mercredi 28 avril 2010

Fin de la réunion historique entre les États-Unis et l’Union africaine


L’ambassadeur des États-Unis auprès de l’Union africaine, M. Michael Battle, et le président de la Commission de l’Union africaine, M. Jean Ping, ont tous deux qualifié d’événement « historique » et de succès retentissant le premier tour des Réunions bilatérales à haut niveau entre les États-Unis et l’Union africaine.

MM. Battle et Ping ont fait ces déclarations devant des journalistes réunis le 23 avril au Centre de la presse étrangère à Washington, à la fin de deux jours d’entretiens dans la capitale des États-Unis.
« C’est la première fois que nous tenons des consultations à ce niveau », a indiqué M. Battle, et nous espérons voir une gamme complète de relations substantielles s’épanouir entre l’Union africaine, en tant qu’organisme régional à l’échelle continentale, et le gouvernement des États-Unis. »

Lors de la conférence de presse, M. Ping a déclaré qu’il joignait sa voix à celle de l’ambassadeur Battle en qualifiant « d’historique » le premier échange de ce genre entre les parties. « Cette réunion a été très fructueuse pour nous », a dit M. Ping en remerciant le gouvernement Obama pour avoir organisé ces premières consultations bilatérales.
Bien que les États-Unis maintiennent depuis longtemps des relations bilatérales avec les divers pays du continent, les entretiens É.-U.-Union africaine représentaient la première occasion qu’ont eue les deux parties de forger « un partenariat solide », a souligné M. Ping. « Nous avons déjà un tel partenariat avec l’Union et la Commission européennes et leurs États membres. Nous en avons de pareils avec le Japon, la Chine, l’Inde, la Corée du Sud, l’Amérique latine et aussi la Turquie. Alors nous avons pensé que nous devions forger un partenariat semblable avec la principale économie du monde. »
« Nous sommes très satisfaits du fait que nous avons atteint notre objectif, qui était d’échanger nos points de vue avec le gouvernement américain dans tous les domaines : paix et sécurité sur le continent ; développement du continent ; principes communs sur le continent et d’autres questions afférentes, notamment culturelles et sociales », a ajouté M. Ping.

Le président de la Commission de l’Union africaine a indiqué qu’une sixième région venait de s’ajouter aux cinq qui constituent l’Afrique, et c’était celle de la diaspora africaine aux États-Unis. « Celle-ci, dit-elle, est très, très importante. Alors vous pouvez imaginer jusqu’à quel degré nous avons l’intention d’approfondir nos relations avec les États-Unis, et cette rencontre a été des plus fructueuses. »
M. Ping a expliqué que les États-Unis et l’Union africaine faisaient tous deux face à des défis mondiaux, l’une des raisons parmi d’autres nécessitant de telles relations multilatérales.

« Il y a le problème du terrorisme (…) du trafic de stupéfiants (…) de la traite des personnes (…) tous ces problèmes mondiaux auxquels nous devons faire face. Quant à leur solution, il n’existe aucun pays, aucun continent, capable, à lui seul, de la trouver. La coopération est impérative. Aux problèmes mondiaux, il nous faut des solutions mondiales. »

L’ambassadeur Battle a souligné que cette première série de réunions bilatérales entre les États-Unis et l’Union africaine ne remplaçait nullement les relations bilatérales que les États-Unis entretenaient avec presque tous les pays africains, mais qu’il était nécessaire, ainsi que l’avait dit M. Ping, de tenir de telles réunions générales afin d’aborder les questions et les problèmes transnationaux, qui débordent les frontières, tels que les trafics illicites de tous ordres et la sécurité alimentaire.

À cette observation, M. Ping a ajouté : « Si l’on voulait parler de changement climatique, ou de commerce extérieur, aucun pays africain à lui seul ne pourrait se faire entendre, sa voix serait trop faible (…) Lorsque nous parlons collectivement, (…) nous représentons un certain pouvoir. »

Lors d’un entretien accordé à America.gov avant la conférence de presse, M. Battle a qualifié de « très significatives » les relations entre les États-Unis et l’Union africaine. Les réunions de haut niveau, a-t-il dit, permettent aux deux parties de « concrétiser une relation qui a été très productive, mais qui, à plusieurs égards, n’avait pas de teneur officielle ».

C’est l’une des raisons pour lesquelles figuraient, à l’ordre du jour, des discussions au siège de divers organismes fédéraux, notamment le ministère de la justice, le ministère de la santé et des services sociaux et la Société du compte du millénaire (MCC). Des réunions ont également été organisées avec la diaspora africaine de Washington.

M. Battle a dit que les réunions bilatérales États-Unis-Union africaine « permettent d’aborder les questions transnationales, qui ont acquis beaucoup d’importance », ajoutant que M. Ping lui a déclaré, à la fin de la première journée d’entretiens, que les attentes de l’Union africaine avaient déjà été dépassées. Le diplomate attribue cette estimation à la franchise et à l’ouverture qui ont caractérisé les conversations :

« Il y a eu de très nombreux échanges de points de vue entre la délégation africaine et les représentants des États-Unis. Cela m’a fait réellement plaisir. Ce qui me fera encore plus plaisir, c’est si nous arrivons à faire le suivi dont nous devons nous occuper d’ici l’année prochaine (…) »

Un cadre de travaux et de discussions de suivi a déjà été dressé pour la prochaine série d’entretiens en 2011, a-t-il indiqué.

SOURCE

US Department of State

mardi 27 avril 2010

Omar El-Béchir réélu à la tête d'un régime difficile à cerner


On s’y attendait c’est confirmée, avec 68,24% des voix, le président soudanais Omar el-Béchir a été reconduit à la tête du Soudan, hier lors de son premier test électoral après 21 ans de pouvoir. "En ce jour, je remercie Dieu parce que c'est lui qui donne la victoire. Ce n'est pas une victoire pour le NCP (Parti du congrès national) seul, mais pour tous les Soudanais" a-t-il déclaré.

Le Soudan est un géant aux pieds d’argile. Il a tous les attributs d’une puissance régionale : c’est le plus vaste pays d’Afrique, c’est un pays stratégiquement situé, au carrefour du monde arabe et de l’Afrique, c’est aussi un important producteur de pétrole, et son potentiel agricole et minier est également important. Pourtant ce pays est fragile. Le Soudan est une mosaïque de peuples (572 langues), son pouvoir est contrôlé depuis l’indépendance par les Arabes, minoritaires (30% de la population) et surtout le pays est divisé entre un centre plutôt favorisé et des périphéries marginalisées : Sud, mais aussi Est et Ouest (Darfour), qui se rebellent. Plus qu’une guerre de religion entre un Nord islamique et un Sud chrétien et/ou animiste, ce sont plutôt deux cultures, une tribale traditionaliste au Sud et une arabo-musulmane au nord, qui s'opposent. On peut aussi y analyser une opposition entre le Centre (concentrant tous les infrastructures, les banques...) et la périphérie (les ressources pétrolières sont au sud et à l’ouest). En outre, la crise du Darfour a remis en cause la grille d’analyse traditionnelle qui permettait d’expliquer la situation au Soudan par le clivage Nord (musulman) /Sud (chrétien). Il est donc difficile de comprendre le fonctionnement du régime soudanais. Petit rappel des faits :

L’ISOLEMENT DU POUVOIR ISLAMISTE SOUDANAIS DANS LES ANNEES 1990

En 1989, le général Omar el-Béchir, sous l’influence d’Hassan al-Tourabi (photo)  et du Front National Islamique (FNI), arrive au pouvoir après un coup d’Etat. 1989 représente une véritable césure islamiste dans le pays. L’islam politique d’inspiration wahhabite triomphe représenté par Hassan el Tourabi, chef du Front National Islamique. Ses ambitions et son activisme l'avaient mené à sa perte, au moment où le pouvoir projetait de briser son isolement international. Ainsi, Hassan el Tourabi est mis à l’écart en 1999.
Au niveau international, dès 1989, le Soudan dispose d’une mauvaise image internationale. Le régime a même été soupçonné de soutenir le terrorisme islamiste en accueillant Ben Laden. En réponse la communauté internationale se veut très ferme. Ce statut « d’Etat–paria » favorise le rapprochement de Khartoum avec certains pays asiatiques (Chine, Malaisie, Inde), notamment dans le secteur pétrolier et minier.

LE REGIME S’OUVRE ET SORT DE SON ISOLEMENT AU DEBUT DU XXIEME SIECLE.


Entre août 1998 et septembre 2001, un changement important se fait dans l’équilibre interne du pouvoir à Khartoum. Avant 1998, le régime avait mobilisé à la fois une approche traditionnelle de la sécurité nationale, centrée sur l’État, et une approche panislamiste plus radicale. Deux approches qui, suivant les périodes, étaient soient rivales soient associées. En décembre 1999, le président Bechir suspend l’Assemblée nationale, écarte Tourabi et purge le parti unique (le Congrès national) des plus importants partisans de ce dernier.

Depuis les années 1980 on peut remarquer que les islamistes soudanais aiment séduire, manipuler et infiltrer. Ils fonctionnent comme une société secrète. Officiellement, c’est le président Omar el-Béchir qui gouverne. L’alliance, créée en 1989, avec le FNI se poursuit. L’armée occupe la plus haute fonction de l’Etat, elle s’enrichit et investit dans le secteur pétrolier et la finance.

Voir : Omar El Bechir est l'objet d’un mandat d’arrêt de la Cour pénale internationale depuis le 4 mars 2009, article ICI
La nouvelle stratégie américaine pour le Soudan ICI

lundi 26 avril 2010

Microcrédit : Reportage - Ethiopie. Une banque pour les plus pauvres



Les plus pauvres du monde peuvent changer leur vie, grâce au micro-crédits. En Ethiopie, une “Banque des pauvres”, soutenue par plusieurs organisations européennes, est parmi les meilleures institutions de ce secteur. La micro-finance pourrait pourtant encore tripler ses efforts, car les besoins restent largement insatisfaits.

dimanche 25 avril 2010

Gazprom à l'assaut du marché gazier ouest-africain

Nous reproduisons aujourd'hui un article du journal Les Afriques :
"La filiale libanaise de Gazprom va mobiliser 25 millions de dollars pour investir en Guinée. Des assurances ont été obtenues lors d’un entretien récent entre le président intérimaire Sekouba Konaté et les responsables de la multinationale russe. (...)


Selon des sources bien informées, une délégation de la filiale russe compte se rendre à Conakry le 7 mai prochain pour tâter le terrain avant de passer à l'offensive. Une première entrevue avait eu lieu à Paris, début avril dernier, entre le président intérimaire, le général Sékouba Konaté et les responsables de la filiale Gazprom Liban. Ces derniers avaient émis des intentions sérieuses d'investir dans l'extraction et le transport du gaz en Guinée.
Durant ces discussions, les responsables de Gazprom Liban ont beaucoup insisté sur le climat de l'environnement des affaires (...). Une première tranche des fonds à hauteur de 5 milliards de Fcfa (soit 10 millions de dollars) pourrait être libérée avant le démarrage de la campagne présidentielle guinéenne à la fin mai 2010. Mais seulement à condition que le gouvernement issu des élections prochaines du 27 juin 2010 assure la continuité du dispositif d'investissement. En décidant d'investir en Guinée, comme une porte d’entrée, Gazprom Liban prend ses marques au Sud du Sahara. Le groupe affiche de sérieuses ambitions de conquérir une partie du marché gazier ouest-africain où il compte investir jusqu’à 250 millions de dollars. Une mise qui pourrait rapporter gros. "

"Une nouvelle Conférence de Berlin dédiée aux mines ?, s'interroge Africa intelligence. Mais cette fois-ci, le partage des richesses ne se limiterait plus aux anciennes puissances coloniales de 1885."

mardi 20 avril 2010

L'aide au développement de l'Union Européenne

Demain dans les Enjeux Internationaux : l''aide publique au développement des pays européens est-elle menacée par les effets de la récession mondiale?
Thierry Garcin recevra Serge Michailof : Enseignant à Sciences Po. A travaillé six ans dans une société d'ingénierie spécialisée dans les pays en développement dont il dirigea le bureau d'études. A partir de 1975, il partage sa carrière entre l'Agence Française de développement où il était encore récemment le Directeur exécutif chargé des Opérations et la Banque Mondiale à Washington où il a été l'un des directeurs opérationnels. Il a vécu la moitié de sa vie hors de France et a travaillé dans plus de 50 pays du Sud.

Sortie du rapport "Guerre cruelle, paix cruelle : Exactions perpétrées par Al-Chabaab, le Gouvernement fédéral de transition et l'AMISOM en Somalie"


Le groupe armé islamiste Al-Chabaab fait subir aux habitants du sud de la Somalie des meurtres, des châtiments cruels ainsi qu'un contrôle répressif de leur vie sociale, a indiqué Human Rights Watch dans un rapport publié hier. Dans la capitale les forces d'Al-Chabaab, du Gouvernement fédéral de transition (GFT) et de l'Union africaine (UA) continuent à mener des attaques aveugles, tuant et blessant de nombreux civils.

Le rapport de 62 pages, « Harsh War, Harsh Peace: Abuses by al-Shabaab, the Transitional Federal Government, and AMISOM in Somalia » (« Guerre cruelle, paix cruelle : Exactions perpétrées par Al-Chabaab, le Gouvernement fédéral de transition et l'AMISOM en Somalie »), constate que les forces d'Al-Chabaab ont apporté une plus grande stabilité dans de nombreuses parties du sud de la Somalie, mais à un coût élevé pour la population locale - en particulier les femmes. S'appuyant sur plus de 70 entretiens menés auprès de victimes et de témoins, le rapport décrit des châtiments sévères notamment des amputations et des flagellations, qui sont infligés couramment et sans procédure régulière.

Les principaux acteurs internationaux ont souvent joué un rôle contre-productif dans la crise et ont minimisé les abus commis par les troupes de l'UA déployées à Mogadiscio pour protéger le fragile gouvernement de transition de la Somalie, a déploré Human Rights Watch.

De nombreuses autorités locales d'Al-Chabaab consacrent une énergie extraordinaire à contrôler la vie personnelle des femmes et à empêcher tout mélange des sexes. Plusieurs femmes ont expliqué qu'elles avaient été battues, fouettées ou emprisonnées pour avoir vendu du thé afin de subvenir aux besoins de leur famille, parce que ce travail les met en contact avec des hommes. Dans d'autres cas, des femmes ont été battues pour avoir omis de porter le type précis d'abaya - un vêtement ample les couvrant de la tête aux pieds - prescrit par les décrets locaux. Souvent, les femmes ne portent pas l'abaya non par défi mais parce que leurs familles n'en ont tout simplement pas les moyens.

Al-Chabaab a soumis des jeunes gens et des garçons à des abus tels que le recrutement militaire forcé et un contrôle social strict.

L'intervention des puissances extérieures en Somalie s'est souvent avérée contre-productive pour restaurer la sécurité
. Le fort soutien dont bénéficie le gouvernement de transition de la part des États-Unis, de l'UE, de l'UA et du Bureau politique de l'ONU pour la Somalie a conduit ces acteurs à condamner rapidement les graves abus commis par Al-Chabaab, mais à fermer manifestement les yeux sur les abus commis par le gouvernement de transition et par les forces de l'UA. Le gouvernement américain a envoyé des mortiers aux forces du gouvernement de transition à Mogadiscio, même si aucune des parties au conflit n'a utilisé les armes en conformité avec les lois de la guerre.

Le Kenya, pays voisin de la Somalie, a sous de faux prétextes contribué au recrutement de jeunes Somaliens dans les camps de réfugiés pour qu'ils deviennent des combattants, en violation du statut humanitaire des camps. L'Érythrée, dans le but de porter atteinte aux intérêts régionaux de son adversaire politique, l'Éthiopie, a aidé Al-Chabaab à se procurer des armes.

Lancement de l’Année de la paix et de la sécurité en Afrique

La Commission de l’Union Africaine (UA), de concert avec le Royaume du Swaziland, a lancé hier l’Année de la paix et de la sécurité en Afrique à l’occasion de la célébration d’une double cérémonie organisée au palais royal à Ebuhleni.

Le Swaziland, qui a connu trois siècles de paix, a fait du rétablissement de la paix dans la sous-région une priorité absolue, souligne t-on.
« La paix et la sécurité dans la région constituent la pierre angulaire de la politique étrangère du Royaume du Swaziland. Donc, ce n’est pas un hasard si le Swaziland fait partie des premiers pays membres de l’UA à célébrer l’Année de la paix et de la sécurité en Afrique », a noté le Roi Mswati III dans un communiqué.

Le président de la Commission de l’UA, Jean Ping, a exprimé ses remerciements à l’endroit du Roi ainsi que du peuple swazi pour leur contribution au rétablissement de la paix aussi bien dans le Royaume que dans la sous-région de la SADC, et a également décliné la signification dévolue à l’Année de la paix et de la sécurité.
« L’Année de la paix et de la sécurité offre une opportunité sans précédent pour évaluer les efforts consentis dans le domaine de la paix sur le continent, en vue de les renforcer, par le biais de nouvelles initiatives, si nécessaire. Tout en se félicitant des acquis de la précédente décennie, l’Union Africaine, à travers son programme pour l’Année de la paix et de la sécurité, vise à relever les défis actuels afin de permettre aux différents acteurs de contribuer au rétablissement de la paix », a estimé M. Jean Ping.

La campagne dénommée « Œuvrer pour la Paix » qui a été lancée par l’UA dans le but de promouvoir la paix à travers le continent africain, à l’occasion de la Journée de la Paix, célébrée le 21 septembre, constitue un des temps forts dans la célébration de l’Année de paix et de sécurité en Afrique.
L'objectif de cette évènement est de mobiliser les 53 Etats membres face aux conflits qui handicapent le développement du continent. Pour M. Ping, "bien que des progrès significatifs aient été accomplis dans la résolution des conflits en Afrique, de larges parties du continent demeurent encore sous l'emprise des conflits, de l'insécurité et de l'instabilité, avec les conséquences humanitaires et socio-économiques qui en résultent".
Parmi les objectifs de l'Année de la paix et de la sécurité, M. Ping souhaite "conférer une plus grande visibilité aux efforts" déployés par l'UA et "accélérer la mise en oeuvre des engagements pris par les États membres" à l'égard de l'organisation.
Le Burundi a célébré quant à lui samedi au Burundi cette première journée panafricaine dédiée par l'Union africaine (UA) à la paix, en procédant à l'incinération d'une centaine d'armes de guerre au stade municipale de Buyenzi, dans le centre-ville de Bujumbura.Source : APA

lundi 19 avril 2010

Le plus jeune roi du monde couronné en Ouganda...

Les Afriques vient de publier un article sur Oyo Nyimba Kabamba Iguru Rukidi IV qui a 18 ans vient d'être couronné, roi de Toro, un petit royaume dans l’Ouest de l’Ouganda, à la frontière de la République démocratique du Congo.
La monarchie a été restauré en 1993 par Musevini, l'actuel président ougandais. L’intronisation s’est faite en présence de ce dernier en quête de soutiens pour un quatrième mandat en 2011 et des représentants de l’Afrique du Sud et du Nigeria.
L'article nous apprend qu'"Oyo Rukidi IV succède à son père, décédé d’une crise cardiaque en 1995 alors qu’il n’avait que 3 ans. Bien que son autorité soit symbolique et culturelle, le jeune roi est influent avec, bien avant son intronisation, des amitiés bien établies avec certains chefs d’Etat africains dont le guide libyen qui l’a invité à plusieurs reprises et qui a gracieusement reconstruit le palais royal de Fort-Portal. Parmi les tâches les plus urgentes pour le jeune roi, assurer l’équilibre entre les 94 clans de son petit royaume. Le roi devra toutefois s’absenter dès le mois de septembre prochain pour suivre des études à l’Université. Le Toro fait partie des cinq royaumes restaurés symboliquement par le président Museveni en 1994."

dimanche 11 avril 2010

"Congo: l'enlisement du projet démocratique" par l'ICG


Le dernier Policy Briefing de l'International Crisis Group est paru le 8 avril. Vous pouvez les télécharger ICI.
Résumé : "La consolidation de la démocratie en République démocratique du Congo (RDC) est entravée dans presque toutes ses dimensions et le régime congolais reste fragile. Lorsque Joseph Kabila (photo) est devenu le premier président élu démocratiquement en 2006, la communauté internationale a considéré cette élection comme une avancée majeure du processus de paix.

Aujourd’hui, l’équilibre des pouvoirs est quasiment inexistant. Le cabinet présidentiel a pris l’ascendant sur le gouvernement, le parlement et le pouvoir judiciaire. Les libertés fondamentales sont fréquemment menacées et des réformes institutionnelles essentielles – la décentralisation et la réforme du secteur de la sécurité – n’ont pas significativement progressé.

A moins que les autorités politiques congolaises ne redonnent en 2010 un nouvel élan à la transformation démocratique et au renforcement des institutions, les avancées obtenues durant la période de transition et l’effort international consenti pour stabiliser ce géant régional sont compromis. Les partenaires extérieurs du Congo doivent remettre la démocratisation et la réforme institutionnelle au centre de leur dialogue avec le gouvernement de Joseph Kabila et ils doivent lier l’aide au développement qu’ils lui accordent aux progrès enregistrés sur ces sujets.

En 2006, pour la première fois dans l’histoire de la RDC, les Congolais choisissent leurs dirigeants nationaux et provinciaux à travers des élections crédibles. L’année précédente, ils ont adopté par référendum la constitution la plus démocratique de leur histoire. Elle traduit une détermination apparente à rénover radicalement la gouvernance politique et économique et à reconnaître les aspirations démocratiques inassouvies depuis l’indépen­dance. La mise en œuvre de cette nouvelle constitution nécessite des réformes institutionnelles fondamentales, telles que la décentralisation et la refonte des structures de sécurité.

L’origine de ce dessein politique remonte aux négociations de Sun City qui mirent fin à des années de guerre civile et à la Conférence souveraine du début des années 1990. Il associe le retour d’une paix durable au Congo à l’équilibre des pouvoirs entre le gouvernement central et les provinces, tout autant qu’à l’établissement de véritables contre-pouvoirs à leur niveau respectif.

Kabila a obtenu un mandat de cinq ans en s’associant à cette vision durant la campagne électorale. Il s’est engagé à redresser un Etat défaillant et à combattre la corruption ; il a proposé un programme de reconstruction du Congo suivant cinq priorités stratégiques : les infrastructures, la santé, l’éducation, l’habitat et l’emploi ; il a promis de promouvoir la démocratisation, notamment en respectant l’Etat de droit et en organisant des élections locales. Presque quatre ans plus tard, le constat est néanmoins accablant. La présidence a entrepris d’étendre son pouvoir sur les autres branches de l’Etat et entretient des réseaux parallèles de prise de décision.

L’exécutif conduit une campagne anti-corruption orientée politiquement qui met en cause l’indépendance de la justice. Le régime utilise les moyens financiers et les outils de coercition à sa disposition pour éliminer les contestations et pour réduire les insurrections locales qui éclatent depuis 2006. Kabila examine la possibilité de modifier la constitution sous le prétexte de résoudre les difficultés rencontrées dans la mise en place de la décentralisation. Tout amendement constitutionnel ayant pour effet de concentrer davantage de pouvoir à la présidence ou de limiter les expressions dissidentes menacerait cependant un système de contre-pouvoir déjà très affaibli. Il est aujourd’hui peu probable que les élections locales se tiennent avant la fin de la législature courante, ce qui risque de compromettre le respect du délai constitutionnel de la fin 2011 pour tenir les élections générales.

Malgré cette tendance autoritaire, la communauté internationale, qui s’est pourtant beaucoup investi dans le processus de paix, est demeurée globalement silencieuse. Les autorités nationales sont extrêmement sensibles aux signes assimilables à une tutelle extérieure. Invoquant le principe de souveraineté, le gouvernement congolais demande le retrait rapide de la mission de maintien de la paix des Nations unies (MONUC) d’ici l’été 2011 et annonce qu’il prendra en charge l’organisation des prochaines élections générales. Il négocie l’allégement de la dette congolaise qu’il espère obtenir avant les célébrations du cinquantième anniversaire de l’indépendance prévues pour le 30 juin 2010.


Compte tenu de la taille du pays et des tensions politiques internes déjà existantes, la RDC est sujette à des rébellions locales alimentées par des querelles intercommunautaires. Certaines insurrections ont démontré un potentiel suffisant pour entraîner une perte de contrôle des autorités. Dans ce contexte, une nouvelle stratégie internationale doit être conçue pour relancer le mouvement de consolidation démocratique et pour prévenir de nouveaux risques de déstabilisation.

Poursuivre le projet démocratique est indispensable pour stabiliser le Congo à moyen et à long terme. Produire un nouvel élan susceptible d’inverser la tendance actuelle exige que les réformes institutionnelles et le programme législatif cessent d’être uniquement considérés sous leurs aspects techniques. Ils représentent d’abord un véritable test de la volonté politique du gouvernement d’améliorer les pratiques de pouvoir et ils doivent constituer un élément central de tout dialogue portant sur l’attribution de nouvelles aides internationales. Les étapes suivantes sont nécessaires pour relancer la transformation démocratique :

* Entamer immédiatement la préparation des élections générales de 2011. La Commission électorale nationale indépendante (CENI) doit être établie rapidement et un budget adéquat doit simultanément lui être attribué. Dans l’intervalle, les autorités électorales actuelles doivent présenter un plan opérationnel clair pour ces élections qui servira de base de discussion avec les bailleurs de fonds.
* Institutionnaliser la lutte contre la corruption. Une stratégie de lutte contre la corruption fondée sur les efforts de la société civile et les expériences enregistrées dans d’autres pays sortant d’une période de conflit doit être élaborée et mise en œuvre par des agences indépendantes nouvellement crées.
* Garantir les droits fondamentaux à travers la loi et les institutions. Le parlement doit créer une Commission nationale des droits de l’homme comme indiqué dans la constitution, réviser le code pénal pour se conformer à la convention des Nations unies contre la torture, limiter les pouvoirs de l’agence nationale de renseignement (ANR), et passer une loi protégeant les journalistes, les militants des droits de l’homme et les victimes et témoins de violations des droits de l’homme.
* Harmoniser le processus de décentralisation avec le renforcement de capacités et la dotation budgétaire des provinces et des gouvernements locaux. Le gouvernement de Kinshasa doit mettre en place une commission d’experts nationaux et internationaux pour explicitement décider quand et comment se tiendront les élections locales. Dans le cas où ces élections ne peuvent avoir lieu avant les élections générales de 2011, un nouveau calendrier doit alors être élaboré.
* Etablir un partenariat clair entre la communauté internationale et le gouvernement congolais sur la réforme du secteur de la sécurité. Une dimension politique doit compléter l’approche technique actuelle. Des critères d’évaluation doivent être élaborés pour mesurer les progrès réalisés et appliquer une approche d’assistance conditionnée.
* Lier l’aide au développement à la gouvernance démocratique. Considérant le rôle essentiel joué par les bailleurs de fonds au Congo, ceux-ci doivent se servir de leur influence financière et politique pour soutenir le processus de construction d’institutions démocratiques. Les nouveaux partenaires asiatiques du Congo doivent être encouragés à inscrire leurs interventions dans cette perspective dans la mesure où ils ne peuvent que bénéficier de l’existence d’un régime plus stable et efficace avec lequel coopérer et commercer."

samedi 10 avril 2010

Les Etats riches en ressources naturelles s'arment de plus en plus (SIPRI)


Le SIPRI Yearbook 2009 est sorti (téléchargez ICI) il contient : "une combinaison de données originales dans des domaines tels les dépenses militaires, les transferts d’armes internationaux, la production d’armements, les forces nucléaires, les conflits armés majeurs et les opérations multilatérales de maintien de la paix, et d’analyses sur les aspects importants du contrôle des armements, de la paix et de la sécurité internationales."
Cette année l'institut constate qu'une course aux armements a opposé ces cinq dernières années des pays pourtant pauvres où l'argent consacré à l'achat d'armes, avions de combat en tête, aurait pu être utilisé à meilleur escient et de souligner également qu'au niveau planétaire, les ventes d'armes ont été supérieures de 22% à ce qu'elles ont été en 2000-2004. A l'échelle mondiale toujours, "les avions de combat ont représenté 27% du volume total de transferts d'armes" sur la période étudiée. "Les commandes et les livraisons de ces armes potentiellement déstabilisantes ont conduit à une course aux armements dans des régions où règne la tension: Proche-Orient, Afrique du nord, Amérique du sud, Asie du sud et Asie du sud-est", note le Sipri. Selon le responsable de l'enquête, Paul Holtom, au cours des cinq années passées "les Etats riches en ressources naturelles ont acheté des quantités considérables d'avions de combat à prix élevé. Les pays voisins ont réagi à ces acquisitions en passant commandes à leur tour".
La part de l’Afrique dans le commerce mondial des armements ne dépasse pas 7 %. C’est en Afrique du Sud que la progression est la plus forte, en raison des mesures de sécurité exceptionnelles prises à l’occasion de la Coupe du monde de football. La valeur de ses importations d’armements avoisine 2,2 milliards pour la période 2005-2009 (+ 4 600 %, record absolu). Mais d’autres pays africains achètent eux aussi énormément :
- le Tchad (+ 826 %),
- la Guinée équatoriale (+ 426 %),
- le Mali (+ 328 %),
- la Namibie (+ 258 %),
- le Nigeria (+ 161 %)…