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lundi 12 mars 2012

La Corne de l'Afrique : Vers un nouvel ordre régional ? (conférence)

A l'occasion de la sortie du numéro 18 de la revue Sécurité Globale (ICI et ICI pour commander le numéro), consacrée à la Corne de l'Afrique, l'ANAJ-IHEDN, en partenariat avec l'Institut Choiseul, organisera le 5 avril (19H30-21h) une conférence à l'Ecole militaire.



Autour du numéro de Sécurité Globale (n°18) coordonné par Sonia LE GOURIELLEC seront présents:

Alain GASCON
Géographe, professeur émérite à l’Institut français de géopolitique de Paris VIII

Hanna OUAKNINE
Auteur de "Londres-Mogadiscio, Al-Shebab et la jeunesse somalienne" (Ed. Harmattan)

Jean-Nicolas BACH,
Docteur en Science politique, Centre de recherche "Les Afriques dans le Monde" IEP Bordeaux - CNRS

Léonard VINCENT
Journaliste
Auteur de l'ouvrage "Les Erythréens" (Ed. Rivages)



Inscription obligatoire : (entrée gratuite) ICI

Contact : afrique@anaj-ihedn.org

Lieu : Amphithéâtre Desvallières - Ecole Militaire
Entrée par le 1 place Joffre – Paris VII
Pas de parking / Métro : École militaire - Ligne 8

vendredi 2 mars 2012

Numéro spécial sur la Corne de l'Afrique

L'auteure de ce blog a eu l'honneur de coordonner un numéro spéciale de la revue Sécurité Globale dont le dossier principal est consacré à la Corne de l'Afrique.


Vous pouvez retrouver le sommaire ICI et :

L’Éthiopie et le temps : la Bible, le Meiji, le Guépard ?
par Alain GASCON

Le détournement des eaux sacrées du lac Tana (Éthiopie) vers les centrales fédérales de production hydroélectrique : de nouvelles tensions régionales en perspective par Maxime LACHAL


Shebab et jeunesse somalienne, un pilier devenu pilon par Hanna OUAKNINE


Innovations normatives, résiliences des pratiques : à quoi et à qui sert l’AMISOM ? par Jean-Nicolas BACH et Romain ESMENJAUD

De Djibouti à Singapour, aux abords des cités entrepôts : menaces pirates et réactions régionales par Éric FRÉCON

Trois trajectoires de sécession dans la Corne de l’Afrique : le Somaliland, l’Érythrée, le Soudan du Sud par Sonia LE GOURIELLEC


Quelqu'un me chuchote à l'oreille qu'une conférence devrait se dérouler autour de certains des auteurs le 5 avril... Vous en saurez plus ici même dans les jours à venir.

vendredi 24 février 2012

La Somalie à la veille d'un tournant majeur ? (1/3)

Depuis le dernier trimestre 2011 et l’intervention de leur ex-colonie kenyane en octobre 2011, les Britanniques ont pris le problème somalien en main.
Hier ils organisaient une conférence internationale sur la Somalie dont l'objectif affiché était de coordonner les différentes initiatives internationales et préparer une nouvelle approche pour le future de la Somalie.


Étaient présents près d’une cinquantaine de gouvernements et d'organisations. Les pays de la région bien sûr, les Occidentaux, les pays du Golfe et la Turquie, très active actuellement en Somalie. D'ailleurs certains sceptiques voient dans l'organisation de cette conférence à Londres un désir de doubler la conférence turque qui se tiendra en juin mais plus axée sur les enjeux humanitaires .

Pourquoi cette conférence ?  Parce que la situation sur le terrain a radicalement changé. Les Shebab ont quitté Mogadiscio en août, les Kenyans et les Ethiopiens ont lancé des opérations miliaires au sud et à l’Ouest du pays. Il faut aujourd'hui intégrer les troupes Kényanes à la mission de l’Union africaine. Une porte de sortie honorable pour les Kenyans qui s'embourbent au Sud de la Somalie ? Il s'agit donc de transformer totalement et renforcer la mission de l'Union Africaine en Somalie (AMISOM), de trouver de nouveaux financements, etc. En outre, le Kenya, l'Ouganda, les Émirats Arabes Unis, le Qatar et la Turquie intègrent le Groupe de Contact sur la Somalie. Il s'agit aussi de se coordonner avec ces acteurs qui pensent que le processus en cours en Somalie est guidé par l'UA et l'IGAD et donc suivent les agendas des Occidentaux et des Ethiopiens...

Disons le tout de suite, la Somalie n'a plus d’Etat depuis 20ans, le Sud de la Somalie est en guerre, le Parlement a subit une grave crise politique en décembre et janvier, etc … Bref toutes ces problématiques n'ont pas trouvé une solution d’un coup de baguette magique, en 6 heures, hier à Londres. D’ailleurs le Premier ministre britannique l’a rappelé : « nous avons une liste d’intentions et maintenant il faut que ces promesses se transforment en actions »

Quels sont les principaux enseignements de cette conférence mais surtout de la résolution (2036) votée la veille à l’unanimité par le Conseil de Sécurité des Nations Unies  : 

D’abord un renforcement de l’AMISOM et une aide supplémentaire apportée à la Somalie pour construire ses propres forces (ce que contribue déjà à faire l’UE en Ouganda)

1) Renforcement en hommes : L’Union africaine demande depuis longtemps un mandat plus offensif. En octobre 2010, l’UA appelait déjà à un renforcement des troupes : 20 000 hommes pour la composante militaire, 1 680 éléments de police, un blocus naval ainsi qu’une zone d’interdiction aérienne au-dessus de la Somalie... Pourtant en janvier 2010, une résolution de l’ONU lui refuse et autorise uniquement l’envoi de 4000 troupes supplémentaires, ce qui augmente la capacité de la mission à 12 000 troupes à l’époque. Cette fois l’ONU entérine l’augmentation de l’effectif qui sera porté de 12.000 hommes à 17.331. Néanmoins se sont surtout les troupes Kényanes qui passent sous casques blancs de l'UA. Et tous le défi est là !

Si la mission sort de Mogadiscio et qu’elle incorpore ces Kényans…Il faut changer le concept stratégique de la mission ce qui a été fait début janvier. Or, l’AMISOM à beau être une mission multinationale elle est essentiellement composée de troupes ougandaises et sous commandement ougandais. Et les Kenyans ne souhaitent pas passer sous leur commandement . L’état-major doit passer au niveau stratégique et être internationalisé.

Ce qui nous mène au deuxième point : le renforcement en moyens. Les objectifs de départ ont évolués (l’AMISOM va sortir de Mogadiscio) mais les moyens sont inadaptés. La résolution de mercredi a donc attribué des hélicoptères (3 hélicoptères d’attaque et 9 de transport) et des moyens maritimes à l'AMISOM.
Si la mission sort de Mogadiscio il faut aussi se répartir le terrain cela serait fait en plusieurs secteurs, confiés à un ou deux pays contributeurs (Ouganda, Burundi, Kenya, Djibouti). Voir carte ICI

Une force de sécurité devrait être créée, afin de fournir une protection, du personnel de la communauté internationale puisque plusieurs pays comme le Royaume Uni et l'UE envisagent d’ouvrir des ambassades dans la foulée de la Turquie. La résolution "encourage" également la création d’une force de police à Mogadiscio.

Le mandat de la mission évolue aussi sur un autre point qui est très important. Jusqu’à récemment du coup une particularité du mandat de l’AMISOM est qu’il ne prévoyait pas de protection pour les civils et finalement les actions humanitaires restaient minimes même si elles avaient le mérite d’exister. Le résultat est que la simple surveillance, l'enregistrement, etc des violations aux droits de l'homme n’étaient pas assurés par la mission. L’AMISOM sera donc dotée d’une structure spéciale, la Civilian Casualty Tracking, Analysis and Response Cell (CCTARC acronyme un peu long) qui sera chargé de relever les pertes éventuelles causées par l’Amisom. On en est pas encore à la protection des civile : puisque le communiqué de la conférence de Londres hier "encourage" l'AMISOM à assurer la protection des civils.


Le financement : c’était aussi l’un des points majeurs sur lequel la conférence de Londres devait porter. La mission de l'UA est originale parce qu’en matière de financement elle est tributaire des donateurs et le financement imprévisible. L'extension du mandat de la force accroit également le coût de la mission qui passerait de 310 millions de $ à 510$ ... L’UE finance largement la mission et en période de crise elle se verrait bien un peu plus relayer par les pays du Golfe par exemple. La résolution de l’ONU appel de nouveaux contributeurs et annonce que certains frais de la force seront pris en charge.

-Deuxième point sur lequel la conférence a insisté c’est la question politique. De toute évidence les gains militaires doivent être consolidés politiquement. Les contributeurs ont été particulièrenent clair sur la question politique et avertit le GFT : la période de transition prendra fin le 20 août 2012 sans extension possible. En effet, les mandats du Parlement, tout comme celui du GFT, qui devaient expirer en août 2010, ont été prolongés, début 2011, de trois ans, sans débat aussi bien avec les partenaires du gouvernement qu’avec l’ONU. Un processus est en cours. Des conférences en décembre 2011 et février 2012, appelées conférences de Garowe I et II, ont entérinées un processus avec la mise en place d’une assemblée constituante. Un draft de la Constitution devrait être proposé en avril. Mais beaucoup de questions restent en suspens : quel type de système politique sera adoptée (le système actuel es défaillant), la place de la religion, la délimitation des frontières de chaque région. Les politiciens somaliens arriveront-ils à tenir la feuille de route ? Hier quatre présidents somaliens étaient présents à la conférence... Le président du Somaliland venu prôner son indépendance, le président du Puntland qui se verrait bien futur président du pays, celui du Galmudug, et le président somalien Sharif Cheikh Ahmed ainsi qu'une milice créée lorsque les Shebab ont tenté d'interdire les pratiques soufistes dans le pays : Ahlu Sunnah Wal Jama's (elle combat auprès des forces gouvernementales et éthiopiennes). Les négociations s'annoncent houleuses. La menace n'est pas uniquement celle émanant des Shebab. Pour voir émerger une administration locale et administrer certaines régions un processus de réconciliation interclanique devra débuter. En effet, entre le modèle fédéral envisagé et la réalité sur le terrain il y a une marge...




La lutte contre le terrorisme : Un embargo sur le charbon exporté, directement ou indirectement, de Somalie devra être mis en place dans les 4mois. C’est une des ressources principales des Shabab.



La lutte contre la piraterie: Le communiqué final de la conférence a rappelé que le symptôme visible en mer trouve sa solution à terre. Des prisons commencent à être construites au Somaliland et au Puntland pour transférer les pirates qui ont été jugés aux Seychelles par exemple. Plus d'informations ICI


Pour aller plus loin :

ICG: Somalia, An Opportunity that should not be missed ICI 
Le communiqué final de la conférence et les discours des principaux participants : ICI

vendredi 27 janvier 2012

L’ONU en Somalie : le refus de l’engagement ? (publication)

Le ROP vient de publier sur son site Internet un dossier portant sur le projet de mission de paix onusienne en Somalie que l'auteur de ce blog a rédigé. Ce dossier s’intitule « L’ONU en Somalie : le refus de l’engagement ? ». Après un bref historique des interventions internationales en Somalie au cours des dernières années, nous présentons l’AMISOM en insistant sur son caractère transitoire et sur la fragilité de la situation politique et sécuritaire en Somalie, avant d’expliquer les circonstances ayant empêché à ce jour le déploiement d’une mission de l’ONU.


La chute de l’Etat somalien en 1991 ouvre une ère de guerre civile et de vaines tentatives de restauration de la paix. Ainsi, après le départ de Siyad Barre, le pillage de l'aide alimentaire s’organise au profit des milices armées. L’ONU crée une première mission (ONUSOM I), mais se retire du sud le 10 septembre 1991 et la guerre entraine la famine. À la demande de l’ONU, les Etats-Unis décident le 9 décembre 1992 d’une intervention (UNITAF). Ils quittent le pays quelques mois plus tard, avant le retrait total des forces d’intervention de l’ONU. L’échec de cette action est complet. Avec une deuxième mission, l’ONUSOM II (26 mars 1993 - 2 mars 1995), deux logiques s’affrontent : celle de l’Organisation des Nations unies qui souhaite rétablir un gouvernement et aider à la reconstruction du pays et celle des seigneurs de guerre qui défendent leurs propres intérêts et s’opposent ainsi à toute action extérieure qui pourrait favoriser le clan ou la milice opposée (1). L’ONU concentre rapidement ses efforts sur le processus de paix afin de mettre un terme aux violences des milices armées. L’accord d’Addis Abeba en 1993, représente ainsi le premier d’une série d'efforts visant à instaurer la paix entre les différentes parties, à amorcer un processus de réconciliation et à reconstructuire l’Etat. Toutefois, ces efforts pour pacifier le pays sont restés vains. En février 2007, l’Union africaine (UA) devant le manque de volonté d’intervention des acteurs internationaux décide de la création d’une mission en Somalie (African Union Mission in Somalia, AMISOM). Le Conseil de sécurité, agissant en vertu du Chapitre VII de la Charte, autorise également l’UA à établir une «mission de protection et de formation en Somalie» par la résolution 1744, adoptée le 20 février 2007 (9). L'AMISOM est ainsi créée dans l’idée que la mission n’excéderait pas une période de six mois et que l'ONU allait rapidement en prendre le relais. Or, l’AMISOM est toujours déployée et le relais onusien se fait toujours attendre. L’objet de cette contribution vise à expliquer ces hésitations de l’ONU à intervenir en Somalie.

De l’IGASOM à l’AMISOM : quelle intervention en Somalie ?

L’AMISOM est mise sur pied dans un contexte qui préfigure ses difficultés initiales. Elle comble le vide laissé par d’autres acteurs. En effet, après leur débâcle en 1993 et pendant pratiquement une décennie, les politiciens américains se désintéressent de la Somalie. Les attentats contre les ambassades américaines de Nairobi et de Dar es Salam en 1998 font craindre à la communauté internationale l’installation en Somalie d’une base arrière d’Al Qaïda. Les Etats-Unis aident alors financièrement la création d’une alliance pour la restauration de la paix et contre le terrorisme réunissant les seigneurs de guerre (ARPCT). Mais cette approche échoue avec la prise de pouvoir à Mogadiscio en juin 2006 de l’Union des Tribunaux Islamiques (UTI). Cette absence d’intervention extérieure pousse l’Ethiopie à intervenir en décembre 2006 et précipite ainsi la création de l’AMISOM.

Ken Menkhaus a parfaitement décrit la tragédie somalienne comme une inévitable conséquence d’une série de facteurs (2) "

La suite ICI

samedi 12 novembre 2011

Un certain regard sur la crise somalienne

Un certain regard, celui d'un Somalien, sur l'AMISOM, l'ONU, le Gouvernement Fédéral de Transition, l'Ethiopie, le Kenya...dans la crise somalienne.



mercredi 19 octobre 2011

Ouganda, leçon n°1 : se rendre indispensable

Hier, F. de St V, publiait un billet (site d'AGS) sur la mission militaire américaine en Ouganda de conseil pour lutter contre la LRA (ICI et ICI)




Quelques éléments d'analyse :
Pour comprendre la politique américaine à l'égard de l'Ouganda, il semble indispensable d'étudier la politique ougandaise un peu plus à l'Est (dans les Grands Lacs de toute évidence également, nous l'avons déjà évoqué sur ce blog). Aujourd'hui, l'Ouganda "occupe" ses soldats en Somalie, plus de 5000 hommes déployés dans le cadre de l'AMISOM. Néanmoins, 15 octobre 2010 le CPS de l’UA appelait à un renforcement des troupes: 20000 hommes pour la composante militaire, 1680 éléments de police, un blocus naval et une zone d’interdiction aérienne au-dessus de la Somalie. L’UA voulait également financer la mission au moyen des contributions obligatoires, qui seraient mises à disposition de la mission à l’intérieur et à l’extérieur de la Somalie. Mais la résolution 1964 de décembre 2010 a autorisé l’augmentation des troupes mais uniquement un supplément de 4000 troupes (soit 12000 au total) que l'Ouganda va aussi largement fournir, elle était d'ailleurs prête à fournir les 20000 hommes...
Rappelons que l'Ouganda héberge également une mission européenne de formation des troupes somaliennes.

Rappelons aussi, que, déjà l’administration Clinton avait choisi de mettre en avant des nouveaux dirigeants, pas nécessairement démocratiques mais pragmatiques et garants supposés d’une certaine stabilité comme : Yoweri Museveni pour l'Ouganda, Issayas Afworki pour l'Érythrée, Mälläs Zénawi pour l'Éthiopie, Paul Kagamé pour le Rwanda et Joseph Kabila pour la République Démocratique du Congo. Désormais, les États-Unis hésitent à exercer des pressions sur les régimes autoritaires qui seraient du « bon côté ».
La communauté internationale préfère pour le moment privilégier la stabilité surtout dans cette région. Typiquement, l’Ethiopie conserve le soutien américain, malgré la sanglante répression des manifestations du 15 mai 2005, à la suite de la victoire de l’opposition aux élections législatives.


L'Ouganda fournit le gros des efforts en Somalie, les troupes de l'AMISOM paient un lourd tribu dans la guerre contre les Shebab (retrait de Mogadiscio ces dernières semaines), un nouveau front d’instabilité s'est ouvert au Nord avec la naissance du Soudan du Sud où les troupes de la LRA peuvent trouver refuge, et le pays a été victime d'un attentat terroriste revendiqué par les Shabab en juillet 2010...l'annonce américaine n'est bien sur pas un hasard du calendrier.
Bref l'Ouganda est incontournable dans la région et se veut incontournable....

dimanche 18 septembre 2011

Somalie : Gate of hope

Une belle vidéo, résumant le drame somalien à travers l'aide médical apportée par l'AMISOM.



dimanche 20 février 2011

L'échec de l'AMISOM

L’AMISOM était initialement envisagée comme une opération transitoire jusqu’au déploiement d’une force onusienne or aucune des étapes prévues par le mandat de la mission n’a été réalisée. Initialement planifié pour un déploiement de six mois, le mandat de l’AMISOM a été prorogé de six mois à plusieurs reprises. La résolution 1964 du 22 décembre 2010 le prorogeant jusqu’au 30 septembre 2011.
Les résolutions 1744, et 1772 du Conseil de sécurité de l’ONU précisent les objectifs de la mission :

- « Favoriser le dialogue et la réconciliation en Somalie en concourant à assurer la liberté de mouvement, les déplacements en toute sécurité et la protection de tous ceux qui prennent part au dialogue;
- Assurer, le cas échéant, la protection des institutions fédérales de transition afin qu’elles soient en mesure d’assumer leurs fonctions et veiller à la sécurité des infrastructures clefs ;
- Aider, selon ses moyens et en coordination avec d’autres parties, à la mise en œuvre du Plan national de sécurité et de stabilisation et en particulier au rétablissement effectif et à la formation des forces de sécurité somaliennes sans exclusive ;
- Contribuer, à la demande et selon ses moyens, à la création des conditions de sécurité nécessaires à l’acheminement de l’aide humanitaire ;
- Protéger son personnel, ainsi que ses locaux, installations et matériel, et assurer la sécurité et la liberté de mouvement de son personnel.»

Roland Marchal propose, de façon cinglante, d’appeler la mission AMIMOG au lieu d’AMISOM car il est surtout question de la capitale somalienne. Ce mandat est particulièrement ambitieux dans un tel environnement d’insécurité et ridiculement faible en troupe. A titre indicatif si on voulait atteindre le même ratio troupe/population qu'en Afghanistan il faudrait déployer 40 700 soldats… Or les Shebaab multiplient les attaques contre les troupes de l’AMISOM et découragent les autres pays de contribuer au renfort. De fait le quota de troupes autorisé (8100) n’a été atteint qu’en décembre 2010. Pourtant le Nigeria, le Malawi et le Ghana s’étaient engagés à envoyer des troupes.
Cantonnée au rôle de protectrice des Institutions fédérales de transition, elles-mêmes contestées, la mission s’exposait dès le départ aux attaques des insurgés. Peut-on même parler de maintien de la paix alors que le conflit est en cours ? En Somalie il n'y a pas de paix à maintenir puisqu'il n'y a même pas d'accord de paix. La mission n’a pas, par nature, vocation à résoudre le conflit. Initialement elle devait consolider la victoire militaire éthiopienne de décembre 2006 puis la normalisation issue du processus de Djibouti (2008). Cependant lors des accords de Djibouti, les islamistes se sont divisés entre d’un côté Cheikh Sharif Cheikh Ahmed (clan Hawiye Abgal), de l’aile modérée de l’Alliance pour la Relibération de la Somalie (ARS) devenue de fait ARS-Djibouti et élu président du Gouvernement d’Union National (GUN) par le Parlement en janvier 2009. Et de l’autre côté Hassan Daher Aways (clan Hawiye Haber Gedir Ayr) dirigeant d’Hizbul Islam (le parti de l’Islam (8)) fondé en février 2009 en réaction à l’élection de Cheikh Sharif Cheikh Ahmed (photo). Ce groupe est une coalition de quatre groupes islamistes opposés au président somalien jugé trop modéré : l’Alliance pour la Re-libération de la Somalie-Asmara issue de la scission de l’ARS au moment de la conférence de Djibouti, Muaskar Ras Kamboni, Jabhatul Islamiya, Muaskar Anole.
Par ailleurs en protégeant le GFT contre les insurgés islamistes, l’AMISOM manque à son rôle fondamental de neutralité et d’impartialité. D’autant plus que le GFT a lui-même échoué à mettre en place un processus de réconciliation. Les dissensions entre ce gouvernement et la communauté internationale sont significatives à cet égard. Le mandat du Parlement qui devait expirer en août 2010, tout comme celui du GFT a été prolongé, début 2011, de trois ans sans que cette « non-transition » soit débattu avec les partenaires du gouvernement comme l’ONU. Or le GFT a perdu toute légitimité auprès de la population incapable d’instaurer un minimum de sécurité. La survie du GFT dépend plus du soutien de la communauté internationale que des Somaliens. L’AMISOM pâtit aussi de ce manque de légitimité. Les Shebaab profitent des bavures de la mission pour activer leur propagande anti-GFT et anti-AMISOM. Force est de constater que les islamistes ont réussi à se faire passer auprès de la population pour un mouvement de résistance opposé à ce qui est dorénavant perçu comme coalition Ethiopie/GFT grâce à une propagande bien mené et facilité par l’échec de la stratégie de communication du gouvernement de Cheikh Sharif Cheikh Ahmed.

Face à la pression exercée par les insurgés sur les forces de l’AMISOM, le président de la Commission de l’UA, Jean Ping, a demandé un mandat plus offensif. Le 15 octobre 2010 le CPS de l’UA appelait à un renforcement des troupes : 20 000 hommes pour la composante militaire, 1680 éléments de police, un blocus naval et une zone d’interdiction aérienne au-dessus de la Somalie. L’UA voulait également financer la mission au moyen des contributions obligatoires, qui seraient mises à disposition de la mission à l’intérieur et à l’extérieur de la Somalie.
Cependant la résolution 1964 de décembre 2010 a autorisé l’augmentation des troupes mais uniquement un supplément de 4000 troupes (soit 12000 au total). La mission dépend toujours directement des donateurs. Cette insuffisance et l’imprévisibilité du financement est aussi un facteur dissuasif pour les potentiels contributeurs de troupes. L’ONU dans la résolution 1964 le rappelle elle « engage les donateurs à coopérer étroitement avec l’Organisation des Nations Unies et l’Union africaine afin que les fonds et le matériel voulus deviennent disponibles rapidement, notamment en ce qui concerne la solde à verser aux membres des contingents de l’AMISOM, le soutien logistique autonome et les dépenses afférentes au matériel appartenant aux contingents, en particulier le matériel meurtrier ». En effet, l’AMISOM n’est ni équipée, ni organisée, ni employée pour mener une lutte armée. La logistique ne le permet pas : pas de capacité maritime ou aérienne, difficultés d’approvisionnement en munitions, en matériel militaire et en pièce de rechange.

jeudi 4 novembre 2010

Somalie : Les Etats-Unis demandent l'aide des pays arabes

Le 20 octobre dernier l'ambassadeur Johnnie Carson, secrétaire d'Etat adjoint aux Affaires africaines, est revenu sur la politique des Etats-Unis en Somalie lors d'une conférence au Center for Strategic & International Studies.


Morceaux choisis :
-“Refugee flows, pirate attacks and terrorist threats will continue to increase unless we work with Somalia to deal with these issues.”
Pendant longtemps la réponse de la communauté international à la crise interne en Somalie a été : “too feeble, too slow and too uncoordinated to have the desired impact,” et finalement “the world is paying the consequences today as the humanitarian and security threats continue to emerge” et devrait payer un prix élevé “in terms of regional destabilization, piracy and terrorism” si rien ne change.
- La communauté international devra faire plus. Concernant les contributions à l’AMISOM : “Thus far, only Uganda and Burundi have provided troops for this African-led mission. More African countries and perhaps some moderate Arab and Islamic countries should consider troop contributions, (…) AMISOM forces are putting themselves on the line and playing a part in the solution not just to a national, a regional, but a global crisis. And therefore, countries around the world, from Europe to Asia, need to provide increased military equipment and financial assistance” pour soutenir l’AMISOM et le Gouvernement Fédéral de Transition (GFT). Les équipements militaires et les surplus “would go a long way in assisting current and future AMISOM deployments.”
- Les Etats-Unis devraient collaborer de façon plus importante avec les gouvernements régionaux du Somaliland et du Puntland. UN pas de plus vers la reconnaissance de l’indépendance du Somaliland ?...

- Carson a invité la Ligue Arabe à honorer son engagement de donner 10 millions $ par mois au GFT. Et rappeler que depuis 2007, les Etats-Unis ont investi 229 millions $ en assistance financière à l’AMISOM et 35 millions $ pour aider le GFT à mettre en place une force de sécurité national et a donné plus de 180 millions $ en aide humanitaire et 60 millions $ pour le développement économique du pays depuis 2009.

lundi 4 octobre 2010

Demain 40 700 soldats en Somalie (MàJ 5/10/10)

Mon titre est un peu provocateur je vous l'accorde mais il représente le nombre de soldats qu'il faudrait déployer en Somalie si on voulait atteindre le même ratio troupe/population qu'en Afghanistan.
Ce chiffre relativise l'envoie de 2000 hommes afin de renforcer les 6000 de l'AMISOM déjà sur place.
Mais surtout le renforcement des troupes n'est pas une réponse réaliste d'autant que la mission de maintien de la paix de l'AMISOM est tronquée...en Somalie il n'y a pas de paix à maintenir puisqu'il n'y a même pas d'accord de paix...
Le 5 octobre le président ougandais déclarait lors d’une réunion avec des membres du Comité militaire de l’UE que « l’Ouganda peut fournir seul les 20 000 soldats requis » par l’UA pour venir à bout des insurgés d’Al-Shebab.

lundi 9 août 2010

Photos : la destruction de Mogadiscio


Vendrdi 30 juillet le blog Bruxelles 2 publiait cette photo prise par les marins suédois du HMS Carlskrona qui assuraient une escorte d'un des navires de ravitaillement de l'AMISOM, le Petra. On y voit la fumée des combats les marins pouvaient semble t-il entendre les détonations des armes et sentir l'odeur de la poudre.

Que restera t-il de Mogadiscio ?
En 1994

Années 50-60

lundi 12 juillet 2010

Ouganda : des attentats prévisibles ? (actualisé)


 2 attentats ont fait 74 morts dans la capitale Ougandaise, dans des lieux fréquentés par les étrangers (Ethiopan Bar et le Kyadondo Rugby Club), le groupe islamiste somalien Al Chabaab a revendiqué les deux attentats. Les Ougandais sont engagés dans le conflit somalien. En effet :

- le pays fournit (avec le Burundi) des troupes à l'AMISOM : 2700 militaires
- il accueille à Bihanga (250km de Kampala, photo à droite), un contingent complet de soldats somaliens, formés par les Européens (EUTM Somalia). Retrouvez l'entretien du général Wamala (UPDF) commandant des forces terrestres ougandaises ICI qui à la question : N'est-ce pas dangereux pour l’Ouganda de s’engager dans cette mission ? répondait : "Tout le monde sait que la Somalie est dangereuse. Et il faudrait être aveugle pour ne pas voir que c'est une partie du monde la plus dangereuse. Mais qu’est-ce que nous pouvons faire ? Fermer les yeux. Si nous faisons cela, notre comportement est incompréhensible. C’est comme quand vous vous êtes au soleil. Ce n’est pas en fermant les yeux que vous n’êtes pas exposés. La solution est là : plus nous aidons la Somalie, moins nous aurons à souffrir de l’instabilité. Avoir une Somalie en meilleure santé, c’est notre intérêt. Regardez l’Ouganda, nous sommes un pays enclavé. Nous dépendons de la mer pour nos importations, nos exportations. Si la piraterie continue, la situation va devenir intenable pour le commerce, les assurances vont augmenter, les produits. Croire que le problème de la Somalie va se résoudre tout seul, car c’est trop dangereux, est tout simplement irréaliste. Nous devons prendre le taureau par les cornes ; et dire oui : nous avons besoin d’une Somalie positive et voir ensemble ce que nous pouvons faire pour remplacer les institutions. "
- le 6 juillet l’armée ougandaise a rejetté les menaces du chef shebab qui appelait ses partisans à continuer de combattre les forces gouvernementales et les soldats de l’AMISOM à Mogadiscio. Selon l’armée ougandaise, « les menaces publiées par le cheikh n’ont rien de nouveau et visent à décourager les troupes de leur mission de maintien de la paix dans ce pays volatile ».
- Par ailleurs lors du dernier sommet extraordinaire de l'IGAD à Addis-Abeba l’Ouganda s'est dit prêt à contribuer davantage à l’AMISOM à la condition que le mandat de l’AMISOM soit renforcé. L’IGAD a ainsi promis de fournir 2000 soldats à l’AMISOM. Selon le ministre-adjoint des Affaires étrangères, Okello Oryem, « l’Ouganda est prêt à envoyer plus de troupes sur le terrain seulement si le mandat est changé de telle manière que l’on puisse poursuivre les shebab ».

Retour sur les difficultés de l'AMISOM :
Fin février 2007, le Conseil de sécurité des Nations Unies a autorisé la Mission de l’Union africaine en Somalie (AMISOM en anglais). Néanmoins l’AMISOM est trop faible et manque de moyens, de connaissances et de buts comme l’UNISOM auparavant. De plus seuls l’Ouganda et le Burundi ont envoyé des troupes soit la moitié des effectifs prévus. La mission était envisagée comme une opération transitoire jusqu’au déploiement d’une force onusienne or aucune des étapes prévues par le mandat de la mission n’a été réalisée :
1°stabiliser la situation à Mogadiscio et consolider la stabilisation d’autres régions du Sud au moment où la force atteindrait sa pleine capacité opérationnelle.
2°Le mandat même de la mission l’exposait dès le départ aux attaques des insurgés puisqu’elle devait protéger les Institutions fédérales de transition, elles-mêmes contestés.
La seule solution envisagée est un renforcement des effectifs de l’AMISOM et son remplacement à court terme par une intervention multinationale agissant en vertu du Chapitre VII de la Charte de l’ONU ou une opération de maintien de la paix onusienne.

La piste de l'Armée de résistance du seigneur (LRA) n'est pas non plus écartée d'autant que les forces ougandaises ont mené ces derniers jours une vaste offensive contre les rebelles notamment en pénétrant en République centrafricaine (précédents billet ICI).