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dimanche 29 décembre 2013

Recension : Al-Shabaab in Somalia (Stig Jarle Hansen)

Notre recension a bénéficié d'une première publication sur le blog War Studies Publications (merci à l'animateur).
Qu’on se le dise, Stig Jarle Hansen est le spécialiste du groupe Al-Shabaab, ce groupe de fondamentalistes affiliés à Al-Qaïda, qui a émergé en Somalie à partir de 2005-2006[1]. Les commentaires des plus prestigieux spécialistes de la Somalie en quatrième de couverture (Gérard Prunier, J. Peter Pham, Christopher Cook, Markus Hoehne) sont élogieux et augurent une lecture enrichissante.


Professeur de Relations internationales en Norvège, Hansen a vécu en Somalie au moment même où le groupe commençait à faire parler de lui. C’est même Godane, le futur leader du mouvement qui lui délivra son visa. Il le dit lui-même, sa première impression du groupe fût positive. En effet, les Shebabs n’étaient alors composés que de quelques dizaines de jeunes, intégrés à l’Union des Tribunaux Islamiques (UTI). Ce dernier administrait le sud du pays en 2006 et était parvenu à y restaurer un semblant d’ordre et de sécurité. Très vite, Hansen a compris que le groupe se distinguait du reste des mouvements de l’UTI, une autre facette se dessinait. Composé de jeunes dont le chef se faisait appeler « Gaal dille » (« tueur de Chrétiens » en somali) les Shebabs se faisaient les chantres du concept de choc des civilisations. Cette double facette - restauration de la sécurité et idéologie civilisationnelle - existe encore aujourd’hui.
Hansen nous explique l’évolution du groupe, son idéologie et les moyens militaires employés pour parvenir à ses fins. Il adopte un plan chronologique pour montrer les différentes phases de l’émergence du groupe dans un contexte national où la religion est devenue un refuge identitaire face au désordre général. Le groupe s’est formé au sein de l’Union des Tribunaux islamiques (2005-2006) et s’est renforcé dans le combat contre « l’envahisseur » éthiopien (2007-2008). Selon Hansen, son âge d’or serait la période 2009-2010 avec l’échec de la prise de contrôle du territoire national par le Gouvernement Fédéral de Transition (GFT). La période actuelle, à partir de 2010, serait une période de « troubles » pour le groupe (perte de territoire, interventions des acteurs régionaux et internationaux). 


Pour l’auteur, le groupe est certes, le fruit du contexte national d’insécurité, mais il est également le signe de l’exportation de l’idéologie d’Al Qaïda en Somalie. En cela, l’auteur reprend le concept de « glocalisation » développé par J.P. Daguzan en France. Il décrit brillamment la complexité du groupe, les différentes alliances, les réseaux en Europe, au Moyen-Orient et aux Etats-Unis, ainsi que les différentes interprétations de l’islam qui sont l’objet de nombreux débats internes.
Hansen montre le soutien de la population, notamment le milieu des affaires, qui croyait en l’une des facettes des Shebabs et acceptait tacitement l’autre. On le sent, l’auteur admire la capacité des Shebabs a mettre en place une forme de gouvernance fondée sur une idéologie et un système juridique et scolaire, alors qu’aucune autre organisation n’y était parvenue jusqu’alors. Al-Shabab a même développé un système fiscal qui aurait permis au groupe de s’autofinancer, sans soutien extérieur. Néanmoins, cette hypothèse est sujette à débat parmi les spécialistes. De plus, le groupe a, dans une certaine mesure, réussi à transcender les divisions claniques, sous-claniques et sous-sous-claniques bien qu’aujourd’hui les dissensions observées au sein du groupe sont elles-mêmes liées à ce problème clanique.

Hansen explique également comment l’utilisation des réseaux sociaux et des moyens de communications modernes ont permis aux Shebabs de se faire connaitre et de recruter à plus grande échelle. Cet élargissement de sa visibilité a aussi contribué à faire évoluer l’idéologie du mouvement. Dans le même temps, l’évolution du groupe a créée des divisions internes, entre les jeunes somaliens nationalistes, désœuvrés et hostiles à l’intervention éthiopienne d’un côté et, de l’autre, les nouvelles recrues issues de l’étranger ou de la diaspora, dont l’agenda est plus global et religieux. Il note également que les kamikazes shebabs sont rarement des Somaliens recrutés dans le pays mais des étrangers ou des membres de la diaspora radicalisés dans le monde occidental.
Hansen analyse parfaitement un autre point : les acteurs internationaux ont à plusieurs reprises fait l’erreur d’oublier la capacité de résilience du groupe. La fin du groupe a été annoncée à plusieurs reprises depuis 2008, mais il a toujours su se réinventer et sa capacité de nuisance est restée intacte, comme l’a prouvé l’attentat du Westgate Mall de Nairobi en septembre 2013. L’auteur semble véritablement impressionné par cette habileté à se réinventer. Pour Hansen, Al-Shabaab est le seul groupe affilié à Al Qaïda à avoir administré un large territoire (de la taille du Danemark avec 5 millions d’habitants), il a exporté des combattants dans le reste du continent africain (Nigeria, Sahel, Kenya et Ouganda) et ils auraient, ainsi, contribué à un « African momentum for jihad ».


Le nombre de détails[2], de noms et de dates risquent de déstabiliser les néophytes, d’autant qu’il n’existe pas dans l’ouvrage de véritable rappel sur la division clanique de la société alors même que l’auteur s’y réfère dès qu’il cite un acteur. On pourrait aussi reprocher à l’auteur d’avoir survolé les éléments de méthodologie sur la collecte des données et les sources utilisées. Toutefois, un index des noms propres situé à la fin permet de trouver rapidement les références, les notes de fin et la bibliographie sont riches et invitent à poursuivre la lecture d’autres ouvrages sur la question. L’introduction est brillante et apporte des clarifications très utiles sur les débats qui agitent le monde académiques anglophones sur la Somalie et les différentes organisations politiques qui y ont émergé depuis 1991. Cet ouvrage est une mine d’or pour les spécialistes et sa lecture leur est essentielle. Il présente, explique et décortique l’évolution de l’idéologie et de la tactique de « l'une des organisations politiques somaliennes les plus efficaces de ces vingt dernières années ».
Se procurer l'ouvrage : ICI



[1] Selon Hansen mais la période fait débat parmi les spécialistes.
[2] On note par exemple la liste exacte des taxes appliquées à Kismayo en 2010, ou encore le montant attribué au soldat qui tuerait un ennemi (30 $) alors qu’à la même période la police et l’armée n’étaient pas payé.

vendredi 19 juillet 2013

Publication (Diplomatie) : La victoire de Kenyatta sur fond de crime contre l'humanité

Nous sommes ravie de vous annoncer notre dernière publication dans la revue Diplomatie n°63. Cette contribution porte sur les dernières élections au Kenya et les défis qui attendent la nouvelle équipe au pouvoir. Vous trouverez ci-dessous l'introduction : 



Uhuru Kenyatta, fils du « père de l’indépendance » et candidat vainqueur à l’élection présidentielle kenyane, a été investi le 9 avril 2013. Certes, son élection a été contestée juridiquement mais les résultats ont été confirmés par la Cour Suprême le 30 mars 2013. Ces dernières élections présidentielles sont certainement les plus importantes et les plus complexes depuis que le pays a renoué avec le multipartisme, il y a deux décennies. 86% des électeurs kenyans se sont ainsi rendus aux urnes pour élire, non seulement le Président, mais aussi les députés, sénateurs, gouverneurs de « counties » (départements) et représentants locaux. Bien que les observateurs et les analystes aient pu craindre de voir se reproduire les violences qui avaient entachées les élections de 2007, ces nouvelles élections se sont déroulées dans un climat relativement plus serein avec une forte mobilisation électorale. Elles font entrer le Kenya dans une ère nouvelle qui devrait voir la démocratie se renforcer.  

Pourtant, cette dynamique vertueuse ne doit pas occulter les défis internes et internationaux que doit relever le nouveau gouvernement. Ce dernier va devoir se battre sur deux fronts distincts : si le pays lui réclame de tourner la page des divisions internes tout en assurant la réforme de l’Etat et un développement économique maîtrisé, il devra composer avec un environnement international complexe. Alors que le contexte régional pourrait mettre à mal la stabilité du Kenya, le Président aura à éviter l’isolement international qui pourrait être imposé au pays, du fait des accusations de la Cour pénale internationale (CPI) qui pèsent sur son vice-président et sur lui-même.

samedi 27 avril 2013

Regards croisés sur certaines violences africaines (Ouganda)

L'émission Histoire Vivante présentée par Jean Leclerc a consacré sa semaine à l'Ouganda dans la perspective du documentaire "Les enfants du Seigneurs" dimanche 28 avril. 



Dans ce cadre, l'auteure de ce blog a eu l'honneur d'être interviewée par Jean Leclerc (ICI).Vous retrouverez également Sandrine Perrot et Richard Banégas, Thierry Vircoulon, Johan Vignet et la réalisatrice du documentaire. Toutes les interviews : ICI

mercredi 6 mars 2013

Elections aux Kenya : le pays peut-il revivre les violences post-électorales de 2007 ?


Ce billet bénéficie d'une publication en parallèle sur Huffington Post.

"Je vous encourage à aller voter et aider à décider de l'avenir de notre Nation. Je vous demande également ardemment à tous de voter pacifiquement. (…) Montrons clairement au monde que notre démocratie a atteint sa maturité (…) A ceux qui ne gagneront pas: votre pays a encore besoin de vous. Il y a de nombreux autres rôles que vous pouvez jouer dans nos efforts de développement" déclarait vendredi dernier le président sortant Kibaki.

Le ton est donné. Les élections qui se sont déroulées hier, lundi 4 mars, sont certainement les plus importantes et les plus complexes depuis que le pays a renoué avec le multipartisme il y a de ça deux décennies. 14.3 millions d’électeurs kenyans se sont ainsi rendus aux urnes pour élire députés, sénateurs, gouverneurs de « counties » (départements), représentants locaux mais aussi le Président. Six scrutins au total dans la même journée, une nouveauté mais aussi un défi technique afin d’accueillir tous les votants et dépouiller tous leurs votes. L’élection des gouverneurs, notamment à cause de l’élargissement par la constitution de  2010 dans le cadre du processus de décentralisation de leurs pouvoirs financiers, pourrait donner lieu à des débats agités, mais seule l’élection du président qui devrait nécessiter un second tour, est autant scrutée.



Quels sont les enjeux liés à ces élections ?

Si ces élections se déroulent dans un climat serein et elles seront perçues comme  justes et transparentes, et feront entrer le Kenya dans une nouvelle ère. La Constitution adoptée en 2010 entrera pleinement en vigueur, faisant du pays une démocratie. A l’inverse, si ces élections sont perçues comme illégitimes, elles pourraient plonger le pays dans une nouvelle vague de violence et ainsi faire reculer la démocratie. Les capacités économiques de la première puissance économique d’Afrique de l’Est pourraient en être affectées. Les pays voisins en subiront sans doute l’impact : la Somalie, d’une part, où le Kenya est engagé dans le cadre de la lutte contre le terrorisme mais aussi les efforts de pacification du conflit Soudan/Soudan du Sud, d’autre part seraient touchés. En effet, le pays joue un rôle majeur dans les différents processus de paix engagés au sein de la Corne de l’Afrique. C'est à Nairobi qu'a été signé en janvier 2005 l'accord de paix entre Khartoum et les rebelles du sud Soudan. C'est également au Kenya que s’est réfugié en 2004 le Gouvernement Fédéral de Transition somalien. La dynamique de l’East African Community (EAC) dont fait partie le pays aux côtés de l’Ouganda, la Tanzanie, le Rwanda et le Burundi serait également gravement touchée.

23. 000 observateurs, dont 2. 600 observateurs internationaux ont été déployés dans le pays.  Le processus électoral kenyan est ainsi scruté de près par la communauté internationale qui garde en mémoire les violences qui avaient entachées les précédentes élections. En effet, en 2007, l’annonce de la victoire du président sortant Mwai Kibaki contre Raila Odinga avait provoqué des tueries ethniques dont le bilan s’élèverait à 1 162 morts et 350 000 déplacés dans plus d’une centaine de camps[1]. La crise avait été réglée par la voie diplomatique et juridique. L’ancien Secrétaire général des Nations unies, Kofi Annan, mandaté par l’Union africaine, avait réussi sa médiation en proposant la constitutionnalisation du poste de Premier Ministre. Les deux leaders avaient accepté le partage du pouvoir ainsi que la rédaction d’une nouvelle constitution afin de préserver le pays de ses dérives.



Pourtant, en décembre 2002, une élection régulière avait fait entrer le Kenya dans une nouvelle ère, véritable espace démocratique où la liberté de parole est la règle et la presse parfaitement libre. En effet, après l'instauration du multipartisme en 1991, le président Moi a pu se maintenir au pouvoir jusqu'en 2002. L'arrivée au pouvoir de la coalition NARC rassemblant autour de Mwai Kibaki les opposants de longue date, les déçus de l'ancien parti unique KANU, et les ralliés de dernière minute, tel Raila Odinga offraient le symbole de l’ouverture du pays. L'arrivée d’un nouveau président, en rompant avec près de 40 ans de pouvoir sans partage de la KANU, avait changé radicalement le jeu politique. Le Kenya démontrait alors son aptitude démocratique, respectueux des libertés fondamentales et lançait une série de grandes réformes. Mais le pouvoir, confronté à la corruption et aux divisions, s’est considérablement affaibli. Avant les élections de 2007, le paysage politique kenyan était en pleine recomposition autour de deux pôles : la NARC, victorieuse en 2002, explosait alors que la KANU ne parvenait pas à se reconstruire de manière cohérente. Le Kenya avait raté son virage démocratique.

L’histoire peut-elle se répéter ?

Les Kenyans semblent avoir pris les dispositions institutionnelles afin d’éviter de revivre les violences de 2007-2008 : la Constitution a été réécrite, une nouvelle Cour suprême et une commission électorale ont été créées, une loi contre les discours de haine adoptée. La Commission électorale nationale a un rôle fort à jouer dans la légitimation des résultats. Elle a d’ailleurs promis de donner les résultats dans les 48 heures et ainsi éviter le long délai d’attente de 2007. L’émergence d’une classe moyenne et d’une bourgeoisie est également un élément nouveau. Une crise politique les pénaliserait sans doute, et ce groupe a tout intérêt à vouloir préserver la paix. Symboliquement deux hommes politiques dont les ethnies s’étaient affrontées en 2007 ont décidé de s’allier dans la course à la présidence : Uhuru Kenyatta, fils du premier président du pays, et William Ruto, le leader de la communauté des Kalenjin (la troisième plus importante du pays). Un geste d’autant plus fort que les deux hommes sont sous le coup d’une inculpation par la Cour pénale internationale pour crime contre l’humanité lors des violences post-électorales de 2007.



Néanmoins, ce qui a causé les précédentes violences n’a pas changé. En commençant par les leaders politiques qui sont les mêmes. Pour ces élections, le Premier ministre Raila Odinga (un Luo à la tête de l’Orange Democratic Movement) et le vice-Premier ministre Uhuru Kenyatta (un Kikuyu, chef du National Alliance party), sont les deux principaux candidats du scrutin (Mwai Kibaki a déjà effectué deux mandats et ne pouvait se représenter) sur huit au total. La bipolarisation de la campagne sur des bases ethniques fait craindre une nouvelle instrumentalisation du fait ethnique par la classe politique. Or ce facteur ethnique est très présent dans la vie politique et économique kenyane. Régulièrement des tensions apparaissent autour de l’occupation de la terre par exemple. Des conflits attisés par des calculs politiques à courte vue. Les Bantous représentent le groupe le plus important, auquel appartiennent les Kikuyus, ethnie qui a marqué l'histoire de l'émancipation du Kenya et qui a tenu les rênes du pouvoir depuis l’indépendance du pays en 1963. Mwai Kibaki, l’actuel président est un Kikuyu comme Jomo Kenyatta le premier président du pays en 1964 et son fils actuellement candidat.

Tout comme en 2007, la campagne électorale s’est déroulée sans heurt majeur. La Commission kenyane des droits de l’homme a tout de même relevé le retour de « discours de haine », les leaders politiques sont les mêmes et certaines de leurs déclarations inquiètent. Ainsi Raila Odinga a-t-il déjà annoncé qu’en cas de défaite, il dénoncerait les fraudes et les manipulations. C’est lui qui en 2007 avait été battu par le président sortant Mwai Kibaki aux élections présidentielles du 27 décembre à la suite de fraude, alors, qu’aux législatives qui avaient eu lieu le même jour, son parti l’emportait devant la coalition présidentielle. De plus, l’inculpation de Uhuru Kenyatta, et de son colistier l’ex-ministre William Ruto, par la CPI pourraient également leur donner envie d’être vainqueur à l’encontre des résultats. Bien que s’il est élu aux plus hautes fonctions, Uhuru Kenyatta devrait comparaitre devant la Cour en avril prochain, au moment où devrait se dérouler le second tour de l’élection. Son statut de Président ou futur président pourrait ainsi lui permettre d’adopter la même attitude que le président soudanais Omar El Béchir qui lui a choisi d’ignorer la CPI. De fait il pourrait devenir le deuxième président du continent poursuivis par la Cour. Cette perspective inquiète les partenaires occidentaux de ce pays qui préférerait voir Raila Odinga triompher. Cette inculpation est donc un enjeu de plus dans ces élections, à la portée internationale. Kenyatta s’est d’ailleurs servi de ces accusations afin de manipuler les communautés ethniques qui le soutiennent en se positionnant comme une victime. Sera-t-il jugé dans les urnes ? Gardons en mémoire qu’un scrutin dans lequel un candidat n'a rien à perdre peut virer à la guerre civile…




[1] Kenya National Commission on Human Rights (KNCHR), On the Brink of the Precipice : a Human Rights Account of Kenya’s post 2007 Election Violence, Nairobi, août 2008, 156 p.

jeudi 3 janvier 2013

Erythrée : l’affaiblissement du régime ?

En Erythrée, le régime montre des signes de vulnérabilité. Le président semble de plus en plus incontrôlable, les cinq généraux qui dirigent avec lui le pays se disputent le pouvoir et les défections se multiplient. Si celles des membres de l’équipe érythréenne de football en Ouganda a été a largement médiatisé, tout comme la demande d’asile du porte-drapeau de la délégation érythréenne aux JO de Londres et des trois autres athlètes qui l'accompagnaient, celles des hauts fonctionnaires du régime restent beaucoup plus discrètes bien que révélatrices d’un affaiblissement. 

En 2012, ces défections se sont multipliées. La dernière, en décembre 2012, est celle d’Ali Abdou, le « ministre de l’Information par interim ». Le 3 octobre, se sont deux officiers de l'armée de l'air qui ont piloté clandestinement le Beechcraft de la présidence jusqu'en Arabie saoudite. Les rumeurs sont nombreuses dans ce pays et difficiles à vérifier d’autant que le régime a l’habitude de s’en servir pour faire diversions. Il construit et alimente un climat d’urgence comme l’atteste la distribution de Kalachnikoff à la population cette année. Malgré tout, pour sortir de son isolement, le régime d’Issayas Afworki multiplie les initiatives et cherche à réintégrer l’organisation régionale de l’IGAD.

samedi 29 décembre 2012

Djibouti : nain régional aux grandes ambitions


Nous entamons ici une série de petits billets rétrospectifs de l'année 2012 dans la Corne de l'Afrique. Commençons par Djibouti, ce qui nous permet de vous signaler, dans le même temps, la sortie de Djibouti contemporain dont nous ferons une recension dans quelques semaines. 


Djibouti et ses 23 000 km² est toujours pour les États-Unis, et ses alliés, le centre de gravité de la lutte antiterroriste dans la Corne de l’Afrique et dans la péninsule arabique ainsi que de la lutte contre la piraterie. Ce dernier phénomène est d’ailleurs un élément remarquable de l’année. La baisse des prises pirates s’est accompagnée d’une baisse des attaques déclarées : 130 attaques en 2009 et 19 en 2012. Djibouti s’est aussi directement engagé dans la résolution  du conflit somalien. Si le bataillon djiboutien de l'AMISOM avait pris du retard, il est désormais opérationnel et déployé. Sur le plan économique, le pays a lancé, le 12 décembre 2012, les travaux du port en eaux profondes à Tadjourah, deuxième ville du pays. Ce gigantesque projet est financé par le Fonds arabe pour le développement économique et social (61 millions de dollars) et par le Fonds saoudien de développement (25 millions). La construction de cinq nouveaux terminaux dédiés au pétrole, au gaz, au sel, au bétail et à la potasse a donc été lancée. Ainsi, le pays ne manque pas d’ambition même s’il pourrait se faire concurrencer par le Somaliland voisin qui compte réhabiliter le corridor de Berbera pour offrir un nouveau débouché maritime à l’Ethiopie. Politiquement, le parti du président essaie de se relever de ses défaites lors des élections municipales et régionales de janvier et préparer les législatives de 2013.

vendredi 30 novembre 2012

Présentation : Trajectoires sécessionnistes dans la Corne de l’Afrique : l’Erythrée et le Somaliland

Nous sommes intervenu le 22 octobre lors de la journée d'étude organisée par l'Association des Internationalistes. 



Notre présentation, ainsi que celle du professeur Gascon, sont disponibles ICI et ICI

dimanche 21 octobre 2012

Corne de l'Afrique : Partition et répartition des espaces :




La prochaine manifestation scientifique de l’Association des Internationalistes, organisée en partenariat avec l’IHEDN, aura pour thème Partition et répartition des espaces : actualité de l’Afrique. L'auteur de ce blog aura l'honneur d'y participer.


La récente partition du Soudan et les conflits territoriaux de la Corne de l’Afrique seront abordés, dans deux panels distincts, sous les angles historique, politique, géographique, juridique et économique.
Le colloque se déroulera le 22 octobre 2012 de 9h à 13h à l’Ecole militaire (amphithéâtre Suffren).
Pour l’inscription au colloque, nous vous remercions d’adresser un courriel à l’adresse suivante : tableronde@ihedn.fr
Nous vous remercions de vous munir d’une pièce d’identité pour accéder à l’Ecole militaire (entrée par le 1, place Joffre, 75007 Paris) et, par précaution, de bien vouloir arriver en
avance.

PROGRAMME

Ouverture par Georges-Henri Soutou, membre de l’Académie des sciences morales et politiques, professeur émérite à l’Université Paris-Sorbonne, président de l’Association des Internationalistes

PANEL 1 : LE SOUDAN

Présidé par Pierre Michel Eisemann, professeur à l’Ecole de droit de la Sorbonne (Université Paris I), vice-président de l’Association des Internationalistes

Roland Marchal (économie) Chargé de recherche CNRS, enseignant à l’IEP de Paris et à Columbia University : « La partition du Soudan dans le contexte régional ».
Gérard Prunier (histoire) Chargé de recherche au CNRS, ancien Directeur du Centre français d’études éthiopiennes à Addis-Abeba : « Y a-t-il deux Soudan ou trois ? ».
Géraldine Giraudeau (droit) Maître de conférences à l’Université d’Orléans : « La sentence Abyei du 22 juillet 2009 (Gouvernement du Soudan / Mouvement/Armée populaire de libération du Soudan) ».
Marc Lavergne (géographie) Directeur de recherche au CNRS, ancien directeur du Centre d’Etudes et de Documentation Juridiques, Economiques et Sociales (CEDEJ) Egypte-Soudan : « La partition du Soudan : une page de tournée ou un incident de parcours ? ».

*débat et pause*

PANEL 2 : LA CORNE DE L’AFRIQUE : ETHIOPIE-ERYTHREE, SOMALIE

Présidé par Michel Foucher, Directeur de la formation, des études et de la recherche de l’IHEDN, vice-président de l’Association des Internationalistes

Alain Gascon (géographie) Professeur émérite, Institut français de géopolitique, Université Paris 8, Ancien chargé de cours à l’INALCO : « Erythrée-Ethiopie : la permanence des frontières coloniales en dépit d’une histoire et d’une culture communes ».
Sonia le Gouriellec (sciences politiques) Doctorante en Science Politique à l’Université Paris Descartes-Sorbonne-Paris-cité : « Trajectoires sécessionnistes dans la Corne de l’Afrique : l’Erythrée et le Somaliland ».
Jean-Nicolas Bach (sciences politiques) Docteur en Science politique, Membre associé au Centre de recherche « Les Afriques dans le Monde », ATER à l’Institut d’études politiques de Bordeaux : « Ethiopie et Corne de l’Afrique : influences mutuelles ».
Abdelqawi Yusuf (droit) Juge à la Cour internationale de Justice : « Corne de l’Afrique : fragmentation ou intégration ? »

*débat*

Conclusion générale de Serge Sur, professeur à l’Université Panthéon-Assas (Paris II), secrétaire général de l’Association des Internationalistes

L’Association des Internationalistes est une association pluridisciplinaire née en 2010 dont le but est de réunir les spécialistes francophones des relations internationales dans les différentes disciplines (science politique, économie, géographie, histoire, droit) et de faciliter leur coopération sur le plan scientifique et universitaire. L’Association est ouverte aux enseignants-chercheurs, chercheurs, docteurs, experts, étudiants en doctorat et master 2 des différentes disciplines.

mardi 18 septembre 2012

« The other side of Africa : les nouveaux enjeux de l'Afrique de l'Est » .

Le mercredi 11 juillet 2012, la Direction Affaires publiques et l’Université Total organisaient un séminaire géopolitique « The other side of Africa : les nouveaux enjeux de l'Afrique de l'Est » .






Les viédos et podcast audio de cette demi-journée sont disponibles :

-    6 vidéos avec les extraits essentiels de chaque table-ronde
-    6 podcasts audio vous permettant d’écouter l’intégralité de chaque table-ronde en les téléchargeant sur votre PC ou sur votre téléphone pour les écouter au meilleur moment

Cliquer ici pour accéder aux vidéos et podcasts

-    Les présentations de chaque table-ronde accessibles incluant 9 cartes incontournables, documentant le sujet
-    Les comptes-rendus écrits de chaque séquence
-    Les photos de l’événement


Copiez ce lien sur internet explorer : http://feu.corp.local/publish/templates/index.asp?rub_ident=3354

dimanche 26 août 2012

L'Erythrée par Gérard Prunier

L'association ASMEA (Association for the Study of the Middle East and Africa) diffuse sur You tube la vidéo (ci-dessous) de l'intervention de Gérard Prunier lors d'une conférence qui s'est tenue en novembre 2010. 

Dans "Eritrea and its discontents", Gérard Prunier revient sur l'histoire contemporaine de l'Erythrée.



mercredi 4 juillet 2012

Les défis politiques et stratégiques en Somalie




L'IRSEM vient de sortir son 13ème cahier consacré aux actes du colloque organisé en mai 2011 sur la Somalie. 


Vous pouvez télécharger gratuitement les actes ICI

Résumé de l'éditeur : 
Organisé à Paris les 5 et 6 avril 2011 par l’IRSEM en partenariat avec le Centre d’études stratégiques de l’Afrique (CESA), le séminaire sur les défis politiques et stratégiques du conflit en Somalie a porté plus spécifiquement sur la manière dont les acteurs locaux, nationaux et internationaux appréhendent les défis politiques et stratégiques du conflit somalien. Ce Cahier de l’IRSEM a pour ambition de poursuivre cette collaboration et d’enrichir la réflexion sur les défis que pose la Somalie.
 Trois thématiques ressortent des différents échanges :les perceptions du syndrome somalien depuis 2001, la Somalie comme laboratoire de la conflictualité régionale, et les enseignements sur la construction de l’Etat. 

Sommaire

Clans,  état  et  société  en  Somalie :  montée  et  chute  des  mouvements  islamistes
Quel état construire en Somalie ?
Les  enseignements  à  tirer  du  Somaliland  et  du  Puntland  en  matière  d’édification de la paix et de formation d’État 
La force en attente de l’Afrique de l’est : un emploi en somalie ?
La piraterie comme innovation : une esquisse géographique de la piraterie somalie
L’enracinement  de la   crise     somalienne,     entre     contagion     et  instrumentalisation regionale
« Avancer des réponses stratégiques contre Al-Shabaab »
Le temps de la diaspora somalienne : chronique de la construction du tissu  associatif somali aux Pays-Bas
Haanta  Salka  Ayeey  Ka  Unkantaa  -  Un  pot  à  lait  se  construit  en  commençant par le fond

Avec les contributions de
 Dr  Alexandra  Magnolia  Dias,  Chercheur  au  centre  d’étude  africain  ISCTE
 Dr  Markus  V.  Hoehne,  Institut  Max  Planck  d’anthropologie  sociale,  Halle/Saale
 Cyril   Robinet,   Chargé   de   mission   à   la   Délégation   aux   affaires  stratégiques, Ministère de la défense français
Colonel  Yves  Metayer,  Adjoint  au  chef  du  bureau  Afrique  à  l’Etat- major des armées, Ministère de la défense français
François Guiziou, Doctorant à l’Université de Nantes
Sonia  Le  Gouriellec,  Doctorante  en  Science  Politique  à  l'Université Paris Descartes
 Géraldine  Pinauldt,  Doctorante  à  l’Institut  Français  de  Géopolitique,  Université de Paris 8
 Dr   Benjamin   P.   Nickels,   Professeur   Assistant,   Centre   d'études  stratégiques de l'Afrique
Marc  Fontrier,  Secrétaire  général  de  l’ARESAE  (Association  pour  la  recherche et les études scientifiques en Afrique de l’Est)

jeudi 24 mai 2012

Soudan du Sud : un nouvel Etat en Afrique

L'excellente émission "Le dessous des cartes" consacrait fin avril/début mai deux soirées au Soudan du Sud.



Résumé :
"La République du Soudan du Sud est officiellement indépendante depuis le 9 juillet 2011, devenant ainsi le 193e État membre de l’Onu. Afin de mieux comprendre le processus qui a conduit à la partition du Soudan, et donc à la création d’un nouveau pays africain, le Dessous des Cartes nous plonge dans l’histoire complexe de cette région et des territoires que l’on appelle aujourd’hui Soudan et Soudan du Sud. (...)
Après un premier volet consacré à l’histoire des territoires qui forment aujourd’hui le Soudan du Sud, le Dessous des Cartes tente de comprendre les défis auxquels sera confronté ce nouvel État africain. Doté de ressources stratégiques, le pays doit cependant faire face à une situation économique et sociale complexe, qui soulève des interrogations quant à son avenir."

Retrouvez les cartes et les commentaires de la première émission ICI 



Retrouvez les cartes et commentaires de la deuxième émission ICI
 

mardi 22 mai 2012

Somalie : du drame humanitaire à la transition politique ?

Le conflit somalien se caractérise par de multiples formes de violence et touche une large frange d’acteurs militaires dont des groupes criminels, des djihadistes, des milices tribales, les formes armées des puissances régionales et des forces armées internationales. Les conséquences sur les populations civiles sont dramatiques. Tous les parties ont été accusé de crimes de guerre pendant le conflit, dont des attaques aveugle contre des civiles et le recrutement d’enfants soldats (ICI). Difficile de donner des chiffres mais le conflit aurait tué 391 000 personnes depuis 1991, on compterait près d'un million de réfugiés et 1,3 millions de déplacés.



Les réfugiés fuient en masse vers le Kenya vers le camp de Dabaab le plus grand camp de réfugiés au monde.




De processus de réconciliation en interventions militaires, la résolution du conflit somalien reste un échec. La Somalie vit aujourd’hui une période clé de son histoire contemporaine : la situation sur le terrain se trouve radicalement modifiée depuis le mois d’août 2011 (ICI) et politiquement la période de transition touche à sa fin. 


Nous remercions l'ami de Géopolitique de la Corne de l'Afrique pour la traduction qui suit !

A gauche  :
- la pancarte indique : transitoire (ICI)
- le président du parlement somalien tient dans ses mains  la constitution et dit : "Oh mon Dieu, fais que nous soyons sauvé au mois d'août"
- le president du TFG, Sharif Sheikh Ahmed, s'accroche à une chaise décorée du drapeau somalien symbolisant le pouvoir (il a annoncé vouloir se représenter ICI)
- Il marche sur un pont  formé de les chefs traditionnels (ICI les irrégularités dans la sélection des Elders)

A droite : 
-Meles Zenawi, le Premier ministre éthiopien dit :"Si ces deux gars gagnent au mois d'aout, la mer sera dans nos mains"
- le président Kenyan lui répond : "Ne crains-tu pas, plutôt qu'à cause d'eux, la population se soulève contre nous"
     

lundi 21 mai 2012

L'Afrique en blogs

Nouvelle sélection de blogs sur le continent :



- Géopolitique de la Corne de l'Afrique ICI de Said Ismael

- Afrique défense : ICI  par un historien Jean François Auran


 - Cahiers nomades : ICI 



- Les Echos du Bénin : ICI

- Abidjan sur le pouce : ICI

- Concerne about Africa : ICI

- Amadou Amath Blog sur le Sénégal ICI

Communiquez nous le nom de votre blog !

jeudi 26 avril 2012

Journée d'étude : Langues et littérature dans la Corne de l'Afrique

L'EHESS recevra ce mercredi 2 mai 2012  M. Charles Cantalupo (Bio ICI), chercheur africaniste de la Pennsylvania State University.  Une demi-journée d'étude sur la renaissance des littératures africaines dans l’Afrique contemporaine a été organisé pour l'occasion. Mme. Meaza Revol-Tissot de l'INALCO parlera du contexte culturelle et de l'histoire littéraire de la poésie africaine contemporaine, notamment pour le cas des langues et littératures de la Corne d'Afrique et de l'Erythrée plus particulièrement. 


Informations : mercredi 2 mai 14h30 à 17h30 à l’EHESS-Paris, Bâtiment France, 190-198 avenue de France, Paris (13e), Salles de conseils A & B.

Résumé  préparé par les organisateurs :
 « Joining Africa » raconte les voyages ethnographiques et les préoccupations littéraires de Charles  Cantalupo,  poète  et  professeur  universitaire  américain  qui  traversa  l’Amérique, l’Europe et l’Afrique pour découvrir le pouvoir du langage dans la poésie africaine. En tant que chercheur spécialiste sur les littératures « vernaculaires » de la période moderne en Europe, Cantalupo reconnaît l’influence de l’auteur Ngugi wa Thiong’o (Kenya), qu’il a  rencontré  en  1993,  et  qui  lui  a  montré  l’importance  de  la  renaissance  des  littératures  africaines dans l’Afrique contemporaine. Par la suite, après sa rencontre avec l’Erythrée, pays  en  lutte  économique  mais  toujours  riche  culturellement,  Cantalupo  trouve  de nouvelles  satisfactions  littéraires  dans  la  poésie  intense  de  la  Corne  d’Afrique.  Pendant cette  demi-journée  d’étude,  Cantalupo  présentera  ce  livre,  un  livre  qui  n’est  ni  une  histoire  cautionnaire  « postcoloniale »,  ni  une  histoire  exotique  du  safari.  L’Afrique présentée par Cantalupo est remplie des voix des peuples érythréens parlant leurs propres langues. Selon Cantalupo, ce ne sont pas les stars célèbres ou les ONG, mais les langues africaines qui seront porteuses de changements culturels et économiques en Afrique. Son histoire  personnelle  et  ethnographique  touche  à  une  Afrique  en  pleine  croissance rarement interrogée par les touristes occidentaux. A travers ses échanges avec les poètes du continent, Cantalupo nous invite à réévaluer notre engagement – en tant qu’individus et   en   tant   que   collectivité   –   avec   cette   partie   du   monde   aussi   remarquable qu’extraordinaire.  
Mme.   Meaza Revol-Tissot de   l'INALCO,   spécialiste   de   Tigrinya,contextualise  ce  travail  ethnographique  en  parlant  de  l’histoire  littéraire  de  la  poésie africaine contemporaine, notamment pour le cas des langues et littératures de l'Erythrée."


On lira : 
Sur la conférence Against all Odds ICI