vendredi 17 septembre 2010

Futur proxy war entre l'Ouganda et le Soudan ?


Suite de mon billet de mercredi . D'après le lettre de l'Océan Indien : le Justice and Equality Movement (JEM) de Khalil Ibrahim disposerait d'un représentant en Ouganda (un commerçant faisant de l'import-export avec le Sud Soudan). De plus le 8 août 2010, 3 dirigeants du JEM ont rencontré le président Museveni à Kampala pour lui demander un appui diplomatique et une assistance militaire ensuite plusieurs dizaines de rebelles du JEM seraient arrivés pour suivre une formation de sous-officier à l'académie Oliver Tambo (du nom du politicien sud africain anti-Apartheid) de Kaweweta. La Libye aurait joué les entremetteur en contactant, entre autres, Musevini, pour accorder le refuge à Khalil Ibrahim (photo) renvoyé du Tchad.

jeudi 16 septembre 2010

Le Sahel de tous les dangers

L'actualité fait tristement échos à mon billet de mardi.
7 expatriés travaillant dans le nord du Niger ont été enlevés. Selon des témoignages un groupe d’hommes armés aurait encerclé une cité pour expatriés, près de la ville d’Arlit vers trois heures du matin. Ils parleraient arabe et tamachek (la langue des touaregs) et auraient trié leurs prisonniers pour ne garder que 5 Français (3 employés de Satom, une filiale de Vinci et 1 d’Areva avec sa femme), 1 Togolais et 1 Malgache (les 2 derniers auraient été libérés dans la journée. 


La France compte actuellement 3 autres otages dans le monde (1 en Somalie, 2 en Afghanistan) Début janvier 2010 ils étaient 8 mais certains d’entre eux ont été libéré en début d’année : Pierre Camatte (le 23 février au Mali), Olivier Denis et Olivier Frappé (le 14 mars au Darfour) Gauthier Lefèvre (le 18 mars au Darfour). D’après les le ministère des Affaires étrangères, le nombre de Français pris en otage à l’étranger a été multiplié par 3 entre 2007 et 2008.
Une zone d’ombre persiste les otages employés dans les grandes entreprises françaises. D’après un article du Ouest France (Ici) ces « entreprises contractent des assurances auprès de compagnies chargées de régler les rançons aux ravisseurs. « Des opérations confidentielles sur lesquelles on ne communique pas », explique Nicolas Fontvieille, responsable du département « risques de guerre et terrorisme » de la compagnie Global Risks. »
Et les humanitaires sont particulièrement touchés : En 1998, le Centre sur la coopération internationale recensait 27 attaques contre des humanitaires alors qu’en 2008 il y en eu plus de 155. Le risque d’enlèvement a augmenté de 350% en 3 ans.
Les otages dans le monde en janvier 2010 : ICI
Sur les otages exécutés dans le monde : ICI
Précédent billet sur la rébellion touareg ici
Sources : Otages du monde

mercredi 15 septembre 2010

Khartoum neutralise son voisinage avant une nouvelle guerre au Sud ?


Le saviez vous ?
L'Éthiopie importe la majeure partie de son pétrole du Soudan;
Khartoum aurait donné 3 milliard de dollars au Tchad pour cesser de soutenir le Justice and Equality Movement (JEM), l'une des formations rebelles du Darfour, et expulser son dirigeant Khalil Ibrahim Mohamed;
reste encore à neutraliser l'Ouganda qui entrainerait les combattants du JEM.

"De même que le Sud a servi de terrain d'expérimentation pour la guerre au Darfour, le Darfour est aujourd'hui un champ d'expérimentation pour une éventuelle guerre à venir dans le Sud ou ailleurs" (Africa Confidential n°601)

mardi 14 septembre 2010

L'islamisation de l'Afrique nous réserve de mauvaises surprises

Bernard Squarcini, directeur de la DCRI, dans une interview à Politique Internationale (n°127) : "En 15 ans, malgré les efforts des différents service et malgré la coopération internationale, l'islamisme militant a gagné de nouveaux pays : le Nord du Mali (où se sont installées les katibates sahéliennes d'AQMI qui ont dû fuir Alger sous la pression militaire et policière), le Niger, la Mauritanie, et, depuis peu, le Sénégal. Dans 15 ans, le danger sera peut être descendu encore plus au Sud (...). L'islamisation progressive de l'Afrique Noire nous réserve de mauvaises surprises (...) Dans les pays de la zone sahelo-saharienne, et en général dans les zones de djihad, l'enlèvement de ressortissants français - journalistes, membres d'ONG, expatriés...- est une réalité préoccupante."

jeudi 9 septembre 2010

Sur la nature prédictive des Relations internationales

Je soumets à votre réflexion cet extrait tiré de "Théories des relations internationales" de Dario Battistella" :
"A la veille de 1989, obnubilés par la longue paix qu'avait fini par devenir la guerre froide, les internationalistes passaient le plus clair de leur temps à étudier les causes possibles de cette stabilité, et entre 1970 et 1990, les trois grandes revues théoriques de relations internationales qu'étaient à ce moment World Politics, INternational Studies Quaterly et International Organization n'avaient publié en tout et pour tout qu'une demi- douzaine d'articles portant sur le changement, que ce soit au niveau du système international dans son ensemble ou au niveau d'une politique extérieure particulière. Pour ce qui est du 11 septembre, moins de 0,4% des article parus entre 1980 et 1999 dans les quatre grandes revues théoriques américaines des relations internationales ont concerné la religion, et il n'y a pas eu un seul article sur le terrorisme lors des trois années précédant les attentats dans World Politics, International Organization et Security Studies, un seul dans International Studies Quaterly, affirmant qui plus est le déclin du terrorisme transnational, et un seul dans International Security, portant d'ailleurs sur le phénomène terroriste que sur l'état de préparation des États-Unis en cas d'attaque terroriste sur le territoire américain à l'aide d'armes chimiques ou biologiques. Mais ce n'est pas sans raison que les internationalistes ont ignoré le signal que représentait dès 1993 le premier attentat contre le World Trade Center.(...) la production scientifique rend possible au mieux la prévision de la reproduction de ce qui existe ou de ce qui est connu mais ne permet pas de prévoir ce qui ne s'est encore jamais produit car "les scientifiques n'ont pas pour but, normalement, d'inventer de nouvelle théories", ni même de "prendre en compte telle nouveauté fondamentale (...) propre à ébranler [leurs] convictions de base"(T.Kuhn)"

mercredi 8 septembre 2010

Sud Soudan : une indépendance mal préparée

La semaine dernière l'ICG publiait un billet sur le Soudan : Sudan : Defining the North-South Border. On y apprend que l'accord de paix de 2005 prévoyait une démarcation de la frontière entre le Nord et le Sud, or 5 ans plus tard la démarcation n'est toujours pas effectuée.
Ni la délimitation de la frontière ni sa gestion ne sont d'ailleurs dans l'agenda des négociations sur la situation post independance qui ont débuté en juillet. Pourtant les enjeux sont réelles pour la stabilité de la région et les futurs relations entre les 2 parties d'autant que la présence de ressources pétrolières donnent une dimension économique à cette question.
Cette situation n'est pas sans rappeler l'indépendance érythréenne (non délimitation de la frontière, intérêts économiques pour l'Éthiopie avec l'accès à la mer...) qui aboutira à une guerre fratricide en 1998.
La région n'a pas fini de s'enflammer.

mardi 7 septembre 2010

La PESD: instrument de légitimation de la France ?

Les experts ne s'accordent pas sur ce point :
La politique africaine de l'Europe est elle un instrument de pouvoir pour la France (l'opération Eufor Tchad/RCA ne sert-elle pas le régime tchadien ?) ou permet-elle au contraire à la France de normaliser ses relations avec le continent et à l'Union Européenne de développer sa PESD sur le terrain ?

lundi 6 septembre 2010

Les Ethiopiens ont-ils mangé leurs forêts ? par Alain Gascon


A signaler : l'article d'Alain Gascon dans le Diplomatie du mois : "Les Ethiopiens ont-ils mangé leurs forêts ?" (8p.)
Un article passionnant rédigé par le spécialiste de l'Éthiopie (ICI )
Il y rappelle que "l'augmentation générale de la pression foncière a conduit à la suppression de la jachère et la diminution de la taille moyenne des exploitations : de 1,5ha à 0,8ha. De plus en plus nombreux, les Éthiopiens ont mangé leurs forêts pour se nourrir." D'autant que si en 1975 l'Éthiopie (avec l'Érythrée) était peuplée de 25 millions d'habitants aujourd'hui on compte 82,8 millions d'habitants. (1104000km²) "Ces 20 dernières années, selon la FAO, la production alimentaire per capita a constamment diminué et" en 2050, 150 millions d'Ethiopiens devront être nourris.

dimanche 5 septembre 2010

Lutte contre la piraterie : Atalante en passe d'atteindre son but ?


Dans une interview réalisée pour la revue Diplomatie (n°45) Edouard GUillaud, le chef d'Etat-major des armées rappelle que le "but d'Atalante n'a jamais été l'éradication de la piraterie, puisque l'éradication se passera à terre avec un Etat plus stable [un Etat tout court pourrait on préciser] et des moyens de vie décents pour les Somaliens.(...) l'objectif de faire baisser la piraterie à un niveau tel que les voies d'approvisionnements stratégiques du commerce maritime international ne soient plus menacées. Le nombre d'actes de piraterie a augmenté et le nombre d'attaques réussies a diminué. Nous sommes donc en passe d'atteindre ce but".

samedi 4 septembre 2010

L’Allemagne a-t-elle une politique africaine ?

Drôle de question de prime abord quand on sait que l’Allemagne est une ancienne puissance coloniale et une puissance engagée dans la lutte contre le terrorisme, la piraterie, les missions de maintien de la paix au Soudan (Darfour et Sud Soudan), au Congo… Pourtant elle mérite d’être posée et il conviendrait même de se demander si l’Allemagne a déjà eu une politique africaine ?


Bien sûr l’Allemagne a gardé de solides liens avec l’Afrique du Sud et le Sud Ouest du continent (Namibie), des pays d’accueil des émigrants allemands. Mais finalement elle n’a jamais vraiment eu de politique africaine. Dans la période coloniale ses acquisitions étaient subordonnées à l’accord des britanniques et des français et cette question coloniale était toujours traitée comme une politique interne liées aux intérêts commerciaux. L’Afrique n’a été vraiment un sujet important que pour servir la propagande de la République de Weimar après le traité de Versailles.
L’Afrique n’est pas non plus une priorité après la seconde guerre mondiale. Ni Adenauer, ni Erhard, ni Schmidt, ni Kohl ne lui portent un grand intérêt. Les visites sont rares et réservées au Président fédéral, les représentations ont juste des pouvoirs protocolaires.
Aujourd’hui la politique africaine de l’Allemagne est surtout européenne et centrée sur le développement, même si cette politique a évolué depuis le Traité de Nice laissant une place plus large aux questions globales que sont la lutte contre le terrorisme et l’approvisionnement énergétique. La coopération culturelle est plus intense notamment avec l’initiative "Aktion Afrika" lancée en janvier 2008 (20 millions d’€ de budget en 2008 renouvelé en 2009) et l’augmentation du nombre d’Institut Goethe sur le continent. Elle donne une priorité au renforcement des capacités des organisations régionales par l’envoi d’expert auprès de l’UA, le financement d’audits, ou d’infrastructures. Les Allemands ont d’ailleurs construit le nouveau building paix et sécurité de l’UA (20millions d euros).
Malgré tout l’Allemagne a très peu d’initiatives seule et passe par l’UE le plus souvent, ou l’OTAN. Elle base la protection de ses intérêts sur ses bonnes relations avec la France, la Grande-Bretagne et les Etats-Unis. Comportement somme toute assez logique puisqu’après la seconde guerre mondiale la construction d’une politique étrangère allemande s’est faite sous l’égide des Alliés.
L’évolution la plus marquante de la politique étrangère est sa pacification. Pendant la guerre froide les missions hors du territoire national étaient constitutionnellement interdites.
De fait on peut se permettre des rapprochements avec la posture japonaise. En effet, pour la première fois depuis 1945 l’armée japonaise va installer une base à l’étranger (Djibouti) et l’Allemagne a ouvert en début d’année une ambassade dans le même pays. Pourtant les deux pays ont toujours semblé en retrait face aux évolutions majeures du continent. De même ils ont les mêmes priorités : développement de leur aide internationale, de leur modèle en matière de développement durable et renforcement de leur présence dans les organisations internationales. Pour les deux pays la route maritime passant par le détroit de Bab El Mandeb est d’un intérêt majeur et la piraterie touche leurs intérêts commerciaux. Sur les 20000 bateaux qui passent dans le détroit 10% sont propriétés ou contiennent des marchandises japonaises et 90% des exportations japonaises empruntent cette route. Les armateurs allemands représentent quant à eux la troisième flotte commerciale au monde (bien que 80% naviguent sous un autre pavillon…). Les deux pays recherchent aussi des débouchés pour leurs produits.
Cet intérêt naissant pour le continent n’est pas sans arrière-pensées : les deux pays ont besoin du soutien des pays africains s’ils souhaitent obtenir un siège permanent au Conseil de sécurité dans le cadre du « G4 » (Japon, Allemagne, Brésil, Inde).