jeudi 14 juin 2012

Quels pompiers pour éteindre le feu malien ?

Face à l’interconnexion des crises au Mali, une intervention militaire se dessine et l’Union Africaine serait préférée à la Communauté Economique Des Etats de l'Afrique de l'Ouest (CEDEAO). Pourtant, malgré ses récents succès, l’exemple de la mission de l’Union Africaine en Somalie reste un modèle discutable.

Le 17 janvier dernier, un coup d’Etat atypique a porté au pouvoir des militaires reprochant  au  président malien sa faiblesse dans le traitement de la rébellion au Nord. Sans expérience politique, sans soutien international, la junte ne parvient alors pas à stopper l’avancée de la rébellion. Alors que la CEDEAO vient de prolonger la transition politique, les combats se poursuivent dans le Nord du pays. L’afflux de réfugiés et la possible propagation de la rébellion touarègue dans les pays voisins inquiètent les gouvernements de la région et les puissances extérieures qui craignent de voir AQMI et ses alliés tirer bénéfice de ce chaos. Le scénario d’une intervention militaire se dessine de plus en plus mais elle ne pourra se faire sans un soutien extérieur.

Quel mandat pour quelle mission ?

Les puissances traditionnelles, France et Etats-Unis en tête, ne soutiendront qu’une mission sous mandat des Nations unies, ce qui exclut une intervention non mandatée par le Conseil de sécurité comme ce fut le cas des interventions de l’OTAN dans les Balkans à la fin des années 1990. Une intervention internationale de l’UE ou de l’OTAN sous mandat de l’ONU (comme en Libye l’année dernière) a également été écartée.
Jeudi dernier, le Groupe de soutien et de suivi sur la situation au Mali s’est prononcé pour une saisine par l’Union Africaine (UA) du Conseil de Sécurité des Nations unies en vue de la création d’une force d’intervention. En effet, le Conseil de sécurité est le seul à même de décider des mesures coercitives nécessaires s’il estime qu’il existe une menace contre la paix et la sécurité internationale. Cette initiative avait déjà été lancée fin mai par Boni Yayi, président en exercice de l’UA et président du Bénin. Le mandat d’une telle force reste néanmoins flou : restructurer l’armée malienne, restaurer l’ordre constitutionnel, rétablir la souveraineté étatique au Nord du pays, combattre les groupes terroristes, criminels ….
Une intervention conjointe entre l’ONU et l’Union Africaine comme la MINUAD au Darfour a peu de chance d’aboutir. En effet, selon le rapport Brahimi, l’ONU n’est pas disposée à déployer une mission militaire lors d’une situation similaire à celle que traverse le Mali. Deux autres scénarii sont rendus possibles eu égard au régionalisme à deux niveaux qui constitue la singularité du continent africain : une intervention sous régionale (CEDEAO) ou régionale (UA). Dans les deux cas, c’est au Conseil de sécurité de l’ONU de faire appel, si besoin, aux organismes régionaux comme « bras armé ».

La CEDEAO éclipsée par l’Union Africaine ?

La réaction rapide de la CEDEAO au coup d’Etat au Mali et en Guinée Bissau a été décisive (ICI). L’organisation régionale souhaite également que Bamako retrouve ses droits dans le Nord du pays. Une intervention régionale parait donc légitime (sous condition de l’accord des autorités maliennes). Les dirigeants de la région approuveraient cette intervention militaire mais Florent de Saint–Victor, dans une tribune publiée sur le site Atlantico, a montré les difficultés d’un déploiement éventuel de la force de la CEDEAO. Cette intervention paraît d’autant plus improbable que le mandat de la mission reste à définir, condition fondamentale pour obtenir les soutiens financiers et logistiques des Etats-Unis ou de la France. Par ailleurs, pour le président de l’UA, la force d’intervention doit réunir tous les pays de la région au-delà  de la CEDEAO. Or l’Algérie, la Mauritanie et même la Libye ne sont pas membres de l’organisation mais devront pourtant être associés aux décisions. Une position que semble partager les Etats-Unis et la France qui s’échine chaque jour à convaincre le géant algérien d’être le régulateur de cette crise.

La CEDEAO poursuit son travail de médiation même si son action dans la crise parait dorénavant peu probante. La pression exercée a en tout cas forcé la junte, menée par le capitaine Amadou Sanogo, à faire quelques concessions et à entamer une transition politique. Pour Gilles Yabi, de l’International Crisis Group, « le mandat d’une éventuelle mission militaire de la CEDEAO ne serait pas nécessairement un mandat d’intervention offensive contre des militaires maliens ou contre des groupes armés au Mali. Cela pourrait être un mandat de soutien à la remise sur pied d’une structure de commandement claire et à la protection des institutions civiles. » Par ailleurs, gardons à l’esprit que dans trois crises (Libéria, Sierre Leone et Côte d’Ivoire) la CEDEAO est intervenue en amont des forces de l’ONU permettant ainsi une réaction rapide.  Le problème du financement s’est néanmoins posé à chaque intervention, accélérant le déploiement d’une mission de l’ONU. Au Mali, l’intervention se rapprocherait du cas somalien or l’exemple de l’AMISOM explique les réticences de l’ONU à prendre le relais dans un tel contexte.

L’AMISOM, un modèle pour le déploiement d’une intervention de l’Union Africaine ?

Une intervention militaire africaine sous mandat de l’ONU se dessine suivant le modèle  de l’AMISOM (Mission de l’Union Africaine en Somalie). Une référence surprenante quand on connait les difficultés rencontrées par cette mission. De contre-exemple depuis 5 ans, l’AMISOM, après les victoires obtenues ces dernier mois contre le Shebab, serait donc devenues un modèle à suivre…
Créée en 2007 pour combler le manque de réaction des acteurs internationaux et prendre le relai des troupes éthiopiennes présentes sur place, cette mission autorisée par le Conseil de Sécurité et agissant en vertu du Chapitre VII de la Charte ne devait pas excéder une période de six mois et l'ONU devait rapidement prendre le relais. Or, l’AMISOM est toujours déployée et le relais onusien se fait toujours attendre. Par ailleurs se pose la question du financement d’une opération de l’UA au Mali alors même que l’opération en Somalie vient d’être renforcée. L'extension du mandat de l’AMISOM, décidée en début d’année, accroit le coût de la mission qui passerait ainsi de 310 millions de dollars à 510 millions. Certes, l’UE finance largement la mission mais la résolution 2036 de l’ONU appel de nouveaux contributeurs. L’Union Africaine et ses partenaires peuvent–ils se permettre une nouvelle opération à l’autre extrémité du continent dans une période de crise économique financière de surcroit ?
La définition d’un mandat clair et précis reste primordiale et l’AMISOM est loin d’être un exemple. En Somalie, la mission de l’Union Africaine a en effet manqué aux principes fondamentaux de neutralité et d’impartialité. L’opération est intervenue  alors qu’il n’y avait aucune paix à maintenir. C’est un théâtre de guerre où l’accord des parties était loin d’être acquis et dans lequel les mandats et les ressources étaient inadéquats et la force inadaptée à la lutte anti-terroriste. Pour Jean-Nicolas Bach et Romain Esmenjaud, l’AMISOM a « de nombreuses caractéristiques qui la rapprochent d’une intervention militaire traditionnelle (soutien à une partie au conflit, recours régulier à la force, absence de commandement multinational, intéressement des contributeurs dont la participation à l’opération s’inscrit dans une stratégie de promotion d’intérêts nationaux…) » .

Aujourd’hui, l’espace sahélien semble durablement déstabilisé. A l’heure du retrait d’Afghanistan, la région devient-elle un nouveau front antiterroriste ? Il y a surement des leçons à tirer de l’interventionnisme en Somalie mais certainement pas en faire un exemple. Jean-François Bayart et Roland Marchal, deux chercheurs français, ne cessent d’appeler à la prudence lorsqu’on évoque des interventions militaires face à Al Qaïda ou ses alliés dans la bande sahélienne. Ils constatent un rétrécissement de la sphère politique au profit du contre-terrorisme et mettent en garde contre la radicalisation de certaines organisations combattantes. Le piège serait donc de voir la CEDEAO ou l’UA se transformer en « pompier-pyromane »…

Cette article a bénéficié d'une publication parallèle sur le site Atlantico.

mercredi 6 juin 2012

L'Erythrée en live

Ce samedi,  venez écouter Léonard Vincent, l'auteur de Les Erythréens (ICI) , à Vincennes.


jeudi 31 mai 2012

Conflictualités et politiques de sécurité et de défense en Afrique

Les actes du colloque du 22 juin 2011(ICI) viennent de paraitre sous la direction de Pierre Pascallon et Pascal Chaigneau.

Le lancement officiel de l'ouvrage aura lieu le 4 juin 2012 à 18 heures à l'Espace l'Harmattan (21 bus rue des Ecoles à Paris). L'entrée est gratuite, inscription souhaitée avant le 30 mai 2012 àpierre.pascallon0054@orange.fr
 
Résumé
"Il était tout à fait indispensable de s’attacher à dresser un constat global actuel et précis
de la conflictualité en Afrique. Et, corrélativement à cet effort, il était non moins essentiel de
scruter au plus près l’évolution des politiques de sécurité et de défense sur ce continent depuis
les indépendances.
C’est  ce  à  quoi  s’attache  le  colloque  organisé  le  20  juin  2011  à  la  Faculté  de  Droit  de
l’Université Pierre Descartes avec le concours des meilleures spécialistes de ces questions.
Cet ouvrage – qui reprend les actes de cette journée – sera par suite une pierre de référence
obligée pour toutes celles et tous ceux qui s’intéressent à ce continent Africain trop souvent
meurtri, si proche et si cher à nos cœurs."


Ont contribué à cet ouvrage :
Dominique  BANGOURA,  Pascal  CHAIGNEAU,  Romain  ESMENJAUD,  Dr  Amandine
GNANGUÊNON, Dr Damien HELLY, Jean-Jacques KONADJE, Dr Wutibaal KUMABA
MBUTA,  Sonia  LE  GOURIELLEC,  Philippe  LEYMARIE,  Fouad  NOHRA,  Pierre
PASCALLON,  Jean-Jacques  PATRY,  Pascal  LE  PAUTREMAT,  Michel  RAIMBAUD,
Raphaël ROSSIGNOL, le Général (2S) Dominique TRINQUAND

TABLE DES MATIERES

AVANT-PROPOS 
Par Pierre PASCALLON

INTRODUCTION GENERALE 
Par Pascal CHAIGNEAU

Ire PARTIE : L’ÉVOLUTION DES CONFLICTUALITÉS EN AFRIQUE DEPUIS  LES INDÉPENDANCES

Présentation générale des conflits en Afrique : 

Entre guerres et politique, (re)penser le désordre en Afrique,
Par Amandine GNANGUÊNON

Des modes d’accès au pouvoir conflictuel 
Par Dominique BANGOURA

L’arc de crise ouest-Africain, la Côte d’Ivoire et l’Union Du fleuve MANO
Par Jean-Jacques KONADJE

La sécurité et la stabilité du Sahara au défi des mouvements extrémistes : le cas de l’AQMI
Par Fouad NOHRA

La Corne de l’Afrique, une déstabilisation généralisée ? 
Par Sonia LE GOURIELLEC

La conflictualité dans les pays des grands lacs : le cas  de la République démocratique du Congo
Par le Dr Wutibaal KUMABA MBUTA

IIème PARTIE : L’ÉVOLUTION DES POLITIQUES DE SÉCURITÉ ET DE  DÉFENSE EN AFRIQUE DEPUIS LES  INDÉPENDANCES

L’évolution des politiques africaines de paix et  de  sécurité
Par Michel RAIMBAUD

Les opérations de maintien de la paix : ............ quelle évolution ?
Par Le Général (2S) Dominique TRINQUAND

L’africanisation des opérations de paix :  dynamiques  politiques et fondements conceptuels
Par Romain ESMENJAUD

Le repositionnement stratégique de la France  en Afrique
Par Jean-Jacques PATRY

L’évolution de RECAMP 
Par Pascal LE PAUTREMAT

L’union européenne, régulateur de la sécurité  en Afrique
Par le Docteur Damien HELLY

Les Etats-Unis, nouveau gendarme du continent  africain ?
Par Philippe LEYMARIE

La politique chinoise de sécurité en Afrique : une perspective générale
Par Raphaël ROSSIGNOL

GLOSSAIRE 
Quelques définitions du droit international
Par Pascal LE PAUTREMAT

BIBLIOGRAPHIE 

jeudi 24 mai 2012

Soudan du Sud : un nouvel Etat en Afrique

L'excellente émission "Le dessous des cartes" consacrait fin avril/début mai deux soirées au Soudan du Sud.



Résumé :
"La République du Soudan du Sud est officiellement indépendante depuis le 9 juillet 2011, devenant ainsi le 193e État membre de l’Onu. Afin de mieux comprendre le processus qui a conduit à la partition du Soudan, et donc à la création d’un nouveau pays africain, le Dessous des Cartes nous plonge dans l’histoire complexe de cette région et des territoires que l’on appelle aujourd’hui Soudan et Soudan du Sud. (...)
Après un premier volet consacré à l’histoire des territoires qui forment aujourd’hui le Soudan du Sud, le Dessous des Cartes tente de comprendre les défis auxquels sera confronté ce nouvel État africain. Doté de ressources stratégiques, le pays doit cependant faire face à une situation économique et sociale complexe, qui soulève des interrogations quant à son avenir."

Retrouvez les cartes et les commentaires de la première émission ICI 



Retrouvez les cartes et commentaires de la deuxième émission ICI
 

mardi 22 mai 2012

Somalie : du drame humanitaire à la transition politique ?

Le conflit somalien se caractérise par de multiples formes de violence et touche une large frange d’acteurs militaires dont des groupes criminels, des djihadistes, des milices tribales, les formes armées des puissances régionales et des forces armées internationales. Les conséquences sur les populations civiles sont dramatiques. Tous les parties ont été accusé de crimes de guerre pendant le conflit, dont des attaques aveugle contre des civiles et le recrutement d’enfants soldats (ICI). Difficile de donner des chiffres mais le conflit aurait tué 391 000 personnes depuis 1991, on compterait près d'un million de réfugiés et 1,3 millions de déplacés.



Les réfugiés fuient en masse vers le Kenya vers le camp de Dabaab le plus grand camp de réfugiés au monde.




De processus de réconciliation en interventions militaires, la résolution du conflit somalien reste un échec. La Somalie vit aujourd’hui une période clé de son histoire contemporaine : la situation sur le terrain se trouve radicalement modifiée depuis le mois d’août 2011 (ICI) et politiquement la période de transition touche à sa fin. 


Nous remercions l'ami de Géopolitique de la Corne de l'Afrique pour la traduction qui suit !

A gauche  :
- la pancarte indique : transitoire (ICI)
- le président du parlement somalien tient dans ses mains  la constitution et dit : "Oh mon Dieu, fais que nous soyons sauvé au mois d'août"
- le president du TFG, Sharif Sheikh Ahmed, s'accroche à une chaise décorée du drapeau somalien symbolisant le pouvoir (il a annoncé vouloir se représenter ICI)
- Il marche sur un pont  formé de les chefs traditionnels (ICI les irrégularités dans la sélection des Elders)

A droite : 
-Meles Zenawi, le Premier ministre éthiopien dit :"Si ces deux gars gagnent au mois d'aout, la mer sera dans nos mains"
- le président Kenyan lui répond : "Ne crains-tu pas, plutôt qu'à cause d'eux, la population se soulève contre nous"
     

lundi 21 mai 2012

L'Afrique en blogs

Nouvelle sélection de blogs sur le continent :



- Géopolitique de la Corne de l'Afrique ICI de Said Ismael

- Afrique défense : ICI  par un historien Jean François Auran


 - Cahiers nomades : ICI 



- Les Echos du Bénin : ICI

- Abidjan sur le pouce : ICI

- Concerne about Africa : ICI

- Amadou Amath Blog sur le Sénégal ICI

Communiquez nous le nom de votre blog !

dimanche 13 mai 2012

Sortie du 3ème numéro de Jambo

Le Comité "Afrique" de l'ANAJ-IHEDN vient d'annoncer la sortie du numéro 3 de la revue Jambo.

Au sommaire de ce numéro :
 -Élections présidentielles au Sénégal
- Le bilan africain du 6ème forum mondial de l’eau
- Mali : la chute d’un acteur clé de la lutte contre AQMI
- Focus pays : Le Malawi
- La coopération industrielle internationale
- Interview M. Xavier DRIENCOURT, Ambassadeur de France en Algérie - La Francophonie est-elle morte ?
- Faire des affaires dans les États membres de l’OHADA
- En Somalie, le temps est compté…
- PUBLICATION—REVUE Léonard Vincent, Les Erythréens  

Télécharger le numéro 3 de Jambo ICI

Rédigée par des étudiants, chercheurs ou jeunes professionnels membres du Comité Afrique de l’ANAJ-IHEDN, la lettre souhaite montrer à ses lecteurs que le continent africain est un acteur à part entière des enjeux géopolitiques mondiaux. Nos rédacteurs ont une expérience du continent, y ont vécu ou travaillé. Il s’agit pour eux de faire partager leur intérêt commun pour un continent trop souvent marginalisé dans les médias et la pensée européenne.

Pour recevoir gratuitement la lettre tous les trimestre, par mail, envoyez nous un mail à : afrique@anaj-ihedn.org

De même n’hésitez pas à nous proposer vos contributions ou des sujets d’étude que vous souhaiteriez voir traiter : afrique@anaj-ihedn.org

dimanche 6 mai 2012

Interview : trois trajectoires de sécession dans la Corne de l'Afrique

Nous avons eu l'honneur ce matin d'être interviewée par Sonia Rolley sur RFI : ICI suite à l'article "trois trajectoire de sécession dans la Corne de l'Afrique" ICI



Ecoutez ci dessous :



INV AFR 06/05 LE GOURIELLEC
(07:04)

vendredi 4 mai 2012

Somalie : Présentation d'ouvrage

Nous avons évoqué ICI le dernier ouvrage de Marc Fontrier, L'Etat démantelé. Annales de Somalie (1991-1995) De la chute de Siyaad Barre au retrait de l’Onusom, l’auteur présentera son ouvrage le jeudi 10 mai 2012  à  18 heures au Pôle des Langues et civilisations de l’INALCO (Amphithéâtre 4.07 - 65, rue des Grands Moulins – 75013 PARIS)

Résumé de l'auteur : "28 Janvier 1991, le régime du président Siyad Barre tombe sous les coups conjugués de trois mouvements rebelles.
Aussitôt, un parti d’hommes d’affaires soutenus depuis l’étranger tente de s’emparer du pouvoir au détriment des factions qui par les armes viennent de renverser le dictateur. De la confusion ressort une déclaration d’indépendance du Nord-ouest et l’implosion du Sud en une myriade de factions aux alliances instables. Ajoutant à la guerre civile, des conditions climatiques malheureuses suscitent un désastre humanitaire que la société internationale tente d’enrayer au fil de trois opérations menées entre 1992 et 1995. Si celles-ci améliorent considérablement la situation humanitaire, elles échouent à aider à la reconstruction du pays au point qu’Onusom II, la dernière d’entre elles, se conclut sur un véritable fi asco politique et le retrait de la force.
L’aveuglement des Somaliens, fiers, xénophobes et résolus, les choix politiques contestables des Nations unies et une trop grande assurance des États-Unis auront conduit par maladresse et ignorance à des choix stratégiques hasardeux. Ruinant tout espoir de normalisation en Somalie, ils favoriseront l’émergence d’un ultralibéralisme qui à terme fera le lit de l’islam radical."

jeudi 26 avril 2012

Journée d'étude : Langues et littérature dans la Corne de l'Afrique

L'EHESS recevra ce mercredi 2 mai 2012  M. Charles Cantalupo (Bio ICI), chercheur africaniste de la Pennsylvania State University.  Une demi-journée d'étude sur la renaissance des littératures africaines dans l’Afrique contemporaine a été organisé pour l'occasion. Mme. Meaza Revol-Tissot de l'INALCO parlera du contexte culturelle et de l'histoire littéraire de la poésie africaine contemporaine, notamment pour le cas des langues et littératures de la Corne d'Afrique et de l'Erythrée plus particulièrement. 


Informations : mercredi 2 mai 14h30 à 17h30 à l’EHESS-Paris, Bâtiment France, 190-198 avenue de France, Paris (13e), Salles de conseils A & B.

Résumé  préparé par les organisateurs :
 « Joining Africa » raconte les voyages ethnographiques et les préoccupations littéraires de Charles  Cantalupo,  poète  et  professeur  universitaire  américain  qui  traversa  l’Amérique, l’Europe et l’Afrique pour découvrir le pouvoir du langage dans la poésie africaine. En tant que chercheur spécialiste sur les littératures « vernaculaires » de la période moderne en Europe, Cantalupo reconnaît l’influence de l’auteur Ngugi wa Thiong’o (Kenya), qu’il a  rencontré  en  1993,  et  qui  lui  a  montré  l’importance  de  la  renaissance  des  littératures  africaines dans l’Afrique contemporaine. Par la suite, après sa rencontre avec l’Erythrée, pays  en  lutte  économique  mais  toujours  riche  culturellement,  Cantalupo  trouve  de nouvelles  satisfactions  littéraires  dans  la  poésie  intense  de  la  Corne  d’Afrique.  Pendant cette  demi-journée  d’étude,  Cantalupo  présentera  ce  livre,  un  livre  qui  n’est  ni  une  histoire  cautionnaire  « postcoloniale »,  ni  une  histoire  exotique  du  safari.  L’Afrique présentée par Cantalupo est remplie des voix des peuples érythréens parlant leurs propres langues. Selon Cantalupo, ce ne sont pas les stars célèbres ou les ONG, mais les langues africaines qui seront porteuses de changements culturels et économiques en Afrique. Son histoire  personnelle  et  ethnographique  touche  à  une  Afrique  en  pleine  croissance rarement interrogée par les touristes occidentaux. A travers ses échanges avec les poètes du continent, Cantalupo nous invite à réévaluer notre engagement – en tant qu’individus et   en   tant   que   collectivité   –   avec   cette   partie   du   monde   aussi   remarquable qu’extraordinaire.  
Mme.   Meaza Revol-Tissot de   l'INALCO,   spécialiste   de   Tigrinya,contextualise  ce  travail  ethnographique  en  parlant  de  l’histoire  littéraire  de  la  poésie africaine contemporaine, notamment pour le cas des langues et littératures de l'Erythrée."


On lira : 
Sur la conférence Against all Odds ICI