vendredi 28 mai 2010

Perspectives Economiques en Afrique : la corruption reste un fléau


Lancement lundi du rapport Perspectives Economiques en Afrique 2010 et selon le rapport la corruption reste un véritable fléau en Afrique. Citant l’indice 2009 de perception de la corruption de Transparency International, dans pratiquement 70 % des pays africains couverts, le rapport note que la corruption est toujours considérée comme omniprésente (note inférieure à trois sur une échelle de dix).
Dans plus d’un quart des pays, elle constitue un problème de taille. Comme en 2008, seuls le Botswana, Maurice et le Cap-Vert obtiennent une note supérieure à cinq, selon la même source.

Le rapport se félicite par ailleurs de la progression de la gouvernance économique en Afrique, qui a continué d’améliorer son environnement réglementaire en 2009

Plusieurs pays ont introduit de nouvelles lois ou réformé d’anciens textes, afin de faciliter la pratique des affaires, note le document et selon l’édition 2010 du
rapport Doing Business de la Banque mondiale, 67 réformes réglementaires ont été
enregistrées dans 29 des 49 pays d’Afrique subsaharienne
.

Le rapport note aussi que pour la première fois, c’est un pays africain – le Rwanda – qui est le réformateur le plus actif du monde.

Maurice continue d’afficher de bons résultats pour la facilité globale de faire des affaires, en se classant à la 17e place sur les 183 pays couverts.

Les Perspectives économiques africaines (AEO) sont une publication annuelle préparée et publiée conjointement par la BAD, le Centre de développement de l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) et la Commission économique des Nations unies pour l’Afrique (CEA).Le Rapport passe en revue et analyse les résultats économiques des pays africains et fournit des informations pays par pays sur les perspectives à court et moyen terme sur le Continent.

Selon le même rapport : à cinq ans de l’échéance fixée pour la réalisation des Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD) des Nations Unies, les progrès sont dans l’ensemble ‘’trop lents’’ pour qu'ils soient atteints en Afrique.
Les gouvernements africains doivent arbitrer entre la réalisation de tous les objectifs à la date prévue ou la réalisation des objectifs jugés les plus vitaux pour leur développement à long terme, selon le rapport qui a détaillé les avancées des sept objectifs définis par les objectifs du Millénaire pour le développement.
S’agissant de la pauvreté, le rapport note que cet objectif a connu un sérieux revers l’année dernière.

« La croissance alerte de l’Afrique observée entre 2000 et 2008 a été brusquement interrompue par la crise financière mondiale », souligne le document, selon lequel bien que les données ne soient pas encore disponibles, la crise semble avoir annulé les gains obtenus dans de nombreux pays africains en termes de lutte contre la pauvreté, compromettant sérieusement l’atteinte de cet objectif.

La Banque africaine de développement (BAD) estime à environ 50 milliards USD supplémentaires par an le besoin de financement pour parvenir aux taux de croissance du PIB nécessaires à la réalisation de l’objectif qui vise à réduire de moitié la pauvreté d’ici 2015

« Si la famine a été éradiquée dans de nombreuses régions (comme en Afrique du Nord), elle fait encore partie des réalités dans plusieurs pays (notamment au Burkina Faso, en Érythrée, à Madagascar, au Niger et au Tchad) », selon la même source.

En ce qui concerne la lutte contre le VIH/Sida, le paludisme et d'autres maladies, le rapport note que le tableau demeure ''préoccupant''.

''En 2008, l’Afrique subsaharienne a concentré les deux tiers
environ des nouvelles infections au VIH de par le monde chez les adultes et 90 % environ chez les enfants'' , souligne le document relevant en outre, que pratiquement trois quarts des décès liés au sida dans le monde en 2008 ont été enregistrés dans cette région

"Malgré des résultats encourageants, il faut redoubler d’efforts pour réaliser les cibles en la matière", préconise le document.

Concernant l'éducation, le rapport indique que le continent risque de passer, sans doute de peu, à côté de cet objectif, malgré une amélioration en valeur absolue des taux de scolarisation et d’achèvement dans le primaire.

Dans le domaine de la promotion de l’égalité des sexes et l’autonomisation des femmes, le document souligne que les progrès sont plus mitigés. "Si la parité entre les sexes dans le primaire est en passe d’être atteinte, cet objectif impose aussi de parvenir à la parité dans le secondaire et dans le supérieur, à l’égalité hommes-femmes dans l’emploi et à une plus grande représentation
politique des femmes'', note la même source.

En 2009, rappelle - t-on, la tendance à l’augmentation de la proportion de femmes dans les parlements nationaux, déjà visible en 2008, s’est confirmée. Le Rwanda, l’Angola et le Mozambique sont les meilleurs élèves du continent.


Sources : APA

mardi 25 mai 2010

Colloque CID-HEC-ENA : quelle compétitivité stratégique pour la France au XXIème siècle

Le 26 mai se tiendra à l'Ecole militaire un colloque sur la compétitivité stratégique de la France au XXIème siècle, organisé par le Collège Interarmées de Défense, HEC et l'ENA.

Pour la première fois trois grandes écoles – le Collège interarmées de défense (CID), l’Ecole nationale d’administration (ENA) et l’Ecole des Hautes études commerciales (HEC) – organisent conjointement un colloque de stratégie, le 26 mai 2010 à l’Ecole militaire. Le thème retenu porte sur « Quelle compétitivité stratégique pour la France au XXIe siècle ? ». L’objectif visé : celui de réunir les futurs décideurs des domaines de la Défense, de la haute administration et de l’entreprise, à croiser leurs regards sur l’avenir de notre pays.

Le colloque est articulé autour de quatre table rondes sur les thèmes « Les fondements de la puissance », « Nouvelles conflictualités et sécurité globale », « Universalité ou spécialisation ? » et « Quelle place pour la société française ? »

A l’issue des débats, le colloque sera clôturé par le général de Villiers, major général des armées.
Infos ICI
Télécharger l'article paru dans la revue Défense Nationale N° 730 du mois de mai 2010 : quelle compétitivité stratégique pour la France au XXIéme siécle
Télécharger l'article paru dans la revue Défense Nationale N° 728 du mois de mars 2010 sur la compétitivité stratégique ICI

lundi 24 mai 2010

Sortie de l'ouvrage les Enjeux diplomatiques et stratégiques 2010 (actualisé)

Sortie dans une dizaine de jours de l'ouvrage collecif Enjeux diplomatiques et stratégiques 2010 auquel j'apporte une contribution avec un article sur l'Afrique du Sud : "L’INOXYDABLE ANC : COMMENT INTERPRETER LES ELECTIONS DE 2009 EN AFRIQUE DU SUD ?"
En effet, le 22 avril 2009, la République sud-africaine a élu un nouveau Parlement, qui lui-même a élu un nouveau Président de la République. Jacob Zuma, investi le 6 mai 2009, assume donc les fonctions de chef de l’Etat et chef de l’exécutif national, comme le prévoit la Constitution sud-africaine de 1996. Parti historique de Nelson Mandela, le Congrès National Africain (ANC), bénéficie toujours de l’aura des mouvements de libération, et règne sans partage sur la scène politique du pays depuis 1994. Présentées six mois avant comme les élections les plus disputées depuis 1994, la campagne n’a pas tenu ses promesses et l’ANC s’est de nouveau largement imposé. Néanmoins l’ANC est autant un parti qu’un forum, et les rivalités qui y naissent sont apparues plus fortes que jamais. Dans un contexte de crise financière et économique internationale, une bonne partie des promesses électorales sera impossible à tenir. Les élections du 21 avril 2009, marquent-elles la fin de l’état de grâce post-apartheid du parti hégémonique ?.....la suite dans vos librairies !

Présentation de l'ouvrage par l'éditeur :
La crise a complexifié l'échiquier international. En rompant avec la politique de son prédécesseur, le Président Obama a redonné une image à l'Amérique. Il lui reste à réussir le plus difficile : sortir son pays des conflits post 11 septembre. De la dynamique de l'Asie orientale à la nouvelle politique du Brésil, la sortie de crise accélère l'émergence d'un système multipolaire. Un monde "post-américain" serait-il en train de naître alors que s'ouvre la deuxième décennie du XXIème siècle ?

dimanche 23 mai 2010

L'Afrique des religions : chrétiens et musulmans à égalité

Selon le Pew Research Center les 2 religions s'équilibrent sur l'ensemble du continent (1)


Sur 1 milliard d'habitants, 400 à 500 millions se revendiquent de l'islam et la même fourchette du christianisme.
Islam : le nombre de musulmans est passé de 11 millions en 1900 à 234 millions en 2010
Évolution plus rapide du nombre de chrétiens : de 7 millions à 470.
D'après l'étude la zone de rencontre se situe au milieu du continent "sur une ligne qui va de la Somalie au Sénégal (...)cette zone est une faille religieuse sensible où sont intervenues les premières attaques d'Al Qaïda, comme l'explosion des ambassades américaines au Kenya et en Tanzanie, en 1998, et, plus récemment les conflits ethniques du Nigeria" auxquels on pourrait ajouter la crise ivoirienne.

L'étude relève également le grand degré de tolérance de chacune des obédiences par rapport à l'autre "chose surprenante" même s'il "ne faut pas rosir" la situation.

A noter que le nombre d'animiste diminue mais "les croyances et pratiques religieuses traditionnelles continuent d'être adoptées par un grand nombre de musulmans comme de chrétiens".

Lire aussi le billet de JPG sur AGS : "Le pentecôtisme, bras armé de l’impérialisme américain en Afrique subsaharienne ?"


(1) Enquête menée dans 19 pays de décembre 2008 à avril 2009.
Photo 1 : Cathédrale Notre Dame de la Paix à Yamoussoukro (Côte d'Ivoire)
Photo 2 : Grande Mosquée de Touba au Sénégal

vendredi 21 mai 2010

La reine mère et l’Afrique

Ce billet est publié en parallèle sur Good Morning Afrika et sur AGS.
Le regain d’intérêt du Royaume-Uni pour l’Afrique date de l’arrivée au pouvoir de Tony Blair qui écrivait en 2006 dans un article de presse : « le monde doit nous juger sur l’Afrique » (1).


Ce renouveau d’intérêt s’est notamment traduit par la création d’un ministère autonome, le Department for International Development (DFID) qui remplace l’Overseas Development Administration (ODA). Et le rôle de ce ministère fut particulièrement salué lors de la crise en Sierra Leone, pour le rôle de coordinateur qu’il a su jouer au sein d’un organisme interministériel.
Politiquement la concurrence avec la France est réelle, notamment concernant la question de la prééminence sur le pôle de règlement des crises de la CEDEAO, malgré une approche commune et partagée. Les zones britanniques sont naturellement les zones issues de la colonisation. Cependant, comme les autres puissances, elle cherche à se diversifier.
Économiquement, les compagnies britanniques sont présentes dans les anciennes colonies où leurs intérêts sont restés importants. Les ONG agissant pour le continent dans le domaine de l’humanitaire sont nombreuses (Global Witness, Oxfam, International Alert ...). Les Églises anglicanes, baptistes et protestantes ont un poids politique non négligeable. Le Commonwealth permet à la Grande-Bretagne de conserver un leadership sur son « héritage colonial ». Ainsi sur 54 États membres 19 sont africains.


La prépondérance de l’influence britannique n’est pas remise en cause en Sierra Leone où la Grande-Bretagne a fortement participé à la reconstruction de l’État après 2000, notamment sur le plan sécuritaire (avec la formation de 8000 policiers). Cet effort s’inscrit dans le temps avec la signature, en 2002, d’un Long Term Partnership Agreement. Par ailleurs la Grande-Bretagne souhaite s’appuyer sur le Nigeria, son ex-colonie pour étendre son leadership sur la région (CEDEAO en particulier). Les réserves pétrolières y sont exploitées par l’anglo-néerlandaise Royal Dutch Shell et le britannique British Petroleum. Mais le Nigeria est également devenu une zone d’importance majeure pour les États-Unis et l’influence britannique tend à décliner à leur profit.
Le Kenya, ancienne colonie britannique, est une zone dans laquelle les britanniques ont une capacité à imposer leur vision. Il y demeure beaucoup de colons d’origine britannique, et le pays vit essentiellement du tourisme qui a cependant souffert des attentats terroristes de 1998 à Nairobi et 2002 à Dar es Salam. Dans le domaine militaire, une British Peace Support Team permanente a été installée pour soutenir l’école de maintien de la paix (Peace Support Training Center, PSTC). De plus, le Kenya sert à l’entraînement des troupes britanniques.
La Tanzanie est aussi une ancienne colonie britannique et fait partie du Commonwealth. Elle est la première bénéficiaire de l’aide au développement britannique en Afrique.
Nous ne pouvons pas passer tous les pays en revue mais nous pourrions nous pencher également sur les cas du Ghana, ou du Soudan, ancienne colonie britannique, où la Grande-Bretagne, a soutenu activement le processus de paix inter-soudanais par l’intermédiaire de la Troïka américano-britannico-norvégienne et a assuré en grande partie le financement du projet de référendum d’autodétermination du Sud-Soudan, du Liberia où l’ONG Oxfam est très active, de l’Ouganda dans les premiers bénéficiaires de l’aide au développement , de l’Afrique du Sud où la Grande Bretagne entre en concurrence avec les États-Unis, la France et l’Allemagne et la Chine. Enfin, le Botswana, la Namibie, le Mozambique et la Zambie sont des pays dans lesquels la Grande-Bretagne est présente depuis longue date. Le cas du Zimbabwe est singulier. Cette ancienne colonie est en rupture de ban avec Londres pour avoir dépossédé de leurs terres les fermiers blancs lors d’une réforme agraire. Il a quitté le Commonwealth en 2003. Le Malawi reçoit à lui seul plus d’aide au développement que l’Afrique australe : 52 millions de livres en 2002-2003 contre 39,7 millions pour toute l’Afrique australe durant la même période.
Au niveau de la coopération, les britanniques s’appuient officiellement sur les principes de respect des Droits de l’homme et d’une bonne gouvernance dans la ligne des idées développées par le parti travailliste. Sous l’égide du DFID toute la politique africaine de la Grande-Bretagne a été revisitée. Mais le réalisme politique prime toujours. Ainsi les relations avec le Nigeria n’ont jamais été remises en questions malgré les massacres de populations au Nord et au Sud. De même avec l’Ouganda pour les questions de gouvernance ou avec le Kenya pour la corruption.
La coopération militaire semble, par certains côtés, assez similaire à celle mise en place par la France avec : des attachés militaires britanniques et des cadres britanniques formateurs dans les pays anglophones. L’un des points d’application de cette formation concerne la formation au maintien de la paix mais ces programmes (BPST, les BMATT, l’IMATT, le Defence Public Service Agreement (PSA)) sont très réduits comparés aux programmes français ou américains. La coopération concerne aussi l’accueil de stagiaires au Royaume-Uni, la participation à des opérations de l’ONU (MONUC et UNMO en RDC, UNAMSIL en Sierra Leone, UNMIL et UNMO au Liberia, enfin UNMEE en Éthiopie). Par ailleurs la Grande-Bretagne utilise les zones désertiques du nord Kenya pour entraîner ses troupes au combat en zone aride (comme la France à Djibouti.
Nous l’avons vu l’histoire de la colonisation anglaise et des relations difficiles avec la France a encore aujourd’hui des prolongements dans le partage des zones d’influence.
(1) Lire notamment Alex Vines et Tom Cargill, « « Le Monde doit nous juger sur l’Afrique ». L’héritage africain de Tony Blair », in Politique Africaine, n°101, avril 2006, p.132-147

jeudi 20 mai 2010

Vie du blog

Vous l'aurez remarqué Good Morning Afrika se dote d'une nouvelle bannière. Je remercie Charles Bwele un allié de l'Alliance Géostratégique pour sa créativité !

L'Afrique en vogue dans les grandes écoles

La lettre du continent propose cette semaine un article (gratuit) intitulé "Sciences Po découvre l'Afrique". Selon la lettre l'Afrique est "redevenue tendance jusque dans les grandes écoles."

Ainsi Sciences Po (Paris) inaugurera un Campus euro-africain en septembre 2011 dans le but de : ne pas "marginaliser l'Europe en Afrique". Le comité d'experts chargé de préparer le campus compte :

Pour le "milieu des affaires" : Lionel Zinsou (PAI Partners), Anthony Bouthelier (CIAN), Marwan Mabrouk (groupe Mabrouk), Jacques Sarrazin (Lafarge), Jean-Noël Tronc (Canal plus horizons), Alain Viry (CFAO), Amine Tazi-Riffi (McKinsey & Co.), Barthélémy Faye (Cleary Gottlieb Steen & Hamilton LLP).

Chez les politiques : l'ancien ministre Hubert Védrine et l'inspectrice des finances Nathalie Delapalme participaient aussi au brainstorming.

Ceux "de la maison" : Francis Vérillaud (directeur des échanges), Françoise Mélonio (doyenne du collège), Nadia Marik (directrice du développement) et Hervé Crès (directeur adjoint). Vincent Foucher (CNRS), Roland Marchal et Sandrine Perrot, tous deux du CERI, complétaient le groupe de chercheurs.

mercredi 19 mai 2010

Une nouvelle approche pour la Somalie ?


A lire (ou relire) le rapport de Bronwyn E.Bruton (Council on Foreign relattions) : partant du constat du sentiment anti américaniste au sein de la population (et d'un rejet plus général de l’étranger) et qui pourrait accroitre le soutien à Al Qaïda, propose une nouvelle approche : le « désengagement constructif » en encourageant les fissions au sein des groupes fondamentalistes sans chercher à faire émerger un gagnant mais en signalant sa volonté de travailler avec n’importe quel groupe ou gouvernement qui émergerait s’il accepte de renoncer à : ses actes belliqueux à l’encontre des pays voisins, à son ambition djihadiste et accepte les organisations humanitaires occidentales sur le territoire somalien. De même au lieu de concentrer ses efforts sur la construction d’un Etat central il faut encourager les initiatives localisées de développement économique. L’expert le reconnaît cette stratégie est risquée mais les alternatives sont beaucoup plus dangereuses....

Le rapport : Somalia : a new approach à télécharger ICI

lundi 17 mai 2010

Des fleuves et des hommes : le Nil

A la suite de mon billet sur le partage des eaux du Nil hier : voici un extrait de l'excellente émission Des fleuves et des hommes sur le Nil.
Téléchargez la vidéo dans sa totalité ICI

dimanche 16 mai 2010

Partage des eaux du Nil : l'Egypte refuse toute négociation

L’Ethiopie, l’Ouganda, le Rwanda et la Tanzanie ont le 14 mai à Entebbe (Ouganda) un nouvel accord sur le partage des eaux du Nil, malgré le boycott de l’Egypte et du Soudan, et en l’absence du Burundi et de la République démocratique du Congo (RDC), pays du Bassin du fleuve. Dans une déclaration, le Kenya a affirmé son soutien au nouveau texte, sans le signer pour le moment.

L’Egypte et le Soudan, qui estiment avoir des « droits historiques » sur le Nil, et qui sont les principaux bénéficiaires du dernier traité de partage des eaux datant de 1959, n’étaient pas présents à la cérémonie. Les deux pays avaient clairement exprimé depuis plusieurs mois leur hostilité à ce projet de nouvel accord cadre. « Les accords sur le partage des eaux du Nil sont sacrés et ne peuvent être remis en question car ils relèvent du principe de l’intangibilité des frontières », a déclaré Hossam Zaki. Le porte-parole du ministère égyptien des Affaires étrangère a estimé que l’accord signé entre quatre pays aux sources du Nil à Entebbe n’était pas contraignant pour l‘Egypte. La presse cairote de ce samedi révèle que les autorités égyptiennes ont commencé une campagne auprès des bailleurs de fonds internationaux pour empêcher la réalisation de tout projet pouvant réduire son quota. Avec 55 milliards et demi de mètres cube par an, l’Egypte dispose de plus de la moitié du débit du Nil.
Le traité actuel a été conclu en 1929 entre l'Egypte et la Grande-Bretagne coloniale, puis revu en 1959. Il accorde aux Egyptiens un quota de 55,5 milliards de m3 et de 18,5 mds aux Soudanais, soit au total 87% du débit du fleuve calculé à la hauteur d'Assouan, en Haute-Egypte. Le Caire dispose en outre d'un droit de veto sur les travaux en amont susceptibles d'affecter le débit du fleuve, comme des barrages, des stations de pompage ou des installations industrielles pour l'irrigation. Or 85% du Nil provient du territoire éthiopien. Addis-Abeba souhaiterait imposer sa vision de l’aménagement du Nil en empêchant Le Caire de réaliser ses grands projets hydriques et en le forçant à s’asseoir à la table des négociations.
Avec une population de 80 millions d'habitants -la plus importante du monde arabe- en forte croissance, les besoins en eau de l'Egypte dépasseront en 2017 ses ressources hydrauliques, selon des statistiques officielles. L’Egypte est donc confrontée à un stress hydrique, démographique et social. Le pays doit se tourner vers le Nil et réaliser des projets très couteux, qui ne seront pas sans incidence sur les autres nations en amont. Ainsi, le barrage d’Assouan (1971), entre l’Egypte et le Soudan suscite quelques tensions.
Pour Hani Raslan, du Centre al-Ahram d'études stratégiques du Caire, "la seule solution réside dans la coopération" autour notamment de 22 projets en matière d'énergie, d'irrigation ou d'économies d'eau examinés dans le cadre de l'Initiative du Bassin du Nil (IBN), qui regroupe tous les pays concernés. En coulisses, les diplomates égyptiens font observer que les pays africains de l'amont ont peu de chances de trouver les financements internationaux nécessaires pour de grands travaux sur le fleuve s'il n'y a pas consensus entre les pays du bassin. Le ministre égyptien de l'Eau et de l'Irrigation, Mohammed Allam, a quant à lui affirmé devant le Parlement que l'Egypte "se réserve le droit de prendre toutes les mesures pour défendre ses droits".
"Les Égyptiens se comportent avec les Africains comme ils reprochent aux Israéliens de le faire avec les Palestiniens: ils disent vouloir négocier, mais sans rien céder sur les questions épineuses", ironise un diplomate occidental au Caire.

Rappelons quelques éléments géopolitiques.
Avec ses 6671 km, le Nil est le plus long fleuve du monde. Il prend sa source dans la région des Grands Lacs. Son bassin couvre une superficie équivalente à six fois la France (3 030 700 km ²) et ses affluents s’étendent sur dix pays. L’irrigation et la production hydro-électrique constituent les principaux enjeux de ce fleuve.
Plus d’informations sur l’aspect juridique du partage des eaux : ICI