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vendredi 4 avril 2014

Génocide rwandais et blocages mémoriels (MAJ)

Nous commémorerons le 6 avril, les vingt ans du génocide rwandais. Si les journaux commencent à rappeler, le souvenir de cette tragédie risque d’être éclipsé par une autre commémoration celle des 100 ans de la première guerre mondiale, et par les controverses qui ne cessent d’entourer l’étude du génocide. En effet, l’analyse des évènements est depuis 1994 sujette à controverses (surtout depuis le 10ème anniversaire) et malheureusement les commémorations risquent de ne pas être sereines. La question du génocide rwandais reste mystifiée en France. A quoi est du ce nouveau blocage mémoriel ? Les débats se résument à deux questions: le rôle de la France et les causes du déclenchement du génocide (qui a abattu l’avion d’Habyarimana : Hutu extrémistes ou tutsi ?). Il nous semble que ce débat est biaisé pour plusieurs raisons que nous proposons d’analyser dans ce billet.


Premièrement, la domination de la lecture ethnique comme élément d’interprétation des causes du génocide. Précisons d’emblée que nous ne nions pas l’existence des ethnies. Néanmoins, d’après cette lecture, qui a dominé et biaisé le débat, les Tutsi et les Hutu seraient destinés à s’affronter, et les massacres sont le résultat d’une opposition raciste atavique. Les recherches ont pourtant démontré que l’on pouvait plus évoquer l’existence de classes sociales que d’ethnies. Or cette lecture ouvre la voie à un autre mécanisme, celui de l’accusation des premières victimes du génocide : les Tutsi. Cette approche exclue toute analyse des évènements ayant conduit à l’exécution du génocide. Cette lecture s’appuie sur les travaux d’anthropologie de la race élaborée à la fin du XIXème siècle. D’après cette littérature les Tutsi sont définit comme « hamito-sémitiques », ils ne seraient donc pas africains. Les hutus ont repris cette idéologie et dirent que les Tutsi étaient les juifs d’Afrique. ... Cette littérature refuse de penser le racisme en Afrique comme une idéologie construite politiquement et socialement. Elle leur nie toute dimension politique ou toute instrumentalisation. 
C’est là que le blocage débute. Les premiers écrits sur le génocide portent sur ses causes. Ils avancent dès les premières semaines du génocide cette explication ethnique. Ces écrits émanent des médias et des autorités françaises. Ces premières représentations des évènements et leur persistance guide encore aujourd’hui le processus mémoriels. Les premiers travaux des chercheurs tenteront d’y apporter une réponse. Colette Braeckman est, en ce sens, une pionnière et essaie, dès 1994, de comprendre les raisons historiques qui ont mené le Rwanda au génocide. Elle trouve des explications dans le legs colonial, la dimension ethnique de la « révolution sociale » de 1957-1962 et le développement d’une politique raciste qui en découle. 

Deuxièmement, les controverses sur le rôle de la France sont tenaces, du fait de la monopolisation du débat par des réseaux partisans et des sites anonymes. Ces blocages mémoriels sont récurrents en France. Pour ne pas rouvrir ce débat nous vous invitons à lire Daniela Kroslak qui propose une analyse selon trois critères de responsabilité - connaissance, capacité, participation - sans pour autant verser dans une diatribe anti France. Elle rappelle que la tolérance anglo-américaine envers le FPR est aussi discutable que le comportement français. Il y a aussi la thèse d’Olivier Lanotte qui est l’un des travaux les plus exhaustif et rigoureux sur cette question.
Certains chercheurs ou pamphlétaires, qui sévissent encore aujourd’hui risquent de bloquer le processus mémoriels avec des débats stériles. Pourtant, marginalisés académiquement pour le manque de rigueur scientifique de leurs analyses ils ont développé des interprétations dénigrant ou relativisant l’évènement. Ce voile cache les vraies questions sur les causes et racines historiques du génocide, l'idéologie hamitique, les complicités internationales, le rôle de l’Eglise, l'histoire du FRP avant et après le génocide.  
Une citation de Stéphane Audoin-Rouzeau, Jean-Pierre Chrétien et Hélène Dumas (dont nous recommandons vivement de lire les ouvrages) résume le traitement de cette question : « il semble que les vieilles antiennes du discours ethnicisant ou misérabiliste n’aient pas cédé le pas devant les acquis de la discipline historique. Le regard réducteur porté sur les sociétés africaines reste plus largement partagé qu’on ne pourrait le penser (…) Les explications politiques et sociales des connaisseurs de la région ont souvent été jugées « compliquées », comme si l’Afrique, en somme, se devait d’être simple à nos yeux ».

A lire : 
Collette Braeckman : "Le Rwanda est devenu une histoire française"

jeudi 16 juin 2011

Colloque « L’évolution des conflictualités et des politiques de sécurité et de défense en Afrique »

Le Club participation et progrès et le Centre Maurice Hauriou de l'Université Paris Descartes, organisent un colloque sur le thème : "L'évolution des conflictualités et des politiques de sécurité et de défense en Afrique". Il se déroulera le lundi 20 juin 2011, dans la salle des Actes de la Faculté de Droit de l’Université Paris-Descartes (10, avenue Pierre Larousse, 92240 Malakoff).
Vous voudrez bien trouver ci-joint le programme du colloque qui détaille les créneaux des différentes interventions.
Pour toute information complémentaire, vous pouvez nous contacter à l’adresse mail suivante : participation.progres@gmail.com ou consulter Facebook
Pour s'inscrire : http://www.doodle.com/2z5hgfdxznwe567x. Il reste encore quelques places...
Pourquoi venir ?
  • La sécurité et la défense seront à l'honneur, ce qui devrait vous intéresser à l’heure où près de 2500 militaires français (hors Libye) sont déployés sur un théâtre d’opération africain,
  • Des régions moins connues en France seront présentées... comme la Corne de l'Afrique
  • Des idées reçues seront attaquées, notamment sur la Chine en Afrique
  • Un Ivoirien, et non un Français, nous parlera de la Côte d'Ivoire
  • Le discours des islamistes dans le Sahel sera décrypté
  • ....
  • Du café sera à votre disposition dans la journée, avant un cocktail de clôture
Sonia Le Gouriellec (Good morning Afrika) et S.D. (Lignes stratégiques)

Par ailleurs, hier Pierre Pascallon, Président du Club Participation et Progrès, était l'invité de Thierry Garcin sur France Culture. Vous pouvez écouter l'émission ICI
Réumé : "L’évolution des conflits armés, à l’occasion d’un colloque du Club Participation et progrès

La variété, la violence et la durée des conflits en Afrique ne laissent d’étonner. Qu’on songe à la partition de fait de la Somalie, au génocide du Rwanda, aux longues guerres civiles du Liberia, de Sierra Leone, de la Côte d’Ivoire, aux meurtriers affrontements cycliques qui ont endeuillé la République démocratique du Congo (qui n’est même pas maître de l’entièreté de son territoire), aux troubles civils multiples souvent aggravés par des répressions d’une rare cruauté (ne citons que le Darfour soudanais, le Zimbabwe, le Kenya…).

De plus, de grands acteurs extérieurs exercent une tutelle ou mainmise sur les ressources naturelles et autres du continent (Japon, Chine, Inde, États-Unis…).

Dans ce contexte durable, que peut la France, et que peuvent les États africains eux-mêmes ?"

mercredi 20 avril 2011

La France déserte les Grands Lacs ?

Cette semaine Jeune Afrique titre l'un de ses billets "France-Rwanda. SOS Coopération" où l'on apprend qu'"en dehors de Technip (gaz méthane du lac Kivu) et de quelques PME, aucun investisseur français ne semble intéressé par cette destination". De même la France n'aurait accordé en 2010-2011 que 10 bourses sur 7000 demandes aux étudiants rwandais. Les visites bilatérales se font rares et cela malgré la levée des mandats d'arrêt émis par le juge Bruguière.

De son côté les Etats-Unis font un retour en force. Cette région constitue pourtant une zone mouvante pour les intérêts américains. Privilégiée sous l’Administration Clinton, les Grands Lacs furent quelque peu négligés par l’Administration Bush.
Deux raisons principales :
- l’équipe Bush était réticente à s’investir dans cette région instable ;
- l’accent mis sur la lutte antiterroriste, cette région s’est vue supplantée par d’autres régions (Afrique du Nord et Sahel, Corne de l’Afrique) dont l’intérêt était plus grand de ce point de vue.
Le cas du Rwanda est à cet égard révélateur. Pour autant la région détient un potentiel minier qui intéresse les États-Unis (RDC et Ouganda).

Lire aussi : "Avec Juppé au Quai d'Orsay, le cactus rwandais retrouve des épines"
et
"France - Rwanda : Juppé fait un geste envers Kigali"

vendredi 18 février 2011

Ouganda : la gouvernance en question

L’Ouganda est l’un des plus beaux pays du monde et ses richesses agricoles et minérales potentielles sont considérables. Par sa magnificence, par la variété de ses formes et de ses couleurs, par la profusion de sa vie, de sa végétation, de ses oiseaux et de ses animaux sauvages, l’Ouganda est réellement la perle de l’Afrique ». C’est en ces mots que Winston Churchill décrivait l’Ouganda en 1908.

Souvent présenté comme un modèle de développement en Afrique, l'ancienne "perle de l'Afrique" britannique vote dès aujourd'hui pour élire (réélire ?) son président. L'occasion de vous proposer ici une série de billets sur ce pays encore méconnu des francophones.
L’Ouganda, du fait de sa situation privilégiée à l’intersection de la Corne de l’Afrique, des Grands Lacs et de l’Afrique centrale, dans un carrefour où se croisent les liaisons avec les autres régions du continent, est un espace géostratégique important. Le nouveau contexte stratégique qui a émergé après le 11 septembre a souligné les atouts particuliers de cette région qui constitue aussi une base arrière d’observation du Soudan et de la Corne de l’Afrique.

 L’un de facteurs qui pousse à pondérer la réussite du modèle ougandais est sa volatilité politique. Le pays a longtemps été privé de partis politiques et l’opposition était constituée d’individus qui s’exprimaient au Parlement.
Le soutien des bailleurs de fonds n’a pas été qu’économique. Ils ont accepté le système de démocratie « sans parti » de la Constitution de 1995. Museveni considérait les partis comme étant à l’origine de tous les maux qu’a connu ce pays, car conçus par des « politiciens sectaires » qui les ont transformés en vecteurs de leurs intérêts claniques.
IL est vrai que l’Ouganda a longtemps fait les frais d’une « géographie de la guerre » (obsession du territoire). La nature de l’Etat est au cœur des conflits et nous y reviendrons dans un prochain billet.
Face aux irrégularités, les bailleurs de fonds appliquent désormais une politique de conditionnalité plaçant la démilitarisation du régime au centre des discussions préalables. Cependant, le pouvoir a conscience de l’importance de l’Ouganda dans la stratégie des puissances occidentales, notamment des Etats-Unis, et ne fait guère cas de ces pressions, d’autant qu’une rupture de l’aide risquerait de déstabiliser le pays. Le pays apparaît comme un véritable îlot de stabilité dans l’arc de crise qui va de la Somalie au Sahel. Il est donc encore perçu comme le vecteur d’une pax americana dans la région. On peut d’ailleurs interpréter sa participation à l’AMISOM (5200 hommes) ou la formation de soldats somaliens sur son territoire par une mission de l'UE (EUTM Somalia) comme une volonté ougandaise de se rendre indispensable dans la région même si cet interventionnisme participe aussi d’une stratégie interne d’occupation des troupes.

La réputation de bonne gouvernance du gouvernement ougandais est sérieusement remise en cause pour plusieurs raisons  :

•Le niveau de corruption (127ème d’après le classement de Transparency International). Certains relie la corruption au fait que la société et les fonctionnaires ont longtemps dû se passer de l’Etat pour survivre, en créant le magendo qui est l’économie informelle locale. Pour lutter contre cette corruption, l’Etat a créé un corps de contrôle d’Etat, indépendant, dans le cadre de la constitution de 1995, c’est l’Inspector General of Government (IGG) ;

Hausse récurrente des dépenses militaires. L’armée continue à jouer un rôle actif dans les affaires civiles de l’Etat ;

Par ailleurs, le régime politique, longtemps verrouillé par le président Museveni, semble s’ouvrir mais cette ouverture est un trompe l’œil. En effet, le Président Museveni dirige l’Ouganda depuis plus de vingt ans. Un référendum organisé en juillet 2005 à son initiative entérine le multipartisme comme une promesse d’ouverture politique. En fait, le multipartisme avait été troqué par le président contre la possibilité de briguer un nouveau mandat. Lors des dernières élections présidentielles en février 2006, les premières pluripartites depuis l’accession au pouvoir de Museveni, le candidat-président a dû affronter une vraie bataille politique malgré ses manquements à l’esprit du multipartisme. Refusant l’éventualité d’une défaite électorale, Museveni a mis l’appareil d’Etat au service de sa campagne et fait engager un procès contre Kizza Besigye (photo), son rival, pour garantir sa victoire. Il est réélu avec 60 % des voix après une campagne électorale qui désavantage les partis d’opposition. Kizza Besigye, remporte finalement 37% des suffrages. Le Mouvement conserve la majorité des deux-tiers au parlement (202 députés sur 308). Le principal parti d'opposition ougandais, le Forum pour le changement démocratique (Fdc) de M. Besigye a menacé de rejeter les résultats définitifs de ces élections dénonçant de «graves irrégularités», notamment la faible couverture médiatique du processus électoral et l'intimidation des électeurs avant et lors des scrutins. Les pressions des bailleurs de fonds n’ont pas été sans effet sur l’issue du procès Besigye et l’ouverture au multipartisme.
Le président doit désormais composer avec une opposition officielle, qui a des élus locaux et des relais dans la population. Pour ces nouvelles élections, Kizza Besigye s’opposera pour la troisième fois consécutive à Musevini aux côté de 6 autres candidats.

mardi 5 octobre 2010

Scandale sur le génocide hutu

Le rapport "Projet Mapping concernant les violations les plus graves des droits de l’homme et du droit international humanitaire commises entre mars 1993 et juin 2003 sur le territoire de la République démocratique du Congo" est disponible ICI Le rapport souligne que les attaques des forces rwandaises contre des réfugiés hutus et des membres de la population civile hutu « pourraient être qualifiées de génocide si ces faits sont prouvés devant un tribunal compétent »

Le Projet Mapping avait 3 objectifs :

* Dresser l’inventaire des violations les plus graves des droits de l’homme et du droit international humanitaire commises sur le territoire de la RDC entre mars 1993 et juin 2003.
* Évaluer les moyens dont dispose le système national de justice pour donner la suite voulue aux violations des droits de l’homme qui seraient ainsi découvertes.
* Élaborer, compte tenu des efforts que continuent de déployer les autorités de la RDC ainsi que du soutien de la communauté internationale, une série de formules envisageables pour aider le Gouvernement de la RDC à identifier les mécanismes appropriés de justice transitionnelle permettant de traiter les suites de ces violations en matière de vérité, de justice, de réparations et de réforme.

Selon le Haute Commissaire aux droits de l’homme, Navi Pillay
: « ce rapport reflète l’engagement des Nations Unies à aider le gouvernement de la RDC dans ses efforts pour éradiquer la culture de l’impunité qui a permis les violences sexuelles et d’autres graves violations des droits de l’homme (...) la divulgation fin août du texte (…) avait conduit à des discussions intenses sur un seul aspect du rapport à savoir l’évocation de la possibilité que les forces armées du Rwanda et leurs alliés locaux auraient pu commettre des actes pouvant constituer des crimes de génocide ».
Pour l’ambassadeur de la RDC auprès des Nations Unies, Ileka Atoki : « le gouvernement congolais, et moi-même également, à titre personnel, sommes consternés. Ce rapport est détaillé, il est crédible. Les victimes congolaises méritent justice. Elles méritent que leurs voix soient entendues. Comme tous les Congolais, je souhaite vivement justice pour tous ces crimes ».
Pour le Burundi, le porte-parole du gouvernement burundais, Philippe Nzobonariba déclare : « le Burundi ne peut pas reconnaître un rapport qui est clairement destiné à déstabiliser la sous-région et qui n’a pas été mené de façon objective. Le Burundi s’est tenu à l’écart du conflit congolais et d’ailleurs, aucun gouvernement burundais n’a jamais reconnu une présence militaire au Congo. On aurait dû consulter et tenir compte de l’avis de tous les pays impliqués à tort »

Pour le Rwanda : « le désir de valider la théorie du double génocide est présent en permanence à travers le rapport de l’ONU en mettant en miroir les acteurs, l’idéologie et les méthodes employées pendant le génocide rwandais de 1994 ».

Le gouvernement ougandais
quant à lui menace comme le Rwanda de revoir sa participation « aux différentes opérations régionales et internationales de paix ».

vendredi 27 août 2010

Les Grands lacs face à un nouveau génocide ?

A peine réélu et dans un contexte plutôt tendu (voir nos précédents billets ICI) Kagamé doit faire face à une nouvelle affaire.
Hier Le Monde révélait un rapport de l'ONU établissant que des faits de génocide ont pu être commis contre des HUtus en RDC entre 1996 et 1998 par des militaires rwandais soutenus par le Rwanda : « les attaques systématiques et généralisées contre les Hutus réfugiés en RDC révèlent plusieurs éléments accablants qui, s’ils sont prouvés devant un tribunal compétent, pourraient être qualifiés de crimes de génocide ».
Le rapport décrit "la nature systématique, méthodologique et préméditée des attaques contre les Hutu [qui] se sont déroulées dans chaque localité où des réfugiés ont été dépistés par l'AFDL/APR sur une très vaste étendue du territoire". "La poursuite a duré des mois et, à l'occasion, l'aide humanitaire qui leur était destinée a été sciemment bloquée, notamment en province orientale, les privant ainsi d'éléments indispensables à leur survie"."L'ampleur des crimes et le nombre important de victimes, probablement plusieurs dizaines de milliers, sont démontrés par les nombreux incidents répertoriés dans le rapport. L'usage extensif d'armes blanches (principalement des marteaux) et les massacres systématiques de survivants après la prise des camps démontrent que les nombreux décès ne sont pas imputables aux aléas de la guerre. Parmi les victimes, il y avait une majorité d'enfants, de femmes, de personnes âgées et de malades", dénoncent les auteurs.

D'après Le Monde « le président rwandais, Paul Kagamé, a tenté d’empêcher la publication par l’ONU de ce rapport et que Kigali a menacé de retirer ses troupes de opérations de l’ONU en cas de fuites dans la presse ». Au total 3652 Rwandais participent aux missions de maintien de la paix de l'ONU (3326 au Darfour, 298 au Sud Soudan, 21 en Haiti, 4 au LIban, 3 en Centrafrique)

Selon le HCDH, « nous avons dit au Monde que la version finale, officielle serait publiée très rapidement. Nous sommes extrêmement déçus qu’ils aient continué à publier cette version alors qu’ils savaient que ce n’était pas le rapport définitif ».

Le soutien, jusque-là inconditionnel, de la communauté internationale, tend à s’atténuer de plus en plus...
Rappel chronologique :
- novembre 1996 : attaques, par l’armée rwandaise, des camps de réfugiés hutus en RDC. Sans doute plus de 300 000 morts.
- fin 1996 : création de l'AFDL (Alliance des Forces Démocratiques de Libération du Congo) par Laurent-Désiré Kabila.
- mai 1997 : entrée de l’AFDL et des troupes rwandaises à Kinshasa.
- juillet 1998 : Laurent Désiré Kabila expulse les Rwandais.
- 2 août 1998 : opération aéroportée rwandaise sur la base militaire de Kitona (Bas Congo) pour prendre Kinshasa. L’Angola intervient pour sauver LD Kabila.
- 1998 : création, par le Rwanda, du RCD/Goma. Début de la deuxième guerre du Congo.
- 30 juillet 2002 : accords de Prétoria entre le Rwanda et la RDC
- 13 septembre 2002 : annonce du retrait de l'armée rwandaise par le président Kagame mais malgré le retrait annoncé, le Rwanda poursuit une politique d’ingérence dans l’Est de la RDC.

Selon l'ONG International Rescue Committee (IRC), 3,8 millions de personnes auraient péri, entre août 1998 et avril 2004, sur le sol de la RDC, victimes directes ou indirectes des guerres.

jeudi 29 avril 2010

LRA: A Regional Strategy beyond Killing Kony

Dernières recommandations de l'International Crisis Group sur la LRA de Joseph Kony.

"The Lord’s Resistance Army (LRA) has become a regional problem that requires a regional solution. Operation Lightning Thunder, launched in December 2008, is the Ugandan army’s latest attempt to crush militarily the one-time northern Ugandan rebel group. It has been a failure. After the initial attack, small groups of LRA fighters dispersed in the Democratic Republic of Congo (Congo), South Sudan and the Central African Republic (CAR), where they survive by preying on civilians. National security forces are too weak to protect their own people, while the Ugandan army, with U.S. support, is focused on hunting Joseph Kony, the group’s leader. The Ugandans have eroded the LRA’s numbers and made its communications more difficult. But LRA fighters, though disorganised, remain a terrible danger to civilians in this mostly ungoverned frontier zone. National armies, the UN and civilians themselves need to pool intelligence and coordinate their efforts in new ways if they are to end the LRA once and for all.

As the Juba peace process began to fall apart, President Museveni of Uganda worked hard to convince South Sudan and the Congo to participate in a joint military operation against the LRA. He had to overcome their mistrust of his army, notorious for its past abuse of civilians and illegal resource extraction on its neighbours’ territory. The U.S. lent its diplomatic weight to advance discussions. Even though both South Sudan and the Congo finally agreed, Uganda undermined its chances of success by failing to coordinate with them, giving them little reason to commit to the fight. In the event, bad weather and leaked intelligence caused Operation Lightning Thunder to fail in its primary objective, killing Kony, and a lack of forward planning allowed the LRA to put on a bloody show of force against Congolese civilians.

The LRA has since exploited the inability of the Congo, South Sudan and the CAR to control their border areas. Small, fast-moving groups of fighters attack unprotected villages to resupply with food and clothes and seize new recruits before heading back to the cover of the forest. Killing and mutilating are part of a strategy of terror to dissuade survivors from cooperating with the Ugandan and other armies. Even with the help of U.S. satellite imagery and audio intercepts, the Ugandan army, the only force committed to the chase, has had great difficulty tracking its targets. What was supposed to be a sudden, decisive strike has become a slow and very expensive campaign of attrition across three countries. It has also yielded unacceptably high human costs among local civilians, with virtually no accountability for the failure to protect. The weakness of all three state security forces and the limited means of the UN missions in the Congo and South Sudan have left civilians no choice but to fend for themselves, which in many instances they have done well.

In March 2010, Ugandan intelligence reported that Kony was in the southern Darfur region of Sudan, hoping to receive support from his former benefactor, the Khartoum government. He appears now to have crossed back into the CAR, where the bulk of his forces are, but with the fighters so scattered and mobile, it is difficult to pin down his exact whereabouts or the LRA’s present numerical strength. However, as the Ugandan army slowly kills and captures more of his Acholi officers, Kony’s faithful core is shrinking. This threatens the LRA’s cohesion, which depends on the leadership controlling the rank and file through violence and fear. The audio intercept capability the U.S. has given the army makes communication dangerous by any means other than runner. Despite these organisational stresses, LRA fighters continue to cause appalling suffering even in survival mode and would likely continue to do so even if Kony is caught or killed.

To remove this twenty-year-old cancer, a new strategy is required that prioritises civilian protection; unity of effort among military and civilian actors within and across national boundaries; and national ownership. The LRA’s need for fresh recruits and the ability of civilians to provide the most accurate information on its activities makes protecting them both a moral imperative and a tactical necessity. Only by pooling intelligence and coordinating activities across the entire affected region can the Ugandan army, its national partners, the UN and civilians hope to rid themselves of the LRA. The Ugandan operation and UN missions, however, offer only temporary support to LRA-affected states. The latter need to put structures in place now to ensure they can cope with what is left of the organisation and its fighters when foreign militaries leave.

Moreover, even complete victory over the LRA would not guarantee an end to insecurity in northern Uganda. To do that, the Kampala government must treat the root causes of trouble in that area from which the LRA sprang, namely northern perceptions of economic and political marginalisation, and ensure the social rehabilitation of the north.

RECOMMENDATIONS

Regarding civilian protection

To the Ugandan and U.S. Governments:


1. Adopt a new strategy that prioritises civilian protection. Review the operation every four months to assess civilian casualties and increase civilian protection measures accordingly.

2. Set a clear goal and timeline for the operation, such as the neutralisation of the LRA leadership within one year.

To the Governments and Armies of Uganda, the Congo, the CAR and South Sudan, the UN Mission in Congo (MONUC) and the UN Mission in Sudan (UNMIS):


3. Deploy more soldiers and logistical support to LRA-affected areas to provide safe havens by increasing joint day and night patrols in villages, on frequently used routes and especially in larger settlements.

4. Work with civilians to set up unarmed and voluntary community security committees in the Congo and increase the capacity of self-defence groups in South Sudan and the CAR.

5. Rehabilitate roads in LRA-affected areas.

6. MONUC and UNMIS should deploy permanent joint protection teams to monitor human rights abuses committed in LRA-affected areas, and the Congolese government should urgently enforce discipline within the regiments deployed in Haut- and Bas-Uélé, encourage civilian oversight structures to monitor human rights abuses by its soldiers and punish and withdraw offenders from the field.

Regarding unity of effort among military and civilian actors within and across national boundaries

To the U.S. Government:

7. Deploy a team to the theatre of operations to run an intelligence platform that centralises all operational information from the Ugandan and other armies, as well as the UN and civilian networks, and provides analysis to the Ugandans to better target military operations.

To MONUC and UNMIS:

8. Create a regional team with members in both the Congo and South Sudan dedicated to gathering, analysing and sharing information on LRA activities and advising on how best to protect civilians.

To the UN Security Council:


9. Give the UN mission in the CAR and Chad (MINURCAT) a new mandate to remain in the CAR, deploy to the south east and join the MONUC/UNMIS regional team dedicated to gathering, analysing and sharing information on LRA activities and advising on how best to protect civilians.

10. Ensure that the planned and gradual drawdown of MONUC leaves sufficient forces in the LRA-affected areas in the Congo.

Regarding national ownership

To the Ugandan Army, MONUC, UNMIS and MINURCAT:

11. Work more closely with the Congolese, South Sudan (SPLA) and CAR armies through joint patrols and offensive operations, in full compliance with the UN’s conditionality policy on support to national armies, and by sharing information so they gain a full understanding of the operation and improve their counter-insurgency tactics.

To the Governments of the Congo, South Sudan (GoSS), and the CAR:

12. Instruct local authorities, police and the security forces to work with communities in the support of self-defence groups; local administrators should register all members, agree in writing on their specific tasks, plan and monitor group activities carefully.

Regarding the root causes of the problem in northern Uganda

To the Ugandan Government:

13. Bring closure to the LRA conflict and minimise the risk of a successor insurgency by implementing the provisions of the agreements negotiated but not finally signed in Juba which relate to reconstructing the north, bringing the worst perpetrators to justice and reconciling civilians with former fighters.

To Donors:

14. Finance a disarmament, demobilisation and reintegration (DDR) program for LRA combatants and a regional communication campaign and support humanitarian relief and long-term development programs implemented in an accountable and transparent manner in northern Uganda."

dimanche 11 avril 2010

"Congo: l'enlisement du projet démocratique" par l'ICG


Le dernier Policy Briefing de l'International Crisis Group est paru le 8 avril. Vous pouvez les télécharger ICI.
Résumé : "La consolidation de la démocratie en République démocratique du Congo (RDC) est entravée dans presque toutes ses dimensions et le régime congolais reste fragile. Lorsque Joseph Kabila (photo) est devenu le premier président élu démocratiquement en 2006, la communauté internationale a considéré cette élection comme une avancée majeure du processus de paix.

Aujourd’hui, l’équilibre des pouvoirs est quasiment inexistant. Le cabinet présidentiel a pris l’ascendant sur le gouvernement, le parlement et le pouvoir judiciaire. Les libertés fondamentales sont fréquemment menacées et des réformes institutionnelles essentielles – la décentralisation et la réforme du secteur de la sécurité – n’ont pas significativement progressé.

A moins que les autorités politiques congolaises ne redonnent en 2010 un nouvel élan à la transformation démocratique et au renforcement des institutions, les avancées obtenues durant la période de transition et l’effort international consenti pour stabiliser ce géant régional sont compromis. Les partenaires extérieurs du Congo doivent remettre la démocratisation et la réforme institutionnelle au centre de leur dialogue avec le gouvernement de Joseph Kabila et ils doivent lier l’aide au développement qu’ils lui accordent aux progrès enregistrés sur ces sujets.

En 2006, pour la première fois dans l’histoire de la RDC, les Congolais choisissent leurs dirigeants nationaux et provinciaux à travers des élections crédibles. L’année précédente, ils ont adopté par référendum la constitution la plus démocratique de leur histoire. Elle traduit une détermination apparente à rénover radicalement la gouvernance politique et économique et à reconnaître les aspirations démocratiques inassouvies depuis l’indépen­dance. La mise en œuvre de cette nouvelle constitution nécessite des réformes institutionnelles fondamentales, telles que la décentralisation et la refonte des structures de sécurité.

L’origine de ce dessein politique remonte aux négociations de Sun City qui mirent fin à des années de guerre civile et à la Conférence souveraine du début des années 1990. Il associe le retour d’une paix durable au Congo à l’équilibre des pouvoirs entre le gouvernement central et les provinces, tout autant qu’à l’établissement de véritables contre-pouvoirs à leur niveau respectif.

Kabila a obtenu un mandat de cinq ans en s’associant à cette vision durant la campagne électorale. Il s’est engagé à redresser un Etat défaillant et à combattre la corruption ; il a proposé un programme de reconstruction du Congo suivant cinq priorités stratégiques : les infrastructures, la santé, l’éducation, l’habitat et l’emploi ; il a promis de promouvoir la démocratisation, notamment en respectant l’Etat de droit et en organisant des élections locales. Presque quatre ans plus tard, le constat est néanmoins accablant. La présidence a entrepris d’étendre son pouvoir sur les autres branches de l’Etat et entretient des réseaux parallèles de prise de décision.

L’exécutif conduit une campagne anti-corruption orientée politiquement qui met en cause l’indépendance de la justice. Le régime utilise les moyens financiers et les outils de coercition à sa disposition pour éliminer les contestations et pour réduire les insurrections locales qui éclatent depuis 2006. Kabila examine la possibilité de modifier la constitution sous le prétexte de résoudre les difficultés rencontrées dans la mise en place de la décentralisation. Tout amendement constitutionnel ayant pour effet de concentrer davantage de pouvoir à la présidence ou de limiter les expressions dissidentes menacerait cependant un système de contre-pouvoir déjà très affaibli. Il est aujourd’hui peu probable que les élections locales se tiennent avant la fin de la législature courante, ce qui risque de compromettre le respect du délai constitutionnel de la fin 2011 pour tenir les élections générales.

Malgré cette tendance autoritaire, la communauté internationale, qui s’est pourtant beaucoup investi dans le processus de paix, est demeurée globalement silencieuse. Les autorités nationales sont extrêmement sensibles aux signes assimilables à une tutelle extérieure. Invoquant le principe de souveraineté, le gouvernement congolais demande le retrait rapide de la mission de maintien de la paix des Nations unies (MONUC) d’ici l’été 2011 et annonce qu’il prendra en charge l’organisation des prochaines élections générales. Il négocie l’allégement de la dette congolaise qu’il espère obtenir avant les célébrations du cinquantième anniversaire de l’indépendance prévues pour le 30 juin 2010.


Compte tenu de la taille du pays et des tensions politiques internes déjà existantes, la RDC est sujette à des rébellions locales alimentées par des querelles intercommunautaires. Certaines insurrections ont démontré un potentiel suffisant pour entraîner une perte de contrôle des autorités. Dans ce contexte, une nouvelle stratégie internationale doit être conçue pour relancer le mouvement de consolidation démocratique et pour prévenir de nouveaux risques de déstabilisation.

Poursuivre le projet démocratique est indispensable pour stabiliser le Congo à moyen et à long terme. Produire un nouvel élan susceptible d’inverser la tendance actuelle exige que les réformes institutionnelles et le programme législatif cessent d’être uniquement considérés sous leurs aspects techniques. Ils représentent d’abord un véritable test de la volonté politique du gouvernement d’améliorer les pratiques de pouvoir et ils doivent constituer un élément central de tout dialogue portant sur l’attribution de nouvelles aides internationales. Les étapes suivantes sont nécessaires pour relancer la transformation démocratique :

* Entamer immédiatement la préparation des élections générales de 2011. La Commission électorale nationale indépendante (CENI) doit être établie rapidement et un budget adéquat doit simultanément lui être attribué. Dans l’intervalle, les autorités électorales actuelles doivent présenter un plan opérationnel clair pour ces élections qui servira de base de discussion avec les bailleurs de fonds.
* Institutionnaliser la lutte contre la corruption. Une stratégie de lutte contre la corruption fondée sur les efforts de la société civile et les expériences enregistrées dans d’autres pays sortant d’une période de conflit doit être élaborée et mise en œuvre par des agences indépendantes nouvellement crées.
* Garantir les droits fondamentaux à travers la loi et les institutions. Le parlement doit créer une Commission nationale des droits de l’homme comme indiqué dans la constitution, réviser le code pénal pour se conformer à la convention des Nations unies contre la torture, limiter les pouvoirs de l’agence nationale de renseignement (ANR), et passer une loi protégeant les journalistes, les militants des droits de l’homme et les victimes et témoins de violations des droits de l’homme.
* Harmoniser le processus de décentralisation avec le renforcement de capacités et la dotation budgétaire des provinces et des gouvernements locaux. Le gouvernement de Kinshasa doit mettre en place une commission d’experts nationaux et internationaux pour explicitement décider quand et comment se tiendront les élections locales. Dans le cas où ces élections ne peuvent avoir lieu avant les élections générales de 2011, un nouveau calendrier doit alors être élaboré.
* Etablir un partenariat clair entre la communauté internationale et le gouvernement congolais sur la réforme du secteur de la sécurité. Une dimension politique doit compléter l’approche technique actuelle. Des critères d’évaluation doivent être élaborés pour mesurer les progrès réalisés et appliquer une approche d’assistance conditionnée.
* Lier l’aide au développement à la gouvernance démocratique. Considérant le rôle essentiel joué par les bailleurs de fonds au Congo, ceux-ci doivent se servir de leur influence financière et politique pour soutenir le processus de construction d’institutions démocratiques. Les nouveaux partenaires asiatiques du Congo doivent être encouragés à inscrire leurs interventions dans cette perspective dans la mesure où ils ne peuvent que bénéficier de l’existence d’un régime plus stable et efficace avec lequel coopérer et commercer."

lundi 1 mars 2010

RD Congo : Ressources naturelles et violence Le cas des FDLR


Je viens de retrouver ce document de Brune Mercier du GRIP (Groupe de recherche et d'information usr la paix et la sécurité). Il date de 2009 mais garde toute son actualité.
"La richesse minière de la RDC n’est plus à prouver, notamment pour les provinces du Nord et du Sud Kivu où l’on trouve d’importants gisements de cassitérite, de coltan et d’or. Le coltan et la cassitérite sont particulièrement recherchés dans le secteur de l’électronique car ils sont nécessaires à la fabrication des téléphones portables, ordinateurs et circuits imprimés.

Depuis peu, on observe une attention grandissante accordée par la communauté internationale et la société civile, à l’exploitation des ressources naturelles comme vecteurs de violence, notamment à l’est de la RDC.

À la suite de l’accord signé entre Kinshasa et le CNDP, le principal problème sécuritaire à l’est de la RDC reste la présence des FDLR (Forces démocratiques de libération du Rwanda). Malgré l’initiative conjointe entre la RDC et le Rwanda (« Umoja wetu ») et l’actuelle opération Kimia II visant à désarmer et combattre les FDLR dans les Kivus, ce mouvement reste très actif et continue de terroriser les populations locales.

Comprendre les principales motivations des FDLR permettrait d’envisager certaines pistes de solutions pour parvenir à les neutraliser et réduire ainsi une grande partie de l’insécurité et de la violence qui prévaut actuellement dans les Kivus.

Ce rapport visera donc, à travers l’analyse de leurs revendications politiques, de leurs stratégies de combat et positionnement géographiques ainsi que de leurs activités économiques, à déterminer dans quelle mesure l’exploitation des ressources naturelles constitue le véritable mobile de leur présence à l’est de la RDC. Cette étude permettra de comprendre comment les FDLR parviennent à tirer profit de ces ressources et le rôle que peuvent jouer directement ou indirectement les sociétés étrangères impliquées dans ce commerce, qui contribue à la perpétuation de la violence dans cette région."
Document à télécharger ICI

lundi 22 février 2010

Est de la République Démocratique du Congo : état des lieux d'une crise oubliée

Je vous propose la retranscription de l'article de John Campbell, Ralph Bunche Senior Fellow for Africa Policy Studies, du Council on Foreign Relations.

"Deaths from violence, hunger, and disease in the eastern Democratic Republic of Congo (DRC) over the past dozen years now likely exceed six million, with no end in sight. Violence against civilians in the region has persisted since 1998, with the outbreak of fighting in the Congo involving numerous states and agendas. Because of its magnitude and horror, this conflict is often called Africa's first "world war." The 1999 Lusaka Cease Fire Agreement--signed by Angola, Congo, Rwanda, Namibia, Uganda, Zambia, and Zimbabwe--ended fighting among nations, but not violence perpetrated by residual elements. As a result, millions of non-combatants continue to be displaced and killed; most of the formal economy and infrastructure has been destroyed; and hunger and disease are rampant.

While Western governments have not ignored the eastern Congo tragedy (Secretary of State Hillary Clinton visited Goma as recently as December), media attention has been more focused recently on Sudan, Somalia, and Guinea. Hence, Nicholas Kristof's recent series in the New York Times profiling ongoing violence in eastern Congo against civilians, especially women, is an important wake-up call about this continuing humanitarian disaster.

The current round of violence dates from January 2009, following a rapprochement between the DRC and Rwanda. With logistical support from the United Nations Organization Mission in the Democratic Republic of Congo (MONUC), the two governments joined forces to purge the eastern Congo of a Hutu rebel group, the Democratic Forces for the Liberation of Rwanda (FDLR), which seeks to overthrow the Rwandan government.
Despite two campaigns, efforts to rein in the FDLR have largely failed, and Rwandan troops have returned home. The current fighting is among a shifting kaleidoscope of Rwandan Hutu opponents of Rwandan President Paul Kagame's government, elements of the Congolese army, and local militias ostensibly defending their turf against all-comers. In a huge territory largely outside the control of the Kinshasa government, there is also widespread criminal and warlord behavior. Underpinning the violence often is a struggle to loot the region of its abundant natural resources.

Since 1999, the MONUC has been the principal international presence in eastern Congo. Its mandate includes protection of civilians and the disarmament and demobilization of combatants. MONUC is now the UN's largest peacekeeping mission, with a budget of almost $1.35 billion and over 20,509 uniformed personnel and support staff. It has assisted with the demobilization and repatriation of thousands of ex-combatants back to Rwanda, and with the demobilization and reintegration of thousands more into the Congolese army.

However, MONUC's civil protection mandate is hampered by a lack of resources. Its numbers are drawn from a variety of countries including a significant African contingent. In addition, by the end of 2009, it had deployed only 2,050 of its 3,085 newly authorized personnel.

Equipment is similarly sparse. At the close of 2009, there was one Belgian C-130 aircraft and two helicopters from Uruguay. Both countries have also recently pledged an additional helicopter each. There have been no pledges toward MONUC's request for an additional C-130 transport and fourteen utility helicopters, as of the end of 2009. Shortages of helicopters and transport aircraft have limited MONUC's flexibility and rapid-reaction capability. The vastness of the eastern Congo results in MONUC's personnel being so thinly stretched that it is unable to effectively carry out its protection mandate.
Furthermore, with little formal government authority in place, and with the DRC only slowly emerging from failed-state status, there is a culture of impunity with respect to violence against civilians. The Armed Forces of the DRC (FARDC) are ostensibly charged with maintaining security. But soldiers are often untrained, undisciplined and unpaid. Some are also former rebels who have been integrated into the official armed forces as part of an earlier peace agreement, but maintain loyalty to outside groups or warlords.

Like rebel groups and other irregulars, members of the FARDC also appear to use rape to terrorize and control the local populations, a reason why violence against women is so ubiquitous. Some non-governmental organizations have charged that MONUC's supporting role in various FARDC operations made it complicit in some of those crimes. When the UN Security Council renewed MONUC's mandate in December 2009, it reiterated that civilian protection and humanitarian assistance takes precedence over its other activities. At the same time, DRC President Joseph Kabila issued a "zero tolerance" policy toward human rights abuse committed by FARDC personnel.

MONUC should evaluate its personnel and equipment needs in light of its civilian protection mandate. It should seek increased personnel, including from other African countries. Better-trained and French-speaking officers are especially needed. For its part, the Obama administration should urge committed donor countries to fulfill pledges already made to MONUC in a timely manner and seriously consider increasing its own. It should then take the lead in approaching the donor community to provide the additional resources required.

Given the weakness of the DRC's central government as well as Rwanda's inability to defeat the FDLR, it is unlikely that either government can do much more on the ground. This reality complicates Western and African diplomatic pressure on the two states to hold accountable their nationals involved in violence against civilians. Nevertheless, notorious perpetrators of crimes against civilians do fall into official hands from time to time, and MONUC and FARDC efforts to bring them to a speedy trial should be supported. The international community must continue to insist to Congo and Rwanda that a culture of impunity with respect to violence against civilians is intolerable, and that the guilty are held accountable."

Mon billet précédent : "La République Démocratique du Congo (RDC) : retour sur la géopolitique du cœur de l’Afrique"
Le billet de Stéphane Mantoux : « République Démocratique du Congo : chronique d'une guerre sans fin ? » sur Ifriqiya

dimanche 14 février 2010

Burundi : vers l'escalade de violence ?



La tension "monte dangereusement à l'approche des élections" générales prévues de mai à septembre 2010 au Burundi (série de cinq scrutins dont une présidentielle et des législatives), selon l'International Crisis Group (ICG) qui met en garde contre les risques de violence "dans les prochains mois".

Pour l'ICG, "il est probable" que le président Pierre Nkurunziza (photo) conserve son poste à l'issue de la présidentielle, grâce à sa popularité et au contrôle des finances publiques, mais son parti pourrait "perdre la majorité au parlement et le contrôle des administrations provinciales", ce que l'aile dure du parti, notamment les chefs militaires, ne seraient pas prêts à accepter.


Pour Thierry Vircoulon, Directeur de projet de Crisis Group pour l'Afrique Centrale : "Les pratiques de harcèlement et d'intimidation de la part de la police et du mouvement de jeunes du parti au pouvoir représentent une évolution inquiétante qui pourrait facilement déstabiliser le processus électoral tout entier".
Selon ce rapport, "les administrations locales, contrôlées par le parti au pouvoir, ordonnent à la police de perturber les rassemblements de l'opposition", alors que "les organisations de la société civile et certains médias sont harcelés pour avoir dénoncé les tendances autoritaires du Cndd-FDD, dont le mouvement de jeunesse, une organisation quasi para-militaire, est d'ores et déjà coupable de violences et d'intimidations".
Pour l'ICG, "il n'est guère probable que les tensions actuelles provoquent un retour à la guerre civile", la communauté internationale doit soutenir rapidement "des politiques de prévention du risque d'escalade violente" et les pays de la région devraient "déployer une mission de police" et nommer un envoyé spécial chargé d'aplanir les différents conflits autour du processus électoral.

Le rapport "Burundi: garantir un processus électoral équitable" ICI
Sommaire :


I. INTRODUCTION
II. UN PROCESSUS POLITIQUE LABORIEUX.
A. DIFFICILE MISE EN PLACE DE LA CENI
B. REFORME POUSSIVE DU CODE ELECTORAL ET INQUIETUDES SUR L’ENREGISTREMENT DES
ELECTEURS
1. Calculs politiques sur les modalités d’organisation du scrutin
2. Un enregistrement des électeurs politisé?
C. RESTRICTIONS DES LIBERTES PUBLIQUES
III. STRATEGIES A COURTE VUE DES PARTIS POLITIQUES
A. LES ANCIENNES REBELLIONS
1. Le CNDD-FDD
2. Les FNL
B. LES FORCES POLITIQUES TRADITIONNELLES
1. Le FRODEBU
2. L’UPRONA
C. LES NOUVELLES FORCES POLITIQUES
1. L’UPD
2. Le MSD
D. LES ENJEUX POLITIQUES DES ELECTIONS DE 2010
IV. AMPLEUR DES DEFIS SECURITAIRES
A. MOBILISATION DES JEUNESSES DES PARTIS POLITIQUES ET DES DEMOBILISES
B. POLITISATION DES CORPS DE DEFENSE ET DE SECURITE
C. RISQUES D’ESCALADE DE VIOLENCE
V. GARANTIR UN PROCESSUS ELECTORAL CREDIBLE
A. SURVEILLER LA NEUTRALITE DES CORPS DE DEFENSE ET DE SECURITE
B. CONSOLIDER LE ROLE DES MEDIAS ET DE LA SOCIETE CIVILE
C. FAVORISER L’IMPARTIALITE DE LA CENI
D. DISSUADER LA VIOLENCE
VI. CONCLUSION
ANNEXES
A. CARTE DU BURUNDI
B. GLOSSAIRE
C. A PROPOS D’INTERNATIONALCRISISGROUP
D. RAPPORTS ET BRIEFINGS DECRISISGROUP DEPUIS 2007
E. CONSEIL D’ADMINISTRATION DE L’INTERNATIONALCRISISGROUP

Les recommandations de l'ICG:

Au Gouvernement burundais :

1. Cesser les entraves au fonctionnement des partis politiques en interdisant formellement aux gouverneurs de province, administrateurs communaux et aux forces de police locales :

a) d’empêcher ou de perturber les réunions des partis politiques d’opposition organisées légalement ;

b) de prohiber l’ouverture de bureaux locaux de partis politiques ; et

c) de procéder à des arrestations arbitraires de responsables locaux et partisans de partis politiques d’opposition.

2. Prendre des sanctions à l’encontre des responsables locaux qui continuent de perturber l’activité des partis politiques.

3. Interdire les activités illégales des mouvements de jeunesse des partis politiques et punir les responsables de telles activités.

4. S’abstenir de toute provocation verbale ou autre, et de l’usage de l’intimidation et de la force à l’encon­tre des partis politiques d’opposition, des médias et de la société civile.

5. Prendre toutes les mesures qui s’imposent contre les personnes, groupes ou organisations impliqués dans le réarmement des milices.

6. Assurer l’accès libre et équitable des partis politiques aux médias publics.

7. Poursuivre les discussions avec les partis politiques d’opposition au sein de la structure nationale nouvellement créée pour le dialogue politique ; ces discussions ont notamment pour but d’atteindre un consensus sur la préparation et le déroulement du processus électoral et de régler rapidement toutes les difficultés liées aux élections.

Aux partis politiques :


8. S’abstenir de toute provocation verbale ou autre qui pourrait mener à une escalade des tensions politiques, y compris l’intimidation de rivaux, les appels à la vengeance ou l’apologie de la haine ethnique.

9. Arrêter de mobiliser les mouvements de jeunesse à des fins d’intimidation ou de violence.

10. S’abstenir de compromettre la neutralité des services de sécurité en instrumentalisant des réseaux de soutien internes.

Aux médias :

11. Accorder le libre accès de leurs antennes et colonnes à tous les partis politiques, de manière équitable, et s’abstenir de faire la propagande déguisée de toute formation ou responsable politique.

A la société civile :


12. Mettre en place un observatoire de la violence politique pour documenter tous les actes de violence liés aux élections, et surveiller particulièrement l’action des mouvements de jeunesse des partis politiques et les groupes de démobilisés affiliés à ceux-ci, ainsi que le comportement des forces de l’ordre.

A l’Initiative régionale sur le Burundi :

13. Organiser, en collaboration avec le gouvernement, le déploiement d’une mission de police régionale composée de petites équipes incorporées à la police burundaise et mandatées pour appuyer la préparation et l’exécution des opérations de sécurisation des élections. Cette mission serait menée par un commissaire de police travaillant directement avec le commandant de la police nationale et placé sous l’autorité d’un envoyé spécial régional de haut niveau.

14. Nommer un envoyé spécial de stature internationale et familier avec la politique burundaise, afin de fournir une facilitation de haut-niveau en cas d’actes violents sérieux ou de différends majeurs liés à la gestion du processus électoral. Celui-ci devra également coordonner les efforts politiques de la communauté internationale auprès des acteurs politiques burundais.

A la communauté internationale :

15. Assurer le déploiement précoce d’une mission internationale d’observation des élections.

16. Fournir le soutien financier opportun et l’expertise technique adéquate à la Commission électorale nationale indépendante (CENI).

17. Prévenir les responsables politiques burundais que ceux qui se rendraient responsables de crimes politiques sérieux seront poursuivis si nécessaire par les juridictions internationales – Cour pénale internationale ou tribunal spécial – et que des sanctions ciblées seront imposées à ceux qui auraient recours à des fraudes massives ou des violences pour remporter les élections.

mercredi 23 décembre 2009

La République Démocratique du Congo (RDC) : retour sur la géopolitique du cœur de l’Afrique



Depuis 1998, 5,4 millions de personnes seraient mortes et quelque 45 000 personnes décèdent encore chaque mois. le Haut commissariat des Nations unies pour les réfugiés (UNHCR) estime à 1,4 millions le nombre de déplacés (dont 980 000 au Nord-Kivu). La situation ne semble pas s'améliorer et la missions de la MONUC devrait être prolongée.
Pays d’Afrique centrale, le troisième en superficie du continent (2 345 000km²), et le plus peuplé de la zone (63 millions d’habitants). Elle y occupe une place centrale sur les axes Le Cap-Le Caire et océan Atlantique- océan Indien.
La RDC (Zaïre jusqu’en 1997) constitue un ensemble composite confié par la Conférence de Berlin (1885) à une société capitaliste d’exploitation dirigée par le roi des Belges Léopold qui le lègue à Bruxelles. Son unité (le Bassin du Congo) n’est qu’apparente : elle plonge au sud dans le plateau métallifère du Shaba (ex-Katanga riche en cuivre, colbalt, uranium) et touche à l’est les Grands Lacs. Aussi sa diversité ethnique est elle considérable (5 langues nationales) et la décolonisation (1960) s’est accompagné de nombreux troubles, en particulier les tentatives de sécession du Katanga encouragées par l’Union minière de Belgique.
La dictature de Mobutu (1965-1997) ne permet pas le développement du pays malgré ses richesses. Sa déstabilisation est une retombée indirecte du conflit du Rwanda, de nombreux Tutsi (les banyamulengue) ayant été établis par les Belges dans l’est de la RDC (Kivu). Ils se heurtent en 1996 au million de réfugiés hutu fuyant le FPR, parmi lesquels les milices interahamwe impliquées dans le génocide de 1994). L’intervention des Rwandais tutsi et des Ougandais, leurs alliés, provoque la chute de Kinshasa le 16 mai 1997 et porte au pouvoir une coalition d’opposants dirigée par Laurent-Désiré Kabila. Mais les interventions étrangères ne cessent pas et la RDC devient l’enjeu d’un affrontement entre deux camps, d’un côté l’Ouganda et ses alliés, de l’autre l’Angola et le Zimbabwe qui soutiennent Kabila. Le gel des positions militaires se traduit par une partition de fait du pays. En 2001, L.D. Kabila est assassiné. En 2003, un accord global est signé et un gouvernement d’union nationale nommé. Mais de nombreux mouvements de rébellion persistent, souvent sur une base ethnique, en particulier dans le Nord et l’Est du pays.
Quel avenir pour la RDC ? Un éclatement encouragé par ses voisins qui organisent le pillage des ressources du pays (diamant, or, coltan, cuivre, cobalt). Des troubles aggravés par la forte croissance démographique (3%) ? Ou une stabilisation qui lui permettrait de valoriser sa place centrale dans le continent ?

Relisez ICI le billet de Stéphane Mantoux : « République Démocratique du Congo : chronique d'une guerre sans fin ? » sur Ifriqiya

Ecoutez demain matin l’émission Les Enjeux Internationaux de Thierry Garcin sur France Culture consacrée « La prolongation des impasses en Afrique centrale » avec Claude Wauthier.
Conférence de l’IFRI le 28 janvier (17H30-19H30) : « L'environnement des affaires en République Démocratique du Congo » autour d'Olivier Kamitatu, ministre du Plan de la République Démocratique du Congo et Karim Dahou, manager exécutif de l'Initiative NEPAD-OCDE pour l’investissement en Afrique. Présidence : Cyril Musila, Université catholique de Paris