mercredi 16 janvier 2013

L'armée malienne en reconquête, le risque de massacres


Dernièrement le chercheur Pierre Boilley avertissait :


 « Il ne faut pas laisser la main à la seule armée malienne. Le risque est grand que les autorités de Bamako, soutenues par une armée putschiste, ne profitent de la présence des militaires français au Mali pour mener de larges représailles contre les Touareg à l'abri du paravent antiterroriste. On peut s'inquiéter quand on entend le président malien par intérim, Dioncounda Traoré, appeler à la reconquête. Nous savons déjà que les civils touareg ne sont pas épargnés par les soldats maliens.
Les Français en ont conscience car des contacts existent avec le MNLA pour ne pas confondre ses forces avec celles des islamistes. La stabilité du Mali ne peut se faire sans régler la question touareg et le problème de la marginalisation du nord du pays qui ont nourri le terreau djihadiste." (Source: ICI)
Depuis le commencement  des opérations au Mali, plusieurs témoignages font aussi déjà état de vengeances et de punitions contre les populations non noirs : ICI et ICI


 Ce problème est ethnico racial et peut s’expliquer par une profonde division entre « Afrique noire » et « Afrique blanche » qui marque les mémoires collectives locales et caractérise les Etats situés entre les latitudes 10°Nord et 20° Nord. Le Sahara est ainsi un pont entre le bled es sudan (« pays des Noirs ») et le bled es beidan (« pays des Blancs »). Beaucoup de conflits trouvent leur origine dans la mémoire de la traite (islamo arabe puis européenne), souvent facilitée par des populations locales. A cette opposition ; il faudrait ajouter celle entre les populations sédentaires méridionales et les nomades (Toubou, Touaregs, Maures) se considérant, par opposition, comme Blancs. Pour Medhi Taj : « cette fracture raciale Nord-Sud, ancrée dans l’histoire, est à la base d’une profonde conscience ethnico-tribale structurant les sociétés du sahel africain et brouillant la pertinence du concept occidental d’Etat Nation.[1]»



[1] Medhi Taj, « Les clefs d’une analyse géopolitique du Sahel africain »

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