est-il envisageable ? La question est complexe. Le régime ne montre aucune volonté d’ouverture. En revanche, il ne semble plus avoir les capacités financières de mener une politique étrangère agressive. Ainsi, le 15 mars 2012, le régime n’a pas répondu à l’incursion militaire éthiopienne sur son territoire (lire ICI et la réaction de l'Erythrée ICI).
Par ailleurs, la contestation interne a peu de chance d’émerger et beaucoup d’Erythréens ont tiré une leçon erronée du printemps arabe. En effet, il n’existe plus d’espace public en Erythrée et l’impulsion ne peut être qu’exogène.
La diaspora est-elle aussi réceptive aux arguments de l’opposition que l’est, à titre comparatif, la diaspora éthiopienne ?  Elle se situe surtout dans les pays arabes et reste pauvre, peu éduquée et très nationaliste. En effet, l'Erythrée est un Etat diasporique récent qui s’est largement formé dans la diaspora. A ce titre, la diaspora constitue un réel enjeu de pouvoir. Pourtant, il est difficile de la quantifier. On estime que près d’un million d’Erythréen vivrait en exil, soit près d’un cinquième de la population. Une diaspora plutôt éclectique composée de musulmans ayant fui le pays dans les années 1970, vers les pays arabes (notamment le Soudan). Une vague plus composite suit dans les années 1980, alors que la guerre de libération s’intensifie. Enfin, une vague importante de migrants quitte le pays après la guerre frontalière de 1998-2000. Aujourd’hui se sont surtout les jeunes qui fuient le service national et plus largement la répression et la crise économique. La diaspora ne sont s'oppose pas dans son ensemble au régime. Et l'opposition qui peut exister peine à se faire entendre et n'est pas unit, bien que depuis juillet 2010 et la « conférence nationale pour un changement démocratique », elle tente de s’unir.

 Ensuite, elle se réunit en Éthiopie et tant que la question de la frontière ne sera pas résolu, ce type de compromission n’est pas acceptable pour de nombreux Erythréens. Jeudi dernier des représentants de l'ambassade érythréenne appelant même les membres de cette opposition des "Vichystes".
Enfin, remettre en cause le régime est parfois perçu comme une remise en cause des sacrifices consentis pour libérer le pays, pourtant il faut bien admettre que près de vingt après son indépendance, le « miracle érythréen » est devenu cauchemar.

jeudi 5 avril 2012

L'Erythrée sous l'emprise du dictateur Issayas Afeworki (2)

Ecoutez la suite de l'émission Rendez vous avec Monsieur X (voir billet précédent) : ICI



Résumé de l'émission :
"C’est une histoire effrayante : celle d’un pays qui donnait à espérer, qui suscitait des sympathies dans tout le monde occidental, malgré quelques dérives inhérentes, pensait-on, à sa jeunesse… Un pays même dont le modernisme, le dynamisme et l’absence de corruption pourraient servir d’exemple à ses voisins africains… Et puis soudain, la chute ! La glaciation ! En quelques jours de 2001, la petite Erythrée ferme ses frontières, interdit le pays à la presse étrangère, emprisonne tous ses opposants, met fin à toutes les libertés dont celle de la presse… C’est la dictature, un régime totalitaire qui terrorise ses cinq millions d’habitants.
Et pourtant, il n’y a pas eu de putsch, pas de changement de dirigeant… C’est le même homme, Isssayas Afeworki, héros de la guerre d’indépendance, une légende vivante, qui est resté à la tête de l’Etat et qui a donc ordonné ce retour vers les ténèbres. Le héros est devenu un tyran alcoolique.
La semaine dernière, Monsieur X a retracé à grands traits l’histoire de ce pays de la Corne de l’Afrique, longtemps assujetti à l’Ethiopie voisine, puis devenu colonie italienne, avant de passer sous le contrôle de la Grande Bretagne au cours de la Seconde Guerre mondiale… Puis d’être récupéré par l’Ethiopie au sein d’une improbable fédération. Ce sera ensuite une longue guerre d’indépendance qui va durer 30 ans et une destruction quasi-totale du pays. Mais la paix revenue est fragile… Cinq ans après l'indépendance de l'Erythrée, une nouvelle guerre éclate en 1998. La puissante Ethiopie est victorieuse. Mais politiquement, c’est la petite Erythrée, pourtant exsangue, qui gagne. Et malgré des accords de paix signés en 2000 la tension demeure. D’autant que la Corne de l’Afrique demeure une région agitée, propice aux manœuvres les plus tortueuses… En attendant, l’Erythrée est donc devenue l’un des pays les plus fermés au monde…



Bibliographie :

- "Les Erythréens", de Léonard Vincent, Editions Rivages (Payot), 2012

- La revue trimestrielle « Sécurité Globale » dont le dernier numéro consacre un dossier à la Corne de l’Afrique, coordonné par Sonia Le Gouriellec, éditée par l’Institut Choiseul ICI

A noter : Les auteurs du numéro de "Sécurité globale" sur la Corne de l'Afrique ainsi que Léonard Vincent seront présents le 5 avril pour une conférence (accès gratuit), Inscription : http://www.anaj-ihedn.org/2012/03/5-avril-2012-corne-de-lafrique-vers-un.html


Discographie :

- Akale Wube - Album : "Mata" ; Titre : "Maryé" ; Label : Nabligam Production, 2012

- Asmara All Stars ; titre : "Safir Hilet" ; label : Out Here Records, 2010

- extrait d'un chant de Helen Berhane, chanteuse érythréenne restée 18 mois enfermée dans un conteneur (lire le récit de son emprisonnement dans le livre de Léonard Vincent)"

lundi 26 mars 2012

Il faut sauver les soldats érythréens

Alors que la Syrie pleure le sang de ses martyrs sous le regard paralysé de la communauté internationale, il existe un autre pays, au bord de la mer Rouge, qui fait peu parler de lui mais dont le chef d’Etat est tout aussi sanguinaire : l’Erythrée. Léonard Vincent, l'auteur de l'ouvrage Les Erythréens, le qualifie de « bagne à ciel ouvert, un immense camp de travail profitant à une chefferie paranoïaque ». Un pays d’où il est presque impossible de sortir ou d’entrer. La prison est aussi l’enfer où se retrouve tout ceux qui ont été arrêtés dans les rafles de rue (les giffas), dans les campagnes ou ayant essayé de fuir. Cette triste réalité explique pourquoi la société érythréenne souffre d’une « puissante obsession migratoire » . Cette hémorragie migratoire s’aggrave chaque année et plus d’un Erythréen sur cinq vit aujourd’hui hors du territoire.



Partant de ce constat, le journaliste Léonard Vincent, tente, dans son ouvrage Les Erythréens, de rendre compte du drame que vit la nation Erythréenne. Il tente de comprendre pourquoi la « nation rêvée », devenue « nation vécue » n’est plus qu’une « nation subie » ? Les Erythréens est le récit poignant de ce peuple qui fui la folie de son président. C’est ainsi par la littérature et non le journalisme que Léonard Vincent rompt l’indifférence et le déficit d’émotion qui existent autour de leurs sors. Pourquoi ne parle-t-on pas de l’Erythrée ?

Parce que ce jeune Etat est inaccessible et l’accès au terrain est interdit aux chercheurs et aux journalistes. D’ailleurs l’auteur laisse transparaitre entre les lignes son désœuvrement face à une profession qui faillit à son rôle d’information. Léonard Vincent avance aussi une autre hypothèse, tout simplement parce que : ‘le peuple érythréen (est) assez peu présent dans l’imaginaire collectif mondial’.


Grâce à une série de trajectoires individuelles, Léonard Vincent fait entendre la voix de migrants débarqués à Lampedusa, de l’opposition qu’il a rencontré à Addis Abeba en 2010 et qui peine à s’unir, des fugitifs qu’il a aidé à fuir en payant des passeurs, de Fana aujourd’hui réfugié en France qui a traversé la frontière les pieds en sang, de Biniam, ancien présentateur du journal du soir d’Eri-TV que l’auteur a aidé à fuir ou encore du général Ogbe Abraha (général et chef d’état-major de l’armée érythréenne) et Joshua Fessaye Yohannes (célèbre journaliste) tous deux proches du régime qui se sont suicidés en prison. La mort de Joshua ne sera connue que 5 ans après … Il livre le témoignage des rafles, des mauvais traitements subis en prison, des cris entendus dans ces geôles, des tortures, des disparitions, des interrogatoires, de l’isolement et de la mort. Certaines pages coupent le souffle.
Léonard Vincent met des noms sur ceux qui ont vécu ce cauchemar, pour lutter contre l’indifférence internationale. Plus qu’un témoignage journalistique c’est une expérience humaine que partage avec nous Léonard Vincent. Il nous fait partager un combat qui a besoin d’être entendu et soutenu.


Pourtant, l’histoire de l’Erythrée avait bien commencé. Les premières années de l’indépendance sont euphoriques, tout est à construire, et le FPLE (le Front Populaire de Libération de l’Erythrée devient en 1994 le Front populaire pour la démocratie et la justice -PFDJ-), qui a mené la lutte, souhaite construire une société sur les bases du mouvement : sans distinction ethnique, religieuse ou de genre. Les premières initiatives de développement font rapidement du pays un exemple pour les autres. Le dirigisme du gouvernement est alors assumé. Il ne s’agit que d’une étape avant de mener le pays à la démocratisation.
Mais, rapidement la machine à gagner du FPLE se grippe et le pays rencontre ses premières difficultés. Dans ses relations extérieures, le régime prend l’habitude de frapper d’abord et négocier ensuite, dans la tradition du mouvement armée de libération (différend frontalier avec le Yémen relatif aux îles Hanish en 1995, conflit frontalier avec Djibouti en 2008). Il acquiert ainsi la réputation d’être belliqueux. Sur le plan économique, la transition ne se fait pas. En 2002, le gouvernement lance un programme de développement, Warsay Yika'alo, un Plan Marshall pour le pays, faisant de l’armée le premier employeur. Le gouvernement mobilise de façon autoritaire la main d’œuvre dans l’agriculture, la pêche, etc. Cette concurrence inégale phagocyte le secteur privé, déjà malmenée par des règlementations exigeantes. Aujourd’hui, l’Erythrée tient uniquement grâce à l’aide financière de la diaspora qu’il taxe d’un impôt de 2% sur les revenus, conditionnant par son paiement l’accès aux services des ambassades (délivrance des passeports, des visas de sortie…). En décembre 2011, le Conseil de sécurité de l’ONU a condamné le recours à la «taxe de la diaspora» qualifiée d’ « extorsion ». Le texte de la résolution accuse le gouvernement érythréen d’imposer l’impôt afin de «financer des achats d’armes et du matériel connexe destinés à des groupes d’opposition armés».
L’histoire de l’Erythrée s’écrit toujours au regard de celle du grand voisin éthiopien et explique le raidissement du régime. Ainsi, depuis la guerre frontalière entre les deux pays, de 1998 à 2000, le régime érythréen se durcit chaque jour un peu plus. La constitution adoptée en 1997 reste suspendue, l’Etat de droit inexistant et les élections reportées. Le Président gouverne par des décisions et concentre entre ses mains les pouvoirs exécutifs, législatifs et judiciaires. Les assemblées (nationales et locales) sont noyautées par le parti unique, le Front populaire pour la démocratie et la justice (PFDJ). Les syndicats ont été supprimés. L’opposition interne est inexistante et la répression, systématique, s’est étendue aux minorités religieuses.

Début 2001, des vétérans de la guerre de libération publient sur internet une lettre ouverte condamnant les actions illégales et anticonstitutionnelles du régime. Pour Issayas Afworki et son entourage ces critiques brisent une règle fondamentale du parti : « ne jamais laver son linge sale en public ». L’heure n’est pas venue de discuter élections et démocratie . Onze anciens ministres du gouvernement, membres du « groupe des 15 » sont arrêtés et emprisonnés dont des figures historiques du mouvement de libération et de l’Etat indépendant. Cette affaire n’est pas si étonnante si l’on prête attention à une déclaration qu’aurait faite le président : « Quand je suis contesté, je deviens plus tenace et de plus en plus rigide » .



La répression touche aussi la presse. Le 18 septembre 2001, alors que le regard de la communauté internationale est tourné vers les conséquences des attentats du 11 septembre 2001, des dizaines de journalistes et leurs collaborateurs sont arrêtés, la presse privée interdite. C’est d’ailleurs le point de départ de l’ouvrage de Léonard Vincent qui fût journaliste à Reporters sans Frontière. Selon le dernier rapport de cette ONG sur la liberté de la presse, l’Erythrée arrive au dernier rang … après la Corée du Nord. Sans inculpation, les journalistes arrêtés sont toujours en prison, certains seraient morts. La vague répressive est lancée. Les élites et les intellectuels sont surveillés, arrêtés ou portés disparus.

Dès lors, il apparait clairement que l’unité et la loyauté deviennent des valeurs au-dessus de tout pour le régime. Toute la société se militarise. La dernière année d’étude des lycéens doit s’accomplir dans un centre de formation de l’armée afin de poursuivre, ensuite, directement sur le service national. Le système universitaire subit également cette militarisation puisqu’il n’existe plus aujourd’hui en Erythrée d’enseignement supérieur indépendant de l’armée. Cette militarisation de la jeunesse rappelle l’expérience des Khmers rouges. Presque toute la population masculine est enrôlée dans l’armée, le service civil est illimité et garantit au régime une main d’œuvre bon marché, voire gratuite. Cette mise au pas de la jeunesse vise à empêcher la formation de toute conscience politique par un parti qui rejette l’individualisme et l’intellectualisme. Pour le gouvernement le service national est nécessaire à la construction de la nation, il permet d’inculquer aux jeunes le sens de la loyauté et du patriotisme. En effet, comme dans les rangs du FPLE pendant la guerre de libération, le service militaire permet de briser les barrières ethniques, régionales et religieuses. « Voilà pourquoi tous ceux qui fuient l’Erythrée aujourd’hui peuvent être considérés comme des déserteurs » explique Léonard Vincent. Voilà qui explique aussi le titre de ce billet…



« Les animaux ont le droit d’être indifférents. Moi je suis un animal avec quelque chose en plus, quelque chose qui change tout, qui m’ôte le droit à l’indifférence : je sais » François Cavanna

Léonard Vincent, sera présent le 5 avril lors de la conférence organisée par l'ANAJ-IHEDN et l'Institut Choiseul. Information et inscription : ICI

Pour aller plus loin :
- Léonard Vincent, Les Erythréens, Paris, Rivages, 2012
- International Crisis Group, Eritrea: The Siege State, Africa Report, numéro 163, 21 septembre 2010
- Gaim Kibreab “The Eritrean Diaspora, the War of Independence, Post-Conflict (Re)-construction and Democratisation” in Ulf Johansson Dahre (ed) The Role of Diasporas in Peace, Democracy and Development in the Horn of Africa, Lund University, 2007
- Richard Reid (ed.), Eritrea’s External Relations : Understanding its Regional Role and Foreign Policy, Londres, Chatham House, 2009
- Fabienne Le Houérou, Ethiopie-Erythrée, frères ennemis de la Corne de l’Afrique, Paris, L’Harmattan, 2000