Dans sa dernière parution la Lettre de l'Océan Indien titre l'un de ses articles "Djibouti préfère Washington à Paris".
Ce titre m'a un peu surprise au premier abord. L'article replace les relations frano-djiboutienne dans le contexte actuel de la négociation des accords de défense, le désaccord porterait sur la formation de l'armée djiboutienne par la France. Et d'ajouter " le désamour n'est jamais très loin dans les relations entre les deux pays". L'argument serait l'existence d'un rapport djiboutien sur le conflit frontalier avec l'Erythrée, rédigé en décembre 2009 par le ministère djiboutien des affaires étrangères :"La souveraineté de Djibouti sur le Ras Doumeira et l'île de Doumeira" où le gouvernement djiboutien souligne le "rôle positif et constructif joué par les Etats-Unis durant les différentes phases de cette crise douloureuse". Il souligne d'ailleurs en premier le soutiien "de la communauté Africaine, Arabe et internationale".
Alors qu'"avec force conviction (...)la France a, dès le début de cette crise, joué un rôle extrêmement négatif portant préjudice aux intérêts vitaux de Djibouti sur la Ras Doumeira et l'île de Doumeira. Cette attitude incompréhensible de la France, allié historique et soutien supposé indéfectible de la République de Djibouti dans ce type de circonstance, a profondément déçu le gouvernement et le peuple Djiboutien et risque d'affecter durablement les intérêts partagés entre les deux pays"
D'accord le gouvernement Djiboutien a pu être déçu de ne pas être plus soutenu par la France lors de cet conflit (la France a apporté un soutien logistique) mais de là à en conclure un étiolement des relations...
jeudi 30 septembre 2010
Sahel : recomposition des zones d'influence
Lundi dernier Thierry Garcin accueillait André Bourgeot (directeur d'études à l'EHESS) pour discuter de la recomposition des zones d'influence dans le Sahel (ICI).
Résumé : "Du Sénégal au Darfour soudanais, la bande saharo-sahélienne frappe par l’importance des distances, la pauvreté des grandes voies de communication (malgré les ancestrales routes des caravanes et les actuels trafics délictueux), les massifs montagneux localisés (Hoggar, Tibesti), la rareté de la végétation et de l’eau (sauf pour le fleuve Niger au Mali).
Monde hostile à l’homme, cette région constitue des « confins », des « marches », un limes aussi, à la tangence de plusieurs mondes. C’est le passage entre le désert et le Sahel puis la savane et la forêt, entre le monde arabe et le monde noir, entre l’islam et le christiano-animisme, entre les nomades (question touarègue spécifique) et les sédentaires. Les pays ont souvent des nords et des suds très différenciés voire contrariés. Le facteur ethnique peut jouer à plein. Et les capitales sont excentrées dans l’extrême-sud. L’unité ou l’identité nationale y est généralement très faible. Des ressources fossiles et minérales attirent les grandes compagnies internationales.
À noter aussi qu’en bordure, le Soudan devrait connaître une violente partition en 2011 et que la Corne de l’Afrique est profondément instable voire en partie démembrée (Somalie)."
Résumé : "Du Sénégal au Darfour soudanais, la bande saharo-sahélienne frappe par l’importance des distances, la pauvreté des grandes voies de communication (malgré les ancestrales routes des caravanes et les actuels trafics délictueux), les massifs montagneux localisés (Hoggar, Tibesti), la rareté de la végétation et de l’eau (sauf pour le fleuve Niger au Mali).
Monde hostile à l’homme, cette région constitue des « confins », des « marches », un limes aussi, à la tangence de plusieurs mondes. C’est le passage entre le désert et le Sahel puis la savane et la forêt, entre le monde arabe et le monde noir, entre l’islam et le christiano-animisme, entre les nomades (question touarègue spécifique) et les sédentaires. Les pays ont souvent des nords et des suds très différenciés voire contrariés. Le facteur ethnique peut jouer à plein. Et les capitales sont excentrées dans l’extrême-sud. L’unité ou l’identité nationale y est généralement très faible. Des ressources fossiles et minérales attirent les grandes compagnies internationales.
À noter aussi qu’en bordure, le Soudan devrait connaître une violente partition en 2011 et que la Corne de l’Afrique est profondément instable voire en partie démembrée (Somalie)."
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mardi 28 septembre 2010
Un café avec le général Desportes
Nous y sommes ! L'Alliance Géostratégiques organise le 7 octobre son premier café stratégique autour du général Desportes (biographie ICI).
Le principe : se réunir une fois par mois autour d'un invité. Le cadre informel du café nous permettra d'être plus proche de l'invité afin de lui poser des questions. L'entrée est libre mais dans la limite des places disponibles.
lundi 27 septembre 2010
Témoignage opération française au Tchad
Je tiens à vous signaler le témoignage d'Yves Cadiou sur l'opération Tacaud (février 1978-mai 1980)au Tchad. En 1978 la France décide de soutenir le gouvernement tchadien contre les forces rebelles du FROLINAT. 18 militaires Français y perdront la vie.
Yves Cadiou était alors capitaine et commandait la 1re compagnie du 3e RIMa, il nous livre ici le témoignage de cette opération, le contexte historique, les problèmes de logistique, l’assaut du village de Djeddaa pour y déloger les rebelles, les liens avec les locaux... Très beau texte remarquablement écrit.
Le texte est mis en ligne ICI et présenté ICI
Bonne lecture !
samedi 25 septembre 2010
Les leçons de l'experience guinéenne
Dans l'émission les Enjeux internationaux le 20 septembre dernier avec Makita Kasongo enseignant à l’université de Lausanne, à écouter ICI:
"Second tour de la présidentielle repoussé. Pourquoi l’expérience politique guinéenne est-elle instructive ?
50 ans de dictature (deux présidents) et d’autarcie. Par la suite, le régime confus et imprévisible du capitaine Camara (2008-2009).
Les massacres de septembre dernier. Une transition que l’on espérait en douceur. Des violences à nouveau, dans un contexte électoral chaotique : 1er tour en juin dernier, second tour repoussé à fin septembre au plus tôt, l’Union africaine et la France s’impatientant.
Questions clés : les raisons des secousses récentes et du blocage actuel ; le rôle de l’armée (le régime de transition est présidé par un général, d’ailleurs prudent) ; les médiations régionales ; les conséquences pour la sous-région."
"Second tour de la présidentielle repoussé. Pourquoi l’expérience politique guinéenne est-elle instructive ?
50 ans de dictature (deux présidents) et d’autarcie. Par la suite, le régime confus et imprévisible du capitaine Camara (2008-2009).
Les massacres de septembre dernier. Une transition que l’on espérait en douceur. Des violences à nouveau, dans un contexte électoral chaotique : 1er tour en juin dernier, second tour repoussé à fin septembre au plus tôt, l’Union africaine et la France s’impatientant.
Questions clés : les raisons des secousses récentes et du blocage actuel ; le rôle de l’armée (le régime de transition est présidé par un général, d’ailleurs prudent) ; les médiations régionales ; les conséquences pour la sous-région."
vendredi 24 septembre 2010
Aide : des paroles, des paroles, des paroles....
Le président N. Sarkozy a annoncé lors de la session d'ouverture du 10ème anniversaire des Objectifs du millénaire pour le développement (OMD) que la France octroierait dans les 3 prochaines années 180 millions d'euros supplémentaires au Fonds mondial de lutte contre le sida, le paludisme et la tuberculose.
Cette annonce m'a rappelé un précédent billet (ICI). En effet, lors du dernier sommet Afrique -France, la France promettait 300 millions aux pays africains pour renforcer leurs capacités sécuritaires. Or cette somme n'était pas débloquée et ajoutée à la politique d'appropriation et d'européanisation que mène déjà la France, c'était la somme déjà consacrée pour ce type d'opération.
Même effet d'annonce semble-t-il cette fois dénoncé par l'ONG Oxfam : "La France nous a appris à nous méfier des annonces généreuses (...ce que le président Sarkozy ne précise pas, c'est que la moitié de cette somme promise au Fonds mondial peut être comptabilisée dans l'initiative du G8 en faveur de la santé maternelle et infantile annoncée en juin. En augmentant sa contribution au Fonds mondial, la France, avec les mêmes fonds, règle une partie de sa note du G8 et recycle sans le dire ses annonces".....ça c'est dit !
La vidéo du discours ICI
Cette annonce m'a rappelé un précédent billet (ICI). En effet, lors du dernier sommet Afrique -France, la France promettait 300 millions aux pays africains pour renforcer leurs capacités sécuritaires. Or cette somme n'était pas débloquée et ajoutée à la politique d'appropriation et d'européanisation que mène déjà la France, c'était la somme déjà consacrée pour ce type d'opération.
Même effet d'annonce semble-t-il cette fois dénoncé par l'ONG Oxfam : "La France nous a appris à nous méfier des annonces généreuses (...ce que le président Sarkozy ne précise pas, c'est que la moitié de cette somme promise au Fonds mondial peut être comptabilisée dans l'initiative du G8 en faveur de la santé maternelle et infantile annoncée en juin. En augmentant sa contribution au Fonds mondial, la France, avec les mêmes fonds, règle une partie de sa note du G8 et recycle sans le dire ses annonces".....ça c'est dit !
La vidéo du discours ICI
jeudi 23 septembre 2010
Dernières publications
Viennent de paraitre :
- Atlas du Mali : La nouvelle édition de juillet 2010. Abondante cartographie : relief et hydrographie, géologie, ressources minières, climat, végétation, histoire, population, agriculture vivrière et de rente, énergie, industrie, commerce extérieur, tourisme, éducation, santé, urbanisation, régions…
Paris, Jaguar, 2010. 144 pages, 30 x 21 cm, broché.
Diplomatie hors-série n°13 Géopolitique et géostratégie des mers et des océans avec notamment : Sécurisation maritime : l’exemple du Cameroun et du Gabon, par Déflorine Grâce Manga Essama, chercheur au Centre de Recherche d’Études Politiques et Stratégiques (Yaoundé II, Cameroun).
- Le rapport "Eritrea: The Siege State" sur le site de l'International Crisis Group. A télécharger ICI
- Atlas du Mali : La nouvelle édition de juillet 2010. Abondante cartographie : relief et hydrographie, géologie, ressources minières, climat, végétation, histoire, population, agriculture vivrière et de rente, énergie, industrie, commerce extérieur, tourisme, éducation, santé, urbanisation, régions…
Paris, Jaguar, 2010. 144 pages, 30 x 21 cm, broché.
Diplomatie hors-série n°13 Géopolitique et géostratégie des mers et des océans avec notamment : Sécurisation maritime : l’exemple du Cameroun et du Gabon, par Déflorine Grâce Manga Essama, chercheur au Centre de Recherche d’Études Politiques et Stratégiques (Yaoundé II, Cameroun).
- Le rapport "Eritrea: The Siege State" sur le site de l'International Crisis Group. A télécharger ICI
mercredi 22 septembre 2010
Elections déstabilisatrices dans le Sahel ?
La fragilité du Sahel fait la une des journaux depuis le regain d'activité d'AQMI et la dernière prise d'otages d'employés Français d'Areva.
L'entrée des États de la zone dans une période d'élections n'est pas rassurante. En effet la redistribution de pouvoir est au combien déstabilisatrice et génératrice de frustrations. On y observe la naissance ou la renaissance de guerres civiles.
Petit aperçu des élections à venir dans la zone :
Burkina Faso : élections présidentielles le 21 novembre 2010 . Par une révision de la Constitution Compaore devrait se représenter pour la 4ème fois.
Niger : référendum constitutionnel le 31 octobre 2010, les élections locales le 08 janvier 2011, les législatives couplées au 1er tour des présidentielles le 31 janvier 2011, le 2ème tour des présidentielles le 12 mars 2011 et le président élu prêtera serment le 6 avril 2011.
Nigéria : janvier 2011
Tchad : les élections générales de 2011 seraient reportées (ICI)
Le Mali et le Sénégal : 2012
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mardi 21 septembre 2010
Le blog fête sa première année d'existence
Good Morning Afrika fête aujourd'hui son premier anniversaire !
Le 21 septembre 2009 je souhaitais pallier à un manque de blogs francophones spécialisés sur l'Afrique (1er billet).
En 1 an, j'ai réussi à trouvé un certain rythme dans la publication des billets, je n'ai pas pu m'empêcher d'écrire majoritairement sur l'Afrique de l'Est (à ma décharge l'actualité y est passionnante) et bien sûr le blog a trouvé des alliés blogueurs en intégrant l'Alliance Géostratégique...
Un an c'est aussi le moment de faire progresser le blog, de se remettre en question pour répondre au mieux à vos attentes donc envoyez vos suggestions, commentaires...j'y apporterai la plus grande attention.
Merci de votre soutien et vive l'année à venir...
Le 21 septembre 2009 je souhaitais pallier à un manque de blogs francophones spécialisés sur l'Afrique (1er billet).
En 1 an, j'ai réussi à trouvé un certain rythme dans la publication des billets, je n'ai pas pu m'empêcher d'écrire majoritairement sur l'Afrique de l'Est (à ma décharge l'actualité y est passionnante) et bien sûr le blog a trouvé des alliés blogueurs en intégrant l'Alliance Géostratégique...
Un an c'est aussi le moment de faire progresser le blog, de se remettre en question pour répondre au mieux à vos attentes donc envoyez vos suggestions, commentaires...j'y apporterai la plus grande attention.
Merci de votre soutien et vive l'année à venir...
lundi 20 septembre 2010
Retour sur la naissance de la rébellion touareg
A la suite de la prise d'otage au Niger la sécurité du site d'Arlit fait polémique.
En effet la sécurité du site était assurée par une entreprise privée, formée par d'anciens rebelles touaregs locaux, et désarmée. Areva a déjà été accusée par le passé d'avoir acheté la paix en aidant des rebelles touaregs. Aujourd'hui, AQMI engloberait des groupes rebelles touaregs mais le rôle des touaregs dans l'enlèvement des employés d'Areva n'est pas défini la prise d'otage n'ayant pas été revendiquée.
Je me permets donc de reprendre un billet que j'avais rédigé sur ce blog le 8 octobre 2009 .
IL y a un an donc la faction historique de la rébellion touarègue au Niger, le Mouvement des Nigériens pour la justice (MNJ), avait annoncé sa décision de déposer les armes. Depuis le pays a encore connu l'instabilité : le 18 février 2010, le président Tandja a été renversé par un coup d’Etat militaire (ICI). Mahamadou DANDA dirige un gouvernement de transition. Les membres du CSRD et du gouvernement se sont officiellement engagés à ne pas se présenter aux futures élections présidentielles. Les élections présidentielles sont prévues pour le 31 janvier 2011.
L’attaque, en février 2007, de la garnison d’Iferouane a marqué l’apparition du MNJ dans le Nord du Niger. La rébellion se constitue de déserteurs, d’anciens rebelles et de jeunes Agadeziens, tous frustrés par leur situation sociale, matérielle et politique. La décentralisation est le thème principal des revendications du MNJ. Elle était apparue lors des accords de paix de 1995 mais la lenteur de la réforme a remis en cause les conditions de la paix. Le traitement de la crise alimentaire de 2005 a mis en évidence les lacunes des infrastructures étatiques vis-à-vis des populations du Nord qui ne bénéficièrent pas des messages d’alerte précoces. Par ailleurs, les conditions de vie des populations pastorales (plus de 410 000 personnes) se sont aggravées du fait de diminution des zones pastorales sous la pression foncière des agriculteurs du Sud. La paupérisation de ces populations pousse les Touaregs a transformer leur mode de vie et à s’installer en périphérie des villes. Donc la mise en œuvre effective de la décentralisation, le développement économique, le respect de la diversité culturelle, la plus grande représentation des populations du Nord dans les instances étatiques, l’administration et l’armée sont au cœur des revendications touaregs. Cependant afin d’éviter une trop grande coloration ethnique de ses demandes le mouvement reprend des thématiques comme celles de la rente uranifère, et des subventions accrues pour les régions du Nord dans lesquelles l’ensemble des populations de ces régions se retrouve.
C’est par l’intermédiaire de la question environnementale que le MNJ a intégré la question uranifère à ses revendications. Il a repris le rapport de l’association Sherpa2 et du CRIIRAD3 sur les pollutions radioactives et les conditions sanitaires des travailleurs à Arlit. Le MNJ demande explicitement un versement de 50 % des revenus des sociétés d’exploitation au profit des collectivités locales. Le MNJ s’appuie sur un contexte international favorable, avec l’adoption le 14 septembre 2007 par l’Assemblée Générale de l’ONU de la déclaration des peuples autochtones qui stipule que ces peuples ne peuvent pas être expulsés de leur territoire sans leur consentement libre et informé.
Notes géopolitiques : Le Niger se trouve happé dans les rivalités géopolitiques qui opposent les capitales arabes (Libye et Algérie) pour le contrôle du Sahel. Ces pays, prennent une importance grandissante eu égard à la lutte antiterroriste, et sont en train de devenir un pôle majeur. La Libye aimerait faire du Niger (et du Tchad) des zones d’intérêt stratégique, mais ses moyens ne le lui permettent plus. Elle a, dans cette région, une volonté de regroupement hégémonique, qu’elle a tenté d’accomplir par des moyens militaires, mais qui désormais passe par les moyens économiques. Dans cette zone, la Libye tente de sauvegarder ou d’accroître. En outre, certains rebelles seraient revenus d’exil en Algérie et en Libye et le MNJ bénéficierait de soutiens financiers et matériels des Touaregs algériens et libyens. Il semble que les rebelles n’ont pas de problème pour se procurer des armes dans cette région poreuse (il est difficile de surveiller la frontière nigéro-algérienne longue de 900km). Un marché parallèle existerait avec des armes venant de Côte d’Ivoire. Sur le terrain, l’État nigérien a privilégié une logique de répression contre les soutiens supposés du MNJ avec l’envoi de renforts militaires.
En effet la sécurité du site était assurée par une entreprise privée, formée par d'anciens rebelles touaregs locaux, et désarmée. Areva a déjà été accusée par le passé d'avoir acheté la paix en aidant des rebelles touaregs. Aujourd'hui, AQMI engloberait des groupes rebelles touaregs mais le rôle des touaregs dans l'enlèvement des employés d'Areva n'est pas défini la prise d'otage n'ayant pas été revendiquée.
Je me permets donc de reprendre un billet que j'avais rédigé sur ce blog le 8 octobre 2009 .
IL y a un an donc la faction historique de la rébellion touarègue au Niger, le Mouvement des Nigériens pour la justice (MNJ), avait annoncé sa décision de déposer les armes. Depuis le pays a encore connu l'instabilité : le 18 février 2010, le président Tandja a été renversé par un coup d’Etat militaire (ICI). Mahamadou DANDA dirige un gouvernement de transition. Les membres du CSRD et du gouvernement se sont officiellement engagés à ne pas se présenter aux futures élections présidentielles. Les élections présidentielles sont prévues pour le 31 janvier 2011.
L’attaque, en février 2007, de la garnison d’Iferouane a marqué l’apparition du MNJ dans le Nord du Niger. La rébellion se constitue de déserteurs, d’anciens rebelles et de jeunes Agadeziens, tous frustrés par leur situation sociale, matérielle et politique. La décentralisation est le thème principal des revendications du MNJ. Elle était apparue lors des accords de paix de 1995 mais la lenteur de la réforme a remis en cause les conditions de la paix. Le traitement de la crise alimentaire de 2005 a mis en évidence les lacunes des infrastructures étatiques vis-à-vis des populations du Nord qui ne bénéficièrent pas des messages d’alerte précoces. Par ailleurs, les conditions de vie des populations pastorales (plus de 410 000 personnes) se sont aggravées du fait de diminution des zones pastorales sous la pression foncière des agriculteurs du Sud. La paupérisation de ces populations pousse les Touaregs a transformer leur mode de vie et à s’installer en périphérie des villes. Donc la mise en œuvre effective de la décentralisation, le développement économique, le respect de la diversité culturelle, la plus grande représentation des populations du Nord dans les instances étatiques, l’administration et l’armée sont au cœur des revendications touaregs. Cependant afin d’éviter une trop grande coloration ethnique de ses demandes le mouvement reprend des thématiques comme celles de la rente uranifère, et des subventions accrues pour les régions du Nord dans lesquelles l’ensemble des populations de ces régions se retrouve.
C’est par l’intermédiaire de la question environnementale que le MNJ a intégré la question uranifère à ses revendications. Il a repris le rapport de l’association Sherpa2 et du CRIIRAD3 sur les pollutions radioactives et les conditions sanitaires des travailleurs à Arlit. Le MNJ demande explicitement un versement de 50 % des revenus des sociétés d’exploitation au profit des collectivités locales. Le MNJ s’appuie sur un contexte international favorable, avec l’adoption le 14 septembre 2007 par l’Assemblée Générale de l’ONU de la déclaration des peuples autochtones qui stipule que ces peuples ne peuvent pas être expulsés de leur territoire sans leur consentement libre et informé.
Notes géopolitiques : Le Niger se trouve happé dans les rivalités géopolitiques qui opposent les capitales arabes (Libye et Algérie) pour le contrôle du Sahel. Ces pays, prennent une importance grandissante eu égard à la lutte antiterroriste, et sont en train de devenir un pôle majeur. La Libye aimerait faire du Niger (et du Tchad) des zones d’intérêt stratégique, mais ses moyens ne le lui permettent plus. Elle a, dans cette région, une volonté de regroupement hégémonique, qu’elle a tenté d’accomplir par des moyens militaires, mais qui désormais passe par les moyens économiques. Dans cette zone, la Libye tente de sauvegarder ou d’accroître. En outre, certains rebelles seraient revenus d’exil en Algérie et en Libye et le MNJ bénéficierait de soutiens financiers et matériels des Touaregs algériens et libyens. Il semble que les rebelles n’ont pas de problème pour se procurer des armes dans cette région poreuse (il est difficile de surveiller la frontière nigéro-algérienne longue de 900km). Un marché parallèle existerait avec des armes venant de Côte d’Ivoire. Sur le terrain, l’État nigérien a privilégié une logique de répression contre les soutiens supposés du MNJ avec l’envoi de renforts militaires.
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