mercredi 23 décembre 2009
La République Démocratique du Congo (RDC) : retour sur la géopolitique du cœur de l’Afrique
Depuis 1998, 5,4 millions de personnes seraient mortes et quelque 45 000 personnes décèdent encore chaque mois. le Haut commissariat des Nations unies pour les réfugiés (UNHCR) estime à 1,4 millions le nombre de déplacés (dont 980 000 au Nord-Kivu). La situation ne semble pas s'améliorer et la missions de la MONUC devrait être prolongée.
Pays d’Afrique centrale, le troisième en superficie du continent (2 345 000km²), et le plus peuplé de la zone (63 millions d’habitants). Elle y occupe une place centrale sur les axes Le Cap-Le Caire et océan Atlantique- océan Indien.
La RDC (Zaïre jusqu’en 1997) constitue un ensemble composite confié par la Conférence de Berlin (1885) à une société capitaliste d’exploitation dirigée par le roi des Belges Léopold qui le lègue à Bruxelles. Son unité (le Bassin du Congo) n’est qu’apparente : elle plonge au sud dans le plateau métallifère du Shaba (ex-Katanga riche en cuivre, colbalt, uranium) et touche à l’est les Grands Lacs. Aussi sa diversité ethnique est elle considérable (5 langues nationales) et la décolonisation (1960) s’est accompagné de nombreux troubles, en particulier les tentatives de sécession du Katanga encouragées par l’Union minière de Belgique.
La dictature de Mobutu (1965-1997) ne permet pas le développement du pays malgré ses richesses. Sa déstabilisation est une retombée indirecte du conflit du Rwanda, de nombreux Tutsi (les banyamulengue) ayant été établis par les Belges dans l’est de la RDC (Kivu). Ils se heurtent en 1996 au million de réfugiés hutu fuyant le FPR, parmi lesquels les milices interahamwe impliquées dans le génocide de 1994). L’intervention des Rwandais tutsi et des Ougandais, leurs alliés, provoque la chute de Kinshasa le 16 mai 1997 et porte au pouvoir une coalition d’opposants dirigée par Laurent-Désiré Kabila. Mais les interventions étrangères ne cessent pas et la RDC devient l’enjeu d’un affrontement entre deux camps, d’un côté l’Ouganda et ses alliés, de l’autre l’Angola et le Zimbabwe qui soutiennent Kabila. Le gel des positions militaires se traduit par une partition de fait du pays. En 2001, L.D. Kabila est assassiné. En 2003, un accord global est signé et un gouvernement d’union nationale nommé. Mais de nombreux mouvements de rébellion persistent, souvent sur une base ethnique, en particulier dans le Nord et l’Est du pays.
Quel avenir pour la RDC ? Un éclatement encouragé par ses voisins qui organisent le pillage des ressources du pays (diamant, or, coltan, cuivre, cobalt). Des troubles aggravés par la forte croissance démographique (3%) ? Ou une stabilisation qui lui permettrait de valoriser sa place centrale dans le continent ?
Relisez ICI le billet de Stéphane Mantoux : « République Démocratique du Congo : chronique d'une guerre sans fin ? » sur Ifriqiya
Ecoutez demain matin l’émission Les Enjeux Internationaux de Thierry Garcin sur France Culture consacrée « La prolongation des impasses en Afrique centrale » avec Claude Wauthier.
Conférence de l’IFRI le 28 janvier (17H30-19H30) : « L'environnement des affaires en République Démocratique du Congo » autour d'Olivier Kamitatu, ministre du Plan de la République Démocratique du Congo et Karim Dahou, manager exécutif de l'Initiative NEPAD-OCDE pour l’investissement en Afrique. Présidence : Cyril Musila, Université catholique de Paris
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mardi 22 décembre 2009
Lectures de la semaine
L'International Crisis Group nous propose ce mois ci deux documents sur l'Afrique de l'Est. Le premier "Sudan : preventig implosion" : ICI
et "Somaliland: A Way out of the Electoral Crisis" : ICI
Le Think tank britannique, Chatham House : "Economic Drivers of Conflict and Cooperation in the Horn of Africa. A Regional Perspective and Overview " (ICI)
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lundi 21 décembre 2009
Le sommet Africités s’est achevé hier
Tous les trois ans, les principaux décisionnaires politiques et économiques des villes d’Afrique se réunissent au sein des sommets AFRICITES. Avec le soutien de nombreuses organisations internationales, le sommet constitue le plus grand forum pour discuter et identifier les besoins des collectivités africaines.
DEMARCHE :A la suite de la 2° Conférence des Nations Unies pour les établissements humains organisés en juin 1996 à Istanbul, la communauté internationale a consacré les thèmes de la décentralisation, du partenariat et de la participation comme une des options essentielles pour promouvoir des établissements humains viables et durables. Istanbul a été également un moment fondateur du mouvement mondial des collectivités locales puisqu’à cette occasion s’est tenue la première assemblée mondiale des villes et autorités locales qui a recommandé la mise en place d’une « Coordination des Associations Mondiales des Villes et Autorités Locales » (CAMVAL) pour leur permettre de parler d’une même voix sur la scène internationale.
Le Partenariat pour le Développement Municipal a pris une part active à ce mouvement en organisant les Premières Journées de la commune africaine (Africités 98), à son initiative et à la demande des associations nationales des villes et autorités locales en janvier 1998 à Abidjan (Côte d’Ivoire). L’institutionnalisation de cette manifestation, à la demande des participants à Africités 98 a conduit à en faire un de ses programmes d’intervention.
OBJECTIFS
- proposer et animer une coopération et une plate-forme de dialogue entre les collectivités locales africaines et leurs partenaires sur le processus de décentralisation.
- Participer à la structuration et à la consolidation du mouvement municipal africain.
- Contribuer à inscrire la décentralisation dans l’agenda des instances politiques panafricaines.
SOMMETS
-Africités 98, Abidjan, en janvier 1998, premières journées de la commune africaine a marqué l’émergence du mouvement municipal africain et a constitué une des meilleures plates-formes de dialogue jamais organisée sur le continent africain autour des questions relatives aux politiques de décentralisation, au rôle des collectivités locales dans la gestion du développement urbain et dans la promotion du développement local, aux rapports entre décentralisation, développement et démocratie dans le contexte actuel et futur de l’Afrique.
-Africités 2000, à Windhoek, en mai 2000 a été avec la création du Conseil des Communes et Régions d’Afrique, le Sommet de l’unification du mouvement municipal africain et de l’affirmation du rôle stratégique des villes et collectivités locales comme acteurs incontournables du développement durable de l’Afrique. Ce sommet a été l’occasion d’un dialogue approfondi sur le financement des collectivités locales africaines. Au cours de ce sommet la décision a été prise de créer la CADDEL la conférence ministérielle africaines de la décentralisation et du développement local.
-Africités 2003, à Yaoundé en décembre 2003, consacrera l’unification du mouvement municipal africain et sa participation au mouvement municipal mondial. Ce sommet a pour ambition de situer la décentralisation et le renforcement des collectivités locales dans la perspective de mieux assurer l’accessibilité des populations aux services de base pour l’amélioration de leurs conditions de vie.
-Africités 2006, à Nairobi, en septembre 2006, sur le thème « Construire des coalitions locales pour la réalisation effective des Objectifs du Millénaire pour le Développement au sein des collectivités locales africaines ».
- Africité 2009, à Marrakech du 16 au 20 décembre 2009 sur le thème ”La réponse des collectivités locales et régionales d’Afrique à la crise globale : promouvoir le développement durable et l’emploi”. Le Cinquième Forum panafricain des collectivités locales a enregistré la participation de quelque 4600 participants venus de plus de 40 pays d’Afrique.
Exemples de Prix Africités 2009
-Prix de la décentralisation : Royaume du Maroc
-Prix de la bonne gouvernance locale : Lusaka (Zambie)
-Prix de la bonne gouvernance participative : Dondo (Mozambique)
-Prx de l’assainissement : Antananarivo (Madagascar)
-Prix de la santé de base : Kigali (Rwanda)
-Africités 2012 se tiendra à Dakar
En 2000, les collectivités africaines se sont dotées d'une coordination à Windhoek en Namibie, avant de lancer en 2005, Cités et gouvernements locaux unis d'Afrique (CGLUA) à Tshwane en Afrique du Sud.
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samedi 19 décembre 2009
Terres agricoles (1/2) : les richesses agricoles africaines
L’Afrique est courtisée pour ses ressources énergétiques, minières et pour ses terres comme nous le verrons dans notre prochain billet. Mais elle l’est aussi pour certaines de ces ressources agricoles. Ainsi, nombreux sont les pays à avoir abandonné leurs cultures vivrières pour des cultures de rente qui les rendent plus vulnérables, notamment en matière de sécurité alimentaire. Au cours des 15 prochaines années, la répartition inégale des ressources alimentaires tendra à s’accroître et elle constituera un facteur crisogène important du contexte international.
L’Afrique est un continent majoritairement rural. Près de 70% de la population tire ses revenus de l’agriculture (43 % à l’échelle mondiale, 4 % en France). La productivité agricole sur le continent est mille fois inférieure à la productivité moyenne en France ou aux États-Unis. Néanmoins seul 2 à 4 % des budgets des pays africains sont consacrés à l’agriculture, alors que 10 à 20 % des PIB en dépendent. La productivité agricole reste très basse dans la plupart des pays. Il y a donc en théorie des réserves de productivité. Mais l'expérience prouve qu'elles sont très difficiles à mettre en œuvre.
En Afrique, 33% de la population souffrent de malnutrition, voire dans des cas extrêmes de famine, soit le double par rapport aux années 1970. La situation est complexe. En dépit, de la rapide urbanisation du continent, la population vit encore de l’agriculture pluviale donc très exposée aux aléas climatiques (d’autant plus qu’elle dégage peu d’excédents). Le problème majeur de l’alimentation en Afrique provient de la diminution des cultures vivrières qui rend le continent de moins en moins autonome au niveau alimentaire. En effet, les cultures vivrières ont souvent été délaissées au profit des cultures de rente. En 1973, l’Afrique est devenue importatrice nette de produits alimentaires. Par la suite la production alimentaire n’a pas su s’adapter à la flambée démographique et les importations ont rapidement augmenté. En outre, leur rendement est médiocre.
L’Afrique est également en retard par rapport à d’autres régions en termes de pourcentage de terres agricoles irriguées, d’utilisation d’engrais, et de productivité du travail et de la terre par le travailleur. Par exemple, la production de riz du Mali pourrait passer de 750 000 tonnes par an à plus de 4 millions en améliorant les ouvrages d’irrigation et si les 2,2 millions d’hectares de terres agricoles irrigables étaient mises en valeur 1. Un défi majeur à relever est de passer d’une agriculture extensive à une agriculture intensive. Le colonisateur ne l’a pas fait parce qu’il a opté pour la solution à court terme (profit immédiat sans investir et main d’œuvre gratuite). Après l’indépendance les africains n’ont pas inversé la tendance.
Le risque alimentaire majeur est lié à la guerre et aux conflits car ils désorganisent les systèmes agricoles et les mécanismes de réponses sont défaillants. D’ailleurs la carte de la famine se superpose à celle des conflits. Les famines actuelles sont la conséquence de logiques de prédation et d‘une instrumentalisation politique des famines par des gouvernements ou des mouvements politiques marginalisés. La question de la faim est donc liée à l’insécurité comme pour le Soudan, la Sierra Leone, la Somalie ou la RDC. Prenons un exemple, en 1985, l’Ethiopie est un Etat marxiste-léniniste, c’est aussi un pays en développement, ravagé par la famine. Pour Mengistu, la gestion politique de la famine prime sur la recherche d’une solution économique et sociale.
La famine de 1973-1974 ayant largement contribué à la chute d’Haïlé Sélassié, Mengistu se tient à la tête du pouvoir grâce à un contrôle politique et policier de la crise. Mais il ne se réjouit pas de la forte dépendance en aide humanitaire qui l’oblige à « ouvrir » son pays aux observateurs, médecins. La sécheresse était inévitable puisqu’elle a touché la moitié du continent africain, pourtant elle aurait pu être mieux combattue. La première action du gouvernement a été de nier la crise. En effet, jusqu’au printemps 1984 Mengistu a étouffé le problème. La seconde réaction a été d’utiliser la crise à des fins politiques. La tactique de Mengistu était d’affaiblir ses adversaires pour les neutraliser en laissant les zones de guérilla comme l’Erythrée, le Tigré et le Wollo dans le marasme et en les vidant progressivement de leur population. Pourtant, les effets négatifs de la famine sur le développement économique du pays n’ont pas été compensés par des effets positifs sur la situation politique et militaire. Le transfert des populations n’a pas mis fin aux guérillas puisque l’Erythrée a acquis son indépendance par la suite. Toutes les instrumentalisations politiques des famines suivent le même processus : surestimation du nombre de victimes potentielles, aide alimentaire des agences encadrée avec obligation de passer par des organismes étatiques…
On ne peut se lasser de le dire, il n’y a point d’avenir économique pour les pays africains en dehors de l’autosuffisance alimentaire. Le Vice-président de la Banque Mondiale, Ismaël Sarageldin a déclaré en 1996, que « le rôle premier de l’agriculture est sans doute d’abolir la pauvreté et la faim comme on a autrefois décidé d’abolir l’esclavage »2.
1 :GUYOT, « L’abondance des richesses naturelles doit permettre le développement de l’Afrique » in « L’Afrique des idées reçues »
Carte : Banque mondiale, World development indicators, 2006
2 : BOLOUVI (William), « Quel développement pour l’Afrique subsaharienne ? », Paris, 2007, L’Harmattan, p.229
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dimanche 13 décembre 2009
Lectures de la Semaine
La Chatham House propose cette transcription du discours d’HE Ulla Tørnæs (Ministre du développement et de la Coopération du Danemark) lors d’une conférence le 26 novembre 2009 : « Private Sector-led Growth in Africa: Obstacles, Opportunities and Dilemmas on the Road Ahead »
Le Council on Foreign Relations : « How to Avoid Civil War in Guinea » par John Campbell et Ralph Bunche.
« Christian-Muslim Relations in Nigeria » également de John Campbell, Ralph Bunche du Council on Foreign Relations. Document audio à écouter ICI
« Examining U.S. Counterterrorism Priorities and Strategy Across Africa's Sahel Region » de Lianne Kennedy-Boudali (Rand Corporation)
A paraître : « Eritrea's External Relations: Understanding its Regional Role and Foreign Policy »
Le Council on Foreign Relations : « How to Avoid Civil War in Guinea » par John Campbell et Ralph Bunche.
« Christian-Muslim Relations in Nigeria » également de John Campbell, Ralph Bunche du Council on Foreign Relations. Document audio à écouter ICI
« Examining U.S. Counterterrorism Priorities and Strategy Across Africa's Sahel Region » de Lianne Kennedy-Boudali (Rand Corporation)
A paraître : « Eritrea's External Relations: Understanding its Regional Role and Foreign Policy »
vendredi 11 décembre 2009
Le Soudan 5 mois avant les présidentielles, 18 mois avant LE référundum
Hier Erix Laurent recevait Christian DELMET, Anthropologue au CNRS (enseigne « les crises soudanaises » dans le cadre du Master IEDES/Paris 1), dans l'émission Les Enjeux internationaux sur France Culture. Thématique : "L'équation politique nationale, cinq mois avant la présidentielle et dix-huit mois avant l'échéance du référendum sur le Soudan du Sud. L'accord de paix signé en 2005 entre le régime central de Khartoum et le rebelles du Sud Soudan devrait être confirme en 2011 par référendum. Cependant, la situation demeure confuse. Des tensions militaires se font jour dans la partie sud, où les velléités indépendantistes semblent de plus en plus marquées. Et des problèmes concernant les concessions pétrolières y compliquent encore une situation politique intérieure déjà tendue."
Réécoutez l'émission ICI
mercredi 9 décembre 2009
Deux Bretons dans la tourmente : le Togo expulse un diplomate français
Les autorités togolaises ont décidé d'expulser le diplomate français Eric Bosc, premier secrétaire de l'ambassade de France à Lomé, qui était chargé du suivi de la politique intérieure du pays. La décision signée du ministre togolais des Affaires étrangères, Kofi Esaw, a été transmise le 4 décembre dernier à l’ambassadeur de France au Togo. Le diplomate français est accusé, selon la presse togolaise, d’entretenir des relations particulières avec le franco togolais Kofi Yamgnane, candidat à l’élection présidentielle de février 2010 au Togo.
Le Breton Eric Bosc serait donc trop proche de Kofi Yamgnane. Rapprochement induit déjà de part leurs origines. Le politicien togolais est un breton d’adoption. Il a passé une partie de son enfance et de sa carrière politique dans cette région. Ancien maire Saint-Coulitz (Finistère, proche de Chateaulin), il a été désigné Breton de l’année par Armor Magazine en 1990. Il avait fait sourire la France en se présentant comme un "Breton d'après la marée noire".Il était Secrétaire d'État chargé de l'intégration auprès du ministre des affaires sociales et de l'intégration de 1991 à 1993 et député socialiste du Finistère lors de la XIe législature de 1997 à 2002. Il est retourné vivre au Togo il y a un an. Il y est connu pour ses critiques virulentes du régime de Faure Gnassingbé (ci-dessous), au pouvoir depuis la mort de son père en 2005. En septembre, il s'est déclaré candidat à l'élection présidentielle dont les conditions sont déjà contestées (son site de campagne ICI). En effet, plusieurs partis d'opposition ont manifesté le 28 novembre pour réclamer la tenue d'un scrutin à deux tours.
Selon une source diplomatique à Lomé la France qui soutient son diplomate « dont le professionnalisme est reconnu », a pris une mesure réciproque et a demandé le départ d'un diplomate de l'ambassade du Togo à Paris. Les autorités françaises ont, par ailleurs, déploré cette décision du Togo « compte tenu des relations anciennes et étroites entre les deux pays », indique-t-on.
Source : APA / Le Figaro / SLG
mercredi 2 décembre 2009
Le Gabon en photos : transition politique, enjeux, économie...
Aujourd’hui Zahara Youssouf, diplômée en droit international, nous propose de revenir en photos sur son expérience au Gabon pendant la transition politique en août 2009. Nous la remercions pour cette présentation du pays, ses atouts, ses richesses, ses faiblesses, tous les enjeux que doit relever le nouveau président.
Photo (Z.Y. juin 2009) : Affiche du Président Omar Bongo à la suite de son décès
Photo (Z.Y. juin 2009) : Défilé militaire du 16 juin 2009 en l’honneur du Président Omar Bongo
Après plus de 40 ans à la tête du Gabon, Omar Bongo succombe en juin 2009 à Barcelone des suites d’une longue maladie. OBO comme aimait à l’appeler la population laisse une nation orpheline qui salut l’héritage essentiel laissé par ce président, la paix et la stabilité du pays.
Le Gabon est un pays faiblement peuplé mais disposant d’importantes ressources, ce qui lui permet d’être considéré comme un pays à revenu intermédiaire. Les indicateurs sociaux sont cependant en grand décalage avec les possibilités du pays. Le PNUD classe ainsi le pays à la 103ème place en ce qui concerne son IDH.
Omar Bongo laisse donc à son successeur un pays où les défis à relever sont multiples : lutte contre le VIH/sida, amélioration des infrastructures, diversification de l’économie face aux ressources pétrolières qui se raréfient…
Au lendemain de sa mort l’avenir du pays est incertain et l’on craint une tentative de prise du pouvoir par la force.
Rose Francine Rogombé présidente par intérim assoit son autorité et le pays reprend ses activités. Les règles constitutionnelles sont scrupuleusement respectées et une élection est organisée le 30 août 2009, à peine plus de deux mois après la mort d’OBO. Celle-ci a vu s’affronter une opposition divisée face au candidat du parti au pouvoir, le Parti démocratique gabonais et fils du défunt président, Ali Bongo. Les 813 164 électeurs recensés étaient invités à choisir parmi plus de 23 candidats leur futur président. Plusieurs événements ont marqué les deux mois qui ont suivi la mort d’OBO et la désignation d’un nouveau président : le choix du candidat du PDG et la rupture entre Ali Bongo et André Mba Obame, ami de longue date et héritier politique d’OBO, la publication des listes électorales, l’annonce des résultats après des heures d’antenne où le décompte était fait province par province, l’examen des requêtes en annulation par la Cour après des heures de débats…
La campagne aura marqué les esprits, tant les moyens déployés étaient inédits : affiches géantes placardées aux quatre coins de la capital, multiplication des meetings dans les différentes provinces…Une certaine lassitude se fait sentir dans la population, qui n’a qu’une hâte, que le vainqueur, peut importe son nom soit au plus vite désigné afin qu’il puisse s’atteler aux différents défis qui attendent le pays.
Photo (Z.Y. juin 2009) : Affiche d’Ali Bongo, candidat du PDG à l’élection présidentielle du 30 août 2009
Photo (Z.Y. juin 2009) : Affiche d’André Mba Obame, ancien Ministre de l’intérieur et candidat à l’élection présidentielle du 30 août 2009
Photo (Z.Y. juin 2009) : Affiche d’Ali Bongo après la proclamation officielle des résultats à l’élection du 30 août par la Cour Constitutionnelle
Le Gabon est fortement touché par l’épidémie du sida. Plus de 49 000 personnes seraient infectées et 3000 nouveaux cas décelés par an. Les jeunes sont particulièrement vulnérables, ainsi que les femmes. Selon le dernier rapport ONUSIDA, plus de 2500 femmes enceintes seraient séropositives. Les comportements à risque chez les plus jeunes, les croyances populaires retardant l’initiation ou provoquant l’arrêt du traitement peuvent expliquer la progression de la pandémie. Le pays est fortement impliqué dans la lutte contre le VIH/sida et multiplie depuis la découverte du premier cas dans le pays les initiatives favorisant un meilleur accès aux soins pour les plus démunis.
Photo (Z.Y. juin 2009) : Campagne de sensibilisation sur le VIH près du centre hospitalier de Libreville
Le Transgabonais, reliant Owendo, port minéralier situé dans la banlieue de Libreville, à Franceville, assure le transport de grumes et de minerai de manganèse.
Les infrastructures sont peu développées au Gabon, ce qui ne facilite pas les échanges et freine les investisseurs étrangers.
Le réseau routier reliant l’ensemble du pays est vétuste et souvent peu goudronné. La population peut cependant compter sur les taxis bus pour atteindre différents points ou sur les clandos pour les endroits les plus isolés et difficiles d’accès.
Photo (Z.Y. juin 2009) : Transgabonais, reliant Owendo à Franceville
Photo (Z.Y. juin 2009) : Evacuation des billes par flottage, port à bois d’Owendo
Le port à bois d’Owendo est en service depuis 1980. Il dispose de plusieurs quais pour accueillir le bois, mais également d’un ensemble de voies ferrées pour le déchargement des bois acheminés par le Transgabonais.
Photo (Z.Y. juin 2009) : Port à bois d’Owendo
Le Gabon est un pays à revenu intermédiaire, et qui a pu compter sur un sous sol riche (pétrole, manganèse…). La forêt équatoriale couvre 85% du territoire et recèle de différentes essences (ébène, okoumé…). L’exploitation forestière a occupé une grande partie des emplois salariés avant l’essor de l’industrie pétrolière dans les années 70, et reste derrière l’industrie pétrolière un élément essentiel de l’économie gabonaise.
L’exportation du bois en grumes devrait être limitée en 2010, afin de permettre une transformation locale des essences forestières, et ainsi d’alimenter un nouveau secteur d’activités.
Photo (Z.Y. juin 2009) : Fleuve de l’Ogooué, parc national de la Lopé
Le parc de la Lopé est situé au centre du Gabon, et est bordé par le fleuve Ogooué. Une forêt dense couvre la majeure partie du parc, ainsi que des zones savane-forêt. Le parc compte une importante réserve d’espèces protégées. Le pays tente de diversifier ses sources de revenus et mise désormais sur l’écotourisme.
Photo (Z.Y. juin 2009) : Parc national de la Lopé
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Vendredi : la Corne de l'Afrique
Les Enjeux internationaux sur France Culture traiteront de la Corne de l'Afrique : Une région doublement fracturée.
Écoutez et visualisez la bibliographie de l'émission ICI
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dimanche 29 novembre 2009
Retour vers le pays des Milles collines....
Alors que la France et le Rwanda ont décidé de "rétablir leurs relations diplomatiques" (communiqué de la présidence française ce jour) coupées depuis novembre 2006, revenons sur les enjeux géopolitiques de ce pays :
Couvrant 26 349 km² et peuplé de 9 millions d’habitants, le Rwanda possède la densité la plus élevée de toute l’Afrique Centrale avec 220hab./km².
Il comporte deux grandes ethnies, les Tutsi et les Hutu. Ils ont parlé pendant des siècles la même langue, partagé les mêmes croyances et les mêmes traditions. Mais les Tutsi dominaient les Hutu. Ancienne colonie allemande puis belge, il est indépendant depuis 1962. L’indépendance donne le pouvoir aux Hutu plus nombreux (85 % de la population) : d’où des massacres de Tutsi dès 1959, puis en 1963, 1966 et 1973. Beaucoup de Tutsi se réfugient alors en Ouganda et fondent le Front Patriotique Rwandais (FPR). L'attentat, le 6 avril 1994, contre l’avion du président Juvénal Habyarimana déclenche un génocide au cours duquel plus cinq cent mille personnes trouvent la mort, Tutsi mais aussi Hutu modérés. Ce génocide provoque une offensive du FPR de Paul Kagamé qui prend le pouvoir le 17 juillet 1994. Depuis 2002, le Rwanda s’est engagé, au travers du processus "gacaca", dans le jugement des criminels et la réconciliation nationale qui pourrait concerner jusqu’à 600 000 Rwandais. Depuis, les relations avec la France, accusée d’avoir soutenu les Hutu, sont très tendues. Kigali avait rompu ses relations diplomatiques avec Paris fin 2006, après l'émission de mandats d'arrêt par le juge anti-terroriste Jean-Louis Bruguière, qui visaient des proches du président Paul Kagamé.
Le Monde note : « en même temps qu'il normalise ses relations avec Paris, Kigali confirme sa volonté d'un ancrage renforcé au sein du monde anglophone, en obtenant son accession au Commonwealth, qui réunit les États issus de l'ancien empire colonial britannique (mon billet ICI). » Cette crise est à relier aux troubles de 1997 en R.D.C. Toute la géopolitique régionale en fut bouleversée.
Le pays pourrait atteindre 20 millions d’habitants en 2050 et le déversement d’une partie de la population dans l’Est de la RDC pourrait relancer le chaos dans la région.
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