lundi 6 septembre 2010
Les Ethiopiens ont-ils mangé leurs forêts ? par Alain Gascon
A signaler : l'article d'Alain Gascon dans le Diplomatie du mois : "Les Ethiopiens ont-ils mangé leurs forêts ?" (8p.)
Un article passionnant rédigé par le spécialiste de l'Éthiopie (ICI )
Il y rappelle que "l'augmentation générale de la pression foncière a conduit à la suppression de la jachère et la diminution de la taille moyenne des exploitations : de 1,5ha à 0,8ha. De plus en plus nombreux, les Éthiopiens ont mangé leurs forêts pour se nourrir." D'autant que si en 1975 l'Éthiopie (avec l'Érythrée) était peuplée de 25 millions d'habitants aujourd'hui on compte 82,8 millions d'habitants. (1104000km²) "Ces 20 dernières années, selon la FAO, la production alimentaire per capita a constamment diminué et" en 2050, 150 millions d'Ethiopiens devront être nourris.
dimanche 5 septembre 2010
Lutte contre la piraterie : Atalante en passe d'atteindre son but ?
Dans une interview réalisée pour la revue Diplomatie (n°45) Edouard GUillaud, le chef d'Etat-major des armées rappelle que le "but d'Atalante n'a jamais été l'éradication de la piraterie, puisque l'éradication se passera à terre avec un Etat plus stable [un Etat tout court pourrait on préciser] et des moyens de vie décents pour les Somaliens.(...) l'objectif de faire baisser la piraterie à un niveau tel que les voies d'approvisionnements stratégiques du commerce maritime international ne soient plus menacées. Le nombre d'actes de piraterie a augmenté et le nombre d'attaques réussies a diminué. Nous sommes donc en passe d'atteindre ce but".
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samedi 4 septembre 2010
L’Allemagne a-t-elle une politique africaine ?
Drôle de question de prime abord quand on sait que l’Allemagne est une ancienne puissance coloniale et une puissance engagée dans la lutte contre le terrorisme, la piraterie, les missions de maintien de la paix au Soudan (Darfour et Sud Soudan), au Congo… Pourtant elle mérite d’être posée et il conviendrait même de se demander si l’Allemagne a déjà eu une politique africaine ?
Bien sûr l’Allemagne a gardé de solides liens avec l’Afrique du Sud et le Sud Ouest du continent (Namibie), des pays d’accueil des émigrants allemands. Mais finalement elle n’a jamais vraiment eu de politique africaine. Dans la période coloniale ses acquisitions étaient subordonnées à l’accord des britanniques et des français et cette question coloniale était toujours traitée comme une politique interne liées aux intérêts commerciaux. L’Afrique n’a été vraiment un sujet important que pour servir la propagande de la République de Weimar après le traité de Versailles.
L’Afrique n’est pas non plus une priorité après la seconde guerre mondiale. Ni Adenauer, ni Erhard, ni Schmidt, ni Kohl ne lui portent un grand intérêt. Les visites sont rares et réservées au Président fédéral, les représentations ont juste des pouvoirs protocolaires.
Aujourd’hui la politique africaine de l’Allemagne est surtout européenne et centrée sur le développement, même si cette politique a évolué depuis le Traité de Nice laissant une place plus large aux questions globales que sont la lutte contre le terrorisme et l’approvisionnement énergétique. La coopération culturelle est plus intense notamment avec l’initiative "Aktion Afrika" lancée en janvier 2008 (20 millions d’€ de budget en 2008 renouvelé en 2009) et l’augmentation du nombre d’Institut Goethe sur le continent. Elle donne une priorité au renforcement des capacités des organisations régionales par l’envoi d’expert auprès de l’UA, le financement d’audits, ou d’infrastructures. Les Allemands ont d’ailleurs construit le nouveau building paix et sécurité de l’UA (20millions d euros).
Malgré tout l’Allemagne a très peu d’initiatives seule et passe par l’UE le plus souvent, ou l’OTAN. Elle base la protection de ses intérêts sur ses bonnes relations avec la France, la Grande-Bretagne et les Etats-Unis. Comportement somme toute assez logique puisqu’après la seconde guerre mondiale la construction d’une politique étrangère allemande s’est faite sous l’égide des Alliés.
L’évolution la plus marquante de la politique étrangère est sa pacification. Pendant la guerre froide les missions hors du territoire national étaient constitutionnellement interdites.
De fait on peut se permettre des rapprochements avec la posture japonaise. En effet, pour la première fois depuis 1945 l’armée japonaise va installer une base à l’étranger (Djibouti) et l’Allemagne a ouvert en début d’année une ambassade dans le même pays. Pourtant les deux pays ont toujours semblé en retrait face aux évolutions majeures du continent. De même ils ont les mêmes priorités : développement de leur aide internationale, de leur modèle en matière de développement durable et renforcement de leur présence dans les organisations internationales. Pour les deux pays la route maritime passant par le détroit de Bab El Mandeb est d’un intérêt majeur et la piraterie touche leurs intérêts commerciaux. Sur les 20000 bateaux qui passent dans le détroit 10% sont propriétés ou contiennent des marchandises japonaises et 90% des exportations japonaises empruntent cette route. Les armateurs allemands représentent quant à eux la troisième flotte commerciale au monde (bien que 80% naviguent sous un autre pavillon…). Les deux pays recherchent aussi des débouchés pour leurs produits.
Cet intérêt naissant pour le continent n’est pas sans arrière-pensées : les deux pays ont besoin du soutien des pays africains s’ils souhaitent obtenir un siège permanent au Conseil de sécurité dans le cadre du « G4 » (Japon, Allemagne, Brésil, Inde).
Bien sûr l’Allemagne a gardé de solides liens avec l’Afrique du Sud et le Sud Ouest du continent (Namibie), des pays d’accueil des émigrants allemands. Mais finalement elle n’a jamais vraiment eu de politique africaine. Dans la période coloniale ses acquisitions étaient subordonnées à l’accord des britanniques et des français et cette question coloniale était toujours traitée comme une politique interne liées aux intérêts commerciaux. L’Afrique n’a été vraiment un sujet important que pour servir la propagande de la République de Weimar après le traité de Versailles.
L’Afrique n’est pas non plus une priorité après la seconde guerre mondiale. Ni Adenauer, ni Erhard, ni Schmidt, ni Kohl ne lui portent un grand intérêt. Les visites sont rares et réservées au Président fédéral, les représentations ont juste des pouvoirs protocolaires.
Aujourd’hui la politique africaine de l’Allemagne est surtout européenne et centrée sur le développement, même si cette politique a évolué depuis le Traité de Nice laissant une place plus large aux questions globales que sont la lutte contre le terrorisme et l’approvisionnement énergétique. La coopération culturelle est plus intense notamment avec l’initiative "Aktion Afrika" lancée en janvier 2008 (20 millions d’€ de budget en 2008 renouvelé en 2009) et l’augmentation du nombre d’Institut Goethe sur le continent. Elle donne une priorité au renforcement des capacités des organisations régionales par l’envoi d’expert auprès de l’UA, le financement d’audits, ou d’infrastructures. Les Allemands ont d’ailleurs construit le nouveau building paix et sécurité de l’UA (20millions d euros).
Malgré tout l’Allemagne a très peu d’initiatives seule et passe par l’UE le plus souvent, ou l’OTAN. Elle base la protection de ses intérêts sur ses bonnes relations avec la France, la Grande-Bretagne et les Etats-Unis. Comportement somme toute assez logique puisqu’après la seconde guerre mondiale la construction d’une politique étrangère allemande s’est faite sous l’égide des Alliés.
L’évolution la plus marquante de la politique étrangère est sa pacification. Pendant la guerre froide les missions hors du territoire national étaient constitutionnellement interdites.
De fait on peut se permettre des rapprochements avec la posture japonaise. En effet, pour la première fois depuis 1945 l’armée japonaise va installer une base à l’étranger (Djibouti) et l’Allemagne a ouvert en début d’année une ambassade dans le même pays. Pourtant les deux pays ont toujours semblé en retrait face aux évolutions majeures du continent. De même ils ont les mêmes priorités : développement de leur aide internationale, de leur modèle en matière de développement durable et renforcement de leur présence dans les organisations internationales. Pour les deux pays la route maritime passant par le détroit de Bab El Mandeb est d’un intérêt majeur et la piraterie touche leurs intérêts commerciaux. Sur les 20000 bateaux qui passent dans le détroit 10% sont propriétés ou contiennent des marchandises japonaises et 90% des exportations japonaises empruntent cette route. Les armateurs allemands représentent quant à eux la troisième flotte commerciale au monde (bien que 80% naviguent sous un autre pavillon…). Les deux pays recherchent aussi des débouchés pour leurs produits.
Cet intérêt naissant pour le continent n’est pas sans arrière-pensées : les deux pays ont besoin du soutien des pays africains s’ils souhaitent obtenir un siège permanent au Conseil de sécurité dans le cadre du « G4 » (Japon, Allemagne, Brésil, Inde).
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vendredi 3 septembre 2010
Scénario Hollywoodien pour publicité djiboutienne
Un peu de divertissement en cette fin de semaine...Voici la dernière publicité qui fait le buzz à Djibouti. Entièrement tournée avec des acteurs Djiboutiens. Un vrai scénario Hollywoodien pour la farine de la Minoterie de la Mer Rouge.
Production : Black Sight Productions
Production : Black Sight Productions
jeudi 2 septembre 2010
Vidéo la politique de coopération militaire de la France en Afrique
A la suite de mon billet d'hier sur la politique africaine de la France, l'allié de Mars Attaque nous signale cette vidéo du Journal de la Défense d'août 2010 (26 minutes) composée de 5 reportages sur la politique de coopération militaire de la France en Afrique.
Le Journal de la Défense n°46 d'août 2010
envoyé par ministeredeladefense. - L'info video en direct.
Le Journal de la Défense n°46 d'août 2010
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mercredi 1 septembre 2010
Réflexions sur l'évolution de la politique africaine de la France
Quelques réflexions sur les évolutions depuis le début des années 1990 :
- d’abord une politique volontariste et attentive de courte durée explicitée dans le discours de la Baule en 1990 ;
- puis une politique plus transparente mais qui prend la forme d'un désengagement ou d'une rupture, à partir de 1997 et illustrée par la formule « ni ingérence, ni indifférence » (L. Jospin) ;
- une politique qui se cherche et qui hésite entre l'influence et l'attentisme, dès 2002, soutenue par la doctrine « accompagner sans dicter » (D. de Villepin)
- et depuis 2007 une politique de rupture et d’ouverture hors du champ traditionnel marquée par la prépondérance des intérêts économiques et le désir de multilatéraliser les opérations.
Malgré les soupçons qui ont pesé sur les gouvernements successifs et sur l'actuel en particulier, la France souhaite rester en Afrique, d’ailleurs les enjeux n’ont guère varié depuis la décolonisation :
- l’Afrique est un levier d’influence à l’ONU et dans les grandes institutions internationales en général, elle lui permet de consolider la position française;
- elle lui permet l’accès à des matières premières;
- l’Afrique est le principal vecteur de la francophonie, et elle peut favoriser la diffusion de la culture française ;
- la France possède en Afrique des ressortissants français en grand nombre ;
- les intérêts économiques français y sont importants.
- d’abord une politique volontariste et attentive de courte durée explicitée dans le discours de la Baule en 1990 ;
- puis une politique plus transparente mais qui prend la forme d'un désengagement ou d'une rupture, à partir de 1997 et illustrée par la formule « ni ingérence, ni indifférence » (L. Jospin) ;
- une politique qui se cherche et qui hésite entre l'influence et l'attentisme, dès 2002, soutenue par la doctrine « accompagner sans dicter » (D. de Villepin)
- et depuis 2007 une politique de rupture et d’ouverture hors du champ traditionnel marquée par la prépondérance des intérêts économiques et le désir de multilatéraliser les opérations.
Malgré les soupçons qui ont pesé sur les gouvernements successifs et sur l'actuel en particulier, la France souhaite rester en Afrique, d’ailleurs les enjeux n’ont guère varié depuis la décolonisation :
- l’Afrique est un levier d’influence à l’ONU et dans les grandes institutions internationales en général, elle lui permet de consolider la position française;
- elle lui permet l’accès à des matières premières;
- l’Afrique est le principal vecteur de la francophonie, et elle peut favoriser la diffusion de la culture française ;
- la France possède en Afrique des ressortissants français en grand nombre ;
- les intérêts économiques français y sont importants.
mardi 31 août 2010
Comprendre les Somali (Issa) : le Xeer
Pour comprendre les Somaliens il faut comprendre le mode de fonctionnement de l'ethnie somali. Et les conflits se résolvent par le recours au Xeer, le code des règles orales qui régissent la vie des individus et ses rapports aux autres. L'appartenance clanique est donc une « protection » dans le cadre d’un conflit. Le quotidien La Nation proposait hier un article sur ce thème : Le « Xeer » et la loi sur les biens . Je me permets d'en reproduire quelques extraits ici.
"Le « Xeer » issa s’applique aussi en cas de litige sur les biens, individuels ou tribaux, qu’ils soient d’ordre foncier ou matériel. Le « Xeer » et le partage des terres. Compte tenu de son mode de vie, le peuple issa a une notion assez sommaire de la propriété foncière.
La propriété privée n’existe pas chez les issas, l’usage des pâturages et des points d’eau étant réservé au premier venu sur les lieux. Cependant, les Issas divisent leur terre en deux sortes de milieu :
- le « Bad », la mer, milieu marin qui ne les attire pas du tout et leur inspire une crainte certaine. La mer a toujours constitué une frontière infranchissable ;
- le « Bari », milieu terrestre, lui-même divisé en « Buur », montagnes, et en « Banaan », plaines.
A nouveau dans ce milieu des plaines, les Issas distinguent deux catégories, le « Ceel », puits et points d’eau et le « Caws », les pâturages. Les pâturages sont communs à tous et répondent donc à la loi du premier venu chez les Issas. Par contre, en ce qui concerne l’eau, le « Xeer » a délimité des droits.
Tous les puits sommaires et les points d’eau naturels sont la propriété de tous. En revanche, les puits construits, qui ont nécessité un travail humain important, sont réservés en priorité aux maîtres de l’ouvrage. (...)
Ainsi, en matière de propriété foncière, le « Xeer » insiste sur la distinctionentre ce qui est l’œuvre de la nature et ce qui est l’œuvre de l’homme. (...)
Chez les Issas, celui qui n’a pas de troupeau n’est pas crédible. Celui qui n’a pas cette richesse ne peut résister à la corruption et peut donc vendre son honneur et sa parole à n’importe qui. En conséquence, il ne peut témoigner dans les procès.
(...)
Là aussi, toute atteinte au capital vivant se rembourse en têtes de bétail. Il convient de noter au passage, la référence constante au bien le plus précieux du nomade, le chameau, à tel point qu’il représente même l’unité de base de la valeur des choses, à l’image d’un précepte du « Xeer » qui précise : « Un chameau est un chameau, et tout ce qui a la même valeur équivaut aussi à un chameau ».
Ainsi est signifié que tout peut-être convertible en tête de chameau.
lundi 30 août 2010
Chaliand : l'occident ne gagnera plus de guerre sur le long terme
Quelques extraits de l'interview donnée par Gérard Chaliand pour le Hors Série Bilan Géostratégie 2010:
"L'évolution majeure depuis quelques décennies, en marge des technologies, est celle du rapport à la mort sur un champ de bataille, dans les sociétés occidentales, ce qui modifie la dimension sociale de la stratégie. (...)
pour la première fois dans la longue histoire des batailles, on ne mentionne pas le nombre important de soldats ennemis tués au combat pour ne pas émouvoir nos opinions publiques. (...) Depuis 2001, l'OTAN, 800 millions d'habitants, a perdu moins de 1700 hommes en Afghanistan. C'est très modeste mais cela parait trop. (...)
Autrefois, les insurgés étaient divisés, n'avaient pas de sanctuaire ni d'aide extérieure, peu de discipline. Le temps jouait en faveur des Européens...aujourd'hui c'est l'inverse. Les insurgés ont une conscience nationale ou une idéologie unificatrice. Et nos opinions publiques n'admettent plus la brutalité de certaines méthodes. (...)
"Le bilan d'Al Qaida est avant tout médiatique, c'est un modèle idéologique qui fait des émules; c'est un phénomène qui a généré un coût économique et une nuisance considérable. Pourtant leur bilan n'est que de deux attentats réussis dans les pays occidentaux depuis septembre 2001. C'est maigre pour une organisation qui menaçait l'Occident d'apocalypse. Les anarchistes, entre 1890 et 1914, ont fait autant de bruit qu'Al-Qaida aujourd'hui.(...)
Le phénomène djihadiste va durer. Une seule chose est certaine : ils ne peuvent en aucun cas l'emporter. Pour le moment, à leurs yeux, ils vivent une aventure épique, face à une société occidentale qu'ils méprisent. Mais c'est la seule mouvance armée au monde avec laquelle il n'y a rien à négocier. C'est la victoire ou la mort. A plus ou moins long terme, ils sont condamnés."
vendredi 27 août 2010
Saison 2010-2011 : pourquoi la Corne va vous passionner ?
Mercredi le président Sarkozy a fait son traditionnel Discours aux ambassadeurs (ICI). Olivier Kempf d'EGEA nous propose son analyse ICI. Il note à propos de l'évocation de la Somalie : "Cela me paraît nouveau, et je crois qu'il y a là une inquiétude, et qu'on n'a pas fini, cette année, d'évoquer la Corne de l'Afrique". Merci Olivier de mettre la lumière sur cette région dont on ne s'intéressait que depuis la piraterie alors que les germes des problématiques actuelles existent depuis des décennies.
Revenons au discours. Que dit le Président ?
"De l'autre côté du Golfe d'Aden, en Somalie, l'enjeu est clair : les attentats meurtriers de Kampala, en juillet, ont montré que les milices islamistes des Shebab ont désormais la capacité d'étendre leurs combats bien au-delà des frontières. Leur victoire à Mogadiscio transformerait la Somalie en base de départ d'Al Qaïda. Elle achèverait de déstabiliser toute une région déjà fragilisée par les déchirements du Soudan."
1ère remarque : Les Shebabs contrôlent déjà presque entièrement Mogadiscio. Depuis la fin des années 90 on s'inquiète de voir la Somalie devenir une base arrière pour Al Qaida ou ses mouvances.
Par ailleurs le mouvement des Shebab compterait dans ses rangs entre 3000 et 4000 combattants maximum (dont 800 étrangers). Bien sûr ces chiffres ne sont pas vérifiables. Disons que c'est la fourchette qui nous intéresse. Mais les forces de l''AMISOM en face sont 6000. Nous aurons beau augmenter leur nombre (8000 à terme), c est la mission qui doit être modifiée (voir ICI).
Les Shebabs sont appuyés par Hizbul Islam même si de nombreuses tensions existent entre les deux. Le gros problème c'est qu'ils ont réussi à se faire passer auprès de la population pour un mouvement de résistance opposé à la coalition Ethiopie/GFT. Les Shebab seraient financés par les milieux d’affaire somaliens au Kenya, aux Emirats Arabes Unis et en Somalie soient de façon volontaire, soit à titre de protection. Les avis divergent sur le lien entre pirates et islamistes. Certains avancent que les Shebab ponctionnent un pourcentage de rançons collectés par les pirates. Voir billet ICI
2ème remarque : C'est après le référendum d'indépendance du Sud Soudan en 2011 que la région risque d'être déstabilisée.
D'ailleurs l’Envoyé spécial russe pour le Soudan, Mikhail Margelov, a exprimé jeudi dernier ses craintes qu’« en tant que membre de la communauté internationale et du Conseil de sécurité de l’ONU, nous ne voulons pas une situation semblable à la Somalie au Sud-Soudan ». Peut être la solution du référendum imposée par l'extérieure (Etats-Unis) lors des accords de paix n'était pas la meilleure solution.... L'indépendance du Sud Soudan va créer un précédent sur un continent et surtout dans une région déjà fragilisée par les rebellions autonomistes (Afars, Ogaden, Oromo...). Le quasi Etat du Somaliland attend toujours sa reconnaissance par la communauté internationale.
"La France contribue par sa présence militaire à Djibouti, au Tchad et en RCA, à la stabilité régionale. Elle va accentuer son effort en Somalie, en réponse aux demandes de l'Union africaine et avec ses partenaires européens. Après les 500 formés à Djibouti, ce sont 2.000 soldats somaliens qui sont actuellement entraînés en Ouganda, tandis que la force africaine AMISOM dont nous avons déjà formé 5.600 hommes, va être renforcée. Bien sûr, il n'y aura pas de solution purement militaire. L'Union européenne, premier donateur d'aide, doit maintenir son effort et, avec tous les autres soutiens extérieurs, aider le gouvernement à élargir son assise politique, préalable nécessaire à la reconstruction de structures étatiques. C'est ce chemin aussi qui permettra de régler dans la durée le problème de la piraterie"
3ème remarque : Dès le début du mandat de l'AMISOM les pays africains (à part l'Ouganda et le Burundi qui avaient besoin d'occuper leurs troupes) ont refusé d'envoyer des troupes dans ce bourbier. De même la mission était au début envisagée comme une opération transitoire jusqu’au déploiement d’une force onusienne or aucune des étapes prévues par le mandat de la mission n’a été réalisée. La pression americano-européenne aidera t-elle à faire évoluer les choses ?
4ème remarque : L'Européanisation de la politique africaine n'est pas forcément pour plaire aux dirigeants de la région. C'est l'une des pierres d'achoppement de la renégociation des accords de défense entre la France et Djibouti.
5ème remarque : Pourquoi vouloir à tout prix reconstruire (construire ?) des structures étatiques dans une société segmentée qui n'a jamais accepté l'existence d'un pouvoir central ? Le nationalisme a tellement marqué l’histoire postcoloniale du pays que la question de l’Etat et son articulation avec la segmentation clanique de la société a été occultée. L'échec de notre politique est là ! Pourquoi vouloir greffer un système qui n'a pas de sens dans cette société ? Le pouvoir politique est présent à chaque niveau de la société, le monopole de la violence légitime par l’Etat n’a donc aucun sens pour les Somaliens et encore moins après l'expérience de S.Barré. Et pourquoi vouloir mettre en place un pouvoir basé la représentation proportionnelle des clans alors que les alliances claniques sont conjoncturelles ?
Qu'en pensez vous ?
Revenons au discours. Que dit le Président ?
"De l'autre côté du Golfe d'Aden, en Somalie, l'enjeu est clair : les attentats meurtriers de Kampala, en juillet, ont montré que les milices islamistes des Shebab ont désormais la capacité d'étendre leurs combats bien au-delà des frontières. Leur victoire à Mogadiscio transformerait la Somalie en base de départ d'Al Qaïda. Elle achèverait de déstabiliser toute une région déjà fragilisée par les déchirements du Soudan."
1ère remarque : Les Shebabs contrôlent déjà presque entièrement Mogadiscio. Depuis la fin des années 90 on s'inquiète de voir la Somalie devenir une base arrière pour Al Qaida ou ses mouvances.
Par ailleurs le mouvement des Shebab compterait dans ses rangs entre 3000 et 4000 combattants maximum (dont 800 étrangers). Bien sûr ces chiffres ne sont pas vérifiables. Disons que c'est la fourchette qui nous intéresse. Mais les forces de l''AMISOM en face sont 6000. Nous aurons beau augmenter leur nombre (8000 à terme), c est la mission qui doit être modifiée (voir ICI).
Les Shebabs sont appuyés par Hizbul Islam même si de nombreuses tensions existent entre les deux. Le gros problème c'est qu'ils ont réussi à se faire passer auprès de la population pour un mouvement de résistance opposé à la coalition Ethiopie/GFT. Les Shebab seraient financés par les milieux d’affaire somaliens au Kenya, aux Emirats Arabes Unis et en Somalie soient de façon volontaire, soit à titre de protection. Les avis divergent sur le lien entre pirates et islamistes. Certains avancent que les Shebab ponctionnent un pourcentage de rançons collectés par les pirates. Voir billet ICI
2ème remarque : C'est après le référendum d'indépendance du Sud Soudan en 2011 que la région risque d'être déstabilisée.
D'ailleurs l’Envoyé spécial russe pour le Soudan, Mikhail Margelov, a exprimé jeudi dernier ses craintes qu’« en tant que membre de la communauté internationale et du Conseil de sécurité de l’ONU, nous ne voulons pas une situation semblable à la Somalie au Sud-Soudan ». Peut être la solution du référendum imposée par l'extérieure (Etats-Unis) lors des accords de paix n'était pas la meilleure solution.... L'indépendance du Sud Soudan va créer un précédent sur un continent et surtout dans une région déjà fragilisée par les rebellions autonomistes (Afars, Ogaden, Oromo...). Le quasi Etat du Somaliland attend toujours sa reconnaissance par la communauté internationale.
"La France contribue par sa présence militaire à Djibouti, au Tchad et en RCA, à la stabilité régionale. Elle va accentuer son effort en Somalie, en réponse aux demandes de l'Union africaine et avec ses partenaires européens. Après les 500 formés à Djibouti, ce sont 2.000 soldats somaliens qui sont actuellement entraînés en Ouganda, tandis que la force africaine AMISOM dont nous avons déjà formé 5.600 hommes, va être renforcée. Bien sûr, il n'y aura pas de solution purement militaire. L'Union européenne, premier donateur d'aide, doit maintenir son effort et, avec tous les autres soutiens extérieurs, aider le gouvernement à élargir son assise politique, préalable nécessaire à la reconstruction de structures étatiques. C'est ce chemin aussi qui permettra de régler dans la durée le problème de la piraterie"
3ème remarque : Dès le début du mandat de l'AMISOM les pays africains (à part l'Ouganda et le Burundi qui avaient besoin d'occuper leurs troupes) ont refusé d'envoyer des troupes dans ce bourbier. De même la mission était au début envisagée comme une opération transitoire jusqu’au déploiement d’une force onusienne or aucune des étapes prévues par le mandat de la mission n’a été réalisée. La pression americano-européenne aidera t-elle à faire évoluer les choses ?
4ème remarque : L'Européanisation de la politique africaine n'est pas forcément pour plaire aux dirigeants de la région. C'est l'une des pierres d'achoppement de la renégociation des accords de défense entre la France et Djibouti.
5ème remarque : Pourquoi vouloir à tout prix reconstruire (construire ?) des structures étatiques dans une société segmentée qui n'a jamais accepté l'existence d'un pouvoir central ? Le nationalisme a tellement marqué l’histoire postcoloniale du pays que la question de l’Etat et son articulation avec la segmentation clanique de la société a été occultée. L'échec de notre politique est là ! Pourquoi vouloir greffer un système qui n'a pas de sens dans cette société ? Le pouvoir politique est présent à chaque niveau de la société, le monopole de la violence légitime par l’Etat n’a donc aucun sens pour les Somaliens et encore moins après l'expérience de S.Barré. Et pourquoi vouloir mettre en place un pouvoir basé la représentation proportionnelle des clans alors que les alliances claniques sont conjoncturelles ?
Qu'en pensez vous ?
Les Grands lacs face à un nouveau génocide ?
A peine réélu et dans un contexte plutôt tendu (voir nos précédents billets ICI) Kagamé doit faire face à une nouvelle affaire.
Hier Le Monde révélait un rapport de l'ONU établissant que des faits de génocide ont pu être commis contre des HUtus en RDC entre 1996 et 1998 par des militaires rwandais soutenus par le Rwanda : « les attaques systématiques et généralisées contre les Hutus réfugiés en RDC révèlent plusieurs éléments accablants qui, s’ils sont prouvés devant un tribunal compétent, pourraient être qualifiés de crimes de génocide ».
Le rapport décrit "la nature systématique, méthodologique et préméditée des attaques contre les Hutu [qui] se sont déroulées dans chaque localité où des réfugiés ont été dépistés par l'AFDL/APR sur une très vaste étendue du territoire". "La poursuite a duré des mois et, à l'occasion, l'aide humanitaire qui leur était destinée a été sciemment bloquée, notamment en province orientale, les privant ainsi d'éléments indispensables à leur survie"."L'ampleur des crimes et le nombre important de victimes, probablement plusieurs dizaines de milliers, sont démontrés par les nombreux incidents répertoriés dans le rapport. L'usage extensif d'armes blanches (principalement des marteaux) et les massacres systématiques de survivants après la prise des camps démontrent que les nombreux décès ne sont pas imputables aux aléas de la guerre. Parmi les victimes, il y avait une majorité d'enfants, de femmes, de personnes âgées et de malades", dénoncent les auteurs.
D'après Le Monde « le président rwandais, Paul Kagamé, a tenté d’empêcher la publication par l’ONU de ce rapport et que Kigali a menacé de retirer ses troupes de opérations de l’ONU en cas de fuites dans la presse ». Au total 3652 Rwandais participent aux missions de maintien de la paix de l'ONU (3326 au Darfour, 298 au Sud Soudan, 21 en Haiti, 4 au LIban, 3 en Centrafrique)
Selon le HCDH, « nous avons dit au Monde que la version finale, officielle serait publiée très rapidement. Nous sommes extrêmement déçus qu’ils aient continué à publier cette version alors qu’ils savaient que ce n’était pas le rapport définitif ».
Le soutien, jusque-là inconditionnel, de la communauté internationale, tend à s’atténuer de plus en plus...
Rappel chronologique :
- novembre 1996 : attaques, par l’armée rwandaise, des camps de réfugiés hutus en RDC. Sans doute plus de 300 000 morts.
- fin 1996 : création de l'AFDL (Alliance des Forces Démocratiques de Libération du Congo) par Laurent-Désiré Kabila.
- mai 1997 : entrée de l’AFDL et des troupes rwandaises à Kinshasa.
- juillet 1998 : Laurent Désiré Kabila expulse les Rwandais.
- 2 août 1998 : opération aéroportée rwandaise sur la base militaire de Kitona (Bas Congo) pour prendre Kinshasa. L’Angola intervient pour sauver LD Kabila.
- 1998 : création, par le Rwanda, du RCD/Goma. Début de la deuxième guerre du Congo.
- 30 juillet 2002 : accords de Prétoria entre le Rwanda et la RDC
- 13 septembre 2002 : annonce du retrait de l'armée rwandaise par le président Kagame mais malgré le retrait annoncé, le Rwanda poursuit une politique d’ingérence dans l’Est de la RDC.
Selon l'ONG International Rescue Committee (IRC), 3,8 millions de personnes auraient péri, entre août 1998 et avril 2004, sur le sol de la RDC, victimes directes ou indirectes des guerres.
Hier Le Monde révélait un rapport de l'ONU établissant que des faits de génocide ont pu être commis contre des HUtus en RDC entre 1996 et 1998 par des militaires rwandais soutenus par le Rwanda : « les attaques systématiques et généralisées contre les Hutus réfugiés en RDC révèlent plusieurs éléments accablants qui, s’ils sont prouvés devant un tribunal compétent, pourraient être qualifiés de crimes de génocide ».
Le rapport décrit "la nature systématique, méthodologique et préméditée des attaques contre les Hutu [qui] se sont déroulées dans chaque localité où des réfugiés ont été dépistés par l'AFDL/APR sur une très vaste étendue du territoire". "La poursuite a duré des mois et, à l'occasion, l'aide humanitaire qui leur était destinée a été sciemment bloquée, notamment en province orientale, les privant ainsi d'éléments indispensables à leur survie"."L'ampleur des crimes et le nombre important de victimes, probablement plusieurs dizaines de milliers, sont démontrés par les nombreux incidents répertoriés dans le rapport. L'usage extensif d'armes blanches (principalement des marteaux) et les massacres systématiques de survivants après la prise des camps démontrent que les nombreux décès ne sont pas imputables aux aléas de la guerre. Parmi les victimes, il y avait une majorité d'enfants, de femmes, de personnes âgées et de malades", dénoncent les auteurs.
D'après Le Monde « le président rwandais, Paul Kagamé, a tenté d’empêcher la publication par l’ONU de ce rapport et que Kigali a menacé de retirer ses troupes de opérations de l’ONU en cas de fuites dans la presse ». Au total 3652 Rwandais participent aux missions de maintien de la paix de l'ONU (3326 au Darfour, 298 au Sud Soudan, 21 en Haiti, 4 au LIban, 3 en Centrafrique)
Selon le HCDH, « nous avons dit au Monde que la version finale, officielle serait publiée très rapidement. Nous sommes extrêmement déçus qu’ils aient continué à publier cette version alors qu’ils savaient que ce n’était pas le rapport définitif ».
Le soutien, jusque-là inconditionnel, de la communauté internationale, tend à s’atténuer de plus en plus...
Rappel chronologique :
- novembre 1996 : attaques, par l’armée rwandaise, des camps de réfugiés hutus en RDC. Sans doute plus de 300 000 morts.
- fin 1996 : création de l'AFDL (Alliance des Forces Démocratiques de Libération du Congo) par Laurent-Désiré Kabila.
- mai 1997 : entrée de l’AFDL et des troupes rwandaises à Kinshasa.
- juillet 1998 : Laurent Désiré Kabila expulse les Rwandais.
- 2 août 1998 : opération aéroportée rwandaise sur la base militaire de Kitona (Bas Congo) pour prendre Kinshasa. L’Angola intervient pour sauver LD Kabila.
- 1998 : création, par le Rwanda, du RCD/Goma. Début de la deuxième guerre du Congo.
- 30 juillet 2002 : accords de Prétoria entre le Rwanda et la RDC
- 13 septembre 2002 : annonce du retrait de l'armée rwandaise par le président Kagame mais malgré le retrait annoncé, le Rwanda poursuit une politique d’ingérence dans l’Est de la RDC.
Selon l'ONG International Rescue Committee (IRC), 3,8 millions de personnes auraient péri, entre août 1998 et avril 2004, sur le sol de la RDC, victimes directes ou indirectes des guerres.
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