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jeudi 3 novembre 2011

L'Union Africaine à sec ?

L'Union Africaine et de nombreux États Africains se sont vus reprocher leur hésitations à condamner Kadhafi et son régime. Nous avons rappelé sur ce blog l'importance du leader libyen dans l’équilibre politique, parfois économique, de certains pays.


En 2009, le financement de l'organisation provenait (grossièrement) à 75% de contributions internes et plus particulièrement des pays d'Afrique du Nord : Libye (15%), Égypte (15%), l’Algérie (15%) soit 45% pour ces pays du Nord suivent ensuite le Nigeria (15%) et l'Afrique du Sud (15%). L'équilibre des financement s'est inversé en 2010 (avec 55% de financements extérieurs), et la situation politique du continent devrait accentuer cette tendance. En effet, la chute du régime libyen, le printemps arabe.. induiront surement une plus grande dépendance encore de l'Union africaine envers ses partenaires extra-continentaux.

L'inquiétude est de mise,pour Jean Ping, président de la commission de l’UA « la situation en Afrique du Nord pourrait mettre en difficulté nos activités budgétaires. Il faut sécuriser nos ressources et les rendre pérennes (...) la main qui donne est toujours au-dessus de la main qui reçoit ».

dimanche 27 février 2011

Djibouti : du bon ou du mauvais usage du blog

Mon billet précédent a suscité débat et m’oblige à quelques précisions. Ce billet visait juste à replacer les évènements djiboutiens dans leur contexte et surtout rappeler leur chronologie qui, à mon sens, exclu tout répétition d'un pseudo « modèle » tunisien, égyptien ….. Il s’agissait de réagir aux analyses faites par certains journalistes ou sur différents blogs qui voyaient Djibouti reproduire les évènements d’Afrique du Nord.
Certes la persistance des troubles aujourd’hui ne peut être indépendante de l’actualité dans le reste du monde arabe. Certains se sont d’ailleurs chargés de me rappeler que Djibouti appartenait à la Ligue arabe, je les en remercie …Mais allons plus loin qu’est ce que le monde arabe ? Monde arabe = Ligue arabe ? D’ailleurs on parle de plus en plus des mondeS arabeS ainsi que des AfriqueS. Ces aires sont difficilement délimitables tant par leur diversité que par les représentations qu’en on les peuples eux-mêmes. (cf les explications sur la représentation des tunisiens par leur environnement immédiat dans le précédent billet) Les dynamiques libanaises, comoriennes, djiboutiennes ou marocaines ne répondent pas aux mêmes logiques.
Je le répète les troubles à Djibouti seraient arrivés avec ou sans les évènements en Tunisie, en Egypte…comme il existe de nombreuses manifestations, heurts, révoltes…dans le monde chaque jour comme en témoigne le blog Anthropologie du présent ICI.
Par ailleurs ce billet a pu être repris sur différents sites partisans dont je ne partage pas forcément les vues. Rappeler ce contexte ne porte en rien une appréciation sur les velléités du peuple djiboutien ou sur la politique interne à cet Etat. Certains ont vu dans ce billet une tentative « d'amalgame entre les revendications sociales du peuple et celles des opposants » qui se serviraient des étudiants, ça n’était pas du tout l’objectif et je me garderai de ce type d’analyse.

jeudi 17 février 2011

Les régimes autoritaires d'Afrique, du Maghreb et d'ailleurs...

Lors d'un chat sur le Monde.fr, le mardi 22 septembre 2009, Bertrand Badie, professeur à Sciences Po analysait l'autoritrisme. Selon lui il faut nuancer l'opposition démocratie-autoritarisme, qu'il juge "trop simple et en partie fausse". "D'autant qu'aucun régime, même en Europe, n'est épargné par une poussée autoritaire." Des propos qui conserventtoute leur actualité.

Régime autoritaire vs dictatorial :(…) « On a pris l'habitude de définir un régime autoritaire comme caractérisé par un pluralisme limité : la compétition pour le pouvoir est restreinte à certains candidats, la liberté d'expression est elle-même limitée, la protection juridique est imparfaite et même partielle, voire partiale. On est donc confronté à une logique en degrés : on dira d'un système qu'il est plus ou moins autoritaire, mais on ne saura pas toujours comment le borner.
En aucun cas ce concept ne saurait aboutir à une dualité opposant des régimes démocratiques à leur contraire C'est même dans la zone grise qui sépare ces deux pôles que se situent le plus grand nombre d'Etats.
La Russie est-elle un régime autoritaire ou une démocratie, quand on sait que la liberté y est restreinte et que les choix politiques ne sont pas totalement libres ?
Le Venezuela est-il un régime autoritaire alors que le président Chavez a été élu et qu'il a même accepté sa défaite devant un référendum où le "non" était majoritaire ? Israël apparaît comme une démocratie parfaite si l'on tient compte de la libre compétition pour le pouvoir, mais les Arabes israéliens sont des citoyens de seconde zone qui entachent ainsi gravement la qualité de démocratie de ce régime.
En bref, la notion nous invite à réfléchir à un certain nombre de critères mais elle ne nous conduit certainement pas à distinguer de façon tranchée entre catégories claires d'Etat.
La dictature est une notion plus restreinte. Elle implique le plein exercice du pouvoir par un homme seul, sans contrôle, sans limitation de ses compétences, sans limitation de la durée de son mandat. Un dictateur peut arriver au pouvoir par la force ou il peut être élu mais se maintenir contre le droit et par l'oppression.
Mais là encore, confronté à la réalité, le concept est moins clair qu'on pourrait le croire : la prolifération d'élections-simulacres rend difficile de distinguer entre un dictateur et un président autoritaire réélu dans des conditions de légalité et de transparence suspectes. De même, la suspension des libertés et des droits peut correspondre à des mécanismes institutionnels et aboutir à la mise en place de formes de dictature légales qui, à leur tour, viendraient brouiller les pistes. Pour nous résumer, je dirai que l'autoritarisme est davantage une question qu'une réponse, un instrument de diagnostic qu'un outil de classement, une problématique plus qu'une affirmation. »
(…)l'opposition démocratie-autoritarisme est trop simple et en partie fausse. La démocratie étant une technique de gouvernement et l'autoritarisme une posture plus ou moins affirmée, les deux concepts peuvent se combiner dans la pratique."

L’autoritarisme comme facteur de stabilité
« (…) Dans une tradition wilsonienne, on a pu établir, notamment depuis 1945, que la démocratie était facteur de paix là où les régimes les plus autoritaires conduisaient naturellement à la guerre. Cette thèse a même reçu un nom, celui de la "paix positive". Elle a en sa faveur des arguments forts : l'hostilité des opinions publiques à la guerre et à la violence internationale ; la corrélation entre les valeurs démocratiques et les valeurs de paix et de tolérance ; le jeu des contre-pouvoirs qui limitent les prétentions belliqueuses d'un dirigeant. Mais en même temps, cette thèse a été démentie par les faits.
Même si les démocraties ont tendance à faire davantage la guerre aux régimes autoritaires qu'à leurs semblables, elles sont loin de s'imposer comme des forces de paix. L'exemple du conflit israélo-palestinien est également là pour le rappeler. La seule bombe atomique qui ait été utilisée était également l'instrument militaire de la plus grande démocratie du monde d'alors.
Certains, dans ce sillage, ont fait valoir que la versatilité des opinions publiques pouvait conduire à la guerre plus qu'à la paix, tandis qu'effectivement, un régime autoritaire, ayant moins de comptes à rendre, peut prendre davantage de risques pour construire et imposer une diplomatie de paix.
En fait, les exemples abondent dans les deux sens : c'est bien pour se relégitimer que la dictature argentine s'est lancée dans la guerre des Malouines ; c'est aussi pour renforcer sa propre équation que le régime militaire grec s'est lancé dans une aventure militaire à Chypre. Et on pourrait continuer cette longue énumération, qui nous ramènerait au constat élémentaire que le point idéal serait la dictature platonicienne du sage qui imposerait la vertu à ses sujets et à ses voisins.
En réalité, une analyse internationale du sujet nous conduit à regarder ailleurs : à prendre en compte d'abord les conjonctures internationales, certaines favorisant les régimes dictatoriaux, d'autres promouvant de façon active la démocratie. Il faut regarder également les usages diplomatiques et stratégiques qui sont faits des régimes politiques en fonction des intérêts des uns et des autres.
On remarquera par exemple que les Etats-Unis ont favorisé l'essor des dictatures dans l'Amérique latine des années 1960 et 1970, pour au contraire favoriser le retour à la démocratie à la fin des années 1980 et jusque dans la période néoconservatrice récemment éprouvée. »

Sur l’interventionnisme : (…) « Nous sommes sortis de la période d'euphorie qui auréolait l'intervention extérieure. Celle-ci se faisait d'abord par conviction : la démocratie se parait des vertus du prosélytisme et du messianisme. Elle se faisait aussi par opportunité : la chute de l'URSS laissait aux "démocraties occidentales" le champ libre pour devenir le gendarme vertueux du monde et envoyer partout ce que François Mitterrand appelait les "soldats du droit". On a en fait trop vite confondu vertu et efficacité, solidarité et intervention, et on a tout simplement oublié qu'une démocratie ne pouvait dériver que d'un contrat social construit par les acteurs locaux eux-mêmes. Le pitoyable destin de l'élection récente en Afghanistan l'a rappelé d'une façon désormais indélébile.
En réalité, c'est tout le contraire de ce qui avait été souhaité qui est en train de se produire : une intervention mal maîtrisée est en train de ranimer partout dans le monde des fibres nationalistes, identitaristes et particularistes qui recomposent une violence internationale sans cesse plus forte.
On peut certes cyniquement jouer avec le régime de l'autre, mais on ne peut pas le transformer. C'est cette opposition mal comprise qui redevient aujourd'hui le facteur essentiel de l'échec des diplomaties occidentales. La démocratie ou la dictature peuvent être un paramètre de l'action diplomatique, mais certainement pas une finalité de celle-ci. »

lundi 5 octobre 2009

Casamance (Sénégal) : autopsie d'une rébellion


Les faits : Vendredi une attaque contre un véhicule militaire a fait 6 morts et trois blessés en Casamance. Il s'agit des plus lourdes pertes subies par l’armée sénégalaise depuis trois ans. Les autorités mettent en cause les indépendantistes du Mouvement des forces démocratiques de la Casamance (MFDC). Une recrudescence des violences est observable depuis le mois d’août.

Explication géopolitique : Au sud au Sénégal, isolée du reste du pays par l’enclave de la Gambie et par ses religions (animiste ou chrétienne), la Casamance (800 000 habitants s’étendant sur 29 000 km²) est la région la plus riche du pays.
Une rébellion y éclate en 1982 à la suite de la répression sanglante d’une manifestation. Les phases les plus sanglantes du combat ont eu lieu au début des années 1990, faisant plusieurs centaines de morts. Les indépendantistes dénoncent la marginalisation de leur région écartée des bénéfices de l’agriculture et du tourisme au profit des musulmans du Nord. Mais pour l’Etat sénégalais, l’indépendance n’est pas négociable.
Aujourd’hui, l'opinion sénégalaise se lasse de cette rébellion qui s'est criminalisée au fil des années. L'environnement sous-régional du conflit s'est modifié au profit du Sénégal : le changement de gouvernement en Guinée–Bissau a privé la rébellion de son principal soutien. De plus, la forte présence de troupes de l’ONU dans les pays voisins rend plus difficile la circulation des armes et des combattants.